La société américaine Namib Minerals est sur le point de finaliser son admission sur le marché boursier du Nasdaq à New York, selon un communiqué publié le 9 décembre 2024. D'après la même source, cette opération devrait permettre à l’entreprise minière de devenir propriétaire à 100 % des actifs miniers et d’exploration de Greenstone, un fonds de capital-investissement spécialisé dans le secteur des mines et des métaux, qui est l'une de ses filiales.
Les actifs d’exploration comprennent 13 permis dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, où six premiers trous de forage ont été réalisés, mettant en évidence un potentiel en cuivre et en cobalt. Namib Minerals mise désormais sur son entrée en bourse pour mobiliser davantage de fonds à consacrer à ses travaux de recherche.
L’intérêt de Namib Minerals pour la RDC intervient à un moment où les analystes s’accordent sur une hausse significative de la demande de cuivre à long terme. À elle seule, la transition énergétique devrait soutenir une augmentation de la demande de cuivre d’un million de tonnes par an jusqu’en 2035, selon BHP.
La RDC est le deuxième producteur mondial de cuivre, et son potentiel pour de nouvelles découvertes reste considérable. En 2023, par exemple, 65 % des nouvelles réserves mondiales de cuivre ont été identifiées en RDC.
Pour l’instant, Namib Minerals n’a fourni aucun détail sur ses programmes d’exploration en RDC. La société doit d’abord finaliser son opération de fusion avec la SPAC Hennessy Capital Investment Corp. VI, qui a conclu en juin 2024 un accord pour acquérir 30 millions d’actions de Namib, pour une valeur de 500 millions de dollars. L’accord devrait être finalisé au premier trimestre 2025, sous réserve de diverses approbations. Il convient de noter que les actifs phares de la société sont trois mines d’or au Zimbabwe, dont l’une a produit 1,8 million d’onces entre 1941 et 2023.
PM avec l’Agence Ecofin
Le président-directeur général de Glencore, Gary Nagle, a été reçu le 10 décembre 2024 à Kinshasa par le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. Selon la présidence de la République Démocratique du Congo (RDC), le dirigeant du groupe, leader mondial de la production et du négoce de matières premières, a évoqué avec le président congolais les contributions de l’entreprise à l’économie de la RDC.
« Nous employons plus de 17 000 personnes en RDC et nous avons un projet communautaire de plus de 100 millions de dollars américains », a déclaré Gary Nagle, cité par les services de communication de la présidence de la République de la RDC. « Le président Félix Tshisekedi nous a soutenus dans nos initiatives et il est d’accord pour que nous travaillions ensemble afin d’améliorer la situation en RDC et de défendre nos intérêts respectifs », a ajouté le PDG de Glencore, selon les mêmes sources.
Ce sont là les seuls éléments dévoilés au sujet de cette audience. Cependant, cette évocation de la défense des intérêts respectifs des parties intervient alors que, le 30 septembre 2024, il a été révélé que Kamoto Copper Company (KCC), filiale de Glencore détenue à 75 %, aux côtés de la Gécamines représentant l’État (25 %), fait l’objet d’un redressement fiscal de l’ordre de 895 millions de dollars de la part de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD).
Selon une communication faite par Glencore à ses investisseurs quelques mois plus tôt sur ce sujet, les autorités fiscales de la RDC ont contesté le chiffre d’affaires et les charges déclarés par KCC, formulant des réclamations douanières pour non-conformité. Le groupe suisse avait également indiqué être en discussion avec ces autorités pour défendre sa position, mais aucune nouvelle information n’a été communiquée à ce sujet depuis. Il n’est pas exclu que les dirigeants de Glencore soient venus solliciter l’arbitrage du président Tshisekedi sur ce différend.
Pour Glencore, la résolution de ce contentieux fiscal est cruciale. Selon ses dirigeants, une incertitude prolongée ou une décision défavorable devrait avoir un impact significatif sur les résultats financiers du groupe pour l’année en cours. Cette situation est d’autant plus sérieuse que les niveaux de production sur les différents sites de KCC étaient en baisse de 18 % pour le cuivre et de 21 % pour le cobalt à la fin du troisième trimestre 2024.
Georges Auréole Bamba
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La junior minière australienne AVZ Minerals a confirmé, le 10 décembre 2024, l’ouverture d’une enquête par la police fédérale australienne (AFP). Cette enquête porte sur des accusations de corruption liées au projet de lithium de Manono en République Démocratique du Congo (RDC).
« Au vu des accusations publiques répétées, AVZ a écrit à l’AFP en juin 2024 et lui a proposé son aide dans le cadre de toute enquête. AVZ a coopéré avec l’AFP dans le cadre des mandats de perquisition et continuera à coopérer dans le cadre de l’enquête de l’AFP. AVZ nie s’être livrée à des actes de corruption », a déclaré la compagnie australienne.
