Dowstone Technology, société chinoise spécialisée dans les matériaux pour batteries, a annoncé, le 3 juillet 2025, son intention d’implanter une nouvelle fonderie de cuivre en République démocratique du Congo (RDC). D’un coût de 165 millions de dollars, l’usine devrait être dotée d’une capacité de production annuelle de 30 000 tonnes de cathodes de cuivre. Elle devrait être construit en 18 mois.
Sous réserve des approbations réglementaires des autorités des deux pays, ce projet pourrait à terme renforcer la présence chinoise sur le segment du cuivre raffiné en RDC. Plusieurs acteurs chinois investissent en effet, depuis quelques années, dans la transformation locale du cuivre congolais. Dowstone est déjà active dans le pays, où elle affirme disposer d’unités de production de cathodes avec une capacité annuelle dépassant 60 000 tonnes fin 2024. China Nonferrous Mining Corp (CNMC) pilote également la fonderie Lualaba Copper, inaugurée en 2020, et dotée d’une capacité de traitement de 100 000 tonnes de cuivre.
Dans le même temps, les groupes chinois Zijin Mining et CITIC Metal ont conclu des accords avec le canadien Ivanhoe Mines pour sécuriser 80 % de la production de la future fonderie de Kamoa-Kakula. D’une capacité de traitement annuelle de 500 000 tonnes de cuivre, cette installation — la plus grande du genre en Afrique — devrait entrer en service en septembre 2025. Notons que Zijin Mining est déjà directement lié au projet, en raison de sa participation de 39,6 % dans la mine Kamoa-Kakula.
Cette empreinte marquée de la Chine sur le cuivre raffiné congolais illustre l’évolution des relations commerciales qu’elle entretient avec la RDC. En 2024, les exportations congolaises de cuivre raffiné vers la Chine ont atteint 1,48 million de tonnes, soit une hausse annuelle de 71 %.
Important pôle de raffinage des minéraux stratégiques, l’Empire du Milieu est aussi un grand consommateur, misant sur des sources d’approvisionnement clés pour combler sa demande. La RDC, quant à elle, est le premier producteur africain de cuivre et le deuxième à l’échelle mondiale.
Il faut toutefois noter que ce nouveau projet annoncé par Dowstone survient dans un contexte où Kinshasa cherche à diversifier ses partenaires miniers. Selon Marcellin Paluku, directeur de cabinet adjoint au ministère des Mines, 80 % des mines congolaises sont exploitées en partenariat avec des sociétés chinoises, ce qui représente un « risque » pour l’économie locale.
Le gouvernement mise ainsi sur d’autres partenaires, comme les États-Unis ou l’Arabie saoudite, pour réduire cette dépendance. Les impacts de cette réorientation sur les investissements chinois à venir restent, pour l’heure, incertains.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
Lire aussi:
Cuivre raffiné : vers une nouvelle hausse des exportations de la RDC vers la Chine
Anodes de cuivre : Kamoa conclut un accord de prévente de 80 % de sa production
Comme le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), l’entreprise britannique spécialisée dans l’analyse du marché des matériaux pour batteries, Benchmark Mineral Intelligence, estime que les stocks de cobalt sur le marché international restent élevés. « Notre analyse montre que, même s’il existe un risque de pénurie physique des stocks hors RDC, celle-ci ne devrait pas se faire réellement sentir avant fin 2026 », explique Will Talbot, responsable de recherche chez Benchmark Mineral Intelligence, dans un entretien accordé à l’Agence Ecofin.
Fin juin, la RDC, qui a représenté 73,6 % de l’offre mondiale de cobalt en 2024, a décidé de prolonger, pour trois mois supplémentaires, l’embargo sur ses exportations de cobalt en vigueur depuis février 2025. À en croire l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS), à l’origine de la décision, l’interdiction est maintenue « en raison des stocks toujours importants sur le marché ».
Will Talbot affirme néanmoins que certains négociants et producteurs pourraient rencontrer des difficultés avant cette échéance. Eurasian Resources Group a déclaré dès mars la « force majeure » sur les livraisons de cobalt provenant de son usine congolaise de Metalkol. IXM, filiale du groupe chinois CMOC chargée du négoce de métaux, en a fait de même le 30 juin, évoquant le gel des exportations en RDC.
Alors que certains analystes alertent sur un possible désengagement des industriels vis-à-vis du cobalt congolais – voire du cobalt tout court – en cas de persistance de l’embargo, Benchmark se montre plus mesuré. Selon M. Talbot, la composition chimique des batteries ne devrait pas évoluer de manière significative.
Léger rebond des prix
« Benchmark prévoit que 43 % de la demande de batteries lithium-ion en 2025 concernera des compositions chimiques contenant du cobalt. Si la part de marché du LFP (lithium-fer-phosphate) devrait augmenter, le NCM (nickel-cobalt-manganèse) restera important, en particulier sur les marchés occidentaux. Il y a de la place sur le marché pour ces deux compositions chimiques », a-t-il déclaré.
