Ivanhoe Mines a annoncé, le 17 septembre 2025, avoir conclu un accord permettant l’entrée de la Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain de l’État qatari, dans son capital. La compagnie canadienne émettra 57,5 millions d’actions ordinaires, donnant à QIA environ 4 % du capital, en contrepartie d’un investissement de 500 millions de dollars.
Cet accord s’inscrit dans le cadre d’un placement privé qui doit encore être approuvé par la Bourse de Toronto (TSX), où Ivanhoe est cotée. Les deux principaux actionnaires de la compagnie, CITIC Metal Africa Investments Limited et Zijin Mining Group, conservent le droit d’acquérir des actions au même prix que QIA afin de maintenir leur niveau de participation.
Ivanhoe a précisé qu’elle utilisera l’investissement qatari pour financer ses activités, notamment l’exploration et l’exploitation de minéraux essentiels.
« Cet investissement stratégique reflète la conviction de la QIA non seulement dans le portefeuille d'actifs de classe mondiale d'Ivanhoe Mines, mais surtout dans le soutien à son équipe pour trouver, développer et fournir de manière durable les minéraux essentiels à la transition énergétique mondiale et aux applications technologiques de pointe », a déclaré Mohammed Saif Al-Sowaidi, PDG de la QIA.
En République démocratique du Congo, Ivanhoe Mines détient 39,6 % de Kamoa-Kakula, la plus grande mine de cuivre du pays, ainsi que 62 % de la mine de zinc de Kipushi, récemment relancée et en passe d’intégrer le top 4 mondial. La société est aussi l’opérateur de ces deux sites stratégiques.
PM avec l’Agence Ecofin
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Selon plusieurs plateformes de trading, l’entreprise chinoise Longjing Environmental Protection a annoncé que sa filiale Zijin Longjing développera une centrale hydroélectrique de 140 MW dans la province du Haut-Lomami, en République démocratique du Congo (RDC). Coût de l’investissement : 399 millions de dollars.
Le projet, localisé sur la rivière Lualaba, à environ 200 kilomètres de Kolwezi (Lualaba) où Zijin Mining exploite plusieurs concessions minières, a été acquis à 80 % par Longjing via sa filiale hongkongaise, qui a ainsi pris le contrôle de la société GML, détentrice des droits.
La construction, prévue sur trois ans et demi, devrait générer environ 714 millions de kilowattheures (kWh) par an, avec un taux d’utilisation estimé à 5 100 heures. D’après les données communiquées, 90 % de l’électricité produite seront destinés aux sites de Zijin Mining, tandis que 10 % reviendront aux communautés locales.
Cet investissement s’inscrit dans la stratégie de Longjing visant à associer protection de l’environnement et développement des énergies nouvelles, tout en soutenant l’expansion internationale du groupe. Selon l’annonce, il doit permettre de réduire les coûts énergétiques des activités minières de Zijin en RDC. À noter que Zijin Mining détient 29,25 % du capital de Fujian Longking, maison mère de Longjing Environmental Protection, ce qui témoigne de la proximité entre les deux sociétés.
En parallèle, Zijin Mining, via la coentreprise Katamba Mining formée avec la société publique congolaise Cominière, a déposé une demande de concession pour la phase 3 de la centrale hydroélectrique de Mpiana-Mwanga (108 MW). Située sur la rivière Luvua, à plus de 90 kilomètres au nord-est de Manono, dans la province du Tanganyika, cette infrastructure vise avant tout à alimenter le projet d’exploitation du lithium de Manono, considéré comme l’un des plus importants gisements mondiaux de lithium à haute teneur.
Toutefois, la demande de concession de distribution et les propos du vice-président de Zijin Mining, James Wang, indiquent que l’électricité devra aussi desservir les communautés locales et certaines infrastructures clés, notamment la ville et le territoire de Manono, le village de Kanuka (Tanganyika), le territoire de Malemba Nkulu (Haut-Lomami) ainsi que l’aérodrome de Manono.
