A l’issue des discussions entre experts gouvernementaux et privés, qui se sont récemment tenues à Lusaka, la capitale zambienne, le Maroc a été invité à rejoindre, dès 2025, le projet de zone économique spéciale conjointe entre la République Démocratique du Congo (RDC) et la Zambie. Ce projet vise à développer et exploiter une chaîne de valeur locale pour la transformation des minerais critiques nécessaires à la transition énergétique, en composants pour véhicules électriques, comme les batteries.
« À l’issue des discussions, les participants ont souligné l’importance d’intégrer le cadre de partenariat du projet dans les politiques publiques nationales et les plans sectoriels afin de garantir une cohérence avec les priorités de développement de chaque pays. Ils ont recommandé la signature d’un protocole d’accord en 2025 et l’intégration du Maroc dans la Zone économique spéciale commune entre la Zambie et la RDC », précise, dans un communiqué publié le 13 décembre 2024, la Commission des Nations unies pour l’Afrique (CEA), initiatrice de ces discussions via ses branches Afrique du Nord et Afrique australe.
L’idée qui se dégage des discussions est de créer une chaîne de valeur reposant sur les ressources minières essentielles à l’industrie des véhicules électriques. La RDC et la Zambie fourniraient les matières premières, comme le cobalt et le lithium nécessaires aux batteries, ainsi qu’un cadre réglementaire favorable. Le Maroc, de son côté, apporterait son expertise technique et industrielle tout en étant l’un des principaux clients de cette production.
Si de grandes puissances comme la Chine, les États-Unis ou l’Union européenne dominent actuellement la production mondiale de véhicules électriques, le Maroc s’impose progressivement comme un acteur clé. Le Royaume chérifien, qui dispose déjà d’une solide capacité industrielle, vise une production de 100 000 véhicules électriques d’ici 2025. Cela lui confère la capacité d’apporter rapidement une expertise précieuse aux deux pays miniers du sud, dont l’ambition est de maximiser les revenus tirés de leurs ressources naturelles.
Un potentiel prometteur pour les trois pays
Les opportunités pour ce projet sont nombreuses. La CEA estime que la demande mondiale de véhicules électriques pourrait atteindre 10 millions d’unités dans un avenir proche, sous l’effet de l’évolution des réglementations. La Zambie, consciente de cet enjeu, a déjà opéré des réformes majeures.
« Notre gouvernement a supprimé toutes les taxes sur les véhicules électriques, à l’exception de la TVA. De plus, la TVA est également supprimée pour les véhicules électriques produits localement. Par ailleurs, nous nous sommes engagés à faire en sorte qu’au moins 50 % du parc automobile de l’État soit composé de véhicules électriques », a déclaré Chipoka Mulenga, ministre zambien du Commerce.
La RDC, quant à elle, est en position de jouer un rôle central dans l’approvisionnement en ressources minières stratégiques. Elle détient les plus grandes réserves mondiales de cobalt. Par ailleurs, l’entrée en production du site de Manono, toujours en cours, devrait positionner le pays au quatrième rang mondial des producteurs de lithium. Grâce à son immense potentiel hydroélectrique, notamment le site emblématique d’Inga, la RDC pourrait également fournir une énergie verte abondante, suffisante pour répondre aux besoins énergétiques de toute l’Afrique subsaharienne.
La CEA estime que ce projet pourrait servir de modèle pour la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca). Dans le scénario le plus favorable, la combinaison du savoir-faire marocain et des richesses minières de la RDC et de la Zambie pourrait créer un cercle vertueux. L’Afrique ne se contenterait pas de s’approvisionner en véhicules électriques, mais s’intègrerait également dans un marché mondial dont la valeur est estimée à 46 000 milliards dollars d’ici 2050.
Georges Auréole Bamba
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