Les enquêteurs ont effectué des perquisitions la semaine dernière dans les locaux d’AVZ à Perth, comme l’a rapporté précédemment le quotidien régional The West Australian. Pour l’instant, la police fédérale australienne n’a fourni aucun détail sur son enquête ni sur d’éventuelles personnes mises en cause parmi les dirigeants actuels ou passés de la compagnie. Il convient toutefois de souligner que les accusations de corruption concernant le projet Manono ne sont pas nouvelles. Elles ont d’ailleurs, en partie, entravé le développement du projet, qui était considéré il y a quelques années comme le plus avancé dans le secteur du lithium en Afrique.
En novembre 2023, un rapport de l’ONG américaine Global Witness a mis en lumière quelques zones d’ombre entourant ce projet. Selon le document, AVZ Minerals a acquis une part majoritaire dans Manono auprès d’une société-écran, Dathomir Mining Resources, détenue par des hommes d’affaires congolais pour plus de 28 millions $. Ces hommes d’affaires congolais s’étaient engagés à verser 6 millions $ à La Cominière, mais le paiement n’a pas été effectué. Une enquête menée en 2022 par l’Inspection générale des finances en RDC a ensuite révélé que l’arrivée du chinois Zijin Mining à Manono s’est faite par l’achat des parts de La Cominière à « un prix nettement inférieur à sa vraie valeur ».
Pour rappel, Zijin Mining a annoncé en octobre 2023 un accord avec La Cominière pour développer le projet Manono, actant l’éviction de l’Australien AVZ. Ce dernier conteste depuis la situation, avec différentes procédures judiciaires ouvertes devant des tribunaux internationaux. Pendant ce temps, le potentiel du gisement Manono, qui hébergerait au moins 400 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,65 % de lithium, selon une estimation d’AVZ, tarde à être concrétisé.
Emiliano Tossou
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Lors d’une visite dans la province du Tanganyika, à l’est de la République démocratique du Congo, le ministre des Mines, Kisito Kapabomba, a réaffirmé l’engagement du gouvernement à soutenir Manono Lithium dans ses activités d’exploitation, selon une communication du ministère des Mines. « Cette visite symbolise une avancée importante pour le développement minier et le renforcement du partenariat entre la RDC et les investisseurs internationaux, avec Manono en passe de devenir un moteur de croissance pour la région et le pays », indique la même source. À cette occasion, Kisito Kapabomba a également inauguré le pont de Lukushi, réhabilité par l’entreprise.
Cette visite intervient dans un contexte de conflit judiciaire autour du site minier de Manono. Le litige oppose l’État congolais, la société publique Congolaise d’exploitation minière (Cominière) et Jinxiang Lithium, filiale du groupe chinois Zijin Mining, à AVZ Minerals, une entreprise australienne ayant conduit les travaux d’exploration du projet. Le 29 novembre 2024, AVZ Holding a annoncé avoir mobilisé 15 millions de dollars pour couvrir les frais liés à ses procédures judiciaires. En 2023, la justice congolaise avait validé la restitution du projet à la Cominière, qui a ensuite cédé 61 % de ses droits à Jinxiang Lithium, désormais responsable du développement de la mine.
Dans le cadre d’une procédure d’arbitrage international, une décision rendue début 2024 avait suspendu l’attribution du permis d’exploitation. En juillet 2024, Nigel Ferguson, directeur général d’AVZ International, avait écrit une lettre au président Félix Tshisekedi pour solliciter son intervention et demander la suspension du permis contesté.
Zijin Mining a annoncé que le développement du projet Manono nécessitera jusqu’à deux ans après la validation des études d’impact environnemental. « Un parc industriel axé sur la fusion du lithium sera construit simultanément. Les produits seront prioritairement destinés aux entreprises en aval basées en RDC, conformément aux pratiques du marché. Une fois opérationnel, le projet Manono deviendra l’une des principales bases de production de lithium au monde », indique l’entreprise sur son site internet.
GAB
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La Chine a annoncé, le 3 décembre 2024, une interdiction immédiate des exportations vers les États-Unis de plusieurs minéraux critiques, dont le gallium et le germanium. Cette mesure, prise en réaction aux restrictions américaines sur la vente de technologies à Pékin, représente une opportunité pour la République démocratique du Congo (RDC), qui cherche à contester l’hégémonie chinoise sur le germanium.
Le pays d’Afrique centrale souhaite en effet assurer 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium, selon la Gécamines, qui porte les ambitions de la RDC sur ce dossier. Dans une interview accordée à Reuters en juillet 2023, son président, Guy Robert Lukama, avait expliqué que les restrictions de la Chine offrent des opportunités à la RDC. Déjà à l’époque, Pékin avait imposé des mesures qui, bien que ne visant pas spécifiquement les États-Unis, perturbaient l’approvisionnement en minéraux critiques, dont le germanium.
« La décision de la Chine va créer une certaine pénurie sur le marché, ce qui signifie que notre germanium, qui n’est pas encore réservé, pourrait avoir plus de valeur […] Il n’y a pas encore de clients, mais il y a de l’intérêt, il y en a depuis que nous avons commencé le projet et nous sommes sûrs que nous aurons bientôt plus d’intérêt pour notre germanium », prédisait alors le dirigeant.
