La demande mondiale de cobalt augmentera à un rythme plus soutenu que celui de l’offre dans les années à venir, ce qui fera basculer le marché d’un excédent en 2024 à un déficit au début des années 2030, estime le Cobalt Institute dans son rapport annuel publié le 14 mai 2025.
Fondé en 1982, le Cobalt Institute regroupe les principaux acteurs de la chaîne de valeur du cobalt – producteurs, utilisateurs, recycleurs et négociants – représentant ensemble environ 80 % du marché mondial.
Intitulé Cobalt Market Report 2024, le document prévoit une croissance annuelle moyenne de 7 % de la demande mondiale jusqu’à la fin de la décennie, pour atteindre 400 000 tonnes au début des années 2030. Cette progression sera tirée principalement par la montée en puissance du secteur des batteries électriques.
En parallèle, l’offre mondiale ne devrait croître qu’à un rythme annuel moyen de 5 % d’ici 2030. La République démocratique du Congo (RDC), qui a représenté 76 % de l’offre primaire en 2024, verra sa part reculer à 65 %, tandis que celle de l’Indonésie passera de 12 % à 22 %, en raison d’une montée rapide en production.
À court terme, l’évolution du marché dépendra en grande partie de la stratégie adoptée par la RDC, notamment après l’interdiction de quatre mois des exportations de cobalt décidée en février 2025 pour tenter de relancer les cours. Cette mesure pourrait être prolongée, mais Kinshasa reste floue sur ses intentions. Le 14 mars, le gouvernement a annoncé sa volonté de fixer des quotas d’exportation et de coopérer avec l’Indonésie pour gérer l’excédent d’offre et mieux contrôler les prix. Mais, à ce jour aucune information ne filtre sur la mise en œuvre ces décisions.
Début 2025, les prix du cobalt ont rebondi sous l’effet de la suspension des exportations par la RDC et d’un excédent anticipé plus faible dans les années à venir. Ces conditions créent un contexte favorable à une remontée des prix.
En 2024, la demande mondiale de cobalt a progressé de 14 %, atteignant 222 000 tonnes. Le segment des batteries électriques, qui représente 76 % de la consommation totale et 94 % de la croissance annuelle, a été le principal moteur. Les véhicules électriques, dont les ventes ont grimpé de 26 %, ont à eux seuls représenté 43 % de la demande.
Le secteur de l’électronique portable (téléphones, tablettes, ordinateurs) a aussi vu sa demande augmenter de 12 %. L’essor de l’intelligence artificielle, avec ses besoins en calcul intensif, a conduit à une augmentation de la capacité des batteries.
Un excédent de 32 000 tonnes en 2024
La demande dans les segments des superalliages et des applications militaires a également progressé, soutenue par la hausse des dépenses de défense.
Mais pour la troisième année consécutive, la croissance de l’offre a surpassé celle de la demande. En 2024, la production primaire mondiale a atteint 254 000 tonnes (+22 % par rapport à 2023), portée par la montée en régime des mines congolaises opérées par le groupe chinois CMOC.
Avec 30 000 tonnes extraites (+82 % en un an), l’Indonésie s’est installée comme deuxième producteur mondial. Le marché a ainsi enregistré un excédent de 32 000 tonnes en 2024, soit près de 15 % de la demande totale, contre 25 000 tonnes en 2023.
Walid Kéfi, Agence Ecofin
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Ivanhoe Mines a annoncé une mise à jour des estimations de ressources de son projet d’exploration Western Forelands, situé en République démocratique du Congo. L’entreprise, qui détient entre 45 % et 100 % des permis couvrant cette zone, indique que les gisements de Makoko, Makoko Ouest et Kitoko totalisent désormais 8,38 millions de tonnes de cuivre en ressources dites « inférées », soit près du double des volumes estimés en 2023.
Ces nouvelles estimations reposent sur 86 000 mètres de forages réalisés entre novembre 2023 et février 2025. Ivanhoe regroupe ces trois gisements sous le nom de « district de Makoko », une zone de 13 km de long dans laquelle le cuivre est présent en profondeur, dans des formations géologiques similaires à celles exploitées à la mine voisine de Kamoa-Kakula.
Au total, 494 millions de tonnes de minerai à une teneur moyenne de 1,70 % de cuivre ont été recensées dans la catégorie des ressources inférées. Cette classification désigne des volumes dont la présence est jugée probable, mais encore peu certifiée faute de données suffisantes. Ces ressources offrent un fort potentiel, mais nécessitent des campagnes de forage supplémentaires pour être confirmées.
Le district comprend également 27,7 millions de tonnes de « ressources indiquées » à 2,79 % de cuivre, soit 773 000 tonnes de métal. Cette catégorie offre une estimation plus fiable que les ressources inférées.
