Alors que s’intensifient les actes d’agression des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, Ivanhoe Mines, l’un des principaux opérateurs miniers de la RDC, est parvenu à mobiliser, le 24 janvier 2025, une somme de 750 millions de dollars sur le marché international des capitaux. Annoncée depuis fin 2024, l’opération visait initialement à lever 600 millions de dollars. Une offre abondante des investisseurs semble avoir poussé l’entreprise basée au Canada à accepter davantage.
La somme est remboursable sur cinq ans. Le taux d’intérêt de 7,87 % peut sembler élevé, mais il reste compétitif, voire meilleur que celui d’autres entreprises actives en Afrique ayant mobilisé des ressources sur ce type de marché. Le contexte de l’opération, marqué par une intensification du conflit à l’est de la RDC, aurait pu rendre les investisseurs sceptiques, d’autant qu’une partie de la garantie de l’opération repose sur le produit des activités de Kipushi Holdings, une autre filiale d’Ivanhoe Mines en RDC.
Plusieurs éléments peuvent expliquer l’issue positive de cette levée de fonds. La demande des principaux minerais exploités par l’entreprise à travers ses filiales en RDC, notamment le cuivre et le zinc, progresse sur les marchés. Les données du London Metal Exchange, la principale place d’échange des métaux, indiquent que les prix des contrats à terme, permettant de sécuriser les approvisionnements, sont en hausse. Par ailleurs, Ivanhoe et ses filiales sont des emprunteurs connus, avec un historique de remboursement de dettes plutôt positif, même si le montant actuel figure parmi les plus élevés mobilisés par l’entreprise.
Les ressources mobilisées contribueront majoritairement à financer les investissements supplémentaires annoncés pour Kamoa-Copper. Dans une communication récente aux investisseurs, les dirigeants de l’entreprise ont indiqué que, pour 2025, des investissements compris entre 1,42 et 1,67 milliard de dollars seraient nécessaires pour l’agrandissement de cette mine. Le projet Kipushi, quant à lui, ne devrait recevoir que peu d’investissements (25 millions de dollars, selon les prévisions).
Ivanhoe Mines, via cette filiale, a régulièrement sollicité le secteur financier pour ses activités ces dernières années. Parmi les banques ayant accompagné cette entreprise canadienne en RDC figurent Rawbank (80 millions de dollars en mai 2023, déjà remboursés) et la filiale congolaise du groupe nigérian FirstBank (50 millions de dollars à rembourser en mai 2025). En juin et juillet 2024, des montants respectifs de 60 millions de dollars ont été empruntés auprès de Trafigura Asie et de CITIC Group, ce dernier étant le premier actionnaire d’Ivanhoe Mines avec un peu plus de 22 % des parts. Ces deux derniers prêts ont été effectués dans le cadre d’un contrat de prévente de minerais à produire.
Il reste à suivre l’évolution de la valeur des titres du récent emprunt de 750 millions de dollars, cotés sur plusieurs places financières européennes et américaines. Début janvier, Ivanhoe a tempéré l’enthousiasme des actionnaires en annonçant des prévisions de production de cuivre inférieures aux attentes, tout en relevant ses prévisions de dépenses d’investissement par rapport aux estimations faites trois mois plus tôt. Sa communication aux investisseurs, prévue à la clôture des marchés le 19 février prochain, sera donc particulièrement scrutée.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
En 2025, Ivanhoe prévoit d’investir 1,7 milliard $ pour ses opérations en RDC
Cuivre : la production de la plus grande mine de RDC a atteint 437 061 tonnes en 2024
Zinc : Ivanhoe prévoit de quadrupler la production de la mine de Kipushi en 2025
Cuivre : réduction des objectifs de production 2024 de la plus grande mine de RDC
La République Démocratique du Congo a exporté 1,08 tonne d’or artisanal entre janvier et septembre 2024. Cela représente une baisse de 71 % en glissement annuel, a constaté l’Agence Ecofin à la lecture des statistiques publiées par le ministère congolais des Mines.
Si les autorités ne fournissent pas d’explications à cette chute des volumes exportés, elle peut s’expliquer par l’arrêt des activités de Primera Gold l’année dernière. L’émirati Primera Group s’est en effet retiré de la coentreprise formée avec le gouvernement congolais fin 2022 pour contrôler le négoce d’or dans la pays. Elle était jusqu’ici active seulement dans le Sud-Kivu. En 2023, les exportations totales du Sud-Kivu atteignaient ainsi 5,07 tonnes d’or contre 1,05 tonne sur les neuf premiers mois de 2024. Cette année-là, la coentreprise avait permis aux exportations artisanales congolaises d’enregistrer un gain de plus de 12 000 % par rapport à l’année précédente.