Timothée Manoke
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Parmi les faits marquants de la visite du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo au Kazakhstan figure la signature d’un accord de collaboration entre la Gécamines, détenue à 100 % par l’État congolais, et Eurasian Resources Group (ERG), détenu à 40 % par l’État kazakh. Selon Africa Intelligence, cet accord permet à la Gécamines d’augmenter sa participation dans la coentreprise Swanmines à 49 %, contre 25 % auparavant, ramenant ainsi la part d’ERG de 75 % à 51 %. Cette signature met fin à des années de litiges autour de la mine de cuivre-cobalt de Kalukundi, développée par Swanmines.
Le différend remonte à 2022, lorsque la RDC, grand producteur de minerais — dont le cuivre et le cobalt—, avait engagé une renégociation de plusieurs contrats miniers, dont celui de Sicomines, lors du premier mandat de Félix Tshisekedi. La Gécamines reprochait à ERG de ne pas avoir suffisamment développé la mine de Kalukundi via Swanmines et de ne pas avoir investi les milliards promis. Elle réclamait le retour du permis PE 591 de Kalukundi ainsi qu’environ 300 millions de dollars de dédommagement, une demande qu’ERG contestait.
Selon Bloomberg, dans son rapport annuel 2022, ERG justifiait ces retards par des problèmes financiers liés à ses lignes de crédit auprès de banques russes, impactées par les sanctions découlant de la guerre russo-ukrainienne. Malgré ces difficultés, le groupe annonçait alors un plan d’investissement de 2 milliards de dollars en RDC entre 2023 et 2024.
Au-delà de l’augmentation de sa participation dans Swanmines, la RDC a obtenu l’engagement d’ERG de réaliser, dans un délai d’un an, l’étude de faisabilité pour la construction d’une usine de traitement sur place à Kalukundi, suivie de douze mois supplémentaires pour le lancement effectif des travaux. La Gécamines assurera en outre la commercialisation d’une partie des minerais traités, renforçant ainsi son contrôle sur le site.
D’autres investissements d’ERG en RDC connaissent aussi des difficultés. Les activités de sa filiale Boss Mining ont été suspendues en juin 2023 par les autorités congolaises pour des problèmes environnementaux. Cette mine dispose d’une capacité de production annuelle de 21 600 tonnes de cuivre et 3 600 tonnes d’hydroxyde de cobalt.
Parallèlement à cet accord transactionnel, un accord de coopération dans les domaines des mines et de la géologie a été conclu entre le ministre congolais des Mines, Louis Watum, et son homologue kazakh, Yersayin Nagaspaev, ministre de l’Industrie et de la Construction, renforçant ainsi les relations bilatérales et la collaboration technique entre les deux pays.
Timothée Manoke
Selon le vice-Premier ministre en charge de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, les importations de carburants ont généré plus de 63 milliards de francs congolais (FC) de recettes douanières en août 2025, soit un peu plus de 22 millions de dollars. Ce montant représente une hausse de plus de 1 500 % par rapport aux 4 milliards de FC perçus le mois précédent, soit près de 1,5 million de dollars.
À en croire Daniel Mukoko Samba, cette explosion des recettes découle de la réforme de la commercialisation des produits pétroliers aux sociétés minières et à leurs sous-traitants. La loi de finances 2025 (article 22) a en effet exclu les carburants terrestres et d’aviation (essence, kérosène, gasoil, fuel, pétrole lampant, GPL) destinés à l’activité minière ou cédés aux entreprises minières et à leurs sous-traitants de la subvention accordée par l’État et de toutes formes d’exonérations des droits et taxes à l’importation, notamment les droits de douane et la TVA.
Quelles sont les retombées de la réforme initiée pour les sociétés minières opérant dans la Zone Sud-Est avec la mise en place d’une nouvelle structure des prix des produits pétroliers ?
— Ministère de l'Économie Nationale, RDC (@EconatRDC) September 11, 2025
À quand l’application d’une nouvelle structure des prix des produits pétroliers dans la Zone… pic.twitter.com/H5p5yTDO2A
Cette réforme s’est traduite par la publication, le 26 juillet, d’une structure des prix spécifique aux carburants du secteur minier, couvrant les zones sud et est du pays, où se concentre l’essentiel de l’activité minière. Ces zones regroupent, d’une part, les provinces du Haut-Katanga, Kasaï, Kasaï-Central, Kasaï-Oriental, Lomami, Lualaba, Sankuru et Tanganyika, et, d’autre part, le Haut-Uele, le Bas-Uele, l’Ituri, le Maniema, le Sud-Kivu et le Nord-Kivu.
