Le groupe minier chinois CMOC a annoncé en fin de semaine dernière une hausse en glissement annuel de 670% à 762 millions $ de son bénéfice net attribuable au premier semestre 2024. Selon les détails énoncés dans son bilan, cette performance a été portée entre autres par la croissance de sa production (qui a dépassé les objectifs) et « des progrès majeurs réalisés sur ses opérations en RDC ».
Si les détails fournis ne permettent pas de mesurer le poids réel des opérations congolaises (TFM et KFM) dans les performances de CMOC, ils permettent de s’en faire une idée. La production de cuivre de CMOC a augmenté de 100,74% au premier semestre, totalisant 313 788 tonnes, alors que celle de cobalt a augmenté de 178,22% à 54 024 tonnes sur la même période.
En effet, ces hausses interviennent alors que la société chinoise signale que l’usine de traitement de TFM Est a atteint ses objectifs de production au cours de la période, « avec cinq lignes de production désormais opérationnelles ». Grâce à ce progrès, le projet dispose maintenant d’une capacité de production annuelle de 450 000 tonnes de cuivre et 37 000 tonnes de cobalt, ce qui en fait la 5e plus grande mine de cuivre et la 2e plus grande mine de cobalt au monde. Quant au second projet, il a maintenu une « production élevée » avec une « capacité annuelle dépassant 150 000 tonnes de cuivre et 50 000 tonnes de cobalt, consolidant ainsi sa position de plus grande mine de cobalt au monde ».
L’analyse de ces données montre que CMOC a donc une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes de cuivre et 87 000 tonnes de cobalt. Si la compagnie chinoise produit également du molybdène, du tungstène, du niobium, des engrais phosphatés, la hausse de ses performances au premier semestre est à mettre principalement à l’actif du cobalt et du cuivre. CMOC cite par exemple comme autres facteurs expliquant ses bonnes performances « la hausse des prix des métaux sur les marchés mondiaux, notamment du cuivre et du cobalt ».
Pour la RDC, l’amélioration des capacités de production de CMOC présente un certain nombre d’enjeux. Leader mondial de la production de cobalt et 2e producteur mondial de cuivre, le pays d’Afrique central devrait pouvoir compter sur les mines TFM et KFM pour consolider ses statuts dans ces deux secteurs. L’objectif final reste pour la RDC de tirer davantage de revenus (impôts, taxes, redevances, etc.) de l’exploitation de ses ressources minières.
Selon les données du FMI, ces revenus sont passés d’une moyenne de 4 milliards $ sur la période 2013-2017 à une moyenne de 5,5 milliards $ sur la période 2018-2022, « grâce à l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement ».
Louis-Nino Kansoun
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Le marché mondial du cobalt, un métal stratégique pour les batteries des véhicules électriques, est confronté depuis quelques années à une surabondance persistante de l’offre. Selon une note publiée le 22 août 2024 par Reuters, qui cite les analystes de Macquarie Bank, cette situation devrait se prolonger jusqu’en 2027.
L’excédent sur le marché du cobalt découle notamment de l’augmentation rapide de la production en RDC, premier producteur mondial. En effet, depuis quelques années, la RDC a intensifié sa production de cobalt. Selon les données du ministère congolais des Mines, la RDC a produit en 2023 un total de 139 840 tonnes de cobalt, contre 77 963 tonnes en 2019. Selon nos calculs, il s’agit d’une hausse de 79,36 %.
Évolution de la production de cobalt en RDC en tonne
Source : ministère des Mines
Si l’on en croit les données d’Agence Ecofin, la hausse de la production congolaise de cobalt a été principalement portée par deux grandes compagnies, en l’occurrence le chinois CMOC et le Suisse Glencore. CMOC, active sur deux mines en RDC, a surpassé Glencore en 2023 pour devenir le leader mondial de la production avec 55 526 tonnes.
Cette augmentation de l’offre congolaise, si elle a permis de conforter la position de leader du pays sur le marché mondial, pose aujourd’hui des questions sur la gestion d’un excédent massif qui fait chuter les prix. Selon la note de Reuters susmentionnée, les prix du cobalt sont passés de 82 000 dollars la tonne en mars 2022 à environ 24 900 dollars actuellement. Cela n’est pas sans rappeler l’histoire récente qui a vu les prix de la tonne de cobalt grimper à plus de 95 000 dollars en 2018, avant de chuter à 26 000 dollars en 2019.
