Le déficit d’approvisionnement en cuivre pourrait atteindre 40 % d’ici 2035, alerte l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette prévision confirme un constat désormais partagé : les projets miniers en cours ne suffiront pas à répondre à la demande, dopée par l’essor de l’intelligence artificielle et de la transition énergétique.
Selon le rapport Global Critical Minerals Outlook 2025, publié le 21 mai, plusieurs facteurs limitent la capacité de l’offre mondiale à suivre le rythme. Depuis 1991, la teneur moyenne du minerai de cuivre extrait a chuté de 40 %. Parallèlement, l’exploration peine à déboucher sur de nouveaux projets. Sur les 239 gisements découverts entre 1990 et 2023, seuls 14 l’ont été au cours des dix dernières années.
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Et même lorsque de nouveaux gisements sont identifiés, les délais de mise en exploitation restent longs. L’AIE estime qu’il faut en moyenne 17 ans entre la découverte d’un site et le début de sa production. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) va dans le même sens. Dans un rapport publié plus tôt en mai, l’agence onusienne évoque des délais pouvant aller de 15 à 25 ans.
Un casse-tête insoluble
Si les difficultés d’approvisionnement sont bien identifiées, les leviers pour y faire face sont également connus. Les deux rapports insistent sur la nécessité d’investissements massifs dans de nouveaux projets miniers. La CNUCED estime qu’il faudrait développer 80 nouvelles mines d’ici 2030, pour un coût total pouvant atteindre 250 milliards de dollars.
« Un large éventail de mesures, tant du côté de l’offre que de la demande, est nécessaire pour combler l’écart : investissements dans de nouvelles mines, gains d’efficacité, substitution et renforcement du recyclage », ajoute l’AIE.
Global Trade Update (May 2025): Focus on critical minerals – copper in the new green and digital economy https://t.co/yfzOK2VkFa
— Diane SAYINZOGA 🇷🇼 (@SAYINZOGADiane) May 16, 2025
Mais les financements peinent à suivre. Sur les 360 à 450 milliards de dollars nécessaires pour sécuriser l’approvisionnement mondial en métaux critiques d’ici 2030, jusqu’à 270 milliards manquent encore. Le cuivre représente à lui seul 36 % de ce déficit.
Pour relever ces défis, la CNUCED recommande de simplifier les procédures d’autorisation, d’offrir des incitations financières et d’investir dans des technologies d’extraction plus avancées. Le rapport appelle aussi à renforcer la coopération entre grands groupes miniers et petites sociétés pour accélérer le développement des projets.
Reste que les incertitudes persistent. Entre des investisseurs frileux, des projets à maturation lente et une demande toujours plus soutenue, le risque de goulet d’étranglement reste élevé. Faute de mesures coordonnées et urgentes, la transition énergétique pourrait se heurter à une limite physique : l’indisponibilité du métal.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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