Le 18 novembre 2024, DRC Gold Trading SA a officiellement lancé les activités de sa succursale à Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Selon un communiqué de l’entreprise, l’ouverture de cette seconde succursale, après celle du Sud-Kivu, vise à « élargir ses activités d’achat, de commercialisation et d’exportation de l’or issu de l’exploitation artisanale et à petite échelle dans toutes les provinces aurifères du pays ».
Initialement dénommée Primera Gold DRC, l’entreprise a changé de nom le 13 novembre dernier pour devenir DRC Gold Trading, suite à son passage sous le contrôle public. L’État et deux entités publiques ont acquis, à des conditions non divulguées, les 55 % des parts détenues auparavant par la société émiratie Primera Group. Désormais, l’État détient 55 % des parts sociales, le Fonds minier pour les générations futures en possède 30 %, et la Gécamines détient 15 %.
Malgré ces changements, l’entreprise affirme que sa vision reste inchangée : « Faire de la RDC le plus grand exportateur d’or issu de l’exploitation artisanale et à petite échelle, grâce à des chaînes d’approvisionnement crédibles, exemptes de conflits et avantageuses pour les communautés riveraines, tant directement qu’indirectement impactées ».
Ramener dans le circuit officiel toute la quantité d’or extrait de manière artisanale reste un défi majeur, estime le directeur général de DRC Gold Trading, Joseph Kazibaziba. « Plus de 50 tonnes sont exportées de manière frauduleuse à la côte est du Congo, ce qui équivaut à plus de 5 milliards de dollars. Vous pouvez comprendre que DRC Gold Trading est une société stratégique et d’une importance capitale pour l’État », a-t-il déclaré à la presse le 13 novembre, lors de la cérémonie de signature des actes marquant le changement de dénomination sociale de la société.
Défis de la compétitivité des prix
Présente uniquement au Sud-Kivu, DRC Gold Trading a collecté et exporté plus de 5,5 tonnes d’or en 2023, soit une hausse de plus de 12 000 %, pour une valeur de plus de 350 millions de dollars. Avec le lancement de ses activités dans le Tanganyika, l’entreprise espère accroître la quantité d’or collectée et exportée. Cependant, cela dépendra de la compétitivité des prix proposés aux coopératives minières, négociants et acheteurs agréés auprès desquels elle s’approvisionne.
En 2024, DRC Gold Trading envisageait d’exporter au moins 12 tonnes d’or. Cependant, cet objectif semble difficile à atteindre. Selon les informations de Bloomberg, relayées par l’Agence Ecofin, les exportations d’or de l’entreprise affichent une tendance baissière. Depuis novembre 2023, ces expéditions auraient chuté de 50 %. Cette baisse serait due à des prix plus élevés proposés sur le marché noir aux mineurs artisanaux, ainsi qu’à la réglementation bancaire qui limite les transactions quotidiennes en espèces.
Conscient des défis à relever, Joseph M. Kazibaziba, arrivé à Kalemie le 17 novembre, a rencontré les négociants de la province du Tanganyika. Toutefois, aucun détail n’a filtré concernant cette séance de travail, qui avait pour objectif de discuter des défis rencontrés par les acteurs du secteur de l’or. Néanmoins, lors de la cérémonie d’ouverture de la nouvelle succursale, le directeur général de DRC Gold Trading a lancé un appel aux filles et fils du Tanganyika : « DRC Gold Trading SA compte énormément sur votre soutien pour accomplir les missions qui lui ont été confiées par le président de la République. Car sa réussite est aussi celle de votre province, qui en bénéficiera à travers les prélèvements fiscaux et parafiscaux, sans compter les emplois générés… ». Il a également assuré son auditoire que l’entreprise dispose, à ce jour, des capacités financières suffisantes pour absorber toutes les quantités d’or artisanal et à petite échelle produites sur toute la côte est du pays.
Pierre Mukoko
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Lors d’un échange le 30 octobre 2024 avec les investisseurs, des responsables de l’entreprise sino-canadienne Ivanhoe Mines ont présenté les prévisions de production de cuivre de la mine de Kamoa-Kakula, située à 25 kilomètres de Kolwezi, la principale ville de la province du Lualaba, en République démocratique du Congo. « Nous prévoyons probablement… de dépasser les 600 000 tonnes par an en 2026, une fois que nous aurons terminé le projet 95 », a fait savoir Mama Cloete, la présidente et directrice des finances chez Ivanhoe Mines.
Le projet 95 est une initiative qui permet à l’entreprise de récupérer jusqu’à 95 % du concentré de cuivre pour les mêmes quantités de minerais extraits et les mêmes charges opérationnelles. Prévu pour être mis en œuvre au cours du premier trimestre 2026, ce projet devrait ajouter entre 30 000 et 40 000 tonnes de concentré de cuivre à la production annuelle.
La multinationale minière, implantée au Canada et principalement contrôlée par des entités chinoises, prévoit même une phase 4 qui lui permettra, au cours des 40 prochaines années, d’atteindre une moyenne de production située entre 700 000 et 800 000 tonnes de cuivre par an. L’entreprise semble bien positionnée pour atteindre cet objectif, même si les prévisions de production pour 2024 ont été revues à la baisse, en raison principalement de défis énergétiques qui n’ont pas permis d’atteindre la pleine capacité de l’infrastructure d’exploitation installée.
Mais ces défis sont en train d’être surmontés. Un programme de développement des capacités de production d’énergie de secours est en cours sur le site. Cette capacité de secours, qui a atteint 135 MW en septembre, devrait être portée à 201 MW d’ici la fin de l’année. Selon Ivanhoe Mines, des négociations sont par ailleurs en cours pour faire passer la puissance importée d’Afrique australe, via l’interconnexion zambienne, de 65 MW actuellement à 100 MW d’ici la fin de l’année. En outre, un projet développé avec la Société nationale d’électricité (SNEL), visant à améliorer l’efficacité des réseaux de transport d’énergie, devrait s’achever vers le deuxième semestre 2025.