Ce travail d’exploration s’inscrit dans la stratégie d’Ivanhoe de développer un deuxième centre de production de cuivre en RDC. Face à une demande mondiale croissante portée par la transition énergétique, la société mène depuis plusieurs années une vaste campagne de prospection dans la région des Western Forelands, adjacente au complexe minier de Kamoa-Kakula.
Le programme de forage 2025, doté d’un budget de 50 millions de dollars, prévoit plus de 100 000 mètres de forages supplémentaires. Les résultats permettront une nouvelle mise à jour des ressources attendue en 2026.
La publication de ces chiffres ne signifie toutefois pas qu’Ivanhoe ouvrira une nouvelle mine à court terme. Le district de Makoko reste à ce stade un projet d’exploration, encore éloigné des phases de faisabilité, d’études environnementales et de mobilisation de financements. Toutefois, la proximité avec les infrastructures existantes de Kamoa-Kakula pourrait faciliter une future mise en production. La compagnie souligne également que la zone reste ouverte à l’exploration, ce qui signifie que le potentiel identifié pourrait encore s’élargir lors des prochaines campagnes.
Louis-Nino Kansoun
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En 2024, l’exploitation artisanale n’a représenté que 2 % de la production de cobalt en République démocratique du Congo (RDC). Ce niveau historiquement bas, annoncé par le Cobalt Institute dans son rapport annuel publié le 14 mai 2025, tranche nettement avec la part habituelle des mineurs artisanaux dans le secteur, estimée ces dernières années entre 10 % et 30 % selon plusieurs organisations.
« En 2018, lorsque les prix du cobalt métal avaient atteint plus de 40 dollars la livre, la part des petits exploitants représentait environ 10 % de la production de la RDC. En 2024, avec l’augmentation significative de l’offre en RDC [et dans le monde], Benchmark estime que cette part est tombée à moins de 2 % de la production nationale, soit environ 1 % de la production mondiale », indique le Cobalt Institute.
Aucun détail n’a toutefois été fourni sur les volumes produits ces dernières années par le secteur artisanal, ce qui ne permet pas de confirmer avec précision cette évolution. Du côté du gouvernement congolais, les statistiques du ministère des Mines ne distinguent pas la production ou les exportations de cobalt selon le type d’exploitation, contrairement à d’autres ressources comme les diamants, l’or ou l’étain.
Le rapport du Cobalt Institute identifie deux causes principales à cette réduction de la part du secteur artisanal : l’essor de la production industrielle et la baisse des prix du cobalt ces dernières années. Les volumes extraits pourraient néanmoins repartir à la hausse début 2025, estime l’institut, car la mesure de suspension des exportations décidée en février par Kinshasa a provoqué une hausse de plus de 50 % des prix du métal.
L’exploitation artisanale et à petite échelle (ASM) du cobalt est régulièrement critiquée pour son manque de traçabilité, l’implication d’enfants ou encore le non-respect des droits humains. « Le défi n’est pas de l’éliminer, mais de la rendre équitable, sûre et exempte de violations des droits de l’Homme », soutient Dinah McLeod, directrice générale du Cobalt Institute, qui rappelle que ce type d’exploitation constitue, pour de nombreuses personnes, la seule source d’emploi viable dans la région.
La diminution actuelle de l’activité artisanale, parfois exercée illégalement, représente sans doute une opportunité pour accélérer la formalisation du secteur. Cela permettrait aux acteurs concernés de mieux tirer parti des conditions de marché plus favorables attendues à partir du début des années 2030, marquées par des risques de déficit d’offre.
Emiliano Tossou
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Du compte rendu du Conseil des ministres du 9 mai 2025, on apprend que la société japonaise Asia Minerals Limited (AML) lancera, le 21 mai prochain, la phase exploratoire d’un projet de production de manganèse dans le territoire de Luozi, situé dans la province du Kongo Central. Cette initiative a été présentée par le ministre des Mines lors de cette réunion.
Selon la même source, ce projet s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification du secteur minier, visant à élargir les partenariats, à diversifier les types de minerais exploités, les zones d’exploitation, ainsi que les produits finis ou semi-finis. Si les résultats de l’exploration sont concluants, AML prévoit un investissement pouvant soutenir une production annuelle de deux millions de tonnes de manganèse.
Le ministre des Mines a sollicité l’appui du gouvernement pour faciliter les démarches administratives, assurer l’accompagnement institutionnel et encourager les partenariats techniques nécessaires à la réussite de cette initiative. Il a souligné que ce projet à Luozi représente un levier potentiel de transformation territoriale, sectorielle et économique, en cohérence avec la nouvelle vision de la gouvernance minière en République démocratique du Congo.
