Rio Tinto et Glencore sont en pourparlers concernant une fusion de leurs activités. Au cœur de cette éventuelle opération, qui pourrait réunir deux des dix plus grands groupes miniers mondiaux, se trouve le cuivre, dont les fluctuations de prix, tant à la hausse qu’à la baisse, seront cette année influencées par des décisions politiques et par l’état de l’économie mondiale.
Dans une analyse publiée cette semaine, BMI évoque l’impact des décisions de Donald Trump, qui pourrait revenir sur les engagements climatiques de son prédécesseur tout en accélérant l’exploitation pétrolière. Selon la firme de recherche, membre du groupe Fitch Solutions, cette situation devrait réduire le « sentiment vert » qui a soutenu les prix du cuivre en 2024. En conséquence, BMI a révisé à la baisse ses prévisions de prix pour le métal rouge, estimant qu’il se négociera en moyenne à 10 000 dollars la tonne.
De son côté, S&P Global Commodity Insights souligne également l’impact potentiel des politiques de la nouvelle administration américaine sur le prix du cuivre. Dans une note du 30 décembre dernier, l’analyste de marché estime que « les droits de douane prévus par le président élu américain Donald Trump pourraient éloigner les prix du cuivre des fondamentaux du marché et assombrir les perspectives 2025 de la demande ».
Évolution du prix du cuivre d’ici 2035
Ces mesures tarifaires pourraient en effet entraîner une inflation qui freinerait la demande de cuivre. S&P Global Commodity Insights prévoit que le prix du cuivre pour livraison dans trois mois se négociera en moyenne à 9 825 dollars la tonne en 2025. Il s’agit d’une légère hausse par rapport à la moyenne de 9 307 dollars la tonne estimée pour 2024, mais en dessous de plusieurs prévisions précédentes.
En septembre dernier, Goldman Sachs a, par exemple, réduit d’environ 5 000 dollars sa prévision pour le prix du cuivre. La banque d’investissement reste néanmoins plus optimiste que d’autres analystes, estimant que les mesures de relance de l’économie chinoise pourraient soutenir la demande de cuivre et pousser son prix à 10 160 dollars la tonne en 2025.
La Chine et le climat en toile de fond
Il convient de souligner qu’en tant que principal consommateur mondial de cuivre, la Chine joue un rôle clé dans l’évolution du prix du métal rouge. En 2024, ce sont les difficultés de l’économie chinoise, notamment dans le secteur immobilier, qui ont contribué à la baisse du prix du cuivre. Selon BMI, il est peu probable que les mesures de relance initiées ces derniers mois suffisent à stabiliser l’économie, ce qui pourrait peser sur le métal rouge.
À moyen et long terme, cependant, les analystes s’attendent toujours à une hausse du prix du cuivre. La demande croissante liée à la transition énergétique et le déficit prévu en concentré de cuivre pourraient soutenir les cours du métal. Commodity Insights prévoit notamment un déficit de 847 764 tonnes pour le concentré en 2025, en raison d’une offre minière insuffisante.
Ces différentes perspectives de prix pour le métal rouge seront particulièrement suivies en Afrique par la RDC et la Zambie, les deux principaux producteurs du continent. Le cuivre reste en effet leur premier produit d’exportation et contribue de manière significative aux recettes publiques.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Le doublement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 5 dollars par jour pour les manœuvres ordinaires en République démocratique du Congo (RDC) suscite des préoccupations au sein du patronat. Cette augmentation a été entérinée par un arrêté du ministre de l’Emploi et du Travail, Éphraïm Akwakwa Nametu, signé le 31 décembre 2024.
« Sans ignorer l’intention de veiller à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs face à la dépréciation monétaire, cet arrêté, à la lumière de l’analyse des textes légaux et règlements en vigueur, soulève quelques préoccupations juridiques, tant sur la forme que sur le fond, nécessitant une harmonisation », estime la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans un courrier adressé au ministre de l’Emploi et du Travail.