Les recettes ont bondi de plus de 1 500 %, alors que la mesure n’a été appliquée que sur les deux dernières semaines du mois d’août, a précisé le ministre. Selon lui, les recettes devraient donc être encore plus importantes au mois de septembre.
Telcos et compagnies aériennes dans le viseur
La réforme devrait aussi entraîner une réduction des manques à gagner versés aux sociétés pétrolières, puisque les produits pétroliers destinés à l’activité minière ou cédés aux entreprises minières et à leurs sous-traitants ne sont plus pris en compte dans leur calcul. Ces manques à gagner sont liés notamment aux fluctuations du taux de change, les carburants étant achetés en dollars sur le marché international mais vendus en francs congolais sur le marché local. Ce risque de change est d’ailleurs quasi inexistant pour les sociétés minières, qui vendent l’intégralité de leur production en dollars.
Lors de sa communication devant la presse, Daniel Mukoko Samba a par ailleurs indiqué que cette réforme, appliquée pour le moment aux sociétés minières, sera prochainement étendue à d’autres secteurs. A en croire le ministre, les compagnies aériennes et les sociétés de télécommunications pourraient être les prochaines concernées par la fin des subventions.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya
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Dans un mémorandum adressé au ministère de l’Emploi, relayé par l’Agence congolaise de presse, la délégation syndicale de Chemaf Resources appelle les autorités congolaises à accélérer le processus de cession de la société minière afin de préserver les emplois et la stabilité sociale des travailleurs.
Selon les représentants du personnel, l’incertitude entourant la finalisation de la vente a déjà des répercussions négatives : retards dans le paiement des salaires, non-respect de certains avantages sociaux et baisse significative de la production. Les employés, qui affirment ne pas être informés de l’évolution du dossier depuis plusieurs mois, redoutent une aggravation de la situation en raison du vieillissement des équipements et de la chute de l’activité.
La délégation syndicale sollicite ainsi une implication directe de l’État congolais pour lever les blocages administratifs, garantir par écrit la sauvegarde des emplois et des droits sociaux, et instaurer un cadre de dialogue permanent entre les autorités, l’employeur et les représentants des travailleurs.
Selon Bloomberg, un consortium américain composé notamment d’anciens membres des forces spéciales mène actuellement des négociations pour racheter l’entreprise minière. Ce groupe réunit Orion Resource Partners et Virtus Minerals, avec l’appui de Trafigura, principal créancier de Chemaf.
En juin 2024, Chemaf avait déjà annoncé un accord de cession de ses actifs au groupe chinois Norin Mining, incluant un projet majeur de cobalt en développement sur un permis de la Gécamines. Mais la société minière publique s’était opposée à la transaction, entraînant son blocage, et avait formulé une contre-offre. Si la nouvelle transaction se concrétise, Orion devrait assurer le financement, tandis que Virtus prendrait en charge la gestion.
Chemaf traverse de graves difficultés financières, notamment sur son projet phare de la mine de Mutoshi à Kolwezi. L’entreprise affiche une dette estimée à près de 900 millions de dollars.
Ronsard Luabeya
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La mine de zinc de Kipushi, en République démocratique du Congo, codétenue par Ivanhoe Mines (62 %) et la Gécamines (38 %), a enregistré une progression notable après l’achèvement des travaux de désengorgement du concentrateur et du séparateur par densité (DMS). Ces interventions, menées pour lever les obstacles opérationnels rencontrés depuis 2024, ont permis d’augmenter de 20 % la capacité du concentrateur, selon une communication de l’entreprise du 27 août 2025.
Dans les sept jours suivant la mise en service, la mine a produit 5 545 tonnes de zinc en concentré, un niveau qualifié de record par l’entreprise. Cela correspond à une production annualisée de 290 000 tonnes, ce qui pourrait propulser Kipushi au quatrième rang mondial des mines de zinc, d’après le classement GlobalData publié par Mining Technology en juin 2024.
Malgré ces résultats, Ivanhoe Mines reste prudente et maintient sa prévision de production 2025 entre 180 000 et 240 000 tonnes.
