Dans sa quête d’une connectivité accrue, la République démocratique du Congo (RDC) intensifie ses efforts pour attirer les investisseurs internationaux. Le mercredi 30 octobre 2024, une rencontre entre l’ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, et le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba, a permis d’aborder cette question cruciale.
Lors de cet entretien, l’ambassadrice Lucy Tamlyn a souligné l’intérêt des fournisseurs américains pour le marché de la connectivité en RDC. « Avec le ministre Kibassa, nous avons discuté de la manière de donner plus de chances aux opportunités qu’offre la RDC », a-t-elle déclaré, témoignant ainsi de l’engagement des États-Unis à accompagner le développement numérique du pays.
Cette démarche fait suite à l’appel lancé par le président Félix Tshisekedi lors de son discours à l’ONU en septembre 2024. Le chef d’État congolais avait souligné l’importance de développer la connectivité en Afrique, appelant à une collaboration étroite avec les partenaires multilatéraux et les opérateurs de télécommunications, tout en insistant sur le transfert de connaissances.
Malgré son potentiel, la RDC affiche encore des taux de pénétration d’Internet relativement faibles. Selon l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), au 30 juin 2023, seuls 30,79 % des Congolais avaient accès à l’Internet mobile et 0,017 4 % à l’Internet fixe. Pour relever ce défi, le gouvernement mise notamment sur l’attraction d’investisseurs.
Une meilleure connectivité offre de nombreux bénéfices pour le développement de la RDC. Dans les zones rurales, où les disparités d’accès sont les plus marquées, Internet peut devenir un levier essentiel de désenclavement, ouvrant la voie au commerce en ligne, à la télémédecine et à l’enseignement à distance. De plus, selon l’UIT, une hausse de 10 % du taux de pénétration du haut débit mobile en Afrique entraîne une augmentation de 2,5 % du PIB par habitant.
Melchior Koba
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Lors de l’audience que le président Félix Tshisekedi lui a accordée ce 24 septembre 2024, Bill Gates, cofondateur de Microsoft, l’une des plus grandes entreprises technologiques au monde avec une valeur boursière de 3 190 milliards de dollars, a évoqué la possibilité de renforcer la connectivité internet par satellite au profit du secteur éducatif en RDC, selon le ministre de la Santé publique, Roger Kamba, présent à la rencontre. L’homme d’affaires et milliardaire américain répondait à une demande du président congolais concernant l’équipement des écoles en tablettes pour faciliter l’éducation des élèves dans le pays.
Il y a quelques jours, la ministre congolaise de l’Enseignement supérieur, Marie-Thérèse Sombo, a lancé le projet « Un étudiant, un ordinateur », marquant la volonté des autorités d’introduire l’innovation dans la formation universitaire. « Ce projet vise l’inclusivité et l’équité, car il accorde les mêmes chances à tous les étudiants, sans distinction. Au-delà des étudiants, le personnel universitaire et les agents administratifs de l’ESU sont aussi visés, car ils sont tous impactés par l’informatique, le numérique, ou la digitalisation dans l’exercice de leur métier », a expliqué la ministre, selon des propos rapportés par Radio Okapi.
Si le projet est mené à bien, Bill Gates pourrait y voir une opportunité de déployer à grande échelle sa solution de connexion internet par satellite via une application développée par l’entreprise Kymeta, dans laquelle Microsoft avait investi 85 millions de dollars en 2020. Cela permettrait à Gates de prendre l’avantage sur Elon Musk, une autre figure des nouvelles technologies, dont les services Starlink de connexion par satellite ont été interdits en RDC pour défaut de licence.
Bill Gates a rencontré le président Félix Tshisekedi lors d’une audience qu’il aurait sollicitée, selon le ministre de la Santé. Il a également exprimé son intérêt pour le secteur agricole en RDC, qui nécessite d’importants capitaux pour répondre à la demande nationale et concrétiser son potentiel d’exportateur alimentaire. Gates a aussi évoqué le soutien de la fondation qu’il dirige, la Gates Foundation, dans le domaine de la santé publique, notamment dans la lutte contre des maladies comme la poliomyélite.
