La société américaine Hydro-Link est le promoteur d’un projet de construction d’une ligne de transport d’électricité de 1 150 kilomètres reliant l’Angola à la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris à l’occasion du 17e Sommet des affaires États-Unis–Afrique du Corporate Council on Africa, qui se tient à Luanda (Angola) depuis le 22 juin 2025.
Bien que son président-directeur général, Paul Hinks, cumule plus de 40 ans d’expérience dans le développement, le financement et l’exploitation d’infrastructures électriques à travers le monde, Hydro-Link reste une entreprise peu connue. Pour mener à bien son projet, estimé à 1,5 milliard de dollars, la société mise sur un partenariat avec le groupe Mitrelli, basé en Suisse.
Dans un communiqué conjoint publié le 23 juin, les deux entreprises annoncent la signature d’un protocole d’accord (MoU). Il s’agit, selon le document, du premier d’une série de trois accords jugés indispensables à la concrétisation du projet. Un deuxième MoU doit être signé ce 24 juin entre Hydro-Link et le gouvernement angolais. Par ailleurs, selon le média américain Financial Post, des discussions sont également en cours avec les autorités congolaises.
« Forte empreinte américaine »
Mitrelli, qui dispose de plusieurs décennies d’expérience en Angola, devra intervenir en tant qu’investisseur et partenaire stratégique. Concrètement, Mitrelli doit apporter à Hydro-Link « une expertise complète, allant du développement de projet au financement, jusqu’à la réalisation sur le terrain », précise le communiqué.
Pour financer environ 70 % du coût total du projet, Hydro-Link envisage de solliciter un prêt auprès de la Development Finance Corporation (DFC), l’agence américaine de financement du développement. L’entreprise espère également obtenir un financement de l’Agence américaine pour le commerce et le développement pour la réalisation des études d’impact, ainsi qu’un appui complémentaire de l’US Export-Import Bank.
Ce dispositif explique pourquoi le promoteur insiste sur la « forte empreinte américaine » du projet. Hydro-Link prévoit en effet de passer d’importantes commandes à des usines situées aux États-Unis, rompant avec la pratique habituelle de s’approvisionner dans d’autres régions du monde pour les projets africains. À ce titre, la société a déjà signé un protocole d’accord avec Sargent & Lundy, une société sœur spécialisée dans l’ingénierie pour le secteur de l’énergie, qui assurera les fonctions d’ingénieur-conseil du maître d’ouvrage et d’ingénieur indépendant.
Énergie pour les mines
La mise en service de la ligne est prévue d’ici à 2029, avec pour objectif de fournir jusqu’à 1,2 gigawatt d’électricité en provenance de la centrale hydroélectrique de Lauca, en Angola, ainsi que d’autres installations. L’énergie sera destinée à alimenter la zone minière de Kolwezi, en RDC. Cette initiative vise notamment à approvisionner des géants miniers comme Glencore et Ivanhoe Mines, ainsi que de futures entreprises américaines, qui pourraient s’implanter dans la région dans le cadre de l’accord « minerais contre sécurité » actuellement en discussion entre Kinshasa et Washington.
Le projet Hydro-Link constitue le troisième projet d’interconnexion électrique entre l’Angola et la RDC. Les deux autres sont portés respectivement par le groupe marocain Somagec, et par un consortium formé de Trafigura et ProMarks. Tous visent à exporter le surplus d’électricité produit en Angola vers la RDC.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), l’Angola dispose actuellement de 1,5 GW d’énergie hydroélectrique propre inutilisée, une capacité qui devrait atteindre 3,5 GW d’ici 2027. En parallèle, le déficit énergétique en RDC continue de freiner le développement de nombreux projets miniers.
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya, stagiaire
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