Finances en équilibre
Sur le plan financier, l’entreprise continue de renforcer son équilibre. Bien que les coûts d’exploitation aient augmenté au troisième trimestre 2024, elle reste sur une moyenne de 3 527,3 $ la tonne, contre une prévision de 3 748 $ dans l’étude de faisabilité. Elle peut également continuer à mobiliser des financements à faible coût sur ses contrats de vente anticipée. De plus, bien qu’ils se stabilisent désormais autour de 9 645 $ la tonne, les prix du cuivre restent au-dessus des prévisions de l’étude de faisabilité, qui étaient de l’ordre de 8 152 $ la tonne.térêt pour plusieurs parties prenantes, y compris le gouvernement, actionnaire du projet Kamoa-Kakula et percepteur des taxes minières, les banques internationales et locales qui accordent des crédits pour le développement et le fonctionnement du projet, ainsi que les actionnaires d’Ivanhoe Mines, qui espèrent en tirer une solide rentabilité financière.
Cela dit, les perspectives d’une augmentation des quantités produites ne garantissent pas une amélioration systématique des retombées positives. Tout dépendra de l’évolution de la demande sur les marchés, notamment celui de la Chine, qui est la principale destination du cuivre congolais. Le plus grand partenaire africain a lancé des projets de reprise économique, mais les résultats restent attendus. L’élection du président Donald Trump, qui prévoit d’abolir les incitations pour l’achat de véhicules électriques et de surtaxer ceux en provenance de Chine, constitue également un paramètre à prendre en compte.
D’un autre côté, le renforcement de nouvelles alliances commerciales dans le cadre des BRICS pourrait continuer de soutenir la demande, tout comme les besoins européens pour réaliser leurs ambitions de mobilité électrique à l’horizon 2035. Ces facteurs maintiennent un certain optimisme dans le secteur.
Georges Auréole Bamba
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Le 6 novembre 2024, date de l’annonce de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, les cours du cuivre, essentiel aux exportations de la République démocratique du Congo (RDC), ont enregistré une baisse marquée de 4,06 % sur le London Metal Exchange, avant de se redresser légèrement de 2 % à l’ouverture des marchés le lendemain.
Pour certains analystes, cette évolution des prix était prévisible. Ole Hansen, responsable de la stratégie en matières premières chez Saxo Bank, a déclaré à S&P Global Ratings que Trump avait promis, durant sa campagne, deux mesures susceptibles d’influencer ce marché : l’introduction d’un tarif douanier de 60 % sur les produits chinois et la suppression du crédit d’impôt pouvant atteindre 7 500 $ accordé aux acheteurs de véhicules électriques par une loi votée sous l’administration Biden.
Les États-Unis constituent en effet un marché important pour les produits chinois, avec plus de 500 milliards de dollars d’importations en 2023, dont plus de 25 % de biens électriques. Si les tarifs douaniers annoncés par Trump sont appliqués, la production chinoise pourrait en pâtir, d’autant plus que l’Union européenne a déjà instauré des taxes sur les véhicules électriques chinois. La baisse de la demande chinoise en cuivre et cobalt qui en résulterait pourrait entraîner une baisse des prix de ces minerais essentiels à la transition énergétique.
Les contingences américaines
En plus, la suppression du crédit d’impôt pour les véhicules électriques, au profit d’une politique de soutien à l’industrie pétrolière, risquerait d’affaiblir la rentabilité du secteur des véhicules électriques aux États-Unis. Cela aurait des répercussions non seulement sur les constructeurs automobiles, mais également sur les constructeurs d’infrastructures de recharge et les fournisseurs de batteries. Une telle mesure pourrait freiner la croissance de la demande en métaux comme le cuivre et le cobalt, essentiels aux batteries et à l’électrification, et peser davantage sur les perspectives de prix de ces minerais.
Néanmoins, ces risques ne devraient pas se concrétiser à court terme. Certains analystes estiment que le système productif américain ne serait pas en mesure de compenser immédiatement les 500 milliards de dollars de produits chinois, dont la compétitivité aide à maintenir l’inflation sous contrôle aux États-Unis.
Par ailleurs, toute suppression du soutien aux véhicules électriques devrait être soigneusement évaluée. La majorité républicaine au Sénat et chez les gouverneurs ne garantit pas l’annulation immédiate de la loi votée sous l’administration Biden. Si de nombreux élus soutiennent Donald Trump, ils doivent également tenir compte de priorités locales telles que l’emploi et les niveaux de vie. De plus, plusieurs usines de véhicules électriques se trouvent dans des États à majorité républicaine, et de nombreux partisans du parti ont investi dans ce secteur.
Conséquences pour la RDC
Pour la RDC, premier producteur de cuivre en Afrique et premier producteur mondial de cobalt, les impacts de ces éventuels changements restent à évaluer. Dans son projet de budget 2025, le pays prévoit un prix du cuivre à 7 909,57 $ et du cobalt à 28 007,73 $. Si les prix du cuivre restent largement au-dessus de ces prévisions, ceux du cobalt sont en dessous. En septembre dernier, Fitch Ratings estimait que le prix du cobalt devrait se situer entre 25 000 et 26 000 dollars la tonne jusqu’en 2027.
Il convient également de souligner que les productions minières actuelles sont souvent vendues via des contrats dont les prix ne sont pas publics. Actuellement, les perspectives du cuivre, avec des options d’achat à 9 527 $ la tonne en avril 2025, restent supérieures au seuil de rentabilité moyen de 7 800 $ la tonne estimé pour la mine de Kamoa-Kakula, exploitée par Ivanhoe Mines.