Après l’annonce initiale de l’embargo en février, les cours avaient bondi de 60 %, atteignant un pic de stabilisation autour de 33 700 dollars dès avril. Depuis début juin, les prix avaient affiché une tendance baissière, avant de repartir à la hausse après la prolongation de la suspension des exportations par la RDC. Ils se situent actuellement au-dessus de 33 700 dollars.
Pour Benchmark, cette volatilité devrait persister à court terme. À moyen et long terme, l’évolution des prix et l’intérêt des consommateurs dépendront de la capacité de la RDC à concilier rareté de l’offre – pour soutenir les prix – et disponibilité suffisante – pour éviter que les fabricants de batteries n’accélèrent la substitution vers d’autres chimies.
L’embargo actuel arrive à expiration en septembre prochain. L’ARECOMS indique que cette suspension pourrait être prolongée, ajustée ou levée, sans préciser d’objectif de prix cible. On sait toutefois que le budget 2025 de l’État congolais a été établi sur la base d’un prix moyen de 28 000 dollars la tonne.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
Lire aussi :
Cobalt : CMOC suspend ses livraisons à cause du gel des exportations en RDC
Cobalt : la RDC prolonge l’embargo sur les exportations, sur fond de baisse des prix
En l’espace de seulement trois mois, depuis l’ouverture de sa succursale à Kindu le 25 mars 2025, la province du Maniema s’est hissée au premier rang des zones de collecte d’or artisanal légal par DRC Gold Trading SA. Selon les données de l’entreprise publique, 447,028 kg d’or — soit 42,3 % des exportations nationales — ont été canalisés par cette antenne.
Cette montée en puissance survient dans un contexte de retrait de l’entreprise au Sud-Kivu, région qui représentait à elle seule plus de 90 % des exportations légales d’or artisanal entre 2023 et 2024. La persistance de l’insécurité, marquée notamment par l’avancée des rebelles du M23, a contraint DRC Gold Trading SA à suspendre ses opérations dans cette province depuis mars dernier. En conséquence, l’essentiel de la production aurifère locale échappe désormais au circuit officiel, alimentant les réseaux transfrontaliers informels.
Cette situation compromet les ambitions initiales de l’entreprise, qui visait, selon sa direction, l’exportation d’au moins 5 tonnes d’or artisanal en 2025, pour une valeur estimée à 1,3 milliard de dollars américains, selon une déclaration de février.
Pour compenser la perte du Sud-Kivu, de nouvelles succursales ont été ouvertes en 2025 à Buta (Bas-Uélé), Bunia (Ituri) et Isiro (Haut-Uélé). Toutefois, les résultats du premier semestre restent en deçà des attentes : seulement 1 057,88 kg d’or ont été exportés à l’échelle nationale, soit à peine 21 % de l’objectif annuel.
Timothée Manoke, stagiaire
Lire aussi :
Maniema : DRC Gold Trading collecte 280 kg d’or artisanal en deux mois
Maniema : DRC Gold Trading mise sur Rawbank pour mieux capter l’or artisanal
Exportations d’or artisanal : 2025 démarre mal pour la RDC après une chute de 66 % en 2024
Au deuxième trimestre 2025, Bisie, la plus grande mine d’étain de la République démocratique du Congo, a enregistré une production de 4 106 tonnes, selon les chiffres publiés le 3 juillet par son opérateur, Alphamin Resources. Ce volume est inférieur de 21 % à l’objectif initial de 5 000 tonnes fixé pour la période.
La compagnie attribue cette contre-performance à « l’impact de l’arrêt temporaire des opérations » survenu à la mi-mars, en raison de l’avancée des groupes rebelles dans l’est du pays. Malgré un « redémarrage progressif à partir du 15 avril » et des performances opérationnelles jugées positives en mai et en juin, la production du deuxième trimestre affiche une baisse de 4 % par rapport aux 4 270 tonnes réalisées au trimestre précédent.
Sur l’ensemble du premier semestre 2025, la mine a livré un total de 8 376 tonnes d’étain, soit 47 % de l’objectif annuel révisé, désormais fixé à 17 500 tonnes, selon les calculs de l’Agence Ecofin.
Si Alphamin Resources entend poursuivre ses activités sur le site, elle conditionne cette ambition à une amélioration durable de la situation sécuritaire dans la région. Le 27 juin, la RDC et le Rwanda ont signé à Washington un accord de cessez-le-feu visant à mettre fin aux combats impliquant leurs armées. Une reprise des pourparlers est attendue entre les autorités congolaises et les rebelles du M23 au Qatar.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Étain : l’Émirati IRH conclut un deal à 367 millions $ pour prendre le contrôle de Bisie
Étain : Alphamin baisse ses objectifs de production de 14 % en RDC
Étain : pourquoi Alphamin relance ses activités en RDC
Étain : le Sud-Africain Jac van Heerden porté à la tête de la principale mine de RDC
Le négociant en métaux IXM, filiale du groupe chinois China Molybdenum (CMOC), a annoncé le 30 juin avoir déclaré un cas de force majeure sur ses contrats de fourniture de cobalt. Cette décision intervient quelques jours après que la République démocratique du Congo (RDC) a prolongé de trois mois l’interdiction d’exporter le cobalt, initialement imposée le 22 février 2025.
