Le ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a annoncé le mardi 7 octobre 2025 sur Top Congo FM que le déploiement de l’application de contrôle des prix TALO débutera dès le mois de novembre dans plusieurs villes de la République démocratique du Congo.
Selon lui, sept grandes villes seront concernées dans une première phase, avant l’ajout progressif de six autres d’ici la fin de l’année. L’objectif est de permettre un suivi en temps réel de l’évolution des prix des biens alimentaires et de grande consommation.
Développée par de jeunes Congolais, TALO avait été officiellement présentée le 14 janvier 2025 par le ministre Mukoko Samba. Conçue pour moderniser le service de contrôle économique, elle facilite le travail des inspecteurs sur le terrain et renforce la transparence des pratiques commerciales au profit des consommateurs.
À Kinshasa, où elle est déjà utilisée, TALO a remplacé le système manuel de collecte des prix. Désormais, les agents se rendent sur les marchés avec des téléphones, saisissent les données sur place et les transmettent directement au système central. Cette numérisation a permis de réduire considérablement les délais de traitement, souligne Jocelyne Mayungu Bwanga, cheffe du bureau Kinshasa-Est au ministère de l’Économie nationale.
Le ministère publie régulièrement des bulletins mensuels sur son site officiel, synthétisant les informations collectées. Le plus récent, celui de juillet, montre qu’à Kinshasa, le suivi hebdomadaire des prix couvre 39 produits de grande consommation, 183 marques et 62 types d’opérateurs, répartis sur 16 sites, dont les marchés Central, Gambela, Zigida et Liberté.
Ces observations révèlent parfois des écarts de prix allant jusqu’à 40 % pour un même produit selon les points de vente. Pour en comprendre les causes, une étude a été confiée à un cabinet de consultance congolais. Une première hypothèse pointe la coexistence de deux grands circuits d’approvisionnement à Kinshasa : les produits entrant via le poste frontalier de Lufu, en provenance d’Angola, affichent des prix plus bas et ceux qui passent par le port de Matadi sont en général plus coûteux.
Avec l’extension de TALO dans les provinces, le ministère de l’Économie veut renforcer sa capacité d’analyse et de régulation à l’échelle nationale. Objectif : lutter plus efficacement contre la spéculation sur les marchés congolais et protéger le pouvoir d’achat des consommateurs.
Timothée Manoke
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Le ministre congolais de l’Économie numérique, Augustin Kibassa Maliba, a lancé, le mercredi 8 octobre, les travaux de rédaction du Plan national du numérique 2026-2030 (PNN2) et de la première Stratégie nationale de l’intelligence artificielle (IA). Ces documents visent à propulser la RDC au rang de hub numérique régional à l’horizon 2030.
« Il s'agit de capter les dividendes du numérique et de positionner notre pays, riche en minerais critiques indispensables aux transitions numérique et énergétique, comme un catalyseur d'investissements et un pourvoyeur de solutions face aux grands défis de notre époque », a déclaré Augustin Kibassa.
Le nouveau plan repose sur quatre piliers : le développement des infrastructures et de la connectivité, la mise en place de plateformes et services publics numériques, la valorisation du capital humain et l’inclusion numérique, ainsi que la cybersécurité et la confiance numérique. Il intégrera également cinq axes transversaux, dont l’entrepreneuriat numérique, l’innovation, la souveraineté technologique, l’IA et les partenariats stratégiques.
Pour soutenir cette feuille de route, le gouvernement prévoit un investissement public d’un milliard de dollars sur cinq ans, auquel s’ajouteront 500 millions de dollars d’appuis extérieurs déjà garantis par les partenaires internationaux. Une académie congolaise de l’intelligence artificielle sera également créée dans le cadre de la stratégie d’IA afin de former les jeunes talents, d’encourager la recherche appliquée et de stimuler l’innovation locale.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité du plan national du numérique « Horizon 2025 », lancé en 2019, dont le taux de réalisation est estimé à environ 60 %. Ce premier plan a permis de poser des bases solides, comme l’amélioration de la connectivité grâce à la fibre optique nationale et aux projets régionaux (CAB5), l’introduction des premiers services d’e-gouvernement (portail des impôts en ligne), la modernisation du système douanier (guichet unique), la numérisation progressive de l’état civil et la mise en place en cours d’un système d’identification numérique.
