La République démocratique du Congo (RDC) pourrait devenir le moteur de la transformation économique de l’Afrique, grâce à ses minéraux stratégiques, selon un rapport publié le 4 septembre 2024 par le réseau mondial d’organisations de la société civile, Publish What You Pay (PWYP). Pour ce faire, les experts indiquent que le pays doit encore développer une véritable industrie de transformation de ces produits miniers.
D’après ce rapport, l’Afrique pourrait augmenter son produit intérieur brut (PIB) de 24 milliards de dollars par an et créer 2,3 millions d’emplois supplémentaires en s’intégrant dans les segments aval des chaînes de valeur des minerais de transition, tels que la conception, la fabrication et la commercialisation des technologies liées aux énergies renouvelables. Hébergeant près de 60 % des réserves mondiales de cobalt, un minerai essentiel à la production des batteries lithium-ion, et en tant que deuxième producteur mondial de cuivre, la RDC est idéalement placée pour tirer parti des opportunités dans ce secteur, alors que la demande pour ces ressources devrait croître de manière exponentielle avec la transition vers des économies à faible émission de carbone. La Banque mondiale prévoit notamment une augmentation de 500 % de la production mondiale de cobalt dans les années à venir pour répondre à cette demande croissante.
« La RDC connaîtrait le plus grand potentiel de création d’emplois sur le continent – nos estimations suggèrent que près de la moitié de ces opportunités se trouvent dans ce pays », indique le rapport intitulé « How can Africa make the most of its transition minerals ? ».
Cette publication intervient alors que plusieurs pays africains affichent de plus en plus leur volonté de transformer localement leurs matières premières pour mieux intégrer les chaînes de valeur mondiales. D’après les experts du PWYP, la RDC, l’Afrique du Sud, le Soudan, la Zambie et la République du Congo représentent 90 % des capacités actuelles de l’Afrique à accroître les exportations de produits minéraux transformés.
Pour réaliser ce potentiel, les autorités congolaises ont signé ces dernières années des accords avec des partenaires tels que l’Union européenne et les États-Unis pour soutenir la transformation locale des produits miniers destinés à l’exportation. « Cependant, ces engagements sont souvent contredits par d’autres politiques menées par ces mêmes partenaires de développement », soulignent les experts du PWYP. Ils ajoutent : « Les régions consommatrices ne devraient pas faire pression sur les pays africains pour qu’ils renoncent à leurs politiques industrielles favorisant le traitement et la transformation des minerais sur place. Elles devraient plutôt respecter leurs engagements en matière de transferts financiers et technologiques, renforcer les capacités industrielles des pays partenaires et garantir des avantages économiques aux citoyens africains ».
Moutiou Adjibi Nourou