Fondée en 1993 à Hong Kong, AML est une entreprise internationale spécialisée dans toute la chaîne de valeur du manganèse : extraction, transformation en ferroalliages, production de métaux et de produits chimiques. Elle possède des filiales en Asie, en Afrique, en Europe, dans la Communauté des États indépendants (CEI) et en Amérique du Nord.
AML détient également, avec une participation majoritaire, une fonderie de ferroalliages en Malaisie d’une capacité annuelle de 220 000 tonnes, ainsi qu’une mine de manganèse en Afrique du Sud capable de produire deux millions de tonnes par an.
Boaz Kabeya, stagiaire
La mine de Kibali, située dans la province du Haut-Uélé en République démocratique du Congo (RDC), a produit 141 000 onces (soit 4 384,6 kg) d’or au premier trimestre 2025, selon le rapport trimestriel publié le 7 mai par Barrick Mining, opérateur du site.
Cette production est en recul de 16 % par rapport à la même période en 2024, où elle avait atteint 168 000 onces, et de 20,3 % par rapport au dernier trimestre 2024, qui s’était soldé par 177 000 onces.
Pour l’ensemble de l’année, Barrick table sur une production comprise entre 688 000 et 755 000 onces. Or, les résultats du premier trimestre restent inférieurs à la moyenne trimestrielle nécessaire pour atteindre cet objectif, estimée entre 172 000 et 188 750 onces.
Le groupe minier annonce toutefois « des teneurs plus élevées pour plus tard dans l’année, principalement grâce à l’exploitation souterraine ». Il ne précise toutefois pas si cela suffira à redresser la trajectoire et à atteindre les objectifs annuels.
En 2024, la production de Kibali avait déjà reculé de 10 % en raison d’une baisse des teneurs en or, atteignant 688 000 onces. Malgré ce repli, la contribution de la mine au chiffre d’affaires de Barrick avait augmenté de 30 %, à 316 millions de dollars. En tenant compte de la part de 45 % détenue par Barrick, le chiffre d’affaires global de Kibali est estimé à 702,2 millions de dollars.
Cette hausse s’explique par l’envolée des cours de l’or, qui se poursuit. Le 22 avril, le prix de l’once au comptant a franchi pour la première fois la barre des 3 500 dollars, porté par les tensions commerciales sino-américaines et les différends entre le président Donald Trump et la Réserve fédérale (FED). Selon une note publiée fin avril par JP Morgan, le prix de l’or pourrait dépasser les 4 000 dollars l’once en 2026.
Pierre Mukoko
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L’entreprise américaine KoBold Metals, soutenue par des investisseurs comme Bill Gates et Jeff Bezos, passe à l’offensive pour faire accepter l’offre qu’elle a soumise, le 21 janvier 2025, aux autorités de la République démocratique du Congo (RDC) sur le gisement de lithium de Manono, considéré comme ayant « le potentiel de devenir une mine de lithium à grande échelle et de longue durée ». Selon une estimation publiée en janvier 2024, le gisement pourrait héberger 669 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,61 % de lithium.
KoBold a publié une déclaration commune avec l’Australien AVZ Minerals intitulée Développer Manono pour la paix et la prospérité. Dans ce document signé, le 6 mai 2025, par leurs directeurs généraux respectifs, Kurt House (photo) et Nigel Ferguson, les deux entreprises affirment être « parvenues à un consensus sur un cadre commercial permettant le développement rapide du gisement de Manono ».
« Ce cadre prévoit qu’AVZ cède ses intérêts commerciaux dans le gisement de lithium de Manono à KoBold, à une juste valeur », indique la déclaration. Toujours selon le même document, cet accord permettrait à KoBold de mobiliser « rapidement » plus d’un milliard de dollars « pour acheminer le lithium de Manono vers les marchés occidentaux ».
Merci à @SecRubio, @US_SrAdvisorAF & @Presidence_RDC d’avoir ouvert la voie à l’investissement 🇺🇸 @KoBold_Metals & @AvzMinerals ont convenu d’un cadre pour que KoBold achète les intérêts d’AVZ dans le gisement de lithium de Manono. 🇺🇸 & 🇨🇩 seront + sûres, + fortes & + prospères pic.twitter.com/Hj01eCv33w
— KoBold Metals (@KoBold_Metals) May 7, 2025
Sauf que, pour le gouvernement congolais, la compagnie minière australienne n’a plus de droits sur ce gisement. Pour Kinshasa, ces droits ont été perdus après que l’entreprise publique congolaise Cominière a mis fin à son partenariat avec AVZ en 2022. Une décision que conteste AVZ devant la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, où elle a déjà obtenu la condamnation de Cominière à verser 39,1 millions d’euros de pénalités pour non-respect d’injonctions. Toutefois, le tribunal arbitral ne s’est pas encore prononcé sur le fond du dossier.
