Le 4 décembre 2025 à Washington, le cadre de coopération triangulaire République démocratique du Congo (RDC)–États-Unis–Rwanda sur les minerais stratégiques a été officiellement mis en place. Paraphé le 7 novembre, le Cadre d’intégration économique régionale (CIER), volet économique de l’accord de paix, a été signé entre Kinshasa et Kigali. Parallèlement, deux accords bilatéraux (Washington–Kinshasa et Washington–Kigali) ont été conclus. Ces deux derniers documents ont été signés en marge de la cérémonie organisée à l’Institut américain pour la paix, qui a réuni les chefs d’État Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda) et Donald Trump (États-Unis).
Lors d’une conférence de presse donnée par la délégation congolaise à Washington, le vice-Premier ministre en charge de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a justifié la mise en place de ce cadre triangulaire : « en même temps que la relation entre la RDC et le Rwanda est censée prendre une forme plus paisible, de prospérité partagée, il est également important pour celui qui a été le parrain [de] sécuriser son accès aux métaux critiques ». Et d’ajouter : « le monde, tel qu’il évolue aujourd’hui, se détermine, pour les États qui aspirent à devenir puissance mondiale ou qui veulent demeurer puissance mondiale, par l’accès aux métaux critiques ».
Aujourd’hui gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), André Wameso — qui a participé aux négociations avec le Rwanda et les États-Unis — indique que le CIER permet que l’accès aux ressources stratégiques dans l’est de la RDC soit désormais négocié directement avec les autorités nationales. Pour cet ancien conseiller économique de Félix Tshisekedi, la guerre qui ravage l’est du pays depuis 30 ans ne serait pas née d’un conflit RDC–Rwanda, mais d’une stratégie occidentale visant à accéder aux minerais du pays en contournant les autorités de l’époque, opposées à la privatisation du secteur.
Pacte minerais contre sécurité
Le CIER vise, selon les mots de Donald Trump, « une nouvelle ère d’harmonie et de coopération » entre Kinshasa et Kigali, en s’attaquant à ce qui alimente le conflit depuis des décennies : l’opacité des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques. Selon les autorités américaines, cette démarche « libère le vaste potentiel économique de la région des Grands Lacs et crée des opportunités pour le secteur privé américain ». « Il y a une richesse immense dans cette terre magnifique », a déclaré le président américain, promettant d’y envoyer « de grandes entreprises américaines ». « Nous allons extraire certaines des terres rares… et payer. Tout le monde va gagner beaucoup d’argent », a-t-il ajouté.
En discussion depuis plusieurs mois, le pacte « minerais contre sécurité » entre la RDC et les États-Unis a donc été mis en place. Selon les autorités congolaises, deux documents ont été signés : un accord de partenariat stratégique portant sur les questions commerciales et économiques, et un protocole d’accord sur les questions de sécurité et de défense.
« La relation entre le gouvernement américain et le gouvernement congolais a pris une autre dimension… Jusque-là, les relations économiques entre la RDC et les États-Unis étaient régies par un accord de promotion et de protection réciproque des investissements, conclu en 1984. Et aujourd’hui, on est des partenaires stratégiques sur les questions économiques et de commerce, sur les questions de défense et de sécurité, sur les questions de sciences et de technologie, et sur des questions institutionnelles et de gouvernance », résume Daniel Mukoko Samba.
Prémices
De leur côté, les États-Unis et le Rwanda ont signé « l’Accord-cadre pour une prospérité économique partagée ». Selon la presse, ce texte concerne également les minerais stratégiques. En octobre 2025, les États-Unis ont reçu leur première cargaison de concentré de tungstène en provenance du Rwanda, issue de la mine Nyakabingo et traitée en Pennsylvanie, dans le cadre d’un partenariat entre Trinity Metals, le raffineur américain Global Tungsten & Powders et le négociant Traxys.
Dans la perspective d’un renforcement des relations économiques entre Washington et Kinshasa, plusieurs entreprises américaines sont déjà actives en RDC, notamment Kobold Metals (secteur minier) et Starlink (Internet par satellite). Les États-Unis sont par ailleurs impliqués dans le développement du corridor de Lobito, qui ouvre les régions minières du sud-est de la RDC vers l’Atlantique.
Mais pour les autorités congolaises, le cadre de coopération triangulaire RDC–États-Unis–Rwanda ne pourra réellement entrer en vigueur qu’une fois la paix revenue dans l’est du pays. Or celle-ci reste pour l’instant incertaine, malgré la signature de l’accord de paix du 27 juin à Washington. Ces derniers jours encore, de violents affrontements ont été signalés dans le Sud-Kivu, provoquant de nouveaux déplacements de population.
