Lors de l’Africa Digital Innovation Summit (ADIS 2025), organisé le 25 novembre 2025 à Kinshasa, le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa (photo), a annoncé que son ministère prépare un renforcement des politiques de contrôle et de régulation des activités des grandes plateformes numériques actives en République démocratique du Congo, dont Facebook, Twitter et TikTok.
Selon le ministre, ces entreprises opèrent en RDC sans véritable encadrement, alors même qu’elles génèrent d’importants revenus dans le pays. Pour accélérer le processus, il affirme que des discussions sont en cours et que plusieurs pistes sont examinées, notamment une stratégie sous-régionale visant à mobiliser les États voisins. Augustin Kibassa souhaite également s’appuyer sur des coalitions africaines pour renforcer la position des pays face aux multinationales du numérique. Il indique avoir déjà engagé des échanges avec Smart Africa, tout en reconnaissant l’absence d’avancées concrètes à ce stade.
« Ils œuvrent ici. Cela fragilise notre économie alors qu’ils gagnent beaucoup d’argent. Je crois qu’ils ont intérêt à nous écouter », a-t-il déclaré.
Le ministre a aussi insisté sur la nécessité de réguler plus strictement les contenus diffusés par ces plateformes. Il a évoqué le cas de TikTok, dont les contenus en Chine seraient, selon lui, soumis à un contrôle plus rigoureux et davantage orienté vers l’éducation, contrairement à ceux accessibles en RDC. Il estime qu’un cadre plus strict, accompagné de sanctions, est indispensable pour limiter les dérives observées sur les réseaux sociaux. Il dit vouloir travailler avec le ministère de la Communication afin de renforcer la politique nationale de régulation des contenus et des activités numériques.
Les initiatives engagées par Kinshasa s’inscrivent dans une dynamique internationale plus large. En Europe, l’Union européenne et plusieurs États membres ont multiplié ces dernières années les actions visant à encadrer l’activité des géants du numérique. Le règlement européen sur les services numériques, entré en vigueur le 25 août 2023 et appliqué à l’ensemble des services numériques depuis le 17 février 2024, vise notamment à mieux protéger les citoyens et à encadrer les pratiques des plateformes en ligne.
Ronsard Luabeya
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L’entreprise Embed Financial Group Holdings (EFGH), basée à Singapour, a annoncé avoir signé, le 20 novembre, un accord-cadre de services avec la Régie de distribution d’eau (REGIDESO SA) visant à accélérer la transformation numérique de l’entreprise publique, notamment en modernisant le recouvrement des recettes auprès des ménages et des entreprises.
Selon l’annonce, la REGIDESO et EFGH développeront ensemble des canaux numériques sécurisés pour le paiement des factures, des dispositifs de protection ainsi que de nouveaux outils financiers destinés à simplifier, accélérer et rendre les paiements plus accessibles au public. L’objectif affiché est clair : faciliter et tracer les paiements, renforcer la transparence, accroître la confiance des investisseurs et, à terme, permettre à la REGIDESO de lever des capitaux pour financer sa modernisation.
La REGIDESO propose déjà des solutions de paiement digital à ses abonnés. D’après les informations publiées sur son site et ses canaux officiels, il est possible de régler ses factures via une application mobile disponible sur App Store et Google Play, ou encore via le site web de l’entreprise. À ce stade, ces services couvrent 11 provinces sur les 26 que compte la RDC. Pour les abonnés ne disposant pas d’accès à Internet, un code USSD est également disponible, permettant une utilisation simple depuis n’importe quel téléphone mobile.
Du côté d’EFGH, l’entreprise singapourienne se présente comme spécialiste des paiements numériques, des plateformes financières et de la conception d’écosystèmes digitaux. Elle affirme opérer dans plusieurs pays africains, dont le Ghana où elle a annoncé, le 29 octobre dernier, une joint-venture avec la Ghana’s District Assemblies Common Fund (DACF). Ce partenariat porte sur le développement d’une « Finternet », une infrastructure financière numérique destinée à connecter gouvernements, populations et entreprises. Selon EFGH, cette Finternet reliera paiements, crédit et assurance de la même manière qu’Internet relie l’information, afin de permettre aux districts ghanéens de gérer plus efficacement les fonds et les services publics, tout en créant de nouvelles sources de revenus pour le développement national.
Timothée Manoke.
