Le ministère des Finances, Doudou Fwamba, a lancé, le 24 juillet 2025, les travaux du comité de pilotage de la mise en œuvre du Compte unique du Trésor (CUT) en République démocratique du Congo (RDC). Selon le ministère, cette réforme, inscrite dans le cadre du programme triennal avec le Fonds monétaire international (FMI), vise à centraliser l’ensemble des ressources du pouvoir central dans un « compte unique » logé à la Banque centrale du Congo (BCC).
Composé de représentants de la BCC, de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP), du ministère des Finances et du Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF), ce comité aura pour mission d’assurer la coordination technique et le suivi de la réforme. Concrètement, elle se traduira par la migration des ressources du pouvoir central depuis le système bancaire commercial vers le CUT, a précisé René Tapsoba, représentant résident du FMI en RDC, lors d’un entretien début juillet avec Bankable.
Fin juin, les autorités ont finalisé un recensement des comptes des entités publiques dans le système bancaire, mais le rapport n’a pas encore été rendu public. Selon les données de la BCC, l’administration centrale et les entreprises publiques détenaient respectivement 1 299,9 milliards et 3 607,6 milliards de francs congolais de dépôts dans les banques commerciales en 2023, soit un total de 4 907,5 milliards de CDF (environ 1,9 milliard de dollars au taux moyen de l’époque, 2 600 CDF/USD). Ce volume représentait 15,2 % des dépôts globaux.
Calendrier
Le retrait d’un tel volume d’argent des bilans bancaires pourrait avoir un impact négatif sur le système bancaire. Conscientes de ce risque, les autorités prévoient, en collaboration avec le FMI, une étude de résistance du système bancaire à la migration programmée. Les résultats permettront d’établir un calendrier progressif de retrait des fonds du pouvoir central, afin d’éviter toute crise de liquidité.
Tout devrait se faire dans les prochains mois. Le calendrier de la réforme prévoit le déploiement du CUT d’ici la fin de l’année 2025, avec une durée de déploiement dépendant du rythme graduel de retrait des fonds.
Le succès de la réforme dépendra de l’adhésion des banques, des administrations et des entreprises publiques. Il faudra donc une communication pédagogique. Déjà, pour dissiper certaines craintes, René Tapsoba a précisé que le dispositif envisagé ne reposera pas sur un compte unique au sens strict, mais sur une structure composée d’un compte principal et de sous-comptes. Ce modèle permet de tenir compte des spécificités de certaines entités tout en consolidant le contrôle globale des ressources publiques par le Trésor.
La mise en place du CUT vise à renforcer la transparence, améliorer l’efficacité de la trésorerie publique et réduire les coûts liés à l’endettement de l’État. En offrant une vue d’ensemble sur les ressources publiques, le CUT évitera que l’État n’emprunte ses propres ressources auprès des banques pour financer son budget. Il permettra également de mieux contrôler la régularité des dépenses et de réduire les délais de paiement, grâce à une trésorerie optimisée.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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