Pierre Mukoko
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L’entreprise américaine Minerals Mining Company (Miminco) a perdu ses deux permis d’exploitation dans le Kasaï pour non-paiement des droits superficiaires. L’information ressort d’une liste d’arrêtés ministériels de déchéance publiée par le Cadastre minier (CAMI) le 2 décembre 2025. Trois autres entreprises figurent également parmi les titulaires ayant perdu leurs droits miniers pour la même raison. Cette mesure s’inscrit dans la politique d’assainissement du domaine minier engagée par les autorités congolaises.
Miminco est connue pour avoir été à l’origine de la saisie, en 2015, d’un Airbus A320 de Congo Airways à Dublin, dans un litige l’opposant à la République démocratique du Congo (RDC). L’entreprise reprochait à l’État de ne pas avoir honoré un accord de compensation financière conclu après une procédure arbitrale. Le dossier trouve son origine dans les occupations de ses concessions diamantifères dans le Kasaï, d’abord à l’époque du Zaïre par des éléments de la Division spéciale présidentielle (DSP), puis par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila. Au terme de la procédure devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), l’État congolais devait verser à cette société, fondée par Dr Ilunga Jean Mukend, un médecin américain d’origine congolaise, près de 13 millions de dollars, en vertu d’un accord transactionnel conclu en 2007.
Selon le registre du Cadastre minier consulté par Bankable, les permis que Miminco vient de perdre avaient été octroyés le 21 novembre 2015, soit après l’épisode de la saisie de l’avion. Ils se situent dans la zone minière du territoire de Kamonia, au Kasaï. Les deux permis d’exploitation déchus couvrent un total de 61 carrés miniers.
Conformément au Code minier, les entreprises visées par les arrêtés de déchéance disposent d’un délai de trente jours, à compter de la notification et de l’affichage de la décision, pour introduire un recours devant les instances compétentes. À défaut, la déchéance est inscrite au registre du CAMI et publiée au Journal officiel, devenant ainsi définitive.
Le 12 septembre dernier, la province du Kasaï avait signé avec le Cadastre minier un protocole d’accord destiné à renforcer l’encadrement et la perception de l’impôt sur la superficie des concessions minières, afin d’accroître les recettes du secteur. Le directeur général du CAMI, Popol Mabolia Yenga, expliquait alors que cet accord prévoyait un accompagnement technique et institutionnel incluant la perception des taxes, le partage des bases de données cadastrales et la formation du personnel provincial.
Timothée Manoke
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Le complexe cuprifère Kamoa-Kakula, situé dans la province du Lualaba en République démocratique du Congo (RDC), ne devrait finalement atteindre le cap symbolique des 500 000 tonnes de cuivre qu’à l’horizon 2027. C’est ce qui ressort des prévisions de production annuelle dévoilées le 3 décembre 2025 par son développeur, Ivanhoe Mines, qui indique poursuivre les travaux de redressement du complexe minier après l’incident sismique survenu en mai.
Depuis sa mise en service en 2021, la production de Kamoa-Kakula connaît une montée en puissance continue, passant de 333 500 tonnes en 2022 — sa première année complète — à un record de 437 061 tonnes en 2024. Ivanhoe Mines espérait prolonger cette dynamique en 2025 grâce à la mise en service d’une troisième usine de traitement, censée porter la production entre 520 000 et 580 000 tonnes de concentrés.
Cet objectif a toutefois été revu à la baisse après l’incident sismique, qui a principalement affecté la mine souterraine de Kakula. La production de Kamoa-Kakula est désormais attendue à 420 000 tonnes au maximum en 2025, un plafond qu’Ivanhoe anticipe également pour 2026, contre une prévision précédente de 600 000 tonnes, avant une remontée à environ 540 000 tonnes en 2027.
Ces projections reposent sur une amélioration progressive des taux d’extraction et de traitement, à mesure de l’avancement des travaux de remise en état de la mine de Kakula. Une actualisation du plan global d’exploitation de Kamoa-Kakula est également en cours.
Plus grande mine de cuivre de la RDC et l’une des plus importantes au monde, Kamoa-Kakula est détenue à 20 % par l’État congolais, tandis qu’Ivanhoe Mines et le chinois Zijin Mining possèdent chacun 39,6 %, et Crystal River Global Limited 0,8 %.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
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La demande d’électricité du complexe cuprifère Kamoa-Kakula, situé dans la province du Lualaba et opéré par Kamoa Copper SA, devrait augmenter de manière significative dans les prochaines années. Selon les projections publiées par son développeur Ivanhoe Mines, la demande totale atteindra 347 MW en décembre 2028, contre 208 MW en décembre 2025.