La RDC est particulièrement sensible aux fluctuations des prix des matières premières, notamment du cuivre. Les ventes de ce minerai génèrent des revenus considérables pour le budget de l’État et des provinces, soutenant un vaste réseau de sous-traitance majoritairement détenu par des entreprises congolaises (51 %). Ces activités dépendent également de financements bancaires, tant locaux qu’internationaux, pour le développement de nouveaux projets ou pour répondre aux besoins de trésorerie en attendant les paiements.
Georges Auréole Bamba
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La société minière MMG Limited, filiale de China Minmetals Corporation (CMC), a annoncé le 1er novembre 2024 la signature d’un accord de service avec Orange RDC pour la fourniture de services télécoms visant une exploitation intelligente de la mine de cuivre de Kinsevere, située dans la province du Haut-Katanga. Orange RDC offrira des services de téléphonie mobile, de transmission de données et d’internet à haut débit. En partenariat avec Huawei, Orange RDC fournira également à MMG Limited une solution avancée de réseaux privés d’entreprise eLTE, une technologie permettant une transmission sans fil à haut débit adaptée à divers usages.
MMG Limited explique qu’elle prévoit « d’utiliser la mine de Kinsevere comme plateforme pour combiner les avantages technologiques d’Orange et de Huawei, avec les capacités d’intégration industrielle de China Minmetals Corporation et la solide expertise locale de la mine de Kinsevere » en vue de « construire progressivement un projet de démonstration numérique, intelligent et vert en Afrique ».
Les services télécoms à haut débit fournis par Orange RDC et Huawei offrent de nombreux avantages pour les opérations minières. Ils permettent notamment une communication améliorée entre les équipes d’exploitation, un suivi en temps réel des activités, ainsi que la détection d’anomalies avec des alertes en cas de danger. Ces technologies facilitent également la localisation rapide des travailleurs en cas d’incident et la coordination des secours, renforçant ainsi la sécurité sur le site.
L’efficacité opérationnelle est également un enjeu majeur de l’exploitation intelligente des mines. Elle vise une utilisation optimisée des ressources humaines, matérielles et énergétiques pour atteindre les objectifs de production, tout en réduisant les coûts et en limitant les impacts environnementaux.
MMG Limited révèle que la mine de Kinsevere a produit 21 278 tonnes de cathodes de cuivre au premier semestre 2024. Par rapport à la même période en 2023, le chiffre d’affaires de Kinsevere a augmenté de 6 %, atteignant 188,3 millions de dollars, principalement grâce à la hausse des prix du cuivre. Pour l’année 2024, MMG Limited ambitionne d’extraire de Kinsevere entre 39 000 et 44 000 tonnes de cathodes de cuivre.
Muriel Edjo
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Alors que nous approchons de la fin de l’année 2024, la production de Kamoa-Kakula s’accélère. La plus grande mine de cuivre de la République Démocratique du Congo (RDC) a atteint un record de 41 800 tonnes produites en octobre 2024, selon une annonce faite le 4 novembre par Ivanhoe Mines, qui détient 39,6 % de la mine. Cette production, en hausse de 1 453 tonnes par rapport au mois d’août, date de la mise en service d’une troisième usine de traitement, se situe à 8 200 tonnes du volume mensuel nécessaire pour atteindre la capacité de production installée de 600 000 tonnes.
Selon les chiffres publiés par Ivanhoe, la performance de Kamoa-Kakula s’est rapprochée de la capacité de production installée le 12 octobre. Ce jour-là, la mine a atteint un record de 1 720 tonnes de cuivre. « Cela correspond à un taux de production annualisé d’environ 580 000 tonnes de cuivre, en tenant compte de la disponibilité », précise l’entreprise basée au Canada.
Cette accélération ne permettra néanmoins pas de compenser les pertes de production enregistrées au premier semestre en raison de l’intermittence de l’approvisionnement en électricité par le réseau. Cette situation a conduit Ivanhoe à revoir à la baisse ses prévisions de production, passant d’une fourchette initiale de 440 à 490 mille tonnes à une nouvelle estimation comprise entre 425 et 450 mille tonnes de concentrés de cuivre. Cependant, cela laisse entrevoir une nouvelle hausse de la production en 2025, après une augmentation de 18 % en 2023, atteignant 393 551 tonnes.
Tout comme la production de Kamoa-Kakula, les prix du cuivre continuent d’augmenter. Au premier semestre 2024, le prix moyen du cuivre a atteint 9 215,84 dollars la tonne, contre 8 726,90 dollars à la même période en 2023. Plusieurs analystes estiment que les prix du cuivre devraient atteindre en moyenne 10 200 dollars la tonne au cours du dernier trimestre de 2024, et pour 2025, plusieurs institutions anticipent un prix moyen approchant les 10 500 dollars la tonne. Dans une étude de préfaisabilité, Ivanhoe Mines indique qu’un prix moyen de 7 000 dollars la tonne sur la durée de vie de la mine est nécessaire pour générer des profits solides.
En 2023, les ventes de Kamoa-Kakula ont dépassé les 2,7 milliards de dollars, et on s’achemine vers un chiffre d’affaires encore plus élevé en 2024. Pour les neuf premiers mois de l’année, les ventes s’élevaient déjà à 2,3 milliards de dollars, avec un chiffre d’affaires record de 828 millions de dollars au troisième trimestre, selon les chiffres publiés par Ivanhoe Mines. Cette perspective est intéressante pour les créanciers de Kamoa-Kakula, qui a bénéficié d’un financement non garanti de 400 millions de dollars auprès d’institutions financières en RDC pour soutenir son expansion. Elle l’est également pour l’État. À titre d’illustration, Ivanhoe affirme que l’État a perçu, à fin juillet 2024, plus de 217 millions de dollars au titre de l’impôt sur les bénéfices et profits, contre près de 29 millions de dollars durant toute l’année 2023.