Dans cette correspondance datée du 14 janvier 2025 et signée par le secrétaire général de la FEC, John Nkono Mubualudimi, l’organisation patronale ne donne pas de détails sur ses préoccupations. Elle sollicite néanmoins une audience avec le ministre de l’Emploi et du Travail le 20 janvier. Objectif : échanger sur les voies et moyens susceptibles de remédier à la situation « dans le but ultime de veiller au bon climat des affaires dans son volet de récente juridique et de demeurer respectueux des textes juridiques applicables dans la fixation et l’ajustement du SMIG dans le pays », indique la lettre, ampliée au Premier ministre, Judith Suminwa Tuluka.
En d’autres termes, la FEC estime que l’arrêté ministériel portant augmentation du SMIG à 5 dollars par jour pour les manœuvres ordinaires n’a pas respecté les textes. Pourtant, cet arrêté a été pris à la suite d’un dialogue social engagé en octobre 2024 entre le ministère du Travail et de l’Emploi, les organisations patronales et les syndicats des travailleurs. Lors des discussions, les parties prenantes avaient reconnu l’urgence d’une révision du SMIG pour réduire l’écart croissant entre le salaire minimum et le coût de la vie.
Pour l’instant, on ignore comment le ministre Éphraïm Akwakwa Nametu a réagi à ce courrier. Cette réaction est d’autant plus attendue qu’un désaccord entre le gouvernement et le patronat pourrait compromettre l’entrée en vigueur de cette décision, prévue en février 2025.
Pierre Mukoko
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Un récent rapport de l’Observatoire africain des ressources naturelles (Afrewatch) révèle l’impact de l’exploitation minière sur la déforestation dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, en RDC. Entre 2001 et 2023, le Haut-Katanga a perdu 7120 km² de forêts, avec 498,4 km² attribués directement aux activités minières, tandis que le Lualaba a enregistré une perte totale de 5550 km², dont 388,5 km² liés au secteur minier. L’étude souligne que l’essor des activités minières après leur libéralisation en 2002 a amplifié cette déforestation.
Selon les données du rapport, les activités minières sont responsables de 7 % de la perte de couvert forestier enregistrée dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba. Bien que ce chiffre soit relativement modeste comparé à d’autres facteurs, tels que l’agriculture et l’exploitation artisanale du bois, il n’en reste pas moins préoccupant en raison des conséquences climatiques et économiques qui en découlent.
Les destructions forestières entre 2001 et 2023 ont diminué la capacité des forêts à capturer le CO₂, entraînant des émissions supplémentaires estimées à 20 MtCO₂e pour le Haut-Katanga et 13,86 MtCO₂e pour le Lualaba. Le rapport souligne également que l’exploitation minière contribue à la fragmentation des forêts restantes, accélérant ainsi leur dégradation. De plus, l’extraction des minerais nécessite le déboisement de vastes zones, tant pour les sites d’exploitation que pour les infrastructures associées, comme les routes et les zones de stockage. Cette dynamique fragilise les écosystèmes forestiers et augmente l’exposition des populations aux risques climatiques.
Un impact social à ne pas sous-estimer
En plus de la perturbation des cycles naturels, qui affecte la pluviométrie et les températures, la déforestation entraîne des conséquences directes pour les communautés locales. Depuis 2005, les précipitations moyennes à Lubumbashi ont montré des variations importantes, avec des saisons des pluies plus courtes et des épisodes de sécheresse plus fréquents. De plus, la température moyenne a fluctué de manière inhabituelle, atteignant parfois des valeurs extrêmes.
Ces changements ont des répercussions sur les populations locales, notamment celles qui dépendent de l’agriculture. La réduction des précipitations et l’érosion des sols entraînent une baisse de la productivité agricole, mettant en danger la sécurité alimentaire et les revenus des ménages ruraux. Par ailleurs, la disparition des ressources forestières prive les communautés de produits essentiels comme le bois, les fruits ou certaines plantes médicinales.
Une prise en compte nécessaire des enjeux environnementaux
Les conclusions du rapport, bien que peu nouvelles, soulèvent la question du coût réel de l’exploitation minière en RDC. Elles interrogent sur la manière dont le pays peut concilier exploitation des ressources minérales et préservation de son environnement, surtout dans un contexte où la quête des minéraux critiques attire de nombreuses entreprises étrangères. Un rapport récent de la Banque mondiale évalue la valeur des réserves de minerais critiques de la RDC à 24 000 milliards de dollars, et le pays est reconnu parmi les plus riches en minéraux au monde. Pourtant, peu d’études abordent le prix que le pays et ses populations doivent payer pour concrétiser ce potentiel.
