Dans un communiqué publié le 4 août 2025, le Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales (CEEC) a annoncé la signature, le 30 juillet, d’un accord avec BGN INT US LLC, filiale américaine de BGN INT DMCC, pour la création de la société HOLDCO IMCC.
Basée au Texas, aux États-Unis, avec une filiale en République démocratique du Congo (RDC), cette entité « aura pour mission de structurer un canal de vente directe des produits miniers marchands vers les marchés internationaux, en conformité avec les normes de traçabilité, d’échange et de durabilité », indique le communiqué.
Selon le CEEC, cette plateforme de commercialisation directe sera dédiée en priorité aux produits miniers issus des entreprises du portefeuille de l’État, telles que Gécamines, Sodimico ou Cominière. Ces dernières pourront vendre leurs minerais via une interface sécurisée, sans passer par des intermédiaires qui captent aujourd’hui une part importante de la valeur.
Le CEEC espère que cette initiative permettra de maximiser les recettes publiques, à travers les dividendes et redevances ; d’accroître la valeur ajoutée locale, en renforçant le contrôle national sur la chaîne de commercialisation, notamment pour les minerais stratégiques comme ceux du secteur cupro-cobaltifère ; d’améliorer les prix de vente, en facilitant un accès direct au marché américain ; de renforcer la traçabilité, y compris pour l’exploitation artisanale, en l’intégrant dans un cadre formel, équitable et bénéfique aux communautés locales.
Pour concrétiser cette ambition, le CEEC s’est associé à BGN INT DMCC, société émiratie fondée en 2017, spécialisée dans le commerce de pétrole, gaz, minerais, fertilisants et crédits carbone. HOLDCO IMCC devrait ainsi combiner expertise technique et ancrage international, tout en répondant aux exigences de gouvernance minière en RDC.
Ce projet intervient dans un contexte de renforcement du rôle du CEEC, qui a récemment mis en service un laboratoire d’analyse dédié aux métaux précieux et rares, consolidant sa place dans l’architecture de régulation du secteur minier congolais.
Ronsard Luabeya
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Le Cadastre minier (CAMI), organe chargé de la gestion du domaine minier, a présenté le 4 août 2025 son rapport d’assainissement du fichier cadastral au ministre des Mines, Kizito Pakabomba. Au total, 594 titres miniers et de carrières ont été annulés ou retirés, représentant 37 253 carrés miniers, soit 31 648 km² de surface libérée.
Cette initiative ouvre ainsi de nouveaux espaces pour les investisseurs. Le ministre Kizito Pakabomba y voit « un véritable levier dans les négociations internationales en cours ». Un accord sur les minerais stratégiques est d’ailleurs actuellement en discussion entre la RDC et les États-Unis.
Le rapport signale également la régularisation de 210 droits miniers jusque-là en situation prolongée de force majeure, couvrant 18 709 carrés miniers. Ces titres ont été reclassés comme actifs, ce qui rétablit les obligations fiscales, sociales et techniques des entreprises concernées.
En 2024 déjà, les efforts d’assainissement du fichier cadastral avaient permis au CAMI de réaliser 185,05 % de ses prévisions budgétaires au premier trimestre. Cela, grâce notamment à la récupération de 10 000 km² de concessions minières. Plus de 1 000 titres non conformes avaient alors été annulés, représentant environ un tiers des 3 050 titres enregistrés, et ouvrant la voie à de nouveaux investissements.
Ronsard Luabeya
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En paraphant, le 1ᵉʳ août 2025 à Washington, le « texte de principes » du cadre d’intégration économique régionale, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont fait un petit pas vers la normalisation de leurs chaînes d’approvisionnement en minerais. Prévu dans l’accord de paix signé le 27 juin dernier, ce cadre est un accord distinct, qui « s’appuie sur les efforts existants, tels que la ZLECAf, la CIRGL, le CO et la CAE ».
Selon l’accord de paix, Kinshasa et Kigali devraient utiliser ce cadre pour « développer le commerce extérieur et les investissements provenant des chaînes d’approvisionnement de la région en minerais critiques et introduire une plus grande transparence ». L’objectif est de bloquer les circuits économiques illicites et de générer davantage de prospérité pour les deux pays — en particulier pour les populations locales — à partir des ressources naturelles régionales. Le texte évoque également la création de partenariats mutuellement bénéfiques et l’ouverture à de nouvelles opportunités d’investissement.
Il se dégage clairement une volonté de formalisation d’un commerce minier informel déjà existant entre les deux pays. Plusieurs rapports, notamment de l’ONU (voir rapports 1 et 2), documentent des flux illicites de minerais extraits en RDC, acheminés vers le Rwanda pour y être transformés, puis revendus sur les marchés internationaux sous l’étiquette rwandaise.
