Après son adoption en Conseil des ministres le 23 mai 2025, le projet de loi de finances rectificative pour l’exercice 2025 est actuellement en examen à l’Assemblée nationale. Il ramène l’enveloppe budgétaire à 50 691,8 milliards de francs congolais (FC), soit environ 17,2 milliards de dollars américains, représentant une contraction de 1,7 % par rapport au budget initial fixé à 51 553,5 milliards de FC.
Cette baisse, due aux contraintes économiques liées à la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est du pays, aurait pu être plus marquée. Elle a été partiellement atténuée par de nouveaux appuis financiers attendus du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Le 22 mai, le Conseil d’administration de la BM a approuvé un appui budgétaire de 600 millions de dollars, dont 165,4 millions devraient être décaissés cette année. En parallèle, le pays est en voie de conclure positivement la première revue de son nouveau programme avec le FMI, ce qui devrait permettre le versement de 266,7 millions de dollars supplémentaires.
L’aggravation du conflit à l’est de la RDC, où plusieurs villes sont passées sous le contrôle du groupe armé M23, a des conséquences directes sur la mobilisation des recettes publiques. Le 9 avril 2025, lors d’une rencontre avec la presse à Kinshasa, le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a estimé que la perte de contrôle territorial devrait priver l’État d’environ 4,5 % de ses ressources budgétaires, soit un manque à gagner évalué à près de 2 320 milliards de francs congolais, équivalant à environ un milliard de dollars. Un déficit que les appuis budgétaires extérieurs ne suffisent pas à combler entièrement, contraignant le gouvernement à revoir à la baisse ses prévisions de dépenses.
Dans ce contexte, pour faire face à la hausse des dépenses sécuritaires tout en maintenant l’objectif du solde budgétaire intérieur du programme avec le FMI, l’exécutif a adopté plusieurs mesures d’ajustement. Celles-ci incluent la réduction du train de vie des institutions et un recentrage des dépenses publiques. Néanmoins, le gouvernement affirme maintenir « une attention particulière » à la mise en œuvre des principales priorités de son programme d’actions. Il cite notamment la gratuité de l’enseignement primaire, la couverture santé universelle avec la gratuité des soins de maternité, la poursuite du programme de développement local (PDL-145 territoires), la diversification économique, ainsi que la préservation du pouvoir d’achat des populations.
Ce budget rectificatif repose sur des hypothèses macroéconomiques légèrement ajustées. Les prévisions de croissance sont revues à la baisse à 5,3 %, contre 5,4 % initialement et le déficit budgétaire global devrait être contenu à environ 1,8 % du PIB. L’inflation moyenne est attendue à 8,8 %, et le taux de change moyen à 2 859 francs congolais pour un dollar américain. La pression fiscale, quant à elle, recule à 12,5 %, contre 15,1 % précédemment, en raison principalement de la chute des recettes courantes, affectées par le ralentissement économique dans l’est du pays et la perturbation des corridors commerciaux.
Boaz Kabeya, stagiaire
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