En paraphant, le 1ᵉʳ août 2025 à Washington, le « texte de principes » du cadre d’intégration économique régionale, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont fait un petit pas vers la normalisation de leurs chaînes d’approvisionnement en minerais. Prévu dans l’accord de paix signé le 27 juin dernier, ce cadre est un accord distinct, qui « s’appuie sur les efforts existants, tels que la ZLECAf, la CIRGL, le CO et la CAE ».
Selon l’accord de paix, Kinshasa et Kigali devraient utiliser ce cadre pour « développer le commerce extérieur et les investissements provenant des chaînes d’approvisionnement de la région en minerais critiques et introduire une plus grande transparence ». L’objectif est de bloquer les circuits économiques illicites et de générer davantage de prospérité pour les deux pays — en particulier pour les populations locales — à partir des ressources naturelles régionales. Le texte évoque également la création de partenariats mutuellement bénéfiques et l’ouverture à de nouvelles opportunités d’investissement.
Il se dégage clairement une volonté de formalisation d’un commerce minier informel déjà existant entre les deux pays. Plusieurs rapports, notamment de l’ONU (voir rapports 1 et 2), documentent des flux illicites de minerais extraits en RDC, acheminés vers le Rwanda pour y être transformés, puis revendus sur les marchés internationaux sous l’étiquette rwandaise.
Des intérêts américains en ligne de mire
La formalisation de ces approvisionnements devrait permettre à Kinshasa de récupérer une partie des revenus miniers qui lui échappent encore. Elle favoriserait aussi la mise en conformité des minerais extraits dans l’est du pays avec les normes internationales, facilitant ainsi leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Selon les autorités américaines, cette démarche pourrait attirer des investisseurs internationaux, notamment venus des États-Unis. Un accord spécifique sur les minerais stratégiques est d’ailleurs en discussion entre Kinshasa et Washington. Dans cette dynamique, des entreprises américaines telles que Kobold Metals (secteur minier) et Starlink (Internet par satellite) sont déjà actives en RDC depuis plusieurs mois.
Pour l’instant, les modalités concrètes de cette normalisation restent inconnues, le contenu du « texte de principes » n’ayant pas été rendu public. Il faudra sans doute attendre la signature de l’accord définitif, attendue avant le 27 septembre prochain, pour en savoir davantage.
Le cadre d’intégration économique régionale est en effet prévu pour être lancé progressivement, en plusieurs étapes, dans les trois mois suivant l’entrée en vigueur de l’accord de paix.
Pierre Mukoko
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