Des intérêts américains en ligne de mire
La formalisation de ces approvisionnements devrait permettre à Kinshasa de récupérer une partie des revenus miniers qui lui échappent encore. Elle favoriserait aussi la mise en conformité des minerais extraits dans l’est du pays avec les normes internationales, facilitant ainsi leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Selon les autorités américaines, cette démarche pourrait attirer des investisseurs internationaux, notamment venus des États-Unis. Un accord spécifique sur les minerais stratégiques est d’ailleurs en discussion entre Kinshasa et Washington. Dans cette dynamique, des entreprises américaines telles que Kobold Metals (secteur minier) et Starlink (Internet par satellite) sont déjà actives en RDC depuis plusieurs mois.
Pour l’instant, les modalités concrètes de cette normalisation restent inconnues, le contenu du « texte de principes » n’ayant pas été rendu public. Il faudra sans doute attendre la signature de l’accord définitif, attendue avant le 27 septembre prochain, pour en savoir davantage.
Le cadre d’intégration économique régionale est en effet prévu pour être lancé progressivement, en plusieurs étapes, dans les trois mois suivant l’entrée en vigueur de l’accord de paix.
Pierre Mukoko
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Lancés officiellement le 31 juillet 2025 par le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo (photo), les travaux de révision de la loi sur le régime général des hydrocarbures, adoptée en 2015, ont démarré ce 4 août à Kinshasa. Objectif : corriger les lacunes de la législation actuelle, responsables notamment de l’échec de l’appel d’offres du 28 juillet 2022 pour l’attribution de 27 blocs pétroliers, comme l’a indiqué le ministre lors de la cérémonie de lancement.
La session de révision repose sur deux commissions spécialisées. La première, dite « Commission amont », se penche sur les aspects liés à la géoscience, au cadre légal et administratif, à la fiscalité, à la transition énergétique, à l’environnement, ainsi qu’au contenu local et à la sous-traitance.
La seconde, la « Commission aval », se concentre quant à elle sur les titres et contrats pétroliers, la régulation des prix, l’approvisionnement, l’électrochimie, ainsi que sur les mêmes thématiques transversales.
Selon Aimé Sakombi Molendo, plusieurs failles du cadre actuel freinent les investissements dans le secteur. Il cite notamment une procédure d’appel d’offres jugée lourde et ambiguë, un régime de transport inadapté, ainsi qu’une fiscalité contraignante et peu incitative.
Le ministre déplore également un système fiscal complexe — comportant quatre zones fiscales, six types de bonus et cinq modalités de partage de production —, l’absence de critères techniques clairs pour la classification des blocs, ainsi que l’inexistence de stocks stratégiques de produits pétroliers.
Le processus en cours devrait déboucher sur une version modernisée et plus compétitive du code pétrolier, capable de raviver l’intérêt des sociétés pétrolières internationales pour le secteur congolais.
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique en mai dernier, Aimé Sakombi avait déjà souligné que cette révision s’accompagnerait d’une mise à jour des données géologiques, pour offrir aux investisseurs une meilleure visibilité sur le potentiel pétrolier du pays. Des opérations sismiques sont ainsi envisagées pour constituer une base de données fiable et sécurisée.
Ronsard Luabeya
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La République démocratique du Congo (RDC) semble tiraillée entre deux ambitions majeures : devenir un grand pays producteur d’hydrocarbures et consolider son statut de « pays solution » face au changement climatique. Une tension illustrée par une analyse cartographique de l’ONG Earth Insight, publiée le 20 juin 2025, selon laquelle 29 nouveaux blocs pétroliers chevauchent le Couloir vert Kivu-Kinshasa.
Créée le 15 janvier 2025, cette aire protégée vise à consacrer la RDC comme acteur central de la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, les 29 blocs pétroliers, qui couvrent 72 % de cette zone protégée, ont été mis aux enchères en mai dernier dans le cadre de la stratégie nationale de développement des hydrocarbures. Plusieurs organisations de défense de l’environnement estiment que l’exploitation pétrolière est fondamentalement incompatible avec les objectifs écologiques de cette aire.
D’après son décret de création, le Couloir vert s’étend de l’est à l’ouest du pays, sur une superficie de 544 270 km², soit un peu plus d’un quart du territoire national. Il ambitionne de promouvoir une économie verte tout en protégeant plus de 100 000 km² de forêts primaires. L’article 5 du décret précise que tout nouveau projet de développement économique dans cette zone doit être cohérent avec cette ambition verte. Or, l’exploitation des énergies fossiles va à l’encontre de cette logique.
