La banque suisse UBS prévoit un prix moyen du cuivre de 10 500 $ la tonne pour 2025, surpassant les 10 160 $ annoncés par Goldman Sachs dans ses récentes prévisions revues à la hausse. Cette nouvelle estimation, relayée par Agence Ecofin, reflète un optimisme accru chez les analystes du marché du cuivre, dont la République démocratique du Congo (RDC) a été le deuxième producteur mondial en 2023.
Dans le détail, les raisons avancées par les analystes d’UBS pour justifier leur prévision comprennent une offre restreinte face à une demande croissante, notamment pour les véhicules électriques, les énergies renouvelables et les centres de données. Ils anticipent un déficit de plus de 200 000 tonnes sur le marché en 2025, et une hausse du prix qui devrait grimper à 11 000 $ la tonne en 2026.
Il faut rappeler qu’au moment de relever ses prévisions de prix pour le cuivre la semaine dernière, la banque américaine Goldman Sachs avait de son côté cité comme principal facteur l’impact positif des récentes mesures de relance économique en Chine sur la demande du métal. Plus tôt ce mois, le cabinet d’analyse Fastmarkets a estimé que les prix du cuivre devraient atteindre en moyenne 10 265 dollars la tonne au cours du dernier trimestre de 2024, avec comme raisons les mesures de relance en Chine, mais également la baisse des taux d’intérêt décidée par la Réserve fédérale américaine.
Les prévisions des divers analystes susmentionnés sont supérieures au prix prévu dans le projet de loi de finances de la RDC où le pays table sur une tonne de cuivre à 7 909,57 $. Une éventuelle hausse du prix du cuivre en 2025 ne sera néanmoins pas le seul facteur qui déterminera une croissance des recettes publiques générés. Il faut prendre en compte l’évolution de la production et la nature et les termes des contrats entre l’État et les entreprises minières, ainsi que ceux entre ces entreprises et leurs clients.
LNK
Lire aussi :
Prix du cuivre : les prévisions de Goldman Sachs dépassent de 2250 $ celles du budget 2025 de RDC
Le marché mondial du cobalt devrait bien connaître un excédent en 2024, indique un nouveau rapport publié le 28 octobre 2024 par Cobalt Institute. Cette prévision intervient alors que la compagnie chinoise CMOC, opérant en République démocratique du Congo (RDC), avait indiqué, en août dernier, que « le taux de croissance de l’offre sur le marché va progressivement ralentir au second semestre 2024, ce qui permettra d’atténuer efficacement la pression sur le marché ».
Selon les analystes du Cobalt Institute, le principal facteur expliquant l’excédent attendu sur le marché serait une hausse de la production sur un actif appartenant à CMOC (premier producteur mondial), en l’occurrence la mine Kisanfu en RDC. Cette dernière devrait produire 23 000 tonnes de cobalt en plus par rapport à 2023, alors que les volumes de la mine Tenke Fungurume (également détenue en RDC par CMOC) devraient augmenter de 14 000 tonnes. En dehors de la hausse de l’offre congolaise, l’autre grand facteur mis en avant est une demande plus faible, notamment dans le secteur des véhicules électriques (VE), où un ralentissement de la croissance des ventes est prévu en 2024 par l’AIE.
Il faut rappeler qu’alors que plusieurs sources rapportaient en août 2024 qu’une surabondance de l’offre sur le marché a fait chuter les prix du cobalt pratiquement à leurs plus bas niveaux depuis 8 ans, les analystes de CMOC avaient fait une sortie optimiste. Ils avaient indiqué que les prix du cobalt à moyen et long terme devraient s’améliorer sous l’effet combiné de l’offre et de la demande. « La demande de cobalt dans le secteur des batteries de VE devrait augmenter en raison d’une augmentation du taux de pénétration de ce type de véhicules en Chine et dans le monde », avaient-ils indiqué, précisant que la demande de cobalt dans les secteurs traditionnels tels que l’aérospatiale et les applications de défense nationale devrait continuer d’augmenter.
Selon le Cobalt Institute, le marché du cobalt devrait rester excédentaire en 2025, alors que les analystes de Commodity Insights prévoient un excédent jusqu’en 2028. Cela pourrait maintenir les prix du cobalt à leurs niveaux actuels, voire en deçà, loin des records à plus de 80 000 dollars la tonne enregistrés en 2022.
À la bourse des métaux de Londres, le prix de la tonne de cobalt pour livraison dans trois mois a baissé de 20 % depuis janvier 2024, se négociant à 24 300 dollars le 25 octobre. En septembre dernier, Fitch Ratings a estimé que le prix du cobalt devrait se négocier entre 25 000 et 26 000 dollars la tonne jusqu’en 2027.
Il est difficile d’évaluer précisément les conséquences de la baisse des prix du cobalt sur les recettes publiques de la RDC. Dans son projet de loi de finances pour 2025, le premier producteur mondial de cobalt, qui fournit plus de 70 % de l’offre mondiale, se montre optimiste et table sur un prix du cobalt à 28 007,73 dollars la tonne pour 2025, contre 28 250,67 dollars en 2024. En outre, la baisse des prix enregistrée en 2023 a été partiellement compensée par une augmentation de la production, qui est passée de 115 371 tonnes en 2022 à environ 153 000 tonnes l’année dernière.
Emiliano Tossou
Lire aussi :
Cobalt : le prix à son plus bas niveau depuis janvier 2016, en raison d’une offre excédentaire
Prix du cobalt : le Chinois CMOC, premier producteur mondial, optimiste
Les progrès du chinois CMOC en RDC soutiennent une hausse de 670% de son bénéfice net
La banque américaine Goldman Sachs a récemment rehaussé ses prévisions pour le prix du cuivre en 2025, portant le prix moyen attendu à 10 160 $ la tonne, contre 10 100 $ précédemment. Cette révision à la hausse est principalement justifiée par l’impact positif des récentes mesures de relance économique en Chine sur la demande du métal.