Dans son offre faite en janvier, KoBold propose de mettre fin au contentieux en accordant une « compensation appropriée » à AVZ, en échange de l’abandon de ses prétentions sur Manono à son profit. L’entreprise américaine se dit prête à développer la partie sud du gisement, tandis que la section nord resterait sous le contrôle du groupe chinois Zijin Mining.
Il faut rappeler que Manono Lithium SAS, une coentreprise détenue à 61 % par Zijin (via sa filiale Jinxiang Lithium) et à 39 % par Cominière, a obtenu un permis d’exploitation en septembre 2024 sur une partie du gisement. Manono Lithium SAS prévoit de lancer la production de lithium au premier trimestre 2026.
Une offre pour « la paix et la prospérité »
Jusqu’ici, les autorités congolaises ne se sont pas publiquement exprimées sur l’offre de KoBold. Mais la déclaration conjointe du 6 mai suggère qu’elles n’y ont pas encore donné une suite favorable. « AVZ s’est engagée à proposer au gouvernement congolais une suspension temporaire de la procédure d’arbitrage devant le CIRDI afin de faciliter les discussions », indique le document.
Cette déclaration a tout l’air d’un coup de pression sur Kinshasa. KoBold et AVZ semblent vouloir tirer parti du rapprochement actuel entre les États-Unis et la RDC. Le document mentionne d’ailleurs le gouvernement américain comme partie prenante : « AVZ et KoBold coopèrent avec toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement des États-Unis, le gouvernement de la RDC, et le partenaire actuel de développement d’AVZ ».
Les deux entreprises positionnent aussi leur proposition comme une contribution à « la paix et la prospérité », promettant « des milliers d’emplois bien rémunérés pour les Congolais, sur plusieurs décennies ».
Avec la détérioration de la situation sécuritaire à l’est de la RDC, Kinshasa a proposé à l’administration Trump un accord minier en échange de son soutien. Depuis, ce dossier fait l’objet de discussions bilatérales et Washington s’implique activement dans la résolution du conflit.
« Une paix durable dans l’est de la République démocratique du Congo ouvrira la porte à des investissements citoyens américains et occidentaux plus importants, qui créeront un écosystème favorable à des chaînes d’approvisionnement responsables et fiables pour des choses comme les minerais critiques », a déclaré le secrétaire d’État, Marco Rubio, le 25 avril 2025 à Washington, lors de la signature de la « déclaration de principes » pour un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, soutien de la rébellion du M23 qui contrôle plusieurs pans du territoire congolais.
Pierre Mukoko
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Selon Reuters, les prix de la tantalite (principal minerai contenant du tantale) ont augmenté de 25 % depuis le début de l’année. L’agence de presse a rapporté, le 6 mai 2025, que le minerai se négocie actuellement entre 100 et 105 dollars la livre sur le marché spot européen, soit les niveaux les plus élevés depuis avril 2023.
Plus tôt, en février, le fournisseur de données Argus avait réévalué le prix de la tantalite, le situant entre 80 et 88 dollars la livre, soit une hausse d’environ 8 % par rapport à une précédente fourchette de 75 à 81 dollars.
Au cœur de cette dynamique : la réduction de l’offre en provenance de la République démocratique du Congo (RDC). Selon l’USGS (United States Geological Survey), la RDC a été le premier producteur mondial de tantale en 2023, avec plus de 41 % de parts de marché. Mais sa production reste irrégulière, en raison de l’instabilité persistante dans plusieurs zones minières, une situation qui s’est aggravée depuis janvier 2025 avec la progression des rebelles du M23 dans plusieurs villes productrices.
Cette instabilité affecte les chaînes d’approvisionnement, d’autant plus que les consommateurs recherchent désormais des flux traçables et vérifiés, exempts de tout lien avec des groupes armés. « Le conflit qui affecte l’est de la RDC rend difficile l’obtention de tantalite étiquetée légitime. […] Vous pouvez passer une commande de matériel dans une province qui n’est pas touchée par le conflit, et les rebelles prennent le contrôle de la zone dans les deux semaines suivant la signature d’un accord », a commenté un négociant anonyme, cité par Reuters.
L’évolution de la situation sera à surveiller dans les mois à venir. Une stabilisation des zones de production clés pourrait réduire la pression sur l’offre. Tout dépendra cependant de l’issue des négociations de paix entre Kinshasa, les rebelles du M23 et le Rwanda, principal soutien de la rébellion.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
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En visite en République démocratique du Congo (RDC), le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot (photo), a affirmé que son pays disposait d’entreprises capables d’apporter leur expertise dans le secteur minier de son ancienne colonie.