Ces chiffres proviennent d’un tableau de projection interne repris dans le communiqué du 25 novembre 2025 annonçant la mise en service de la turbine n°5 d’Inga II, réhabilitée par la Société nationale d’électricité (Snel) avec l’appui de Kamoa Copper. Ils diffèrent des prévisions qu’Ivanhoe Mines avait présentées en avril dernier.
Selon ce communiqué, le site a commencé à recevoir, le 10 novembre dernier un premier lot de 50 MW en provenance de cette infrastructure d’une capacité installée de 178 MW. Cette puissance doit progressivement augmenter pour atteindre 100 MW dès le premier trimestre 2026, puis environ 150 MW en 2027, à mesure que les optimisations du réseau Inga–Kolwezi seront finalisées.
Offre et demande énergétique du complexe Kamoa-Kakula (2025-2028)

Cet investissement — évalué à 450 millions de dollars — devrait porter à 210 MW la contribution nationale (Snel) à l’alimentation du complexe à fin 2027. Outre cette capacité, Kamoa Copper SA prévoit de maintenir 100 MW d’importations d’électricité, auxquels s’ajouteront 60 MW issus de deux projets solaires en développement sur le site. L’entreprise assure ainsi disposer d’une offre en énergie propre supérieure à ses besoins, consolidant son statut de producteur de cuivre aux émissions de gaz à effet de serre parmi les plus faibles de l’industrie.
Le communiqué n’explique pas en détail ces projections. Mais ces chiffres montrent que le site ne devrait pas atteindre son scénario de production élevé avant 2028. Selon la documentation d’Ivanhoe Mines, ce scénario correspond à une demande énergétique dépassant 300 MW, impliquant le fonctionnement simultané des trois concentrateurs, la montée en régime complète de la fonderie électrique et l’optimisation métallurgique du Projet 95 — soit une production annuelle proche de 550 000 à 600 000 tonnes de concentré de cuivre.
Mise en service de la fonderie
Cela implique que la fonderie électrique, mise en service le 21 novembre dernier après plusieurs reports, ne devrait fonctionner à sa capacité nominale de 500 000 tonnes de concentrés par an qu’à l’approche de 2028.
À la suite de l’activité sismique survenue dans la mine souterraine de Kakula, les prévisions de production et le calendrier de montée en puissance de la fonderie ont depuis été retirés dans l’attente d’une réévaluation. Kamoa Copper SA a depuis abaissé ses prévisions pour 2025 : la production est désormais attendue entre 370 000 et 420 000 tonnes, contre une fourchette initiale de 520 000 à 580 000 tonnes. Mais les prévisions pour les années à venir restent attendues, de même que le calendrier définitif de montée en régime de la fonderie.
La mise en service de la fonderie de Kamoa-Kakula — présentée comme la plus grande et la plus moderne d’Afrique — marque un tournant stratégique pour l’économie congolaise : elle permet au pays de passer de l’exportation du concentré à celle du cuivre métal, augmentant la valeur ajoutée captée localement, les recettes fiscales, le développement industriel et l’influence de la RDC dans la chaîne mondiale du cuivre.
Pierre Mukoko
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Lors d’une réunion de crise à Kolwezi, tenue deux jours après l’accident survenu le 15 novembre 2025 sur le site minier de Kalando, qui a coûté la vie à une quarantaine d’artisans miniers, le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a fait une annonce inattendue : « Je peux vous dire officiellement aujourd’hui qu’il y a au moins 64 ZEA (zones d’exploitation artisanale) qui ont été dégagées pour vous ». L’identification de ces ZEA constitue le premier point du plan présenté par le président Félix Tshisekedi lors du Conseil des ministres du 13 juin 2025 pour endiguer, « dans les plus brefs délais », les « effets pervers dénoncés dans l’exploitation artisanale » notamment dans la province du Lualaba.
Parmi les problèmes identifiés par le chef de l’État figure l’envahissement des concessions minières industrielles par les exploitants artisanaux, générant des tensions de cohabitation. Le site de Kalando, où l’accident s’est produit, en est l’un des exemples. Situé à 42 kilomètres au sud-est de Kolwezi, il se trouve sur un permis (PE 2116) appartenant à la société Chemical of Africa (Chemaf), qui affirme l’avoir cédé le 21 juillet dernier à Pajeclem Congo Consulting Sarl. Les exploitants artisanaux n’y accèdent que le week-end, grâce à une autorisation « sociale », une situation propice aux tensions.
Le président Tshisekedi avait demandé que les ZEA identifiées soient « susceptibles de rencontrer les attentes du secteur ». On le saura lors de la divulgation des 64 zones. Selon le ministère, elles ont été déterminées à l’issue d’un travail conjoint avec les services spécialisés (SAEMAPE, Cadastre minier, CEEC) et validées après plusieurs missions techniques de terrain.