Il y a quelques semaines, le cabinet d’analyse Fastmarkets a estimé que les prix du cuivre devraient atteindre en moyenne 10 265 dollars la tonne au cours du dernier trimestre de 2024. Cette prévision prend en compte non seulement les mesures de relance en Chine, où un plan de 3,95 billions de yuans (560 milliards de dollars) a été annoncé en septembre pour contrer le ralentissement économique, mais également la baisse des taux d’intérêt décidée par la Réserve fédérale américaine.
Pour l’instant, il est encore difficile de se prononcer sur l’impact potentiel de ces prévisions (si elles se concrétisent) sur les revenus miniers de l’État de la République Démocratique du Congo (RDC), qui était le deuxième producteur mondial de cuivre en 2023. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte, notamment la nature et les termes des contrats entre l’État et les entreprises minières, ainsi que ceux entre ces entreprises et leurs clients, sans oublier les volumes de production de cuivre du pays.
Dans le projet de loi des finances 2025, présenté au Parlement, le gouvernement de la RDC prévoit un prix du cuivre à 7 909,57 $, après avoir noté que le cours du cuivre est passé de 8 726,9 $ la tonne au premier semestre 2023 à 9 215,84 $ la tonne sur la même période en 2024, ce qui représente une hausse de 5,6 %. On peut donc déjà constater que les prévisions de Goldman Sachs dépassent de 2 250,43 $ les hypothèses budgétaires de la RDC.
Début octobre, il convient de rappeler que la compagnie minière Ivanhoe Mines a revu à la baisse ses prévisions de production pour la plus grande mine de cuivre du pays, Kamoa-Kakula. La société évoque notamment l’instabilité du réseau électrique dans le sud comme l’une des raisons de cette révision. Ivanhoe vise désormais une production maximale de 450 000 tonnes de concentré de cuivre en RDC pour 2024, contre 490 000 tonnes dans ses prévisions initiales.
Cette mine fait partie des actifs qui ont permis à la RDC d’augmenter sa production et ses revenus extractifs ces dernières années. Bien que des mesures aient été annoncées pour résoudre le problème de l’approvisionnement électrique d’ici 2025, il reste à voir si elles seront mises en œuvre sans encombre, ainsi que les éventuels impacts sur la production de l’année prochaine.
Louis-Nino Kansoun
Lire aussi :
Mines : depuis la Chine, la RDC réitère son appel à investir dans la transformation locale
La RDC prévoit une croissance de 5,3 % de l’activité minière en 2025
Cuivre : l’État veut contrôler la vente de la production de la plus grande mine de RDC
Au 25 octobre 2024, le zinc se négociait à 3 070 $ la tonne à la London Metal Exchange (la plus importante bourse des métaux au monde), pour des achats prévus entre le 17 décembre 2024 et le 25 janvier 2025. Ce prix représente une hausse de 27 % par rapport au début de l'année et est le plus élevé depuis février 2023. Il dépasse également de 16,04 % l'estimation de 2 645,5 $ la tonne prévue dans l'étude de faisabilité de la mine de Kipushi, publiée en 2022.
Kipushi est actuellement la plus importante mine industrielle de zinc en RDC, avec des prévisions de production pour 2024 variant entre 50 000 et 70 000 tonnes, contre des exportations totales de 13 403 tonnes en 2023. Kipushi Corporation, qui détient les droits sur cette mine, est une coentreprise détenue à 62 % par Ivanhoe Mines, une société enregistrée au Canada, et à 38 % par l'entreprise publique congolaise Gécamines.
À première vue, le cours actuel du zinc laisse penser que l'État congolais, qui perçoit des revenus par le biais d'une redevance de 3,5 % sur 65 % des ventes de zinc de cette mine, de divers droits fixes, de l'impôt sur les bénéfices, ainsi que des dividendes versés à la Gécamines, pourrait bénéficier de recettes supplémentaires. Cependant, ces retombées dépendent des contrats d’achat, qui fixent le prix du minerai servant de base au calcul des recettes pour l’État. Car les producteurs de minerais, comme Kipushi Corporation, ne vendent pas directement leur production à la bourse notamment à London Metal Exchange.
Non publication des contrats d’achat
Le 2 juillet 2024, un contrat d’achat de la production de zinc de Kipushi a été signé avec Trafigura, un négociant en matières premières basé à Singapour, et Citic Metals Group, principal actionnaire d’Ivanhoe Mines avec une participation de 22,4 %. Cependant, les clauses de l’accord n’ont pas été divulguées, ce qui laisse dans l’ombre le prix auquel le zinc est vendu à ces deux sociétés. On sait néanmoins qu'au moment de l'annonce de la signature de ce contrat, le zinc se négociait à 2 896,5 $ la tonne à la London Metal Exchange.
Conscient de cet enjeu, l’État souhaite désormais s’impliquer davantage dans la sélection des acheteurs des minerais produits sur la mine de Kamoa-Kakula, qui est actuellement la deuxième plus grande mine de cuivre au monde avec une capacité de production de 600 000 tonnes par an. Concernant la mine de Kipushi, un accord signé en janvier 2024 permet à la RDC de progresser vers cet objectif à moyen terme. Cet accord prévoit une augmentation progressive de la participation et des droits de vote de la Gécamines.
Ainsi, la part de l'entreprise minière congolaise passera de 38 % à 43 % à partir du 25 janvier 2027, pour atteindre 80 % une fois que 2 millions de tonnes de minerais auront été extraites et traitées, tandis qu'Ivanhoe, actuellement actionnaire majoritaire, détiendra 20 %. Il est cependant important de noter que, selon l'étude de faisabilité qui prévoit un rendement uniquement pour le zinc de 41 % pour l’entreprise basée au Canada sur la durée de vie du projet (14 ans), Ivanhoe Mines devrait avoir amorti son investissement au bout de trois ans.
