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Sud-Kivu : 1600 entreprises minières illégales recensées (gouverneur)

Sud-Kivu : 1600 entreprises minières illégales recensées (gouverneur)

Au moins 1 600 entreprises exploiteraient illégalement les ressources minières dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), a révélé le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi Sadiki, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Cette audition, tenue le 2 avril 2025, portait sur la situation sécuritaire et économique dans l’est du pays.

À son arrivée à la tête de la province, le 24 juin 2024, le gouverneur a lancé une restructuration du secteur minier. Un mois plus tard, le 18 juillet, il a pris un arrêté suspendant les activités minières, dans le but de recenser les sociétés opérant dans l’illégalité et de les engager dans un processus de régularisation. « Nous attendions 400 entreprises, mais 1 600 se sont présentées, dont certaines opèrent depuis 8 à 10 ans sans permis d’exploration ni d’exploitation, sans payer de taxes ni être enregistrées », a-t-il déclaré.

Selon l’autorité provinciale, ces sociétés — majoritairement à capitaux chinois — ne représentent que la partie visible d’un vaste réseau d’exploitation illégale portant sur des ressources comme l’or, le coltan, la cassitérite, le cuivre ou encore les diamants.

À l’instar de plusieurs experts de l’ONU, Jean-Jacques Purusi Sadiki estime que ce réseau profite au Rwanda, qui, grâce à ses infrastructures et à une chaîne logistique plus structurée, s’impose comme une porte d’entrée pour les multinationales. Ces dernières, selon lui, contournent la RDC — perçue comme peu organisée — pour accéder à ses minerais à travers le pays voisin.

Guerre économique

À titre d’illustration, Jean-Jacques Purusi Sadiki affirme que près de 750 000 kg d’or sortiraient illégalement tous les six mois du Sud-Kivu pour être raffinés au Rwanda, « qui a compris le système et a installé ses usines de raffinage tout au bord de la frontière ». Le 17 mars 2025, l’Union européenne a d’ailleurs sanctionné la raffinerie rwandaise Gasabo Gold Refinery, accusée de traiter de l’or extrait illégalement en RDC. Kigali dément toute implication, mais ne fournit pas de preuves sur l’origine des minerais raffinés sur son territoire.

Toujours selon l’autorité provinciale une part importante de cette production illégale est ensuite exportée vers des pays du Moyen-Orient, notamment Dubaï, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, qui en capteraient 67 %. L’Europe, de son côté, en recevrait moins de 2 %, tandis que le reste irait en Chine, précise-t-il.

Pour Jean-Jacques Purusi Sadiki, cette situation montre que la guerre à l’est est avant tout économique. Selon lui, le Rwanda poursuit trois objectifs : le contrôle des terres (« guerre de peuplement »), la domination commerciale (« 70 % du commerce rwandais se fait avec le Grand Kivu, et 60 % du commerce du Grand Kivu passe par le Rwanda »), et l’accaparement des ressources minières. Pour preuve, soutient-il, « la progression des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, suit le positionnement des sites miniers ».

De son côté, le Rwanda affirme avoir seulement pris « des mesures de défense pour protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale », face aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Réfugiées à l’est de la RDC depuis le génocide rwandais de 1994, les FDLR sont considérées par Kigali comme une « menace existentielle ».

Défis internes 

Face à ce climat de tensions, le gouverneur soutient l’option d’un accord « minerais pour la paix, la sécurité et le développement ». Il s’agirait d’intégrer davantage les entreprises européennes et américaines dans l’exploitation des vastes ressources minières du pays.

À l’instar du président Félix-Antoine Tshisekedi, Jean-Jacques Purusi Sadiki mise sur le fait que la présence d’intérêts occidentaux dans la région pourrait dissuader les groupes armés et favoriser un retour à la stabilité. Sur cette base, Kinshasa discute en ce moment avec Washington d’un accord sur les minerais.

Mais l’expérience des premiers mois du gouverneur à la tête du Sud-Kivu montre aussi que la RDC devra s’attaquer à ses propres défis internes. Jean-Jacques Purusi Sadiki cite notamment la corruption, une fiscalité jugée confiscatoire, avec plus de 1 400 taxes, dont 147 qualifiées d’inutiles. Après un mois de réformes, il affirme avoir porté les recettes minières de la province de 500 000 à 1,75 million de dollars.

Goerges Auréole Bamba

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