Avec le PNN2, Kinshasa entend consolider ces acquis pour accélérer la transformation numérique du pays. Selon un rapport de la GSMA présenté le mois dernier, le numérique pourrait ajouter environ 9 800 milliards de francs congolais (FC) à l’économie nationale d’ici 2029, à condition de réaliser des réformes fiscales et réglementaires. La même source estime que l’adoption des technologies numériques pourrait libérer plus de 8 600 milliards FC de valeur économique dans les secteurs des mines, de l’agriculture et des services publics.
À travers cette nouvelle stratégie, la RDC espère non seulement renforcer son écosystème technologique, mais aussi créer des milliers d’emplois qualifiés et attirer davantage d’investissements dans les secteurs à forte intensité numérique.
Samira Njoya, Agence Ecofin
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La première édition du Digital Africa Summit, tenue le 18 septembre 2025 à Kinshasa, a servi de plateforme de plaidoyer aux sociétés de téléphonie mobile pour des réformes fiscales et réglementaires. Ce plaidoyer s’est appuyé sur un rapport intitulé « Stimuler la croissance économique par la transformation numérique en RDC », publié pour l’occasion par le Global System for Mobile Communications (GSMA), l’organisation mondiale qui réunit les acteurs de l’écosystème de la téléphonie mobile.
Selon ce document, présenté par la directrice Afrique du GSMA, Angela Wamelo, ces réformes pourraient permettre à la République démocratique du Congo (RDC) de générer 9 800 milliards de francs congolais (FC) de contribution supplémentaire au PIB et de connecter 9,7 millions d’utilisateurs uniques supplémentaires à l’internet mobile d’ici 2029. Plus de 8 600 milliards FC de valeur économique pourraient aussi être libérés dans les secteurs des mines, de l’agriculture et des services publics grâce à l’adoption des technologies mobiles.
« La République démocratique du Congo a l’opportunité de sauter les étapes vers une économie portée par le numérique. Mais pour concrétiser pleinement ce potentiel, les réformes de la fiscalité, de la gestion du spectre et des infrastructures énergétiques doivent être une priorité », a précisé Angela Wamelo. « Nous cherchons à réguler ce secteur en RDC pour le rendre plus transparent et attirer les investisseurs », a-t-elle ajouté.
Dans un autre rapport publié en juin 2025, intitulé « Fiscalité du secteur mobile : charge fiscale comparative en RDC », le GSMA souligne que les opérateurs mobiles évoluent dans un environnement fiscal complexe, susceptible de compromettre la pérennité de leurs investissements. Selon ce document, ces acteurs paient en moyenne 91 % de leurs bénéfices en impôts, contre 71 % pour les entreprises minières et 34 % pour les banques de détail. Cette pression fiscale résulterait de multiples taxes spécifiques, souvent calculées sur le chiffre d'affaires, ce qui pénaliserait les investissements et l’extension des services.
« Diagnostic clair »
Le GSMA recommande que la simplification et l’harmonisation de la fiscalité deviennent une priorité. Il suggère la modernisation des cadres fiscaux à travers la rationalisation et la simplification des impôts sectoriels, afin de réduire les prix à la consommation et d’encourager l’investissement. Le rapport préconise également un cadre national collaboratif, la coordination des politiques énergétiques et numériques, l’élargissement de l’accès au spectre, la réforme des licences, le développement des compétences via des partenariats public-privé, et l’intégration des plateformes mobiles aux services d’éducation, de santé et gouvernementaux.
En RDC, l’exécutif, confronté à d’importants besoins de financement, estime que les opérateurs de téléphonie mobile doivent payer leur « juste part » d’impôts. Certains responsables ont publiquement mis en doute la contribution fiscale des multinationales du secteur, soulignant par exemple que certains opérateurs n’ont jamais déclaré de bénéfices imposables dans le pays depuis près de vingt ans, ce qui alimente les soupçons d’optimisation fiscale.