Dans un communiqué, IXM précise que cette interdiction prolongée « rend légalement et pratiquement impossible à ses fournisseurs, dont Tenke Fungurume Mining et CMOC Kisanfu Mining, d’exporter des produits à base de cobalt depuis la RDC », affectant directement sa capacité à honorer ses engagements contractuels. « Alors que la chaîne d’approvisionnement mondiale en cobalt connaît une volatilité accrue, IXM reste engagé à gérer cette perturbation de manière responsable, dans le respect des cadres contractuels et réglementaires », ajoute l’entreprise.
Selon des propos rapportés par S&P Global Ratings, un acteur européen du marché a réagi : « C’était une question de temps — on pourrait même être surpris que cela ait pris autant de jours ». En mars dernier, Telf AG, responsable de la commercialisation du cobalt d’Eurasian Resources Group (ERG), avait déjà invoqué la force majeure auprès de ses clients. Glencore, autre géant du secteur actif en RDC, s’est pour sa part montré favorable à la prolongation de l’embargo.
Pour ce même opérateur européen, l’annonce d’IXM pourrait provoquer un effet psychologique sur les marchés, en raison de l’incertitude grandissante sur l’approvisionnement mondial. À ce stade, la suspension des exportations congolaises de cobalt affecte particulièrement les raffineurs chinois, très dépendants des importations d’hydroxyde de cobalt en provenance de la RDC.
En toile de fond, Kinshasa affiche sa volonté de mieux capter la valeur ajoutée de ce minerai stratégique, actuellement vendu brut sur les marchés mondiaux. Le code minier prévoit une redevance exceptionnelle de 15 % sur le cobalt, en raison de son caractère « stratégique ». Par ailleurs, si le prix de vente dépasse les projections de l’étude de faisabilité des entreprises, l’État peut également percevoir une taxe sur les superprofits.
Une stratégie risquée
Une part importante du cobalt issu de l’exploitation artisanale est désormais gérée par l’Entreprise générale du cobalt (EGC), structure publique censée permettre une meilleure captation des revenus d’un sous-secteur longtemps informel.
Le prix de la tonne de cobalt, estimé à 33 335 dollars le 30 juin 2025 selon la plateforme Trading Economics, a progressé de 61,7 % depuis l’annonce de la première suspension d’exportations. Mais ce niveau reste loin des pics de 79 191 dollars atteints en avril 2022, ou de 95 856 dollars enregistrés en mars 2018.
La stratégie congolaise n’est cependant pas sans risques. Certains acteurs du marché estiment que cette posture pourrait conduire certaines compagnies minières à suspendre ou ralentir leurs investissements dans le pays. À l’échelle mondiale, le blocage congolais pourrait aussi accélérer le développement de projets alternatifs en Indonésie, en Australie ou au Canada.
En 2024, la RDC représentait encore 73,6 % de l’offre mondiale de cobalt. Mais cette part pourrait tomber à 57 % d’ici 2035, selon S&P Global Market Intelligence, en raison de l’épuisement progressif du minerai et de la montée en puissance de l’Indonésie dans le raffinage via la technologie HPAL (lixiviation acide à haute pression).
Face à ces incertitudes, les fabricants de batteries et de véhicules électriques, très dépendants du cobalt congolais, accélèrent déjà leur diversification. Cela passe par des contrats à long terme avec d’autres pays, mais aussi par des investissements dans le recyclage des batteries et dans des technologies de stockage sans cobalt. Les producteurs d’électronique grand public suivent une logique similaire.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Cobalt : la RDC prolonge l’embargo sur les exportations, sur fond de baisse des prix
Cobalt : la production de CMOC en hausse de 20 % malgré la suspension des exportations
Exportations de cobalt : Glencore et CMOC s’opposent sur la ligne à suivre en RDC
Cobalt : vers un déficit de l’offre dès 2030, selon le Cobalt Institute
La société japonaise Asia Mineral a franchi une nouvelle étape vers son implantation en République démocratique du Congo. Le 28 juin 2025, elle a signé un protocole d’accord (MoU) avec la société congolaise Kerith Resources en vue de la création d’une coentreprise baptisée Kivuvu Kongo Mines, dédiée à l’exploitation et à la transformation du manganèse dans la province du Kongo Central.
La signature de l’accord est intervenue en marge du Forum économique RDC–Japon, organisé à Tokyo autour du thème « Investir en RDC ». L’événement a réuni une délégation congolaise conduite par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, accompagnée de plusieurs membres du gouvernement.