Les travaux de 2024 avaient été motivés par des difficultés techniques : le minerai extrait du sommet du gisement présentait une teneur élevée en fer, ce qui affectait les taux de récupération du concentrateur. Ces contraintes avaient contraint l’entreprise à réduire de moitié ses prévisions 2024, passant de 100 000–140 000 tonnes à 50 000–70 000 tonnes. La production effective s’était finalement limitée à 50 307 tonnes.
Pour résoudre ces problèmes, Ivanhoe avait lancé en septembre 2024 un programme visant l’amélioration du concentrateur et du DMS. Ces mesures ont commencé à porter leurs fruits dès le premier trimestre 2025, avec une production de 42 736 tonnes de concentré.
L’entreprise affirme que les travaux sont désormais achevés, les contraintes levées, et qu’ils ont été menés en avance sur le calendrier et à un coût inférieur aux prévisions, sans préciser davantage. Ivanhoe avait toutefois informé ses investisseurs qu’en 2025, 25 millions $ seraient consacrés à Kipushi.
Sur le plan commercial, Ivanhoe a conclu en juillet 2025 un accord avec le négociant suisse Mercuria, qui achètera un tiers de la production restante de Kipushi. Les deux premiers tiers sont déjà destinés à CITIC Metal (HK) Limited et Trafigura Asia Trading. Mercuria fournira également à Ivanhoe un prêt de 20 millions de dollars, avec un taux d’intérêt de 6 %.
Timothée Manoke, stagiaire
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La Securing America’s Future Energy (SAFE), une organisation américaine spécialisée dans l’énergie et les minerais critiques, qui réunit au sein de ses instances des PDG de grandes entreprises du Fortune 500, a organisé le 28 août 2025 à Washington une table ronde entre des délégations de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda. Selon SAFE, les échanges ont porté sur la collaboration en matière d’investissements dans les minerais critiques et sur la sécurité.
« Cet événement met l’accent sur les investissements du secteur privé américain afin que les ressources minérales du Rwanda et de la RDC deviennent un moteur de croissance économique pour la région, plutôt qu’un facteur de perpétuation des conflits », indique l’organisation, qui collabore avec le Département d’État américain pour promouvoir l’engagement du secteur privé dans la sécurisation des minerais critiques.
Pour l’heure, les conclusions de la rencontre n’ont pas été précisées. Il est toutefois établi que cette table ronde s’inscrit dans le Cadre d’intégration économique régionale, prévu par l’accord de paix signé en juin dernier entre la RDC et le Rwanda. Cet accord distinct, attendue avant le 27 septembre prochain, doit permettre de « développer le commerce extérieur et les investissements liés aux chaînes d’approvisionnement régionales en minerais critiques ». Dans cette perspective, un pré-accord a été paraphé le 1er août dernier par les deux parties.
« Reposant sur une base de paix, le Cadre d’intégration économique régionale ouvre la voie à une augmentation des investissements américains tout en consolidant la stabilité dans une région longtemps exploitée par des entreprises chinoises, tirant profit de l’instabilité et des minerais de conflit », souligne SAFE.
En parallèle, Kinshasa et Washington discutent d’un accord bilatéral spécifique sur les minerais stratégiques, destiné à contrer l’influence chinoise. Déjà, plusieurs entreprises américaines sont actives en RDC, à l’image de KoBold Metals (exploration minière) et Starlink (Internet par satellite). D’autres membres du Fortune 500 manifesteraient également leur intérêt pour les minerais congolais.
Boaz Kabeya
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Dans un rapport publié le 28 août 2025, le Forum économique mondial (WEF) cite un financement structuré par Rawbank en République démocratique du Congo (RDC) comme un exemple de solution permettant de développer l’exploitation des minerais critiques pour la transition énergétique, tout en respectant les standards mondiaux de gestion des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
« Rawbank a joué un rôle de premier plan dans le financement du projet cuprifère Kamoa-Kakula en RDC, en contribuant à organiser un prêt syndiqué de 400 millions de dollars avec ses partenaires ABSA, Africa Finance Corporation (AFC) et First Bank DRC. L’accord respectait les normes internationales tout en intégrant des exigences ESG et de contenu local, y compris le rapatriement de 60 % des revenus en RDC », souligne le document élaboré avec la participation de la Banque de développement d’Afrique australe et de McKinsey & Company.