Malgré ces réserves, le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa Maliba, a salué le rapport du GSMA, le qualifiant de « diagnostic clair » des avancées et défis du secteur. Il a souligné qu’il constitue un outil précieux pour orienter les politiques publiques et un catalyseur de dialogue entre l’État, le secteur privé et les partenaires internationaux. « Nous avons la responsabilité de transformer les recommandations de ce rapport en actions concrètes, car c’est à travers elles que nous pourrons bâtir une véritable économie numérique », a-t-il déclaré.
Selon le rapport du GSMA, la contribution du secteur mobile au PIB de la RDC a été estimée à 63–64 milliards de dollars en 2022 et à 66 milliards en 2023.
Ronsard Luabeya
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Lors d’un événement organisé le 26 septembre 2025 en marge de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, baptisé « DRC Digital Nation 2030 », le président Félix Tshisekedi a annoncé un investissement public d’un milliard de dollars pour la mise en œuvre du prochain plan national de développement du numérique. Ce programme, qui s’étendra de 2026 à 2030, représente un engagement annuel de 250 millions de dollars.
Dans son allocution, le chef de l’État a affirmé que l’objectif est de faire de la RDC un hub technologique au cœur de l’Afrique. Selon le ministère du Numérique, le plan s’articulera autour de quatre axes : le développement des infrastructures numériques (connectivité, hébergement de données), la mise en place de l’e-gouvernement pour doter la RDC de services publics modernes et digitalisés, le renforcement de la gouvernance numérique via des solutions de cybersécurité, et la formation aux compétences numériques, avec un accent particulier sur les femmes et les jeunes.
La liste détaillée des projets à réaliser n’a pas encore été publiée. Mais selon Dominique Migisha, coordonnateur de l’Agence pour le développement du numérique, certains projets du premier plan quinquennal, restés inachevés faute de financement, seront intégrés dans ce nouveau programme. Selon ce responsable, le précédent plan, qui s’achève cette année, affiche un taux de réalisation d’environ 60 %.
Comme le précédent, ce nouveau plan devra composer avec les défis sécuritaires. Pour Félix Tshisekedi, le développement du numérique dépend de la stabilité politique et reste tributaire de la mise en œuvre de l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda, ainsi que d’un futur accord avec les rebelles du M23.
L’apaisement du climat sécuritaire est aussi essentiel pour attirer l’investissement privé, indispensable à la concrétisation de l’ambition numérique congolaise. En marge du forum « DRC Digital Nation 2030 », le ministre du Numérique, Kibassa Maliba, a rencontré l’entreprise américaine Unity Development Fund, qui a exprimé son intention d’investir dans le pays. Les discussions ont porté sur le renforcement des infrastructures digitales, la promotion de l’innovation technologique et le soutien aux jeunes entrepreneurs du secteur.
Le pays a par ailleurs signé un protocole d’accord avec les entreprises américaines Cisco et Cybastion. Le texte ouvre la voie à la formation de 250 000 jeunes aux métiers du numérique sur une période de cinq ans. Les modules devraient couvrir des domaines clés tels que la cybersécurité, la data science, la programmation, les systèmes d’exploitation, l’anglais technique, la transformation digitale et l’entrepreneuriat.
PM avec l’Agence Ecofin
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La fintech Paymetrust a annoncé avoir obtenu, depuis le 4 juillet 2025, un agrément de la Banque centrale du Congo (BCC) en qualité de prestataire de services connexes – agrégateur. Cette reconnaissance lui permet désormais d’opérer légalement en République démocratique du Congo (RDC).
« Cet agrément reflète notre engagement à contribuer au développement de l’écosystème numérique congolais. Nous voulons offrir des solutions fiables qui accélèrent la digitalisation des paiements tout en respectant les normes strictes de la Banque centrale », a déclaré Moussa Haïdra, directeur général de Paymetrust.