Depuis, la Gécamines a effectivement annoncé, en mai 2024, un accord avec la société belge Umicore, afin d’assurer le traitement du germanium issu du site de résidus miniers dénommé Big Hill à Lubumbashi. Les premières exportations de concentré de germanium vers la Belgique ont ainsi commencé en octobre 2024. Les risques de perturbations accrues déclenchées par la nouvelle mesure de Pékin pourraient aider la Gécamines à attirer de nouveaux clients et inciter à des investissements supplémentaires pour exploiter d’autres sites congolais de résidus miniers.
Rappelons que l’usine hydrométallurgique de Lubumbashi, d’une capacité de production annuelle de 30 tonnes de germanium, est le fruit d’un investissement de 75 millions $ réalisé en 2023. Outre le germanium, l’installation peut également produire de l’oxyde de zinc, du cuivre et du cobalt.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Ivanhoe Mines a annoncé, le mardi 3 décembre, une production de 45 019 tonnes de concentré de cuivre à son complexe Kamoa-Kakula, la plus grande mine de cuivre en RDC. Cela constitue un nouveau record mensuel pour cette mine, portant la production totale de l’année à 390 061 tonnes à fin novembre.
#News - Kamoa-Kakula achieved a record 45,019 tonnes of #copper in November! 🙌
— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) December 3, 2024
Read full release: https://t.co/OL9kyClsTd pic.twitter.com/3gbcOabE0f
Depuis la mise en service d’un troisième concentrateur sur le site, en juin dernier, Kamoa-Kakula a battu à plusieurs reprises son record de production mensuelle. La mine devrait livrer entre 425 000 et 450 000 tonnes en 2024, contre 393 551 tonnes en 2023. La production attendue en 2025 devrait être plus significative, puisque Kamoa-Kakula dispose, depuis quelques mois, d’une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes.
Évolution de la production mensuelle de cuivre à Kamoa-Kakula
Notons que Kamoa-Kakula est une coentreprise majoritairement contrôlée par la Chine, notamment à travers Zijin Mining (39,6 % d’intérêts dans la mine) et China CITIC Bank, premier actionnaire d’Ivanhoe Mines (également 39,6 % d’intérêts). Alors que la production de la mine fait l’objet d’accords de vente à des entreprises chinoises, le gouvernement congolais a récemment exprimé sa volonté de s’impliquer dans le processus de sélection des acheteurs.
« L’État doit s’impliquer afin de pouvoir garantir la crédibilité du processus d’appel d’offres organisé et d’avoir la certitude que tout processus futur de sélection d’acheteurs permettra à Kamoa Copper SA de recevoir des offres compétitives et d’obtenir les meilleures conditions possibles pour la vente de ses produits », indique le compte-rendu du Conseil des ministres tenu le 4 octobre dernier.
Il faut souligner que la croissance de la production de cuivre à Kamoa-Kakula s’inscrit dans une tendance générale de hausse de la production congolaise. Après une augmentation de 13,5 % en 2023, BMI a indiqué que la production de cuivre en RDC devrait connaître une croissance plus modeste de 4,5 % en 2024, rapprochant le pays d’une production de 3 millions de tonnes. Alors que le Pérou vise une production de 2,8 millions de tonnes cette année, la RDC devrait donc maintenir son statut symbolique de deuxième producteur mondial de cuivre.
Emiliano Tossou
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L’Australien AVZ Minerals a annoncé avoir sécurisé un financement de 15 millions de dollars auprès de Locke Capital, un spécialiste du financement des litiges, pour soutenir ses démarches juridiques autour du projet de lithium de Manono en République Démocratique du Congo (RDC).
Ce financement permettra de couvrir les frais liés à plusieurs arbitrages internationaux initiés par AVZ. Ces procédures concernent notamment le différend avec les autorités congolaises et des partenaires comme Zijin Mining et Cominière, autour du permis de recherche PR 13359. Ce permis, qui couvre une partie du projet Manono, est au cœur d’un litige soumis au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
Les fonds serviront à couvrir les honoraires d’avocats, les frais d’arbitrage ainsi que d’autres dépenses liées aux litiges en cours. Le financement est adossé aux actifs d’AVZ, y compris ses participations dans le projet Manono et ses filiales associées.
Un litige sur fond de baisse des prix du lithium
Depuis 2023, AVZ Minerals conteste la décision des autorités congolaises d’attribuer un permis d’exploitation pour le projet Manono à Manono Lithium SAS, une coentreprise détenue par Zijin Mining et Cominière. AVZ affirme que cette attribution viole des ordonnances provisoires du CIRDI, qui imposaient de maintenir le statu quo jusqu’à une décision sur le fond du litige.
Le projet Manono est stratégique pour AVZ et pour la RDC, car il représente l’un des plus importants gisements de lithium au monde. Selon une estimation de la société, il héberge au moins 400 millions de tonnes de ressources minérales titrant 1,65 % de lithium.
