En RDC, la compagnie minière Alphamin Resources, qui exploite la plus grande mine industrielle d’étain du pays, prévoit de livrer entre 17 000 et 18 000 tonnes en 2024, en hausse par rapport aux 12 568 tonnes de 2023. L’atteinte de cet objectif impliquerait un nouveau record annuel pour les exportations congolaises d’étain qui ont totalisé 33 558,68 tonnes en 2023.
Dans une mise à jour publiée le 10 juillet par Alphamin, la société indique qu’elle a produit 4 027 tonnes d’étain au deuxième trimestre, 28% de plus que le volume du premier trimestre. Si Alphamin fait un meilleur deuxième semestre que le premier, la compagnie permettrait aux exportations congolaises de continuer sur cette trajectoire ascendante.
Selon les données publiées plus tôt, cette année, par le ministère des Mines, le volume d’étain exporté par la RDC en 2023 (en hausse de près de 300% par rapport à 2013) était déjà le plus haut niveau atteint sur les 10 dernières années. Depuis 2013 où les exportations ont totalisé 8 406,81 tonnes, elles n’ont plus jamais baissé d’une année à l’autre (voir graphique).
Évolution des exportations congolaises d’étain depuis 2013
Source : ministère des Mines
En dehors de la production industrielle, l’étain est également exploité de façon artisanale en RDC. Les mines artisanales se répartissent dans différentes provinces, en l’occurrence le Haut-Lomami, Maniema ou encore le Tanganyika.
La nouvelle hausse en vue de la production congolaise d’étain coïncide avec un relatif regain de santé pour le prix de la matière première, ce qui pourrait permettre au pays d’accroître les recettes. Alphamin dans son rapport indique par exemple que le prix moyen de vente réalisé pour ses produits au deuxième trimestre 2024 était en hausse de 20% par rapport à celui du premier trimestre (32 314 $/t contre 26 863 $/t). Pour rappel, à plus long terme, les analystes prédisent que l’étain devrait bénéficier de la transition énergétique, en raison de son utilisation accrue dans les cellules photoélectriques solaires, les véhicules électriques et l’électronique.
Nino Kansoum
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En 2023, la RDC a dépassé le Pérou en matière de production de cuivre, livrant 2,8 millions de tonnes du métal rouge contre 2,4 millions de tonnes pour son rival sud-américain. Si le Pérou devait reprendre sa place de deuxième producteur mondial en 2024 avec 3 millions de tonnes attendues, le cabinet Wood Mackenzie prédit que la dynamique devrait définitivement changer à partir de 2026-2027.
Croissance régulière de la production congolaise
La production congolaise de cuivre augmente de façon constante depuis plusieurs années. Leader du secteur en Afrique, devant la Zambie, le pays a produit 2,36 millions de tonnes en 2022 selon les données officielles, ce qui représentait déjà une hausse en glissement annuel de 31%.
La courbe d’évolution des volumes de cuivre produits par les mines congolaises montre que la dynamique de croissance a été régulière sur les dix dernières années. Alors qu’il produisait à peine 1 million de tonnes en 2014, le pays a réussi à passer la barre de 1,8 million de tonnes en 2021, puis celle de 2 millions de tonnes en 2022. Cette performance peut être attribuée à la mise en service de nouvelles mines, y compris celles de Deziwa en janvier 2020 et de Kamoa-Kakula en mai 2021. Kamoa-Kakula, montée en régime depuis, a la capacité de devenir la deuxième plus grande mine de cuivre au monde.
Production des 10 dernières années
Année |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
Million (tonnes) |
1,03 |
1,03 |
1,02 |
1,09 |
1,2 |
1,4 |
1,6 |
1,8 |
2,4 |
2,8 |
Année |
Million (tonnes) |
2014 |
1,03 |
2015 |
1,03 |
2016 |
1,02 |
2017 |
1,09 |
2018 |
1,2 |
2019 |
1,4 |
2020 |
1,6 |
2021 |
1,8 |
2022 |
2,4 |
2023 |
2,8 |
Graphique : évolution de la production de cuivre de la RDC
Cette croissance régulière de la production congolaise sur la dernière décennie et le potentiel minéral inexploité du pays explique sans doute la prévision de Wood Mackenzie susmentionnée. Soulignons à ce propos qu’un autre récent rapport de S&P Global Market Intelligence indique que la RDC concentre 65% des nouvelles annonces des réserves de cuivre identifiées dans le monde en 2023.