Des enjeux importants pour la RDC
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC tire de ce secteur des revenus importants. Dans un rapport publié récemment par le FMI qui fait état d’une hausse des recettes minières du pays de 2018 à 2022, l’institution a indiqué que cette hausse « pourrait s’expliquer par l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation de la RDC (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement ».
Pour l’État congolais, une baisse persistante des prix du cobalt dû à la surabondance de l’offre pourrait impliquer des revenus miniers qui croissent moins vite que prévu. Pour le Cobalt Institute qui prédisait un marché excédentaire jusqu’en 2025, la demande de cobalt devrait d’ici 2030 rattraper dans une certaine mesure l’offre, passant à 388 000 tonnes (contre 187 000 tonnes en 2022).
En attendant de voir les prochains développements, la situation de surabondance actuelle de l’offre et l’impact sur les prix devrait être l’occasion pour la RDC d’envisager de diversifier ses revenus miniers. La transformation locale du cobalt pourrait offrir une solution pour ajouter de la valeur au métal extrait, réduire la dépendance aux fluctuations des prix mondiaux, et créer des emplois. Le développement d’une industrie de batteries sur le sol congolais pourrait également positionner le pays en tant qu’acteur clé dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des véhicules électriques.
Louis-Nino Kansoun
La RDC et la compagnie Ivanhoe Mines tablent sur 2025 pour la résolution des problèmes persistants liés à l’instabilité de l’approvisionnement électrique dans le sud du pays et qui impactent le complexe minier de Kamoa-Kakula. Ivanhoe a indiqué début juillet qu’elle travaille avec la Société nationale d’électricité (Snel) pour apporter d’ici cette échéance « des solutions aux causes identifiées de l’instabilité ».
Dans le détail, les deux parties collaborent pour augmenter la capacité de transmission et améliorer la fiabilité du réseau. Les travaux, dont le coût n’a pas été communiqué, sont financés, apprend-on, par la filiale locale d’Ivanhoe Mines.
L’instabilité électrique impacte la production de cuivre
L’instabilité du réseau électrique a entrainé des interruptions fréquentes de l’approvisionnement en électricité, ce qui a compliqué l’extraction dans les zones à haute teneur de la mine Kakula. Ces zones sont particulièrement sensibles aux interruptions électriques, car la disponibilité des pompes à eau souterraine, cruciales pour l’exploitation, est réduite en cas de coupure de courant.
Selon les données d’Ivanhoe, ces difficultés ont entrainé une baisse de la production au premier trimestre de 8% à 86 203 tonnes. Au deuxième trimestre, le complexe Kamoa-Kakula a livré 100 812 tonnes, portant le total du premier semestre 2024 à 186 925 tonnes (en baisse de 5% en glissement annuel).
Pourtant, la compagnie a maintenu ses prévisions de production pour l’exercice 2024 (entre 440 000 et 490 000 tonnes contre 393 551 tonnes en 2023). Cela peut s’expliquer par la mise en service en juin d’un nouveau concentrateur censé augmenter la capacité de traitement du projet, mais aussi par les solutions à court terme trouvées en attendant la mise en œuvre complète des plans convenus avec la Snel. Depuis mi-mars, Ivanhoe importe une partie de son électricité de la Zambie et du Mozambique, tout en poursuivant l’extension de sa capacité de génération d’électricité de secours sur le site.
La problématique du déficit énergétique et son impact sur le secteur minier
La situation actuelle sur la plus grande mine congolaise de cuivre remet sur le devant de la scène la problématique du déficit énergétique de la RDC et son impact sur le secteur minier.
Un rapport de l’Observatoire d’études et d’appui à la responsabilité sociale et environnementale (Oearse), publié en 2021, indiquait que dans le secteur minier congolais, « la différence entre l’offre et la demande d’électricité est très significative et affecte la performance et le rendement du secteur ».
Le même document indique que « ce déficit qualitatif et quantitatif de l’énergie électrique handicape les entreprises et accroît leurs coûts de 10 à 15% », et met en évidence des pertes potentielles en matière de recettes fiscales et d’exportations pour la RDC, ainsi qu’un manque à gagner en ce qui concerne les revenus et les redevances pour les populations, en raison de la non-valorisation et la sous-transformation (conséquentes) des ressources minérales.
« Dans le code minier révisé, nous avons mis cette obligation de transformer localement les minerais, le problème dont [sic] fait face la RDC est lié à l’énergie. Rien que dans le Katanga aujourd’hui, il y a un déficit de 1 200 MW. Seul l’État peut répondre à ce déficit […] », déclarait Albert Yuma, alors président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), cité par l’Oearse.