Déjà en décembre 2024, la vice-Première ministre et ministre de l’Environnement, Ève Bazaiba, déclarait dans une interview à Deutsche Welle que les titres miniers attribués à l’intérieur du Couloir Vert seraient retirés. En 2018, trois blocs pétroliers avaient été octroyés à la société publique Comico dans la province de l’Équateur. Deux d’entre eux — Busira et Mbandaka — se situent bien à l’intérieur du périmètre du Couloir, selon les limites définies en 2025.
Face aux critiques, le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, a affirmé dans Jeune Afrique que les nouveaux blocs mis aux enchères ont été « détoxifiés », c’est-à-dire purgés des zones protégées, grâce à un nouveau découpage opéré avec le soutien technique du ministère de l’Environnement. « Le gouvernement ne reculera plus », a-t-il insisté, défendant une politique visant à « explorer et produire, tout en préservant les intérêts des générations futures ».
Mais pour l’ONG Earth Insight, cette démarche est problématique. « La décision de mettre aux enchères des concessions de combustibles fossiles dans le Couloir vert menace la réputation internationale du projet et compromet ses engagements en matière de biodiversité et de lutte contre le changement climatique », alerte l’organisation. L’enjeu est d’autant plus stratégique que le projet dépend fortement de financements extérieurs.
Selon la présidence de la République, un investissement d’un milliard de dollars sera nécessaire au cours des trois à quatre prochaines années pour concrétiser ce projet. En janvier 2025, lors du Forum économique mondial de Davos, le président Félix Tshisekedi avait présenté le Couloir Vert, suscitant l’engagement de l’Union européenne et de l’initiative Team Europe, qui se sont dites prêtes à mobiliser un milliard d’euros pour soutenir la création de cette aire protégée à vocation communautaire.
Timothée Manoke, stagiaire
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Dans un communiqué publié le 18 juillet 2025, le Cadastre minier (CAMI), organe chargé de la gestion du domaine minier, a annoncé la réouverture de son guichet. Cette reprise, effective depuis le 21 juillet, permet l’enregistrement de nouvelles demandes de droits miniers et de carrières de recherche.
Deux jours plus tard, la société américaine KoBold Metals a déposé une demande de permis de recherche couvrant une superficie de 1 600 km². L’entreprise, soutenue par Jeff Bezos et Bill Gates, prévoit d’y lancer un programme d’exploration minière à grande échelle afin d’identifier des gisements de minéraux critiques.
Cette initiative fait suite à un accord de principe signé avec le gouvernement congolais le 17 juillet. Dans ce document, les deux parties se sont engagées à coopérer pour garantir un accès public et gratuit aux données géoscientifiques via le Service géologique national du Congo (SGN-C). « Cela signifie que le SGN-C servira de plateforme nationale d’archivage, de validation et de diffusion des données géologiques générées par KoBold dans ses campagnes d’exploration », a expliqué un expert.
La décision de suspendre temporairement les dépôts de demandes avait été prise afin de réaliser des travaux d’assainissement du fichier cadastral national. Selon le CAMI, cette opération, initiée sur instruction du ministre des Mines par lettre du 28 mai 2025, visait à actualiser et fiabiliser les données cadastrales, dans un objectif de rationalisation de la gouvernance minière. Elle s’inscrit dans un contexte plus large de réforme du secteur et de renforcement de la transparence.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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La République démocratique du Congo (RDC) a conclu, en l’espace de 24 heures, deux accords préliminaires avec l’Américain KoBold Metals et le Japonais Solafune Inc., en vue de moderniser la recherche et l’accès aux données géologiques. Ces deux entreprises, déjà actives notamment en Zambie, ont la particularité d’utiliser l’intelligence artificielle et les données satellitaires pour optimiser l’exploration minière.
Selon le premier accord, signé le 17 juillet 2025, KoBold Metals déploiera une équipe chargée de numériser les archives géologiques conservées au musée royal d’Afrique centrale, d’ici le 31 juillet 2025. En outre, les deux parties se sont engagées à coopérer pour garantir un accès public et gratuit aux données géoscientifiques via le Service géologique national du Congo (SGN-C). « Cela signifie que le SGN-C servira de plateforme nationale d’archivage, de validation et de diffusion des données géologiques générées par KoBold dans ses campagnes d’exploration », précise un expert.
Soutenue par des investisseurs tels que Bill Gates et Jeff Bezos, la société américaine prévoit également de lancer un programme d’exploration minière à grande échelle en RDC pour identifier des gisements de minéraux critiques. À cet effet, KoBold déposera d’ici le 31 juillet 2025 des demandes de permis couvrant plus de 1 600 km².