Pierre Mukoko
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La banque suisse UBS prévoit un prix moyen du cuivre de 10 500 $ la tonne pour 2025, surpassant les 10 160 $ annoncés par Goldman Sachs dans ses récentes prévisions revues à la hausse. Cette nouvelle estimation, relayée par Agence Ecofin, reflète un optimisme accru chez les analystes du marché du cuivre, dont la République démocratique du Congo (RDC) a été le deuxième producteur mondial en 2023.
Dans le détail, les raisons avancées par les analystes d’UBS pour justifier leur prévision comprennent une offre restreinte face à une demande croissante, notamment pour les véhicules électriques, les énergies renouvelables et les centres de données. Ils anticipent un déficit de plus de 200 000 tonnes sur le marché en 2025, et une hausse du prix qui devrait grimper à 11 000 $ la tonne en 2026.
Il faut rappeler qu’au moment de relever ses prévisions de prix pour le cuivre la semaine dernière, la banque américaine Goldman Sachs avait de son côté cité comme principal facteur l’impact positif des récentes mesures de relance économique en Chine sur la demande du métal. Plus tôt ce mois, le cabinet d’analyse Fastmarkets a estimé que les prix du cuivre devraient atteindre en moyenne 10 265 dollars la tonne au cours du dernier trimestre de 2024, avec comme raisons les mesures de relance en Chine, mais également la baisse des taux d’intérêt décidée par la Réserve fédérale américaine.
Les prévisions des divers analystes susmentionnés sont supérieures au prix prévu dans le projet de loi de finances de la RDC où le pays table sur une tonne de cuivre à 7 909,57 $. Une éventuelle hausse du prix du cuivre en 2025 ne sera néanmoins pas le seul facteur qui déterminera une croissance des recettes publiques générés. Il faut prendre en compte l’évolution de la production et la nature et les termes des contrats entre l’État et les entreprises minières, ainsi que ceux entre ces entreprises et leurs clients.
LNK
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Le marché mondial du cobalt devrait bien connaître un excédent en 2024, indique un nouveau rapport publié le 28 octobre 2024 par Cobalt Institute. Cette prévision intervient alors que la compagnie chinoise CMOC, opérant en République démocratique du Congo (RDC), avait indiqué, en août dernier, que « le taux de croissance de l’offre sur le marché va progressivement ralentir au second semestre 2024, ce qui permettra d’atténuer efficacement la pression sur le marché ».
Selon les analystes du Cobalt Institute, le principal facteur expliquant l’excédent attendu sur le marché serait une hausse de la production sur un actif appartenant à CMOC (premier producteur mondial), en l’occurrence la mine Kisanfu en RDC. Cette dernière devrait produire 23 000 tonnes de cobalt en plus par rapport à 2023, alors que les volumes de la mine Tenke Fungurume (également détenue en RDC par CMOC) devraient augmenter de 14 000 tonnes. En dehors de la hausse de l’offre congolaise, l’autre grand facteur mis en avant est une demande plus faible, notamment dans le secteur des véhicules électriques (VE), où un ralentissement de la croissance des ventes est prévu en 2024 par l’AIE.
Il faut rappeler qu’alors que plusieurs sources rapportaient en août 2024 qu’une surabondance de l’offre sur le marché a fait chuter les prix du cobalt pratiquement à leurs plus bas niveaux depuis 8 ans, les analystes de CMOC avaient fait une sortie optimiste. Ils avaient indiqué que les prix du cobalt à moyen et long terme devraient s’améliorer sous l’effet combiné de l’offre et de la demande. « La demande de cobalt dans le secteur des batteries de VE devrait augmenter en raison d’une augmentation du taux de pénétration de ce type de véhicules en Chine et dans le monde », avaient-ils indiqué, précisant que la demande de cobalt dans les secteurs traditionnels tels que l’aérospatiale et les applications de défense nationale devrait continuer d’augmenter.
Selon le Cobalt Institute, le marché du cobalt devrait rester excédentaire en 2025, alors que les analystes de Commodity Insights prévoient un excédent jusqu’en 2028. Cela pourrait maintenir les prix du cobalt à leurs niveaux actuels, voire en deçà, loin des records à plus de 80 000 dollars la tonne enregistrés en 2022.
À la bourse des métaux de Londres, le prix de la tonne de cobalt pour livraison dans trois mois a baissé de 20 % depuis janvier 2024, se négociant à 24 300 dollars le 25 octobre. En septembre dernier, Fitch Ratings a estimé que le prix du cobalt devrait se négocier entre 25 000 et 26 000 dollars la tonne jusqu’en 2027.
Il est difficile d’évaluer précisément les conséquences de la baisse des prix du cobalt sur les recettes publiques de la RDC. Dans son projet de loi de finances pour 2025, le premier producteur mondial de cobalt, qui fournit plus de 70 % de l’offre mondiale, se montre optimiste et table sur un prix du cobalt à 28 007,73 dollars la tonne pour 2025, contre 28 250,67 dollars en 2024. En outre, la baisse des prix enregistrée en 2023 a été partiellement compensée par une augmentation de la production, qui est passée de 115 371 tonnes en 2022 à environ 153 000 tonnes l’année dernière.
Emiliano Tossou
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La banque américaine Goldman Sachs a récemment rehaussé ses prévisions pour le prix du cuivre en 2025, portant le prix moyen attendu à 10 160 $ la tonne, contre 10 100 $ précédemment. Cette révision à la hausse est principalement justifiée par l’impact positif des récentes mesures de relance économique en Chine sur la demande du métal.
Il y a quelques semaines, le cabinet d’analyse Fastmarkets a estimé que les prix du cuivre devraient atteindre en moyenne 10 265 dollars la tonne au cours du dernier trimestre de 2024. Cette prévision prend en compte non seulement les mesures de relance en Chine, où un plan de 3,95 billions de yuans (560 milliards de dollars) a été annoncé en septembre pour contrer le ralentissement économique, mais également la baisse des taux d’intérêt décidée par la Réserve fédérale américaine.