Après avoir racheté les parts de Primera Group, l’État congolais a fait de Primera Gold une entreprise publique rebaptisée DRC Gold Trading SA. Celle-ci s’active pour relancer les activités avec pour objectif de faire mieux à moyen terme. Il s’agit toujours d’intégrer les artisans miniers dans les circuits officiels de négoce d’or, alors que la contrebande domine encore dans les exportations congolaises.
« Les prévisions quinquennales tablent sur une moyenne de 150 tonnes d’or en cinq ans, représentant un chiffre d’affaires de plus de 12 milliards USD. Ce qui signifie en réalité que les exploitants bénéficieraient de plus de revenus annuellement en rentrant dans le circuit officiel que de passer par la contrebande de l’or qui appauvrit des communautés entières », indiquent les autorités.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Vente d’or : les artisans et ex-Primera Gold obtiennent un meilleur prix que Kibali Gold
Achat de l’or artisanal : après le Sud-Kivu, DRC Gold Trading s’implante dans le Tanganyika
La mine d’or Kibali, opérée par Barrick en République Démocratique du Congo (RDC), a connu une année 2024 marquée par une baisse de production sur les neuf premiers mois. La compagnie canadienne se montre néanmoins optimiste pour 2025, évoquant de « solides résultats » à venir, sans préciser s’il s’agira d’une hausse de la production, d’une stabilisation ou simplement d’une amélioration des performances opérationnelles.
Barrick et son partenaire de coentreprise AngloGold Ashanti tablaient en début d’année sur un objectif de production compris entre 711 000 et 800 000 onces d’or, après avoir livré 762 000 onces en 2023. Pourtant, au terme des trois premiers trimestres de 2024, la mine n’avait produit que 509 000 onces, enregistrant un recul de 8 % en glissement annuel.
Selon un communiqué publié par Barrick le 28 janvier, le dernier trimestre aurait été marqué par une « amélioration des performances », avec un « débit de traitement annuel record » depuis la mise en service de la mine. Toutefois, aucun chiffre précis n’a été communiqué, laissant planer une incertitude sur l’atteinte des objectifs annuels.
Pour 2025, Barrick met en avant plusieurs initiatives destinées à renforcer l’efficacité opérationnelle de Kibali. L’entreprise évoque une réorganisation interne avec des ajustements au sein du management, ainsi qu’un renforcement des campagnes d’exploration dans des zones proches du site, afin d’accroître les réserves exploitables et assurer la continuité de la production. Selon la direction, ces efforts placent Kibali dans une dynamique favorable pour la nouvelle année.
Les résultats définitifs de 2024, attendus dans les prochaines semaines, seront déterminants pour évaluer la trajectoire réelle de la mine. Ils permettront de savoir si l’objectif de production a été atteint et donneront une indication plus claire sur les perspectives pour 2025.
Située dans le nord-est de la RDC, Kibali est la plus grande mine d’or du continent africain. Elle est détenue à 45 % par Barrick, 45 % par AngloGold Ashanti et 10 % par la société publique congolaise Sokimo. Sur les neuf premiers mois de 2024, la production industrielle d’or de la RDC a atteint 19 355,41 kilogrammes, dont 99,5 % provenaient de Kibali, selon les dernières statistiques du ministère congolais des Mines. D’après Barrick, le projet Kibali aurait contribué à hauteur de 5,7 milliards de dollars à l’économie congolaise depuis son entrée en service.
Louis-Nino Kansoun, Agence Ecofin
Lire aussi :
Or : Kibali Gold génère plus d’argent malgré une baisse des exportations à fin septembre 2024
Vente d’or : les artisans et ex-Primera Gold obtiennent un meilleur prix que Kibali Gold
Selon les statistiques publiées par le ministère des Mines, la République Démocratique du Congo (RDC) a exporté 145 452 tonnes de cobalt au cours des neuf premiers mois de 2024, soit une moyenne trimestrielle de 48 484 tonnes. À ce rythme, les exportations annuelles pourraient atteindre 193 936 tonnes, surpassant ainsi le record de l’année précédente, établi à 152 798 tonnes.
Selon ces données officielles, le chinois CMOC a dominé les exportations de cobalt en RDC grâce à ses deux mines, Kisanfu et Tenke Fungurume (TFM). La compagnie a vendu 50 021 tonnes de cobalt issues de Kisanfu durant les trois premiers trimestres de l’année, contre 19 958 tonnes provenant de TFM sur la même période. Relégué depuis 2023 par CMOC au rang de deuxième producteur mondial de cobalt, le Suisse Glencore a exporté environ 32 000 tonnes de cobalt en neuf mois, provenant de ses deux opérations congolaises, MUMI et KCC.
Le ministère des Mines ne précise cependant pas les revenus générés par ces ventes record. Cela empêche d’évaluer si l’augmentation des volumes exportés a compensé les effets de la baisse des prix du cobalt sur les recettes d’exportation. En effet, le marché du cobalt est excédentaire depuis trois ans, ce qui a entraîné une chute significative des prix. Sur la Bourse des métaux de Londres, le prix au comptant du cobalt est passé d’environ 50 000 dollars la tonne en janvier 2023 à environ 24 000 dollars en janvier 2025.