Selon Felly Samuna, président de la Chambre de commerce et d'industrie du Kongo Central, cité par Actualité.cd, la coentreprise devrait être formellement constituée dans la province dans un délai de deux semaines. Asia Mineral détiendra 60 % du capital, contre 40 % pour Kerith Resources, une société congolaise dont peu d’informations publiques sont disponibles.
Un potentiel encore à confirmer
Kivuvu Kongo Mines aura pour mission de valoriser les réserves de manganèse du Kongo Central. À ce stade, il est encore difficile d’évaluer le potentiel exact du site ciblé. Il était prévu qu’Asia Mineral lance la phase exploratoire dans le territoire de Luozi en mai dernier.
Lors d’un point de presse à Tokyo, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a indiqué que l’investissement initial était estimé à 50 millions de dollars. L’objectif est d’atteindre une production annuelle de 2 millions de tonnes de manganèse.
Selon les projections, le projet pourrait générer 2 500 emplois directs et stimuler plusieurs chaînes de valeur locales, notamment dans la logistique, la sous-traitance industrielle et les services.
Pour le gouvernement congolais, cette initiative s’inscrit dans la stratégie de diversification du secteur minier. Celle-ci vise à élargir les partenariats, à diversifier les types de minerais exploités, les zones d’exploitation, ainsi que les produits finis ou semi-finis, dans une logique de transformation locale et de valorisation accrue des ressources.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Manganèse : des explorations d’Asia Minerals annoncées dans le Kongo Central
L’État congolais détient désormais 10 % du capital de Buenassa Resources SA, la filiale de Buenassa chargée du développement de la première raffinerie de cuivre et de cobalt en République démocratique du Congo (RDC). Le protocole d’accord a été signé le 25 juin 2025 entre le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, et le directeur général de Buenassa Resources, Eddy Kioni.
Selon Buenassa, cette prise de participation correspond à une golden share : bien que minoritaire, elle accorde à l’État un droit de veto sur les décisions stratégiques susceptibles d’affecter les intérêts nationaux, notamment en matière d’emploi, de fiscalité, de contenu local, d’environnement ou d’orientation stratégique. Dans ce cadre, Buenassa Resources est passée du statut de SARL à celui de société anonyme avec conseil d’administration, intégrant des représentants de l’État.
Présentée comme un « signal fort pour les partenaires et investisseurs », cette étape ouvre la voie à la mobilisation de financements. Selon des sources internes, il s’agit, dans un premier temps, de réunir entre 7 et 8 millions de dollars pour financer l’étude de faisabilité du projet. Une subvention de 3,5 millions de dollars, octroyée par le gouvernement congolais via le Fonds de promotion de l’industrie (FPI), a déjà permis de réaliser une étude de cadrage (scoping study).
Cette dernière évalue le coût de la première phase du projet à 600 millions de dollars. À ce stade, l’usine dont la mise en service est prévue d’ici fin 2027 devrait produire annuellement 30 000 tonnes de cathodes de cuivre et 5 000 tonnes de sulfate de cobalt. À terme, l’objectif est de porter ces volumes à 120 000 tonnes de cuivre et 20 000 tonnes de cobalt par an.
L’étude de faisabilité, qui doit s’étendre sur 12 mois, visera à affiner les paramètres techniques et économiques du projet, notamment le modèle d’approvisionnement de l’usine. Deux options sont actuellement à l’étude : utiliser la part de la production minière revenant à l’État, ou s’appuyer sur des quotas de cobalt réservés à la transformation locale. Le gouvernement a d’ailleurs réaffirmé, lors du Conseil des ministres du 14 mars 2025, sa volonté de mieux encadrer les flux de cobalt exportés afin de favoriser une transformation sur le territoire national.
La direction de Buenassa espère lancer l’étude de faisabilité en septembre prochain. Pour cela, il reste aussi à finaliser le choix du site. Un terrain a été identifié dans la province du Lualaba, mais n’a pas encore été sécurisé.
Pierre Mukoko Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Projet de raffinerie de cobalt de Lualaba : des investisseurs américains « fortement intéressés »
Batteries pour véhicules électriques : le soutien américain à la RDC incertain avec Trump
Véhicules électriques : la RDC lance l’aménagement de sa zone économique spéciale
Cobalt : la RDC instaure des quotas après avoir suspendu les exportations
Entre 2018 et 2023, les communautés locales en République démocratique du Congo (RDC) ont été privées de 198 millions de dollars en raison de la sous-déclaration, du paiement partiel ou du non-paiement de la dotation minimum obligatoire de 0,3 % du chiffre d’affaires par les entreprises minières. C’est ce qui ressort d’un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de cette dotation, censée financer des projets de développement communautaire dans les zones d’exploitation.
