Pour assurer le fonctionnement optimal du complexe cuprifère de Kamoa-Kakula, en République Démocratique du Congo (RDC), « Ivanhoe Mines explore des options pour les futures importations d’hydroélectricité depuis l’Angola », informe l’entreprise dans un communiqué publié le 8 janvier 2025. Basée au Canada, Ivanhoe Mines est l’opérateur de cette mine qu’elle détient à 39,6 %. Les autres actionnaires sont Zijin Mining Group (39,6 %), Crystal River (0,8 %) et l’État congolais (20 %).
À en croire la compagnie, cette importation pourrait être possible d’ici 2030 grâce à la construction d’une ligne haute tension de 2 000 MW. Cette infrastructure permettra de transporter l’électricité produite par les barrages hydroélectriques situés dans le nord de l’Angola vers la Copperbelt de la RDC et de la Zambie.
Le projet est porté par Trafigura et ProMarks. Ces entreprises, basées respectivement à Genève, en Suisse, et à Luanda, en Angola, ont signé, le 4 juillet 2024, un protocole d’accord (MoU) avec le gouvernement angolais pour étudier la viabilité technique et économique du projet. Elles devraient, à l’avenir, créer une coentreprise pour développer, financer, construire et exploiter cette ligne de transport d’électricité.
« Le projet devrait être financé par une combinaison de capitaux propres et de dettes. La planification, les approbations et la construction prendraient environ quatre ans après la décision finale d’investissement », précise Ivanhoe Mines.
Pour faire fonctionner à pleine capacité le complexe cuprifère de Kamoa-Kakula (phases 1, 2 et 3 ainsi que la fonderie), Ivanhoe Mines indique avoir besoin d’environ 240 MW. Actuellement, elle utilise 90 MW d’hydroélectricité domestique et importée et dispose de 160 MW de capacité de secours générée par des groupes électrogènes diesel. Faute d’électricité suffisante, l’entreprise envisage de retarder jusqu’à trois mois la mise en chauffe de la fonderie de cuivre, initialement prévue pour entrer en activité en mars 2025.
Face à cette situation, Ivanhoe Mines travaille donc à augmenter ses capacités d’approvisionnement, notamment en électricité verte, moins coûteuse et moins polluante. Pour cela, elle explore aussi bien des solutions internes qu’externes.
L’entreprise fonde, par exemple, beaucoup d’espoir sur la mise en service de la turbine n° 5 de la centrale hydroélectrique d’Inga II, d’une capacité de production de 178 MW. Cette mise en service devrait débuter au deuxième trimestre de cette année. « Kamoa-Kakula devrait se voir attribuer initialement 70 MW supplémentaires d’hydroélectricité à partir du réseau au cours de cette période, avec une augmentation progressive jusqu’à 178 MW à mesure que les initiatives d’amélioration du réseau seront achevées », indique Ivanhoe Mines.
Par ailleurs, Ivanhoe Mines prévoit, à moyen terme, de renforcer ses importations d’électricité en se tournant vers l’Angola. Ce pays dispose, selon la Banque africaine de développement, de 1,5 GW d’énergie hydroélectrique propre inutilisée. D’ici 2027, cette capacité devrait atteindre 3,5 GW, selon la même source. Sun Africa construit actuellement en Angola un parc solaire de 700 MW grâce à un financement de la Banque d’exportation et d’importation des États-Unis (EximBank).
Pour développer des lignes de transport transfrontalières et domestiques qui aideront à intégrer l’Angola aux pools d’énergie d’Afrique australe et centrale, et à fournir de l’électricité au corridor transafricain de Lobito, les États-Unis prévoient d’établir un partenariat formel avec la Société nationale de transmission d’électricité angolaise.
Aboudi Ottou
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