« Dans les années à venir, le Congo [RDC, NDLR] va dépasser le Pérou […]. Le Congo possède aujourd’hui des mines à haute teneur en minerai, plus importantes que celles du Chili et du Pérou », déclarait en mai dernier Wood Mackenzie.
Deuxième producteur mondial de cuivre au bon moment
Alors que le Pérou prévoit de produire 3 millions de tonnes en 2024, il faudra pour la RDC dépasser ce cap dans les années à venir pour devenir durablement le nouveau dauphin du Chili (leader mondial avec plus de 5 millions de tonnes). Si elle y arrive, elle pourrait profiter des perspectives reluisantes annoncées actuellement sur le marché du métal rouge.
Plusieurs sources médiatiques concordantes ont rapporté, lundi 8 juillet, que le contrat de cuivre pour août le plus échangé sur le Shanghai Futures Exchange a augmenté de 0,5% à 80 530 yuans (11 080 dollars). Sur une tendance haussière depuis le mois de mars où il a franchi la barre de 9 000 dollars la tonne, le prix du cuivre a continué de grimper pour établir un nouveau record à plus de 11 000 dollars. Plusieurs analystes dont Citibank ou Macquarie voient le métal rouge à 15 000 dollars la tonne d’ici 2025, alors que les spécialistes sont unanimes sur un potentiel de croissance à long terme encore plus grand pour le prix du cuivre, en raison de son importance pour la transition énergétique.
Transformation locale et valeur ajoutée
Longtemps cantonnée au rôle d’exportateur de matières premières, la RDC cherche désormais à transformer localement son cuivre pour produire des matériaux directement utilisables par l’industrie des batteries pour véhicules électriques. Kinshasa étudie actuellement la faisabilité d’un projet de partenariat avec la Zambie pour atteindre cet objectif. Cette initiative pourrait représenter un changement de paradigme pour l’économie congolaise, ajoutant une valeur significative aux exportations de cuivre et stimulant le développement industriel local.
Pour rappel, le cuivre représente environ 70% des recettes d’exportations de la RDC.
Louis-Nino Kansoun
En RDC, le gouverneur de la province du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi (photo), a ordonné la suspension de toutes les activités minières sur le territoire de sa province. Dans une décision rendue publique le vendredi 19 juillet, l’autorité administrative donne jusqu’à 72 heures aux différentes sociétés, coopératives et artisans miniers pour quitter les sites miniers.
Mais cette suspension, dont la durée n’est pas encore connue, n’aura qu’un impact limité sur la production congolaise de cuivre. Cette dernière se concentre en effet dans d’autres provinces, en l’occurrence le Lualaba et le Haut-Katanga qui abritent les plus grandes mines de cuivre et de cobalt. Le Sud-Kivu est aussi une province riche en minerais, mais surtout en or, coltan ou étain. L’exploitation minière y est surtout artisanale, avec des sociétés à capitaux chinois opérant parfois à la limite de la légalité.
Nommé en juin à la tête de la province, le gouverneur Jean-Jacques Purusi veut remettre de l’ordre dans le secteur et assurer la traçabilité de la production minière. Une réunion avec les différents acteurs du secteur a ainsi été convoquée pour le 30 juillet en vue de faire l’état des lieux de l’exploitation minière et évaluer les modalités de régularisation des activités minières.
Pour rappel, la RDC tire jusqu’à 70 % de ses revenus d’exportations de l’exploitation du cuivre. L’exploitation de l’or est également une source de revenus non négligeable. L’accord signé entre l’État et la société émiratie Primera Group a permis un bond de 12 000% des exportations d’or artisanal en 2023. Primera a opéré dans le Sud-Kivu, une province dont le potentiel reste sous-exploité à cause de l’exploitation illégale des ressources.
Emiliano Tossou
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Avec une production maximale de 490 000 tonnes de concentré attendue en 2024, Kamoa-Kakula est la plus grande mine de cuivre de RDC et d’Afrique. Pour porter la production annuelle à plus de 600 000 tonnes dès 2025, ses propriétaires ont mis en service une nouvelle unité.
En RDC, Ivanhoe Mines a annoncé le 11 juin la production du premier concentré de cuivre à partir du nouveau concentrateur mis en service le mois dernier à son complexe cuprifère Kamoa-Kakula. Ce troisième concentrateur actif sur le projet devrait entrer en production commerciale au troisième trimestre 2024, précise la compagnie minière canadienne.
