En visite à Likasi, deuxième ville du Haut-Katanga, le gouverneur de province, Jacques Kyabula, a annoncé, le 8 juillet 2025, le lancement des travaux de construction de la route Likasi–Solwezi, longue de 160 kilomètres. Selon les informations du cabinet Okapi Global Engineering Consultations LLC, le projet comprend également la construction de trois postes de péage et d’un port sec à Kikoyo Mwabesa, d’une capacité de 1 000 véhicules. Le coût global de l’ouvrage est estimé à 230 millions de dollars pour une durée d’exécution de trois ans.
Les travaux d’aplanissement ont déjà débuté. Ils sont bien avancés sur certains tronçons, notamment à l’entrée de la ville de Likasi, au niveau du pont Panda. À cet endroit, l’on observe la mobilisation d’un important parc d’engins, dont des camions-bennes, arroseuses, niveleuses et compacteurs, en prévision de l’asphaltage, selon Radio Okapi.
Les travaux sont exécutés par l’entreprise Vaste Réseau des Services au Congo (VRSC). Les modalités de sa sélection n’ont pas été rendues publiques. VRSC est présentée comme une entreprise spécialisée dans le génie civil et la logistique, fournissant des solutions aux sociétés minières.
En maturation depuis plusieurs années, cette route est appelée à jouer un rôle stratégique dans le développement des échanges commerciaux entre la République démocratique du Congo et la Zambie. Elle contribuera notamment à désengorger l’axe très fréquenté Likasi–Lubumbashi–Kasumbalesa, améliorant ainsi la fluidité du trafic dans cette zone minière.
En parallèle, d’autres liaisons entre la RDC et la Zambie sont en cours de construction. C’est le cas du corridor routier Kolwezi–Solwezi. Long d’environ 165 kilomètres, il vise à connecter directement deux régions minières afin de dynamiser le commerce, désengorger les routes actuelles et renforcer l’intégration économique entre les deux pays.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Route Kolwezi-Sakabinda : 53,6 km à livrer en 2027 pour 159 millions $
• CMOC increased DRC cobalt production to 61,073 tonnes in the first half of 2025, up 13% year-on-year.
• Cobalt exports remain frozen under a government embargo, while copper prices hit record highs.
• Cobalt prices jumped 60% after the embargo but CMOC cannot ship, forcing a stockpile build-up.
China’s CMOC group ramped up cobalt output in the Democratic Republic of Congo (DRC) to 61,073 tonnes in the first half of 2025, a 13% rise over last year. The company shared these results in a financial report on July 14. Production surged 20% in the first quarter, as CMOC mined a total of 30,414 tonnes from its Tenke-Fungurume and Kisanfu sites.
CMOC credited higher mineral prices for the production jump. Cobalt is a by-product of copper, and surging copper prices have driven the mining boom.
Yet the landscape for cobalt is difficult. Since February 24, CMOC has not exported cobalt after the Congolese government imposed an embargo to support prices as the market faces oversupply. On June 30, CMOC halted all cobalt deliveries. Its trading subsidiary, IXM, declared force majeure on cobalt contracts in response to the disruption.
After the embargo started, cobalt prices soared by 60%, hitting a peak of $33,700 per tonne in April. While prices dropped in June, they rebounded following a DRC decision to extend the export ban. Cobalt is still trading above $33,700 per tonne.
CMOC says it still targets annual cobalt production between 100,000 and 120,000 tonnes in 2025. However, the path to resuming exports remains unclear. The export embargo technically ends in September, but the Regulatory Authority for Strategic Mineral Substances Markets (ARECOMS) has warned it might extend, modify, or lift the ban at any time. The agency has not announced a target price for lifting the restriction. The DRC state budget for 2025 is based on a cobalt price of $28,000 per tonne.