Alors que la RDC cherche à tirer parti de son potentiel en lithium pour accroître ses revenus miniers, le projet Manono pourrait jouer un rôle clé dans cette stratégie. Cependant, les différends juridiques autour des droits d’exploitation ont ralenti son développement. Une situation qui devrait se poursuivre. En effet, avec le nouveau financement, AVZ devrait poursuivre ses démarches judiciaires sans contrainte financière immédiate, prolongeant ainsi les procédures de plusieurs années.
Le différend entre les deux parties suit son cours, tandis que le marché mondial du lithium connaît une baisse significative des prix depuis 2022. Le prix du spodumène, par exemple, est passé de 6 401 dollars la tonne en décembre 2022 à environ 770 dollars en septembre 2024, soit une chute de près de 90 %.
Cette baisse est due à une offre excédentaire, alors que la demande progresse à un rythme plus modéré. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production mondiale de lithium a atteint 194 000 tonnes en 2023, une hausse de 81 % par rapport à 2021. Cependant, la demande n’a augmenté que de 63 % sur la même période, atteignant 165 000 tonnes. Ce ralentissement s’explique notamment par une accumulation des stocks et une croissance moins dynamique que prévu des ventes de véhicules électriques.
LNK
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Des défis énergétiques survenus en Zambie devraient exercer une pression sur les opérateurs miniers situés dans le sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC). Ces derniers dépendent principalement de ce pays voisin pour compenser le déficit d’offre énergétique de la Société nationale d’électricité (SNEL), soit en important directement de l’électricité, notamment dans le Katanga, soit en achetant du diesel pour alimenter leurs centrales thermiques.
En octobre, des troubles sociopolitiques au Mozambique et l’introduction au Zimbabwe d’une taxe remboursable, mais qui alourdit les procédures de transit, ont contraint les distributeurs de produits pétroliers en Zambie à modifier leurs itinéraires. Cela a prolongé les délais d’approvisionnement et augmenté les coûts.
Le régulateur zambien du secteur de l’énergie a rassuré sur un retour progressif à la normale. Néanmoins, il a également annoncé une hausse de 4,2 % du coût du litre de diesel, passé de 28,9 à 30,11 kwachas. Même avec cette hausse, ces prix restent plus compétitifs par rapport au carburant venant de Matadi, à l’ouest de la RDC. Toutefois, cette augmentation alourdira encore les dépenses d’exploitation des mines.
Il en est de même pour la hausse des tarifs d’électricité décidée pour redresser la situation financière de Zesco, la compagnie électrique nationale zambienne. Cette hausse atteint 115 % pour les gros consommateurs comme les compagnies minières. Le régulateur zambien a néanmoins indiqué que l’augmentation de tarifs d’électricité ne devrait durer que trois mois.
Lors du forum d’affaires Makutano 2024, tenu à Kinshasa du 13 au 15 novembre, le directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), Fabrice Lusinde, a révélé que les sociétés minières ont dépensé près de 4 milliards de dollars en cinq ans pour combler leurs besoins énergétiques non satisfaits. Et ces exportations pourraient augmenter en 2025. En octobre dernier, Ivanhoé Mines a par exemple annoncé que des négociations étaient en cours pour faire passer la puissance importée d’Afrique australe pour la mine Kamoa-Kakula, via l’interconnexion zambienne, de 65 MW actuellement à 100 MW d’ici la fin de l’année.
Les opérateurs miniers travaillent avec la SNEL en vue d’améliorer son offre, mais cela reste insuffisant. Malgré son important potentiel hydroélectrique, l’accès à l’électricité en RDC demeure limité. Plusieurs barrages sont prévus dans le Programme d’investissement public 2025-2028, mais leur réalisation ne comblera pas le déficit. Le projet d’un troisième barrage sur Inga est toujours en discussion, mais selon des experts, il pourrait ne pas voir le jour dans les dix prochaines années.
Georges Auréole Bamba
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Les données d’exportation de l’or de la République démocratique du Congo (RDC) pour le premier semestre 2024, récemment publiées, révèlent un contraste sur les prix de vente. L’ex-société Primera Gold, une coentreprise entre l’État et des partenaires des Émirats arabes unis, a obtenu un prix moyen de 64 502 dollars par kilogramme d’or vendu. En revanche, Kibali Gold, qui exploite l’une des plus grandes mines d’Afrique, détenue à 90 % par Barrick Gold et AngloGold Ashanti, a vendu sa production à un prix moyen de 46 214,8 dollars, soit près de 20 000 dollars de moins que Primera Gold, aujourd’hui devenue DRC Gold Trading après la prise de contrôle total de l’entreprise par l’État.
Même les artisans de l’Ituri et du Nord-Kivu ont obtenu un prix supérieur à celui de Kibali Gold. Ils ont exporté leur or à un prix moyen de 59 500 dollars le kilogramme, contre 46 214,8 dollars pour Kibali Gold, soit une différence de plus de 13 000 dollars.