Bien que la RDC cherche à exploiter ses ressources minières pour soutenir son développement, il devient crucial de prendre en compte les impacts environnementaux. Sans des mesures adaptées, les bénéfices escomptés pourraient être partiellement annulés par les coûts croissants liés aux perturbations climatiques et aux pertes économiques qui en résultent.
LNK
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On January 15, 2025, the International Monetary Fund (IMF) Executive Board approved a new program with the Democratic Republic of Congo (DRC), following a service-level agreement reached in November.
The 38-month program has two main components: the Extended Credit Facility (ECF) worth $1.729 billion and the Resilience and Sustainability Facility (RSF) with $1.038 billion. Although these amounts are slightly lower than initially announced, the program’s goals have not changed: enhancing the country's macroeconomic stability, improving governance, and increasing resilience to climate challenges.
The ECF is designed to stabilize the economy, improve governance, and promote inclusive growth. Meanwhile, the RSF will support the DRC’s climate adaptation efforts, helping the country reduce its greenhouse gas emissions by 21% by 2030.
In 2024, the DRC achieved solid economic performance, with GDP growth projected at 6%, a significant drop in inflation, and reduced budget deficits, despite exceptional expenditures related to security and the fight against the Mpox epidemic.
The Central African nation also faced major climate-related disasters, including devastating floods that affected over 300,000 households, destroyed buildings, and killed 300 people. The crisis has exacerbated health risks and affected agricultural production. It called for urgent humanitarian responses and more funds to boost climate resilience.
According to IMF Deputy Managing Director, Kenji Okamura, while the DRC has shown resilience in the face of crises, sustained efforts are crucial to consolidate economic and social gains, combat corruption, and address climate challenges.
The previous IMF program concluded in 2021 helped strengthen foreign exchange reserves and boost growth, but structural and climatic challenges persist.
Under the ECF, the IMF champions reforms to help the DRC increase tax revenue, improve public financial management, and depend less on mining revenues. As for the RSF, it focuses on achieving climate objectives, such as forest preservation and sustainable natural resource management.
Despite risks from ongoing conflicts and health crises, the IMF’s outlook for 2025 remains positive, with growth forecast at 5.1% and inflation projected at 7%.
This article was initially published in French by Charlène N’dimon
Edited in English by Ola Schad Akinocho
The Democratic Republic of Congo (DRC) has exported 2.35 million tonnes of copper in the first nine months of 2024. The figure, featured in a report issued on 30 December 2024 by the Ministry of Mines, is up 17% year-on-year. Based on this performance, the report’s authors estimated that the country’s exports for 2024 could stand at 3 million tonnes, thus setting a new record–at the national and continental levels.
According to the Ecofin Agency, a pan-African economic media, since June 2023, the DRC has exported over 750,000 tonnes of copper, on average, quarterly. The Central African country exported more than 800,000 tonnes in Q3 2024, Ecofin reports.
While the Ministry of Mines only releases sales figures without specifying whether exports include volumes from previous years, data from the Central Bank of Congo indicates little difference between production and sales.
Still, the DRC will remain the world's second-largest copper producer in 2024, ahead of Peru which produced 2.47 million tonnes between January and November, down 1.1% year-on-year. Chile kept its crown, with over 5 million tonnes produced last year.
The increased copper output substantially impacts the local economy, as the mineral accounts for more than two-thirds of Congolese exports and a significant portion of mining revenues, estimated at $5 billion for the 2025 budget.
This article was initially published in French by Emiliano Tossou (Ecofin Agency)
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Trois ressortissants chinois ont été condamnés, le 14 janvier 2025, à sept ans de prison ferme pour des infractions liées à l’exploitation minière illégale en République démocratique du Congo (RDC). Les prévenus ont été arrêtés dans la province minière du Sud-Kivu, en possession de dix lingots d’or et de 400 000 dollars en espèces.