Avec cette nouvelle unité de traitement, Kamoa-Kakula devrait se positionner en 2025 comme la troisième plus grande mine de cuivre au monde, derrière les mines Escondida (Chili) et Grasberg (Indonésie). Le complexe dispose en effet désormais d’une capacité de production de plus de 600 000 tonnes de cuivre par an. Il contribuera à maintenir la RDC parmi les leaders du secteur, alors que le pays vient de passer en deux ans du statut de 4ème producteur mondial de cuivre en 2021 à celui de deuxième producteur mondial en 2023.
Il faut souligner que l’objectif final d’Ivanhoe Mines et de ses partenaires de coentreprise est de faire de Kamoa-Kakula la deuxième plus grande mine de cuivre au monde, avec une production totale de plus de 800 000 tonnes. Un quatrième concentrateur avec une capacité de traitement annuelle de 5 millions de tonnes de minerais au moins est donc déjà à l’étude par les ingénieurs de la mine.
Pour rappel, Ivanhoe Mines et le chinois Zijin Mining détiennent respectivement 39,6 % d’intérêts dans Kamoa-Kakula, contre 20 % d’intérêts pour le gouvernement congolais. Une production de 440 à 490 000 tonnes de concentré de cuivre est attendue au complexe en 2024.
Emiliano Tossou
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Les exportations congolaises d’or artisanal ont fait un bond de plus de 12 000 % en 2023, grâce à la première année d’activité de Primera Gold, fruit d’un partenariat avec la société émiratie Primera Group. Cette dernière détient 55 % de Primera Gold, contre 45 % pour l’État congolais.
Le gouvernement congolais est en passe de racheter les intérêts qu’il ne détient pas encore dans la société Primera Gold, une coentreprise avec le groupe Primera basé aux Émirats arabes unis. Cela mettrait fin à un accord de 25 ans signé en 2022 et portant sur l’achat et l’exportation d’or artisanal par cette société proche du pouvoir politique émirati.
Selon les informations relayées par Bloomberg, la fin du partenariat intervient après l’effondrement des exportations d’or de Primera Gold cette année, et pourrait s’expliquer par les récentes difficultés de la société. Outre les prix plus élevés proposés sur le marché noir aux mineurs artisanaux, Primera Gold a fait face à une réglementation bancaire limitant les transactions quotidiennes en espèces. Depuis novembre, les expéditions d’or auraient chuté de 50 %, après que la société a exporté pour 5 tonnes d’or à partir de la RDC l’année dernière.
Ce changement remet en cause l’existence du partenariat entre le gouvernement congolais et le groupe émirati, qui était censé lutter contre la contrebande d’or artisanal grâce à un « quasi-monopole » sur les exportations. Primera Gold dispose en effet d’une taxe préférentielle de 0,25 % sur les exportations d’or artisanal contre 6 % pour ses rivaux. Notons que l’activité de Primera Gold devrait être poursuivie par le gouvernement, mais rien ne garantit que les autorités aient de meilleurs résultats seuls que dans le cadre de la coentreprise.
Il faut souligner que le retrait de Primera Group du secteur de l’or artisanal ne signifie pas son départ de RDC. La société basée à Abu Dhabi devrait se concentrer désormais sur les minerais 3T (étain, tungstène et tantale), l’autre volet du partenariat noué avec le gouvernement congolais. L’achat et la transformation locale de ces produits miniers grâce à la mise en place d’une raffinerie sont notamment prévus.
Pour rappel, la contrebande d’or en RDC est l’un des moyens de financement des groupes non étatiques qui opèrent dans le pays, alimentant des conflits depuis plusieurs décennies. Cette contrebande est facilitée par la corruption des fonctionnaires chargés de réglementer l’exploitation artisanale et l’absence de l’État dans certaines zones d’exploitation.
Emiliano Tossou
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La RDC est le premier producteur mondial de cobalt, mais fournit à peine 1 % du cobalt raffiné utilisé dans le monde. Également deuxième producteur de cuivre, le pays s’efforce d’investir dans la transformation locale en profitant de l’intérêt des grandes puissances pour ses ressources.
En RDC, le gouvernement américain a annoncé cette semaine une subvention de 2 millions de dollars au profit du secteur minier. Par l’intermédiaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Washington soutiendra l’agrandissement d’une usine locale de transformation de cuivre et de cobalt.