Publié en juin 2025, l’audit pointe notamment les écarts entre les chiffres d’affaires déclarés par les compagnies minières aux DOTS — les structures chargées de gérer la dotation — et ceux communiqués à la Direction générale des impôts (DGI). Cette sous-déclaration volontaire a entraîné un manque à gagner de 154,7 millions de dollars sur la période auditée.
Par ailleurs, certaines entreprises ont partiellement payé leur contribution, accumulant un solde impayé de plus de 40,4 millions de dollars. D’autres ne s’en sont pas acquittées du tout, générant un manque à gagner supplémentaire de 2,8 millions de dollars.
Parmi les entreprises mises en cause figurent des majors comme Kamoa Copper (Ivanhoe Mines et Zijin Mining), Kamoto Copper Company (Glencore), Sicomines (Crec-Sinohydro-Zhejiang) et Tenke Fungurume Mining (CMOC).
La Cour des comptes recommande au Comité de supervision d’ordonner aux entreprises concernées de régulariser leurs paiements sous peine de sanctions, allant jusqu’à la suspension des travaux pour faute grave. Elle déplore cependant l’absence de mesures prises par les ministres des Mines successifs, et appelle à la mise en place d’un mécanisme de vérification systématique des chiffres d’affaires entre la DGI et les DOTS.
Boaz Kabeya, stagiaire
Lire aussi :
Importations : Glencore, CMOC, Ivanhoe, Sicomines… accusés de violer les restrictions
La procédure d’arbitrage engagée par AVZ Minerals Limited contre la République démocratique du Congo (RDC) devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), au sujet du gisement de lithium de Manono, « va maintenant reprendre », annonce la compagnie australienne dans un communiqué publié ce 24 juin 2025.
En annonçant, le 26 mai, le gel de la procédure jusqu’au 23 juin, AVZ avait indiqué que cette décision visait à créer « un climat propice à des discussions » susceptibles de déboucher sur un règlement à l’amiable du différend. « Malgré les efforts déployés par AVZ, la RDC ne s’est pas engagée dans le dialogue durant cette période de suspension temporaire, laquelle est désormais échue », accuse la compagnie.
Pour l’instant, les autorités congolaises ne se sont pas exprimées sur le dossier. On ignore donc pourquoi les discussions n’ont pas abouti, alors que le CIRDI avait confirmé que la procédure avait été suspendue « conformément à l’accord des parties ».
KoBold en difficulté
Une chose est certaine : la reprise de la procédure judiciaire fragilise l’offre de KoBold faite aux autorités congolaises le 21 janvier 2025. La société américaine, soutenue par des investisseurs comme Bill Gates et Jeff Bezos, propose de mettre fin au contentieux en accordant une « compensation appropriée » à AVZ, en échange de l’abandon de ses prétentions sur Manono à son profit. Dans cette perspective, AVZ et KoBold avaient annoncé, le 6 mai dernier, la conclusion d’un accord-cadre prévoyant que « AVZ cède ses intérêts commerciaux dans le gisement de lithium de Manono à KoBold, à une juste valeur ».
Sauf que pour que cette opération aboutisse, il faut que l’État congolais accepte d’octroyer à AVZ un permis d’exploitation ou, à défaut, lui reconnaisse des droits sur le gisement. Ce que Kinshasa refuse, d’où la procédure lancée en juin 2023 devant le CIRDI.
AVZ revendique des droits sur la partie du gisement de lithium de Manono couverte par le permis d’exploration PR 13359. Mais la justice congolaise a restitué 100 % de participation dans cette licence à la Congolaise d’exploitation minière (Cominière), alors qu’elle était initialement détenue par une coentreprise contrôlée par la compagnie australienne, en partenariat avec l’entreprise publique.
Parrain américain
Par la suite, Cominière s’est associée au groupe chinois Zijin Mining pour créer Manono Lithium SAS. La coentreprise, détenue à 61 % par Zijin (via sa filiale Jinxiang Lithium) et à 39 % par Cominière, a obtenu un permis d’exploitation sur la partie nord-est du gisement et prévoit de lancer la production de lithium au premier trimestre 2026.
AVZ poursuit donc également son ex-partenaire Cominière devant la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, où la compagnie australienne a déjà obtenu la condamnation de l’entreprise publique au versement de 39,1 millions d’euros de pénalités pour non-respect d’injonctions.
AVZ précise que la suspension de la procédure d’arbitrage avait été décidée « à la suite d’un appel du gouvernement des États-Unis encourageant les parties à prendre des mesures pour instaurer un climat propice à des discussions ». Ces tractations s’inscrivent dans un contexte diplomatique particulier. Washington mène en parallèle des discussions avec Kinshasa pour un accord stratégique « minerais contre sécurité », qui viserait à pacifier l’est du pays en échange de conditions préférentielles pour les investisseurs américains dans le secteur minier, tout en facilitant un accord de paix entre la RDC et le Rwanda. Alors que la signature de ces deux accords est annoncée pour la fin du mois, la posture de la RDC dans le dossier AVZ–KoBold intrigue.