« Nous avons une expertise reconnue mondialement à travers des acteurs comme Umicore et John Cockerill, qui ont la capacité de traiter l’ensemble de ces matériaux critiques rares. Et donc, si l’opportunité se fait jour de pouvoir aussi être un partenaire d’investissement, il n’y a pas de raison que nous l’évacuons », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse le 28 avril 2025, après des rencontres avec la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, et le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi.
Umicore met déjà son expertise au service de la Gécamine. En 2024, l’entreprise minière publique a signé un accord avec la société belge, spécialisée notamment dans le recyclage de métaux, pour raffiner les concentrés de germanium issus du site de résidus miniers dénommé Big Hill à Lubumbashi. La Gécamine a annoncé en octobre 2024 les premières exportations vers la Belgique, dans le cadre de son objectif de fournir jusqu’à 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium.
Le Royaume de Belgique est aussi une destination privilégiée pour les diamants congolais, notamment grâce à la ville d’Anvers, un centre mondial du commerce du diamant. En 2024, les statistiques publiées par le ministère des Mines montrent que la RDC a exporté 4,1 millions de carats vers la Belgique, pour une valeur de 42,03 millions de dollars. Le royaume représente ainsi 44 % des exportations congolaises de diamants, devancé seulement par les Émirats arabes unis, qui ont importé 4,9 millions de carats pour 44,9 millions de dollars.
Face à la domination chinoise, la RDC souhaite attirer de nouveaux acteurs dans le secteur minier. Des discussions sont déjà en cours avec les États-Unis, à la suite d’une proposition d’échange « minerais contre sécurité » faite par Kinshasa. Depuis lors, Washington est fortement impliqué dans la résolution du conflit à l’est de la RDC.
« La Belgique n’a à aucun moment conçu sa mission, à travers ma présence, dans une démarche visant à vampiriser quelconque ressource de la RDC. Nous sommes évidemment en observation par rapport aux motivations d’autres acteurs internationaux qui peuvent parfois avoir une approche plus transactionnelle de leur diplomatie. Nous sommes ici d’abord et avant tout parce qu’il y a une population qui souffre et des principes de droit international à faire respecter », a commenté Maxime Prévot.
Au sein de l’Union européenne, Bruxelles apparaît aujourd’hui comme le principal allié de Kinshasa dans le cadre du conflit à l’est de la RDC. En représailles, le Rwanda a suspendu ses relations diplomatiques avec le royaume.
Pierre Mukoko
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Le marché du diamant traverse une crise majeure, marquée par une baisse prolongée de la demande, notamment en raison de la montée en puissance des diamants synthétiques. Cette évolution entraine une chute significative des prix. Selon plusieurs sources concordantes, les cours ont reculé de plus de 25 % depuis 2022.
La tendance se reflète dans le prix moyen des exportations de la République démocratique du Congo (RDC). Selon les données officielles, il est passé de 12,5 dollars le carat en 2022 à 9,6 dollars en 2024, soit une baisse de 23,2 %.
Cette conjoncture complique davantage la relance de la Société minière de Bakwanga (Miba), en difficulté depuis plus de vingt ans. La stratégie de redressement s’appuie sur le potentiel du polygone, la concession historique de la Miba, qui recèle encore d’importants gisements de diamants.
Le 8 avril dernier, le directeur général de la Miba, André Kabanda, a présenté quatre compagnies sud-africaines — Bond Equipment, Mining Services, Athur Mining et Consulmet — « intéressées » par une collaboration pour relancer l’activité. Ces entreprises doivent soumettre des offres pour la fourniture d’équipements modernes après avoir visité les infrastructures et les sites miniers. Cependant, la baisse continue des prix pourrait freiner l’enthousiasme des investisseurs.
Conditions d’une relance
Nommé président du conseil d’administration en novembre 2023, Jean-Charles Okoto avait entrepris une tournée en Europe fin 2024 pour attirer de nouveaux partenaires. À cette occasion, ASA Resource, actionnaire à 20 %, s’était engagé à investir 50 millions de dollars dans la relance. Mais à ce jour, il demeure incertain que cette contribution ait été effectivement versée.
Alors que la Miba ambitionnait de produire 12 millions de carats en 2025, ses activités restent suspendues.
La situation de la Miba reflète celle du secteur dans son ensemble. Depuis 2017, la production nationale comptabilisée a chuté de 17,9 millions à 9,2 millions de carats en 2024.
« La relance du secteur passe par des réformes structurelles visant à renforcer la transparence, soutenir l’exploitation artisanale, attirer les investissements industriels et garantir que les richesses diamantifères profitent réellement aux populations locales », estime l’IPIS, organisation de recherche basée à Anvers, dans un rapport publié le 23 avril 2025.
