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La gestion des risques sera au cœur de l’action de Willy K. Mulamba, nommé directeur général d’EquityBCDC lors du conseil d’administration tenu le 8 novembre 2024. Il remplace Célestin Mukeba, qui occupait cette fonction depuis 2020.

Selon la banque, cette nomination ainsi que celles intervenues au sein du conseil visent à « renforcer la surveillance, la gouvernance et les contrôles internes ».

À fin octobre 2024, EquityBCDC, contrôlé à 85,67% par le groupe Equity Holdings basé au Kenya, revendiquait plus de 1,8 million de clients pour un total bilan de 4,4 milliards de dollars. Mais, selon une récente analyse de Moody's, la banque doit faire face à une forte concentration des prêts et à un niveau élevé des créances à risque, ce qui pourrait affecter la qualité de ses actifs.

Dans son rapport 2023 sur les risques, la banque indiquait que « les engagements sur les contreparties individuelles ou groupes d’affaires se situent en dessous de la limite de 25 % ». A fin décembre 2023, Elle affichait un niveau de créances en souffrance de 417,70 millions de dollars, soit 21 % du portefeuille global. Ces créances étaient en hausse de 44 % par rapport à 2022.

EquityBCDC ambitionne de toucher 30 millions de personnes en République démocratique du Congo d'ici 2030. Mais, bien que sa capitalisation soit adéquate, il faudra trouver le rythme parfait entre la volonté de mener une croissance rapide des prêts et l’amélioration de la capacité d'absorption des pertes, dans le cas où celles-ci surviendraient.

Willy K. Mulamba a le profil pour relever ces défis. Ce banquier cumule plus de 20 ans d'expérience dans l'industrie mondiale des services financiers. Son expertise couvre la gouvernance d'entreprise, la gestion des risques et la négociation de transactions. M. Mulamba a précédemment dirigé Citibank RDC et présidé l'Association congolaise des banques.

Il s’appuiera sur une équipe de direction réorganisée, avec l'arrivée de directeurs généraux adjoints dans les régions Ouest et Sud du pays, ainsi que d'un nouveau directeur de la fondation EquityGroup pour la RDC. « La fondation jouera un rôle crucial dans la réalisation de la vision d'EquityBCDC, qui est de promouvoir la prospérité socio-économique des Africains, et des Congolais en particulier », indique la banque.

Georges Auréoles Bamba

Le projet de modification de la constitution polarise la classe politique et l’opinion publique, faisant craindre des tensions sociopolitiques en République démocratique du Congo (RDC). Conscient du risque, le président Félix Antoine Tshisekedi multiplie les mises en garde. « Ne vous laissez pas manipuler par ceux qui veulent déstabiliser notre pays », a-t-il notamment lancé aux jeunes présents à son meeting tenu le 17 novembre 2024 au stade de Kipushi, dans le Haut-Katanga.

En visite à Kisangani, dans la province de la Tshopo, le chef de l’État a exprimé, le 23 octobre, sa volonté de modifier la loi fondamentale promulguée en 2006. Parmi les motivations de cette révision, Félix Antoine Tshisekedi a cité la lenteur dans la mise en place des institutions après les élections et la vulnérabilité du mandat des gouverneurs de province.

La formation de l’actuel gouvernement est, par exemple, intervenue plus de cinq mois après la réélection du président et près de deux mois après la nomination de la Première ministre, une période durant laquelle les institutions étaient partiellement paralysées.

En visite officielle au Canada, la Première ministre a été interpellée par la diaspora au sujet de l’instauration de la double nationalité. Judith Suminwa Tuluka a répondu que ces questions ne peuvent être abordées que dans le cadre d’une réforme constitutionnelle. Pour autoriser la double nationalité, a soutenu la Première ministre, il faut notamment réviser l’article 10 qui stipule que « la nationalité congolaise est exclusive » et « ne peut être détenue concurremment avec aucune autre ».