Pierre Mukoko
Lire aussi :
Lithium de Manono : AVZ gèle son litige avec l’État pour faciliter l’offre de KoBold
La République démocratique du Congo (RDC) fait partie des pays africains qui ont décidé d’unir leurs efforts pour contrer la montée du diamant synthétique sur le marché mondial. À l’occasion de la Table ronde ministérielle internationale sur le diamant naturel, tenue du 17 au 19 juin 2025 à Luanda, en Angola, les principaux producteurs africains et les leaders mondiaux de l’industrie se sont engagés à consacrer 1 % de leurs revenus à des campagnes de promotion et de commercialisation du diamant naturel. Outre la RDC, le Botswana, la Namibie, l’Afrique du Sud et l’Angola sont également parties prenantes à cet accord.
La filière diamantifère est particulièrement fragilisée par l’essor des diamants synthétiques, perçus comme plus accessibles et plus respectueux de l’environnement. Cette dynamique exerce une pression croissante sur les diamants naturels, dont les prix ont chuté de manière significative, passant de 12,5 dollars le carat en 2022 à 9,6 dollars en 2024, soit une baisse de 23,2 %.
Selon le ministère angolais des Ressources minérales, cité par Le Monde, l’objectif de cette campagne mondiale de communication, menée par le Conseil du diamant naturel, est de sensibiliser la nouvelle génération de consommateurs à la rareté, à l’authenticité et aux retombées positives des diamants naturels pour les communautés locales et les pays producteurs. Ce Conseil est une organisation à but non lucratif dédiée à la promotion du diamant naturel.
Lors de cette rencontre, le ministre congolais des Mines, Kizito Pakabomba Kapinga Mulume, a plaidé pour une mobilisation concertée en faveur de la relance du diamant naturel, qu’il a présenté comme un moteur de développement, un vecteur de paix et une source essentielle de valeur ajoutée pour les populations locales. Il a également insisté sur l’importance de mettre en place une chaîne de valeur éthique, traçable, transparente et équitable autour du diamant naturel africain.
Classée parmi les premiers producteurs mondiaux de diamants, la RDC fait face à de nombreux défis dans ce secteur. En huit ans, ses exportations sont passées de 17,9 millions de carats en 2017 à seulement 9,2 millions en 2024, selon les données officielles. Cette baisse est en grande partie liée aux difficultés structurelles rencontrées par les principaux producteurs du pays, notamment la Minière de Bakwanga (MIBA) et la Société Anhui-Congo d’investissement minier (SACIM).
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Diamant : la production de la RDC chute de 26 % au premier trimestre 2025
SACIM : le coup de pression de Ngoyi Kasanji pour plus de résultats
Diamants : la commercialisation de nouveau libéralisée en RDC
Chute des prix du diamant : mauvaise nouvelle pour la relance de la Miba
Annoncée le 8 mai dernier, la suspension des activités de Twangiza Mining n’aura aucun impact sur la production officielle d’or en République démocratique du Congo (RDC) en 2025. Et pour cause : bien avant cette annonce, l’entreprise avait déjà disparu du fichier officiel des producteurs d’or du pays.
Au premier trimestre de cette année, la production industrielle de ce métal précieux s’est établie à 5,9 tonnes, selon les données officielles. Elle se répartit entre Kibali Gold (5,86 tonnes), MCCR (18,6 kg), Kimia Mining Investment (4,9 kg) et Sokimo (4,6 kg). Aucune trace de Twangiza Mining.
L’examen des rapports officiels montre que cette disparition de la liste des producteurs industriels remonte à 2021. Un an auparavant, la société canadienne Banro — qui exploitait depuis 2012 la mine d’or de Twangiza, située sur les hauteurs de Luhwinja dans le Sud-Kivu, à environ 40 kilomètres au sud de Bukavu — avait annoncé avoir cédé ses parts à l’actionnaire minoritaire Baiyin International Investments pour un franc symbolique.
La société Twangiza Mining SA, anciennement Barno suspend ses activités au Sud-Kivu jusqu'à nouvel ordre. pic.twitter.com/RwmEAGzZRX
— JAMES MUKESHABA (@JamesMukeshaba) May 9, 2025
Fragilisée par des attaques armées répétées, la production de Twangiza Mining était déjà en déclin au moment du départ de Banro. Après avoir avoisiné les 5 tonnes en 2015, elle était tombée à 3,4 tonnes en 2018, puis à 1,3 tonne en 2019, avant de s’annuler complètement en 2020.
Mais si l’on en croit le communiqué signé le 8 mai par le directeur général de Twangiza Mining, Chao Xianfeng, l’entreprise avait repris ses activités depuis, avant de les suspendre à nouveau à la suite d’un désaccord avec les rebelles du M23 et leurs alliés — notamment rwandais — qui contrôlent la mine depuis mai 2025. Pourtant, l’entreprise est restée absente de la liste officielle des producteurs industriels d’or de la RDC jusqu’au premier trimestre 2025.