Les perspectives du marché restent toutefois incertaines : certains analystes anticipent que l'offre de zinc demeurera inférieure à la demande, ce qui devrait maintenir les prix à un niveau élevé. Cependant, sur la plateforme du London Metal Exchange, les achats prévus entre janvier 2025 et avril 2025 montrent une tendance baissière. Néanmoins, la mine de Kipushi bénéficie également de la production de germanium, dont le prix a doublé en 2024, offrant ainsi une source de revenus supplémentaire pour la RDC.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
La RDC prévoit une croissance de 5,3 % de l’activité minière en 2025
Cuivre : l’État veut contrôler la vente de la production de la plus grande mine de RDC
Zinc : les prévisions de production 2024 de la mine de Kipushi réduites de 50 %
En République démocratique du Congo (RDC), la Gécamines a transmis une offre de rachat des actifs de la société Chemaf Resources. Cette dernière pilote en RDC le projet Mutoshi et y développe depuis 2018 un complexe capable de livrer annuellement 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre. Face à des difficultés financières pour achever le projet, Chemaf a annoncé en juin 2024 un accord pour céder l’entreprise et toutes ses filiales, y compris Mutoshi, au groupe chinois Norin Mining. Opposée à la vente, la Gécamines a tôt fait d’indiquer début juillet son opposition à la transaction, soutenue ensuite par le gouvernement.
Redevenir un grand acteur du cuivre et du cobalt
Il faut dire que le permis d’exploitation minière du projet Mutoshi appartient en réalité à la compagnie congolaise, qui en a cédé le contrôle à Chemaf en 2015, pour un bail d’une durée de 25 ans. La Gécamines dispose à cet effet d’un « droit discrétionnaire d’approbation préalable » dont n’aurait pas tenu compte Chemaf avant de conclure la vente du projet. Après avoir obtenu l’annulation du deal avec Norin Mining, la Gécamines cherche donc désormais à reprendre la main sur le projet et sur les dizaines de licences de cuivre et de cobalt en attente d’être mises en valeur dans le portefeuille de Chemaf.
Pour le moment, les détails de l’offre transmise à Chemaf sont inconnus et la réussite du projet reste incertaine. Il faut néanmoins indiquer qu’elle intervient dans un contexte où la RDC affiche de plus en plus sa volonté de diversifier ses partenariats dans les minéraux stratégiques, dominés pour le moment par des entreprises chinoises ou à capitaux chinois. A titre illustratif, on peut citer le chinois CMOC, qui exploite en RDC deux mines qui lui ont permis de s’imposer en 2023 comme le premier producteur mondial de cobalt. De même, bien qu’Ivanhoe Mines, copropriétaire de la plus grande mine congolaise de cuivre, soit basé au Canada, elle est contrôlée à plus de 34 % par la China CITIC Bank et la compagnie chinoise Zijin Mining Group. Cette dernière, faut-il le souligner, est également copropriétaire de Kamoa-Kakula, avec 39,6 % de parts, tout comme Ivanhoe, contre une participation de 20 % pour la RDC.
Dans une interview en octobre 2024, le ministre congolais des Mines Kizito Pakabomba a indiqué que la RDC courtise actuellement de nouveaux investisseurs, y compris les Émirats arabes unis. Le pays veut « attirer de meilleurs investisseurs, plus d’investisseurs et des investisseurs diversifiés », a-t-il notamment déclaré, cité par Bloomberg. La plupart des mines de cuivre et de cobalt du pays sont en effet contrôlées par des sociétés chinoises ou liées à des intérêts chinois.
Un rôle actif dans la production et le négoce des métaux
La Gécamines a commencé par renégocier certains accords qui la lient aux entreprises chinoises. Après avoir bloqué pendant près d’un an les exportations de CMOC, la compagnie congolaise a obtenu en 2023 le droit d’acquérir un volume de production proportionnel à sa participation de 20 % dans la mine Tenke-Fungurume. L’entreprise publique a obtenu, en début d’année 2024, les mêmes droits sur la production de Sicomines, une coentreprise formée avec un consortium d’entreprises chinoises où elle détient 32 % de parts. La Gécamines négocie une clause similaire avec d’autres coentreprises où elle possède des parts. Parmi les principaux producteurs mondiaux de cuivre et de cobalt dans les années 80, l’objectif pour l’entreprise publique est de devenir un négociant clé de la production congolaise de cuivre et cobalt.
En septembre 2024, Bloomberg a ainsi rapporté la première commercialisation de cuivre par la Gécamines, grâce à l’accord signé avec CMOC. La compagnie congolaise a signé des accords de vente avec les négociants Glencore, Mercuria Energy Group et Trafigura Group, mais les quantités vendues restent inconnues. Tenke Fungurume dispose d’une capacité de production annuelle de 450 000 tonnes de cuivre et 37 000 tonnes de cobalt. Si l’installation tourne à plein régime cette année, la Gécamines devrait donc être en mesure de commercialiser directement 90 000 tonnes de cuivre et 7400 tonnes de cobalt.
Umicore and STL (Societé pour le Traitement du Terril de Lubumbashi) , subsidiary of Gécamines, have signed an exclusive, long-term partnership agreement whereby Umicore will support STL to valorize germanium from the Big Hill tailings site in Lubumbashi: https://t.co/RFWqpPd8NZ pic.twitter.com/avWPJtEtaa
— Umicore (@UmicoreGroup) May 8, 2024
Au-delà du cuivre et du cobalt, la Gécamines s’active aussi pour renforcer ses positions dans d’autres métaux. C’est le cas du germanium, avec la construction et la mise en service en 2023 d’une usine hydrométallurgique avec sa filiale STL. Grâce au traitement de résidus miniers issus du site dénommé « Big Hill » à Lubumbashi, la Gécamines entend assurer 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium, un métal essentiel notamment pour les semi-conducteurs et dont l’offre mondiale est dominée par la Chine.