EGC au cœur du plan
Le ministre Louis Watum Kabamba a indiqué que les arrêtés instaurant ces ZEA ont déjà été signés. Mais, pour l’heure, on ignore quand ces sites seront effectivement mis à disposition ni quand l’exploitation pourra y démarrer. Celle-ci devrait se dérouler en collaboration avec l’Entreprise générale du cobalt (EGC), filiale de la Gécamines, qui détient le monopole du négoce de la production artisanale des substances minérales stratégiques comme le cobalt, l’un des minerais les plus présents dans la région.
L’EGC affirme avoir mis en place un modèle permettant d’aligner le secteur artisanal sur les standards internationaux afin de faciliter la commercialisation de sa production. Ce modèle repose sur le déploiement de « zones minières contrôlées, équipées de dispositifs de pesée, de mécanismes de paiement direct et de systèmes numériques de suivi, garantissant que chaque tonne soit traçable du site artisanal jusqu’à l’usine de transformation ».
Pour permettre à l’EGC d’exercer pleinement son monopole sur le négoce artisanal des minerais stratégiques, le président Tshisekedi a demandé l’application stricte de toutes les règles — y compris les sanctions — contre les usines et entités de traitement qui achètent illégalement du cobalt artisanal en contournant le monopole légal de l’EGC. Il a également appelé la Gécamines et sa filiale à renforcer leur collaboration financière. L’EGC a en effet besoin de financements pour proposer aux mineurs artisanaux des prix compétitifs et des paiements au comptant — comme dans les circuits illégaux — afin de capter une part significative de la production.
Dans le but de séduire les investisseurs, l’EGC a présenté à Kolwezi une première production de 1 000 tonnes de cobalt artisanal, qualifiée de « structurée, éthique et traçable ». Un volume qui montre néanmoins que l’essentiel de la production artisanale demeure en dehors du circuit légal. D’ailleurs, malgré l’accident, l’activité artisanale se poursuit à Kalando « au nom de la paix sociale ».
Pierre Mokoko et Ronsard Luabeya
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Rome Resources a annoncé, le 19 novembre 2024, son intention de lever 1,9 million de livres sterling (2,4 millions USD) via un placement d’actions. Les fonds serviront à financer un nouveau programme de forage sur le projet d’étain Bisie North, que la société britannique explore en République démocratique du Congo.
Selon Rome Resources, la campagne visera à tester les cibles prioritaires du site, notamment les zones plus profondes des gisements Kalayi et Mont Agoma. La société estime que ces travaux présentent un potentiel de découverte compris entre 53 000 et 144 000 tonnes de ressources minérales, ce qui permettrait d’accroître ou d’affiner les 10 600 tonnes de ressources inférées déclarées le mois dernier à Bisie North.
« Le conseil d’administration est très encouragé par les fondements techniques établis par la première estimation des ressources minérales, qui met clairement en évidence le potentiel à haute teneur de Kalayi et de Mont Agoma. Nous sommes impatients de tester le potentiel à haute teneur en étain de Kalayi en profondeur, un atout majeur indiqué par la récente estimation des ressources », a déclaré Paul Barrett, directeur général de Rome Resources.
Dans l’attente du financement, la compagnie prévoit de démarrer les forages « dans environ deux semaines ». Les travaux devraient s’étendre sur 3 à 4 mois. Si les objectifs sont atteints, Bisie North pourrait renforcer la production congolaise d’étain, aujourd’hui portée à 99 % par la mine Bisie d’Alphamin Resources.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
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Le 13 novembre 2025, l’Entreprise générale du cobalt (EGC), filiale de la Gécamines, a présenté à Kolwezi une production de 1 000 tonnes de cobalt artisanal, qualifiée de « structurée, éthique et traçable ». Pour l’entreprise, l’évènement, baptisé « 1 000 Tonnes d’Avenir », constitue un « signal fort » envoyé aux marchés et aux investisseurs, démontrant que « son cobalt peut être propre, rentable et aligné sur les standards ESG internationaux ».
L’objectif est d’attirer des investissements dans un secteur que l’EGC veut « transformer en une fierté nationale et un actif stratégique sous contrôle congolais », selon son directeur général, Eric Kalala.
La RDC détient environ 72 % des réserves mondiales connues de cobalt et fournit plus de 74 % de la production mondiale de ce minerai critique, essentiel aux batteries et aux véhicules électriques. Selon l’EGC, une part non négligeable de cette production provient de l’exploitation artisanale, un secteur employant entre 1,5 et 2 millions de Congolais, et dont vivent indirectement plus de 10 millions de personnes.