Plusieurs pistes de solutions s’offrent à la RDC pour apporter des réponses aux problèmes énergétiques. Au-delà des espoirs que suscite le projet hydroélectrique Grand Inga, le pays peut également explorer la piste de la coopération régionale. Par exemple, début juillet, les sociétés Trafigura et ProMarks ont conclu un protocole d’accord pour étudier la viabilité technique et économique de la construction d’un interconnecteur électrique haute tension de 2 000 MW. Ce projet vise à exporter l’excédent d’électricité produite par les barrages hydroélectriques du nord de l’Angola vers la Copperbelt en RDC et en Zambie.
Louis-Nino Kansoun
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Après quatre ans d’enquête, la justice suisse a mis fin à la procédure ouverte contre Glencore pour des faits de corruption. Le parquet fédéral a obtenu un accord avec le négociant de matières premières qui doit verser une amende de 2 millions de francs suisses (2,34 millions $) et s’acquitter de dommages et intérêts à hauteur de 150 millions de dollars.
Selon un communiqué du ministère public de la Confédération suisse (MPC) diffusé lundi 5 août, Glencore est condamné pour ne pas avoir pris « toutes les mesures d’organisation raisonnables et nécessaires pour empêcher la corruption d’agents publics étrangers ». La corruption présumée aurait eu lieu en RDC, lors de l’acquisition en 2011 de participations minoritaires dans deux sociétés minières par un partenaire commercial de Glencore.
« Le MPC a déclaré dans l’ordonnance de sanction sommaire qu’il n’avait pas identifié d’employés de Glencore ayant eu connaissance des actes de corruption commis par le partenaire commercial […]. Glencore n’admet pas les conclusions du MPC, mais dans l’intérêt de la résolution de cette affaire, a accepté de ne pas faire appel de l’ordonnance », indique la compagnie dans un communiqué distinct.
Pour rappel, cet accord avec la justice suisse intervient après d’autres procédures similaires au Royaume-Uni et aux États-Unis en 2022, pour des faits de corruption dans l’octroi de contrats pétroliers au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Cameroun notamment. En RDC, Glencore exploite actuellement du cuivre et du cobalt sur deux mines.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
En RDC, la compagnie minière Alphamin Resources, qui exploite la plus grande mine industrielle d’étain du pays, prévoit de livrer entre 17 000 et 18 000 tonnes en 2024, en hausse par rapport aux 12 568 tonnes de 2023. L’atteinte de cet objectif impliquerait un nouveau record annuel pour les exportations congolaises d’étain qui ont totalisé 33 558,68 tonnes en 2023.
Dans une mise à jour publiée le 10 juillet par Alphamin, la société indique qu’elle a produit 4 027 tonnes d’étain au deuxième trimestre, 28% de plus que le volume du premier trimestre. Si Alphamin fait un meilleur deuxième semestre que le premier, la compagnie permettrait aux exportations congolaises de continuer sur cette trajectoire ascendante.
Selon les données publiées plus tôt, cette année, par le ministère des Mines, le volume d’étain exporté par la RDC en 2023 (en hausse de près de 300% par rapport à 2013) était déjà le plus haut niveau atteint sur les 10 dernières années. Depuis 2013 où les exportations ont totalisé 8 406,81 tonnes, elles n’ont plus jamais baissé d’une année à l’autre (voir graphique).
Évolution des exportations congolaises d’étain depuis 2013
Source : ministère des Mines
En dehors de la production industrielle, l’étain est également exploité de façon artisanale en RDC. Les mines artisanales se répartissent dans différentes provinces, en l’occurrence le Haut-Lomami, Maniema ou encore le Tanganyika.
La nouvelle hausse en vue de la production congolaise d’étain coïncide avec un relatif regain de santé pour le prix de la matière première, ce qui pourrait permettre au pays d’accroître les recettes. Alphamin dans son rapport indique par exemple que le prix moyen de vente réalisé pour ses produits au deuxième trimestre 2024 était en hausse de 20% par rapport à celui du premier trimestre (32 314 $/t contre 26 863 $/t). Pour rappel, à plus long terme, les analystes prédisent que l’étain devrait bénéficier de la transition énergétique, en raison de son utilisation accrue dans les cellules photoélectriques solaires, les véhicules électriques et l’électronique.