Sur ce projet, la Gécamines s’est associée au Belge Umicore. Selon un accord annoncé en mai 2024 par les deux sociétés, Umicore sera un partenaire technique qui apportera son expertise pour raffiner localement les concentrés de germanium. Mi-octobre 2024, la Gécamines a annoncé la première expédition de germanium à destination de son partenaire belge.
« Ce premier chargement de germanium confirme l’ambition qui est la nôtre depuis plusieurs années de vouloir faire du Congo ce hub mondial des métaux stratégiques, tant pour leur extraction, ce que nous sommes déjà en partie, que pour leur transformation locale dans le futur », a déclaré le président de la Gécamines, Guy Robert Lukama.
#News - Ivanhoe Mines and Gécamines sign a new joint venture agreement to restart the ultra-high-grade Kipushi Mine, a century since first opening.
— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) January 16, 2024
👉https://t.co/H27OQnVlUP pic.twitter.com/AWFzdZ14jN
La Gécamines veut aussi devenir un acteur clé dans la production mondiale de zinc. En partenariat avec Ivanhoe Mines, elle a redémarré cette année la mine Kipushi, en sommeil depuis 1993, afin d’en faire l’une des dix plus grandes mines de zinc au monde. À son pic, Kipushi devrait livrer annuellement 278 000 tonnes de zinc, pour une production moyenne de 240 000 tonnes par an sur 14 ans.
Selon un accord signé en janvier dernier, la participation de la Gécamines dans le projet passera de 38 % actuellement à 43 % à partir du 25 janvier 2027. Elle atteindra ensuite 80 %, une fois que 2 millions de tonnes de minerais auront au moins été extraites et traitées, contre 20 % pour Ivanhoe, actuel actionnaire majoritaire.
Éviter les erreurs du passé
Menées à bien, les mesures prises ces dernières années par la RDC en matière de contrôle de ses richesses minières peuvent accroitre les retombées économiques tirées de l’exploitation minière. Outre les succès mentionnés plus haut, Kinshasa a obtenu, de la révision du contrat « mines contre infrastructures » (Socomines) avec la Chine, un investissement dans les infrastructures pouvant dépasser les 7 milliards de dollars et des royalties 1,2 % du chiffre d’affaires annuel de la Socomines. Dans le cadre de l’accord avec CMOC évoqué plus haut, la Gécamines a obtenu de son côté le paiement de 800 millions de dollars échelonné sur la période 2023-2028, en plus d’un minimum de 1,2 milliard de dollars de dividendes pour la durée de vie de Tenke Fungurume.
— SICOMINES S.A. (@SICOMINES) January 27, 2024
Les efforts congolais interviennent à un moment stratégique, car le pays attire plus que jamais l’attention des investisseurs et des États pour son potentiel en cuivre, cobalt, lithium, autant de métaux essentiels à la transition énergétique. Pour autant, le gouvernement et la Gécamines doivent éviter les écueils du passé. Ces erreurs qui comprennent des problèmes de gestion, des accords jugés défavorables à la RDC, la corruption ou encore des différends judiciaires avec les investisseurs étrangers ont contribué à réduire l’influence de la Gécamines au fil des années.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Cuivre : l’État veut contrôler la vente de la production de la plus grande mine de RDC
Germanium : la Gécamines lance les exportations depuis sa nouvelle usine
Cuivre : Glencore, Mercuria et Trafigura, premiers clients de la Gécamines
Projets d’infrastructures : 5,5 milliards $ attendus de la révision du contrat Sicomines
Mines artisanales : la RDC avance vers un modèle d’exploitation éthique et responsable
Lors du forum minier China Mining, tenu le 16 octobre 2024, l'ambassadeur de la République Démocratique du Congo (RDC) en Chine, François Balumuene, a invité les investisseurs à s'impliquer dans la production et la transformation locale des ressources, au-delà de la simple extraction.
« Nous avons mis en valeur tout le potentiel minier de notre pays afin d'inciter les investisseurs à venir non seulement pour extraire, mais surtout pour produire, transformer, et aller le plus loin possible vers le produit fini. Ce message vise à éveiller les consciences, car nous ne sommes plus une simple communauté d'extraction », a déclaré François Balumuene lors de son intervention, soulignant l'importance de créer plus de valeur ajoutée pour le peuple congolais.
La position exprimée par l'ambassadeur en Chine trouve un écho dans les récents propos du ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, lors de la dixième édition du Rebranding Africa Forum à Bruxelles, le 17 octobre 2024. Le ministre a souligné les conclusions d'un rapport publié en 2021 par BloombergNEF, commandé par plusieurs institutions de financement du développement en Afrique. Ce rapport indiquait clairement qu'il était plus compétitif d'investir dans la transformation des ressources minières de transition, telles que le cobalt et le cuivre, en RDC.
Selon le rapport, « la construction d'une usine de précurseurs de cathodes de 10 000 tonnes en RDC nécessiterait un investissement de 39 millions de dollars. Ce coût est trois fois moins élevé que celui d'une usine similaire aux États-Unis. La même usine en Chine et en Pologne coûterait respectivement 112 millions et 65 millions de dollars. »
L'ambition d'attirer des investisseurs pour la transformation locale des ressources s'étend également à la production de batteries au lithium. Lors de sa récente visite en Hongrie, le président Félix Tshisekedi était accompagné du directeur général de Congo Battery, soulignant ainsi l'intérêt de son gouvernement pour le développement de cette filière. La Hongrie, l'un des plus grands producteurs de batteries en Europe, pourrait jouer un rôle clé dans l'implantation de cette industrie en RDC.