De son côté, la société Solafune a signé un protocole d’accord avec le SGN-C. Celui-ci prévoit un accompagnement technique dans l’utilisation de l’IA et des images satellitaires pour améliorer la connaissance du sous-sol congolais, en vue d’une gouvernance plus transparente et efficace des ressources minérales. Le texte prévoit notamment le renforcement des capacités techniques des experts congolais.
La bonne connaissance du sous-sol est un levier stratégique pour attirer les investissements miniers. Kinshasa présente d’ailleurs l’accord avec KoBold comme un « partenariat stratégique visant à ouvrir la voie aux investissements américains dans le secteur ».
En 2024, les compagnies minières ont investi 130,7 millions de dollars dans l’exploration en RDC, selon un rapport de S&P Global Market Intelligence publié le 21 février 2025. Ce montant représente 10 % des 1,3 milliard de dollars investis à l’échelle du continent africain, faisant de la RDC le leader du secteur en Afrique.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Kamoa Copper prévoit d’étendre progressivement les installations solaires de son complexe cuprifère de Kamoa-Kakula jusqu’à une capacité installée de 120 MW. L’information est contenue dans un communiqué publié le 8 juillet 2025 par Ivanhoe Mines, l’un des actionnaires de Kamoa Copper et opérateur du site. Aucun calendrier précis n’a cependant été communiqué à ce stade.
Actuellement, une centrale solaire de 60 MW avec stockage par batterie est en cours de construction sur le site, situé dans les environs de Kolwezi dans la province du Lualaba en République démocratique du Congo (RDC). Cette infrastructure résulte de deux contrats d’achat d’électricité signés entre fin mars et début avril 2025 avec CrossBoundary Energy DRC, basée à Nairobi (Kenya), et Green World Energie SARL, basée à Pékin (Chine). Chacune de ces entreprises est chargée de financer, construire et exploiter une capacité de 30 MW de puissance constante.
CrossBoundary a précisé que son contrat porte sur une durée de 17 ans. En revanche, Green World n’a pas communiqué de détails sur les termes de son accord.
Selon Ivanhoe Mines, les premiers travaux ont démarré au deuxième trimestre 2025, incluant des études géotechniques, le défrichage du site, ainsi que la commande d’équipements à long délai de livraison. Ces équipements comprennent notamment le système de stockage par batteries (BESS), une station électrique modulaire (E-house) et des structures de montage. La fin des travaux est prévue pour la mi-2026.
À cette échéance, les besoins en électricité du complexe de Kamoa-Kakula devraient atteindre 240 MW. Kamoa Copper entend couvrir cette demande exclusivement avec de l’énergie verte. Une augmentation de la fourniture d’hydroélectricité via le réseau local est également prévue. Elle est rendue possible par la modernisation de la turbine 5 d’Inga II (178 MW). Cette capacité devrait être totalement disponible dès l’achèvement, prévu en 2026, des travaux de renforcement du réseau.
Avec ces nouvelles capacités de production, Kamoa-Kakula pourrait à terme se passer des importations d’électricité en provenance de la Zambie ou du Mozambique. Le 7 avril dernier, Ivanhoe indiquait que les importations d’hydroélectricité étaient passées de 50 MW à 70 MW, avec une nouvelle hausse envisagée à 100 MW.
Pierre Mukoko
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Le gouvernement a signé, ce 17 juillet 2025, un « accord de principe » avec la société américaine Kobold Metals sur l’exploration minière en République démocratique du Congo (RDC), annoncent les services de communication de la présidence de la République. La signature du document par le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, et le directeur général de Kobold Metals en RDC, Benjamin Katabuka, s’est faite en présence du président Félix-Antoine Tshisekedi.
Présenté par Kinshasa comme un « partenariat stratégique visant à ouvrir la voie aux investissements américains dans le secteur », l’accord de principe porte notamment sur le développement du projet de lithium de Manono. Situé dans la province du Tanganyika, ce gisement est considéré comme ayant « le potentiel de devenir une mine de lithium à grande échelle et de longue durée ».
La société américaine, soutenue par des investisseurs comme Bill Gates et Jeff Bezos, a, le 21 janvier dernier, fait une offre aux autorités congolaises. Elle propose de mettre fin au contentieux entre la RDC et AVZ Minerals Limited sur le gisement de Manono, en accordant une « compensation appropriée » à la compagnie australienne. En échange, celle-ci abandonnerait ses prétentions sur Manono à son profit. Dans cette perspective, AVZ et Kobold avaient annoncé, le 6 mai dernier, la conclusion d’un accord-cadre prévoyant qu’« AVZ cède ses intérêts commerciaux dans le gisement de lithium de Manono à Kobold, à une juste valeur ».