La fintech propose une plateforme technologique permettant aux régulateurs et aux parties prenantes de superviser les flux financiers en temps réel, avec pour objectif de renforcer la traçabilité, la transparence, la conformité réglementaire et la sécurité des transactions. La société devra d’ailleurs, conformément aux exigences de la BCC, se connecter au switch monétique national, garantissant ainsi l’interopérabilité et la fluidité des transactions dans le pays.
Grâce à une API unifiée – un ensemble de règles et protocoles qui permet à des logiciels ou services numériques différents de communiquer entre eux – Paymetrust facilite la connexion entre les acteurs de l’écosystème, un enjeu majeur dans un marché congolais encore fragmenté.
Déjà présente dans plusieurs pays africains, dont le Cameroun, le Sénégal, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Togo, le Burkina Faso, le Bénin, la Guinée, le Tchad, le Gabon, le Libéria, le Niger et la Tanzanie, la solution a enregistré en 2023 un volume total de 10 millions de transactions pour plus de 5 millions de dollars. Elle intègre plus de 65 moyens de paiement, incluant paiements mobiles, cartes bancaires et portefeuilles électroniques, qui peuvent être reliés aux plateformes web, applications mobiles ou sites de e-commerce.
Les utilisateurs disposent également d’un tableau de bord intuitif pour suivre leurs transactions quotidiennes. La solution facilite les paiements dans les supermarchés et autres établissements, tout en prenant en charge cinq devises : le franc CFA d’Afrique centrale (XAF), le franc CFA d’Afrique de l’Ouest (XOF), le franc guinéen (GNF), le shilling tanzanien (TZS) et le dollar américain (USD).
Ronsard Luabeya
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Dans un communiqué publié le 16 septembre 2025, Trident Digital Tech Holdings Ltd a annoncé avoir levé 2,6 millions de dollars. Ces fonds, précise la société basée à Singapour, « seront principalement utilisés pour soutenir l’expansion et la commercialisation du DRCPass en République démocratique du Congo (RDC) », après déduction des frais liés à l’opération.
Le DRCPass constitue le système national d’identification numérique de la RDC. Son déploiement se fera par phases, dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé signé le 19 juin 2025 à Kinshasa entre Trident et le gouvernement congolais. L’accord confère à l’entreprise le rôle de fournisseur exclusif des services électroniques d’identification (e-KYC) de la République, reposant sur les technologies Web 3.0.
Selon un communiqué du ministère du Numérique daté du 26 juin, le lancement officiel du système doit être précédé d’un audit technique et de conformité réglementaire, de tests pilotes restreints pour garantir robustesse et sécurité, ainsi que d’une campagne de communication nationale. Fin juin, l’audit était encore en cours et, depuis, aucune information supplémentaire n’a filtré. On peut néanmoins constater que la campagne de sensibilisation n’a pas encore débuté.
La méthode retenue pour lever les fonds laisse cependant penser que Trident agit dans une certaine urgence. L’opération a été réalisée via un Private Investment in Public Equity (PIPE), mécanisme permettant de mobiliser rapidement des capitaux sans recourir à une émission publique longue. Elle a été structurée par Chaince Securities, agent de placement exclusif et filiale de Mercurity Fintech Holding, également cotée au Nasdaq, tout comme Trident.
D’après Chaince, les fonds ont été obtenus grâce à l’émission et la vente d’actions ordinaires de classe B (dotées de droits de vote réduits). Celles-ci ont été souscrites par des investisseurs institutionnels, dont l’identité n’a pas été révélée, via des accords d’achat et d’enregistrement de titres. Conformément aux engagements pris, Trident devra déposer une déclaration d’enregistrement de revente auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis.
Le système d’identification numérique DRCPass repose sur quatre usages prioritaires. Il permettra une authentification biométrique des cartes SIM, liée à une identité citoyenne vérifiée par blockchain, afin d’éliminer les lignes fictives et de réduire les fraudes. Il donnera aussi un accès simplifié aux plateformes d’e-gouvernement et aux services en ligne grâce à un identifiant unique (SSO). Sur le plan financier, il proposera une solution d’e-KYC en un clic, avec évaluation automatique du risque et ouverture immédiate à des services de crédit, favorisant ainsi l’inclusion financière. Enfin, il servira de pièce d’identité numérique sécurisée, complémentaire aux documents physiques, pour les transactions publiques et privées.