Les discours officiels s'alignent sur l'objectif du gouvernement congolais de tirer parti de sa position de leader mondial dans la production de minerais stratégiques, essentiels à la transition énergétique. L'ambition est de bâtir une industrie locale robuste, capable de rivaliser avec les grandes nations de transformation comme la Chine.
Le message de François Balumuene est donc sans équivoque : la RDC aspire à transformer ses richesses minérales sur son propre sol, avec pour objectif ultime de faire bénéficier directement le peuple congolais des retombées économiques. Les investisseurs chinois, partenaires de longue date dans l'exploitation minière en RDC, ainsi que tous les autres investisseurs potentiels, sont invités à participer à cette nouvelle dynamique de transformation locale.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Tesla pris en référence pour le projet congolais de batteries électriques
Projet de raffinerie de cobalt de Lualaba : des investisseurs américains « fortement intéressés »
La Gécamines, société minière publique de la République Démocratique du Congo (RDC), prévoit d’exporter cette semaine un chargement de concentré de germanium provenant de sa nouvelle usine hydrométallurgique, mise en service en octobre 2023 par sa filiale STL. Selon la compagnie congolaise, cette production sera expédiée à Umicore en Belgique pour un traitement ultérieur et une commercialisation. En mai 2024, la société belge Umicore a signé un accord avec la Gécamines pour traiter le germanium issu du site de résidus miniers dénommé « Big Hill » à Lubumbashi.
« Ce premier chargement de germanium confirme notre ambition, qui est de faire du Congo un hub mondial des métaux stratégiques, tant pour leur extraction ce que nous sommes déjà en partie que pour leur transformation locale dans le futur », a commenté Guy Robert Lukama, président de Gécamines.
La RDC est en effet le premier producteur mondial de cobalt et le deuxième producteur mondial de cuivre. Le pays vise à fournir jusqu’à 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium grâce aux installations de STL. Actuellement, l’offre mondiale de ce métal, utilisé dans les semi-conducteurs, la fibre optique et les cellules solaires, est dominée par la Chine.
La valorisation du potentiel en germanium de la RDC devrait contribuer à accroître les recettes minières du pays, qui sont attendues à 14,82 billions de francs congolais (5 milliards de dollars) en 2025. Le secteur minier devrait ainsi représenter environ 30 % des revenus publics congolais l’année prochaine.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Cuivre : Glencore, Mercuria et Trafigura, premiers clients de la Gécamines
Ivanhoe Mines a abaissé ses objectifs de production pour l’année 2024 à la mine de Kipushi, en République démocratique du Congo (RDC), où l’entreprise minière détient 62 % des parts, contre 38 % pour l’État, représenté par la Gécamines. Selon un communiqué publié le 7 octobre 2024, les prévisions de production de cette mine passent d’une fourchette initiale de 100 à 140 mille tonnes à une nouvelle estimation comprise entre 50 et 70 mille tonnes de concentrés de zinc, soit une réduction de 50 %.
« Le passage à un taux de production annuelle stable du concentrateur de Kipushi, dépassant les 250 000 tonnes de concentrés de zinc, a été plus lent que prévu, en raison de trois principaux facteurs : tout d’abord, le minerai extrait du sommet du gisement et stocké présente une teneur en fer élevée, ce qui a eu un impact négatif sur les récupérations du concentrateur avant les ajustements de réactifs. Ensuite, l’alimentation du circuit de séparation par densité (DMS) contient une proportion de matériaux fins plus élevée que prévu, limitant ainsi le débit. Enfin, l’augmentation des besoins en énergie, passant de 5 MW utilisés pendant la construction à 18 MW pour les opérations, a révélé des goulets d’étranglement dans l’infrastructure locale du réseau électrique », a expliqué l’entreprise basée au Canada.
Ivanhoe affirme qu’un programme est en cours pour résoudre ces problèmes, sans toutefois fournir de taux de réalisation ni de délais de mise en œuvre.
Malgré ces difficultés, Kipushi a produit 17 817 tonnes de zinc au troisième trimestre 2024, et les premières exportations ont commencé vers la fin du trimestre, informe l’entreprise. Cependant, le chemin reste encore long pour atteindre la production moyenne annuelle de plus de 250 000 tonnes de concentrés de zinc attendue de cette mine.
ET
Lire aussi :
Ivanhoe Mines a revu à la baisse ses objectifs de production pour l’année 2024 à la mine de Kamoa-Kakula, en République démocratique du Congo (RDC), dont l’entreprise minière basée au Canada est un des principaux actionnaires. Selon le communiqué publié le 7 octobre 2024, les prévisions de production de cuivre pour l’année en cours passent d’une fourchette initiale de 440 à 490 mille tonnes à une nouvelle estimation comprise entre 425 et 450 mille tonnes de concentrés de cuivre.
Début septembre, l’entreprise se montrait pourtant optimiste. « Grâce aux améliorations continues du débit de traitement et à l’optimisation de la récupération du cuivre, consécutive à la mise en service des broyeurs fins du concentrateur de phase 3, Kamoa-Kakula prévoit de maintenir sa série de records de production et d’atteindre ses objectifs pour 2024, estimés entre 440 000 et 490 000 tonnes de cuivre », déclarait-elle à l’époque.
Grâce à la mise en service de la troisième usine de traitement en août dernier, la mine a atteint une production record de 116 313 tonnes de concentré de cuivre au troisième trimestre 2024. Ce résultat porte la production totale depuis le début de l’année à 303 328 tonnes, selon les données fournies par Ivanhoe.