Sauf que, le 24 juin, AVZ a annoncé la reprise de la procédure d’arbitrage engagée contre l’État congolais devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), gelée un mois plus tôt pour favoriser un règlement à l’amiable du différend. Ce qui a laissé planer le doute sur l’issue de l’offre de Kobold, pourtant soutenue par le gouvernement américain, avec qui Kinshasa discute actuellement d’un accord minier en échange du soutien des États-Unis pour le retour de la paix à l’est de la RDC.
Pour l’instant, on ignore sur quoi le gouvernement congolais et Kobold se sont mis d’accord au sujet du développement du projet de lithium de Manono. Par contre, on sait que l’entreprise américaine « s’est engagée » à utiliser des technologies « assez avancées » comme l’intelligence artificielle dans l’exploitation minière en RDC. Elle a aussi promis d’investir dans la numérisation des données géologiques dans le pays. Selon son directeur général en RDC, Kobold devrait déposer prochainement des demandes de permis de recherche.
Pierre Mukoko
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Un témoignage de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler met en lumière des failles dans la gestion des ressources minières en République démocratique du Congo (RDC), entre 2001 et 2019, durant la présidence de Joseph Kabila. Il est contenu dans une décision arbitrale rendue en avril 2024 en Israël, dans le cadre d’un différend financier opposant Dan Gertler aux frères Moises et Mendi Gertner, ses anciens partenaires. Le contenu de cette décision a été révélé le 14 juillet 2025 par Bloomberg, qui affirme l’avoir obtenue via l’ONG Platform to Protect Whistleblowers in Africa (PPLAAF).
Bien qu’il ait toujours nié toute irrégularité, Dan Gertler est sous sanctions américaines depuis 2017 pour avoir amassé une fortune à travers des centaines de millions de dollars de transactions minières et pétrolières jugées opaques et entachées de corruption en RDC. Son témoignage contribue à étayer ces accusations. Il y reconnaît notamment avoir versé d’importantes sommes à Augustin Katumba Mwanke, ancien proche collaborateur du président Kabila, afin de faciliter l’obtention de permis miniers et pétroliers.
Les avocats de Gertler soutiennent que Katumba, décédé en 2012 dans un accident d’avion, n’occupait plus de fonction officielle au moment des paiements. Ils affirment également que les montants en question servaient à financer des projets communautaires, tels que des écoles et des hôpitaux. Toutefois, l’arbitre Eitan Orenstein a relevé que les opportunités minières étaient systématiquement orientées vers Gertler grâce aux réseaux de Katumba dans les cercles du pouvoir. Le partenariat entre les deux hommes est même présenté comme indispensable à la réussite de Gertler en RDC.
Prêts en espèces à la BCC
Le témoignage révèle aussi une gestion opaque des participations dans des permis sur des gisements d’or, de fer et de cuivre entre Gertler et Katumba, certains actifs étant hébergés dans des entités distinctes selon les besoins. Gertler affirme avoir détenu, pour le compte de Katumba, des actifs miniers évalués à plusieurs centaines de millions de dollars, sans connaître l’identité d’autres partenaires congolais impliqués. Cette structuration rendait toute traçabilité difficile, permettant à des intérêts privés — parfois étrangers — de contrôler indirectement des ressources stratégiques congolaises.
Par ailleurs, Gertler reconnaît avoir accordé des « prêts en espèces » à la Banque centrale du Congo (BCC) et à la société diamantaire publique MIBA. Une pratique qu’il justifie par l’absence d’un système bancaire fonctionnel à l’époque, mais qui révèle aussi un manque de régulation dans les flux financiers du secteur extractif.
Le document d’arbitrage, qui dépasse 1 200 pages et s’appuie sur plus de 10 000 pages de témoignages et de pièces, n’avait pas pour objet de déterminer la légalité des transactions. L’arbitre a noté qu’aucune preuve convaincante de corruption ou de paiements illégaux n’avait été présentée. Néanmoins, les révélations confortent les critiques récurrentes sur la gouvernance du secteur minier congolais : recours à des prête-noms, absence de transparence sur les bénéficiaires effectifs, attribution opaque des permis, et pratiques financières informelles.
ITIE note des progrès
De nombreuses affaires de corruption ont par ailleurs émaillé le secteur extractif congolais. Ces dernières années, Glencore Plc a payé plusieurs centaines de millions de dollars en amendes, dommages et intérêts pour clore des poursuites aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suisse et en RDC, liées à des faits de corruption dans l’acquisition d’actifs miniers congolais.