Évolution des prix du cobalt depuis 2023
Cet excédent est en partie dû à l’augmentation des exportations congolaises de cobalt, principalement liée à l’accroissement des capacités de production de CMOC au cours des deux dernières années. La production de cobalt de CMOC a en effet été multipliée par plus de cinq depuis 2022, atteignant 114 165 tonnes en 2024. Selon le Cobalt Institute, la RDC devrait contribuer à 48 % de la croissance de l’offre mondiale de cobalt d’ici 2030, contre 37 % pour l’Indonésie.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Cobalt : le prix à son plus bas niveau depuis janvier 2016, en raison d’une offre excédentaire
Marché du cobalt : Cobalt Institute prend le contrepied de CMOC
Prix du cobalt : le Chinois CMOC, premier producteur mondial, optimiste
Alphamin Resources a annoncé, le 17 janvier 2025, avoir produit 17 324 tonnes d’étain sur sa mine de Bisie, située dans le Nord-Kivu. La société, basée à Maurice, précise que cette performance, conforme à ses prévisions (17 000 à 18 000 tonnes), représente une hausse de 38 % par rapport à l’année précédente.
Principale société d’exploitation industrielle d’étain en République démocratique du Congo, Alphamin a mis en service une nouvelle usine de traitement à Bisie en mai 2024. Cette infrastructure a largement contribué à l’augmentation significative de la production. La compagnie ambitionne désormais d’atteindre 20 000 tonnes d’étain en 2025.
Les revenus d’Alphamin Resources ont également connu une progression notable, avec une moyenne de 30 345 dollars par tonne d’étain en 2024, contre 26 009 dollars en 2023. Le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) a plus que doublé, atteignant 274,1 millions de dollars en 2024, contre 135,5 millions de dollars l’année précédente.
Cependant, derrière le succès de la compagnie en RDC, des critiques émergent concernant son impact sur les communautés locales. Une enquête menée par l’organisation à but non lucratif Mongabay a mis en lumière les plaintes des communautés autochtones de Banamwesi et Motondo, qui accusent Alphamin d’avoir accaparé leurs terres sans consultation préalable.
Quant aux retombées pour la RDC, le gouvernement congolais détient une participation de 5 % dans la mine et perçoit une redevance minière équivalant à 3,5 % des revenus de vente de l’étain. La société est également soumise à un impôt sur les sociétés de 30 %, conformément à la législation fiscale en vigueur dans le pays.
Emiliano Tossou
Rio Tinto et Glencore sont en pourparlers concernant une fusion de leurs activités. Au cœur de cette éventuelle opération, qui pourrait réunir deux des dix plus grands groupes miniers mondiaux, se trouve le cuivre, dont les fluctuations de prix, tant à la hausse qu’à la baisse, seront cette année influencées par des décisions politiques et par l’état de l’économie mondiale.
Dans une analyse publiée cette semaine, BMI évoque l’impact des décisions de Donald Trump, qui pourrait revenir sur les engagements climatiques de son prédécesseur tout en accélérant l’exploitation pétrolière. Selon la firme de recherche, membre du groupe Fitch Solutions, cette situation devrait réduire le « sentiment vert » qui a soutenu les prix du cuivre en 2024. En conséquence, BMI a révisé à la baisse ses prévisions de prix pour le métal rouge, estimant qu’il se négociera en moyenne à 10 000 dollars la tonne.
De son côté, S&P Global Commodity Insights souligne également l’impact potentiel des politiques de la nouvelle administration américaine sur le prix du cuivre. Dans une note du 30 décembre dernier, l’analyste de marché estime que « les droits de douane prévus par le président élu américain Donald Trump pourraient éloigner les prix du cuivre des fondamentaux du marché et assombrir les perspectives 2025 de la demande ».
Évolution du prix du cuivre d’ici 2035
Ces mesures tarifaires pourraient en effet entraîner une inflation qui freinerait la demande de cuivre. S&P Global Commodity Insights prévoit que le prix du cuivre pour livraison dans trois mois se négociera en moyenne à 9 825 dollars la tonne en 2025. Il s’agit d’une légère hausse par rapport à la moyenne de 9 307 dollars la tonne estimée pour 2024, mais en dessous de plusieurs prévisions précédentes.
En septembre dernier, Goldman Sachs a, par exemple, réduit d’environ 5 000 dollars sa prévision pour le prix du cuivre. La banque d’investissement reste néanmoins plus optimiste que d’autres analystes, estimant que les mesures de relance de l’économie chinoise pourraient soutenir la demande de cuivre et pousser son prix à 10 160 dollars la tonne en 2025.