Par cette opération, Rawbank a confirmé son statut de leader bancaire en RDC en s’aventurant pour la première fois sur ce type de structuration. « Cet accord établit un précédent pour d’autres institutions financières africaines, qui pourront, à l’avenir, mettre en place des prêts syndiqués complexes de ce genre, augmentant ainsi la disponibilité de financements pour le secteur minier », note le rapport.
Concrètement, la banque a veillé à ce que le financement respecte les normes ESG de la Société financière internationale (IFC) et du Conseil international des mines et métaux (ICMM), la norme mondiale de gestion des résidus miniers (GISTM), ainsi que les pratiques d’exploitation minière durable et la législation congolaise.
En matière de contenu local, le rapport du WEF souligne également que Rawbank a pris l’initiative d’intégrer des fournisseurs congolais, tels que Pacific Logistics, au projet. Cette approche a permis de garantir le respect de l’article 108 du Code minier de la RDC, qui impose le traitement des minerais sur le territoire national, une participation congolaise au capital des entreprises de transformation et la limitation de la sous-traitance aux sociétés locales.
Au final, ce financement a contribué à l’atteinte de l’objectif fixé par Kamoa Copper, filiale locale de la holding majoritairement détenue par le canadien Ivanhoé Mines et le chinois Zijin Mining, d’atteindre une capacité de production de 600 000 tonnes de cuivre par an.
Le WEF rappelle toutefois que le financement d’une exploitation durable des minerais critiques en Afrique australe se heurte encore à de nombreux défis : coûts élevés, risques géopolitiques, exigences réglementaires strictes et nécessité d’intégrer pleinement les pratiques ESG. L’institution plaide ainsi pour une stratégie cohérente, visant à harmoniser les réglementations, renforcer la confiance des investisseurs et accélérer la création de chaînes de valeur locales dans l’exploitation des minerais de transition.
Georges Auréole Bamba
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La société américaine KoBold Metals a annoncé, le 27 août 2025, avoir obtenu sept permis de recherche minière en République démocratique du Congo (RDC), rapportent plusieurs agences de presse internationales. Selon les données publiées sur le site du Cadastre minier (CAMI), quatre permis sont situés dans le territoire de Manono, dans la province du Tanganyika, et trois autres à Malemba Nkulu, dans la province du Haut-Lomami.
L’accord de principe signé en juillet dernier entre la RDC et l’entreprise, soutenue par Bill Gates et Jeff Bezos, l’autorise à lancer un programme d’exploration à grande échelle. À la suite de cet accord, KoBold avait déposé une demande de permis de recherche couvrant une superficie de 1 600 km².
Conformément aux articles 50 et 52 du Code minier congolais, le permis de recherche est valable cinq ans et confère à son titulaire un droit exclusif d’effectuer, dans le périmètre défini, des travaux sur les substances minérales concernées. Le règlement impose en outre que les travaux commencent dans un délai d’un an à compter de la délivrance du certificat de recherches.
Les permis accordés à KoBold couvrent une douzaine de minerais, dont le lithium, le coltan et les terres rares. Toutefois, un responsable de l’entreprise américaine cité par Reuters précise que les efforts d’exploration seront concentrés sur le lithium. Le site de Manono abrite en effet un gisement considéré comme l’un des plus importants au monde. Une partie du site reste cependant au cœur d’un litige.
Contrer l’influence chinoise
La compagnie australienne AVZ Minerals affirme que l’État congolais a illégalement mis fin à ses droits sur un permis couvrant une section du site, détenus initialement en partenariat avec la société publique Cominière. AVZ a engagé une procédure d’arbitrage international devant le CIRDI, gelée un temps en vue d’un règlement amiable, mais reprise en juin dernier.
Selon l’accord de principe conclu en juillet, il revient à KoBold de trouver une issue à ce différend. Dans cette perspective, KoBold et AVZ ont annoncé, le 6 mai, un accord-cadre prévoyant la cession par AVZ de ses intérêts commerciaux dans le gisement de Manono à une « juste valeur ». Le 21 juillet, réagissant à l’accord de principe entre la RDC et Kobold, AVZ a confirmé que les discussions restaient en cours.