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Visa, leader mondial des paiements numériques, a réitéré sa volonté d’établir un partenariat avec la Banque centrale du Congo (BCC) afin d’accélérer la modernisation du système financier congolais. Le 20 novembre 2025, Aminata Kane, Senior Vice-Présidente de Visa pour l’Afrique centrale et de l’Ouest, a transmis au gouverneur de la BCC, André Wameso, une correspondance signée au nom du président de Visa, Oliver Jenkyn, confirmant cet engagement.
Selon une note de la BCC, cette coopération devrait s’articuler autour de trois axes. Le premier concerne la création du Centre d’innovation financière de la BCC (CIF-BCC), destiné à positionner la RDC comme un hub technologique et réglementaire francophone dans les paiements numériques, les infrastructures financières de marché et les solutions fintech.
Le deuxième axe porte sur le renforcement de l’inclusion financière, notamment à travers des programmes ciblant les universités et l’administration publique, afin d’accélérer l’adoption de moyens de paiement modernes et sécurisés. Enfin, Visa prévoit de soutenir l’investissement dans les fintech congolaises, en particulier celles développant des solutions digitales au service de l’inclusion financière.
Les deux institutions ont convenu de mettre en place des équipes techniques conjointes pour finaliser une feuille de route opérationnelle dans les prochains jours. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des échanges tenus en marge des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale en octobre dernier.
Le marché des paiements mobiles en RDC connaît une croissance soutenue. D’après la GSMA, la valeur des transactions devrait atteindre 3,85 milliards de dollars en 2025, correspondant à un taux de croissance annuel composé d’environ 19 %. Dans ce contexte, Visa multiplie les initiatives pour étendre son offre locale, notamment via des partenariats avec les banques commerciales et les fintech présentes en RDC.
En septembre dernier, l’entreprise a lancé VisaPay, une application permettant aux consommateurs d’effectuer facilement leurs paiements numériques. Au même moment, Visa a conclu un partenariat avec Onafriq, réseau panafricain de paiement digital, afin de connecter VisaPay aux principaux portefeuilles mobiles money du pays (M-Pesa, Airtel Money, Orange Money). Cette interopérabilité permet désormais d’alimenter un compte Visa directement depuis une plateforme mobile money et de faciliter les paiements électroniques au quotidien.
Ronsard Luabeya
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Le 19 novembre 2025, FirstBank RDC, filiale du groupe nigérian First Bank of Nigeria (FBN Holdings), et Visa, leader mondial des paiements digitaux, ont signé un partenariat visant à moderniser l’écosystème de paiement numérique de la banque en République démocratique du Congo.
Conclu pour une durée de trois ans, l’accord prévoit l’intégration des solutions technologiques de Visa afin d’enrichir les services numériques et les fonctionnalités des cartes virtuelles proposées aux clients. Dans ce cadre, FirstBank lancera une nouvelle gamme de cartes : Visa Infinix Card (premium) destinée à une clientèle VIP, Corporate Card pour les entreprises, et Prepaid Card dédiée aux transactions des petites et moyennes entreprises (PME). Ces innovations seront accompagnées d’outils de suivi plus flexibles.
Selon Gisele Lutundula, directrice générale adjointe de FirstBank, cette initiative vise à diversifier l’offre de produits pour répondre aux besoins d’un marché congolais en pleine évolution. Les solutions de paiement seront adaptées aux réalités locales, notamment dans les zones peu desservies, afin de garantir des transactions sécurisées, en particulier pour les PME.
De son côté, Sophie Kafuti, directrice générale de Visa RDC, a indiqué que Visa apportera un appui technologique pour accélérer le déploiement des nouveaux produits, ainsi qu’un accompagnement en formation destiné aux équipes de la banque et aux utilisateurs finaux. Le partenariat inclut également un soutien financier pour élargir l’accès aux services et renforcer l’inclusion financière en RDC.
Lors de la cérémonie, Aminata Kane, Senior Vice-président Visa pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique, a salué le potentiel du marché congolais et l’importance du rôle de FirstBank dans l’écosystème financier national. En 2024, FirstBank RDC a enregistré une croissance de 71 % de ses actifs, atteignant 4 476 milliards CDF (1,57 milliard dollars), portée par une hausse des dépôts clients et l’expansion de son portefeuille de crédits. La banque prévoit de renforcer sa présence dans la région minière du Grand Katanga, d’accroître de 30 % les revenus issus des produits numériques et d’atteindre 100 000 agents bancaires d’ici 2029.