Ainsi, au moins deux défis économiques pourraient être résolus : introduire plus de flexibilité dans la continuité des institutions avec la formation rapide d’un gouvernement et permettre au pays de profiter pleinement d’une diaspora possédant des compétences et des ressources financières.

Dépenses budgétaires

Mais ces préoccupations sont occultées par les opposants au projet, qui craignent que le processus débouche sur une nouvelle constitution, ce qui permettrait à l’actuel président de la République de se représenter dans le cadre d’une « nouvelle République ». Le président Félix Tshisekedi a beau assurer qu’il ne toucherait pas « aux articles verrouillés, comme le nombre de mandats admis » et qu’il ne comptait pas « s’éterniser au pouvoir », rien n’y fait.

Pour leur part, les évêques disent reconnaître « la pertinence de certaines questions qui, éventuellement, méritent d’être révisées ». Mais cela pose un problème d’opportunité. « Est-ce qu’on peut se le permettre au moment où l’on doit améliorer les conditions des enseignants, des infirmiers, des policiers, du social ? », s’est interrogé le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo, Monseigneur Donatien N’shole, le 11 novembre dernier, lors des états généraux de la justice.

En effet, conduire des réformes importantes comme la modification d’une constitution peut nécessiter des dépenses budgétaires significatives. Cela pourrait également engendrer des tensions sociopolitiques, dégradant davantage l’environnement des affaires déjà impacté par l’insécurité dans le nord-est du pays. Le pays pourrait ainsi perdre les bénéfices des réformes menées jusqu’à présent. Les réserves en dollars sont à des niveaux historiques, atteignant désormais plus de trois mois d’importations. La RDC est au cœur de la transition écologique mondiale grâce à ses forêts et à ses minerais critiques pour une économie décarbonée.

Pour l’instant, les contours du projet de révision de la constitution ne sont pas connus. Le président de la République a promis de mettre en place, en 2025, une commission d’experts qui fera des recommandations pour l’orienter. Pour favoriser le débat sur la question, Félix Antoine Tshisekedi a demandé au gouvernement de laisser les gens s’exprimer librement sur le sujet et a protesté contre l’arrestation violente d’un opposant à la réforme.

Georges Auréole Bamba

Lors du conseil des ministres du 15 novembre 2024, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka (photo) a révélé certains des engagements pris par la République démocratique du Congo (RDC) dans le cadre du nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI), en attente de validation par le conseil d’administration. Parmi ces engagements figure notamment « la déconcentration progressive de l’ordonnancement ».

Ce processus consiste à transférer à chaque ministre et responsable d’institution publique de l’administration centrale le pouvoir d’exécuter l’ensemble du processus de dépense publique relevant de leur compétence ou de leur ressort. Cette réforme s’inscrit dans le cadre de la loi du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques.

« Dans cette nouvelle approche de la gestion du budget, les ministres sectoriels deviendront des ordonnateurs, c’est-à-dire qu’ils auront désormais le pouvoir d’engager, de liquider et d’ordonnancer les dépenses nécessaires à l’atteinte des résultats pour lesquels ils sont redevables, sous réserve du pouvoir de régulation des crédits budgétaires revenant au ministre du Budget et du pouvoir de gestion de la trésorerie exercé par le ministre des Finances », peut-on lire sur le site du Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF), qui pilote le projet avec l’appui de la Banque mondiale.

La loi a fixé au 1er janvier 2028 la date butoir pour la généralisation de ce processus. Dans ce contexte, plusieurs actions ont été menées en 2024. Le gouvernement a procédé à une phase pilote de la nouvelle règle avec quatre ministères, à savoir le ministère de la Santé, Hygiène et Prévention ; le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) ; le ministère des Infrastructures et Travaux publics (ITP) ; et le ministère du Développement rural.