Selon l’entreprise, les prévisions de production révisées de Kamoa-Kakula pour 2024 tiennent compte de la mise en service du concentrateur de phase 3, désormais proche de l’équilibre à la fin du troisième trimestre. Mais, elles « reflètent les pertes de production dues à l’intermittence de l’approvisionnement en électricité par le réseau, notamment avant l’installation de capacités de production supplémentaires sur site et les accords en cours pour l’importation d’électricité ». En outre, elles intègrent des « risques connus et inconnus, des incertitudes et d’autres facteurs qui peuvent entraîner une différence significative avec les résultats réels ». Du fait des problèmes d’électricité, la production a en effet baissé au premier semestre de 5 % (en glissement annuel) pour se situer à 187 015 tonnes.
En 2023, Kamoa-Kakula a produit un total de 393 551 tonnes de concentré de cuivre, soit une hausse de 18 % par rapport à l’année précédente. Cette dynamique positive devrait se poursuivre, bien que les prévisions de production pour 2024 aient été revues à la baisse. Ces prévisions restent supérieures à la production de 2023. Cette même année, les ventes ont dépassé les 2,7 milliards de dollars. On peut s’attendre à un chiffre d’affaires encore plus élevé en 2024, notamment en raison de la tendance haussière des prix du cuivre. Au premier semestre 2024, le prix moyen du cuivre a atteint 9 215,84 dollars la tonne, contre 8 726,9 dollars à la même période en 2023.
La mine de Kamoa-Kakula est détenue par Ivanhoe Mines (39,6 %), le groupe chinois Zijin Mining (39,6 %), Crystal River Global Limited des Îles Vierges britanniques (0,8 %) et l’État congolais via la Gécamines (20 %). Lors de la session ordinaire du 4 octobre 2024, le Conseil des ministres a « pris acte » de la volonté exprimée par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, d’impliquer davantage l’État congolais dans le processus de sélection des acheteurs du cuivre produit par cette mine, qui est non seulement la plus importante de RDC mais aussi la troisième plus grande mine de cuivre au monde.
Pierre Mukoko
Lire aussi :
Cuivre : l’État veut contrôler la vente de la production de la plus grande mine de RDC
Mines : Kamoa Copper signe pour 75 millions $ de contrats de sous-traitance
Instabilité électrique sur la mine Kamoa-Kakula : une solution annoncée pour fin 2025
Glencore a annoncé, le 8 octobre 2024, lors de sa 6e conférence annuelle à Kinshasa, le renouvellement des permis miniers de Kamoto Copper Company (KCC), il s’agit d’une coentreprise entre Glencore (75 %) et la Gécamines (25 %) qui exploite la mine de cuivre et de cobalt de Kamoto. La société anglo-suisse a salué ce renouvellement, présenté comme « une étape cruciale pour l’avenir de l’une des plus grandes mines de cuivre du pays ».
« En tant que l’une des rares grandes sociétés minières occidentales opérant en RDC, ce renouvellement témoigne des efforts soutenus du gouvernement congolais pour créer un environnement commercial propice aux investisseurs. », a déclaré Mark Davis, PDG de Glencore Copper Africa, cité dans un communiqué de Glencore publié dans la presse et authentifié par une source proche de l’entreprise. « Glencore est bien positionné au niveau mondial pour atteindre son objectif d’approvisionnement responsable en matières premières qui améliorent la vie quotidienne, et je suis convaincu que notre présence en RDC constitue un élément essentiel de notre activité à l’échelle mondiale », a-t-il ajouté.
Cette annonce intervient alors que Glencore est en conflit avec le gouvernement congolais, suite à la publication des résultats de production de la mine de Kamoto pour le premier semestre 2024. Sur la période, la mine a produit 88 000 tonnes de cuivre et 11 700 tonnes de cobalt. Et la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD) réclame à KCC le paiement de 895 millions de dollars de redevances impayées.
À ce jour, on ignore si le litige a été résolu. Lors de cette conférence annuelle, Glencore RDC s’est contenté de réaffirmer son engagement à collaborer étroitement avec les autorités nationales, les partenaires locaux et internationaux, ainsi qu’avec les communautés environnantes, « afin de construire un avenir meilleur et plus durable ». L’entreprise anglo-suisse a aussi affirmé que les paiements d’impôts et de redevances de KCC en RDC s’élèvent à 2,3 milliards de dollars entre 2021 et 2023.
Dans un message vidéo, diffusé à l’occasion, la Première ministre de la RDC, rapporte Glencore, a mis l’accent sur la nécessité d’adopter des pratiques minières responsables pour promouvoir un développement durable bénéfique aux populations congolaises.
Depuis 2007, Glencore est présent en RDC, où l’entreprise produit du cuivre et du cobalt à travers KCC et Mutanda Mining (MUMI), dont l’État congolais détient 5 % des parts. L’entreprise minière n’a pas précisé la durée des nouveaux permis.
Selon le rapport d’activités de Glencore pour le premier semestre 2024, KCC exploite la plus grande mine de cuivre et de cobalt du groupe en RDC, devant Mutanda. Sur les 100 600 tonnes de cuivre et 14 400 tonnes de cobalt produites par le groupe dans le pays durant cette période, KCC a contribué à hauteur de 88 % pour le cuivre et 81 % pour le cobalt.
Emmanuel Tumanjong
Lire aussi :
Exploitation de cobalt et cuivre : Glencore au cœur d’un litige de 895 millions $ en RDC
En 2025, la République démocratique du Congo (RDC) projette une croissance économique de 5,7 %, largement soutenue par une croissance de 5,3 % dans le secteur minier, selon les prévisions contenues dans le projet de loi de finances pour cette même année. Ce document prévoit également une augmentation des recettes liées à l’exploitation minière, renforçant le rôle du secteur dans le développement économique du pays.