En ce jour, les États-Unis🇺🇲, via #USAID et #ProsperAfrica, ont annoncé la 1ère subvention dans le cadre du prog. "Commerce et investissement en Afrique (ATI) : minerais critiques" en RDC🇨🇩, d'1 valeur de $20 millions. 👉https://t.co/ujIh9Rbwt3#UsaidDRC #ESG #ResponsibleSourcing pic.twitter.com/M5IhcfGn9I
— USAID/Democratic Republic of the Congo (@USAIDinDRC) June 12, 2024
La subvention de l’USAID, accordée dans le cadre d’un programme de financement américain de 20 millions de dollars au profit des minéraux critiques africains, permettra à l’usine congolaise ROK Metals d’augmenter sa production mensuelle de cathodes de cuivre et d’hydroxyde de cobalt à 1 150 tonnes et 250 tonnes respectivement, contre 52 tonnes et 28 tonnes actuellement. La production de cette usine située à Likasi dans le Katanga sera exportée vers les États-Unis et d’autres marchés, précise l’institution.
« L’augmentation des investissements diversifiés et responsables, en particulier dans le cobalt, le cuivre et d’autres minerais essentiels à la transition vers l’énergie verte, offre une opportunité significative de catalyser le développement durable en RDC », indique un communiqué de l’institution américaine daté du 11 juin.
Notons que le choix de ROK Metals s’est fait après un processus de sélection mené en collaboration avec le ministère des Mines congolais, dans le cadre du DRC Mining Week qui se tient du 12 au 14 juin 2024. D’autres projets ont été retenus dans le cadre de ce programme destiné à identifier des « concepts innovants du secteur privé susceptibles de générer rapidement de nouvelles exportations et de nouveaux investissements dans des projets de minéraux critiques ».
Bien que le montant de la subvention soit relativement faible, quand on le compare aux sommes investies ces dernières années dans le secteur minier par différents partenaires de la RDC, notamment la Chine, le projet ROK Metals illustre la nouvelle orientation de la stratégie américaine dans les Mines en Afrique. Pour se différencier de son rival chinois, Washington veut mettre la transformation locale au cœur de ses nouveaux partenariats avec les pays africains producteurs de métaux essentiels à la transition énergétique.
En décembre 2022, les États-Unis ont par exemple signé un protocole d’accord avec la RDC et la Zambie. Il prévoit le développement d’une chaine de valeur intégrée transfrontalière pour la production de batteries pour véhicules électriques dans les deux principaux pays africains producteurs de cuivre.
Pour rappel, la chaine de valeur mondiale des batteries et des véhicules électriques devrait atteindre 8800 milliards de dollars en 2025. Mais cantonné au rôle de fournisseur de matières premières, le continent ne devrait capter que 55 milliards de dollars selon la BAD, malgré ses immenses réserves de cobalt, de cuivre et de lithium, tous utilisés dans l’industrie des batteries et véhicules électriques.
Emiliano Tossou
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Chemaf dispose depuis 2015 d’un bail de 25 ans sur un permis de cuivre-cobalt appartenant à la Gécamines. Pour développer ce permis, Chemaf s’est mise en vente en 2023, car la société n’est plus en mesure de financer les travaux. Mais ce processus n’aurait pas reçu l’approbation de la Gécamines.
En RDC, la reprise de Chemaf Resources par un nouvel investisseur ne pourra se faire qu’avec l’accord de la Gécamines. C’est du moins ce qu’a déclaré Guy-Robert Lukama, président de la compagnie minière nationale congolaise, indiquant qu’un permis minier clé serait retiré à Chemaf Resources en cas de non-respect de cette condition.
« S’ils vendent, nous retirerons le contrat de bail », a averti le dirigeant congolais, dans des propos relayés le 14 juin par Bloomberg. De son côté, Chemaf affirme avoir obtenu l’accord du ministre des Mines pour la transaction et se prépare « à demander l’approbation formelle de Gecamines SA [son] partenaire respecté à Mutoshi ».
En 2015, la Gécamines a signé un accord de bail visant à céder pour 25 ans ses droits d’exploitation sur un permis de cuivre-cobalt. C’est sur ce permis que se situe Mutoshi, le projet phare de Chemaf en RDC. La compagnie enregistrée sur l’île de Man y planifie depuis au moins 2018 un complexe capable de livrer annuellement 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre.
Chemaf Resources s’est cependant mise en vente l’année dernière, en raison des difficultés à mobiliser les fonds pour couvrir le développement de ce complexe. La direction de la compagnie a précisé que le repreneur potentiel devrait être capable de mobiliser les 250 à 300 millions de dollars nécessaires pour achever les travaux. Notons que Chemaf a déjà contracté un prêt de 600 millions de dollars auprès du négociant de matières premières Trafigura afin de financer les travaux.