Cette phase pilote s’est accompagnée de la fourniture d’équipements spécifiques et de sessions de renforcement des capacités, permettant à ces ministères d’assumer pleinement leurs nouvelles compétences tout en comprenant les enjeux liés à la trésorerie de l’État. D’autres réformes, auxquelles le gouvernement s’est engagé avec le FMI, viennent soutenir ce processus. Parmi celles-ci figurent la mise en place d’une direction du trésor et de la comptabilité, la lutte contre la corruption, l’intégration des questions climatiques et une gestion proactive de la dette publique.

Georges Auréole Bamba

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In the Democratic Republic of Congo (DRC), Vodacom DRC, a mobile operator, will reinforce the digital skills of a million youths, with the support of Amazon Web Services (AWS). The training program, TechStart, was unveiled on November 13. Trainees will be equipped to meet the skills needs of companies or start their businesses, in line with the government’s ambition to leverage digital technologies to bolster the Congolese economy. 

The mobile operator stressed that TechStart should help enhance its Vodaeduc platform, which “has already reached over a million people with its educational content”, thereby strengthening access to essential skills for the future. 

Launched in 2017, this free platform provides access to educational resources in video format covering subjects such as math, science, IT, economics, and finance. It also includes content tailored to Congolese school curricula, catering to the learning needs of young people at all educational levels.

According to the World Bank, digital literacy will become a must for African workers over the next decade, even in sectors where they were previously non-essential. Covid-19 sped up the shift. In its 2021 report titled "Demand for Digital Skills in Sub-Saharan Africa: Key Findings from a Five-Country Study," the World Bank forecasts that by 2030, some level of digital skills will be necessary for 50-55% of jobs in Kenya, 35-45% in Côte d'Ivoire, Nigeria, and Rwanda, and 20-25% in Mozambique.

The World Bank also estimates that sub-Saharan Africa will create 230 million digital jobs by 2030. Most of these jobs will arise from the growth of digital services, requiring intermediate or advanced digital skills as well as basic digital and financial literacy accessible to all. In this context, Vodacom DRC's digital skills training initiative aligns well with similar efforts led by the Congolese government, particularly through the Ministry of Professional Training and partners like Huawei.

Muriel Edjo

 

The Democratic Republic of Congo (DRC) and the International Monetary Fund (IMF) have reached a preliminary agreement for a new program supported by the Extended Credit Facility (ECF) and the Resilience and Sustainability Facility (RSF). According to an IMF  note issued on November 13, 2024, this new three-year program is backed by nearly $3 billion in financing, compared to the $2.5 billion initially requested by the government. It includes a financial package of $1.77 billion under the ECF, up from the planned $1.5 billion, and $1.1 billion under the RSF, up from $1 billion.

The new staff-level agreement still needs to be validated by the IMF Executive Board. While the Board is set to review the document in January 2025, this step should be a formality, as the Board of Directors rarely disavows its services.

The new program aims to improve governance and transparency, foster solid and inclusive growth by combating high living costs, and invest in infrastructure, priority social sectors, and agriculture. It also aims to diversify the economy, create jobs, and improve resilience in the face of climate change. 

"The DRC is singularly well placed to play a central role in the global transition to a low-carbon economy, thanks to its vast forest and water resources, as well as its large reserves of 'green' minerals," notes the IMF.

Notwithstanding economic and inflationary pressures, the IMF believes economic growth should remain "resilient" above 5% during the new program. In comparison, inflation should return "to the level of the 7% target set by the Central Bank of Congo by 2026," says Calixte Ahokpossi, the Fund's mission chief for the country.

More funding incoming

For many years now, the DRC has been trying to secure international funding to boost its economy, in line with an ambition to overhaul the economy, through industrial development. The new IMF program should send a positive signal to investors seeking business opportunities in the country. 

"This agreement marks a crucial step for the DRC, which could mobilize up to $800 million in budget support," said Congolese Finance Minister Doudou Fwamba during the November 12 meeting between President Félix Tshisekedi and the IMF mission chief.