Pour l’instant, il est encore difficile de se prononcer sur l’impact potentiel de ces prévisions (si elles se concrétisent) sur les revenus miniers de l’État de la République Démocratique du Congo (RDC), qui était le deuxième producteur mondial de cuivre en 2023. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte, notamment la nature et les termes des contrats entre l’État et les entreprises minières, ainsi que ceux entre ces entreprises et leurs clients, sans oublier les volumes de production de cuivre du pays.
Dans le projet de loi des finances 2025, présenté au Parlement, le gouvernement de la RDC prévoit un prix du cuivre à 7 909,57 $, après avoir noté que le cours du cuivre est passé de 8 726,9 $ la tonne au premier semestre 2023 à 9 215,84 $ la tonne sur la même période en 2024, ce qui représente une hausse de 5,6 %. On peut donc déjà constater que les prévisions de Goldman Sachs dépassent de 2 250,43 $ les hypothèses budgétaires de la RDC.
Début octobre, il convient de rappeler que la compagnie minière Ivanhoe Mines a revu à la baisse ses prévisions de production pour la plus grande mine de cuivre du pays, Kamoa-Kakula. La société évoque notamment l’instabilité du réseau électrique dans le sud comme l’une des raisons de cette révision. Ivanhoe vise désormais une production maximale de 450 000 tonnes de concentré de cuivre en RDC pour 2024, contre 490 000 tonnes dans ses prévisions initiales.
Cette mine fait partie des actifs qui ont permis à la RDC d’augmenter sa production et ses revenus extractifs ces dernières années. Bien que des mesures aient été annoncées pour résoudre le problème de l’approvisionnement électrique d’ici 2025, il reste à voir si elles seront mises en œuvre sans encombre, ainsi que les éventuels impacts sur la production de l’année prochaine.
Louis-Nino Kansoun
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Au 25 octobre 2024, le zinc se négociait à 3 070 $ la tonne à la London Metal Exchange (la plus importante bourse des métaux au monde), pour des achats prévus entre le 17 décembre 2024 et le 25 janvier 2025. Ce prix représente une hausse de 27 % par rapport au début de l'année et est le plus élevé depuis février 2023. Il dépasse également de 16,04 % l'estimation de 2 645,5 $ la tonne prévue dans l'étude de faisabilité de la mine de Kipushi, publiée en 2022.
Kipushi est actuellement la plus importante mine industrielle de zinc en RDC, avec des prévisions de production pour 2024 variant entre 50 000 et 70 000 tonnes, contre des exportations totales de 13 403 tonnes en 2023. Kipushi Corporation, qui détient les droits sur cette mine, est une coentreprise détenue à 62 % par Ivanhoe Mines, une société enregistrée au Canada, et à 38 % par l'entreprise publique congolaise Gécamines.
À première vue, le cours actuel du zinc laisse penser que l'État congolais, qui perçoit des revenus par le biais d'une redevance de 3,5 % sur 65 % des ventes de zinc de cette mine, de divers droits fixes, de l'impôt sur les bénéfices, ainsi que des dividendes versés à la Gécamines, pourrait bénéficier de recettes supplémentaires. Cependant, ces retombées dépendent des contrats d’achat, qui fixent le prix du minerai servant de base au calcul des recettes pour l’État. Car les producteurs de minerais, comme Kipushi Corporation, ne vendent pas directement leur production à la bourse notamment à London Metal Exchange.
Non publication des contrats d’achat
Le 2 juillet 2024, un contrat d’achat de la production de zinc de Kipushi a été signé avec Trafigura, un négociant en matières premières basé à Singapour, et Citic Metals Group, principal actionnaire d’Ivanhoe Mines avec une participation de 22,4 %. Cependant, les clauses de l’accord n’ont pas été divulguées, ce qui laisse dans l’ombre le prix auquel le zinc est vendu à ces deux sociétés. On sait néanmoins qu'au moment de l'annonce de la signature de ce contrat, le zinc se négociait à 2 896,5 $ la tonne à la London Metal Exchange.
Conscient de cet enjeu, l’État souhaite désormais s’impliquer davantage dans la sélection des acheteurs des minerais produits sur la mine de Kamoa-Kakula, qui est actuellement la deuxième plus grande mine de cuivre au monde avec une capacité de production de 600 000 tonnes par an. Concernant la mine de Kipushi, un accord signé en janvier 2024 permet à la RDC de progresser vers cet objectif à moyen terme. Cet accord prévoit une augmentation progressive de la participation et des droits de vote de la Gécamines.
Ainsi, la part de l'entreprise minière congolaise passera de 38 % à 43 % à partir du 25 janvier 2027, pour atteindre 80 % une fois que 2 millions de tonnes de minerais auront été extraites et traitées, tandis qu'Ivanhoe, actuellement actionnaire majoritaire, détiendra 20 %. Il est cependant important de noter que, selon l'étude de faisabilité qui prévoit un rendement uniquement pour le zinc de 41 % pour l’entreprise basée au Canada sur la durée de vie du projet (14 ans), Ivanhoe Mines devrait avoir amorti son investissement au bout de trois ans.
Les perspectives du marché restent toutefois incertaines : certains analystes anticipent que l'offre de zinc demeurera inférieure à la demande, ce qui devrait maintenir les prix à un niveau élevé. Cependant, sur la plateforme du London Metal Exchange, les achats prévus entre janvier 2025 et avril 2025 montrent une tendance baissière. Néanmoins, la mine de Kipushi bénéficie également de la production de germanium, dont le prix a doublé en 2024, offrant ainsi une source de revenus supplémentaire pour la RDC.