Nino Kansoum
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En 2023, la RDC a dépassé le Pérou en matière de production de cuivre, livrant 2,8 millions de tonnes du métal rouge contre 2,4 millions de tonnes pour son rival sud-américain. Si le Pérou devait reprendre sa place de deuxième producteur mondial en 2024 avec 3 millions de tonnes attendues, le cabinet Wood Mackenzie prédit que la dynamique devrait définitivement changer à partir de 2026-2027.
Croissance régulière de la production congolaise
La production congolaise de cuivre augmente de façon constante depuis plusieurs années. Leader du secteur en Afrique, devant la Zambie, le pays a produit 2,36 millions de tonnes en 2022 selon les données officielles, ce qui représentait déjà une hausse en glissement annuel de 31%.
La courbe d’évolution des volumes de cuivre produits par les mines congolaises montre que la dynamique de croissance a été régulière sur les dix dernières années. Alors qu’il produisait à peine 1 million de tonnes en 2014, le pays a réussi à passer la barre de 1,8 million de tonnes en 2021, puis celle de 2 millions de tonnes en 2022. Cette performance peut être attribuée à la mise en service de nouvelles mines, y compris celles de Deziwa en janvier 2020 et de Kamoa-Kakula en mai 2021. Kamoa-Kakula, montée en régime depuis, a la capacité de devenir la deuxième plus grande mine de cuivre au monde.
Production des 10 dernières années
Année |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
Million (tonnes) |
1,03 |
1,03 |
1,02 |
1,09 |
1,2 |
1,4 |
1,6 |
1,8 |
2,4 |
2,8 |
Année |
Million (tonnes) |
2014 |
1,03 |
2015 |
1,03 |
2016 |
1,02 |
2017 |
1,09 |
2018 |
1,2 |
2019 |
1,4 |
2020 |
1,6 |
2021 |
1,8 |
2022 |
2,4 |
2023 |
2,8 |
Graphique : évolution de la production de cuivre de la RDC
Cette croissance régulière de la production congolaise sur la dernière décennie et le potentiel minéral inexploité du pays explique sans doute la prévision de Wood Mackenzie susmentionnée. Soulignons à ce propos qu’un autre récent rapport de S&P Global Market Intelligence indique que la RDC concentre 65% des nouvelles annonces des réserves de cuivre identifiées dans le monde en 2023.
« Dans les années à venir, le Congo [RDC, NDLR] va dépasser le Pérou […]. Le Congo possède aujourd’hui des mines à haute teneur en minerai, plus importantes que celles du Chili et du Pérou », déclarait en mai dernier Wood Mackenzie.
Deuxième producteur mondial de cuivre au bon moment
Alors que le Pérou prévoit de produire 3 millions de tonnes en 2024, il faudra pour la RDC dépasser ce cap dans les années à venir pour devenir durablement le nouveau dauphin du Chili (leader mondial avec plus de 5 millions de tonnes). Si elle y arrive, elle pourrait profiter des perspectives reluisantes annoncées actuellement sur le marché du métal rouge.
Plusieurs sources médiatiques concordantes ont rapporté, lundi 8 juillet, que le contrat de cuivre pour août le plus échangé sur le Shanghai Futures Exchange a augmenté de 0,5% à 80 530 yuans (11 080 dollars). Sur une tendance haussière depuis le mois de mars où il a franchi la barre de 9 000 dollars la tonne, le prix du cuivre a continué de grimper pour établir un nouveau record à plus de 11 000 dollars. Plusieurs analystes dont Citibank ou Macquarie voient le métal rouge à 15 000 dollars la tonne d’ici 2025, alors que les spécialistes sont unanimes sur un potentiel de croissance à long terme encore plus grand pour le prix du cuivre, en raison de son importance pour la transition énergétique.
Transformation locale et valeur ajoutée
Longtemps cantonnée au rôle d’exportateur de matières premières, la RDC cherche désormais à transformer localement son cuivre pour produire des matériaux directement utilisables par l’industrie des batteries pour véhicules électriques. Kinshasa étudie actuellement la faisabilité d’un projet de partenariat avec la Zambie pour atteindre cet objectif. Cette initiative pourrait représenter un changement de paradigme pour l’économie congolaise, ajoutant une valeur significative aux exportations de cuivre et stimulant le développement industriel local.
Pour rappel, le cuivre représente environ 70% des recettes d’exportations de la RDC.