Concernant Dan Gertler, un différend fiscal récent sur les redevances que lui verse Glencore a révélé qu’il détient toujours des actifs dans le secteur minier congolais. Bien qu’il ait accepté en 2022 de renoncer à certains avoirs, il conserve des droits à royalties sur trois projets majeurs de cuivre et de cobalt.
Les rapports de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) indiquent que la RDC a néanmoins enregistré quelques progrès. Le rapport de progrès 2024 note que le pays publie désormais des données sur la propriété bénéficiaire depuis 2015, même si celles-ci restent incomplètes. En matière de transparence contractuelle, la loi minière de 2018 impose la publication des contrats, licences et concessions, mais des lacunes subsistent. Un rapport du FMI publié en janvier 2025 souligne les progrès dans la mise en œuvre de ces réformes, tout en rappelant la nécessité de finaliser des processus en cours. Le seuil de déclaration de la propriété effective fixé à 25 % par un loi adoptée en 2022 reste trop permissif.
Enjeu économique
D’autres faiblesses subsistent dans la gouvernance du secteur extractif. Le gouvernement congolais a récemment conditionné les exportations pétrolières à l’usage d’affréteurs agréés, une mesure visant à mieux encadrer les flux, mais qui soulève des interrogations sur la transparence des intermédiaires.
La transparence dans le secteur extractif est cruciale pour la RDC, dont l’économie repose en grande partie sur le cuivre et le cobalt. En 2024, la RDC a produit 3,3 millions de tonnes métriques de cuivre (+12,6 % sur un an), la plaçant au 2ᵉ rang mondial. Pour le cobalt, elle conserve sa première place mondiale, avec une production estimée à 170 000 tonnes et des réserves de 6 millions de tonnes.
Les revenus miniers représentent environ 6 % du PIB national et 40 % des recettes publiques. Une meilleure gouvernance permettrait de maximiser ces recettes, d’attirer des investissements durables, de garantir une meilleure redistribution des richesses, et de répondre aux exigences internationales sur les chaînes d’approvisionnement en métaux critiques.
Georges Auréole Bamba
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La société minière canadienne Loncor Gold a annoncé, le 15 juillet 2025, avoir reçu une offre non sollicitée et non contraignante de la part d’un investisseur tiers pour une éventuelle transaction. Aucun détail n’a été fourni à ce stade, laissant planer l’incertitude quant à la nature de l’opération envisagée : rachat, fusion ou simple prise de participation.
Dans son communiqué, l’entreprise indique simplement qu’un comité spécial d’administrateurs a été mis en place pour analyser l’offre.
Cette annonce intervient alors que Loncor Gold poursuit les travaux d’exploration sur le gisement aurifère d’Adumbi, situé dans la ceinture de roches vertes de Ngayu, dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Ce gisement, contrôlé à 84,68 % par Loncor (la RDC en détient 10 % via la société d’État Sokimo), constitue le principal actif de la compagnie.
Selon une étude économique préliminaire (PEA) publiée en 2021, 303 000 onces d’or pourraient être extraites sur une période de 10,3 ans, moyennant un investissement initial de 392 millions de dollars. La compagnie précise qu’elle envisage de publier une mise à jour sur le projet « si les circonstances le justifient ».
La hausse des prix de l’or sur le marché international stimule l’intérêt des investisseurs pour le secteur aurifère. Le cours du métal jaune a progressé d’environ 30 % depuis janvier, et se maintient au-dessus du seuil historique de 3 000 dollars l’once, selon les données du World Gold Council. Ce devrait permettre Loncor Gold d’accrocher facilement un partenaire d’exploitation du gisement aurifère d’Adumbi.
PM avec l’Agence Ecofin
La production totale de cobalt du groupe chinois CMOC en République démocratique du Congo (RDC) a atteint 61 073 tonnes au premier semestre 2025. C’est ce qu’a déclaré la société dans un rapport financier préliminaire publié le 14 juillet, ajoutant que cela représente une hausse en glissement annuel de 13 %. Cette performance s’inscrit dans la continuité de la hausse de 20 % enregistrée au premier trimestre, où la société avait déclaré une production cumulée de 30 414 tonnes pour ses mines de Tenke-Fungurume et Kisanfu.
CMOC attribue cette progression des volumes extraits à la hausse des prix de ses principaux produits miniers. Il convient de rappeler que le cobalt est un sous-produit de l’exploitation du cuivre, dont le prix bat actuellement des records sur le marché international.