Ces écarts de valeur par kilogramme d’or vendu étaient déjà observés en 2023. Alors que Primera Gold et les artisans vendaient leurs productions respectivement à 59 509 et 38 484,4 dollars le kilogramme, le prix moyen du kilogramme du métal précieux provenant du site de Kibali, dans le nord-ouest de la RDC, n’était que de 30 915,6 dollars, soit une différence respective de près de 30 000 et 10 000 dollars.
Cotées sur les plus grands marchés financiers du monde (New York, Toronto), Barrick Gold et AngloGold Ashanti disposent pourtant de ressources leur permettant d’obtenir de meilleurs prix que Primera Gold ou de petits artisans des provinces de la Tshopo ou du Tanganyika, dans l’est de la RDC, qui, de surcroît, exportent de l’or non raffiné…
Bien que la transparence dans le secteur des industries extractives ait progressé en RDC, il subsiste des zones d’ombre qui empêchent une compréhension complète de la chaîne de valeur et des opportunités réelles. Ni Barrick Gold ni AngloGold Ashanti (majoritairement détenue par des capitaux sud-africains) ne fournissent de détails sur leur processus de vente. On ignore donc si ces prix résultent d’accords à terme ou d’autres logiques de vente.
Impact sur les recettes publiques
Derrière de gros volumes se cachent parfois des détails qui devraient être dévoilés, surtout que ces différences de prix impactent les revenus publics. En effet, Kibali Gold est le principal contributeur en termes de revenus d’exportation de l’or en République démocratique du Congo, avec des ventes déclarées représentant 88,2 % du total au premier trimestre 2024. L’État central et la province qui héberge la mine (Haut-Uele) en tirent des revenus à travers la participation de la Sokimo, mais surtout via les redevances sur la valeur vendue et divers autres impôts et taxes. Si l’entreprise vend sa production à des prix non optimaux, cela réduit la base de prélèvement pour un gouvernement qui a besoin de ressources pour financer sa politique de développement.
Selon des données de marché consultées par Bankable, le gouvernement a perçu jusqu’à 27,8 millions $ de redevances de cette mine entre janvier et septembre 2024, uniquement de la part de Barrick Gold. Ce montant est légèrement supérieur aux 25,5 millions $ de la même période en 2023. On observe que les redevances ont progressé de 9 %, tandis que le prix de l’or sur le marché international a augmenté en moyenne de 37 % sur la période. Néanmoins, selon les données publiées par Barrick Gold, les quantités vendues ont baissé de 8 % sur la même période.
Georges Auréoles Bamba
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Le 18 novembre 2024, DRC Gold Trading SA a officiellement lancé les activités de sa succursale à Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Selon un communiqué de l’entreprise, l’ouverture de cette seconde succursale, après celle du Sud-Kivu, vise à « élargir ses activités d’achat, de commercialisation et d’exportation de l’or issu de l’exploitation artisanale et à petite échelle dans toutes les provinces aurifères du pays ».
Initialement dénommée Primera Gold DRC, l’entreprise a changé de nom le 13 novembre dernier pour devenir DRC Gold Trading, suite à son passage sous le contrôle public. L’État et deux entités publiques ont acquis, à des conditions non divulguées, les 55 % des parts détenues auparavant par la société émiratie Primera Group. Désormais, l’État détient 55 % des parts sociales, le Fonds minier pour les générations futures en possède 30 %, et la Gécamines détient 15 %.
Malgré ces changements, l’entreprise affirme que sa vision reste inchangée : « Faire de la RDC le plus grand exportateur d’or issu de l’exploitation artisanale et à petite échelle, grâce à des chaînes d’approvisionnement crédibles, exemptes de conflits et avantageuses pour les communautés riveraines, tant directement qu’indirectement impactées ».
Ramener dans le circuit officiel toute la quantité d’or extrait de manière artisanale reste un défi majeur, estime le directeur général de DRC Gold Trading, Joseph Kazibaziba. « Plus de 50 tonnes sont exportées de manière frauduleuse à la côte est du Congo, ce qui équivaut à plus de 5 milliards de dollars. Vous pouvez comprendre que DRC Gold Trading est une société stratégique et d’une importance capitale pour l’État », a-t-il déclaré à la presse le 13 novembre, lors de la cérémonie de signature des actes marquant le changement de dénomination sociale de la société.
Défis de la compétitivité des prix
Présente uniquement au Sud-Kivu, DRC Gold Trading a collecté et exporté plus de 5,5 tonnes d’or en 2023, soit une hausse de plus de 12 000 %, pour une valeur de plus de 350 millions de dollars. Avec le lancement de ses activités dans le Tanganyika, l’entreprise espère accroître la quantité d’or collectée et exportée. Cependant, cela dépendra de la compétitivité des prix proposés aux coopératives minières, négociants et acheteurs agréés auprès desquels elle s’approvisionne.