Louis-Nino Kansoun
En RDC, le gouverneur de la province du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi (photo), a ordonné la suspension de toutes les activités minières sur le territoire de sa province. Dans une décision rendue publique le vendredi 19 juillet, l’autorité administrative donne jusqu’à 72 heures aux différentes sociétés, coopératives et artisans miniers pour quitter les sites miniers.
Mais cette suspension, dont la durée n’est pas encore connue, n’aura qu’un impact limité sur la production congolaise de cuivre. Cette dernière se concentre en effet dans d’autres provinces, en l’occurrence le Lualaba et le Haut-Katanga qui abritent les plus grandes mines de cuivre et de cobalt. Le Sud-Kivu est aussi une province riche en minerais, mais surtout en or, coltan ou étain. L’exploitation minière y est surtout artisanale, avec des sociétés à capitaux chinois opérant parfois à la limite de la légalité.
Nommé en juin à la tête de la province, le gouverneur Jean-Jacques Purusi veut remettre de l’ordre dans le secteur et assurer la traçabilité de la production minière. Une réunion avec les différents acteurs du secteur a ainsi été convoquée pour le 30 juillet en vue de faire l’état des lieux de l’exploitation minière et évaluer les modalités de régularisation des activités minières.
Pour rappel, la RDC tire jusqu’à 70 % de ses revenus d’exportations de l’exploitation du cuivre. L’exploitation de l’or est également une source de revenus non négligeable. L’accord signé entre l’État et la société émiratie Primera Group a permis un bond de 12 000% des exportations d’or artisanal en 2023. Primera a opéré dans le Sud-Kivu, une province dont le potentiel reste sous-exploité à cause de l’exploitation illégale des ressources.
Emiliano Tossou
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Avec une production maximale de 490 000 tonnes de concentré attendue en 2024, Kamoa-Kakula est la plus grande mine de cuivre de RDC et d’Afrique. Pour porter la production annuelle à plus de 600 000 tonnes dès 2025, ses propriétaires ont mis en service une nouvelle unité.
En RDC, Ivanhoe Mines a annoncé le 11 juin la production du premier concentré de cuivre à partir du nouveau concentrateur mis en service le mois dernier à son complexe cuprifère Kamoa-Kakula. Ce troisième concentrateur actif sur le projet devrait entrer en production commerciale au troisième trimestre 2024, précise la compagnie minière canadienne.
Avec cette nouvelle unité de traitement, Kamoa-Kakula devrait se positionner en 2025 comme la troisième plus grande mine de cuivre au monde, derrière les mines Escondida (Chili) et Grasberg (Indonésie). Le complexe dispose en effet désormais d’une capacité de production de plus de 600 000 tonnes de cuivre par an. Il contribuera à maintenir la RDC parmi les leaders du secteur, alors que le pays vient de passer en deux ans du statut de 4ème producteur mondial de cuivre en 2021 à celui de deuxième producteur mondial en 2023.
Il faut souligner que l’objectif final d’Ivanhoe Mines et de ses partenaires de coentreprise est de faire de Kamoa-Kakula la deuxième plus grande mine de cuivre au monde, avec une production totale de plus de 800 000 tonnes. Un quatrième concentrateur avec une capacité de traitement annuelle de 5 millions de tonnes de minerais au moins est donc déjà à l’étude par les ingénieurs de la mine.
Pour rappel, Ivanhoe Mines et le chinois Zijin Mining détiennent respectivement 39,6 % d’intérêts dans Kamoa-Kakula, contre 20 % d’intérêts pour le gouvernement congolais. Une production de 440 à 490 000 tonnes de concentré de cuivre est attendue au complexe en 2024.
Emiliano Tossou
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Les exportations congolaises d’or artisanal ont fait un bond de plus de 12 000 % en 2023, grâce à la première année d’activité de Primera Gold, fruit d’un partenariat avec la société émiratie Primera Group. Cette dernière détient 55 % de Primera Gold, contre 45 % pour l’État congolais.
Le gouvernement congolais est en passe de racheter les intérêts qu’il ne détient pas encore dans la société Primera Gold, une coentreprise avec le groupe Primera basé aux Émirats arabes unis. Cela mettrait fin à un accord de 25 ans signé en 2022 et portant sur l’achat et l’exportation d’or artisanal par cette société proche du pouvoir politique émirati.