Malgré son importance socio-économique, ce segment reste largement informel, dominé par des intermédiaires souvent illégaux, avec des pratiques d’achat opaques, des prix injustes et des conditions de travail précaires. Fin 2024, le ministère américain du Travail a d’ailleurs inscrit le cobalt congolais sur sa « liste noire » des produits susceptibles d’être issus du travail des enfants.
Pour remédier à ces dérives, l’EGC a été créée en 2019 avec pour mission d’organiser, acheter et commercialiser les minerais stratégiques issus de la production artisanale, en assurant traçabilité, conformité et équité. Elle ambitionne également de renforcer la valeur locale grâce à la transformation semi-industrielle, de professionnaliser les coopératives minières et de garantir des revenus stables et équitables pour les creuseurs.
Besoin de plus de transparence
Pour remplir ce mandat, l’EGC a besoin de financements. Et pour attirer les investisseurs, elle doit aligner le secteur artisanal sur les standards internationaux afin de faciliter la commercialisation de sa production. EGC affirme avoir développé un modèle en ce sens : « L’entreprise déploie des zones minières contrôlées, équipées de dispositifs de pesée, de mécanismes de paiement direct et de systèmes numériques de suivi, garantissant que chaque tonne soit traçable du site artisanal jusqu’à l’usine de transformation », décrit-elle.
Cependant, l’EGC n’a pas précisé les sites exacts d’où proviennent les 1 000 tonnes présentées à Kolwezi. Ces informations sont pourtant essentielles pour rassurer les mineurs industriels susceptibles de racheter cette production, eux qui accusent régulièrement les exploitants artisanaux d’empiéter illégalement sur leurs concessions. Ces intrusions provoquent des tensions récurrentes entre creuseurs et sociétés minières. Selon la Fédération des entreprises du Congo, elles auraient déjà fait perdre près de 3 milliards de dollars à une société minière de la région.
Face à ces enjeux, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, avait annoncé, lors du 47ᵉ Conseil des ministres tenu à Kolwezi le 13 juin 2025, plusieurs mesures, dont l’identification rapide de zones légales dédiées à l’artisanat minier et l’ouverture de discussions avec les entreprises minières, notamment la Gécamines, pour libérer certaines parcelles.
En février 2024, la Gécamines avait déjà mis à disposition de l’EGC cinq sites pilotes autour de Kolwezi afin d’élaborer un schéma directeur visant à transformer progressivement l’ensemble du secteur artisanal. Un programme d’exploration y a été lancé, et en septembre 2024, l’entreprise avait annoncé le démarrage imminent d’un forage ciblé sur l’un de ces sites. Les résultats n’ont toutefois pas encore été rendus publics.
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya
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Les services de sécurité déployés à l’aéroport de Bipemba, dans la ville de Mbujimayi, ont intercepté, le 11 novembre 2025, une cargaison de 13 kilogrammes de diamants en partance pour Kinshasa. Selon les services provinciaux d’antifraude et la Division provinciale des mines, cette marchandise ne figurait sur aucun document officiel et n’avait pas été déclarée auprès des institutions compétentes, en violation des règles de traçabilité.
Après la saisie, les pierres ont été présentées au gouverneur intérimaire du Kasaï oriental, Daniel Kazadi Cilumbayi, qui a aussitôt convoqué une réunion de sécurité avec les différents services opérant à l’aéroport — police, Agence nationale de renseignements, Division des mines et services d’antifraude — afin de clarifier les circonstances de cette tentative d’exportation illicite et de renforcer la coordination entre structures de contrôle.
Le gouverneur a salué la vigilance des agents impliqués dans l’opération et réaffirmé la détermination du gouvernement provincial à lutter contre la fraude minière. « Il n’y aura aucune tolérance face à de telles pratiques. La loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur », a-t-il déclaré, estimant que ces actes fragilisent la transparence de la filière et privent la province de recettes importantes.
Pour prévenir de nouveaux cas, Daniel Kazadi a instruit les services concernés de renforcer les contrôles dans tous les points de sortie de la province et insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre toutes les institutions engagées dans la lutte contre la fraude.
Selon la cellule de communication du gouvernorat, les diamants interceptés ont été remis au Centre d’expertise, d’évaluation et de certification (CEEC) ainsi qu’à la Division provinciale des mines pour des analyses techniques et une évaluation officielle. Les propriétaires de la cargaison ne se sont pas présentés, ce qui a conduit à l’ouverture d’une enquête visant à établir les responsabilités.
Ronsard Luabeya
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La Commission australienne des valeurs mobilières et des investissements (ASIC) a annoncé, le mardi 11 novembre, avoir engagé des poursuites devant une cour fédérale contre AVZ Minerals, compagnie minière revendiquant des droits d’exploitation sur le gisement de lithium de Manono, en République démocratique du Congo (RDC).