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Ivanhoe Mines Limited à l'origine de cette performance a continué d'explorer cette année 2024. La RDC peut devenir le premier fournisseur d’une ressource dont l'offre est inférieure à la demande, ce qui assure des perspectives de revenus supplémentaires pour le pays.
La République démocratique du Congo (RDC) concentre 65 % des nouvelles annonces des réserves de cuivre identifiées dans le monde en 2023, selon un rapport de S&P Global Market Intelligence récemment obtenu par l'Agence Ecofin. Ce positionnement est le fait d'Ivanhoe Mines Ltd, qui en novembre 2023, a indiqué avoir découvert « des ressources inférées et indiquées de 267 millions de tonnes contenant 4,96 millions de tonnes de cuivre » sur un de ses gisements dans le pays.
L'entreprise a débuté en janvier 2024 de nouvelles opérations de forage, financées par une partie des 575 millions de dollars canadiens (420,8 millions $) mobilisés en 2023 dans le cadre d'un emprunt par placement privé. Ces différentes annonces interviennent dans un contexte où le volume de nouvelles réserves de cuivre identifié en 2023 (7,6 millions de tonnes) est le plus faible depuis 2019, tandis que la demande mondiale continue de progresser.
Selon des données publiées en juin par l'Agence internationale de l'Energie, cette disparité entre l'offre et la demande devrait persister jusqu'en 2050. L'institution anticipe qu'une transition énergétique optimale (net zéro) nécessitera 40,7 millions de tonnes de cuivre en 2040, alors que l'offre disponible ne sera que de 14,8 millions de tonnes pour le cuivre brut et de 30 millions de tonnes pour le cuivre transformé.
Avec un repli de nouvelles identifications de réserves en Amérique Latine, et la demande croissante de cuivre, notamment pour la transition énergétique, la RDC tient une opportunité de devenir le premier fournisseur mondial de cuivre brut devant le Chili qui domine encore sur ce segment. Rappelons que le cuivre, le zinc et le cobalt génèrent 90 % des revenus d'exportation de la RDC.
D'un point de vue macroéconomique, une possible augmentation de la production, doublée d'un niveau élevé des prix soutenus par une demande plus importante que l'offre, devrait garantir une croissance des revenus pour le gouvernement congolais. Cependant, la traduction budgétaire de ce potentiel dépendra de l'évolution des prix et de la capacité du gouvernement à maximiser les retombées de la rente minière.
Premier producteur de cuivre en Afrique et leader mondial de la production de cobalt, la RDC est également un grand exportateur d’or, hébergeant la plus grande mine aurifère du continent. Les revenus tirés de ce secteur pourraient augmenter si l’or continue de se maintenir à un niveau élevé.
Le prix de l’or s’est stabilisé au-dessus du seuil de 2 400 dollars l’once, rapportent plusieurs sources concordantes ce vendredi 12 juillet. Actuellement à 2 412 $/oz, le métal précieux se rapproche de son pic historique établi à 2 450 $ en mai dernier, une bonne nouvelle pour la RDC où une hausse de la production est attendue cette année.
Selon les données de Bloomberg, l’or a progressé de 17 % depuis le début de l’année, malgré plusieurs vents contraires y compris des taux d’intérêt élevés et une inflation persistante. Le métal précieux a augmenté de 1,9 % jeudi, sur fond d’espoirs d’une réduction des taux par la Réserve fédérale américaine en septembre et d’autres facteurs comme une demande soutenue des banques centrales et des acheteurs chinois.
Pour la RDC qui a exporté 34,53 tonnes d’or valorisées à 1,56 milliard $ en 2023 selon les données du ministère des Mines, la hausse de prix observée depuis le début de l’année devrait être synonyme de hausse des recettes tirées du secteur aurifère (qui incluent les taxes et redevances perçues ainsi que les participations dans les mines). En effet, sa production d’or devrait augmenter en 2024 si les prévisions à la mine Kibali (la plus grande mine d’or du continent) se réalisent.
D’après la compagnie minière Barrick, la mine pourrait livrer entre 711 000 et 800 000 oz d’or en 2024, contre 762 000 oz en 2023 et 750 000 oz en 2022. Dans ses prévisions de début d’année, la société qui détient 45 % de participation dans le projet (contre 45 % pour AngloGold Ashanti et 10 % pour le gouvernement) s’attendait à un prix de l’or dans la fourchette de 1 800 à 2 000 $/oz.