Georges Auréole Bamba
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En République démocratique du Congo (RDC), la Gécamines a transmis une offre de rachat des actifs de la société Chemaf Resources. Cette dernière pilote en RDC le projet Mutoshi et y développe depuis 2018 un complexe capable de livrer annuellement 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre. Face à des difficultés financières pour achever le projet, Chemaf a annoncé en juin 2024 un accord pour céder l’entreprise et toutes ses filiales, y compris Mutoshi, au groupe chinois Norin Mining. Opposée à la vente, la Gécamines a tôt fait d’indiquer début juillet son opposition à la transaction, soutenue ensuite par le gouvernement.
Redevenir un grand acteur du cuivre et du cobalt
Il faut dire que le permis d’exploitation minière du projet Mutoshi appartient en réalité à la compagnie congolaise, qui en a cédé le contrôle à Chemaf en 2015, pour un bail d’une durée de 25 ans. La Gécamines dispose à cet effet d’un « droit discrétionnaire d’approbation préalable » dont n’aurait pas tenu compte Chemaf avant de conclure la vente du projet. Après avoir obtenu l’annulation du deal avec Norin Mining, la Gécamines cherche donc désormais à reprendre la main sur le projet et sur les dizaines de licences de cuivre et de cobalt en attente d’être mises en valeur dans le portefeuille de Chemaf.
Pour le moment, les détails de l’offre transmise à Chemaf sont inconnus et la réussite du projet reste incertaine. Il faut néanmoins indiquer qu’elle intervient dans un contexte où la RDC affiche de plus en plus sa volonté de diversifier ses partenariats dans les minéraux stratégiques, dominés pour le moment par des entreprises chinoises ou à capitaux chinois. A titre illustratif, on peut citer le chinois CMOC, qui exploite en RDC deux mines qui lui ont permis de s’imposer en 2023 comme le premier producteur mondial de cobalt. De même, bien qu’Ivanhoe Mines, copropriétaire de la plus grande mine congolaise de cuivre, soit basé au Canada, elle est contrôlée à plus de 34 % par la China CITIC Bank et la compagnie chinoise Zijin Mining Group. Cette dernière, faut-il le souligner, est également copropriétaire de Kamoa-Kakula, avec 39,6 % de parts, tout comme Ivanhoe, contre une participation de 20 % pour la RDC.
Dans une interview en octobre 2024, le ministre congolais des Mines Kizito Pakabomba a indiqué que la RDC courtise actuellement de nouveaux investisseurs, y compris les Émirats arabes unis. Le pays veut « attirer de meilleurs investisseurs, plus d’investisseurs et des investisseurs diversifiés », a-t-il notamment déclaré, cité par Bloomberg. La plupart des mines de cuivre et de cobalt du pays sont en effet contrôlées par des sociétés chinoises ou liées à des intérêts chinois.
Un rôle actif dans la production et le négoce des métaux
La Gécamines a commencé par renégocier certains accords qui la lient aux entreprises chinoises. Après avoir bloqué pendant près d’un an les exportations de CMOC, la compagnie congolaise a obtenu en 2023 le droit d’acquérir un volume de production proportionnel à sa participation de 20 % dans la mine Tenke-Fungurume. L’entreprise publique a obtenu, en début d’année 2024, les mêmes droits sur la production de Sicomines, une coentreprise formée avec un consortium d’entreprises chinoises où elle détient 32 % de parts. La Gécamines négocie une clause similaire avec d’autres coentreprises où elle possède des parts. Parmi les principaux producteurs mondiaux de cuivre et de cobalt dans les années 80, l’objectif pour l’entreprise publique est de devenir un négociant clé de la production congolaise de cuivre et cobalt.
En septembre 2024, Bloomberg a ainsi rapporté la première commercialisation de cuivre par la Gécamines, grâce à l’accord signé avec CMOC. La compagnie congolaise a signé des accords de vente avec les négociants Glencore, Mercuria Energy Group et Trafigura Group, mais les quantités vendues restent inconnues. Tenke Fungurume dispose d’une capacité de production annuelle de 450 000 tonnes de cuivre et 37 000 tonnes de cobalt. Si l’installation tourne à plein régime cette année, la Gécamines devrait donc être en mesure de commercialiser directement 90 000 tonnes de cuivre et 7400 tonnes de cobalt.
Umicore and STL (Societé pour le Traitement du Terril de Lubumbashi) , subsidiary of Gécamines, have signed an exclusive, long-term partnership agreement whereby Umicore will support STL to valorize germanium from the Big Hill tailings site in Lubumbashi: https://t.co/RFWqpPd8NZ pic.twitter.com/avWPJtEtaa
— Umicore (@UmicoreGroup) May 8, 2024
Au-delà du cuivre et du cobalt, la Gécamines s’active aussi pour renforcer ses positions dans d’autres métaux. C’est le cas du germanium, avec la construction et la mise en service en 2023 d’une usine hydrométallurgique avec sa filiale STL. Grâce au traitement de résidus miniers issus du site dénommé « Big Hill » à Lubumbashi, la Gécamines entend assurer 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium, un métal essentiel notamment pour les semi-conducteurs et dont l’offre mondiale est dominée par la Chine.
Sur ce projet, la Gécamines s’est associée au Belge Umicore. Selon un accord annoncé en mai 2024 par les deux sociétés, Umicore sera un partenaire technique qui apportera son expertise pour raffiner localement les concentrés de germanium. Mi-octobre 2024, la Gécamines a annoncé la première expédition de germanium à destination de son partenaire belge.
« Ce premier chargement de germanium confirme l’ambition qui est la nôtre depuis plusieurs années de vouloir faire du Congo ce hub mondial des métaux stratégiques, tant pour leur extraction, ce que nous sommes déjà en partie, que pour leur transformation locale dans le futur », a déclaré le président de la Gécamines, Guy Robert Lukama.