This program follows the conclusion of a previous agreement made in 2021, which totaled $1.5 billion. Despite a challenging context marked by renewed conflict in the eastern region and the spread of monkeypox, Congolese authorities successfully passed all reviews of the previous program, which the Fund deemed satisfactory.

However, former Finance Minister Matata Ponyo said the IMF is complacent. In an October 12 article published in the scientific journal Congo Challenge, a piece co-authored with economist Jean-Paul K. Tsasa, the former Prime Minister argues that these reviews were completed while the country failed to meet several criteria and benchmarks. The authors also claim that some funds disbursed by the IMF were misappropriated and even accuse the Bretton Woods institution of complicity.

PM with Ecofin Agency

 

DRC Gold Trading SA officially launched a new branch in Kalemie, in the eastern part of the Democratic Republic of Congo (DRC) on November 18. This is the firm’s second branch; the first is located in South Kivu. In a press release, the company announced the new branch’s opening,  indicating that it wants to "expand its activities of purchasing, marketing, and exporting gold from artisanal and small-scale mining in all the country's gold provinces." 

Originally named Primera Gold DRC, the company became DRC Gold Trading on November 13 after transitioning to public control. The State and two public entities acquired the 55% stake previously held by the Emirati company Primera Group under undisclosed terms. The State now holds 55% of the shares, the Mining Fund for Future Generations has 30%, and Gécamines holds 15%.

Despite these changes, DRC Gold Trading said its vision is the same: "To make the DRC the world's largest exporter of artisanal and small-scale gold, through credible, conflict-free supply chains that benefit local communities, both directly and indirectly impacted."

According to the firm’s Managing Director Joseph Kazibaziba, it will be challenging to bring in all artisanally mined gold into the official circuit. "More than 50 tonnes are fraudulently exported to the east coast of Congo, worth more than $5 billion. You can understand that DRC Gold Trading is a strategic company of vital importance to the state," he told the press on November 13 during the ceremony marking the company's name change.

Défis de la compétitivité des prix

So far, DRC Gold Trading has exclusively been active in South Kivu. The firm collected and exported over 5.5 tonnes of gold in 2023, worth over $350 million. With its new branch, the company plans to collect and export more gold. However, this will depend on the competitiveness of the prices offered to mining cooperatives, traders, and approved buyers from whom it sources gold.

DRC Gold Trading plans to export at least 12 tonnes of gold this year–a far-fetched goal, based on data from Bloomberg, relayed by the Ecofin Agency. The figures show that the firm’s gold exports are falling. Since November 2023, shipments have fallen by 50%; a situation attributed to higher black market prices offered to artisanal miners and banking regulations that limit daily cash transactions.

Aware of the challenges ahead, Joseph M. Kazibaziba, who was in Kalemie on November 17, met with traders from Tanganyika province. However, no details were released about this working session, which aimed to discuss the challenges faced by players in the gold sector. Nevertheless, at the opening ceremony of the new branch, the Managing Director of DRC Gold Trading appealed to the people of Tanganyika, saying: "DRC Gold Trading SA relies enormously on your support to accomplish the missions entrusted to it by the President of the Republic. Its success is also that of your province, which will benefit through tax and parafiscal levies, not to mention the jobs generated." The official also assured his audience that the company has sufficient financial capacity to absorb all quantities of artisanal and small-scale gold produced throughout the country's east coast.

Pierre Mukoko

 

Lors de la 10e édition du Makutano, tenue du 13 au 15 novembre 2024 à Kinshasa, le directeur général de Vodacom RDC, Khalil F. Al Americani, a accordé un entretien d’une quinzaine de minutes à Bankable. Il sortait alors d’un panel d’échanges intitulé « Télécoms : quel new deal pour accroître la pénétration réseau ? ». Dans cet entretien, le dirigeant, fort de plus de 20 ans d’expérience dans les télécommunications, partage sa vision pour le secteur, revient sur son engagement, et lève le voile sur les secrets du succès de M-Pesa, leader incontesté du marché de la monnaie électronique en RDC avec plus de 50 % de parts de marché.