Selon l’USGS, la RDC détient environ 150 millions de carats, soit 9 % des réserves mondiales connues de diamants de qualité industrielle.
Pierre Mukoko
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La société Rome Resources a annoncé, le 24 avril 2025, la préparation de la reprise de ses activités d’exploration sur le projet Bisie North, situé dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ces opérations avaient été discrètement suspendues le 14 mars en raison de la dégradation de la situation sécuritaire.
La compagnie prévoit de lancer ses premiers forages dans les dix prochains jours, avec pour objectif l’identification de gisements d’étain à haute teneur en profondeur. Le coût estimé de cette phase est d’environ 1,6 million de dollars, financé par la trésorerie actuelle de l’entreprise, qui s’élève à 2,7 millions de dollars.
Rome Resources justifie cette décision par le retrait du groupe rebelle M23 de la région et par la reprise des activités d’Alphamin Resources sur la mine voisine de Bisie. Alphamin avait annoncé le 9 avril la relance progressive de sa production, après une suspension similaire intervenue le 13 mars.
#RMR Drilling Restart at Bisie North
— Rome_Resources (@Rome_Resources) April 24, 2025
🔹Mobilisation to site by 1 May, drilling to resume thereafter
🔹M23 rebel withdrawal enables operations restart across region
🎯Fully funded programme targets higher-grade #Tin at depth
🔹Results from MADD024/026 expected within 2 weeks
Le site de Bisie est situé à environ 280 km à l’ouest de Goma, à proximité de Walikale-centre, un important carrefour minier. Entre le 19 mars et le 3 avril 2025, les rebelles du M23 avaient occupé Walikale, avant d’en être délogés par l’armée congolaise. Selon Alphamin, les forces rebelles se seraient repliées vers Nyabiondo et Masisi, à plus de 130 km à l’est du site minier.
Sur le plan politique, les négociations entre le gouvernement congolais et le M23 semblent progresser. Dans un communiqué conjoint du 23 avril, les deux parties ont annoncé leur volonté de conclure une trêve en vue d’un cessez-le-feu effectif.
Par ailleurs, le Département d’État américain a révélé la signature, le 25 avril à Washington, d’une « déclaration de principes » entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda, sans en dévoiler les détails.
La perspective d’un apaisement sécuritaire ouvre la voie à une reprise durable des activités minières dans la région. Rome Resources prévoit de publier d’ici fin mai les premières estimations des ressources minérales de ses prospects Mont Agoma et Kalayi, des résultats certainement attendus par le marché.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
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Le prix de l’or pourrait franchir la barre des 4000 dollars l’once en 2026, selon une note publiée par JP Morgan le 22 avril 2025. La banque américaine attribue cette prévision à l’augmentation des risques de récession aux États-Unis, dans un contexte de guerre commerciale persistante entre Washington et Pékin.
JP Morgan anticipe un cours moyen de 3675 dollars l’once d’ici le quatrième trimestre 2025, avant une progression au-delà des 4000 dollars au second trimestre 2026. La banque avertit toutefois qu’un dépassement plus rapide de ces seuils est possible si la demande dépasse ses attentes.
Cette envolée des prix intervient alors que la production d’or de la République démocratique du Congo (RDC) affiche une tendance inverse. En 2024, la mine industrielle de Kibali, principal site aurifère du pays, a produit 686 000 onces, soit une baisse de 10 % par rapport aux 763 000 onces de 2023. Il s’agit de son plus faible niveau depuis 2019, année où la production avait atteint le pic de 813 000 onces.
Du côté du secteur artisanal, la situation est encore plus préoccupante. Les exportations officielles ont chuté de 66 % en 2024, passant de 5,18 tonnes à seulement 1,75 tonne. Et 2025 a démarré sous de mauvais auspices. La société publique DRC Gold Trading SA peine à assurer ses opérations en raison des tensions sécuritaires persistantes dans l’est du pays, ce qui favorise la contrebande et réduit les flux légaux.
Demande en hausse
Si cette baisse de production se poursuit, la RDC pourrait ne pas tirer pleinement parti de la hausse des prix de l’or. La réduction de l’offre congolaise pourrait par ailleurs contribuer à soutenir la hausse des cours, le pays étant considérée comme un producteur important sur le marché mondial.
JP Morgan souligne que cette flambée est soutenue par une demande accrue des investisseurs et des banques centrales, estimée à 710 tonnes par trimestre en moyenne cette année.
Le 22 avril, le prix de l’or au comptant a franchi pour la première fois le seuil des 3500 dollars l’once, porté par les inquiétudes liées à la guerre commerciale sino-américaine et les tensions entre le président Donald Trump et la Réserve fédérale (FED). La pression exercée par le président américain pour obtenir une baisse des taux d’intérêt alimente la dynamique haussière du métal précieux.