Les exportations congolaises pour l’année 2023 étaient les plus élevées du pays sur les cinq dernières années (voir graphique).
Évolution des exportations aurifères de la RDC depuis 2019 (Source : Ministère des Mines)
En dehors de Kibali et des autres mines industrielles, qui ont représenté 85 % des volumes exportés, la RDC produit également de l’or artisanal. Les exportations d’or artisanal ont totalisé l’année dernière 5 181,70 kg valorisés à 306 millions $.
Louis-Nino Kansoun
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Composée des exploitations Mpama Nord et Mpama South, Bisie est la plus grande mine d’étain en RDC. Elle a livré 12 568 tonnes en 2023, ce qui représentait 4,5% de la production minière mondiale.
Alphamin Resources a publié le mercredi 10 juillet 2024, ses résultats de production pour le deuxième trimestre 2024 sur son projet Bisie, la plus grande mine d’étain de RDC. La compagnie basée à Maurice a produit 4027 tonnes d’étain sur la période, portant sa production du premier semestre de l’année à 7169 tonnes.
Il faut souligner que la production est en hausse de 13% par rapport au premier semestre 2023. Une augmentation qui s’explique par la mise en service de la nouvelle usine de traitement de Mpama South en mai dernier. Celle-ci contribuera d’ailleurs à la hausse d’au moins 35% de la production d’étain prévue par Alphamin pour 2024.
La compagnie vise en effet entre 17 000 et 18 000 tonnes d’étain cette année, contre 12 568 tonnes en 2023. Avec Mpama North en service, depuis quelques années, notons que Mpama South est l’une des deux exploitations de Bisie. Avec cette seule mine, la RDC a fourni 4,5% de la production minière mondiale d’étain l’année dernière, d’après l’International Tin Association.
Selon les statistiques officielles, la production congolaise de cassitérite (minerai contenant l’étain) a atteint 33 558 tonnes en 2023.
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Les Émirats arabes unis sont devenus un partenaire de premier plan de la RDC, particulièrement dans le secteur minier. Acteur de l’augmentation de plus de 12 000 % des exportations congolaises d’or artisanal en 2023, la société émiratie Primera Gold est mise en cause par des experts onusiens.
Le négociant Sibtein Alibhai, agissant au nom de la société émiratie Primera Group, aurait rencontré plusieurs trafiquants d’or d’Afrique centrale pour leur proposer des opportunités commerciales. C’est du moins l’information révélée par le Groupe d’experts des Nations Unies sur la situation en RDC, qui précise que ces approches datent de février et mars 2024.
Les accusations des experts de l’ONU
Primera Group a conclu en 2022 un accord avec le gouvernement congolais qui lui donne un quasi-monopole sur les exportations d’or artisanal produit en RDC. Il faut souligner que M. Alibhai ne travaille officiellement plus pour Primera Group depuis avril 2023. Il a cependant été promu juste après stratège mondial en chef d’International Resources Holding, filiale de la plus grande société cotée d’Abu Dhabi, capitale des Émirats.
Notons que le mis en cause a nié auprès de Bloomberg tout lien avec Primera Group depuis sa démission en 2023, refusant toutefois de commenter les allégations de rencontre avec des trafiquants. Dans son rapport, le Groupe d’experts onusien pointe aussi le risque que de l’or de source inconnue entre dans la chaine d’approvisionnement de Primera Gold.
Entre janvier et mars 2024, la moitié de l’or acheté par Primera Gold, environ 350 kg proviendrait du territoire de Shabunda, au Sud-Kivu. Dans la localité, des négociants s’approvisionneraient cependant sur des sites potentiellement non reconnus par les autorités congolaises, en vue de revendre l’or à Primera Gold. La société assure pourtant acheter uniquement de l’or auprès de sites miniers validés et de négociants reconnus par l’administration nationale des mines.
Influence émiratie croissante dans le secteur minier congolais
Ces différentes informations remettent au cœur de l’actualité la question de l’influence émiratie en RDC en général, et particulièrement dans le secteur minier. Plus discret que la Chine, Abu Dhabi a pourtant renforcé ses relations économiques avec Kinshasa ces dernières années.
Au quatrième trimestre 2023, l’émirat apparaissait comme le deuxième plus grand créancier bilatéral de la RDC, derrière Pékin, selon la Direction générale de la dette publique. Dans le secteur minier, l’accord de décembre 2022 entre Primera Group et le gouvernement a certes permis un bond de plus de 12 000 % des exportations congolaises d’or artisanal en 2023, mais il est critiqué par une partie de la société civile.