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya
Le 4 septembre 2025, Visa, leader mondial des paiements numériques, a lancé à Kinshasa son application mobile Visa Pay, destinée à élargir l’accès aux services financiers digitaux.
La solution permet aux utilisateurs d’effectuer des transferts d’argent, des paiements marchands, des dépôts et retraits en agence, ainsi que des achats en ligne via des cartes virtuelles. Elle est disponible en franc congolais (FC) et en dollar américain (USD).
Selon Sophie Kafuti, directrice générale de Visa RDC, l’initiative vise à « stimuler la croissance des paiements numériques et soutenir l’inclusion financière ». L’application garantit interopérabilité, sécurité et rapidité des transactions, tout en réduisant leurs coûts.
« Il existe aujourd’hui en RDC plusieurs systèmes et écosystèmes de paiement qui évoluent de manière fragmentée. En tant que réseau qui aspire à être la meilleure solution pour payer et être payé, nous apportons une interopérabilité capable de réduire les coûts des transactions et de créer un environnement plus inclusif. Avec Visa Pay, les paiements deviennent sécurisés, rapides et fiables, accessibles aussi bien aux étudiants qu’aux personnes âgées, qu’elles soient bancarisées ou non », a-t-elle déclaré.
Outil accessible et peu coûteux
Conçue pour être peu consommatrice en mémoire et en données mobiles, Visa Pay facilite aussi la bancarisation. Pour les personnes sans compte bancaire, l’application propose d’en ouvrir un auprès des banques partenaires, à très bas prix, grâce aux accords conclus avec Visa, explique François Jurd De Girancourt, vice-président de Visa en charge de la stratégie pour la région Europe centrale, Moyen-Orient et Afrique (CEMEA).
Le déploiement repose sur cinq établissements partenaires : Access Banque, FBN, Sofibanque, Solidaire Banque et UBA. Trois autres banques – BGFIBank, Equity Bank et TMB – devraient rejoindre le dispositif prochainement. L’application peut aussi être intégrée directement aux plateformes mobiles des banques. Elle est disponible sur App Store et Google Play Store.
RDC, marché pilote
François Jurd De Girancourt précise que la RDC a été choisie comme premier marché en raison de son taux élevé d’utilisation des espèces, bien supérieur à la moyenne régionale. Pour un pays de cette taille, le développement de solutions alternatives apparaît comme une nécessité.
Il souligne également que la RDC dispose d’un écosystème favorable, réunissant banques et opérateurs de services financiers mobiles, permettant de bâtir une solution de paiement interopérable et inclusive.
Depuis 2022, Visa a renforcé sa présence locale avec l’ouverture d’un bureau à Kinshasa et le développement de partenariats, notamment avec Vodacom (émission de 150 000 cartes Visa liées à M-Pesa) et avec le Fonds pour l’inclusion financière (FPM) pour un programme d’éducation financière doté d’un million de dollars.
Ronsard Luabeya
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À l’issue de l’audience accordée le 30 août dernier par le président de la République, Félix Tshisekedi, à Jean-Philippe Anvam, représentant de Monacosat, opérateur satellitaire basé à Monaco, de nouveaux détails ont été révélés sur le projet Monacosat. Selon le compte rendu de cette réunion publié par la présidence, il s’agit de l’acquisition d’un satellite grâce à un partenariat avec Monacosat. Coût du projet : 400 millions de dollars.
Cet investissement, qui représente près d’un quart du budget de l’État pour l’exercice 2025, sera financé par un emprunt. « Une banque a déjà mobilisé les fonds nécessaires estimés à 400 millions de dollars américains », a indiqué Jean-Philippe Anvam, cité par la présidence de la République. Le nom de la banque n’a toutefois pas été communiqué.
Néanmoins, la veille, à l’issue d’une rencontre avec le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa, la directrice générale de Fidelity Bank, Nneka Onyeali-Ikpe, a affirmé la disponibilité de son institution à financer le projet. Elle a même annoncé la création d’une équipe mixte Fidelity Bank–ministère pour en définir les contours.