Pierre Mukoko with Agence Ecofin
La production totale de cobalt du groupe chinois CMOC en République démocratique du Congo (RDC) a atteint 61 073 tonnes au premier semestre 2025. C’est ce qu’a déclaré la société dans un rapport financier préliminaire publié le 14 juillet, ajoutant que cela représente une hausse en glissement annuel de 13 %. Cette performance s’inscrit dans la continuité de la hausse de 20 % enregistrée au premier trimestre, où la société avait déclaré une production cumulée de 30 414 tonnes pour ses mines de Tenke-Fungurume et Kisanfu.
CMOC attribue cette progression des volumes extraits à la hausse des prix de ses principaux produits miniers. Il convient de rappeler que le cobalt est un sous-produit de l’exploitation du cuivre, dont le prix bat actuellement des records sur le marché international.
Si l’entreprise peut profiter de ce contexte de marché favorable pour le cuivre, la perspective est différente pour le cobalt. En effet, depuis le 24 février dernier, la compagnie ne peut pas sortir sa production du pays, en raison de l’embargo imposé par le gouvernement congolais sur les exportations de ce métal, dans l’objectif de relever les prix sur un marché en situation de surproduction. Le 30 juin, CMOC a même suspendu ses livraisons de cobalt. Évoquant le gel des exportations en RDC, IXM, sa filiale chargée du négoce des métaux, a annoncé un cas de force majeure sur les contrats d’approvisionnement.
Après l’annonce initiale de l’embargo en février, les cours avaient bondi de 60 %, atteignant un pic de stabilisation autour de 33 700 dollars dès avril. Depuis début juin, les prix affichaient une tendance baissière, avant de repartir à la hausse après la prolongation de la suspension des exportations par la RDC. Ils se situent actuellement au-dessus de 33 700 dollars.
CMOC maintient toujours ses prévisions de production annuelle entre 100 000 et 120 000 tonnes de cobalt pour 2025. Mais il est pour l’instant difficile de dire quand la compagnie pourra l’évacuer. L’embargo actuel arrive à expiration en septembre prochain. L’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS), à l’origine de la décision, indique que cette suspension pourrait être prolongée, ajustée ou levée, sans préciser d’objectif de prix cible. On sait toutefois que le budget 2025 de l’État congolais a été établi sur la base d’un prix moyen de 28 000 dollars la tonne.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
Lire aussi :
Cuivre : la taxe américaine fait grimper les prix, la RDC en position de profiter
Cobalt : Benchmark conforte la décision de la RDC de prolonger l’embargo
Cobalt : CMOC suspend ses livraisons à cause du gel des exportations en RDC
Cobalt : la production de CMOC en hausse de 20 % malgré la suspension des exportations
CrossBoundary Energy (CBE), a developer of distributed renewable energy solutions, announced on July 14, 2025, it secured a $60 million loan from Standard Bank South Africa. The financing will accelerate the development of a solar power plant designed to supply the Kamoa-Kakula copper complex in the Democratic Republic of Congo (DRC).
This funding will expedite the procurement of critical long-lead equipment. This includes battery energy storage systems (BESS), photovoltaic solar modules, and substations, aiming to reduce the commissioning time for the 223 megawatt-peak (MWp) plant. The plant will be coupled with a 526 megawatt-hour (MWh) storage system and ensure a stable 30 megawatt (MW) power supply to the mine.
Beyond equipment procurement, initial construction began in the second quarter of 2025 with geotechnical studies and site clearing. Completion is scheduled for mid-2026.
The plant, owned by CrossBoundary Energy, will supply electricity to the mining complex for 17 years under a power purchase agreement (PPA) signed with Kamoa Copper.
Located in Lualaba Province, Kamoa-Kakula is one of Africa’s most advanced copper projects. Its expanding operations require a continuous electricity supply. The site's power needs are expected to reach around 240 MW when phases 1, 2, and 3, along with the future smelter, are all running at full capacity by 2026. The solar-plus-storage project is a key initiative to secure a stable and decarbonized energy supply for the complex.