Une autre partie du gisement est déjà sous le contrôle du groupe chinois Zijin Mining, détenteur d’un permis d’exploitation sur la zone nord-est. Selon son rapport annuel 2024, les recherches préliminaires y ont identifié 2,62 millions de tonnes d’oxyde de lithium à une teneur moyenne de 1,5 %, soit environ 6,47 millions de tonnes d’équivalent carbonate de lithium. Zijin prévoit de démarrer la production au premier trimestre 2026.
L’octroi de permis à KoBold intervient dans un contexte de rapprochement stratégique entre Kinshasa et Washington. Les gouvernements congolais et américains ont engagé des discussions visant à associer concessions minières et soutien sécuritaire, alors que Washington cherche à réduire la dépendance de ses industries face à la domination chinoise sur les chaînes d’approvisionnement en minerais stratégiques. Le lithium, essentiel à la fabrication des batteries pour véhicules électriques, se trouve au cœur de ces enjeux.
Timothée Manoke, stagiaire
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Dans un communiqué daté du 20 août 2025 et signé par son directeur général, Popol Mabolia Yenga, le Cadastre minier (CAMI), organe chargé de la gestion du domaine minier en République démocratique du Congo (RDC), a rappelé aux titulaires de droits miniers leurs obligations réglementaires liées au démarrage des travaux.
Le document est accompagné d’une liste de 93 titres menacés d’annulation pour non-respect de ces dispositions légales. Sur ce total, 55 concernent des permis de recherche et 33 des autorisations d’exploitation. La liste inclut des acteurs de premier plan. Parmi eux, Tenke Fungurume Mining, avec deux titres couvrant six carrés miniers dans la province du Lualaba (territoire de Lubudi), et la Cimenterie de Lukala (Cilu), citée pour un titre portant sur cinq carrés miniers situés dans le territoire de Songolo, dans le Kongo Central.
Le CAMI s’appuie sur les articles 387 et 391 du Règlement minier, qui imposent aux titulaires de droits miniers et de carrières de fournir la preuve du commencement des travaux dans les délais prescrits : un an pour les permis de recherche, à compter de la délivrance du certificat, et de un à trois ans pour les autorisations d’exploitation, selon le cas, à partir de la délivrance du titre.
Tout manquement expose les opérateurs à la déchéance de leurs droits, suivie d’une annulation définitive après constat et instruction. Le Code minier prévoit par ailleurs que tout titulaire déchu est interdit d’obtenir de nouveaux droits miniers ou de carrières pendant une période de cinq ans.
Cette mise en garde intervient dans un contexte de fermeté accrue dans la gestion du domaine minier congolais. Le 4 août 2025, le CAMI avait déjà présenté au ministre des Mines son rapport d’assainissement du fichier cadastral, faisant état de la libération de 594 titres miniers et de carrières représentant 37 253 carrés miniers, soit 31 648 km² remis à disposition pour de nouveaux investisseurs. Le rapport signalait également la régularisation de 210 droits jusque-là en situation de force majeure, reclassés comme actifs et de nouveau soumis à leurs obligations fiscales, sociales et techniques.
En 2024 déjà, le processus d’assainissement avait conduit à l’annulation de plus de 1 000 titres non conformes, permettant au CAMI de réaliser 185,05 % de ses prévisions budgétaires au premier trimestre de cette année-là.
Timothée Manoke, stagiaire
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La société japonaise Solafune est désormais liée au Service géologique national du Congo (SGNC) par un accord définitif. Le document a été signé, en présence du ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, en marge de la 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), ont annoncé le 23 août 2025 les services de communication du ministère des Mines.
Cet accord, qui fait suite au protocole d’entente conclu en juillet dernier, n’a pas été rendu public. Mais selon le ministère des Mines, la première phase du partenariat, « qui démarre immédiatement », introduit en RDC une plateforme intégrant la technologie de télédétection satellitaire et géospatiale, couplée à l’intelligence artificielle. Objectif : doter les géologues congolais d’outils modernes pour améliorer la connaissance du sous-sol national, dont près de 90 % reste encore inexploré.
Pour le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, l’introduction de cette innovation marque « une étape décisive dans le transfert de technologie » au profit des services techniques nationaux. Il a exhorté le SGNC à exploiter pleinement ces outils afin d’élargir la cartographie et de faciliter la découverte de nouveaux gisements à travers le pays.