En novembre 2024, le gouvernement congolais avait signé à Monaco un protocole d’accord avec Monacosat. Selon le représentant de l’opérateur, ce partenariat porte sur le déploiement d’un satellite congolais destiné à réduire la fracture numérique en RDC. L’objectif est de faciliter l’accès à internet haut débit sur l’ensemble du territoire, notamment dans les zones rurales et enclavées où les infrastructures de télécommunication demeurent insuffisantes.
Cette initiative doit aussi contribuer à renforcer la cybersécurité, soutenir l’enseignement à distance, améliorer la télémédecine et stimuler la croissance de l’économie numérique.
Pour l’heure, il reste à savoir si un accord définitif a été conclu entre les parties. Sa signature constitue un préalable indispensable pour passer à la phase opérationnelle du projet.
Boaz Kabeya
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La fintech congolaise Maishapay a été retenue parmi les 12 jeunes pousses sélectionnées pour la quatrième édition du programme Africa Fintech Accelerator lancé par Visa. Cette cohorte, prévue d’octobre à décembre 2025, rassemble des entreprises actives dans divers domaines de la fintech : numérisation des PME, prêts digitaux, paiements transfrontaliers, gestion de la paie, paiements B2B, transactions basées sur l’intelligence artificielle, commerce social, assurance climatique et néobanque.
En rejoignant ce dispositif, Maishapay bénéficiera d’un mentorat personnalisé, de formations spécialisées, d’opportunités de réseautage et d’un accès privilégié aux investisseurs. Depuis son lancement, ce programme a déjà accompagné 64 fintechs issues de 17 pays africains, pour une valeur de portefeuille cumulée estimée à 1,1 milliard de dollars. Étendu sur 12 semaines, il s’inscrit dans l’engagement de Visa d’investir 1 milliard de dollars en Afrique d’ici 2027, afin de stimuler l’inclusion financière et de renforcer l’économie numérique du continent.
Fondée en 2018 par Landry Ngoya, informaticien et entrepreneur congolais, Maishapay est un porte-monnaie électronique basé sur la blockchain. La solution permet d’effectuer retraits, dépôts, paiements mobiles, transferts d’argent, ainsi que l’ouverture de comptes courants et d’épargne. Accessible aussi bien en ligne qu’hors ligne, elle se positionne comme une alternative de bancarisation pour les populations peu ou pas bancarisées.
La plateforme revendique aujourd’hui plus de 68 000 utilisateurs, connecte 27 sites e-commerce et est acceptée par plus de 14 000 commerçants dans des secteurs comme le commerce de détail, l’hôtellerie et la restauration. Déjà implantée en RDC, au Congo-Brazzaville, au Nigeria, en Égypte et en Éthiopie, Maishapay cible en priorité les jeunes entrepreneurs et les femmes, souvent exclues des services financiers traditionnels.
Ronsard Luabeya
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La banque nigériane Fidelity Bank a manifesté son intérêt pour le projet Monacosat, qui vise à déployer des infrastructures satellitaires en République démocratique du Congo (RDC). Le 28 août 2025, sa directrice générale, Nneka Onyeali-Ikpe, a été reçue à Kinshasa par le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa.
Selon les services de communication du ministère, les discussions ont porté sur les modalités de financement de ce projet stratégique. La dirigeante de Fidelity Bank s’est dite prête à accompagner l’initiative et a annoncé la création d’une équipe mixte, regroupant la banque et le ministère, pour définir les mécanismes de financement.
En novembre 2024, le gouvernement congolais avait signé un protocole d’accord avec Monacosat, opérateur satellitaire basé en principauté de Monaco, afin de tirer parti de ses capacités satellitaires pour renforcer la connectivité, notamment dans les zones rurales et enclavées.
À l’issue de la rencontre, Nneka Onyeali-Ikpe a également confirmé l’intention de Fidelity Bank de s’implanter en RDC. Cette installation devrait contribuer à favoriser l’inclusion financière et à faciliter l’accès aux financements, en particulier pour les projets numériques. Le ministère de l’Économie numérique voit dans cette perspective un soutien direct aux start-up locales, aux PME innovantes et aux programmes de transformation digitale du gouvernement.