PM
Le développeur de solutions d’énergie renouvelable distribuée CrossBoundary Energy (CBE) a annoncé, ce 14 juillet 2025, avoir obtenu un prêt de 60 millions de dollars de la part de Standard Bank South Africa. Ce financement est destiné à accélérer le projet de centrale solaire devant alimenter le complexe cuprifère de Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo (RDC).
Cette enveloppe permettra de passer plus rapidement les commandes d’équipements critiques à longs délais de livraison, notamment les systèmes de stockage d’énergie par batteries (BESS), les modules solaires photovoltaïques et les postes électriques, afin de réduire les délais de mise en service de cette infrastructure d’une capacité de 223 MWc, couplée à un système de stockage de 526 MWh. L’ensemble garantira une puissance stable de 30 MW pour l’alimentation de la mine.
Outre les commandes d’équipements, les premiers travaux de construction ont débuté au deuxième trimestre 2025 avec les études géotechniques et le défrichage du site. L’achèvement des travaux est prévu pour la mi-2026.
Grâce à un contrat d’achat d’électricité (PPA) conclu avec Kamoa Copper, cette centrale —propriété de CrossBoundary Energy — assurera l’alimentation électrique du complexe minier pendant 17 ans.
Situé dans la province de Lualaba, Kamoa-Kakula est l’un des projets cuprifères les plus avancés d’Afrique, avec une activité croissante nécessitant une alimentation électrique continue. Les besoins énergétiques du site devraient atteindre environ 240 MW lorsque les phases 1, 2 et 3 ainsi que la future fonderie fonctionneront à pleine capacité d’ici 2026. Le projet de centrale solaire avec stockage constitue ainsi l’une des principales initiatives visant à garantir un approvisionnement stable et décarboné.
PM
Lire aussi :
Électricité : Kamoa-Kakula en passe de couvrir ses 240 MW de besoins avec l’énergie verte
Le coût global du projet régional de facilitation du transport et du commerce sur les corridors routiers Bangui (RCA) – Kisangani (RDC) – Kampala (Ouganda) et Kisangani – Bujumbura (Burundi) est estimé à 150 millions de dollars, a indiqué Zanga Mathurin, spécialiste en chef des transports à la Banque africaine de développement (BAD), à l’issue d’une audience avec le ministre congolais des Transports, Jean-Pierre Bemba, le 10 juillet 2025.
Ce projet comprend plusieurs composantes majeures : la construction d’un pont sur la rivière Oubangui entre Zongo (RDC) et Bangui (RCA), l’aménagement des chaînons manquants sur les corridors Bangui–Kisangani–Kampala et Kisangani–Bujumbura, la mise en place de mesures de facilitation du commerce et du transit comme l’installation de postes de contrôle unique aux frontières (PCUF).
Selon un communiqué conjoint signé le 9 juillet par les ministres des Travaux publics de la RDC et de la RCA, le pont prévu sera en béton, long de 645 mètres, avec des voies d’accès de 645 mètres du côté de Bangui et de 850 mètres côté Zongo. Il sera également relié à la Route nationale 1 sur 20 km en RCA et sur environ 13 km en RDC.
Le financement de ce projet sera assuré par la BAD, sous forme de prêt partagé entre la République démocratique du Congo et la République centrafricaine. Ce financement est encore en phase de structuration technique, juridique et institutionnelle, et devrait faire l’objet d’un accord formel en 2026.
La rencontre entre Zanga Mathurin et Jean-Pierre Bemba visait à faire le point sur l’état d’avancement des travaux préparatoires, menés conjointement par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la BAD. À cette occasion, le ministre congolais a plaidé pour un soutien renforcé au transport fluvial sur la rivière Oubangui, ainsi que pour la création d’une base logistique stratégique à Zongo. Ces deux recommandations devraient être intégrées dans le projet, a précisé Zanga Mathurin.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Pont Zongo – Bangui : la BAD annonce un accord de financement en 2026
On July 1, 2025, DRC’s Minister of Hydrocarbons, Aimé Sakombi Molendo, issued an order that puts subcontracting and service provision in the hydrocarbons sector under strict ministerial control. Companies must now secure approval from the Ministry of Hydrocarbons before operating.