Selon les médias locaux, le tribunal a retenu cinq des sept chefs d’accusation initialement portés contre eux. Parmi ces charges figurent le séjour irrégulier en RDC, l’achat illicite et la détention illégale de minerais, l’entrave à la transparence dans l’industrie minière, ainsi que le blanchiment de capitaux. Gale Mambuba, président du tribunal, a également annoncé que les condamnés devront payer solidairement une amende de 600 000 dollars et seront expulsés de la RDC à l’issue de leur peine.
Le tribunal a ordonné que les fonds saisis soient versés au Trésor public, tandis que l’or confisqué sera remis à la Banque centrale du Congo (BCC).
Charlène N’dimon, Agence Ecofin
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China's dominant presence in the Democratic Republic of Congo’s mining industry poses a “risk” to the African economy. Marcellin Paluku, Deputy Cabinet Director at the Ministry of Mines, made the claim yesterday, January 14, in an interview with Reuters.
“Today, 80% of our mines are with a single partner (China). So it's a risk [...] You never know what might happen. That's why we're now trying to diversify our partnerships, to avoid depending on a single partner,” Paluku declared, on the sidelines of a mining conference in Riyadh.
Further commenting on the DRC’s partnership diversification efforts, Paluku said the Congolese government was eager to negotiate with potential new investors, such as Saudi Arabia, India, and the European Union. However, he did not indicate at what stage these talks were. Regardless, his words match those of Kizito Pakabomba, the DRC’s Mining Minister. In October 2024, Pakabomba said the country sought to “attract better investors, more investors, and diversified investors.” At the time, he had mentioned the United Arab Emirates as a potential partner.
China's influence in the DRC's mining sector is evident in its ownership of major cobalt mines, such as those held by China Molybdenum Company (CMOC), and its significant stake in the Kamoa-Kakula copper mine through Zijin Mining.
The DRC is the world's leading producer of cobalt and the second-largest producer of copper, making it a focal point for international competition due to the strategic importance of these minerals in the energy transition and advanced technologies. The country's mineral wealth extends beyond copper and cobalt. The Congolese soil hosts other key minerals like zinc, 3T ores, diamonds, gold, uranium, and germanium.
This article was initially published in French by Aurel Sèdjro Houenou (Ecofin Agency)
Edited in French by Ola Schad Akinocho
The second phase of construction and rehabilitation work on Route Nationale 12 (RN12) in the Kongo Central province, Democratic Republic of Congo (DRC), has begun. Mining company Sino-Congolaise recently announced the launch. According to local media, the project, valued at $47 million, is carried out by Société d'infrastructures Sino-Congolaise (SISC).
"The only access road to Tshela territory via the RN1, it crosses Lukula and passes through Manterne, a settlement between Matadi and Boma. The same road links Tshela to Seke-Banza and reaches Mbanza Ngungu via Luozi," Sicomines posted on X. While specific details concerning the project are yet to be released, phase I and II, combined, span 120 km.
Sicomines often support road infrastructure development, in line with its mining permit obligations. These obligations, revised in 2024, require the construction of various infrastructures, including roads, schools, health centers, and projects related to energy, environment, water access, and agriculture.
The company has completed or initiated several projects, including stadiums and agricultural warehouses. However, details on project selection and progress are poorly documented.
According to the new contract between the Congolese government and Sicomines, roadworks worth $624 million were scheduled for 2024, with an annual commitment of approximately $324 million from 2025 to 2040. The government's priority investment program also includes $714 million for various road projects, though it is unclear if this amount is additional or part of the expected royalties from Sicomines.
Sicomines is owned 68% by a Chinese consortium (Crec, Sinohydro, Zhejiang Huayou) and 32% by the Congolese state through Gécamines.
This article was initially published in French by Georges Auréole Bamba
Edited in English by Ola Schad Akinocho
Selon un rapport du ministère des Mines publié le 30 décembre, la République Démocratique du Congo (RDC) a exporté 2,35 millions de tonnes de cuivre au cours des neuf premiers mois de 2024, soit une augmentation de 17 % par rapport à l'année précédente. Si cette tendance se confirme, la RDC devrait atteindre 3 millions de tonnes exportées d'ici la fin de l'année, un record pour le pays et l'Afrique.
