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Cobalt : la RDC fixe ses quotas d’exportation, le chinois CMOC sous pression

Cobalt : la RDC fixe ses quotas d’exportation, le chinois CMOC sous pression

L’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) a annoncé, le 20 septembre 2025, la fin de la suspension temporaire des exportations de cobalt à partir du 16 octobre 2025. Dès cette date, un système de quotas sera appliqué « jusqu’à nouvel ordre ».

Selon la décision prise par le conseil d’administration, pour le dernier trimestre 2025, un volume maximal de 18 125 tonnes de cobalt sera autorisé à l’exportation : 3 625 tonnes en octobre, puis 7 250 tonnes en novembre et en décembre.

Le dispositif sera prolongé en 2026 et 2027, avec un plafond annuel de 87 000 tonnes d’exportations directes des compagnies minières, auquel s’ajouteront 9 600 tonnes de quotas dits « stratégiques », attribués à la seule discrétion de l’ARECOMS. Les exportations annuelles ne dépasseront donc pas 96 600 tonnes, soit un volume comparable à celui de 2020, avant la flambée des prix internationaux, culminant à 85 524 dollars la tonne en mai 2022.

Certaines entités seront néanmoins exemptées du système de quotas. Il s’agit des entreprises ayant vendu moins de 100 tonnes en 2024 (New Minerals Investment, Metal Mines, Excellen Minerals SARL, Divine Land Mining SARL, CNMC Congo Compagnie et HMC), à l’exception de l’Entreprise générale du cobalt (EGC), chargée de commercialiser la production artisanale. Sont également exemptées les entreprises disposant d’une raffinerie de cobalt mais n’ayant pas exploité de mine au cours des cinq dernières années, ainsi que celles dont les réserves de cobalt sont épuisées.

CMOC sous pression

Selon l’ARECOMS, le quota de base sera attribué aux entreprises en fonction de leur volume historique d’exportation, à l’exception de l’EGC et de la Société du Terril de Lubumbashi (STL), qui feront l’objet d’un traitement spécifique. Les volumes non utilisés du quota de base seront réattribués au quota stratégique, et ces quotas pourront être révisés trimestriellement en cas de déséquilibre significatif du marché mondial.

« Les conditions d’obtention et d’attribution des quotas seront détaillées dans une décision spécifique qui sera notifiée aux acteurs du marché », précise le communiqué. Le texte mentionne toutefois plusieurs éléments : règlement des droits de régulation et de contrôle, mise en place d’un système de prépaiement des contributions dues à l’État et adoption de nouvelles modalités et formulaires d’exportation.

La mesure met immédiatement sous pression le chinois CMOC, dont les deux filiales congolaises (Tenke Fungurume et Kisanfu) ont exporté ensemble 95 779 tonnes en 2024, soit presque la totalité des volumes désormais autorisés pour l’ensemble du secteur en 2026 et 2027. L’entreprise, soutenue par son principal actionnaire CATL, dépend fortement du cobalt pour répondre à la demande croissante des véhicules électriques et autres applications industrielles en Chine. Sa filiale IXM, négociant en métaux, avait d’ailleurs déclaré le 30 juin dernier un cas de force majeure sur ses contrats de fourniture de cobalt, après la prolongation de l’embargo en RDC.

Glencore, propriétaire à 75 % de Kamoto Copper Company, se trouve dans une situation différente. Sa production exportée a atteint environ 31 000 tonnes en 2024, avec une prévision de 45 000 tonnes pour 2025. Le groupe reconnaît l’impact de la suspension sur ses résultats, mais se dit favorable à une régulation qui, selon lui, mettra fin aux ventes désordonnées et ramènera une meilleure cohérence entre offre et demande. Sa diversification multi-métaux (cuivre, zinc, nickel) lui offre également une meilleure résilience face aux cycles baissiers du cobalt.

Un impact international majeur

Les petits producteurs, une quarantaine dépassant le seuil de 100 tonnes par an, apparaissent comme les plus fragilisés. Obligés de partager un quota limité, ils pourraient rapidement rencontrer des difficultés financières. Cette contrainte pourrait favoriser un mouvement de consolidation du secteur congolais, par fusions et acquisitions, au profit des acteurs les plus solides. Toutefois, l’ARECOMS pourra organiser l’achat des stocks excédentaires détenus par une entreprise dépassant son quota trimestriel.

À l’échelle mondiale, l’impact est considérable. La Chine seule devrait consommer environ 47 000 tonnes de cobalt en 2026 et 51 000 tonnes en 2027 pour répondre aux besoins de ses véhicules électriques, sans compter l’aéronautique et les énergies renouvelables. Les quotas congolais risquent de renforcer les contrats bilatéraux de long terme et de réduire la liquidité du marché spot, au détriment d’acheteurs coréens, japonais ou européens.

À court terme, CMOC subit de plein fouet cette nouvelle donne, tandis que Glencore dispose de marges de manœuvre. À moyen terme, les petits producteurs devront soit disparaître, soit être absorbés. Et à long terme, la RDC s’affirme comme un véritable arbitre du marché mondial du cobalt, capable de remodeler les rapports de force entre pays producteurs et puissances industrielles consommatrices.

Derrière cette régulation, plusieurs objectifs se dessinent. Officiellement, il s’agit de stabiliser le marché et d’éviter les excès d’offre qui ont entraîné une accumulation de stocks. Mais Kinshasa entend aussi utiliser ce levier pour pousser à une industrialisation locale, en conditionnant potentiellement l’accès aux quotas stratégiques à des investissements dans la transformation et la fabrication de batteries en RDC.

Georges Auréole Bamba

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