Applicants must submit a request to the Minister with documents proving their legal status, taxpayer registration, experience, and skills. They also need valid insurance covering activity-related risks and must pay the remuneration tax.
The Ministry inspects applicants’ offices or facilities at their expense. Officials conduct administrative, technical, legal, and financial checks to verify the applicant’s capacity to deliver the services. If the Ministry approves, applicants pay the remuneration tax again and receive official authorization.
Companies have 60 days to comply. If they fail, the Ministry will declare their operations invalid. Only approved providers will enjoy benefits under the Hydrocarbons Code, effectively excluding non-compliant firms.
Registry and Annual Renewal
The approval lasts 12 months and requires annual renewal. Companies must apply for renewal 45 days before expiration, following the same process as the initial application.
To enforce compliance, the Ministry will keep a registry of approved providers and conduct regular inspections. The order mandates that all subcontracting contracts reach the Ministry within 15 days of signing. Oil companies must submit profiles of service providers and subcontractors, along with their annual selection plans, by March 31 each year.
The Ministry will prioritize local companies. It will allow foreign firms only when local expertise is unavailable. In such cases, foreign providers must hire and train at least two Congolese nationals per subcontracting project in the relevant field.
This new system aims to boost Congolese companies and clean up the existing database maintained by the Authority for the Regulation of Subcontracting in the Private Sector (ARSP). The Ministry wants to eliminate fictitious or unqualified entities.
However, some industry players worry the reform will complicate subcontracting access and raise costs. They point out that applicants must pay the remuneration tax twice and cover inspection expenses.
This article was initially published in French by Pierre Mukoko and Boaz Kabeya (intern)
Edited in English by Ange Jason Quenum
Le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, a signé, le 1er juillet 2025, un arrêté fixant les modalités d’exercice de la prestation de services et de la sous-traitance dans le secteur des hydrocarbures en République démocratique du Congo (RDC). Selon ce texte, cette activité est désormais conditionnée par l’obtention d’un agrément délivré par le ministère des Hydrocarbures.
Pour l’obtenir, le requérant adresse une demande au ministre des Hydrocarbures. Il doit l’accompagner d’un ensemble de documents prouvant son existence légale, sa qualité de contribuable, son expérience et ses compétences. Ce dernier doit par ailleurs détenir une assurance couvrant les risques liés à l’activité et s’acquitter de la taxe rémunératoire.
Le processus d’examen de la demande intègre une descente de l’administration dans les bureaux ou les installations du requérant. Cette descente, à la charge du demandeur, vise à procéder à un contrôle administratif, technique, juridique et financier, en vue de s’assurer de ses capacités à offrir les prestations envisagées. En cas d’avis favorable, le requérant s’acquitte de nouveau de la taxe rémunératoire et peut alors recevoir l’agrément.
Les entreprises disposent d’un délai de 60 jours pour se mettre en conformité, faute de quoi leurs opérations seront déclarées non valides. Seuls les prestataires agréés pourront désormais bénéficier des avantages prévus par le Code des hydrocarbures, excluant de facto les acteurs non conformes.
Constitution d’un registre
Cet agrément est valable pour une durée de 12 mois et doit donc être renouvelé chaque année. La demande de renouvellement est introduite 45 jours avant l’expiration du titre en cours et aux mêmes conditions que la demande initiale.
Pour s’assurer que seuls les détenteurs de l’agrément ont accès aux activités de prestation de services et de sous-traitance, le ministère des Hydrocarbures prévoit de tenir un registre des prestataires agréés et d’effectuer des contrôles. Pour ce faire, l’arrêté demande que tous les contrats de sous-traitance soient transmis dans les 15 jours suivant leur signature au ministère. Les compagnies pétrolières doivent aussi transmettre, au plus tard le 31 mars, les profils des prestataires de services et des sous-traitants à recruter, ainsi que leur plan annuel de sélection.