Si l’entreprise peut profiter de ce contexte de marché favorable pour le cuivre, la perspective est différente pour le cobalt. En effet, depuis le 24 février dernier, la compagnie ne peut pas sortir sa production du pays, en raison de l’embargo imposé par le gouvernement congolais sur les exportations de ce métal, dans l’objectif de relever les prix sur un marché en situation de surproduction. Le 30 juin, CMOC a même suspendu ses livraisons de cobalt. Évoquant le gel des exportations en RDC, IXM, sa filiale chargée du négoce des métaux, a annoncé un cas de force majeure sur les contrats d’approvisionnement.
Après l’annonce initiale de l’embargo en février, les cours avaient bondi de 60 %, atteignant un pic de stabilisation autour de 33 700 dollars dès avril. Depuis début juin, les prix affichaient une tendance baissière, avant de repartir à la hausse après la prolongation de la suspension des exportations par la RDC. Ils se situent actuellement au-dessus de 33 700 dollars.
CMOC maintient toujours ses prévisions de production annuelle entre 100 000 et 120 000 tonnes de cobalt pour 2025. Mais il est pour l’instant difficile de dire quand la compagnie pourra l’évacuer. L’embargo actuel arrive à expiration en septembre prochain. L’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS), à l’origine de la décision, indique que cette suspension pourrait être prolongée, ajustée ou levée, sans préciser d’objectif de prix cible. On sait toutefois que le budget 2025 de l’État congolais a été établi sur la base d’un prix moyen de 28 000 dollars la tonne.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
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Kamoa Copper, propriétaire du complexe cuprifère de Kamoa-Kakula, a signé un contrat de vente avec le négociant suisse Trafigura portant sur 20 % de la production d’anodes de cuivre de sa fonderie, dont l’entrée en service est prévue pour septembre 2025. L’information est issue du rapport trimestriel d’Ivanhoe Mines, l’un des actionnaires de Kamoa Copper, publié le 8 juillet 2025.
Selon ce document, l’accord a été conclu en juin dernier pour une durée de trois ans. Il inclut également une avance de 200 millions de dollars consentie par Trafigura à Kamoa Copper, avec un taux d’intérêt équivalant au taux moyen mensuel pondéré du marché interbancaire américain (SOFR) majoré de 3,75 %. En d’autres termes, l’entreprise recevra une quantité d’anodes de cuivre équivalente à ce montant, augmentée des intérêts, en guise de remboursement.
Avec cet accord, Kamoa Copper boucle la prévente de l’intégralité de la production de sa fonderie, dont la capacité est estimée à 500 000 tonnes d’anodes de cuivre par an. En janvier, Ivanhoe Mines avait déjà annoncé la signature d’un contrat de vente portant sur 80 % de cette production avec CITIC Metal Limited et Gold Mountains International Mining Company Limited, deux entités affiliées à Zijin Mining. Ce dernier est également actionnaire de Kamoa Copper et d’Ivanhoe Mines. Ce premier accord était assorti d’une avance de 500 millions de dollars aux mêmes conditions que celle négociée avec Trafigura.
Depuis son entrée en production à la mi-2021, Kamoa Copper privilégie ce mécanisme de prévente adossée à des avances sur production. Une stratégie qui suscite des réserves du côté de l’État congolais, actionnaire minoritaire à hauteur de 20 %, aux côtés d’Ivanhoe Mines (39,6 %), Zijin Mining (39,6 %) et Crystal River Global Limited (0,8 %), tous les trois regroupés au sein de Kamoa Holding Limited.
Ivanhoe Mines affirme que ces accords sont conclus « selon des conditions commerciales compétitives et indépendantes ». Mais en décembre dernier, le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, a estimé que Kamoa Copper vendait sa production en dessous des prix du marché. En conséquence, il a annoncé que l’État entend désormais participer à la sélection des acheteurs. L’objectif affiché est d’optimiser les revenus issus de l’exploitation du cuivre congolais et de garantir une valorisation plus équitable des ressources naturelles. Aucune information récente n’a toutefois été communiquée sur la mise en œuvre de cette mesure.
Pierre Mukoko
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Le président américain Donald Trump a annoncé, le 8 juillet 2025, l’imposition d’un droit de douane de 50 % sur tout le cuivre importé aux États-Unis. Pour justifier cette mesure, il a déclaré vouloir « ramener la production de cuivre à la maison », estimant que la dépendance aux importations constitue un problème de sécurité nationale.