Le régulateur boursier australien accuse la société et deux de ses dirigeants d’avoir manqué à leurs obligations d’information envers les investisseurs dans le cadre du litige portant sur ce projet minier. AVZ était cotée à la Bourse australienne (ASX) jusqu’en mai 2022, date de sa suspension de cotation, avant d’être radiée en mai 2024.
Par l’intermédiaire de sa filiale Dathcom Mining, la compagnie détenait 75 % d’un permis couvrant une partie du site de Manono — considéré comme le plus grand gisement congolais de lithium —, mais n’a jamais obtenu les droits d’exploitation. Son partenaire dans la coentreprise, la compagnie publique Cominière, a annoncé en octobre 2023 la signature d’un accord en vue d’exploiter une partie du gisement aux côtés du groupe chinois Zijin Mining. AVZ conteste ces développements et a engagé plusieurs procédures internationales pour faire valoir ses droits.
Selon l’ASIC, la compagnie a omis de divulguer des information sur ce conflit juridique pendant près d’un an. Le directeur général d’AVZ, Nigel Ferguson, et le directeur technique, Graeme Johnston, sont également accusés d’avoir manqué à leurs obligations d’administrateurs, en autorisant ou en permettant la publication d’annonces à l’ASX « fausses ou trompeuses ».
« Il était pratiquement impossible pour les investisseurs particuliers de se rendre en Afrique centrale, où la société exerce ses activités. Dans ces circonstances, les investisseurs comptent sur la société pour leur fournir des informations précises et opportunes. Nous alléguons que M. Ferguson et M. Johnston ont omis d’informer les investisseurs des problèmes en cours pendant près de 12 mois », a déclaré Sarah Court, vice-présidente de l’ASIC.
Dans un communiqué publié dans la foulée, AVZ et ses administrateurs ont nié « fermement toutes les allégations d’actes répréhensibles », affirmant qu’ils se défendront vigoureusement devant la justice australienne.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Kibali, principale et plus grande mine d’or de la République démocratique du Congo, a produit 191 000 onces d’or au troisième trimestre 2025, selon le rapport financier publié le 10 novembre par son opérateur, Barrick Mining. Ce résultat représente une hausse annuelle de 21 % par rapport aux 159 000 onces enregistrées à la même période en 2024.
Barrick Mining explique cette performance par la montée en puissance des mines à ciel ouvert du complexe minier de Kibali, qui ont enregistré une hausse de 133 % des volumes de minerai extraits au cours du trimestre, compensant la baisse observée dans les mines souterraines.
De janvier à septembre 2025, la production cumulée s’élève à 498 000 onces d’or, un niveau légèrement inférieur aux 509 000 onces produites sur la même période l’an dernier. Pour atteindre son objectif annuel, fixé entre 688 000 et 755 000 onces d’or, Kibali devra produire entre 190 000 et 257 000 onces au quatrième trimestre. Cela impliquerait une hausse supplémentaire d’au moins 19,5 % de la production, après l’augmentation déjà constatée de 21 % au troisième trimestre.
Une telle performance serait positive pour l’État congolais, qui détient 10 % de participation dans la mine via SOKIMO et perçoit, en plus des dividendes, plusieurs prélèvements fiscaux et parafiscaux : un impôt sur les bénéfices (30 %), une redevance minière (3,5 % sur les ventes brutes) et une contribution au développement local (0,3 % du chiffre d’affaires).
Le défi reste cependant de mieux valoriser les quantités vendues. En 2024, selon les données officielles, les coopératives artisanales ont exporté leur or à un prix moyen de 72 873,9 dollars la tonne, contre 53 542,4 dollars pour Kibali, soit une différence de 19 331 dollars par tonne. Une anomalie difficile à expliquer, d’autant que Kibali dispose d’une technologie de pointe et d’une expertise supérieure, censées lui garantir de meilleurs prix sur le marché international.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
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Les rebelles du M23 cherchent à relancer les opérations d’orpaillage sur le site aurifère de Twangiza, exploité de la société chinoise Twangiza Mining, situé dans la province du Sud-Kivu, après les frappes aériennes menées par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Elles visaient à neutraliser les installations électriques de la mine et à contraindre les rebelles à interrompre l’exploitation illégale de l’or.
Selon le journal local Tazama RDC, depuis la semaine dernière, les rebelles soutenus par le Rwanda ont entrepris des actions visant à reprendre l’exploitation de l’or sur ce site qu’ils occupent depuis mai 2025. D’après plusieurs sources locales, un nouveau réservoir de stockage de carburant a été acheminé sur le site pour remplacer celui détruit lors des frappes aériennes des FARDC. Un groupe électrogène de secours, resté intact après les bombardements d’octobre, serait en cours de remise en service afin de rétablir l’alimentation électrique et permettre la reprise partielle de la production aurifère.