En 2024, DRC Gold Trading envisageait d’exporter au moins 12 tonnes d’or. Cependant, cet objectif semble difficile à atteindre. Selon les informations de Bloomberg, relayées par l’Agence Ecofin, les exportations d’or de l’entreprise affichent une tendance baissière. Depuis novembre 2023, ces expéditions auraient chuté de 50 %. Cette baisse serait due à des prix plus élevés proposés sur le marché noir aux mineurs artisanaux, ainsi qu’à la réglementation bancaire qui limite les transactions quotidiennes en espèces.
Conscient des défis à relever, Joseph M. Kazibaziba, arrivé à Kalemie le 17 novembre, a rencontré les négociants de la province du Tanganyika. Toutefois, aucun détail n’a filtré concernant cette séance de travail, qui avait pour objectif de discuter des défis rencontrés par les acteurs du secteur de l’or. Néanmoins, lors de la cérémonie d’ouverture de la nouvelle succursale, le directeur général de DRC Gold Trading a lancé un appel aux filles et fils du Tanganyika : « DRC Gold Trading SA compte énormément sur votre soutien pour accomplir les missions qui lui ont été confiées par le président de la République. Car sa réussite est aussi celle de votre province, qui en bénéficiera à travers les prélèvements fiscaux et parafiscaux, sans compter les emplois générés… ». Il a également assuré son auditoire que l’entreprise dispose, à ce jour, des capacités financières suffisantes pour absorber toutes les quantités d’or artisanal et à petite échelle produites sur toute la côte est du pays.
Pierre Mukoko
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Lors d’un échange le 30 octobre 2024 avec les investisseurs, des responsables de l’entreprise sino-canadienne Ivanhoe Mines ont présenté les prévisions de production de cuivre de la mine de Kamoa-Kakula, située à 25 kilomètres de Kolwezi, la principale ville de la province du Lualaba, en République démocratique du Congo. « Nous prévoyons probablement… de dépasser les 600 000 tonnes par an en 2026, une fois que nous aurons terminé le projet 95 », a fait savoir Mama Cloete, la présidente et directrice des finances chez Ivanhoe Mines.
Le projet 95 est une initiative qui permet à l’entreprise de récupérer jusqu’à 95 % du concentré de cuivre pour les mêmes quantités de minerais extraits et les mêmes charges opérationnelles. Prévu pour être mis en œuvre au cours du premier trimestre 2026, ce projet devrait ajouter entre 30 000 et 40 000 tonnes de concentré de cuivre à la production annuelle.
La multinationale minière, implantée au Canada et principalement contrôlée par des entités chinoises, prévoit même une phase 4 qui lui permettra, au cours des 40 prochaines années, d’atteindre une moyenne de production située entre 700 000 et 800 000 tonnes de cuivre par an. L’entreprise semble bien positionnée pour atteindre cet objectif, même si les prévisions de production pour 2024 ont été revues à la baisse, en raison principalement de défis énergétiques qui n’ont pas permis d’atteindre la pleine capacité de l’infrastructure d’exploitation installée.
Mais ces défis sont en train d’être surmontés. Un programme de développement des capacités de production d’énergie de secours est en cours sur le site. Cette capacité de secours, qui a atteint 135 MW en septembre, devrait être portée à 201 MW d’ici la fin de l’année. Selon Ivanhoe Mines, des négociations sont par ailleurs en cours pour faire passer la puissance importée d’Afrique australe, via l’interconnexion zambienne, de 65 MW actuellement à 100 MW d’ici la fin de l’année. En outre, un projet développé avec la Société nationale d’électricité (SNEL), visant à améliorer l’efficacité des réseaux de transport d’énergie, devrait s’achever vers le deuxième semestre 2025.
Finances en équilibre
Sur le plan financier, l’entreprise continue de renforcer son équilibre. Bien que les coûts d’exploitation aient augmenté au troisième trimestre 2024, elle reste sur une moyenne de 3 527,3 $ la tonne, contre une prévision de 3 748 $ dans l’étude de faisabilité. Elle peut également continuer à mobiliser des financements à faible coût sur ses contrats de vente anticipée. De plus, bien qu’ils se stabilisent désormais autour de 9 645 $ la tonne, les prix du cuivre restent au-dessus des prévisions de l’étude de faisabilité, qui étaient de l’ordre de 8 152 $ la tonne.térêt pour plusieurs parties prenantes, y compris le gouvernement, actionnaire du projet Kamoa-Kakula et percepteur des taxes minières, les banques internationales et locales qui accordent des crédits pour le développement et le fonctionnement du projet, ainsi que les actionnaires d’Ivanhoe Mines, qui espèrent en tirer une solide rentabilité financière.
Cela dit, les perspectives d’une augmentation des quantités produites ne garantissent pas une amélioration systématique des retombées positives. Tout dépendra de l’évolution de la demande sur les marchés, notamment celui de la Chine, qui est la principale destination du cuivre congolais. Le plus grand partenaire africain a lancé des projets de reprise économique, mais les résultats restent attendus. L’élection du président Donald Trump, qui prévoit d’abolir les incitations pour l’achat de véhicules électriques et de surtaxer ceux en provenance de Chine, constitue également un paramètre à prendre en compte.