La Chine et le climat en toile de fond
Il convient de souligner qu’en tant que principal consommateur mondial de cuivre, la Chine joue un rôle clé dans l’évolution du prix du métal rouge. En 2024, ce sont les difficultés de l’économie chinoise, notamment dans le secteur immobilier, qui ont contribué à la baisse du prix du cuivre. Selon BMI, il est peu probable que les mesures de relance initiées ces derniers mois suffisent à stabiliser l’économie, ce qui pourrait peser sur le métal rouge.
À moyen et long terme, cependant, les analystes s’attendent toujours à une hausse du prix du cuivre. La demande croissante liée à la transition énergétique et le déficit prévu en concentré de cuivre pourraient soutenir les cours du métal. Commodity Insights prévoit notamment un déficit de 847 764 tonnes pour le concentré en 2025, en raison d’une offre minière insuffisante.
Ces différentes perspectives de prix pour le métal rouge seront particulièrement suivies en Afrique par la RDC et la Zambie, les deux principaux producteurs du continent. Le cuivre reste en effet leur premier produit d’exportation et contribue de manière significative aux recettes publiques.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Cuivre : les exportations de la RDC sur le point d'atteindre 3 millions de tonnes par an
Cuivre, cobalt : l’élection de Trump rebat les perspectives sur les prix
Cuivre : après l’Américain Goldman Sachs, le Suisse UBS prédit aussi une hausse du prix en 2025
Prix du cuivre : les prévisions de Goldman Sachs dépassent de 2250 $ celles du budget 2025 de RDC
Un récent rapport de l’Observatoire africain des ressources naturelles (Afrewatch) révèle l’impact de l’exploitation minière sur la déforestation dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, en RDC. Entre 2001 et 2023, le Haut-Katanga a perdu 7120 km² de forêts, avec 498,4 km² attribués directement aux activités minières, tandis que le Lualaba a enregistré une perte totale de 5550 km², dont 388,5 km² liés au secteur minier. L’étude souligne que l’essor des activités minières après leur libéralisation en 2002 a amplifié cette déforestation.
Selon les données du rapport, les activités minières sont responsables de 7 % de la perte de couvert forestier enregistrée dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba. Bien que ce chiffre soit relativement modeste comparé à d’autres facteurs, tels que l’agriculture et l’exploitation artisanale du bois, il n’en reste pas moins préoccupant en raison des conséquences climatiques et économiques qui en découlent.
Les destructions forestières entre 2001 et 2023 ont diminué la capacité des forêts à capturer le CO₂, entraînant des émissions supplémentaires estimées à 20 MtCO₂e pour le Haut-Katanga et 13,86 MtCO₂e pour le Lualaba. Le rapport souligne également que l’exploitation minière contribue à la fragmentation des forêts restantes, accélérant ainsi leur dégradation. De plus, l’extraction des minerais nécessite le déboisement de vastes zones, tant pour les sites d’exploitation que pour les infrastructures associées, comme les routes et les zones de stockage. Cette dynamique fragilise les écosystèmes forestiers et augmente l’exposition des populations aux risques climatiques.
Un impact social à ne pas sous-estimer
En plus de la perturbation des cycles naturels, qui affecte la pluviométrie et les températures, la déforestation entraîne des conséquences directes pour les communautés locales. Depuis 2005, les précipitations moyennes à Lubumbashi ont montré des variations importantes, avec des saisons des pluies plus courtes et des épisodes de sécheresse plus fréquents. De plus, la température moyenne a fluctué de manière inhabituelle, atteignant parfois des valeurs extrêmes.
Ces changements ont des répercussions sur les populations locales, notamment celles qui dépendent de l’agriculture. La réduction des précipitations et l’érosion des sols entraînent une baisse de la productivité agricole, mettant en danger la sécurité alimentaire et les revenus des ménages ruraux. Par ailleurs, la disparition des ressources forestières prive les communautés de produits essentiels comme le bois, les fruits ou certaines plantes médicinales.
Une prise en compte nécessaire des enjeux environnementaux
Les conclusions du rapport, bien que peu nouvelles, soulèvent la question du coût réel de l’exploitation minière en RDC. Elles interrogent sur la manière dont le pays peut concilier exploitation des ressources minérales et préservation de son environnement, surtout dans un contexte où la quête des minéraux critiques attire de nombreuses entreprises étrangères. Un rapport récent de la Banque mondiale évalue la valeur des réserves de minerais critiques de la RDC à 24 000 milliards de dollars, et le pays est reconnu parmi les plus riches en minéraux au monde. Pourtant, peu d’études abordent le prix que le pays et ses populations doivent payer pour concrétiser ce potentiel.
Bien que la RDC cherche à exploiter ses ressources minières pour soutenir son développement, il devient crucial de prendre en compte les impacts environnementaux. Sans des mesures adaptées, les bénéfices escomptés pourraient être partiellement annulés par les coûts croissants liés aux perturbations climatiques et aux pertes économiques qui en résultent.