Fondée en 1988, Fidelity Bank s’est imposée comme un acteur de premier plan au Nigeria grâce à des acquisitions stratégiques, notamment celles de Manny Bank et de FSB International Bank. Détentrice d’une licence bancaire universelle depuis 2001 et d’une licence internationale depuis 2011, la banque propose une gamme complète de services allant de la banque de détail à la banque d’affaires, en passant par la banque privée et numérique. Avec plus de 5 millions de clients et 250 agences, Fidelity Bank poursuit aujourd’hui son expansion internationale, amorcée notamment avec l’acquisition de Union Bank UK en 2023.
Ronsard Luabeya
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Le 17 juillet 2025, le ministre des Postes, Télécommunications et du Numérique, Augustin Kibassa Maliba, a reçu une délégation de la société américaine Microlink Networks, en mission exploratoire à Kinshasa. Spécialisée dans les infrastructures numériques et les solutions de centres de données, l’entreprise souhaite s’impliquer dans les projets de digitalisation des services publics en République démocratique du Congo (RDC).
Au cours de cette rencontre, les représentants de Microlink ont présenté leur expertise et exprimé leur volonté de devenir un partenaire stratégique de l’État congolais dans le développement du numérique. « Nous voulons être un partenaire de choix pour les projets de numérisation en RDC », a déclaré Yaseen Khalid, PDG de l’entreprise. Concrètement, Microlink ambitionne d’intervenir dans la construction de centres de données et l’hébergement des systèmes d’information publics, deux volets jugés essentiels à la modernisation de l’administration.
Le responsable marketing de l’entreprise, Ruslan Khamidullin, a salué l’ouverture du ministre à une future collaboration. Il a également affirmé avoir reçu l’assurance d’un soutien politique pour faire avancer le dossier. Aucun engagement formel n’a toutefois encore été signé.
Basée aux États-Unis, Microlink Networks est spécialisée dans les infrastructures IT, notamment les solutions de câblage structuré, les systèmes de communication sécurisée, la vidéosurveillance IP, ainsi que dans le déploiement de réseaux et de centres de données. L’entreprise propose également des services de gestion de projets informatiques, d’optimisation d’environnements numériques et d’installation de data centers à destination des institutions publiques et privées.
Boaz Kabeya, stagiaire
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La République démocratique du Congo (RDC) a signé, le 23 mai 2025, un protocole d’accord avec la multinationale technologique chinoise Huawei pour tester un modèle de village intelligent. Le projet pilote entend démontrer la faisabilité de solutions technologiques adaptées aux réalités locales. Il prévoit notamment la mise en place d’un accès à Internet haut débit, la formation des jeunes aux compétences numériques, ainsi que la connexion des services publics locaux, à l’instar de l’état civil, de la santé et de l’éducation.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation numérique portée par le gouvernement congolais, qui ambitionne de moderniser l’État et de réduire les inégalités d’accès au numérique. Elle reflète également une tendance observée à l’échelle continentale, soutenue notamment par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, qui considèrent la numérisation des territoires ruraux comme un levier de développement durable et d’inclusion.
« Ce projet traduit notre engagement à offrir aux populations rurales un accès égal aux opportunités numériques, tout en construisant les bases d’un État moderne, transparent et connecté », a déclaré Mickael Lukoki Nsimba (photo, à gauche), directeur de cabinet de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, lors de la cérémonie de signature.
En RDC, où la fracture numérique reste marquée, l’initiative apparaît comme une réponse structurelle aux déséquilibres d’accès à la connectivité. Selon l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), seuls 34,6 % des Congolais avaient accès à l’Internet mobile à fin 2024, et à peine 0,02 % à l’Internet fixe, avec de fortes disparités entre les zones urbaines et rurales.