Ronsard Luabeya
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Le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa Maliba, a effectué, le 10 novembre 2025, une visite de travail au Centre de formation de Huawei à Hangzhou, en République populaire de Chine, selon une communication de la Cellule de presse du ministère.
Cette mission portait sur la coopération entre la République démocratique du Congo (RDC) et Huawei dans le domaine de la formation en intelligence artificielle (IA), dans le cadre du Plan national du numérique 2026-2030 et de la première Stratégie nationale en intelligence artificielle.
Les échanges ont porté sur la création d’une académie congolaise d’intelligence artificielle, un projet gouvernemental visant à former des spécialistes, soutenir la recherche appliquée et développer des solutions adaptées aux besoins locaux, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la santé et des mines.
Selon la communication officielle, Huawei a été sollicité comme partenaire technique pour ce projet, en raison de son expérience mondiale en formation aux technologies de l’information et de la communication, notamment à travers le Huawei ICT Competition, un concours international qui a réuni plus de 210 000 étudiants et instructeurs lors de sa dernière édition.
Ce développement s’inscrit dans la continuité du protocole d’accord signé le 23 mai 2025 entre la RDC et Huawei, portant sur le projet pilote de “village intelligent”, destiné à améliorer l’accès à Internet, connecter les services publics locaux et former les jeunes aux compétences numériques.
Boaz Kabeya
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En marge du Forum sino-africain sur la coopération économique, commerciale et culturelle, tenu le 7 novembre 2025 à Jinhua, en Chine, le ministre congolais de l’Économie numérique, Augustin Kibassa Maliba, a rencontré les responsables des groupes chinois Alibaba Group et Isoftstone Corporate, deux acteurs majeurs du secteur numérique.
Selon le ministère de l’Économie numérique, les échanges ont porté sur le modèle chinois du commerce électronique et les possibilités de son adaptation en République démocratique du Congo (RDC). Plusieurs sujets clés ont été abordés, notamment la réglementation, la technologie et la mise en place d’un écosystème numérique performant.
À l’issue des discussions, les parties ont convenu de créer un groupe mixte de travail chargé d’approfondir la réflexion et de formuler des propositions concrètes pour le développement du e-commerce en RDC.
Le ministère a précisé que des réunions techniques se tiendront dans les prochains jours afin de finaliser un rapport stratégique destiné au ministre Kibassa. Ce document servira de base à la mise en œuvre d’un modèle national de commerce électronique, simplifié et accessible, notamment pour les jeunes entrepreneurs congolais.
Le groupe Alibaba, fondé en 1999 par Jack Ma, a réaffirmé son intérêt pour le marché africain, considérant la RDC comme un hub stratégique pour l’expansion de ses activités sur le continent. Présent dans le commerce en ligne, le cloud computing, la finance numérique, la logistique et le divertissement, le géant chinois opère à travers des plateformes telles que Alibaba.com, Taobao, Tmall, AliExpress et Alipay, formant un écosystème intégré reliant commerçants, consommateurs et prestataires de services.
Fondé en 2001, Isoftstone Group est spécialisé dans les technologies de l’information et la transformation numérique. L’entreprise fournit des solutions en intelligence artificielle, cloud computing, big data et villes intelligentes, destinées aux gouvernements et aux entreprises opérant dans les secteurs des télécommunications, de l’énergie, du transport, de la finance et de la santé.
Ronsard Luabeya
Les opérateurs télécoms Africell et Vodacom, actifs en République démocratique du Congo (RDC), explorent une collaboration avec Starlink, le fournisseur mondial d’accès Internet par satellite, en vue d’un partenariat destiné à étendre leurs réseaux sur l’ensemble du territoire.
Le directeur général d’Africell RDC, Kory Webster, a confirmé au média américain Semafor que l’entreprise menait des « discussions actives » avec Starlink pour un partenariat opérationnel. Un cadre de Vodacom, cité par le même média, a pour sa part indiqué que l’opérateur étudiait également une collaboration satellitaire, présentée comme une solution complémentaire pour renforcer la couverture dans les zones rurales et enclavées. Aucun détail supplémentaire n’a été communiqué.