Bankable : Avec plus de 25 ans d’expérience dans les télécoms, dont une grande partie passée chez Vodacom, qu’est-ce qui explique votre fidélité à ce secteur ? Qu’est-ce qui vous passionne dans cette industrie ?

Khalil Al Americani : Merci pour cette belle question. Ce qui me passionne dans le secteur des télécommunications, c’est sa capacité à transformer la vie des gens. J’ai eu la chance de participer au lancement du premier réseau mobile au Niger, un moment clé où j’ai pu observer l’impact direct de cette innovation.

Au-delà de fournir la connectivité, ce qui me motive profondément, c’est de permettre l’accès à l’information mondiale via internet et de faciliter des services essentiels, comme les services financiers. Ces avancées transforment le quotidien et illustrent toute la richesse de notre métier.

Pouvoir se connecter au monde par la voix, ensuite par le SMS, par l’internet, par les services financiers, c’est ce qui rend notre métier absolument exceptionnel.

Bankable : La RDC a fait des avancées notables en matière d’accès aux télécommunications et aux services associés, mais des défis importants subsistent. Fort de votre longue expérience dans le secteur et de votre connaissance approfondie de la RDC, où vous avez passé une grande partie de votre vie, pouvez-vous nous dire quelles sont les spécificités de ce marché ? Quels leviers faut-il actionner pour étendre l’accès aux télécommunications et atteindre le plus grand nombre possible de personnes ?

Khalil Al Americani : J’ai passé 29 ans en République démocratique du Congo (RDC), entre ma jeunesse et ma carrière. La RDC est un pays-continent, sept fois plus grand que l’Allemagne, avec neuf frontières et seulement 40 km d’accès à la mer. Ces caractéristiques posent des défis structurels, mais ouvrent aussi des opportunités.

Pour avancer, plusieurs axes sont prioritaires : un cadre règlementaire qui stimule les investissements, une collaboration accrue entre acteurs des secteurs prioritaires via la mutualisation des réseaux, et une formation adaptée pour que la jeunesse réponde aux besoins du marché. Une ouverture sur les marchés internationaux et des infrastructures résilientes sont également essentielles pour répondre à la demande croissante en connectivité et en services.

Pour la RDC, il est crucial de démocratiser l’accès aux smartphones 4G à des prix abordables, de connecter les zones rurales et de permettre l’autonomisation des communautés.

Les télécommunications et la technologie sont des leviers incontournables de développement, soutenant des secteurs comme l’éducation, la santé, l’agriculture et l’industrie. Nous avons vu dans d’autres pays que la digitalisation stimule directement la croissance économique.

Pour la RDC, il est crucial de démocratiser l’accès aux smartphones 4G à des prix abordables, de connecter les zones rurales et de permettre l’autonomisation des communautés. Ces efforts permettront de créer des écosystèmes autonomes, favorisant le développement humain, industriel et économique du pays.

Bankable : Vous avez évoqué la connectivité rurale, et pour de nombreux experts, la connectivité par satellite apparaît comme la solution la plus adaptée, notamment dans des zones difficiles d’accès et sur de vastes territoires. Chez Vodacom, cette connectivité satellitaire est-elle perçue comme une opportunité ou davantage comme un défi ?

Khalil Al Americani : Depuis ses débuts, Vodacom s’appuie sur la connectivité satellite, une technologie en constante évolution. Aujourd’hui, nous utilisons aussi bien des satellites géostationnaires que des satellites à orbite basse. Bien que le satellite soit une solution idéale pour les zones rurales à faibles besoins en capacité, nous complétons souvent cette connectivité par des réseaux micro-ondes et, lorsque cela est possible, par la fibre optique, en fonction des besoins et des distances à couvrir.