Pour le collectif « Le Congo n’est pas à vendre » par exemple, Primera Gold (coentreprise congolaise contrôlée à 55 % par Primera et à 45 % par Kinshasa) bénéficie d’allègements fiscaux très généreux. Elle est imposée à hauteur de 0,25 % sur les exportations d’or, un taux 10 fois inférieur aux taxes appliquées aux autres sociétés d’exportation d’or artisanal, indique l’association de la société civile.
Rappelons que le gouvernement congolais est actuellement en pourparlers pour racheter les intérêts qu’il ne détient pas encore dans la société Primera Gold. Une décision prise après l’effondrement des exportations d’or de Primera Gold cette année, selon plusieurs sources médiatiques concordantes. Primera Group devrait alors se concentrer sur les minerais 3T (étain, tungstène et tantale), l’autre volet du partenariat noué avec le gouvernement congolais. L’achat et la transformation locale de ces produits miniers grâce à la mise en place d’une raffinerie sont notamment prévus.
Emiliano Tossou
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Le prêt servira à financer la troisième phase d’expansion du complexe cuprifère, qui permettra de porter sa capacité de production à plus de 600 000 tonnes de minerai par an.
Africa Finance Corporation (AFC) a annoncé, dans un communiqué publié le mercredi 26 juin 2024, l’octroi d’un prêt de 150 millions de dollars à la compagnie minière Kamoa Copper pour financer l'expansion du complexe cuprifère de Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo.
Ce prêt est aligné sur l'engagement de la société à soutenir la valorisation locale des abondantes ressources minérales de l'Afrique dans le but de débloquer la prospérité économique du continent, a-t-on précisé de même source.
Kamoa Copper, l'opérateur du complexe, est une coentreprise entre la société minière canadienne Ivanhoe Mines (39,6%), la compagnie chinoise Zijin Mining Group (39,6%), la société privée basée à Hong Kong Crystal River Global Limited (0,8%) et le gouvernement congolais (20 %).
Kamoa-Kakula est la plus grande mine de cuivre en Afrique. Située à l'extrémité ouest de la prolifique ceinture de cuivre d'Afrique centrale, cette mine est entrée en production en juillet 2021. Elle fait actuellement l'objet d'une troisième phase d'expansion, qui permettra d’augmenter sa capacité de production de 33 % à plus de 600 000 tonnes par an.
La troisième phase de développement de la mine prévoit également la construction de la plus grande fonderie de cuivre d'Afrique, avec une capacité de 500 000 tonnes par an d'anodes de cuivre pur à 99 %, et la production de 178 mégawatts (MW) d’électricité grâce à la remise en état de la turbine n° 5 du barrage hydroélectrique d'Inga II.
Cette phase, qui devrait être achevée d'ici fin 2024, fera de Kamoa-Kakula la troisième plus grande mine de cuivre à l’échelle mondiale.
« C’est une étape clé dans notre mission de développement d'écosystèmes d'infrastructures qui contribuent à l'intégration des économies et à la transformation économique en Afrique », a déclaré le PDG d’AFC, Samaila Zubairu, cité dans le communiqué. Et d’ajouter : « Le cuivre est l'un des minéraux essentiels à la transition énergétique mondiale, et l'expansion de cette mine permettra non seulement de consolider la position de l'Afrique sur le marché mondial du cuivre, mais aussi de contribuer à la trajectoire du continent vers la neutralité carbone, tout en créant des opportunités d'emploi et en générant des revenus importants pour la RDC ».
La mine de Kamoa-Kakula a contribué à hauteur de 4 % du produit intérieur brut (PIB) de la RDC en 2023, selon l’AFC.
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(Agence Ecofin) - Chemaf Resources dispose, depuis 2015, d’un bail de 25 ans sur un permis de cuivre-cobalt appartenant à la société minière publique congolaise. En proie à des difficultés financières, la compagnie enregistrée sur l’île de Man a été mise en vente en 2023 pour mobiliser les fonds nécessaires au développement de ce permis.
La société minière publique congolaise, Générale des Carrières et des Mines (Gécamines) a officiellement annoncé, dans un communiqué publié lundi 1er juillet 2024, son opposition à la vente de la société minière Chemaf Resources, qui dispose d’un bail de 25 ans sur un permis de cuivre-cobalt en RDC, au groupe chinois Norin Mining.