Grâce à un accord signé en mai 2025 entre Airtel Africa et SpaceX, Airtel est déjà en partenariat avec Starlink en RDC. Les démarches de Vodacom et Africell apparaissent donc comme une réponse à cette avance concurrentielle.
Selon des experts, le réseau Starlink pourrait être utilisé pour relier les antennes-relais (BTS) situées dans les zones isolées au cœur des réseaux télécoms des opérateurs, là où transitent les communications et les données (voix, Internet, etc.). Cette solution représente une alternative moins coûteuse, en termes d’équipement et de déploiement, que la technologie VSAT actuellement utilisée. Un partenariat avec Starlink permettrait ainsi aux opérateurs de renforcer leur couverture tout en améliorant leurs performances commerciales et financières.
De ce fait, le partenariat entre Airtel Africa et SpaceX constitue un avantage stratégique pour la filiale congolaise d’Airtel dans la course aux 15 millions de nouveaux abonnés à l’Internet mobile attendus en RDC entre 2025 et 2030, selon les projections de la GSMA (Association mondiale des opérateurs de téléphonie).
D’après les données de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), à fin 2024, le pays comptait 32,94 millions d’abonnements actifs à l’Internet mobile (sur 90 jours). Airtel totalisait 9,66 millions de clients, soit 29,33 % de parts de marché, derrière Vodacom (37,78 %) et Orange (29,97 %), mais devant Africell (2,92 %). En revanche, sur le segment des revenus Internet, Airtel occupe la première place avec 365,5 millions de dollars (soit 37,7 % de parts de marché), devant Orange (31,5 %), Vodacom (27 %) et Africell (3,8 %).
Ronsard Luabeya
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La société Esengo Towers envisage d’investir 179 millions de dollars sur quatre ans pour déployer 1 000 tours de télécommunication à travers la République démocratique du Congo (RDC), afin d’améliorer la couverture du réseau mobile. L’annonce a été faite le 22 octobre 2025 par son directeur général, Jean-Philippe Léonard, à l’issue d’une audience avec le ministre des Postes et Télécommunications, José Mpanda Kabangu.
Créée en janvier 2025, Esengo Towers est une coentreprise détenue à parts égales par Orange RDC et Vodacom Congo. Sa mission est d’étendre la connectivité dans les zones rurales en construisant des stations de base alimentées à l’énergie solaire et équipées des technologies 2G et 4G. L’entreprise ambitionne d’ériger 2 000 tours sur une période de six ans.
La première station devait être opérationnelle avant la fin de 2025, mais le projet accuse du retard. La société ne dispose pas encore d’une licence d’exploitation. Selon Jean-Philippe Léonard, l’acquisition de cette licence constitue une étape clé pour la sélection des équipementiers et la mise en place du mécanisme de financement. Il prévoit désormais le lancement effectif des travaux en 2026.
Le directeur général d’Esengo Towers a sollicité auprès du ministre des Postes et Télécommunications l’appui du gouvernement afin de faciliter l’obtention de l’autorisation de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC).
Selon le compte rendu du ministère, José Mpanda a assuré son hôte du soutien de l’État à cette initiative, tout en soulignant le déficit structurel en infrastructures de télécommunication. La RDC aurait besoin d’environ 300 000 tours pour une couverture optimale, contre 5 105 actuellement, réparties entre Helios (2 591), East Castle (711), Vodacom (1 433), Airtel (88), Orange (60) et d’autres opérateurs (222).
« Les 2 000 tours envisagées par Esengo Towers, bien qu’insuffisantes face aux besoins nationaux, représentent un apport significatif, notamment pour les zones rurales », a déclaré le ministre José Mpanda.
Orange RDC et Vodacom Congo partageront les infrastructures déployées par Esengo Towers en tant que locataires principaux pendant 20 ans. La coentreprise proposera également ses installations à d’autres opérateurs mobiles, afin de mutualiser les coûts et d’étendre la couverture réseau.
Avec ce projet, les deux opérateurs visent à offrir une couverture mobile à près de 19 millions de personnes, tout en réduisant la fracture numérique et en soutenant l’accès aux services financiers mobiles ainsi qu’à la croissance économique inclusive.
Ronsard Luabeya
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La République démocratique du Congo (RDC) a finalisé, le 20 octobre 2025, un accord avec la société d’investissement United Investment LMT (UIL), basée à Maurice. Initialement signé en 2023, ce partenariat technique et financier, d’un montant estimé à 150 millions de dollars, vise à renforcer l’infrastructure numérique du pays.