De source internes à Twangiza Mining, les pertes cumulées depuis l’occupation du site sont estimées à près de 75 millions de dollars américains, incluant plus de 500 kilogrammes d’or pillés, ainsi que du matériel détruit ou emporté. Cette manne financière ferait de Twangiza l’une des principales sources de revenus du M23, ce qui expliquerait la détermination du mouvement à relancer l’activité minière, malgré les frappes répétées de l’armée congolaise.
Déjà en octobre, Reuters rapportait que les rebelles bénéficiaient de l’appui de techniciens rwandais pour opérer les installations et étendre la zone d’exploitation, notamment en expulsant les résidents et en détruisant plusieurs églises situées aux abords du site. Cette situation illustre la stratégie d’ancrage économique du M23 dans les territoires sous son contrôle, en dépit des efforts militaires et diplomatiques déployés pour y mettre fin.
Timothée Manoke
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La Banque mondiale anticipe une hausse d’environ 10 % des prix de l’étain en 2025, suivie de nouvelles progressions de 3 % et 1,5 % respectivement en 2026 et 2027. Selon son rapport d’octobre 2025 sur les matières premières mondiales (Commodity Markets Outlook), les prix devraient passer de 30 066 dollars la tonne en 2024 à 33 000 dollars en 2025, 34 000 dollars en 2026 et 34 500 $ en 2027. Pour les deux premières années, les projections ont été révisées à la hausse de 2 000 et 2 500 dollars, par rapport à celles publiées en avril 2025.
Pour l’institution financière internationale, cette évolution s’explique par les tensions persistantes sur l’offre mondiale. « Le marché mondial de l’étain devrait rester tendu, compte tenu du nombre limité de nouveaux projets et de la vulnérabilité persistante aux perturbations géopolitiques et opérationnelles », indique la Banque mondiale.
Cette tendance devrait se maintenir malgré une reprise partielle de l’offre, notamment en Indonésie, après la levée des retards dans l’octroi des licences d’exportation, et en Birmanie, avec la remise en production de plusieurs mines arrêtées depuis 2023. Car, la demande mondiale devrait rester soutenue, portée par la croissance de la production de semi-conducteurs, de panneaux photovoltaïques et d’autres technologies liées à la transition énergétique.
Cette dynamique haussière est suivie en République démocratique du Congo (RDC), qui fait partie des principaux producteurs africains d’étain. En 2024, le pays a exporté 42 953 tonnes de concentré, selon les données officielles. Ces exportations provenaient principalement d’Alphamin, exploitant de la mine de Bisie, avec 26 932 tonnes, et des producteurs artisanaux, à hauteur de 15 853 tonnes.
Décalage des prix
Cependant, le pays profite encore peu de cette dynamique, faute d’une industrie locale de seconde transformation. Les prix de référence cités par la Banque mondiale concernent l’étain métal, tandis que la RDC n’exporte encore que du concentré. Cette situation limite la création de valeur ajoutée, réduit les retombées pour les artisans et diminue les recettes fiscales de l’État central et des provinces.
Les 26 932 tonnes de concentré exportées par Alphamin en 2024 ont été valorisées à 348,6 millions de dollars, soit 12 946 dollars la tonne. Or, les 17 865 tonnes de métal obtenues après fusion et raffinage ont été vendues la même année à 542 millions de dollars, soit plus de 30 300 dollars la tonne, selon les chiffres de l’entreprise. L’écart illustre le manque à gagner fiscal considérable pour l’État, qui perçoit ses redevances sur le concentré plutôt que sur le métal.
Les exportations d’étain congolais pourraient par ailleurs diminuer en 2025, en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est du pays, principale zone de production. Face à l’avancée des rebelles de l’AFC/M23, Alphamin a dû suspendre ses activités en mars, avant de reprendre la production à la mi-avril, tout en révisant ses prévisions à la baisse. La compagnie table désormais sur 18 500 tonnes en 2025, contre 20 000 tonnes initialement prévues.
La situation pourrait également réduire les exportations artisanales transitant par les canaux officiels. Un rapport de Global Witness, publié en 2022, estimait déjà que 90 % des minerais 3T (tantale, étain et tungstène) exportés par le Rwanda provenaient illégalement de la RDC.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
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Le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a suspendu, le 6 novembre 2025, les activités de l’entreprise chinoise Congo Dongfang Mining (CDM) sur son site de Lubumbashi pour une période initiale de trois mois, à la suite d’un épisode de pollution industrielle ayant touché plusieurs quartiers de la ville.