Solafune s’implante dans un contexte où l’exploration minière en RDC s’oriente de plus en plus vers l’utilisation de technologies de pointe. La société américaine KoBold Metals s’apprête déjà à exploiter les données satellitaires et l’intelligence artificielle pour explorer le sous-sol congolais. Soutenue par Jeff Bezos et Bill Gates, elle a déposé auprès du Cadastre minier congolais (CAMI) une demande de permis de recherche couvrant une superficie de 1 600 km². KoBold a également conclu un accord avec le CAMI pour numériser les archives géologiques conservées au Musée royal d’Afrique centrale.
Ronsard Luabeya
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La société Kipushi Corporation (KICO), détenue à 62 % par Ivanhoe Mines et à 38 % par la Gécamines, a attribué des contrats de sous-traitance à 19 entreprises congolaises, lors d’une cérémonie supervisée, le 11 août 2025, par Miguel Kashal Katemb, directeur général de l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP).
Ces entreprises interviennent dans des secteurs tels que la sécurité et le gardiennage, la restauration, le financement et la fourniture pour le secteur minier, l’assainissement et le développement communautaire, ainsi que dans des activités diverses comprenant l’intérim, l’ingénierie industrielle, la distribution de carburants et le commerce de biens variés.
Selon l’ARSP, deux nouvelles entreprises locales devraient prochainement rejoindre la chaîne de sous-traitance : une société de production d’eau minérale et une minoterie, toutes deux dirigées par des ressortissants de Kipushi. Elles signeront leurs contrats dans les prochains jours.
En 2024, le secteur privé congolais avait obtenu près de 2,044 milliards dollars de contrats de sous-traitance, selon un rapport partiel publié en mars 2025. Ce rapport recensait 1 282 contrats conclus avec 797 sous-traitants. KICO y figurait parmi les acteurs majeurs, avec 478 contrats signés avec 132 sous-traitants, pour une valeur estimée à 279 millions de dollars.
Relancée en 2024 après 33 ans d’arrêt, KICO exploite une mine de zinc à très haute teneur dans la cité de Kipushi, province du Haut-Katanga, dans le cadre d’un partenariat entre Ivanhoe Mines et la Gécamines. Au premier trimestre 2025, l’entreprise a exporté 86 362 tonnes de zinc pour une valeur d’environ 57 millions dollars. Sa capacité de production mensuelle est de 45 000 tonnes, soit un potentiel annuel de 540 000 tonnes.
Ronsard Luabeya
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La Coopérative des artisanaux miniers du Congo (CDMC) réfute « catégoriquement » tout lien avec les activités d’un groupe armé ou la contrebande de minerais, a-t-elle déclaré dans un communiqué cité par l’agence de presse américaine Bloomberg. Dans ce document, signé par son président-fondateur Serge Mulumba Kalambay (photo), la société minière congolaise estime que les sanctions américaines prises contre elle relèvent d’un complot visant à la dépouiller de ses actifs miniers.
Le 12 août 2025, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain a annoncé, dans un communiqué, des sanctions contre quatre entités « liées à la violence et à l'exploitation minière illégale » à Rubaya, vaste zone riche en minéraux essentiels utilisés dans l'électronique moderne, située à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Sont visés : le groupe armé Coalition des patriotes résistants congolais – Force de frappe (PARECO-FF), la CDMC et les entreprises chinoises East Rise Corporation et Star Dragon Corporation.
Selon l’OFAC, le PARECO-FF, qui a contrôlé des sites miniers à Rubaya entre 2022 et mars 2024, a généré des revenus en supervisant les opérations minières, en collectant des taxes et impôts illégaux auprès des mineurs et en se livrant à la contrebande de minerais, tout en imposant le travail forcé et en exécutant des civils. La CDMC est accusée d’avoir acheté des minerais issus des zones sous contrôle de ce groupe armé, puis de les avoir revendus à East Rise et Star Dragon, toutes deux enregistrées à la même adresse dans le district central de Hong Kong.
La CDMC affirme être le « détenteur légal et enregistré » de la concession incluant Rubaya, mais soutient avoir suspendu tous ses achats en 2023 en raison de l’insécurité. « Nous ne sommes pas les auteurs, mais les principales victimes », a déclaré l’entreprise. Elle accuse par ailleurs certains responsables congolais, « soutenus par des canaux diplomatiques et financiers opaques », de mener « un effort coordonné pour saper » la propriété de son permis minier à Rubaya.