Selon le média en ligne Scoop RDC, le projet comprend notamment la réalisation d’études de faisabilité, le déploiement de 60 000 à 80 000 kilomètres de fibre optique à travers le territoire national, l’installation d’un câble sous-marin d’une capacité de 192 térabits par seconde, la construction de trois centres de données, ainsi que la création d’une société nationale de télécommunications filaires et sans fil, dotée en équipements modernes. Le calendrier de mise en œuvre de l’accord n’a toutefois pas été précisé.
« La RDC a besoin d’au moins 40 à 50 000 km de fibre optique pour assurer la connectivité. L’accès à Internet est aujourd’hui inférieur à 30 %. Or, le président de la République souhaite que les 145 territoires du pays soient bien connectés à Internet. Je souhaite bonne chance à ce projet et j’apporterai tout mon soutien pour qu’il aboutisse », a déclaré José Mpanda Kabangu (photo, à droite), ministre des Postes et Télécommunications, lors de la cérémonie de signature des annexes de l’accord avec UIL, cité par Scoop RDC.
Le développement des infrastructures numériques et de la connectivité constitue l’un des quatre piliers du Plan national du numérique 2026–2030 (PNN2), qui vise à faire du pays un hub digital régional. Pour soutenir cette stratégie, le gouvernement prévoit un investissement public d’un milliard de dollars sur cinq ans, auquel s’ajoutent 500 millions dollars d’appuis extérieurs déjà garantis par les partenaires internationaux. La RDC explore également d’autres partenariats public-privés, notamment avec la banque nigériane Fidelity Bank, qui a manifesté son intérêt pour le financement du projet de satellite télécoms national.
À titre de référence, la RDC a obtenu un score de 31 sur 100 à l’Indice de développement des TIC 2024 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), se classant 41ᵉ sur 47 pays africains. Selon la GSMA, environ 32 % de la population congolaise n’était toujours pas couverte par l’Internet mobile en 2024. L’organisation rapporte également que le pays comptait 9 631 km de fibre optique installée, avec 29 000 km supplémentaires en projet. Sur le plan de la connectivité internationale, la RDC est reliée à deux câbles sous-marins majeurs : WACS et 2Africa, d’après la plateforme The Submarine Cable Map.
Isaac K. Kassouwi, Agence Ecofin
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Le projet d’extension du réseau national de fibre optique de Tanzanie (NICTBB) vers la République démocratique du Congo (RDC) a été au centre d’une réunion tenue le 20 octobre 2025 au siège de la Tanzania Telecommunications Corporation (TTCL) à Dar es Salaam. Ce projet prévoit la pose d’une liaison sous-marine entre Kigoma (Tanzanie) et Kalemie (RDC), sur une distance estimée entre 160 et 186 km à travers le lac Tanganyika.
La délégation tanzanienne était conduite par Moremi Marwa, directeur général de la TTCL, et Leo Magomba, directeur de l’infrastructure TIC au ministère tanzanien de la Communication et des Technologies de l’information. Côté congolais, la délégation était dirigée par Prosper Ghislain Mpeye, directeur général de la Société congolaise de fibre optique (SOCOF).
Peu d’informations ont filtré de ces discussions, encadrées par un accord de confidentialité signé en février 2023. Les deux parties devraient toutefois être en train de franchir les dernières étapes avant le lancement des travaux, prévu pour début 2026, après l’obtention des autorisations environnementales finales. La mise en service complète est projetée pour la fin de l’année 2027.
Estimé entre 15 et 20 millions de dollars, le projet repose sur un partenariat public-privé impliquant notamment la société mauricienne Bandwidth and Cloud Services Group pour l’expertise technique. Les gouvernements tanzanien et congolais ont convenu de réunions trimestrielles afin de suivre l’avancement du projet, respecter les délais et réduire les risques financiers.
Ce chantier s’inscrit dans le plan d’action prioritaire 2021–2030 de l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), qui identifie cette interconnexion comme un axe clé pour l’intégration numérique de l’Afrique orientale et australe. Le réseau NICTBB relie déjà six pays voisins — Zambie, Malawi, Kenya, Ouganda, Rwanda et Burundi. L’ajout de la RDC permettrait de compléter un corridor Est-Ouest de fibre optique, avec des effets démultiplicateurs sur l’économie numérique régionale.