Le ministère des Hydrocarbures entend par ailleurs s’appuyer sur son registre des prestataires agréés pour s’assurer que le recours aux sociétés étrangers n’intervient qu’en cas de non-disponibilité locale de l’expertise. Dans ce cas, le prestataire étranger est d’ailleurs tenu de recruter et de former au moins deux Congolais pour chaque projet de sous-traitance autorisé dans le domaine d’expertise faisant l’objet du contrat.
Ce nouveau système, en plus de renforcer la priorisation des entreprises congolaises, entend assainir la base de données des prestataires enregistrés auprès de l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), en éliminant les structures fictives ou non qualifiées. Mais plusieurs acteurs du secteur redoutent que cette réforme alourdisse un peu plus l’accès à la sous-traitance, en plus d’en augmenter le coût. Le processus d’examen de l’agrément prévoit en effet de s’acquitter à deux reprises de la taxe rémunératoire et de supporter le coût de la descente des agents chargés de s’assurer des capacités du demandeur.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
Lire aussi :
Un nouveau cadre légal pour ancrer les Congolais dans les chaînes de valeur industrielles
Sous-traitance en RDC : plus de 2 milliards $ de contrats signés en 2024
Pétrole : face aux soupçons de fraude, la RDC renforce le contrôle des exportations
Pétrole : la RDC annonce une révision totale de son code pour attirer les investisseurs
Produits pétroliers : la RDC passe aux scellés électroniques pour limiter la saignée
Lors d’une rencontre tenue le 23 juin 2025 à Kinshasa avec une délégation du Forum mondial sur la transparence fiscale, conduite par sa secrétaire exécutive Zayda Manatta, le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde, a annoncé la création prochaine d’une unité d’échange international de renseignements fiscaux. L’information émane des services de communication du ministère, sans plus de précisions sur l’état d’avancement du projet ni sur son calendrier de mise en œuvre.
La RDC doit être évaluée en 2026 par ses pairs du Forum mondial. La visite de cette délégation s’inscrit dans le cadre du programme d’accompagnement mis en place pour préparer cette évaluation. Selon Zayda Manatta, il s’agit d’aider le pays à tirer pleinement parti des outils de transparence fiscale afin d’accroître ses recettes et de mieux lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.
Présentée comme un « outil clé » dans cette lutte, la mise en place de l’unité dédiée à l’échange international de renseignements fiscaux apparaît comme une priorité. Elle découle d’un engagement pris par le gouvernement congolais, qui a signé en septembre 2024 l’instrument multilatéral du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales. Cette initiative, portée par l’OCDE, s’inscrit dans le cadre du projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting).
Ce dispositif vise à lutter contre l’érosion des bases fiscales et le transfert de bénéfices des multinationales. Il prévoit des mécanismes tels que l’échange automatique de rapports financiers pays par pays, l’accès aux données fiscales globales, l’échange de renseignements sur demande dans le cadre de conventions existantes, ou encore le partage d’informations sur la planification fiscale.
L’Île Maurice à surveiller
Dans les faits, si les efforts de la RDC pour se conformer aux directives de l’OCDE sont nécessaires, ils restent insuffisants dans un contexte où la coopération fiscale internationale demeure peu favorable aux pays du Sud. À ce jour, la RDC ne fait pas encore partie du réseau d’échange automatique d’informations fiscales, ce qui limite sa capacité à accéder à des données élargies. D’après l’organisation non gouvernementale Tax Justice Network, cette absence constitue une contrainte majeure dans la traque des pratiques d’évitement fiscal par les multinationales.
Dans un rapport publié le 15 juillet 2024, le Fonds monétaire international (FMI) estime que « des éléments probants indiquent que l’évasion fiscale est importante en RDC ». Pour l’illustrer, le FMI indique que 63 % des flux d’investissements directs étrangers (IDE) de la RDC proviennent de l’Île Maurice, un important « hub » d’investissement caractérisé par une fiscalité légère, favorable aux transferts de bénéfices. Or, en 2023, les dix principales multinationales qui concentrent 67 % des exportations de cuivre et 80 % des ventes de cobalt ont leurs sièges sociaux en Chine, au Canada, en Suisse, au Kazakhstan ou au Royaume-Uni.