Menaces américaines
« Le commerce des minerais de conflit fait des ravages parmi les civils congolais, alimente la corruption et empêche les entreprises respectueuses de la loi d'investir en RDC », a déclaré John K. Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé de la lutte contre le terrorisme et du renseignement financier. « Le département du Trésor n'hésitera pas à prendre des mesures contre les groupes qui empêchent les États-Unis et leurs alliés d'accéder aux minerais essentiels à notre défense nationale », a-t-il ajouté.
Les États-Unis ne cachent pas leur intérêt pour les minerais congolais. Washington et Kinshasa discutent actuellement d’un accord spécifique sur les minerais stratégiques. L’administration Trump s’emploie également à trouver une solution au conflit dans l’est de la RDC. Après avoir facilité l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, signé le 27 juin 2025, elle œuvre à la conclusion d’un accord de coopération entre les deux pays, destiné notamment à formaliser les chaînes d’approvisionnement en minerais.
Ces sanctions entraînent le gel de tous les avoirs détenus aux États-Unis par les entités visées. Les personnes et entreprises américaines se voient également interdire toute transaction avec elles. East Rise, qui commerce encore des produits miniers de RDC, et Star Dragon s’exposent ainsi à la saisie de toute cargaison leur étant liée dès lors qu’elle transiterait par un port utilisant le dollar, y compris en RDC.
L’OFAC précise que ces mesures peuvent aussi concerner des entités détenues à plus de 50 % par des personnes sanctionnées. Détenue à 70 % par la CDMC, la société Congo Fair Mining (CFM) est ainsi dans le viseur. Créée en 2020 en partenariat avec l’entreprise publique Sakima (30 % du capital), CFM a pour objectif de transformer localement les minerais de 3T (tantale, étain et tungstène).
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya
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La mine de Kibali, située dans la province du Haut-Uélé en République démocratique du Congo (RDC), a produit 306 666,6 onces (soit 8 693,8 kg) d’or au premier semestre 2025, selon les données publiées le 11 août 2025 par Barrick Mining, opérateur du site. Cette production est inférieure aux objectifs fixés pour l’année.
Pour l’ensemble de 2025, Barrick table sur une production comprise entre 688 000 et 755 000 onces, soit une moyenne semestrielle attendue de 344 000 à 377 500 onces. Avec 306 666,6 onces à fin juin, Kibali est en dessous de la borne basse de cette fourchette.
La production recule également d’environ 13 % par rapport à la même période en 2024, où elle avait atteint 351 111 onces. AngloGold Ashanti, qui détient 45 % de la mine, tout comme Barrick Mining, explique cette baisse principalement par des teneurs plus faibles : « Les difficultés opérationnelles ont réduit la quantité de minerai souterrain disponible pour traitement, augmentant le recours au minerai de fosse à ciel ouvert, de qualité inférieure », précise l’entreprise dans son communiqué du 1ᵉʳ août.
Pourtant, lors de la publication des résultats du premier trimestre, Barrick Mining prévoyait « des teneurs plus élevées pour plus tard dans l’année, principalement grâce à l’exploitation souterraine ». Ce scénario ne s’est pas encore matérialisé.
En 2024, la production de Kibali avait déjà reculé de 10 % en raison de la baisse des teneurs, pour atteindre 688 000 onces. Malgré ce repli, la mine avait généré un chiffre d’affaires estimé à 702,2 millions de dollars, augmentant de 30 % sa contribution aux revenus de Barrick Mining.
Cette progression s’expliquait par l’envolée des cours de l’or, une tendance qui se poursuit. Barrick affiche un prix moyen de vente de 3 099 dollars l’once au premier semestre 2025, contre 2 213 dollars un an plus tôt. Le métal jaune, porté par les tensions géopolitiques et la forte demande pour les valeurs refuges, a franchi à nouveau le seuil des 3 500 dollars l’once début août. Des analystes de la firme canadienne Fidelity anticipent même un prix de 4 000 dollars l’once d’ici la fin de l’année.
Pierre Mukoko
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