Cette disparition prolongée intrigue d’autant plus que, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le 2 avril dernier, le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi Sadiki, a affirmé qu’au moins 1 600 entreprises exploiteraient illégalement les ressources minières dans l’est de la RDC. Selon l’autorité provinciale, ces sociétés — majoritairement à capitaux chinois — exporteraient ensuite leur production de manière illégale vers des pays du Moyen-Orient, notamment Dubaï, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
Lire aussi :
Sud-Kivu : 1600 entreprises minières illégales recensées (gouverneur)
Conflit à l’est de la RDC : 38 sites miniers interdits d’exploitation pour asphyxier le M23
Est de la RDC : gel des transactions foncières dans les zones sous occupation armée
La production officielle de diamant en République démocratique du Congo (RDC) s’est établie à 1,74 million de carats au premier trimestre 2025, en baisse de 26 % par rapport à la même période de l’année précédente, selon des données compilées par la Cellule technique de coordination et de planification minière (CTCPM) du ministère congolais des Mines. Au premier trimestre 2024, la production atteignait 2,35 millions de carats, soit une différence de 612 089 carats.
Le rapport indique que l’exploitation artisanale demeure le principal mode d’extraction du diamant dans le pays, représentant 80,29 % de la production totale entre janvier et mars 2025, soit près de 1,39 million de carats. Le Kasaï oriental domine largement la production artisanale avec 1,31 million de carats, soit 93,7 % de la production nationale issue de ce mode d’exploitation. Il est suivi par le Kasaï central avec 6,19 %, tandis que les autres provinces (Kasaï, Sankuru, Kwango, Ituri, Nord-Ubangi) affichent des contributions marginales.
Le secteur industriel a généré 344 049 carats, représentant 19,69 % de la production totale. Cette production est largement assurée par la Société Anhui-Congo d’investissement minier (SACIM), qui contribue à 97 % de la production industrielle. En comparaison, la Minière de Bakwanga (MIBA) n’a fourni que 3 %, en raison de la vétusté de ses équipements et de difficultés structurelles persistantes. Les chiffres mensuels révèlent une tendance baissière marquée, notamment en mars, avec seulement 52 305 carats produits, contre 155 241 carats en janvier.
La production semi-industrielle reste négligeable, représentant seulement 0,03 % du volume total, soit 485 carats sur tout le trimestre. Cette forme d’exploitation n’a donc qu’un impact marginal sur l’approvisionnement global du pays.
L’analyse de la production au cours des cinq dernières années montre une certaine instabilité. Après un pic au premier trimestre 2022 à 3,15 millions de carats, la production a chuté progressivement pour atteindre 1,74 million de carats à la même période en 2025. Cette baisse s’explique par le vieillissement des infrastructures industrielles, le manque d’investissements et une dépendance croissante à l’exploitation artisanale.
Dans le même temps, les exportations officielles de diamant congolais poursuivent leur tendance baissière, amorcée en 2022. Entre janvier et mars 2025, le volume total exporté s’élève à 1,91 million de carats, contre 1,97 million au premier trimestre 2024, soit une baisse de 50 831 carats (-3 %).
Les Émirats arabes unis se sont imposés comme première destination des diamants exportés officiellement depuis la RDC, représentant 87,7 % du volume total, soit plus de 1,68 million de carats pour une valeur proche de 8 millions de dollars. La Belgique suit avec 11,7 %, puis l’Inde avec 0,6 %.
De manière générale, le marché mondial du diamant traverse une grave crise. La demande est en recul, en grande partie à cause du succès croissant des diamants synthétiques, considérés comme moins coûteux et plus écologiques. Cette dynamique fait pression sur les prix du diamant naturel, passés de 12,5 dollars le carat en 2022 à 9,6 dollars en 2024, soit une baisse de 23,2 %.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
SACIM : le coup de pression de Ngoyi Kasanji pour plus de résultats
Diamants : la commercialisation de nouveau libéralisée en RDC
Chute des prix du diamant : mauvaise nouvelle pour la relance de la Miba
Ivanhoe Mines projette désormais une production de cuivre comprise entre 370 000 et 420 000 tonnes en 2025 sur le site de Kamoa-Kakula, son unique projet opérationnel en République démocratique du Congo. Cette révision figure dans une note publiée le 11 juin 2025. La société y explique que cet ajustement est lié à l’incident sismique survenu en mai dans la mine souterraine de Kakula, qui a entraîné la suspension temporaire des opérations.
Cette nouvelle estimation représente une baisse de près de 30 % par rapport à la fourchette initiale, qui prévoyait une production comprise entre 520 000 et 580 000 tonnes. Comparée à la production de 437 061 tonnes enregistrée en 2024, la limite haute de la nouvelle fourchette correspond à un recul de 4 %.