On peut donc faire l’hypothèse que ces entreprises s’appuient sur des entités immatriculées à l’Île Maurice pour investir en RDC et payer moins d’impôts sur les activités menées dans pays, profitant d’un cadre de coopération fiscale bilatérale encore peu contraignant. Ces compagnies profitent aussi du fait que le pays ne disposent pas d’assez de ressources techniques ni de cadres juridiques suffisants pour garantir une transparence optimale.
Néanmoins, même en cas de conformité aux normes de l’OCDE, la question de la répartition des droits d’imposition (Pilier 1) et du taux minimum de 15 % applicable aux bénéfices des multinationales (Pilier 2) reste sujette à débat.
Georges Auréole Bamba et Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
RDC : la Belgique et l’Afrique du Sud seules concernées par les accords contre l’évasion fiscale
Multinationales : la RDC adhère aux directives de l’OCDE dans l’espoir de collecter plus d’impôts
Le 10 juillet 2025, le commissaire du district de Kisoro, en Ouganda, Hajji Badru Sebyala, a procédé à la réouverture des postes-frontières de Bunagana et d’Ishasha, que l’Ouganda partage avec la République démocratique du Congo (RDC). Ces postes sont situés dans des zones contrôlées par les rebelles du M23 ou à proximité.
Cette décision, annoncée la veille, a été prise par le président Yoweri Museveni, qui souhaite relancer les activités commerciales à travers ces points de passage, a indiqué l’ancien porte-parole de l’armée ougandaise, le colonel Chris Magezi.
Le poste frontalier de Bunagana était resté fermé depuis la prise de cette cité par les rebelles du M23 en juin 2022, conformément à une décision des autorités congolaises, que l’Ouganda avait été contraint de respecter. Toutefois, selon le média ougandais Daily Monitor, ce poste continuait de fonctionner de manière informelle.
Cette reprise du trafic transfrontalier s’est cependant faite en l’absence des autorités congolaises. Celles-ci ont fermé tous les postes-frontières proches des zones occupées et recommandé que les marchandises à destination de Goma et Bukavu transitent exclusivement par d’autres points de passage échappant au contrôle des rebelles du M23.
En réponse à cette demande, les services douaniers ougandais avaient publié un mémo, en mars dernier, interdisant le transit des marchandises à destination de Goma et Bukavu via les postes de Katuna, Bunagana, Cyanika, Ishasha River, Busanza et Kyeshero.
La reprise du trafic soulève néanmoins des interrogations. Il n’est pas encore clair si cette décision remet en cause la directive précédente. Contactée par Bankable, l’URA (Uganda Revenue Authority) a précisé que cette directive demeure en vigueur, dans l’attente d’une instruction de sa hiérarchie.
En pratique, la réouverture effective de ces postes-frontières pourrait relancer les échanges commerciaux de part et d’autre de la frontière et soulager les commerçants opérant dans les zones sous occupation. Ceux-ci pourraient ainsi approvisionner plus facilement les villes de Goma et Bukavu. Jusqu’à présent, ils étaient contraints de déclarer leurs marchandises comme étant destinées aux villes rwandaises de Gisenyi et Cyangugu, ce qui les obligeait à s’acquitter d’abord des droits de douane au Rwanda, puis, une fois en RDC, des taxes imposées par les rebelles du M23.
Toutefois, les recettes générées par les postes récemment rouverts seront perçues par la rébellion, représentant ainsi pour elle une source de revenus supplémentaire.
Ronsard Luabeya et Timothée Manoke, stagiaires
Lire aussi :
Commerce transfrontalier : des trajets plus longs entre Goma, Bukavu et l’Ouganda
RDC-Ouganda : 25 millions € pour consolider la paix et l’intégration régionale
À Bukavu et Goma, les bières burundaises et rwandaises profitent du conflit