LNK
Lire aussi :
Minerais critiques : les réserves de la RDC estimées à 24 000 milliards $
Selon un rapport du ministère des Mines publié le 30 décembre, la République Démocratique du Congo (RDC) a exporté 2,35 millions de tonnes de cuivre au cours des neuf premiers mois de 2024, soit une augmentation de 17 % par rapport à l'année précédente. Si cette tendance se confirme, la RDC devrait atteindre 3 millions de tonnes exportées d'ici la fin de l'année, un record pour le pays et l'Afrique.
Selon les calculs de l'Agence Ecofin, les exportations trimestrielles de cuivre de la RDC ont dépassé les 750 000 tonnes en moyenne depuis juin 2023, avec plus de 800 000 tonnes exportées au troisième trimestre 2024.
Le ministère congolais des Mines ne publie que les chiffres des ventes, sans préciser si certaines exportations proviennent de volumes produits les années précédentes. Les données de la Banque centrale du Congo montrent cependant peu de différences entre la production et les ventes. En tout cas, la RDC restera le deuxième producteur mondial de cuivre à la fin de 2024, après avoir dépassé le Pérou en 2023. La production du Pérou a atteint 2,47 millions de tonnes fin novembre 2024, en baisse de 1,1 % par rapport à l'année précédente, tandis que le Chili reste en tête avec plus de 5 millions de tonnes.
Au-delà des chiffres symboliques, la hausse de la production de cuivre en RDC renforce l'impact de ce métal sur l'économie locale. Selon la BCC, le cuivre représente plus de deux tiers des exportations congolaises et une part importante des recettes minières, estimées à 5 milliards $ pour le budget 2025.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Cuivre : la production de la plus grande mine de RDC a atteint 437 061 tonnes en 2024
En RDC, 80 % des mines opérées avec des partenaires chinois (officiel)
Minerais critiques : les réserves de la RDC estimées à 24 000 milliards $
La position dominante de la Chine dans le secteur minier en République Démocratique du Congo (RDC) constitue désormais un « risque » pour l’économie du pays, a indiqué, le 14 janvier 2025, Marcellin Paluku, directeur de cabinet adjoint au ministère des Mines. « Aujourd’hui, 80 % de nos mines sont avec un seul partenaire (la Chine). C’est donc un risque […] On ne sait jamais ce qui peut arriver. C’est pourquoi nous essayons désormais de diversifier nos partenariats afin de ne pas dépendre d’un seul partenaire », a-t-il déclaré lors d’un entretien accordé à Reuters en marge d’une conférence minière à Riyad.
Marcellin Paluku a indiqué que les autorités congolaises sont ouvertes à engager des discussions avec de nouveaux partenaires, parmi lesquels l’Arabie Saoudite, l’Inde et l’Union européenne. Il n’a toutefois pas précisé l’état d’avancement de ces discussions, ni évoqué la date à laquelle les préoccupations du gouvernement concernant la domination chinoise ont émergé, bien que ce sujet ne soit pas nouveau.
Cette déclaration fait écho à celle du ministre des Mines, Kizito Pakabomba, qui, en octobre 2024, avait affirmé que la RDC souhaite « attirer de meilleurs investisseurs, plus d’investisseurs et des investisseurs diversifiés ». Il avait notamment cité les Émirats arabes unis parmi les partenaires actuellement courtisés par l’État congolais.
La domination de la Chine dans le secteur minier congolais se reflète dans plusieurs indicateurs. Plusieurs grandes mines de cobalt du pays appartiennent au groupe chinois CMOC, premier producteur mondial de ce minerai, tandis que les intérêts majoritaires dans la plus grande mine de cuivre, Kamoa-Kakula, sont détenus par l’entreprise Zijin Mining.
La RDC, leader mondial de la production de cobalt et deuxième producteur mondial de cuivre, est au cœur des rivalités internationales en raison de l’importance stratégique de ces matières premières pour la transition énergétique et les technologies de pointe. En plus du cuivre et du cobalt, le sous-sol congolais regorge de ressources telles que le zinc, les minerais 3T, le diamant, l’or, l’uranium et le germanium.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Minerais critiques : les réserves de la RDC estimées à 24 000 milliards $
Pour assurer le fonctionnement optimal du complexe cuprifère de Kamoa-Kakula, en République Démocratique du Congo (RDC), « Ivanhoe Mines explore des options pour les futures importations d’hydroélectricité depuis l’Angola », informe l’entreprise dans un communiqué publié le 8 janvier 2025. Basée au Canada, Ivanhoe Mines est l’opérateur de cette mine qu’elle détient à 39,6 %. Les autres actionnaires sont Zijin Mining Group (39,6 %), Crystal River (0,8 %) et l’État congolais (20 %).
À en croire la compagnie, cette importation pourrait être possible d’ici 2030 grâce à la construction d’une ligne haute tension de 2 000 MW. Cette infrastructure permettra de transporter l’électricité produite par les barrages hydroélectriques situés dans le nord de l’Angola vers la Copperbelt de la RDC et de la Zambie.