Historiquement, la valeur de l’or évolue inversement aux taux d’intérêt. La baisse de ces derniers réduit l’attractivité des obligations, renforçant le statut de valeur refuge du métal jaune, surtout en période d’instabilité géopolitique.
Par ailleurs, la dépréciation du dollar face à l’euro, atteignant un plus bas de trois ans, accentue l’attrait de l’or comme actif de protection.
Début avril, Goldman Sachs avait déjà revu à la hausse ses prévisions, anticipant un prix de 3700 dollars l’once d’ici fin 2025, contre 3300 auparavant. La banque évoquait même la possibilité de voir l’or grimper jusqu’à 4500 dollars dans des scénarios extrêmes.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
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Mine d’or de Kibali : production en recul de 10 % en 2024, stabilité attendu en 2025
Alphamin Resources vise désormais une production annuelle de 17 500 tonnes d’étain en 2025 sur sa mine de Bisie, en République démocratique du Congo (RDC), contre 20 000 tonnes initialement prévues. Cela représente une réduction de 14,2 %.
Cette révision est attribuée à une « interruption liée à la situation sécuritaire », a indiqué la société, le 17 avril 2025, dans une communication officielle.
Face à la progression du groupe rebelle M23 et de ses alliés rwandais dans la région, l’entreprise a jugé que la sécurité de ses employés et sous-traitants n’était plus assurée. Elle a donc suspendu temporairement ses opérations le 13 mars dernier.
Cette interruption a entraîné une baisse de 18,4 % de la production au premier trimestre 2025, par rapport au dernier trimestre 2024, passant de 5 237 à 4 270 tonnes.
Malgré un rapprochement des rebelles du site minier depuis la suspension de mars, Alphamin a relancé ses activités le 15 avril. L’entreprise a recommencé à traiter le minerai déjà stocké sur place. Les opérations d’extraction devraient reprendre dans le courant du mois, de manière progressive, avec le retour des employés sur le site. Les prestataires logistiques, notamment chargés du transport du matériel et de l’étain produit, ont également été remobilisés.
La réalisation des nouveaux objectifs de production reste toutefois conditionnée à l’évolution de la situation sécuritaire. Le conflit reste ouvert, bien que des pourparlers de paix aient été engagés à Doha, sous l’égide du Qatar, entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23. À ce stade, aucune avancée significative n’a été rapportée.
Pierre Mukoko
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La société Katamba Mining, filiale du chinois Zijin Mining (70 % des parts), a lancé, le 14 avril 2025, un appel d’offres pour recruter un sous-traitant chargé de la construction et de l’exploitation d’une centrale de concassage. L’objectif est de produire du gravier et du sable nécessaires aux travaux de la centrale hydroélectrique de Mpiana-Mwanga III, située à plus de 90 km au nord-est de Manono, dans la province du Tanganyika.
Les prestations attendues couvrent l’installation d’infrastructures provisoires, la construction d’un système de production, la mobilisation d’équipements et de personnel, la logistique du site, le transport de matériaux, l’évacuation des déchets, la maintenance, ainsi que la production des rapports techniques. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 22 avril pour soumettre leurs candidatures.
Ce projet d’extension intervient quelques mois après la réhabilitation des deux premières phases de cette centrale hydroélectrique construite il y a 97 ans, à l’arrêt depuis 1998. Dans un communiqué publié le 15 décembre 2024, Katamba Mining annonçait avoir investi 80 millions de dollars pour restaurer les anciennes installations et porter leur capacité à 40 MW, soit une augmentation de 30 %.
Cependant, lors d’une visite du site en mars 2025, le président du caucus des députés nationaux du Tanganyika, John Banza Lunda, a déclaré à la presse que seul le premier groupe avait été mis en service, avec une production de 4 mégawatts.
Les détails sur le projet Mpiana Mwanga III restent encore limités. Mais le 13 janvier dernier, à l’issue d’un conseil d’administration de la Congolaise d’exploitation minière (Cominière), second actionnaire de Katamba Mining avec 30 % des parts, son directeur général, Célestin Kibeya Kabemba, a estimé que la nouvelle centrale devrait avoir une capacité avoisinant les 150 MW. À terme, l’ensemble du complexe pourrait donc disposer d’une puissance installée proche de 200 MW.
Approvisionnement énergétique de la mine de Manono
On peut aussi affirmer que les travaux devraient durées, au moins, jusqu’au 31 janvier 2027. En effet, les activités liées à la centrale de concassage devraient, selon l’appel d’offres, s’étendre du 1er mai 2025 au 31 janvier 2027.