D’un autre côté, le renforcement de nouvelles alliances commerciales dans le cadre des BRICS pourrait continuer de soutenir la demande, tout comme les besoins européens pour réaliser leurs ambitions de mobilité électrique à l’horizon 2035. Ces facteurs maintiennent un certain optimisme dans le secteur.
Georges Auréole Bamba
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Cuivre : réduction des objectifs de production 2024 de la plus grande mine de RDC
Le 6 novembre 2024, date de l’annonce de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, les cours du cuivre, essentiel aux exportations de la République démocratique du Congo (RDC), ont enregistré une baisse marquée de 4,06 % sur le London Metal Exchange, avant de se redresser légèrement de 2 % à l’ouverture des marchés le lendemain.
Pour certains analystes, cette évolution des prix était prévisible. Ole Hansen, responsable de la stratégie en matières premières chez Saxo Bank, a déclaré à S&P Global Ratings que Trump avait promis, durant sa campagne, deux mesures susceptibles d’influencer ce marché : l’introduction d’un tarif douanier de 60 % sur les produits chinois et la suppression du crédit d’impôt pouvant atteindre 7 500 $ accordé aux acheteurs de véhicules électriques par une loi votée sous l’administration Biden.
Les États-Unis constituent en effet un marché important pour les produits chinois, avec plus de 500 milliards de dollars d’importations en 2023, dont plus de 25 % de biens électriques. Si les tarifs douaniers annoncés par Trump sont appliqués, la production chinoise pourrait en pâtir, d’autant plus que l’Union européenne a déjà instauré des taxes sur les véhicules électriques chinois. La baisse de la demande chinoise en cuivre et cobalt qui en résulterait pourrait entraîner une baisse des prix de ces minerais essentiels à la transition énergétique.
Les contingences américaines
En plus, la suppression du crédit d’impôt pour les véhicules électriques, au profit d’une politique de soutien à l’industrie pétrolière, risquerait d’affaiblir la rentabilité du secteur des véhicules électriques aux États-Unis. Cela aurait des répercussions non seulement sur les constructeurs automobiles, mais également sur les constructeurs d’infrastructures de recharge et les fournisseurs de batteries. Une telle mesure pourrait freiner la croissance de la demande en métaux comme le cuivre et le cobalt, essentiels aux batteries et à l’électrification, et peser davantage sur les perspectives de prix de ces minerais.
Néanmoins, ces risques ne devraient pas se concrétiser à court terme. Certains analystes estiment que le système productif américain ne serait pas en mesure de compenser immédiatement les 500 milliards de dollars de produits chinois, dont la compétitivité aide à maintenir l’inflation sous contrôle aux États-Unis.
Par ailleurs, toute suppression du soutien aux véhicules électriques devrait être soigneusement évaluée. La majorité républicaine au Sénat et chez les gouverneurs ne garantit pas l’annulation immédiate de la loi votée sous l’administration Biden. Si de nombreux élus soutiennent Donald Trump, ils doivent également tenir compte de priorités locales telles que l’emploi et les niveaux de vie. De plus, plusieurs usines de véhicules électriques se trouvent dans des États à majorité républicaine, et de nombreux partisans du parti ont investi dans ce secteur.
Conséquences pour la RDC
Pour la RDC, premier producteur de cuivre en Afrique et premier producteur mondial de cobalt, les impacts de ces éventuels changements restent à évaluer. Dans son projet de budget 2025, le pays prévoit un prix du cuivre à 7 909,57 $ et du cobalt à 28 007,73 $. Si les prix du cuivre restent largement au-dessus de ces prévisions, ceux du cobalt sont en dessous. En septembre dernier, Fitch Ratings estimait que le prix du cobalt devrait se situer entre 25 000 et 26 000 dollars la tonne jusqu’en 2027.
Il convient également de souligner que les productions minières actuelles sont souvent vendues via des contrats dont les prix ne sont pas publics. Actuellement, les perspectives du cuivre, avec des options d’achat à 9 527 $ la tonne en avril 2025, restent supérieures au seuil de rentabilité moyen de 7 800 $ la tonne estimé pour la mine de Kamoa-Kakula, exploitée par Ivanhoe Mines.
La RDC est particulièrement sensible aux fluctuations des prix des matières premières, notamment du cuivre. Les ventes de ce minerai génèrent des revenus considérables pour le budget de l’État et des provinces, soutenant un vaste réseau de sous-traitance majoritairement détenu par des entreprises congolaises (51 %). Ces activités dépendent également de financements bancaires, tant locaux qu’internationaux, pour le développement de nouveaux projets ou pour répondre aux besoins de trésorerie en attendant les paiements.
Georges Auréole Bamba
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La société minière MMG Limited, filiale de China Minmetals Corporation (CMC), a annoncé le 1er novembre 2024 la signature d’un accord de service avec Orange RDC pour la fourniture de services télécoms visant une exploitation intelligente de la mine de cuivre de Kinsevere, située dans la province du Haut-Katanga. Orange RDC offrira des services de téléphonie mobile, de transmission de données et d’internet à haut débit. En partenariat avec Huawei, Orange RDC fournira également à MMG Limited une solution avancée de réseaux privés d’entreprise eLTE, une technologie permettant une transmission sans fil à haut débit adaptée à divers usages.