Le projet est porté par Trafigura et ProMarks. Ces entreprises, basées respectivement à Genève, en Suisse, et à Luanda, en Angola, ont signé, le 4 juillet 2024, un protocole d’accord (MoU) avec le gouvernement angolais pour étudier la viabilité technique et économique du projet. Elles devraient, à l’avenir, créer une coentreprise pour développer, financer, construire et exploiter cette ligne de transport d’électricité.
« Le projet devrait être financé par une combinaison de capitaux propres et de dettes. La planification, les approbations et la construction prendraient environ quatre ans après la décision finale d’investissement », précise Ivanhoe Mines.
Pour faire fonctionner à pleine capacité le complexe cuprifère de Kamoa-Kakula (phases 1, 2 et 3 ainsi que la fonderie), Ivanhoe Mines indique avoir besoin d’environ 240 MW. Actuellement, elle utilise 90 MW d’hydroélectricité domestique et importée et dispose de 160 MW de capacité de secours générée par des groupes électrogènes diesel. Faute d’électricité suffisante, l’entreprise envisage de retarder jusqu’à trois mois la mise en chauffe de la fonderie de cuivre, initialement prévue pour entrer en activité en mars 2025.
Face à cette situation, Ivanhoe Mines travaille donc à augmenter ses capacités d’approvisionnement, notamment en électricité verte, moins coûteuse et moins polluante. Pour cela, elle explore aussi bien des solutions internes qu’externes.
L’entreprise fonde, par exemple, beaucoup d’espoir sur la mise en service de la turbine n° 5 de la centrale hydroélectrique d’Inga II, d’une capacité de production de 178 MW. Cette mise en service devrait débuter au deuxième trimestre de cette année. « Kamoa-Kakula devrait se voir attribuer initialement 70 MW supplémentaires d’hydroélectricité à partir du réseau au cours de cette période, avec une augmentation progressive jusqu’à 178 MW à mesure que les initiatives d’amélioration du réseau seront achevées », indique Ivanhoe Mines.
Par ailleurs, Ivanhoe Mines prévoit, à moyen terme, de renforcer ses importations d’électricité en se tournant vers l’Angola. Ce pays dispose, selon la Banque africaine de développement, de 1,5 GW d’énergie hydroélectrique propre inutilisée. D’ici 2027, cette capacité devrait atteindre 3,5 GW, selon la même source. Sun Africa construit actuellement en Angola un parc solaire de 700 MW grâce à un financement de la Banque d’exportation et d’importation des États-Unis (EximBank).
Pour développer des lignes de transport transfrontalières et domestiques qui aideront à intégrer l’Angola aux pools d’énergie d’Afrique australe et centrale, et à fournir de l’électricité au corridor transafricain de Lobito, les États-Unis prévoient d’établir un partenariat formel avec la Société nationale de transmission d’électricité angolaise.
Aboudi Ottou
Lire aussi :
Crise énergétique en Zambie : un risque pour les miniers du sud-est de la RDC
Cuivre : réduction des objectifs de production 2024 de la plus grande mine de RDC
Secteur minier : 4 milliards $ échappent à la SNEL en 5 ans, faute de capacité électrique
Kamoa Copper, l’opérateur de la mine géante de cuivre Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo (RDC), a conclu un accord de prévente portant sur 80 % de la production d’anodes de cuivre de sa nouvelle fonderie, qui devrait entrer en service en 2025. Les contrats ont été signés avec CITIC Metal Limited et Gold Mountains International Mining Company Limited, deux entreprises liées à son actionnaire Zijin Mining. Il s’agit des mêmes acheteurs avec lesquels Kamoa Copper avait déjà conclu, en 2021, un contrat de vente pour le cuivre produit par le premier concentrateur installé sur le site.
Selon les détails publiés la semaine dernière par Ivanhoe Mines, copropriétaire du projet, l’accord porte sur une période de trois ans et a été conclu « selon des conditions commerciales compétitives et indépendantes ». Une fois que la fonderie atteindra son plein régime, sa production annuelle devrait atteindre jusqu’à 500 000 tonnes d’anodes de cuivre pur à 99,7 %. Les acheteurs ont octroyé, dans le cadre de l’accord, une facilité de paiement anticipé de 500 millions de dollars, déjà entièrement perçue par Kamoa Copper.
Par ailleurs, Kamoa Copper a indiqué être en négociations avancées pour signer un troisième contrat de prévente portant sur les 20 % restants de sa production, aux mêmes conditions.
Un processus de vente que l’État veut encadrer
La conclusion de ces accords de prévente intervient dans un contexte où l’État congolais, actionnaire de Kamoa Copper (20 %), souhaite s’impliquer davantage dans le processus de vente de la production minière. En décembre dernier, Jean-Lucien Bussa, ministre du Portefeuille, avait annoncé que l’État prendrait désormais part à la sélection des acheteurs, estimant que les prix pratiqués par l’entreprise ne respectaient pas les « prix concurrentiels fixés sur le marché ». Cette décision vise, selon le ministre, à optimiser les revenus issus de l’exploitation du cuivre congolais et à garantir une juste valorisation des ressources naturelles du pays.