« Ce projet stratégique devrait significativement accélérer la transformation digitale de la RDC et stimuler sa croissance économique », a souligné la TTCL, maître d’œuvre du projet.
À ce jour, les provinces de l’Est de la RDC dépendent encore largement de connexions satellitaires onéreuses et instables. L’arrivée de la fibre optique pourrait réduire de moitié les coûts de bande passante, selon les projections. Les secteurs les plus concernés seraient les mines (cuivre, cobalt, or), qui bénéficieront d’analyses en temps réel et de connexions à faible latence, ainsi que l’e-commerce, la finance numérique, l’éducation, la santé et l’administration, grâce à de meilleures infrastructures. Les retombées économiques sont estimées entre 1 et 2 milliards de dollars de valeur commerciale additionnelle dans la sous-région sur dix ans.
Le câble sous-marin utilisera une fibre optique monomode G.652D, avec une capacité initiale de 100 Gbps, extensible à plusieurs térabits. Il devra traverser des zones de grande profondeur — jusqu’à 1 470 mètres — et intégrer des dispositifs de protection sismique. Des études environnementales conjointes menées par la TTCL et la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT) devraient garantir le respect des normes internationales, notamment celles de la Convention de Ramsar, applicable au lac Tanganyika.
PM avec Ecofin Agency
Le ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a annoncé le mardi 7 octobre 2025 sur Top Congo FM que le déploiement de l’application de contrôle des prix TALO débutera dès le mois de novembre dans plusieurs villes de la République démocratique du Congo.
Selon lui, sept grandes villes seront concernées dans une première phase, avant l’ajout progressif de six autres d’ici la fin de l’année. L’objectif est de permettre un suivi en temps réel de l’évolution des prix des biens alimentaires et de grande consommation.
Développée par de jeunes Congolais, TALO avait été officiellement présentée le 14 janvier 2025 par le ministre Mukoko Samba. Conçue pour moderniser le service de contrôle économique, elle facilite le travail des inspecteurs sur le terrain et renforce la transparence des pratiques commerciales au profit des consommateurs.
À Kinshasa, où elle est déjà utilisée, TALO a remplacé le système manuel de collecte des prix. Désormais, les agents se rendent sur les marchés avec des téléphones, saisissent les données sur place et les transmettent directement au système central. Cette numérisation a permis de réduire considérablement les délais de traitement, souligne Jocelyne Mayungu Bwanga, cheffe du bureau Kinshasa-Est au ministère de l’Économie nationale.
Le ministère publie régulièrement des bulletins mensuels sur son site officiel, synthétisant les informations collectées. Le plus récent, celui de juillet, montre qu’à Kinshasa, le suivi hebdomadaire des prix couvre 39 produits de grande consommation, 183 marques et 62 types d’opérateurs, répartis sur 16 sites, dont les marchés Central, Gambela, Zigida et Liberté.
Ces observations révèlent parfois des écarts de prix allant jusqu’à 40 % pour un même produit selon les points de vente. Pour en comprendre les causes, une étude a été confiée à un cabinet de consultance congolais. Une première hypothèse pointe la coexistence de deux grands circuits d’approvisionnement à Kinshasa : les produits entrant via le poste frontalier de Lufu, en provenance d’Angola, affichent des prix plus bas et ceux qui passent par le port de Matadi sont en général plus coûteux.
Avec l’extension de TALO dans les provinces, le ministère de l’Économie veut renforcer sa capacité d’analyse et de régulation à l’échelle nationale. Objectif : lutter plus efficacement contre la spéculation sur les marchés congolais et protéger le pouvoir d’achat des consommateurs.
Timothée Manoke
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Le ministre congolais de l’Économie numérique, Augustin Kibassa Maliba, a lancé, le mercredi 8 octobre, les travaux de rédaction du Plan national du numérique 2026-2030 (PNN2) et de la première Stratégie nationale de l’intelligence artificielle (IA). Ces documents visent à propulser la RDC au rang de hub numérique régional à l’horizon 2030.
« Il s'agit de capter les dividendes du numérique et de positionner notre pays, riche en minerais critiques indispensables aux transitions numérique et énergétique, comme un catalyseur d'investissements et un pourvoyeur de solutions face aux grands défis de notre époque », a déclaré Augustin Kibassa.