Le texte prévoit des recettes minières s’élevant à 14,82 billions de francs congolais (environ 5 milliards de dollars), marquant une augmentation de 41 % par rapport aux prévisions de 2024. Cette hausse notable est principalement due à l’amélioration des recettes douanières et accises, avec une croissance estimée à 107,7 %, grâce à la suppression de certaines exemptions sur les frais de douane liés aux exportations de produits miniers. Les recettes fiscales et non fiscales devraient également augmenter, avec une progression de 16,8 % pour les impôts et de 42,4 % pour les recettes non fiscales. En conséquence, le secteur minier devrait représenter environ 30 % des recettes publiques totales en 2025, qui sont estimées à 49,8 billions de francs congolais (16,87 milliards de dollars).
Les autorités congolaises n’ont pas précisé les éléments concrets qui soutiendront la croissance de l’activité minière en 2025, mais il est possible de formuler certaines hypothèses basées sur les récents développements du secteur. En particulier, la production minière industrielle devrait continuer à croître grâce à l’expansion de la plus grande mine de cuivre du pays, Kamoa-Kakula. Avec sa capacité de production annuelle désormais portée à 600 000 tonnes de concentré, contre environ 400 000 tonnes prévues en 2024, cette mine joue un rôle clé dans l’augmentation continue de la production de cuivre en RDC.
La production de cuivre a connu une forte hausse ces dernières années, consolidant la position de la RDC en tant que deuxième producteur mondial de cuivre. En 2023, environ 2,8 millions de tonnes de cuivre ont été exportées. La firme de recherche BMI prévoit une augmentation de 4,5 % de cette production en 2024, poursuivant ainsi une tendance qui contribue directement à la croissance de l’industrie minière congolaise.
La RDC pourrait également enregistrer une augmentation notable de sa production de zinc en 2025 grâce à la mine Kipushi, mise en service en juillet. Avec une capacité annuelle de 278 000 tonnes de concentré de zinc, cette mine jouera un rôle crucial dans la diversification de la production minière du pays. En plus du zinc, la RDC pourra compter sur la contribution continue de la mine d’or Kibali, la plus grande d’Afrique, qui produit plus de 700 000 onces d’or par an.
Le cobalt, dont les exportations ont dépassé les 150 000 tonnes en 2023, restera également un acteur majeur dans la croissance du secteur minier. Par ailleurs, le gouvernement a octroyé cette année un permis minier pour l’exploitation du gisement de lithium de Manono, un projet stratégique qui pourrait attirer de nouveaux investissements en vue de lancer la production de ce minerai crucial pour l’industrie des batteries.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Cuivre : l’État veut contrôler la vente de la production de la plus grande mine de RDC
Zinc de Kipushi, le nouveau trésor de la RDC
Lithium de Manono : AVZ et le gouvernement discutent d’un règlement à l’amiable de leur différend
Mines : les revenus publics ont augmenté en RDC grâce au code de 2018, mais pas que…
La République démocratique du Congo (RDC) devrait bénéficier d’une nouvelle découverte de réserves d’or par Barrick Gold Corporation. Selon Mark Bristow, PDG de l’entreprise canadienne, ces réserves se situent dans la région de Kibali, à environ 150 kilomètres d’Arua, près de la frontière avec l’Ouganda.
Cette découverte offre des opportunités aux sous-traitants miniers, ainsi qu’aux gouvernements locaux et central. Elle pourrait en effet leur permettre de générer davantage de revenus grâce aux impôts et aux contrats d’infrastructure avec Barrick, qui envisage d’augmenter sa production d’or en RDC.
En 15 ans, la compagnie minière revendique avoir effectué des paiements totalisant 2,87 milliards de dollars aux entrepreneurs et aux fournisseurs locaux. À cela s’ajoutent 1,66 milliard de dollars en redevances, impôts et taxes, ainsi qu’un soutien à l’infrastructure et à la communauté s’élevant à 216 millions de dollars.
Pour l’instant, les détails spécifiques concernant les réserves restent confidentiels. Toutefois, leur exploitation pourrait propulser la RDC parmi les principaux producteurs et exportateurs d’or au monde.
Mark Bristow a affirmé que ces nouvelles réserves vont considérablement augmenter la production à Kibali, qui est déjà la plus grande mine d’or au monde. « La nouvelle cible ARK, située à 4 kilomètres de l’usine de traitement, a le potentiel de fournir un gisement à haute teneur de plusieurs millions d’onces », a déclaré le PDG.
En 2023, la République démocratique du Congo (RDC) se classait au 17e rang mondial des producteurs d’or, avec une légère augmentation de sa production par rapport à 2022. La production devrait croître de 0,88 % entre 2023 et 2027, selon les prévisions de Global Data.
Barrick Gold, qui détient la mine de Kibali, est une coentreprise détenue par Randgold (45 %), AngloGold Ashanti (45 %) et Sokimo (10 %).
Emmanuel Tumanjong
Lors de sa session ordinaire du 4 octobre 2024, le Conseil des ministres a « pris acte » de la volonté exprimée par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, d’impliquer l’État congolais dans la sélection des acheteurs de la production de Kamoa Copper SA. Cette coentreprise minière est formée par Ivanhoe Mines (39,6 %), Zijin Mining (39,6 %), Crystal River (0,8 %) et l’État congolais (20 %). Avec la mine de Kamoa-Kakula, qui dispose d’une capacité de production de 600 000 tonnes par an, Kamoa Copper SA est le principal moteur de la hausse de la production de cuivre de la RDC, aujourd’hui deuxième producteur mondial.
Le compte rendu du Conseil des ministres ne précise pas comment cette implication de l’État devrait se concrétiser. Toutefois, le document souligne que l’objectif est de « garantir la crédibilité du processus d’appel d’offres », afin de s’assurer que les futurs processus de sélection d’acheteurs permettent à Kamoa Copper SA de recevoir « des offres compétitives » et d’obtenir « les meilleures conditions possibles » pour la vente du cuivre.