« Nous avons appris le 27 juin à travers la presse l’annonce des conditions convenues de la vente de Chemaf Resources et de ses filiales, y compris certains droits sur des actifs appartenant à la Gécamines. Le lendemain, le conseil d’administration de la Gécamines s’est réuni et a condamné unanimement la violation flagrante des accords conclus avec Chemaf SA, une filiale de Chemaf Resources, ainsi que la stratégie du fait accompli », a souligné la compagnie minière congolaise dans son communiqué, indiquant que son conseil d'administration a voté le rejet de la transaction.
« Chemaf SA est uniquement un preneur à bail (amodiataire) des actifs concernés. En tant que bailleur (amodiant) et propriétaire, la Gécamines dispose d'un droit d'information préalable et, plus fondamentalement, d'un droit d'approbation en cas de changement de contrôle direct ou indirect », a-t-elle ajouté.
En 2015, la Gécamines a signé un accord de bail visant à céder pour 25 ans ses droits d’exploitation sur un permis de cuivre-cobalt. C’est sur ce permis que se situe Mutoshi, le projet phare de Chemaf en RDC. La compagnie soutenue financièrement par le négociant de matières premières Trafigura y planifie, depuis 2018, un complexe capable de livrer annuellement 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre.
Chemaf Resources a cependant été mise en vente l'année dernière, en raison d'une pénurie de liquidité qui l’empêchait de mobiliser les fonds nécessaires au développement de ce complexe dans un contexte de chute des prix du cobalt.
Dans ce cadre, la société enregistrée sur l’île de Man avait annoncé, dans un communiqué publié le 27 juin dernier, avoir accepté une offre de rachat présentée par le groupe chinois Norin Mining.
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Mise en service pour la première fois en 1924, la mine Kipushi a ensuite été placée en régime de maintenance depuis 1993. La Gécamines et le canadien Ivanhoe Mines ont annoncé en 2022 un plan pour remettre la mine en production, avec l’exploitation d’un important gisement de zinc.
Ivanhoe Mines a annoncé le 2 juillet le redémarrage de la mine de zinc-cuivre-plomb-germanium Kipushi, codétenue avec la Gécamines en RDC. La compagnie canadienne précise que cet actif en régime de maintenance et entretien depuis 31 ans devrait livrer entre 100 000 et 140 000 tonnes de zinc sous forme de concentré en 2024.
#News - @IvanhoeMines_ completes construction of Kipushi concentrator ahead of schedule.🙌First feed of ore into the new concentrator was achieved on May 31, 2024. Read full news release: https://t.co/7vbADws5Uz pic.twitter.com/pgjycEom2U
— Ivanhoe Mines (@IvanhoeMines_) July 2, 2024
Au cours des cinq premières années d’exploitation, la capacité de production annuelle de zinc devrait atteindre 278 000 tonnes, ce qui ferait de Kipushi la quatrième plus grande mine de zinc au monde. En 2023, la RDC a rapporté des exportations officielles de 11 321 tonnes de zinc métal. Notons que des accords ont déjà été signés pour vendre le concentré de zinc de Kipushi à Citic Metal Limited de Hong Kong et Trafigura Asia Trading de Singapour.
« Ce ne sont pas seulement les teneurs élevées en zinc qui font de Kipushi une mine extraordinaire. Bien qu’à ce stade seul le gisement de Big Zinc ait été validé, la mine montre un grand potentiel pour d’autres métaux qui sont essentiels pour répondre aux besoins industriels mondiaux », a souligné Guy-Robert Lukama Nkunzi, président de la Gécamines.
Pour le cuivre et le germanium par exemple, présents également à Kipushi, la RDC augmente depuis quelques années sa contribution à la production mondiale. Le pays est passé du statut de 4ème à celui de 2ème producteur mondial entre 2021 et 2023, et a lancé en 2023 une nouvelle usine hydrométallurgique qui devrait l’aider à assurer jusqu’à 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium.
Pour rappel, la mine Kipushi est entrée en production pour la première fois en 1924, produisant principalement du cuivre à l’époque. Selon l’étude de faisabilité de 2022, la mine devrait livrer annuellement en moyenne 240 000 tonnes de concentré de zinc sur une durée de vie de 14 ans. Dans le cadre d’un accord annoncé en janvier 2024, la participation initiale de la Gécamines dans Kipushi passe de 32 à 38 %, avant d’atteindre 43 % en 2027. Le reste des intérêts dans la mine est contrôlé par Ivanhoe Mines.
Emiliano Tossou
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