Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, le 2 juillet 2025, la première revue du programme économique triennal (38 mois) de la République démocratique du Congo (RDC), soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC). Selon le communiqué publié à cette occasion, cette décision a entraîné un décaissement immédiat de 261,9 millions de dollars, portant le montant total alloué à environ 523,4 millions de dollars, soit 30,3 % de l’enveloppe globale prévue dans le cadre de la FEC.
Ces fonds sont transférés sur le compte de la Banque centrale du Congo (BCC) logé auprès de la Banque des règlements internationaux à l’étranger, précise René Tapsoba, représentant résident du FMI en RDC. Il rappelle que ce financement ne constitue pas une recette budgétaire pour l’État, mais vise plutôt à renforcer les réserves internationales — c’est-à-dire les devises étrangères (dollar, euro…) que la BCC détient hors du pays.
Ces réserves permettent à la RDC « non seulement de faire face à ses obligations vis-à-vis de l'international, mais aussi de renforcer sa résilience face aux chocs futurs », explique René Tapsoba. Elles servent notamment à contenir la dépréciation du franc congolais par rapport aux monnaies étrangères, préservant ainsi le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises locales. Les réserves jouent également un rôle clé dans le financement des importations.
Dans son discours sur l’état de la Nation, prononcé le 11 décembre 2024, le président Félix Tshisekedi avait indiqué que les réserves internationales de la RDC s’élevaient à 6,1 milliards de dollars au 27 novembre 2024, assurant une couverture équivalente à seulement 14 semaines d’importations.
Selon René Tapsoba, en cas de mise en œuvre satisfaisante des réformes en matière de gestion des finances publiques, 50 % des décaissements futurs pourraient être convertis en appui budgétaire, destiné à financer les priorités définies dans la loi de finances.
Économie résiliente
Dans cette perspective, le gouvernement congolais a intégré un appui budgétaire de 266,7 millions de dollars dans la loi de finances rectificative de 2025, adoptée par le Parlement en mai. Cette enveloppe est notamment destinée à atténuer l’impact de la crise sécuritaire à l’est du pays sur les finances publiques, qui a conduit à une réduction de 1,7 % du budget initial, désormais établi à 17,2 milliards de dollars.
Malgré ce contexte tendu, le FMI estime que l’économie congolaise fait preuve de résilience. La croissance ne devrait reculer que d’un point, à 5,3 % en 2025, tandis que l’inflation a baissé, passant de 11,7 % fin 2024 à 8,5 % fin juin 2025. Le Fonds salue également les progrès réalisés par les autorités dans la mise en œuvre des réformes structurelles.
Toutefois, certains critères quantitatifs n’ont pas été atteints. Par exemple, le plafond fixé à 8 % pour les dépenses exécutées en procédure d’urgence a été dépassé, en raison des dépenses sécuritaires exceptionnelles liées à l’intensification du conflit dans l’est du pays. Entre janvier et avril, plus de la moitié du budget consacré aux dépenses de sécurité exceptionnelles avait déjà été consommée.
Le FMI estime toutefois que l’accord de paix récemment signé entre la RDC et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis, ouvre une perspective encourageante pour une résolution pacifique du conflit, et un recentrage sur les objectifs de développement.
Pierre Mukoko
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