Selon les informations relayées par Bloomberg, la fin du partenariat intervient après l’effondrement des exportations d’or de Primera Gold cette année, et pourrait s’expliquer par les récentes difficultés de la société. Outre les prix plus élevés proposés sur le marché noir aux mineurs artisanaux, Primera Gold a fait face à une réglementation bancaire limitant les transactions quotidiennes en espèces. Depuis novembre, les expéditions d’or auraient chuté de 50 %, après que la société a exporté pour 5 tonnes d’or à partir de la RDC l’année dernière.
Ce changement remet en cause l’existence du partenariat entre le gouvernement congolais et le groupe émirati, qui était censé lutter contre la contrebande d’or artisanal grâce à un « quasi-monopole » sur les exportations. Primera Gold dispose en effet d’une taxe préférentielle de 0,25 % sur les exportations d’or artisanal contre 6 % pour ses rivaux. Notons que l’activité de Primera Gold devrait être poursuivie par le gouvernement, mais rien ne garantit que les autorités aient de meilleurs résultats seuls que dans le cadre de la coentreprise.
Il faut souligner que le retrait de Primera Group du secteur de l’or artisanal ne signifie pas son départ de RDC. La société basée à Abu Dhabi devrait se concentrer désormais sur les minerais 3T (étain, tungstène et tantale), l’autre volet du partenariat noué avec le gouvernement congolais. L’achat et la transformation locale de ces produits miniers grâce à la mise en place d’une raffinerie sont notamment prévus.
Pour rappel, la contrebande d’or en RDC est l’un des moyens de financement des groupes non étatiques qui opèrent dans le pays, alimentant des conflits depuis plusieurs décennies. Cette contrebande est facilitée par la corruption des fonctionnaires chargés de réglementer l’exploitation artisanale et l’absence de l’État dans certaines zones d’exploitation.
Emiliano Tossou
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La RDC est le premier producteur mondial de cobalt, mais fournit à peine 1 % du cobalt raffiné utilisé dans le monde. Également deuxième producteur de cuivre, le pays s’efforce d’investir dans la transformation locale en profitant de l’intérêt des grandes puissances pour ses ressources.
En RDC, le gouvernement américain a annoncé cette semaine une subvention de 2 millions de dollars au profit du secteur minier. Par l’intermédiaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Washington soutiendra l’agrandissement d’une usine locale de transformation de cuivre et de cobalt.
En ce jour, les États-Unis🇺🇲, via #USAID et #ProsperAfrica, ont annoncé la 1ère subvention dans le cadre du prog. "Commerce et investissement en Afrique (ATI) : minerais critiques" en RDC🇨🇩, d'1 valeur de $20 millions. 👉https://t.co/ujIh9Rbwt3#UsaidDRC #ESG #ResponsibleSourcing pic.twitter.com/M5IhcfGn9I
— USAID/Democratic Republic of the Congo (@USAIDinDRC) June 12, 2024
La subvention de l’USAID, accordée dans le cadre d’un programme de financement américain de 20 millions de dollars au profit des minéraux critiques africains, permettra à l’usine congolaise ROK Metals d’augmenter sa production mensuelle de cathodes de cuivre et d’hydroxyde de cobalt à 1 150 tonnes et 250 tonnes respectivement, contre 52 tonnes et 28 tonnes actuellement. La production de cette usine située à Likasi dans le Katanga sera exportée vers les États-Unis et d’autres marchés, précise l’institution.
« L’augmentation des investissements diversifiés et responsables, en particulier dans le cobalt, le cuivre et d’autres minerais essentiels à la transition vers l’énergie verte, offre une opportunité significative de catalyser le développement durable en RDC », indique un communiqué de l’institution américaine daté du 11 juin.
Notons que le choix de ROK Metals s’est fait après un processus de sélection mené en collaboration avec le ministère des Mines congolais, dans le cadre du DRC Mining Week qui se tient du 12 au 14 juin 2024. D’autres projets ont été retenus dans le cadre de ce programme destiné à identifier des « concepts innovants du secteur privé susceptibles de générer rapidement de nouvelles exportations et de nouveaux investissements dans des projets de minéraux critiques ».
Bien que le montant de la subvention soit relativement faible, quand on le compare aux sommes investies ces dernières années dans le secteur minier par différents partenaires de la RDC, notamment la Chine, le projet ROK Metals illustre la nouvelle orientation de la stratégie américaine dans les Mines en Afrique. Pour se différencier de son rival chinois, Washington veut mettre la transformation locale au cœur de ses nouveaux partenariats avec les pays africains producteurs de métaux essentiels à la transition énergétique.