Depuis 2013, Vodacom a déployé plus de 800 sites ruraux connectés par satellite, alimentés par des panneaux solaires et des batteries, démontrant notre engagement à réduire l’empreinte carbone. Ces sites ont évolué au fil du temps, passant de la 2G à la 3G, et continueront de s’adapter aux nouvelles technologies. Nous sommes fiers d’avoir été des pionniers dans cette initiative, qui reste au cœur de notre stratégie pour connecter les zones reculées tout en inspirant d’autres acteurs du secteur.

Bankable Africa : Le service M-Pesa de Vodacom domine le marché avec plus de 50 % de part. Quel est le secret de cette réussite ?

Khalil Al Americani : Le succès d’M-Pesa repose sur une stratégie claire, un travail acharné, une exécution rigoureuse et une motivation constante. Depuis plus de 10 ans nous avons réussi à gagner la confiance de la banque centrale, régulateur de notre segment Fintech, VODACASH, ainsi que de nos fidèles abonnés à qui nous avons proposé une gamme de services évolutive.

Aujourd’hui, M-Pesa offre des solutions allant du transfert d’argent simple à des outils avancés pour les particuliers et les entreprises, comme les prêts, les paiements multiples et des API (interface de programmation d’application, NDLR) ouvertes pour intégrer des services tiers. Accessible même via un téléphone 2G, M-Pesa démocratise les paiements numériques tout en proposant une application mobile enrichie de mini-apps pour des intégrations sécurisées.

Nous avons déjà de nombreux services en place, et une longue liste de nouveaux services arrivera au fur et à mesure que les besoins de nos différents segments évoluent.

L’inclusion financière est au cœur de notre mission. En digitalisant les paiements, nous réduisons les risques liés aux transactions en espèces et contribuons à l’efficacité du système financier. Cela profite à tous : gouvernement, entreprises et particuliers. Et avec de nouveaux services en développement, nous restons engagés à répondre aux besoins changeants de nos abonnés tout en renforçant la digitalisation du pays.

Nous avons déjà de nombreux services en place, et une longue liste de nouveaux services arrivera au fur et à mesure que les besoins de nos différents segments évoluent. Nous sommes très fiers de ce qui a été fait jusqu’à présent, et ravis de voir évoluer les comportements et les besoins de nos abonnés.

Bankable : Dans le domaine de la monnaie électronique, les banques développent de plus en plus des applications intelligentes pour améliorer l’expérience client, tandis que des fintechs émergent avec des solutions d’inclusion financière. Comment Vodacom perçoit-elle cette évolution ? Est-ce une opportunité de renforcer l’écosystème ou plutôt une concurrence à surveiller de près ?

Khalil Al Americani : Nous voyons l’évolution des applications intelligentes développées par les banques et l’émergence des fintechs comme une formidable opportunité de renforcer l’écosystème financier. Ces innovations permettent d’améliorer l’expérience client et d’élargir l’inclusion financière, ce qui est en parfaite adéquation avec notre mission de connecter les gens pour un avenir meilleur.

Nous croyons fermement que la collaboration entre les différents acteurs du secteur, y compris les banques, les fintechs et les opérateurs de télécommunications, est essentielle pour créer des solutions durables et accessibles à tous. Plutôt que de voir ces développements comme une concurrence, nous les considérons comme des partenaires potentiels avec lesquels nous pouvons travailler pour offrir des services encore plus innovants et inclusifs à nos clients.

En fin de compte, notre objectif est de contribuer à un écosystème financier dynamique et intégré qui profite à tous les Congolais.

Propos recueillis par Aboudi Ottou

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Rawbank a annoncé, dans un communiqué publié ce 20 novembre 2024, l’octroi de son premier financement carbone en République démocratique du Congo (RDC). Cet investissement initial, d’un montant de deux millions de dollars, vise à soutenir deux projets de foyers de cuisson améliorés dans le pays. Les détails spécifiques de ces initiatives n’ont pas encore été dévoilés, mais la banque estime qu’elles pourraient permettre de réduire l’émission de 6 millions de tonnes de CO2 sur une période de dix ans.