Selon un communiqué publié en juin 2021, le cuivre produit par Kamoa-Kakula est principalement vendu à deux partenaires : CITIC Metal (HK) Limited et Gold Mountains (H.K.) International Mining Company Limited, une filiale de Zijin Mining Group, principal actionnaire d’Ivanhoe. Chacune de ces entreprises a signé des contrats d’achat pour 50 % de la production de cuivre de la Phase 1, couvrant à la fois du concentré de cuivre et du cuivre blister. Cependant, peu d’informations sont disponibles concernant le processus de sélection de ces acheteurs.
Les revenus que l’État congolais tire d’une mine proviennent principalement de plusieurs sources : les dividendes liés à sa participation, les redevances sur les ventes de cuivre, ainsi que les impôts sur le chiffre d’affaires et les bénéfices. Ces revenus sont en grande partie déterminés par les conditions de vente de la production, qui influencent directement le chiffre d’affaires et, par extension, les redevances et bénéfices potentiels.
Pour le ministre du Portefeuille, en l’état actuel des choses, « le risque d’une maîtrise insuffisante est considérable aussi bien pour les chiffres d’affaires réalisés par ces entreprises que les charges engagées par ces dernières, avec des conséquences évidentes sur leur contribution dans le budget de l’État par le biais des impôts et taxes, que pour la hauteur des dividendes dont l’État est bénéficiaire ».
En 2023, Kamoa-Kakula a livré 393 551 tonnes de concentré de cuivre, sur une production totale estimée à 2,8 millions de tonnes. Pour que l’action envisagée par l’État soit pleinement efficace, elle devrait en principe s’étendre à d’autres mines de cuivre du pays. Toutefois, pour l’instant, seule la coentreprise Kamoa Copper SA est concernée, sans que les raisons spécifiques de ce choix aient été communiquées.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Cuivre : Ivanhoe annonce une production record à Kamoa-Kakula en août 2024
Mines : les revenus publics ont augmenté en RDC grâce au code de 2018, mais pas que…
Kamoa-Kakula devient la troisième plus grande mine de cuivre au monde
Selon un nouveau rapport publié le lundi 30 septembre 2024 par le géant minier BHP, la demande mondiale de cuivre devrait croître d’un million de tonnes par an jusqu’en 2035. Cette prévision ouvre des perspectives intéressantes pour la République démocratique du Congo (RDC), qui a produit 2,8 millions de tonnes de ce métal en 2023 et prévoit d’augmenter ses volumes de production dans les années à venir.
Dans le rapport de BHP intitulé « BHP Insights : How Copper Will Shape Our Future », consulté par Bankable, il est précisé que le taux de croissance de la demande mondiale de cuivre jusqu’en 2035 sera deux fois supérieur à celui observé au cours des 15 dernières années. Selon les projections, d’ici 2050, la demande mondiale de cuivre devrait augmenter de 70 %, atteignant 50 millions de tonnes par an, principalement en raison de la transition énergétique et des technologies émergentes. Le rapport indique que la contribution du secteur de la transition énergétique à cette demande passera de 7 % aujourd’hui à 23 % d’ici 2050, tandis que celle du secteur numérique devrait croître de 1 % à 6 %. En outre, la demande de cuivre pour les véhicules électriques devrait doubler, représentant 20 % de la demande totale d’ici 2040, selon le document.
Ces nouvelles prévisions interviennent quelques semaines après que BHP a signalé que l’excédent actuel sur le marché du cuivre devrait se poursuivre et même se renforcer légèrement en 2025. Selon les informations relayées fin août par l’Agence Ecofin, cet état excédentaire serait attribué à une forte contraction du secteur du logement en Chine, premier consommateur mondial de cuivre. Après avoir atteint un prix record de 10 800 dollars la tonne en mai 2024, les prévisions de hausse à 15 000 dollars en 2025 ont été révisées à la baisse. Par exemple, Goldman Sachs s’attend désormais à ce que le prix du cuivre recule à 10 100 dollars la tonne en 2025.
Bien que les analystes se soient toujours accordé ces derniers mois sur des perspectives à long terme solides pour le marché du cuivre, le regain d’optimisme suscité par les nouvelles prévisions de BHP mérite d’être surveillé du côté de la RDC, désormais deuxième producteur mondial, devant le Pérou. De plus, ces nouvelles données interviennent quelques jours seulement après l’annonce par Zijin Mining (copropriétaire du plus grand projet congolais avec Ivanhoe Mines) de plans en cours pour atteindre son objectif de production d’un million de tonnes par an sur le projet Kamoa-Kakula. Il convient de rappeler que cette mine, entrée en service en 2021, a été le principal moteur de l’augmentation des volumes de production de la RDC au cours des deux dernières années. Actuellement, le projet dispose d’une capacité de production de 600 000 tonnes par an.
Pour la République Démocratique du Congo (RDC), le boom actuel du cuivre représente, si les projets en cours se concrétisent, une opportunité significative d’augmenter les revenus générés par ce secteur. Cependant, cela soulève également des questions cruciales concernant le positionnement du pays au sein de la chaîne de valeur du cuivre, qui inclut également le raffinage.
Selon les données de l’International Copper Study, l’Afrique n’a fourni que 9 % de la production mondiale de cuivre raffiné en 2022, malgré la présence de deux des dix premiers producteurs mondiaux, dont la RDC. Cette situation met en évidence la nécessité pour le pays d’investir dans des infrastructures de raffinage et de transformation afin de maximiser la valeur ajoutée de ses ressources.
Louis-Nino Kansoun
Lire aussi :
Exploitation de cobalt et cuivre : Glencore au cœur d’un litige de 895 millions $ en RDC
Cuivre : Ivanhoe annonce une production record à Kamoa-Kakula en août 2024