En décembre 2022, les États-Unis ont par exemple signé un protocole d’accord avec la RDC et la Zambie. Il prévoit le développement d’une chaine de valeur intégrée transfrontalière pour la production de batteries pour véhicules électriques dans les deux principaux pays africains producteurs de cuivre.
Pour rappel, la chaine de valeur mondiale des batteries et des véhicules électriques devrait atteindre 8800 milliards de dollars en 2025. Mais cantonné au rôle de fournisseur de matières premières, le continent ne devrait capter que 55 milliards de dollars selon la BAD, malgré ses immenses réserves de cobalt, de cuivre et de lithium, tous utilisés dans l’industrie des batteries et véhicules électriques.
Emiliano Tossou
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Chemaf dispose depuis 2015 d’un bail de 25 ans sur un permis de cuivre-cobalt appartenant à la Gécamines. Pour développer ce permis, Chemaf s’est mise en vente en 2023, car la société n’est plus en mesure de financer les travaux. Mais ce processus n’aurait pas reçu l’approbation de la Gécamines.
En RDC, la reprise de Chemaf Resources par un nouvel investisseur ne pourra se faire qu’avec l’accord de la Gécamines. C’est du moins ce qu’a déclaré Guy-Robert Lukama, président de la compagnie minière nationale congolaise, indiquant qu’un permis minier clé serait retiré à Chemaf Resources en cas de non-respect de cette condition.
« S’ils vendent, nous retirerons le contrat de bail », a averti le dirigeant congolais, dans des propos relayés le 14 juin par Bloomberg. De son côté, Chemaf affirme avoir obtenu l’accord du ministre des Mines pour la transaction et se prépare « à demander l’approbation formelle de Gecamines SA [son] partenaire respecté à Mutoshi ».
En 2015, la Gécamines a signé un accord de bail visant à céder pour 25 ans ses droits d’exploitation sur un permis de cuivre-cobalt. C’est sur ce permis que se situe Mutoshi, le projet phare de Chemaf en RDC. La compagnie enregistrée sur l’île de Man y planifie depuis au moins 2018 un complexe capable de livrer annuellement 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre.
Chemaf Resources s’est cependant mise en vente l’année dernière, en raison des difficultés à mobiliser les fonds pour couvrir le développement de ce complexe. La direction de la compagnie a précisé que le repreneur potentiel devrait être capable de mobiliser les 250 à 300 millions de dollars nécessaires pour achever les travaux. Notons que Chemaf a déjà contracté un prêt de 600 millions de dollars auprès du négociant de matières premières Trafigura afin de financer les travaux.
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Ivanhoe Mines Limited à l'origine de cette performance a continué d'explorer cette année 2024. La RDC peut devenir le premier fournisseur d’une ressource dont l'offre est inférieure à la demande, ce qui assure des perspectives de revenus supplémentaires pour le pays.
La République démocratique du Congo (RDC) concentre 65 % des nouvelles annonces des réserves de cuivre identifiées dans le monde en 2023, selon un rapport de S&P Global Market Intelligence récemment obtenu par l'Agence Ecofin. Ce positionnement est le fait d'Ivanhoe Mines Ltd, qui en novembre 2023, a indiqué avoir découvert « des ressources inférées et indiquées de 267 millions de tonnes contenant 4,96 millions de tonnes de cuivre » sur un de ses gisements dans le pays.
L'entreprise a débuté en janvier 2024 de nouvelles opérations de forage, financées par une partie des 575 millions de dollars canadiens (420,8 millions $) mobilisés en 2023 dans le cadre d'un emprunt par placement privé. Ces différentes annonces interviennent dans un contexte où le volume de nouvelles réserves de cuivre identifié en 2023 (7,6 millions de tonnes) est le plus faible depuis 2019, tandis que la demande mondiale continue de progresser.
Selon des données publiées en juin par l'Agence internationale de l'Energie, cette disparité entre l'offre et la demande devrait persister jusqu'en 2050. L'institution anticipe qu'une transition énergétique optimale (net zéro) nécessitera 40,7 millions de tonnes de cuivre en 2040, alors que l'offre disponible ne sera que de 14,8 millions de tonnes pour le cuivre brut et de 30 millions de tonnes pour le cuivre transformé.
Avec un repli de nouvelles identifications de réserves en Amérique Latine, et la demande croissante de cuivre, notamment pour la transition énergétique, la RDC tient une opportunité de devenir le premier fournisseur mondial de cuivre brut devant le Chili qui domine encore sur ce segment. Rappelons que le cuivre, le zinc et le cobalt génèrent 90 % des revenus d'exportation de la RDC.
