Dans un communiqué publié le 5 décembre 2025, la U.S. International Development Finance Corporation (DFC) a annoncé avoir émis une lettre d’intention à Mota Engil, signalant sa disponibilité à financer « la réhabilitation, l’exploitation et le transfert de la ligne ferroviaire Dilolo–Sakania » en République démocratique du Congo (RDC). Cette démarche suggère que l’entreprise portugaise de construction et de génie civil est pressentie pour décrocher le contrat de concession de cette section du corridor de Lobito, qui relie les régions minières de la RDC au port atlantique de Lobito, en Angola.
Avec Trafigura et Vecturis, Mota-Engil forme le consortium Lobito Atlantic Railway (LAR), titulaire depuis juillet 2022 d’une concession de 30 ans pour l’exploitation et la modernisation de la section angolaise du corridor. Côté congolais, aucune décision d’adjudication n’a cependant encore été rendue publique.
« Ce que nous essayons de faire maintenant, c’est d'activer le début des travaux », a indiqué, le 26 novembre dernier, le vice-Premier ministre en charge des Transports, Jean-Pierre Bemba, lors d’un panel consacré au secteur au Forum Makutano. Il a précisé que les travaux se poursuivent au sein du comité stratégique de suivi du projet, qui regroupe la RDC, les États-Unis et l’Union européenne (UE).
Avec un allié comme les États-Unis, Mota-Engil semble donc bien positionnée dans ce processus. La DFC s’est déclarée prête à mobiliser jusqu’à un milliard de dollars pour financer le projet. La ligne ferroviaire Dilolo–Sakania est appelée à devenir l’axe principal des exportations congolaises vers les États-Unis. L’accord stratégique signé le 4 décembre entre Kinshasa et Washington fixe des objectifs précis : 50 % du cuivre, 30 % du cobalt et 90 % du zinc commercialisés par les entreprises publiques devront transiter par ce corridor au cours des cinq prochaines années.
Retombées économiques
Selon les conclusions des études de faisabilité présentées en septembre par une délégation d’experts de l’Union européenne et des États-Unis, la réhabilitation de la ligne Dilolo–Sakania et son extension vers la frontière zambienne nécessitent un investissement d’environ 1,1 milliard de dollars. Les promesses de financement actuelles dépassent déjà ce montant : en plus du milliard de dollars envisagé par la DFC, la Banque européenne d’investissement est disposée à apporter 500 millions d’euros et la Banque mondiale 500 millions de dollars, a indiqué Jean-Pierre Bemba.
Selon les projections officielles, le corridor doit rendre le port de Lobito plus compétitif que ceux de Durban (Afrique du Sud), Dar es-Salaam (Tanzanie), Beira (Mozambique) ou Walvis Bay (Namibie). À titre de comparaison, il faudra 5 à 8 jours pour acheminer le fret des villes minières de Tenke ou Kolwezi jusqu’au port de Lobito, contre près de 25 jours pour Durban. Cette réduction des délais permettrait, selon le ministre des Transports, de diminuer les coûts logistiques jusqu’à 30 %. Dès la première année d’exploitation, il est prévu un volume d’1 million de tonnes à l’export et de 500 000 tonnes à l’import.
Jean-Pierre Bemba estime également que le corridor pourrait augmenter le PIB de la RDC de 2 à 3 %, grâce aux activités minières, industrielles, agricoles et logistiques qui se développeront le long de la voie ferrée. Il évoque par ailleurs la création d’environ 10 000 emplois directs liés à la réhabilitation et à la modernisation de la ligne côté congolais.
Pierre Mukoko
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