Il n’est pas exclu, bien que cela n’ait pas été indiqué, que Bill Gates ait également abordé les questions minières avec le président Tshisekedi. En novembre 2023, l’entreprise KoBold, active dans le secteur du cuivre en Zambie, avait exprimé son intention de s’étendre en RDC. Or, le principal actionnaire de KoBold est Breakthrough Energy Ventures, un fonds d’investissement qui regroupe plusieurs milliardaires, dont Bill Gates, Jeff Bezos (Amazon), Xavier Niel (Free), un prince saoudien, Michael Bloomberg, et Richard Branson, propriétaire de Virgin Group.
Georges Auréole Bamba
Faire de la République démocratique du Congo une destination touristique de premier plan à l’échelle internationale est l’objectif que le gouvernement vise d’ici 2030. Pour attirer 10 millions de visiteurs et créer entre 200 000 et 500 000 emplois au cours de cette période, les réseaux sociaux ont été identifiés comme un levier incontournable, au même titre que plusieurs autres services.
Le ministre des Postes, Télécommunications et du Numérique, Augustin Kibassa Maliba (photo), a mis, le mercredi 11 septembre 2024, en avant les réseaux sociaux comme un outil essentiel pour la construction de l’image de marque du pays et sa promotion à l’international. « Nous sommes, nous les Congolais, des acteurs touristiques de premier plan pour que notre pays soit visité par des investisseurs. Au-delà des efforts fournis par le gouvernement, nous avons la responsabilité de bien parler du Congo à nos enfants… Nous devons savoir que l’image de marque que nous voulons construire doit d’abord être portée par les générations futures », a-t-il affirmé, lors de son intervenant pendant le Forum de validation de la politique nationale du tourisme, qui prône une transversalité de l’action gouvernementale pour dynamiser le secteur.
« La loi sur les télécommunications et les NTIC ainsi que le code du numérique permettent aujourd’hui de poursuivre le délit commis à travers les réseaux sociaux. Il y a un travail pédagogique que nous sommes en train de faire pour permettre aux Congolais de connaître ce qu’il y a dans ces textes qui nous protègent tous, y compris l’image de marque du pays. Le moment venu, nous allons resserrer la vis parce qu’il n’est pas normal de constater ce qui se passe dans les réseaux sociaux… », a-t-il ajouté.
En marge du Forum de coopération Chine-Afrique, tenu du 4 au 6 septembre 2024 à Beijing, la RDC a signé un mémorandum d’entente avec une entreprise chinoise dont l’identité n’a pas été révélée. Cet accord concerne la mise en place d’un système de surveillance des réseaux sociaux. Augustin Kibassa Maliba a toutefois précisé qu’il n’était pas question de bloquer les réseaux ou de fermer des comptes. La régulation en préparation vise plutôt à encourager la production de contenu de qualité. Ces mesures devraient s’inscrire dans la stratégie de marque pays que le gouvernement est en train d’élaborer.
L’économie du pays a longtemps été dominée par l’exploitation des ressources naturelles, telles que le lithium et le cobalt. Désormais, la RDC s’engage résolument dans la diversification de son économie, conformément aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI), et voit dans le tourisme un potentiel économique encore largement sous-exploité. Actuellement, en RDC, le secteur touristique contribue à moins de 2 % du Produit intérieur brut (PIB), selon le ministère du Tourisme, et à 1,8 % selon le World Travel and Tourism Council 2024.
Muriel Edjo
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Lors du Forum économique Chine-RDC à qui s’est déroulé la semaine dernière à Pékin, l’Agence de presse publique Chine Nouvelle a fait part de son intention de contribuer à la transformation numérique de l’Agence congolaise de presse (ACP). Fu Hua, président de l’agence chinoise, a renouvelé cet engagement à l’égard de Bienvenu-Marie Bakumanya, directeur général de l’ACP, en insistant sur l’importance de renforcer les liens médiatiques entre la Chine et la RDC.
L’annonce de ce partenariat survient dans un contexte où les médias en République démocratique du Congo, et plus particulièrement l’ACP, sont confrontés à des défis majeurs tels que la mise à niveau des infrastructures et l’intégration des nouvelles technologies. Ceci, alors que Bienvenu-Marie Bakumanya a indiqué que la transition vers le numérique est cruciale pour permettre à l’ACP de « rester pertinente dans un paysage mondial où l’information se diffuse à grande vitesse, notamment via les plateformes digitales ».