Si les activités ont repris dans l’aile ouest de la mine de Kakula, les concentrateurs 1 et 2 du site fonctionnent toujours à environ 50 % de leur capacité opérationnelle combinée. Seuls le concentrateur 3 et la mine de Kamoa poursuivent leurs opérations normalement.
Cette révision à la baisse compromet les ambitions initiales d’Ivanhoe, qui comptait sur une montée en puissance continue du site. En 2024, la production avait déjà progressé de 12 % par rapport à l’année précédente, et la société visait une nouvelle hausse pour 2025. Désormais, même l’objectif de 600 000 tonnes pour 2026 a été retiré, en attendant une mise à jour des prévisions.
Ivanhoe indique cependant que le redémarrage des activités dans la partie est de la mine de Kakula est prévu très prochainement. L’entreprise reste toutefois en état d’alerte, précisant qu’il est encore trop tôt pour « prédire avec précision les perturbations potentielles causées par une nouvelle activité sismique inattendue, l’intégrité des infrastructures souterraines, la capacité d’accélérer les opérations, la fin des travaux d’assèchement ou le délai nécessaire pour accéder aux nouvelles zones minières ».
La situation demeure donc incertaine, tout comme les conséquences de cet incident sismique sur les performances globales de Kamoa-Kakula. Pour rappel, l’État congolais détient 20 % des parts du projet, tandis qu’Ivanhoe Mines et Zijin Mining en contrôlent chacun 39,6 % du capital.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
Lire aussi :
Kamoa-Kakula : Ivanhoe retire ses prévisions 2025 face à l’activité sismique persistante
Kamoa-Kakula : Ivanhoe et Zijin divisés sur la production après l’incident sismique
Cuivre : l’offre mondiale risque de manquer de 40 % d’ici 2035, alerte l’AIE
International Resources Holding (IRH), filiale du conglomérat émirati International Holding Company (IHC), a conclu un accord en vue d’acquérir une participation quasi totale dans Tremont Master Holdings. Cette transaction permettra à IRH de prendre le contrôle indirect de 56 % du capital d’Alphamin Resources, propriétaire de la mine d’étain de Bisie, la plus importante de République démocratique du Congo (RDC). Le montant de transaction s’élève à 503 millions de dollars canadiens, soit environ 367 millions de dollars américains.
L’annonce intervient quelques mois après la visite en RDC d’une délégation d’IRH, en novembre 2024, pour une mission de due diligence, selon Bloomberg. Même si l’offre est inférieure à la capitalisation actuelle d’Alphamin à la Bourse de Toronto, Denham Capital — actionnaire exclusif de Tremont — en sort gagnant. Le fonds américain détenait jusqu’ici 57 % d’Alphamin.
Situé dans le Nord-Kivu, le projet de Bisie s’est développé dans un environnement sécuritaire difficile. Avec une participation aujourd'hui de 84%, Alphamin contrôle cette mine depuis 2012, alors que le marché de l’étain était encore incertain. Le reste du capital est réparti entre la société publique sud-africaine IDC et l’État congolais. Entre 2019 et fin 2024, la mine a généré un chiffre d’affaires cumulé de 2,3 milliards de dollars pour une marge brute de 689,5 millions. L’entreprise a versé 115 millions $ de dividendes en 2022-2023, et prévoit un paiement de 70 millions $ en octobre 2025 au titre de l’exercice 2024.
L’opération est encore soumise à l’autorisation préalable des autorités congolaises. Conformément à l’article 178 bis du Code minier révisé, toute cession indirecte de droits miniers doit être approuvée par l’État, sous peine de nullité. Un droit de cession, jusqu’ici fixé à 1 % de la valeur de la transaction, est également exigible.
Pour IRH, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie plus large de constitution d’un portefeuille d’actifs miniers critiques. Selon Africa Intelligence, le groupe discute aussi avec la Gécamines pour obtenir de nouveaux permis en RDC, bien que ces informations n’aient pas encore été confirmées. Alphamin étudie également d’autres projets d’extension dans le pays.
Cette opération illustre l’intérêt croissant des Émirats pour les minerais de la transition. L’Arabie saoudite a multiplié les échanges diplomatiques avec Kinshasa autour d’un cadre pour des chaînes d’approvisionnement durables. Dubaï reste quant à elle l’un des points de sortie majeurs de l’or artisanal congolais, comme l’a rappelé récemment le gouverneur du Sud-Kivu. En 2023, la collaboration entre le groupe émirati Primera Gold et le gouvernement congolais avait permis une hausse de plus de 12 000 % des volumes d’or canalisés via la coentreprise Primera Gold DRC.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Étain : le Sud-Africain Jac van Heerden porté à la tête de la principale mine de RDC
Étain : Alphamin baisse ses objectifs de production de 14 % en RDC