Samira Njoya, We Are Tech
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En 2024, Airtel a conservé sa position de leader du marché de la téléphonie mobile en République démocratique du Congo (RDC) en termes de chiffre d’affaires, devant ses concurrents Vodacom, Orange et Africell. Selon les données publiées par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), la filiale du groupe indien Bharti Airtel a généré 741 millions de dollars, soit 35,5 % des 2,09 milliards de dollars de revenus globaux du secteur.
Airtel a enregistré une progression de 7,5 % de ses revenus par rapport à 2023. Cette performance est attribuée à une stratégie commerciale offensive et à des investissements continus dans l’extension de sa couverture réseau. Comme en 2023, Airtel a surpassé ses concurrents : Vodacom a capté 32,6 % des revenus du marché, Orange 28,1 %, et Africell 3,8 %.
Chiffres d’affaires globaux TTC (voix+SMS+data+mobile money+autres SVA) en dollars
La dynamique d’Airtel repose en grande partie sur la croissance de la consommation de données et de SMS, malgré la stabilité des revenus issus de la voix, segment où Vodacom reste dominant. Airtel conserve sa place de leader dans les revenus data, avec 365,5 millions de dollars (37,7 % de parts de marché), devant Orange (31,5 %), Vodacom (27 %) et Africell (3,8 %). Cette performance s’explique par la compétitivité de ses forfaits et l’étendue de son réseau 4G.
Sur le segment du mobile money, Vodacom reste en tête avec 168,5 millions de dollars de revenus (46 % de parts de marché). Airtel se place en deuxième position avec 137,2 millions de dollars (37,5 %), suivi d’Orange (58,5 millions de dollars, soit 16 %). Africell, malgré une progression de 168,3 % de ses revenus à 1,7 million de dollars, ne représente que 0,5 % du marché.
Nombre d’abonnements actifs à la téléphonie mobile
La RDC a terminé l’année 2024 avec 63,96 millions d’abonnements actifs (utilisés au moins une fois sur 90 jours), soit une hausse de 13,7 % par rapport à 2023, correspondant à près de 7,7 millions de nouveaux abonnés. Vodacom domine en nombre d’abonnés avec 36 % de parts de marché. Orange et Airtel sont au coude-à-coude, avec respectivement 29 % chacun. Africell clôture le classement avec 6 %.
Muriel Edjo
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Le gouvernement congolais a décidé de recourir à un marché de gré à gré pour le choix du prestataire chargé de déployer la télévision numérique terrestre (TNT) dans 54 villes du pays. Cette décision a été entérinée le 12 mai 2025, à l’issue d’une réunion du Comité national de la migration vers la TNT (CNM-TNT).
Cette rencontre a été présidée par le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya (photo), en présence des ministres de la Défense nationale et Anciens combattants, de la Justice, du Plan, du Budget, de l’Industrie, des Télécoms et NTIC, des Finances et de la Culture.
Selon le ministre, des avancées ont été réalisées dans le processus de sélection du prestataire, dont l’identité sera dévoilée dans les prochains jours. Il précise que toutes les procédures ont été finalisées en collaboration avec le ministère du Budget, permettant d’aboutir à cette issue.
« Nous avons pu avancer et que dans les prochains jours, nous aurons des éléments plus précis qui permettront aux congolais et à tous les prestataires du secteur de connaître quel est le partenaire avec lequel nous allons évoluer dans le déploiement de la télévision numérique », a déclaré le ministre de la communication et médias.
En décembre 2024, la commission interministérielle avait opté pour un appel d’offres restreint en vue de sélectionner un partenaire technique chargé de la mise en œuvre de la prochaine phase du projet. Celle-ci devrait porter sur l’extension de la Télévision Numérique Terrestre à quarante-six (46) villes supplémentaires à travers le pays. Le coût estimé de cette opération s’élevait à environ 60 millions de dollars. Mais avec l’extension du projet à 54 villes, le coût n’a pas été révélé.
Il sied de noter que la première phase de déploiement de la TNT en RDC a été achevée avec succès. À ce jour, neuf villes bénéficient déjà de ce service. Initiée en 2018, la TNT a permis de générer près de 82 millions de dollars de recettes au profit du Trésor public, des retombées que le gouvernement entend renforcer à travers les phases suivantes du projet.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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