Le nouveau plan repose sur quatre piliers : le développement des infrastructures et de la connectivité, la mise en place de plateformes et services publics numériques, la valorisation du capital humain et l’inclusion numérique, ainsi que la cybersécurité et la confiance numérique. Il intégrera également cinq axes transversaux, dont l’entrepreneuriat numérique, l’innovation, la souveraineté technologique, l’IA et les partenariats stratégiques.
Pour soutenir cette feuille de route, le gouvernement prévoit un investissement public d’un milliard de dollars sur cinq ans, auquel s’ajouteront 500 millions de dollars d’appuis extérieurs déjà garantis par les partenaires internationaux. Une académie congolaise de l’intelligence artificielle sera également créée dans le cadre de la stratégie d’IA afin de former les jeunes talents, d’encourager la recherche appliquée et de stimuler l’innovation locale.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité du plan national du numérique « Horizon 2025 », lancé en 2019, dont le taux de réalisation est estimé à environ 60 %. Ce premier plan a permis de poser des bases solides, comme l’amélioration de la connectivité grâce à la fibre optique nationale et aux projets régionaux (CAB5), l’introduction des premiers services d’e-gouvernement (portail des impôts en ligne), la modernisation du système douanier (guichet unique), la numérisation progressive de l’état civil et la mise en place en cours d’un système d’identification numérique.
Avec le PNN2, Kinshasa entend consolider ces acquis pour accélérer la transformation numérique du pays. Selon un rapport de la GSMA présenté le mois dernier, le numérique pourrait ajouter environ 9 800 milliards de francs congolais (FC) à l’économie nationale d’ici 2029, à condition de réaliser des réformes fiscales et réglementaires. La même source estime que l’adoption des technologies numériques pourrait libérer plus de 8 600 milliards FC de valeur économique dans les secteurs des mines, de l’agriculture et des services publics.
À travers cette nouvelle stratégie, la RDC espère non seulement renforcer son écosystème technologique, mais aussi créer des milliers d’emplois qualifiés et attirer davantage d’investissements dans les secteurs à forte intensité numérique.
Samira Njoya, Agence Ecofin
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Réformes des télécoms : un apport de 9 800 milliards F au PIB mis en avant en RDC
La première édition du Digital Africa Summit, tenue le 18 septembre 2025 à Kinshasa, a servi de plateforme de plaidoyer aux sociétés de téléphonie mobile pour des réformes fiscales et réglementaires. Ce plaidoyer s’est appuyé sur un rapport intitulé « Stimuler la croissance économique par la transformation numérique en RDC », publié pour l’occasion par le Global System for Mobile Communications (GSMA), l’organisation mondiale qui réunit les acteurs de l’écosystème de la téléphonie mobile.
Selon ce document, présenté par la directrice Afrique du GSMA, Angela Wamelo, ces réformes pourraient permettre à la République démocratique du Congo (RDC) de générer 9 800 milliards de francs congolais (FC) de contribution supplémentaire au PIB et de connecter 9,7 millions d’utilisateurs uniques supplémentaires à l’internet mobile d’ici 2029. Plus de 8 600 milliards FC de valeur économique pourraient aussi être libérés dans les secteurs des mines, de l’agriculture et des services publics grâce à l’adoption des technologies mobiles.
« La République démocratique du Congo a l’opportunité de sauter les étapes vers une économie portée par le numérique. Mais pour concrétiser pleinement ce potentiel, les réformes de la fiscalité, de la gestion du spectre et des infrastructures énergétiques doivent être une priorité », a précisé Angela Wamelo. « Nous cherchons à réguler ce secteur en RDC pour le rendre plus transparent et attirer les investisseurs », a-t-elle ajouté.
Dans un autre rapport publié en juin 2025, intitulé « Fiscalité du secteur mobile : charge fiscale comparative en RDC », le GSMA souligne que les opérateurs mobiles évoluent dans un environnement fiscal complexe, susceptible de compromettre la pérennité de leurs investissements. Selon ce document, ces acteurs paient en moyenne 91 % de leurs bénéfices en impôts, contre 71 % pour les entreprises minières et 34 % pour les banques de détail. Cette pression fiscale résulterait de multiples taxes spécifiques, souvent calculées sur le chiffre d'affaires, ce qui pénaliserait les investissements et l’extension des services.