D'un point de vue macroéconomique, une possible augmentation de la production, doublée d'un niveau élevé des prix soutenus par une demande plus importante que l'offre, devrait garantir une croissance des revenus pour le gouvernement congolais. Cependant, la traduction budgétaire de ce potentiel dépendra de l'évolution des prix et de la capacité du gouvernement à maximiser les retombées de la rente minière.
Premier producteur de cuivre en Afrique et leader mondial de la production de cobalt, la RDC est également un grand exportateur d’or, hébergeant la plus grande mine aurifère du continent. Les revenus tirés de ce secteur pourraient augmenter si l’or continue de se maintenir à un niveau élevé.
Le prix de l’or s’est stabilisé au-dessus du seuil de 2 400 dollars l’once, rapportent plusieurs sources concordantes ce vendredi 12 juillet. Actuellement à 2 412 $/oz, le métal précieux se rapproche de son pic historique établi à 2 450 $ en mai dernier, une bonne nouvelle pour la RDC où une hausse de la production est attendue cette année.
Selon les données de Bloomberg, l’or a progressé de 17 % depuis le début de l’année, malgré plusieurs vents contraires y compris des taux d’intérêt élevés et une inflation persistante. Le métal précieux a augmenté de 1,9 % jeudi, sur fond d’espoirs d’une réduction des taux par la Réserve fédérale américaine en septembre et d’autres facteurs comme une demande soutenue des banques centrales et des acheteurs chinois.
Pour la RDC qui a exporté 34,53 tonnes d’or valorisées à 1,56 milliard $ en 2023 selon les données du ministère des Mines, la hausse de prix observée depuis le début de l’année devrait être synonyme de hausse des recettes tirées du secteur aurifère (qui incluent les taxes et redevances perçues ainsi que les participations dans les mines). En effet, sa production d’or devrait augmenter en 2024 si les prévisions à la mine Kibali (la plus grande mine d’or du continent) se réalisent.
D’après la compagnie minière Barrick, la mine pourrait livrer entre 711 000 et 800 000 oz d’or en 2024, contre 762 000 oz en 2023 et 750 000 oz en 2022. Dans ses prévisions de début d’année, la société qui détient 45 % de participation dans le projet (contre 45 % pour AngloGold Ashanti et 10 % pour le gouvernement) s’attendait à un prix de l’or dans la fourchette de 1 800 à 2 000 $/oz.
Les exportations congolaises pour l’année 2023 étaient les plus élevées du pays sur les cinq dernières années (voir graphique).
Évolution des exportations aurifères de la RDC depuis 2019 (Source : Ministère des Mines)
En dehors de Kibali et des autres mines industrielles, qui ont représenté 85 % des volumes exportés, la RDC produit également de l’or artisanal. Les exportations d’or artisanal ont totalisé l’année dernière 5 181,70 kg valorisés à 306 millions $.
Louis-Nino Kansoun
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Composée des exploitations Mpama Nord et Mpama South, Bisie est la plus grande mine d’étain en RDC. Elle a livré 12 568 tonnes en 2023, ce qui représentait 4,5% de la production minière mondiale.
Alphamin Resources a publié le mercredi 10 juillet 2024, ses résultats de production pour le deuxième trimestre 2024 sur son projet Bisie, la plus grande mine d’étain de RDC. La compagnie basée à Maurice a produit 4027 tonnes d’étain sur la période, portant sa production du premier semestre de l’année à 7169 tonnes.
Il faut souligner que la production est en hausse de 13% par rapport au premier semestre 2023. Une augmentation qui s’explique par la mise en service de la nouvelle usine de traitement de Mpama South en mai dernier. Celle-ci contribuera d’ailleurs à la hausse d’au moins 35% de la production d’étain prévue par Alphamin pour 2024.
La compagnie vise en effet entre 17 000 et 18 000 tonnes d’étain cette année, contre 12 568 tonnes en 2023. Avec Mpama North en service, depuis quelques années, notons que Mpama South est l’une des deux exploitations de Bisie. Avec cette seule mine, la RDC a fourni 4,5% de la production minière mondiale d’étain l’année dernière, d’après l’International Tin Association.
Selon les statistiques officielles, la production congolaise de cassitérite (minerai contenant l’étain) a atteint 33 558 tonnes en 2023.
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