MMG Limited explique qu’elle prévoit « d’utiliser la mine de Kinsevere comme plateforme pour combiner les avantages technologiques d’Orange et de Huawei, avec les capacités d’intégration industrielle de China Minmetals Corporation et la solide expertise locale de la mine de Kinsevere » en vue de « construire progressivement un projet de démonstration numérique, intelligent et vert en Afrique ».
Les services télécoms à haut débit fournis par Orange RDC et Huawei offrent de nombreux avantages pour les opérations minières. Ils permettent notamment une communication améliorée entre les équipes d’exploitation, un suivi en temps réel des activités, ainsi que la détection d’anomalies avec des alertes en cas de danger. Ces technologies facilitent également la localisation rapide des travailleurs en cas d’incident et la coordination des secours, renforçant ainsi la sécurité sur le site.
L’efficacité opérationnelle est également un enjeu majeur de l’exploitation intelligente des mines. Elle vise une utilisation optimisée des ressources humaines, matérielles et énergétiques pour atteindre les objectifs de production, tout en réduisant les coûts et en limitant les impacts environnementaux.
MMG Limited révèle que la mine de Kinsevere a produit 21 278 tonnes de cathodes de cuivre au premier semestre 2024. Par rapport à la même période en 2023, le chiffre d’affaires de Kinsevere a augmenté de 6 %, atteignant 188,3 millions de dollars, principalement grâce à la hausse des prix du cuivre. Pour l’année 2024, MMG Limited ambitionne d’extraire de Kinsevere entre 39 000 et 44 000 tonnes de cathodes de cuivre.
Muriel Edjo
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Alors que nous approchons de la fin de l’année 2024, la production de Kamoa-Kakula s’accélère. La plus grande mine de cuivre de la République Démocratique du Congo (RDC) a atteint un record de 41 800 tonnes produites en octobre 2024, selon une annonce faite le 4 novembre par Ivanhoe Mines, qui détient 39,6 % de la mine. Cette production, en hausse de 1 453 tonnes par rapport au mois d’août, date de la mise en service d’une troisième usine de traitement, se situe à 8 200 tonnes du volume mensuel nécessaire pour atteindre la capacité de production installée de 600 000 tonnes.
Selon les chiffres publiés par Ivanhoe, la performance de Kamoa-Kakula s’est rapprochée de la capacité de production installée le 12 octobre. Ce jour-là, la mine a atteint un record de 1 720 tonnes de cuivre. « Cela correspond à un taux de production annualisé d’environ 580 000 tonnes de cuivre, en tenant compte de la disponibilité », précise l’entreprise basée au Canada.
Cette accélération ne permettra néanmoins pas de compenser les pertes de production enregistrées au premier semestre en raison de l’intermittence de l’approvisionnement en électricité par le réseau. Cette situation a conduit Ivanhoe à revoir à la baisse ses prévisions de production, passant d’une fourchette initiale de 440 à 490 mille tonnes à une nouvelle estimation comprise entre 425 et 450 mille tonnes de concentrés de cuivre. Cependant, cela laisse entrevoir une nouvelle hausse de la production en 2025, après une augmentation de 18 % en 2023, atteignant 393 551 tonnes.
Tout comme la production de Kamoa-Kakula, les prix du cuivre continuent d’augmenter. Au premier semestre 2024, le prix moyen du cuivre a atteint 9 215,84 dollars la tonne, contre 8 726,90 dollars à la même période en 2023. Plusieurs analystes estiment que les prix du cuivre devraient atteindre en moyenne 10 200 dollars la tonne au cours du dernier trimestre de 2024, et pour 2025, plusieurs institutions anticipent un prix moyen approchant les 10 500 dollars la tonne. Dans une étude de préfaisabilité, Ivanhoe Mines indique qu’un prix moyen de 7 000 dollars la tonne sur la durée de vie de la mine est nécessaire pour générer des profits solides.
En 2023, les ventes de Kamoa-Kakula ont dépassé les 2,7 milliards de dollars, et on s’achemine vers un chiffre d’affaires encore plus élevé en 2024. Pour les neuf premiers mois de l’année, les ventes s’élevaient déjà à 2,3 milliards de dollars, avec un chiffre d’affaires record de 828 millions de dollars au troisième trimestre, selon les chiffres publiés par Ivanhoe Mines. Cette perspective est intéressante pour les créanciers de Kamoa-Kakula, qui a bénéficié d’un financement non garanti de 400 millions de dollars auprès d’institutions financières en RDC pour soutenir son expansion. Elle l’est également pour l’État. À titre d’illustration, Ivanhoe affirme que l’État a perçu, à fin juillet 2024, plus de 217 millions de dollars au titre de l’impôt sur les bénéfices et profits, contre près de 29 millions de dollars durant toute l’année 2023.
Pierre Mukoko
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