« Diagnostic clair »
Le GSMA recommande que la simplification et l’harmonisation de la fiscalité deviennent une priorité. Il suggère la modernisation des cadres fiscaux à travers la rationalisation et la simplification des impôts sectoriels, afin de réduire les prix à la consommation et d’encourager l’investissement. Le rapport préconise également un cadre national collaboratif, la coordination des politiques énergétiques et numériques, l’élargissement de l’accès au spectre, la réforme des licences, le développement des compétences via des partenariats public-privé, et l’intégration des plateformes mobiles aux services d’éducation, de santé et gouvernementaux.
En RDC, l’exécutif, confronté à d’importants besoins de financement, estime que les opérateurs de téléphonie mobile doivent payer leur « juste part » d’impôts. Certains responsables ont publiquement mis en doute la contribution fiscale des multinationales du secteur, soulignant par exemple que certains opérateurs n’ont jamais déclaré de bénéfices imposables dans le pays depuis près de vingt ans, ce qui alimente les soupçons d’optimisation fiscale.
Malgré ces réserves, le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa Maliba, a salué le rapport du GSMA, le qualifiant de « diagnostic clair » des avancées et défis du secteur. Il a souligné qu’il constitue un outil précieux pour orienter les politiques publiques et un catalyseur de dialogue entre l’État, le secteur privé et les partenaires internationaux. « Nous avons la responsabilité de transformer les recommandations de ce rapport en actions concrètes, car c’est à travers elles que nous pourrons bâtir une véritable économie numérique », a-t-il déclaré.
Selon le rapport du GSMA, la contribution du secteur mobile au PIB de la RDC a été estimée à 63–64 milliards de dollars en 2022 et à 66 milliards en 2023.
Ronsard Luabeya
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Lors d’un événement organisé le 26 septembre 2025 en marge de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, baptisé « DRC Digital Nation 2030 », le président Félix Tshisekedi a annoncé un investissement public d’un milliard de dollars pour la mise en œuvre du prochain plan national de développement du numérique. Ce programme, qui s’étendra de 2026 à 2030, représente un engagement annuel de 250 millions de dollars.
Dans son allocution, le chef de l’État a affirmé que l’objectif est de faire de la RDC un hub technologique au cœur de l’Afrique. Selon le ministère du Numérique, le plan s’articulera autour de quatre axes : le développement des infrastructures numériques (connectivité, hébergement de données), la mise en place de l’e-gouvernement pour doter la RDC de services publics modernes et digitalisés, le renforcement de la gouvernance numérique via des solutions de cybersécurité, et la formation aux compétences numériques, avec un accent particulier sur les femmes et les jeunes.
La liste détaillée des projets à réaliser n’a pas encore été publiée. Mais selon Dominique Migisha, coordonnateur de l’Agence pour le développement du numérique, certains projets du premier plan quinquennal, restés inachevés faute de financement, seront intégrés dans ce nouveau programme. Selon ce responsable, le précédent plan, qui s’achève cette année, affiche un taux de réalisation d’environ 60 %.
Comme le précédent, ce nouveau plan devra composer avec les défis sécuritaires. Pour Félix Tshisekedi, le développement du numérique dépend de la stabilité politique et reste tributaire de la mise en œuvre de l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda, ainsi que d’un futur accord avec les rebelles du M23.
L’apaisement du climat sécuritaire est aussi essentiel pour attirer l’investissement privé, indispensable à la concrétisation de l’ambition numérique congolaise. En marge du forum « DRC Digital Nation 2030 », le ministre du Numérique, Kibassa Maliba, a rencontré l’entreprise américaine Unity Development Fund, qui a exprimé son intention d’investir dans le pays. Les discussions ont porté sur le renforcement des infrastructures digitales, la promotion de l’innovation technologique et le soutien aux jeunes entrepreneurs du secteur.
Le pays a par ailleurs signé un protocole d’accord avec les entreprises américaines Cisco et Cybastion. Le texte ouvre la voie à la formation de 250 000 jeunes aux métiers du numérique sur une période de cinq ans. Les modules devraient couvrir des domaines clés tels que la cybersécurité, la data science, la programmation, les systèmes d’exploitation, l’anglais technique, la transformation digitale et l’entrepreneuriat.
PM avec l’Agence Ecofin
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