La République démocratique du Congo (RDC) se rapproche d’un décaissement de près de 260 millions de dollars (le montant final dépendra du taux de change entre le dollar américain et les Droits de tirage spéciaux — DTS — du FMI), dans le cadre du nouveau programme économique triennal soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) du Fonds monétaire international (FMI).
Selon la déclaration du chef de mission du FMI pour la RDC, Calixte Ahokpossi, qui a séjourné à Kinshasa du 30 avril au 13 mai 2025 dans le cadre de la première revue de ce programme, « la mission du FMI et les autorités de la RDC sont parvenues à un accord préliminaire au niveau des services ». Cet accord constitue une étape clé vers le décaissement.
L’examen du dossier par le Conseil d’administration du FMI constitue la prochaine étape. Il est prévu pour fin juin 2025. Si le dossier reçoit un avis favorable — ce qui est probable, le Conseil d’administration désavouant rarement ses services —, le décaissement interviendra. Il s’agira alors du deuxième obtenu par le pays dans le cadre de ce programme. Le premier, d’un montant de 266,14 millions de dollars, avait été accordé en janvier, lors de l’approbation du programme.
Malgré l’aggravation du conflit armé dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, qui a engendré des conséquences humanitaires dramatiques et des pressions budgétaires, la RDC a fait preuve de résilience économique. La croissance du produit intérieur brut (PIB), estimée à 6,5 % en 2024 et portée par le dynamisme du secteur extractif, devrait rester supérieure à 5 % en 2025. En avril 2025, l’inflation est revenue à un niveau similaire à celui de juillet 2022, grâce à la stabilité du taux de change et à un resserrement monétaire approprié. Ces performances ont renforcé la confiance du FMI dans les efforts du gouvernement.
L’accord reflète également l’engagement des autorités congolaises à poursuivre des réformes structurelles ambitieuses, malgré un contexte sécuritaire dégradé. Selon le FMI, les réformes axées sur la modernisation de la gestion des finances publiques progressent. Le cadre juridique a été renforcé en vue d’induire une meilleure adhésion à la chaîne de dépenses, même si sa mise en œuvre doit encore être consolidée. Les autorités ont enregistré des avancées dans l’opérationnalisation de la Direction générale du Trésor (DGTCP), la déconcentration progressive de l’ordonnancement des dépenses dans les ministères sectoriels, la mise en place du compte unique du Trésor (CUT) et la transition vers un cadre budgétaire excluant les recettes issues du secteur extractif une mesure destinée à protéger les dépenses publiques de la volatilité de ces recettes.
Néanmoins, le FMI appelle à une intensification des efforts de mobilisation des recettes intérieures, notamment à travers le déploiement accéléré de la facturation normalisée de la TVA, la rationalisation des exonérations fiscales, ainsi qu’un renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale, via un contrôle accru des exportations de minerais et une intensification de la lutte contre la fraude douanière.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi
Amadou Sy, FMI : « La RDC parmi les 20 économies mondiales à la croissance la plus rapide en 2025 »
Conflit à l’est de la RDC : l’utilisation des fonds du FMI pour l’effort de guerre envisagée
RDC-FMI : feu vert pour le nouveau programme de près de 3 milliards de dollars