Les États-Unis sont le deuxième importateur mondial de cuivre, derrière la Chine. Ils achètent principalement du cuivre raffiné. Selon les données du ministère américain du Commerce, relayées par plusieurs médias, les importations de cuivre ont atteint 17 milliards de dollars en 2024, dont 6 milliards en provenance du Chili.
Aucun calendrier d’entrée en vigueur n’a encore été officiellement confirmé, mais l’administration évoque une mise en œuvre possible d’ici début août. L’annonce a immédiatement provoqué une envolée des cours du cuivre sur le marché américain. Sur la Commodity Exchange (COMEX), l’une des principales bourses de matières premières, les contrats à terme ont bondi de 13%, marquant la plus forte hausse intrajournalière depuis 1968, avant de se stabiliser en deçà de 5,6 dollars le lendemain.
La perspective d’un renchérissement du cuivre à l’importation a incité les traders à anticiper une pénurie. Certains indicateurs laissent également penser que le marché a été stimulé par des achats spéculatifs, visant à profiter des hausses de valeur attendues après l’entrée en vigueur des tarifs.
Impact indirect pour la RDC
Ces dynamiques interviennent dans un contexte de forte demande mondiale en cuivre, métal indispensable à la fabrication des véhicules électriques (environ 80 kg par véhicule), aux énergies renouvelables et aux infrastructures. Un déficit d’approvisionnement de 4,5 millions de tonnes est projeté d’ici 2030, ce qui soutient les prix sur les marchés internationaux, y compris à la Bourse des métaux de Londres (LME). Par ailleurs, la rhétorique de Donald Trump, visant à limiter l’influence chinoise sur les chaînes d’approvisionnement, accentue les tensions commerciales.
La République démocratique du Congo, qui a produit environ 2,5 millions de tonnes de cuivre en 2024 (soit 11 % de l’offre mondiale), pourrait bénéficier indirectement de cette hausse des prix. Plusieurs grandes entreprises étrangères dominent sa production — notamment CMOC, Zijin Mining, Ivanhoe Mines et Glencore — et l’État n’est généralement qu’actionnaire minoritaire.
En pratique, une grande partie de la production est vendue à travers des contrats d’achat à terme, souvent conclus avec des entités liées aux producteurs. Ces contrats fixent les prix à l’avance ou se basent sur des moyennes passées, limitant la capacité de l’État à profiter immédiatement des flambées de prix. En revanche, les groupes miniers, eux, enregistrent une revalorisation directe de leurs stocks. Le gouvernement congolais a exprimé sa volonté de participer aux processus de commercialisation, mais les avancées concrètes dans ce domaine restent floues.
Sur le plan fiscal, la RDC perçoit des redevances à l’exportation. Cependant, le mode de calcul de ces taxes, souvent basé sur des prix moyens anticipés, empêche de profiter pleinement des hausses soudaines.
Perspectives à moyen terme
Toutefois, la taxe sur les superprofits instaurée par le Code minier de 2018 pourrait constituer un levier important. Cette taxe de 50 % s’applique lorsque les prix des matières premières dépassent de 25 % les hypothèses économiques des études de faisabilité. Par exemple, si une étude prévoit un prix de 4 dollars par livre (8 818,5 $/t), la taxe s’enclenche à partir de 5 dollars (11 023 $/t). Avec un prix actuel aux Etats-Unis de 5,6 dollars par livre (12 368 $/t), cette taxe serait applicable.
Entre janvier et juillet 2025, le cours du cuivre a augmenté de 38,8 % (de 4,04 à 5,61 dollars par livre) et de 98,8 % sur cinq ans, ce qui signifie que de nombreux projets dépassent ce seuil. Le potentiel fiscal reste néanmoins difficile à estimer précisément.
Les effets à long terme de cette décision américaine sur la RDC dépendront de son impact sur les cours et la demande. Selon plusieurs analystes, les importations américaines de cuivre ne devraient pas reculer dans l’immédiat, malgré les tarifs. Les États-Unis n’ont ni les mines, ni les fonderies, ni les raffineries nécessaires pour assurer leur autosuffisance. Des projets tels que Resolution Copper nécessitent 7 à 10 ans de développement et des milliards d’investissements.
Importateur à hauteur de 45 % de ses besoins, Washington pourrait même accroître ses achats de cuivre pour accompagner son programme de réindustrialisation. La demande mondiale devrait croître de 3 à 5 % par an jusqu’en 2030, tirée par la transition énergétique. En cas de production nationale portée à 3,5 à 4 millions de tonnes — comme prévu avec l’expansion de mines comme Kamoa-Kakula — la RDC pourrait enregistrer des recettes d’exportation comprises entre 30 et 40 milliards de dollars par an à cette échéance.
Georges Auréole Bamba
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