« À partir de maintenant, le processus de sélection des acheteurs se fera avec l’implication de l’État actionnaire. Cela permettra de vendre au prix du marché et d’optimiser le chiffre d’affaires », avait déclaré le ministre lors d’une conférence.
Un enjeu stratégique pour la RDC
La volonté de l’État congolais de mieux encadrer les ventes de Kamoa Copper s’inscrit dans une démarche plus large visant à maximiser les retombées économiques du secteur minier. Le cuivre constitue l’une des principales sources de revenus du pays, et le projet Kamoa-Kakula, considéré comme l’un des plus grands gisements de cuivre au monde, est stratégique dans cette dynamique. Si cette nouvelle politique de contrôle des ventes se concrétise, elle pourrait modifier les relations commerciales entre Kamoa Copper et ses principaux acheteurs. Toutefois, il reste à voir comment cette volonté d’intervention de l’État s’articulera avec les engagements déjà pris par la société et ses partenaires commerciaux.
En attendant l’aboutissement de ces discussions, Kamoa Copper poursuit ses opérations avec l’ambition de devenir l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre. Les partenaires du projet ont annoncé début janvier un objectif de production de cuivre de 520 000 à 580 000 tonnes pour 2025, en hausse par rapport aux 437 061 tonnes produites en 2024.
Louis-Nino Kansoun
Lire aussi :
En 2025, Ivanhoe prévoit d’investir 1,7 milliard $ pour ses opérations en RDC
L’État estime que Kamoa Copper vend son cuivre à des prix inférieurs au marché
Le ministère de la Justice de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé l'arrestation de dix ressortissants chinois pour leur implication dans l'exploitation illicite de minerais dans la province du Sud-Kivu. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de lutte accrue, menée par plusieurs pays africains, contre l’exploitation minière illégale. En décembre dernier, 17 ressortissants chinois accusés d'extraction illégale d'or au Sud-Kivu avaient également été arrêtés.
#RDC_MINES | 🚨⚖️ COMMUNIQUÉ DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE @JusticeGouvCD.
— Ministère des Mines - RDC (@MinMinesRDC) January 11, 2025
Ce communiqué fait suite à l'appréhension d'étrangers impliqués dans l'exploitation illicite de minerais au Sud-Kivu.@kizpaka @shabani_lukoo @VPM_MINTERSECAC @ConstantMutamba #CellComMINES pic.twitter.com/TB9EiO0G7C
Ces arrestations représentent une étape significative dans la lutte contre un fléau qui prive la République démocratique du Congo (RDC) de revenus précieux. Le ministre de la Justice a ordonné au procureur général près la cour d'appel du Sud-Kivu d'engager des poursuites en flagrance contre les individus interpellés et leurs complices.
L’exploitation illégale des minerais en RDC constitue un problème majeur, coûtant au pays des milliards de dollars chaque année. Ce phénomène est alimenté par des failles institutionnelles, des complicités internes et un contrôle insuffisant. Les compagnies chinoises, souvent accusées, sont pointées du doigt pour leur non-respect du code minier congolais : absence de permis valide, non-réalisation d’études d’impact environnemental obligatoires, et refus de signer des cahiers des charges avec les communautés locales.
En dépit des arrestations, les activités illégales des compagnies minières étrangères, notamment chinoises, persistent. En août 2021, six entreprises chinoises avaient vu leurs opérations suspendues dans le Sud-Kivu par le gouverneur de l’époque, Théo Kasi, pour exploitation illégale et destruction de l’environnement. Cependant, ces décisions peinent à être appliquées, en grande partie en raison de complicités au sein des élites politiques et militaires. Ces alliances affaiblissent les efforts de gouvernance et rendent inefficace la mise en œuvre de processus de certification administrative, sociale et environnementale prônés par le gouvernement. Par ailleurs, la militarisation des sites miniers, souvent au profit de ces entreprises, engendre des violences à l’encontre des civils.
Olivier de Souza
Lire aussi :
Sud-Kivu : la reprise de l’exploitation minière autorisée pour les entreprises en règle
Ivanhoe Mines a annoncé, le 10 janvier 2025, une émission d’obligations destinée à mobiliser 600 millions $. Une partie de ces fonds devrait être allouée aux opérations congolaises de la compagnie, qui prévoit d’investir jusqu’à 1,7 milliard $ en 2025 dans son complexe de cuivre Kamoa-Kakula et sa mine de zinc Kipushi, en République Démocratique du Congo (RDC).
#News - Ivanhoe Mines launches an offering of US$600,000,000 Senior Notes due 2030.
— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) January 10, 2025
Read full news release : https://t.co/RpbLOQIgwN
Dans le détail, Ivanhoe prévoit d’investir entre 1,42 milliard et 1,67 milliard $ à Kamoa-Kakula. L’essentiel de ces fonds sera consacré à l’agrandissement de la mine, dont la production devrait atteindre plus de 600 000 tonnes de concentré de cuivre en 2026, contre un maximum de 580 000 tonnes attendu en 2025. En 2024, Kamoa-Kakula a produit 437 061 tonnes de cuivre. Il convient de noter que l’investissement prévu en 2025 par Ivanhoe est similaire à celui de 2024, qui s’est élevé à 1,61 milliard $ pour les neuf premiers mois de l’année.
À Kipushi, l’investissement prévu en 2025 est nettement inférieur à celui de l’année précédente. Ivanhoe a consacré 185 millions $ au premier semestre 2024 pour permettre la réouverture de la mine. Désormais en phase de production, l’entreprise prévoit seulement 25 millions $ pour des travaux visant à augmenter de 20 % la capacité de traitement de l’usine d’ici le troisième trimestre, ainsi que 40 millions $ pour d’autres interventions visant à garantir le bon fonctionnement des installations.
Bien que ces investissements concernent des opérations en RDC, Ivanhoe ne précise pas quelle part des dépenses sera effectivement réalisée dans le pays et bénéficiera aux fournisseurs locaux. Ces derniers mois, les autorités congolaises ont intensifié leurs initiatives pour permettre aux sous-traitants et fournisseurs congolais de mieux tirer parti des investissements des compagnies minières étrangères.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Cuivre : la production de la plus grande mine de RDC a atteint 437 061 tonnes en 2024
Zinc : Ivanhoe prévoit de quadrupler la production de la mine de Kipushi en 2025
En 2024, les rebelles du M23, groupe principalement actif en République Démocratique du Congo (RDC), auraient exporté illégalement au moins 150 tonnes de coltan vers le Rwanda. C’est du moins ce que révèle un nouveau rapport de l’ONU qui dénonce notamment « la plus importante contamination jamais enregistrée de la chaîne d’approvisionnement en minéraux de la région des Grands Lacs ».
Dans le détail, ce rapport relayé par plusieurs médias internationaux, dont Reuters, indique que le contrôle exercé par le M23 sur les voies de transport menant vers le Rwanda a principalement alimenté ce trafic. Selon l’ONU, les exportations ont démarré après que le groupe a pris le contrôle de Rubaya (une région riche en coltan), puis « imposé » des taxes sur la production des sites miniers de coltan de cette localité située au Nord-Kivu. D’après l’étude, cela aurait permis au M23 d’empocher en moyenne 800 000 dollars par mois, notamment grâce aux exportations effectuées en direction du Rwanda.
Ce n’est pas la première fois que le Rwanda est cité comme une des destinations du commerce illicite de coltan dans la région. Selon le rapport « Mining and illicit trading of coltan in the Democratic Republic of Congo » de l’ENACT cité par Agence Ecofin dans un article en avril 2024, le Rwanda serait « la voie privilégiée pour le négoce illicite du coltan », car Kigali ne taxe pas les exportations de ce minerai et permet aux marchandises importées d’être requalifiées « made in Rwanda », à condition de subir une transformation dans le pays avec une valeur ajoutée d’au moins 30 %. Les auteurs indiquaient alors qu’il est « probable que la majeure partie du minerai exporté du Rwanda soit d’origine congolaise ».
En outre, un rapport de Global Witness publié en 2022 a révélé que 90 % des minerais 3T exportés par le Rwanda sont introduits illégalement à partir de la RDC. Plus récemment, la question est revenue au cœur des discussions après que la RDC a accusé le géant américain de l’électronique Apple de s’approvisionner en coltan de contrebande. Des allégations que la société a réfutées, tout en annonçant la suspension de ses approvisionnements en coltan à la fois au Rwanda et en RDC.
Les conclusions de la nouvelle étude de l’ONU viennent alimenter la polémique entourant les origines du coltan exporté par le Rwanda. Pour rappel, en 2023, le pays s’est classé premier parmi les exportateurs mondiaux de ce minerai essentiel dans les processus de fabrication des ordinateurs et smartphones. Sa production était alors estimée à 2070 tonnes, contre 1918 tonnes pour la RDC qui détiendrait entre 60 et 80 % des réserves mondiales, selon les estimations.
Selon les autorités congolaises, la RDC perd annuellement en moyenne 1 milliard de dollars à cause du trafic illégal des minerais 3T ou encore de l’or. Outre le Rwanda, d’autres pays frontaliers comme l’Ouganda et le Burundi sont également cités parmi les principaux points de chute de ces minerais.
Aurel Sèdjro Houenou, Agence Ecofin
Lire aussi :
Minerais de conflit : la RDC attaque Apple au pénal en France et en Belgique