Selon le ministre, pendant cette période — prolongeable en cas de nécessité — le producteur de cuivre et de cobalt doit maintenir la rémunération de l’ensemble du personnel du site concerné. L’entreprise devra également réparer intégralement les dommages environnementaux constatés, indemniser les populations affectées et s’acquitter des pénalités prévues par le Code minier et la réglementation en vigueur.
D’après les médias locaux, dès le lundi 3 novembre, une petite quantité d’eau contaminée s’écoulait déjà des installations de CDM situées dans la commune Annexe, au quartier Kasapa, au nord de Lubumbashi. Le lendemain, 4 novembre, la situation s’est aggravée : d’importantes quantités d’eau issues du bassin de rétention de l’entreprise minière se sont déversées dans plusieurs zones avoisinantes, notamment au marché Moïse, qui approvisionne une grande partie du nord de la ville.
Un bassin de rétention est une infrastructure industrielle destinée à stocker et neutraliser les effluents liquides issus du traitement minier avant leur rejet dans l’environnement. En cas de rupture, ces effluents — souvent acides et chargés de métaux lourds — peuvent contaminer les sols, les habitations et les cours d’eau, provoquant une pollution grave.
Des témoignages recueillis sur place font état de brûlures cutanées chez plusieurs habitants après contact avec l’eau, tandis que des animaux domestiques sont morts après en avoir bu. D’autres images virales sur les réseaux sociaux montrent des poissons morts flottant dans les cours d’eau pollués, notamment dans la rivière Lubumbashi.
Non-respect des normes
Face à la gravité de la situation, le ministre des Mines affirme s’être rendu d’urgence à Lubumbashi dans la nuit du 5 au 6 novembre. Sur le site de CDM, les responsables de l’entreprise ont expliqué que la fuite aurait été causée par un moellon — une grosse pierre tombée dans le bassin de rétention —, brisant la couche d’étanchéité et provoquant la fuite des eaux toxiques.
Ces explications n’ont pas convaincu le ministre, qui a indiqué sur sa page X (ex-Twitter) que « le bassin de rejet de la société ne répond à aucune norme environnementale : absence d’étanchéité, d’équilibre structurel, de dispositifs de contrôle et de plan d’urgence ».
Selon les médias locaux, l’entreprise a entrepris des mesures d’urgence pour contenir la pollution, notamment l’installation d’une barrière chimique à base de chaux pour neutraliser les liquides acides, ainsi que la mise en place d’une pompe destinée à rediriger les eaux contaminées vers un ancien bassin.
Cependant, plusieurs riverains rappellent qu’il ne s’agit pas du premier incident impliquant CDM. En 2022, des habitants avaient déjà dénoncé le déversement d’eaux polluées dans les canalisations et la libération de fumées toxiques depuis les installations de l’entreprise.
Ce nouvel épisode relance le débat sur la responsabilité environnementale des entreprises minières en République démocratique du Congo et sur la capacité des autorités à imposer des normes strictes dans un secteur souvent critiqué pour ses pratiques dangereuses pour les populations et les écosystèmes.
Timothée Manoke
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La République démocratique du Congo (RDC) poursuit sa politique de fermeté dans la gestion du domaine minier. Fin octobre 2025, le ministère des Mines a déchu sept entreprises de leurs titres miniers pour non-paiement des droits superficiaires.
Selon la liste publiée le 3 novembre par le Cadastre minier (CAMI), la société Geocore est la plus touchée, avec deux titres miniers déchus. L’un de ces titres, octroyé en 2021, couvrait cinq carrés miniers situés dans les territoires de Nyunzu et Kongolo, dans la province du Tanganyika. Il autorisait la société à mener des travaux de recherche et de prospection sur l’or, la cassitérite, le coltan et le wolframite dans ce périmètre.
La deuxième entreprise qui retient l’attention est Regal Maniema. Son permis de recherche n°3279 avait déjà été menacé de déchéance pour le même motif. Une procédure similaire avait été engagée en 2021, lorsqu’elle avait été épinglée pour non-paiement des droits relatifs à l’exercice 2019.
Ces décisions de déchéance s’appuient sur l’article 289 du Code minier révisé en 2018, qui stipule que les entreprises concernées peuvent introduire un recours devant les instances compétentes dans un délai de trente jours suivant la notification et l’affichage de la décision. À défaut, la déchéance est inscrite au registre du Cadastre minier et publiée au Journal officiel.
Le paiement des droits superficiaires constitue, selon le Code minier, la deuxième condition essentielle pour le maintien de la validité d’un titre minier, après la preuve du commencement effectif des travaux de recherche ou d’exploitation. Ces droits sont dus chaque année, calculés en fonction de la superficie du périmètre concerné et de la période de validité du permis. Leur montant varie entre 0,03 et 1,14 dollar par hectare, payés en francs congolais selon le taux de change en vigueur.
Timothée Manoke
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