Selon les calculs de l'Agence Ecofin, les exportations trimestrielles de cuivre de la RDC ont dépassé les 750 000 tonnes en moyenne depuis juin 2023, avec plus de 800 000 tonnes exportées au troisième trimestre 2024.
Le ministère congolais des Mines ne publie que les chiffres des ventes, sans préciser si certaines exportations proviennent de volumes produits les années précédentes. Les données de la Banque centrale du Congo montrent cependant peu de différences entre la production et les ventes. En tout cas, la RDC restera le deuxième producteur mondial de cuivre à la fin de 2024, après avoir dépassé le Pérou en 2023. La production du Pérou a atteint 2,47 millions de tonnes fin novembre 2024, en baisse de 1,1 % par rapport à l'année précédente, tandis que le Chili reste en tête avec plus de 5 millions de tonnes.
Au-delà des chiffres symboliques, la hausse de la production de cuivre en RDC renforce l'impact de ce métal sur l'économie locale. Selon la BCC, le cuivre représente plus de deux tiers des exportations congolaises et une part importante des recettes minières, estimées à 5 milliards $ pour le budget 2025.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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Comme on pouvait s’y attendre, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, le 15 janvier 2025, le nouveau programme avec la République démocratique du Congo (RDC). Un accord avait en effet été conclu au niveau des services en novembre dernier. L’approbation du Conseil d’administration donne donc le feu vert pour la mise en œuvre du programme.
Comme déjà annoncé, ce programme de 38 mois s’articule autour de deux accords : la Facilité élargie de crédit (FEC), d’un montant de 1,729 milliard de dollars, et la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), dotée d’une enveloppe de 1,038 milliard de dollars. Ces montants sont légèrement inférieurs à ceux annoncés lors de l’accord au niveau des services, mais les objectifs restent inchangés. Il s’agit de renforcer la stabilité macroéconomique du pays, d’améliorer sa gouvernance et d’accroître sa résilience face aux défis climatiques.
Concrètement, alors que la FEC vise à stabiliser l’économie, à améliorer la gouvernance et à encourager une croissance inclusive, la FRD soutiendra les efforts d’adaptation climatique pour positionner la RDC comme un acteur clé dans la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, avec l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 21 % d’ici 2030.
En 2024, la RDC a affiché une solide performance économique, avec une croissance du PIB projetée à 6 %, une baisse significative de l’inflation, qui est passée de 23,8 % fin 2023 à 12,8 % en novembre 2024, et une réduction des déficits budgétaires, malgré des dépenses exceptionnelles liées à la sécurité et à la lutte contre l’épidémie de Mpox.
Parallèlement, le pays a été confronté à des catastrophes climatiques majeures, notamment des inondations dévastatrices qui ont touché plus de 300 000 ménages, causé 300 décès et détruit des infrastructures essentielles. Ces événements ont exacerbé les risques sanitaires et affecté la production agricole, nécessitant des réponses humanitaires urgentes et des investissements pour renforcer la résilience climatique.
Selon M. Okamura, directeur général adjoint du FMI, la RDC a démontré sa résilience face aux crises, mais des efforts soutenus restent indispensables pour consolider les acquis économiques et sociaux, tout en intensifiant la lutte contre la corruption et les défis climatiques.
Les progrès réalisés dans le cadre du précédent programme conclu en 2021 ont permis au pays de renforcer ses réserves de change et de dynamiser la croissance. Cependant, des défis structurels et climatiques persistent.
Dans le cadre de la FEC, le FMI encourage des réformes visant à accroître la mobilisation des recettes fiscales, améliorer la gestion des finances publiques et réduire la dépendance aux fluctuations des revenus miniers. Concernant la FRD, l’accent sera mis sur la réalisation des objectifs climatiques du pays, notamment la préservation des forêts et la gestion durable des ressources naturelles.
Malgré les risques liés aux conflits persistants et aux crises sanitaires, les perspectives pour 2025 restent positives, avec une croissance prévue à 5,1 % et une inflation projetée à 7 %, selon les données de l’institution.
Charlène N’dimon
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