#News - Ivanhoe Mines and Gécamines sign a new joint venture agreement to restart the ultra-high-grade Kipushi Mine, a century since first opening.
— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) January 16, 2024
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La Gécamines veut aussi devenir un acteur clé dans la production mondiale de zinc. En partenariat avec Ivanhoe Mines, elle a redémarré cette année la mine Kipushi, en sommeil depuis 1993, afin d’en faire l’une des dix plus grandes mines de zinc au monde. À son pic, Kipushi devrait livrer annuellement 278 000 tonnes de zinc, pour une production moyenne de 240 000 tonnes par an sur 14 ans.
Selon un accord signé en janvier dernier, la participation de la Gécamines dans le projet passera de 38 % actuellement à 43 % à partir du 25 janvier 2027. Elle atteindra ensuite 80 %, une fois que 2 millions de tonnes de minerais auront au moins été extraites et traitées, contre 20 % pour Ivanhoe, actuel actionnaire majoritaire.
Éviter les erreurs du passé
Menées à bien, les mesures prises ces dernières années par la RDC en matière de contrôle de ses richesses minières peuvent accroitre les retombées économiques tirées de l’exploitation minière. Outre les succès mentionnés plus haut, Kinshasa a obtenu, de la révision du contrat « mines contre infrastructures » (Socomines) avec la Chine, un investissement dans les infrastructures pouvant dépasser les 7 milliards de dollars et des royalties 1,2 % du chiffre d’affaires annuel de la Socomines. Dans le cadre de l’accord avec CMOC évoqué plus haut, la Gécamines a obtenu de son côté le paiement de 800 millions de dollars échelonné sur la période 2023-2028, en plus d’un minimum de 1,2 milliard de dollars de dividendes pour la durée de vie de Tenke Fungurume.
— SICOMINES S.A. (@SICOMINES) January 27, 2024
Les efforts congolais interviennent à un moment stratégique, car le pays attire plus que jamais l’attention des investisseurs et des États pour son potentiel en cuivre, cobalt, lithium, autant de métaux essentiels à la transition énergétique. Pour autant, le gouvernement et la Gécamines doivent éviter les écueils du passé. Ces erreurs qui comprennent des problèmes de gestion, des accords jugés défavorables à la RDC, la corruption ou encore des différends judiciaires avec les investisseurs étrangers ont contribué à réduire l’influence de la Gécamines au fil des années.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Lors du forum minier China Mining, tenu le 16 octobre 2024, l'ambassadeur de la République Démocratique du Congo (RDC) en Chine, François Balumuene, a invité les investisseurs à s'impliquer dans la production et la transformation locale des ressources, au-delà de la simple extraction.
« Nous avons mis en valeur tout le potentiel minier de notre pays afin d'inciter les investisseurs à venir non seulement pour extraire, mais surtout pour produire, transformer, et aller le plus loin possible vers le produit fini. Ce message vise à éveiller les consciences, car nous ne sommes plus une simple communauté d'extraction », a déclaré François Balumuene lors de son intervention, soulignant l'importance de créer plus de valeur ajoutée pour le peuple congolais.
La position exprimée par l'ambassadeur en Chine trouve un écho dans les récents propos du ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, lors de la dixième édition du Rebranding Africa Forum à Bruxelles, le 17 octobre 2024. Le ministre a souligné les conclusions d'un rapport publié en 2021 par BloombergNEF, commandé par plusieurs institutions de financement du développement en Afrique. Ce rapport indiquait clairement qu'il était plus compétitif d'investir dans la transformation des ressources minières de transition, telles que le cobalt et le cuivre, en RDC.
Selon le rapport, « la construction d'une usine de précurseurs de cathodes de 10 000 tonnes en RDC nécessiterait un investissement de 39 millions de dollars. Ce coût est trois fois moins élevé que celui d'une usine similaire aux États-Unis. La même usine en Chine et en Pologne coûterait respectivement 112 millions et 65 millions de dollars. »
L'ambition d'attirer des investisseurs pour la transformation locale des ressources s'étend également à la production de batteries au lithium. Lors de sa récente visite en Hongrie, le président Félix Tshisekedi était accompagné du directeur général de Congo Battery, soulignant ainsi l'intérêt de son gouvernement pour le développement de cette filière. La Hongrie, l'un des plus grands producteurs de batteries en Europe, pourrait jouer un rôle clé dans l'implantation de cette industrie en RDC.
Les discours officiels s'alignent sur l'objectif du gouvernement congolais de tirer parti de sa position de leader mondial dans la production de minerais stratégiques, essentiels à la transition énergétique. L'ambition est de bâtir une industrie locale robuste, capable de rivaliser avec les grandes nations de transformation comme la Chine.
Le message de François Balumuene est donc sans équivoque : la RDC aspire à transformer ses richesses minérales sur son propre sol, avec pour objectif ultime de faire bénéficier directement le peuple congolais des retombées économiques. Les investisseurs chinois, partenaires de longue date dans l'exploitation minière en RDC, ainsi que tous les autres investisseurs potentiels, sont invités à participer à cette nouvelle dynamique de transformation locale.
Georges Auréole Bamba
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La Gécamines, société minière publique de la République Démocratique du Congo (RDC), prévoit d’exporter cette semaine un chargement de concentré de germanium provenant de sa nouvelle usine hydrométallurgique, mise en service en octobre 2023 par sa filiale STL. Selon la compagnie congolaise, cette production sera expédiée à Umicore en Belgique pour un traitement ultérieur et une commercialisation. En mai 2024, la société belge Umicore a signé un accord avec la Gécamines pour traiter le germanium issu du site de résidus miniers dénommé « Big Hill » à Lubumbashi.
« Ce premier chargement de germanium confirme notre ambition, qui est de faire du Congo un hub mondial des métaux stratégiques, tant pour leur extraction ce que nous sommes déjà en partie que pour leur transformation locale dans le futur », a commenté Guy Robert Lukama, président de Gécamines.
