L’entreprise américaine Symbion Power LLC, porteuse d’un projet de construction d’une centrale électrique à gaz à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a revu ses ambitions à la hausse. Selon une annonce rapportée le 8 août 2025 par l’agence de presse Bloomberg, l’entreprise prévoit désormais d’investir 700 millions de dollars dans ce projet et de porter la capacité de production à 140 MW, accompagnée de lignes de transmission, le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda. Initialement, il était question d’investir 300 millions de dollars pour installer une capacité de production de 60 mégawatts.
La réalisation du projet est cependant conditionnée par l’amélioration de la sécurité dans l’est de la RDC, en particulier dans les zones actuellement contrôlées par le M23, soutenu par le Rwanda. Le directeur général de Symbion, Paul Hinks, souligne que le retrait du groupe rebelle de Goma, du Nord-Kivu et de l’Ituri est indispensable pour garantir la faisabilité technique et financière de l’infrastructure. En effet, le projet consiste à capter le méthane du lac Kivu, situé à la frontière entre la RDC et le Rwanda, et à le convertir en électricité au bénéfice des populations et des entreprises situées dans ces provinces.
Le projet s’inscrit désormais dans le cadre d’intégration économique régionale. Prévu dans l’accord de paix signé le 27 juin dernier entre la RDC et le Rwanda, ce cadre est un accord distinct, en cours de négociation. Il est censé permettre la mise en œuvre ou l’élargissement de la coopération entre les deux pays sur des priorités communes telles que le développement hydroélectrique, la gestion conjointe des ressources du lac Kivu, des parcs nationaux et des chaînes de valeur minières, en partenariat, le cas échéant, avec le gouvernement et des investisseurs des États-Unis.
Le projet hydroélectrique Ruzizi III (206 MW), évalué à 760 millions de dollars et impliquant la RDC, le Rwanda et le Burundi, s’inscrit dans la même dynamique. Situé sur le territoire de Walungu, au Sud-Kivu, il est directement exposé aux affrontements entre les FARDC et le M23.
En plus de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, le gouvernement congolais et le M23 ont signé, le 19 juillet 2025 à Doha, une déclaration de principes destinée à aboutir à un accord de paix entre les deux parties au plus tard le 18 août prochain.
Selon les médiateurs, cette dynamique de paix est essentielle pour débloquer les investissements stratégiques, comme celui de Symbion Power. Mais la situation reste très fragile. Les combats semblent même s’intensifier ces derniers jours, avec leur lot de violences. Les autorités congolaises accusent par exemple les rebelles d’avoir massacré plus de 300 civils au Nord-Kivu, malgré le cessez-le-feu.
Boaz Kabeya
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