L’investissement s’inscrit dans un partenariat avec Vitol, un acteur engagé dans des projets carbone en RDC depuis plus de dix ans. Lors de la 28e Conférence des Parties des Nations Unies sur le climat (COP28), Rawbank, leader du secteur bancaire en RDC avec plus de 30 % de parts de marché, avait annoncé ce partenariat avec le groupe énergétique suisse. L’accord prévoit un investissement total de 20 millions de dollars destiné à financer des projets d’énergies renouvelables et de préservation de la biodiversité en RDC. L’ambition affichée est de réduire l’émission de 75 millions de tonnes de CO2 sur les dix prochaines années.

« Ce premier financement carbone n’est pas simplement un jalon pour nous, mais une preuve tangible de faisabilité. En soutenant un développeur de projet local, nous démontrons notre capacité à maîtriser les risques spécifiques aux projets en RDC, grâce à notre connaissance approfondie du terrain », a déclaré Thibaut Deckers, responsable du Climate Finance Desk chez Rawbank.

Lancé en 2023, le Climate Finance Desk est un dispositif visant à faciliter l’accès des développeurs de projets carbone aux financements internationaux. Son lancement visait à positionner la RDC comme un acteur clé de la finance climatique, indique la banque.

« Aujourd’hui, ce financement historique prouve qu’une banque commerciale en RDC peut jouer un rôle décisif sur le marché volontaire du carbone, estimé à 2 milliards de dollars à l’échelle mondiale. C’est une avancée majeure qui démontre notre capacité à mobiliser des ressources pour des projets à fort impact environnemental et à façonner l’avenir de la finance durable dans notre pays », a renchéri le directeur général de Rawbank, Mustafa Rawji.

Cet investissement de Rawbank et Vitol intervient dans un contexte marqué par la tenue de la COP29, ouverte le 11 novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan. Cette conférence se concentre sur la redéfinition des engagements financiers en faveur du climat, avec pour objectif de dépasser les engagements pris lors de l’accord précédent en atteignant, d’ici 2030, 120 milliards de dollars de financement climatique par an.

Avec ses vastes forêts tropicales, la RDC joue un rôle crucial dans la régulation du climat mondial, absorbant jusqu’à 1,5 milliard de tonnes de CO2. Toutefois, ces forêts sont menacées, notamment par l’utilisation du bois comme principale source d’énergie. Selon les estimations officielles, le bois-énergie représente jusqu’à 94 % du mix énergétique de la RDC, tandis que le charbon de bois domine, avec 67 % de parts, le marché énergétique du pays évalué à plus de 6 milliards de dollars.

Pierre Mukoko

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Lobito Atlantic Railway, which operates the Lobito corridor, has received the first batch of container railcars as part of its order for 275 units placed last May with South African group Galison Manufacturing. Each railcar weighs 13.5 tonnes and is designed to carry one 40-foot or two 20-foot containers. All 275 railcars should be delivered over 30 months. This purchase is part of a larger investment plan, with the consortium announcing a total investment of $455 million for developing the Lobito corridor. This investment includes acquiring 35 locomotives and 1,555 wagons.

This delivery comes a few days after critical minerals shipments from the DRC to Angol, via the Lobito corridor, have resumed. This resulted in significant time savings, indicating an expected increase in transport flows. The new rail vehicles are expected to enhance the Group's operational capabilities for mineral exports, linking the cobalt and copper mines of the DRC and Zambia to the Atlantic Ocean.

The Lobito corridor plays a strategic role in this value chain and is becoming essential in global efforts to secure critical mineral supplies. The United States, European Union, Italy, and several other donors have announced significant investments in this route. Ultimately, the plan is to extend the corridor from Angolan ports on the Atlantic Ocean to coastal countries in East Africa, whose ports are located on the Indian Ocean.