« La remise en service de la centrale hydroélectrique de Mpiana-Mwanga en tant que source d’énergie renouvelable sur site garantit que la mine de Manono, ses installations de transformation et la communauté locale peuvent à nouveau être un centre d’investissement et de développement économique », déclarait James Wang, vice-président de Zijin Mining, lors de la fin des travaux de réhabilitation.
Ces investissements visent donc clairement à sécuriser l’approvisionnement en électricité du site minier de Manono, considéré comme l’un des plus importants gisements de lithium à haute teneur au monde. Zijin Mining prévoit d’y démarrer la production dès le premier trimestre 2026.
La réhabilitation de la Mpiana-Mwanga figurait aussi dans l’étude de faisabilité d’AVZ Minerals, partenaire jusqu’en 2022 de Cominière pour l’exploitation du gisement de Manono. Cette coentreprise, contrôlée par la compagnie australienne, était proche d’obtenir un permis d’exploitation lorsque des tensions sont survenues entre les deux parties. Écartée du projet, AVZ conteste cette décision devant la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale.
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya, stagiaire
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Au 16 avril 2025, la Société minière de Bakwanga (MIBA), absent de la liste des exporteurs de diamants en 2024, n’a toujours pas repris ses opérations minières, compromettant ainsi les objectifs de production annoncés par son président du conseil d’administration (PCA), Jean-Charles Okoto, en novembre 2024.
« Nous voulons produire un million de carats par mois en 2025 », déclarait-il alors au quotidien belge L’Écho. Ce qui représente un total annuel de 12 millions de carats. Un objectif particulièrement ambitieux, sachant que la production de la République démocratique du Congo (RDC) s’est élevée à 8,34 millions de carats en 2023, contre 10,78 millions en 2022.
Nommé en novembre 2023, Jean-Charles Okoto s’était rendu en Europe, un an plus tard, à la recherche de « nouveaux partenaires » pour relancer cette entreprise minière publique, en difficulté depuis plus de deux décennies. À cette occasion, ASA Resource, qui détient 20 % des parts de la MIBA, s’était engagée à investir 50 millions de dollars dans le processus de relance.
Fin août 2024, la République démocratique du Congo, actionnaire majoritaire avec 80 % du capital, avait pour sa part adopté un plan minimum de relance de 70 millions de dollars, lors d’un Conseil des ministres.
En visite à Mbuji-Mayi à la fin décembre 2024, le président de la République, Félix Tshisekedi, avait annoncé qu’une enveloppe de 50 millions de dollars serait prochainement affectée à la relance de la MIBA.
Malgré ces engagements, les fonds semblent faire défaut. Selon un compte rendu publié le 8 avril 2025 par les services du gouvernorat du Kasaï Oriental, à l’issue d’une audience entre le directeur général de la MIBA, André Kabanda Kana, et le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo, les 50 millions de dollars promis par le chef de l’État n’avaient toujours pas été débloqués.
On ignore également si ASA Resource a effectivement versé sa contribution. Quant au plan minimum de relance, l’état d’avancement de sa mise en œuvre n’a pas fait l’objet de communication.
Des sociétés se positionnent
Ce plan, moins ambitieux que les annonces du PCA Jean-Charles Okoto, visait une production de près de 2,5 millions de carats en 2026. Il prévoyait des « mesures urgentes » notamment une restructuration de la dette, un allègement significatif du passif de la MIBA, ainsi que la convocation d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires.
Lors de la même audience, le directeur général de la MIBA a présenté quatre compagnies — installées en Afrique du sud — intéressées par une collaboration en vue de la relance. Il s’agit de Bond Equipment, Mining Services, Athur Mining et Consulmet. Après la visite des infrastructures et des sites miniers, ces entreprises sont appelées à soumettre des offres pour la fourniture d’équipements modernes nécessaires à la reprise des activités.
Outre l’équipement, la réhabilitation de la centrale hydroélectrique de Lubilanji est jugée cruciale pour relancer la production. Un an après la signature de son contrat, l’entreprise tchèque Seko a annoncé, le 24 mars dernier, que les travaux débuteront « sous peu ».
A l’observation, le chemin vers une reprise effective reste long, mais les attentes locales sont immenses. Selon les services de communication du gouvernorat du Kasaï Oriental, la relance de la MIBA est « le vœu de plus d’un Kasaïen ». Les autorités estiment que la reprise des activités de l’ancienne numéro un mondiale du diamant pourrait générer jusqu’à 2 500 emplois.
La MIBA prévoit par ailleurs de diversifier ses activités vers d’autres filières minières, notamment l’or, le nickel et le chrome, et d’étendre ses opérations dans d’autres provinces du Grand Kasaï.
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya, stagiaire
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