La RDC est en effet le premier producteur mondial de cobalt et le deuxième producteur mondial de cuivre. Le pays vise à fournir jusqu’à 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium grâce aux installations de STL. Actuellement, l’offre mondiale de ce métal, utilisé dans les semi-conducteurs, la fibre optique et les cellules solaires, est dominée par la Chine.
La valorisation du potentiel en germanium de la RDC devrait contribuer à accroître les recettes minières du pays, qui sont attendues à 14,82 billions de francs congolais (5 milliards de dollars) en 2025. Le secteur minier devrait ainsi représenter environ 30 % des revenus publics congolais l’année prochaine.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Ivanhoe Mines a abaissé ses objectifs de production pour l’année 2024 à la mine de Kipushi, en République démocratique du Congo (RDC), où l’entreprise minière détient 62 % des parts, contre 38 % pour l’État, représenté par la Gécamines. Selon un communiqué publié le 7 octobre 2024, les prévisions de production de cette mine passent d’une fourchette initiale de 100 à 140 mille tonnes à une nouvelle estimation comprise entre 50 et 70 mille tonnes de concentrés de zinc, soit une réduction de 50 %.
« Le passage à un taux de production annuelle stable du concentrateur de Kipushi, dépassant les 250 000 tonnes de concentrés de zinc, a été plus lent que prévu, en raison de trois principaux facteurs : tout d’abord, le minerai extrait du sommet du gisement et stocké présente une teneur en fer élevée, ce qui a eu un impact négatif sur les récupérations du concentrateur avant les ajustements de réactifs. Ensuite, l’alimentation du circuit de séparation par densité (DMS) contient une proportion de matériaux fins plus élevée que prévu, limitant ainsi le débit. Enfin, l’augmentation des besoins en énergie, passant de 5 MW utilisés pendant la construction à 18 MW pour les opérations, a révélé des goulets d’étranglement dans l’infrastructure locale du réseau électrique », a expliqué l’entreprise basée au Canada.
Ivanhoe affirme qu’un programme est en cours pour résoudre ces problèmes, sans toutefois fournir de taux de réalisation ni de délais de mise en œuvre.
Malgré ces difficultés, Kipushi a produit 17 817 tonnes de zinc au troisième trimestre 2024, et les premières exportations ont commencé vers la fin du trimestre, informe l’entreprise. Cependant, le chemin reste encore long pour atteindre la production moyenne annuelle de plus de 250 000 tonnes de concentrés de zinc attendue de cette mine.
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Ivanhoe Mines a revu à la baisse ses objectifs de production pour l’année 2024 à la mine de Kamoa-Kakula, en République démocratique du Congo (RDC), dont l’entreprise minière basée au Canada est un des principaux actionnaires. Selon le communiqué publié le 7 octobre 2024, les prévisions de production de cuivre pour l’année en cours passent d’une fourchette initiale de 440 à 490 mille tonnes à une nouvelle estimation comprise entre 425 et 450 mille tonnes de concentrés de cuivre.
Début septembre, l’entreprise se montrait pourtant optimiste. « Grâce aux améliorations continues du débit de traitement et à l’optimisation de la récupération du cuivre, consécutive à la mise en service des broyeurs fins du concentrateur de phase 3, Kamoa-Kakula prévoit de maintenir sa série de records de production et d’atteindre ses objectifs pour 2024, estimés entre 440 000 et 490 000 tonnes de cuivre », déclarait-elle à l’époque.
Grâce à la mise en service de la troisième usine de traitement en août dernier, la mine a atteint une production record de 116 313 tonnes de concentré de cuivre au troisième trimestre 2024. Ce résultat porte la production totale depuis le début de l’année à 303 328 tonnes, selon les données fournies par Ivanhoe.
Selon l’entreprise, les prévisions de production révisées de Kamoa-Kakula pour 2024 tiennent compte de la mise en service du concentrateur de phase 3, désormais proche de l’équilibre à la fin du troisième trimestre. Mais, elles « reflètent les pertes de production dues à l’intermittence de l’approvisionnement en électricité par le réseau, notamment avant l’installation de capacités de production supplémentaires sur site et les accords en cours pour l’importation d’électricité ». En outre, elles intègrent des « risques connus et inconnus, des incertitudes et d’autres facteurs qui peuvent entraîner une différence significative avec les résultats réels ». Du fait des problèmes d’électricité, la production a en effet baissé au premier semestre de 5 % (en glissement annuel) pour se situer à 187 015 tonnes.
En 2023, Kamoa-Kakula a produit un total de 393 551 tonnes de concentré de cuivre, soit une hausse de 18 % par rapport à l’année précédente. Cette dynamique positive devrait se poursuivre, bien que les prévisions de production pour 2024 aient été revues à la baisse. Ces prévisions restent supérieures à la production de 2023. Cette même année, les ventes ont dépassé les 2,7 milliards de dollars. On peut s’attendre à un chiffre d’affaires encore plus élevé en 2024, notamment en raison de la tendance haussière des prix du cuivre. Au premier semestre 2024, le prix moyen du cuivre a atteint 9 215,84 dollars la tonne, contre 8 726,9 dollars à la même période en 2023.
La mine de Kamoa-Kakula est détenue par Ivanhoe Mines (39,6 %), le groupe chinois Zijin Mining (39,6 %), Crystal River Global Limited des Îles Vierges britanniques (0,8 %) et l’État congolais via la Gécamines (20 %). Lors de la session ordinaire du 4 octobre 2024, le Conseil des ministres a « pris acte » de la volonté exprimée par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, d’impliquer davantage l’État congolais dans le processus de sélection des acheteurs du cuivre produit par cette mine, qui est non seulement la plus importante de RDC mais aussi la troisième plus grande mine de cuivre au monde.
Pierre Mukoko
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