Après une visite le 2 octobre 2024 dans les usines de Tesla à San Francisco, le ministre congolais du Commerce extérieur a laissé entendre que l’entreprise américaine « donne de l’espoir » à la République Démocratique du Congo (RDC), qui aspire à développer un système de production de batteries électriques. « Le cobalt, le lithium, le manganèse, le nickel, le coltan… sont logés dans nos terres. Les autres, qui n’en disposent pas, l’ont fait en 20 ans. Chassons l’immédiateté et planifions », a-t-il déclaré dans un tweet.
Tesla a effectivement de quoi servir d’inspiration. Après avoir levé l’équivalent de 7,5 millions de dollars en 2004, l’entreprise atteignait, au 4 octobre 2024, une valorisation de près de 785 milliards de dollars, avec un bénéfice de 14,9 milliards de dollars en 2023. À titre de comparaison, cela dépasse la valeur totale des 18 entreprises les plus importantes du portefeuille de l’État congolais en 2022, estimée à 10,9 milliards de dollars. Pour Julien Paluku, cette progression remarquable de l’entreprise fondée par Elon Musk incite la RDC à croire que, pour réaliser de grandes choses, il faut avant tout se lancer : « Pour commencer, il faut commencer », a-t-il résumé.
D’un point de vue organisationnel, la RDC a déjà pris plusieurs mesures pour faire avancer son projet de transformation locale de ses ressources essentielles à la transition énergétique. Parmi celles-ci, on peut citer la création du Conseil congolais des batteries, principal organe de gouvernance des ambitions du pays en matière de batteries et de véhicules électriques, ainsi que la DRC Battery Corporation, une joint-venture formée par plusieurs producteurs de minerais. Cette entité est chargée d’assurer l’approvisionnement en matières premières pour les usines pilotes de production de batteries. En outre, un accord-cadre a été signé avec la Zambie pour lancer conjointement la production de batteries électriques, renforçant ainsi la coopération régionale dans cette industrie stratégique pour la transition énergétique.
Sur le plan de la recherche, un pas important a été franchi avec le lancement, le 22 avril 2022, du Centre africain d’excellence pour les batteries (CAEB) à l’université de Lubumbashi. Ce centre vise à promouvoir l’innovation et le développement technologique dans le domaine des batteries.
Cependant, pour concrétiser une telle ambition, il est impératif de surmonter des défis infrastructurels majeurs, notamment en matière d’approvisionnement en énergie électrique ainsi qu’en termes de connectivité (routes et télécommunications). Ces problématiques sont bien connues du ministre Julien Paluku, qui a précédemment dirigé le portefeuille de l’Industrie et contribué à l’élaboration d’un plan de développement de l’industrie, estimé à 58,4 milliards de dollars.
La visite de Julien Paluku dans les usines de Tesla s’inscrit dans une série d’activités menées par les autorités congolaises aux États-Unis, visant à présenter le potentiel et les opportunités de la RDC à des investisseurs américains. Ces initiatives cherchent à attirer des partenariats internationaux pour soutenir le développement des secteurs stratégiques du pays, notamment dans la production de batteries électriques et la valorisation de ses ressources naturelles essentielles à la transition énergétique.
Georges Auréole Bamba
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