L’appui de Chine Nouvelle représente une opportunité pour l’ACP de moderniser ses méthodes de production et de diffusion de l’information. De plus, cette collaboration pourrait stimuler les échanges culturels et médiatiques entre les deux nations. Dans ce sens, Bienvenu-Marie Bakumanya a déclaré : « nos deux peuples ne se connaissent pas suffisamment. Nos médias doivent collaborer pour permettre une meilleure compréhension mutuelle entre les Congolais et les Chinois ».
OS
La République démocratique du Congo a entamé des discussions avec une entreprise chinoise autour d’un système de surveillance des réseaux sociaux. Mercredi 4 septembre 2024, le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba (photo, à gauche), a signé un mémorandum d’entente à cet effet à Beijing, à l’ambassade de la RDC en Chine. C’était en marge du Forum de coopération Chine - Afrique du 4 au 6 septembre.
Bien que le gouvernement congolais n’ait pas fourni d’amples informations sur l’objectif de cet accord juridiquement non contraignant, l’on peut supposer que le système en question a un objectif de gestion et de régulation des contenus en ligne en RDC. Face à la recrudescence de la désinformation, des discours de haine et d’autres contenus illicites sur ces plateformes, le gouvernement congolais pourrait y entrevoir un moyen de limiter les activités susceptibles de nuire à la sécurité nationale et à la cohésion sociale.
Le contexte sociopolitique en RDC — marqué par des tensions armées avec les rebelles du M23 à l’Est, des frictions avec le Rwanda, et une épidémie de variole du singe (mpox) — crée un terreau fertile pour la prolifération de fausses nouvelles et de propagande. Des affirmations quant à l’activité d’une armée numérique pour déstabiliser la République démocratique du Congo se multiplient sur les réseaux sociaux. Dans une note d’analyse, Collaboration on International ICT Policy for East and Southern Africa (CIPESA) déplore cette guerre de l’information qu’elle juge « caractérisée par une spirale d’incitation, de désinformation, de mésinformation et de discours de haine » qui met « à mal la cohésion entre les communautés ».
Selon les données de DataReportal, la RDC enregistrait 6,45 millions d’identités d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux en janvier 2024. En croissance de 37,2 %, soit 1,8 million de nouveaux utilisateurs entre janvier 2023 et janvier 2024. 37,2 % des utilisateurs des médias sociaux en RDC étaient des femmes, tandis que 62,8 % étaient des hommes. Tous ces utilisateurs étaient abonnés à Facebook ; 4,44 millions d’entre eux à TikTok ; 1,15 million à Messenger ; près de 670 000 à Instagram ; 620 000 à LinkedIn et 253 000 à X (ex-Twitter).
En RDC, comme dans plusieurs pays africains, les réseaux sociaux occupent aujourd’hui une place importante dans la vie quotidienne. Mais ils soulèvent également des défis éthiques de plus en plus complexes, nécessitant une attention urgente. Entre la défense de la liberté d’expression et la lutte contre les dérives en ligne, le meilleur équilibre à trouver reste un sujet de débat.
Muriel Edjo
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Le groupe Raxio a inauguré, le 22 août 2024, son centre de données à Kinshasa, baptisé Raxio DC1. Cette installation de niveau Tier III, réalisée grâce à un investissement de 30 millions de dollars, vise à répondre à la demande croissante en connectivité, stockage et traitement de données. « L’inauguration du centre de données de Kinshasa constitue une avancée majeure pour Raxio et un tournant décisif pour le développement numérique de la RDC », a indiqué le PDG de Raxio. Robert Mullins a ajouté que « la RDC est l’un des marchés les plus prometteurs et dynamiques d’Afrique, avec une demande croissante pour les services numériques dans les années à venir ».
Situé à Limete, au sud-est de Kinshasa, le centre Raxio DC1 s’étend sur 1 542 mètres carrés et peut accueillir jusqu’à 400 racks, avec une capacité énergétique de 1,5 MW. Il contribue à renforcer l’offre de services de colocation et de stockage de données numériques en RDC et permet aux entreprises locales et internationales de réaliser leurs opérations numériques, facilitant ainsi l’innovation et accélérant la croissance économique.