Ecofin Agency

 

Le 18 novembre 2024, DRC Gold Trading SA a officiellement lancé les activités de sa succursale à Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Selon un communiqué de l’entreprise, l’ouverture de cette seconde succursale, après celle du Sud-Kivu, vise à « élargir ses activités d’achat, de commercialisation et d’exportation de l’or issu de l’exploitation artisanale et à petite échelle dans toutes les provinces aurifères du pays ».

Initialement dénommée Primera Gold DRC, l’entreprise a changé de nom le 13 novembre dernier pour devenir DRC Gold Trading, suite à son passage sous le contrôle public. L’État et deux entités publiques ont acquis, à des conditions non divulguées, les 55 % des parts détenues auparavant par la société émiratie Primera Group. Désormais, l’État détient 55 % des parts sociales, le Fonds minier pour les générations futures en possède 30 %, et la Gécamines détient 15 %.

Malgré ces changements, l’entreprise affirme que sa vision reste inchangée : « Faire de la RDC le plus grand exportateur d’or issu de l’exploitation artisanale et à petite échelle, grâce à des chaînes d’approvisionnement crédibles, exemptes de conflits et avantageuses pour les communautés riveraines, tant directement qu’indirectement impactées ».

Ramener dans le circuit officiel toute la quantité d’or extrait de manière artisanale reste un défi majeur, estime le directeur général de DRC Gold Trading, Joseph Kazibaziba. « Plus de 50 tonnes sont exportées de manière frauduleuse à la côte est du Congo, ce qui équivaut à plus de 5 milliards de dollars. Vous pouvez comprendre que DRC Gold Trading est une société stratégique et d’une importance capitale pour l’État », a-t-il déclaré à la presse le 13 novembre, lors de la cérémonie de signature des actes marquant le changement de dénomination sociale de la société.

Défis de la compétitivité des prix

Présente uniquement au Sud-Kivu, DRC Gold Trading a collecté et exporté plus de 5,5 tonnes d’or en 2023, soit une hausse de plus de 12 000 %, pour une valeur de plus de 350 millions de dollars. Avec le lancement de ses activités dans le Tanganyika, l’entreprise espère accroître la quantité d’or collectée et exportée. Cependant, cela dépendra de la compétitivité des prix proposés aux coopératives minières, négociants et acheteurs agréés auprès desquels elle s’approvisionne.

En 2024, DRC Gold Trading envisageait d’exporter au moins 12 tonnes d’or. Cependant, cet objectif semble difficile à atteindre. Selon les informations de Bloomberg, relayées par l’Agence Ecofin, les exportations d’or de l’entreprise affichent une tendance baissière. Depuis novembre 2023, ces expéditions auraient chuté de 50 %. Cette baisse serait due à des prix plus élevés proposés sur le marché noir aux mineurs artisanaux, ainsi qu’à la réglementation bancaire qui limite les transactions quotidiennes en espèces.

Conscient des défis à relever, Joseph M. Kazibaziba, arrivé à Kalemie le 17 novembre, a rencontré les négociants de la province du Tanganyika. Toutefois, aucun détail n’a filtré concernant cette séance de travail, qui avait pour objectif de discuter des défis rencontrés par les acteurs du secteur de l’or. Néanmoins, lors de la cérémonie d’ouverture de la nouvelle succursale, le directeur général de DRC Gold Trading a lancé un appel aux filles et fils du Tanganyika : « DRC Gold Trading SA compte énormément sur votre soutien pour accomplir les missions qui lui ont été confiées par le président de la République. Car sa réussite est aussi celle de votre province, qui en bénéficiera à travers les prélèvements fiscaux et parafiscaux, sans compter les emplois générés… ». Il a également assuré son auditoire que l’entreprise dispose, à ce jour, des capacités financières suffisantes pour absorber toutes les quantités d’or artisanal et à petite échelle produites sur toute la côte est du pays.

Pierre Mukoko

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