La République démocratique du Congo (RDC) avance vers l’implantation du siège de la Commission régionale de régulation de l’électricité de l’Afrique centrale (Correac), l’organe chargé de réguler le marché de l’électricité au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). C’est ce qui ressort du compte rendu d’une mission de la CEEAC qui a séjourné à Kinshasa du 24 au 28 novembre 2025. Mandatée par le président de la Commission, elle était conduite par le directeur de l’Énergie, Désiré Armand Ndemazagoa Backotta.
Selon l’Autorité de régulation de l’électricité (ARE), qui rapporte les conclusions de cette mission, l’inauguration officielle du siège de la Correac est envisagée pour le premier trimestre 2026. Une première mission d’évaluation avait déjà été menée à Kinshasa du 7 au 10 octobre 2025. À son issue, l’ARE estimait que la RDC remplissait toutes les conditions requises pour accueillir l’institution, notamment en matière de contribution communautaire, de disponibilités immobilières conformes et d’engagement à finaliser un accord de siège d’ici fin 2025.
La Correac est conçue comme le régulateur régional des échanges et du marché de l’électricité entre les États membres de la CEEAC. Ses missions incluent la supervision des flux transfrontaliers, la régulation des prix, l’harmonisation des règles d’exploitation, l’arbitrage en cas de différends et l’encadrement général du marché régional — un enjeu stratégique pour la RDC.
Selon le Compact énergétique national, la feuille de route visant à porter le taux d’accès à l’électricité de 21,5 % à 62,5 % d’ici 2030, le pays ambitionne de devenir le cœur énergétique de l’Afrique centrale. Ce document prévoit une intégration régionale ambitieuse, qui implique plusieurs engagements formels liés à la CEEAC : harmonisation tarifaire, interconnexions techniques, corridors énergétiques transnationaux, accords intergouvernementaux, participation aux pools régionaux et infrastructures adaptées à l’exportation d’électricité.
Prochaines étapes
L’idée de créer un régulateur régional avait émergé dans le cadre du Pool énergétique de l’Afrique centrale (PEAC), l’institution de la CEEAC chargée de coordonner les politiques énergétiques, de promouvoir les interconnexions électriques et de faciliter le commerce régional d’électricité. L’objectif est de bâtir un marché intégré capable de tirer parti du potentiel énergétique — notamment hydroélectrique — de la sous-région, tout en garantissant régulation, tarification et gestion coordonnée des flux transfrontaliers.
Les premières démarches structurantes remontent à juillet 2022, lorsque les délégués des États membres s’étaient réunis à Kinshasa sous la conduite de l’ARE de la RDC pour élaborer les projets de statuts, définir l’organisation institutionnelle, établir le cahier des charges du siège et poser les bases du fonctionnement de la structure régionale.
Depuis lors, l’initiative s’est progressivement consolidée. En 2024, le Projet d’appui au développement du cadre institutionnel et règlementaire de l’électricité en Afrique centrale (Padcre-AC) a été lancé, avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD), pour soutenir l’opérationnalisation de la Correac, financer l’unité de démarrage, recruter le personnel clé (secrétaire exécutif, expert juriste, etc.) et préparer le cadre règlementaire régional.
Les prochaines étapes prévoient la signature de l’accord de siège avant fin 2025, l’installation à Kinshasa du chef de l’unité de démarrage et de l’expert juriste en janvier 2026, puis l’inauguration officielle du siège de la Correac au cours du premier trimestre 2026.
Boaz Kabeya
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