Annoncée le 8 mai dernier, la suspension des activités de Twangiza Mining n’aura aucun impact sur la production officielle d’or en République démocratique du Congo (RDC) en 2025. Et pour cause : bien avant cette annonce, l’entreprise avait déjà disparu du fichier officiel des producteurs d’or du pays.
Au premier trimestre de cette année, la production industrielle de ce métal précieux s’est établie à 5,9 tonnes, selon les données officielles. Elle se répartit entre Kibali Gold (5,86 tonnes), MCCR (18,6 kg), Kimia Mining Investment (4,9 kg) et Sokimo (4,6 kg). Aucune trace de Twangiza Mining.
L’examen des rapports officiels montre que cette disparition de la liste des producteurs industriels remonte à 2021. Un an auparavant, la société canadienne Banro — qui exploitait depuis 2012 la mine d’or de Twangiza, située sur les hauteurs de Luhwinja dans le Sud-Kivu, à environ 40 kilomètres au sud de Bukavu — avait annoncé avoir cédé ses parts à l’actionnaire minoritaire Baiyin International Investments pour un franc symbolique.
La société Twangiza Mining SA, anciennement Barno suspend ses activités au Sud-Kivu jusqu'à nouvel ordre. pic.twitter.com/RwmEAGzZRX
— JAMES MUKESHABA (@JamesMukeshaba) May 9, 2025
Fragilisée par des attaques armées répétées, la production de Twangiza Mining était déjà en déclin au moment du départ de Banro. Après avoir avoisiné les 5 tonnes en 2015, elle était tombée à 3,4 tonnes en 2018, puis à 1,3 tonne en 2019, avant de s’annuler complètement en 2020.
Mais si l’on en croit le communiqué signé le 8 mai par le directeur général de Twangiza Mining, Chao Xianfeng, l’entreprise avait repris ses activités depuis, avant de les suspendre à nouveau à la suite d’un désaccord avec les rebelles du M23 et leurs alliés — notamment rwandais — qui contrôlent la mine depuis mai 2025. Pourtant, l’entreprise est restée absente de la liste officielle des producteurs industriels d’or de la RDC jusqu’au premier trimestre 2025.
Cette disparition prolongée intrigue d’autant plus que, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le 2 avril dernier, le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi Sadiki, a affirmé qu’au moins 1 600 entreprises exploiteraient illégalement les ressources minières dans l’est de la RDC. Selon l’autorité provinciale, ces sociétés — majoritairement à capitaux chinois — exporteraient ensuite leur production de manière illégale vers des pays du Moyen-Orient, notamment Dubaï, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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