L’inauguration de Raxio DC1 intervient six jours après la mise en service du centre OADC Texaf à Kinshasa, issu d’une collaboration stratégique entre Open Access Data Center (OADC) et Texaf. Ces deux initiatives privées soutiennent le plan de transformation numérique du gouvernement congolais, adopté il y a cinq ans, et contribuent à la création d’un écosystème numérique sécurisé, attractif pour les investisseurs étrangers, tout en aidant à diversifier l’économie nationale encore largement dépendante des ressources minières.
L’établissement de centres de données de ce calibre positionne davantage la RDC comme un hub technologique en Afrique centrale, augmentant sa compétitivité régionale face à d’autres pays africains en pleine transformation numérique. « L’expansion de notre présence en RDC se poursuivra avec une capacité accrue et de nouvelles infrastructures dans les années à venir », a d’ailleurs annoncé le PDG de Raxio. Il faut dire que le groupe a l’ambition du groupe de construire dix à douze centres de données à travers l’Afrique.
Muriel Edjo
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Internet et les technologies de l’information et de la communication sont considérés par les Nations unies comme un levier indispensable à l’atteinte de plusieurs Objectifs de développement durables (ODD). Mais il est impératif de les utiliser à bon escient. C’est cet appel que le Bureau provincial de la jeunesse de Kinshasa a lancé ce lundi 12 août, Journée internationale de la jeunesse, qui se célèbre sous le thème : « Le progrès à portée de clic : la jeunesse et le secteur numérique au service du développement durable ».
Le Bureau provincial a appelé « la Jeunesse congolaise en général et kinoise en particulier à user des clics pour la sécurité et la salubrité de notre ville province de Kinshasa ; capitale, siège des institutions et miroir de la RDC ». Un appel qui s’aligne avec l’ambition de transformation de Kinshasa par le numérique, dévoilée le 3 août dernier par le nouveau gouverneur de la ville, Daniel Bumba Lubaki, lors de la présentation de son plan d’action 2024-2028 pour la capitale.
Mais pour que les « clics » favorisent la sécurité et la salubrité attendues à Kinshasa, il est nécessaire d’améliorer la faible qualité de vie numérique en RDC, en plus d’insister sur une éducation civique. Cela suppose améliorer l’accès à l’Internet mobile dont le taux de pénétration avoisine 51%, afin d’obtenir la contribution du maximum de jeunes. Revoir le coût d’accès à Internet est également important.
Tableau comparatif qualité de vie numérique 2023
Source : Surfshark
A travers les clics pour le progrès que prône cette journée internationale de la jeunesse, le Bureau provincial de la jeunesse de Kinshasa y voit l'opportunité de lancer une mobilisation générale dans la province pour dénoncer les injustices, sensibiliser sur l’équité, interpeller sur la responsabilité commune, militer pour la paix. Des défis qui entravent l’éclosion d’un climat propice au développement social et économique.
Muriel Edjo
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La République démocratique du Congo et la République populaire de Chine ont exploré divers projets de coopération dans le secteur du numérique, lundi 29 juillet à Beijing. Les échanges entre le ministre congolais des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba et le vice-ministre chinois de l'industrie et des technologies de l'information, Zhang Yunming, ont porté sur des projets d'infrastructures numériques et la formation de jeunes congolais en Chine. C’était en marge du Forum sino-africain sur la coopération numérique qui s’est tenu du 29 au 31 juillet sous le thème : « Dessiner conjointement un plan numérique et partager les réalisations en matière de développement ».
Sur la question des infrastructures numériques, les deux parties ont convenu de la mise en place d’une équipe de travail pour accélérer leur concrétisation. « Nous allons encourager les entreprises chinoises à investir en RDC pour la construction des infrastructures numériques. La RDC occupe une place importante sur le Continent africain. Les entreprises chinoises déjà installées en RDC vont augmenter leurs investissements... », a déclaré Zhang Yunming.
Les infrastructures numériques sont essentielles pour soutenir la transformation numérique de la RDC, engagée depuis 2019 par le président de la République, Félix Tshisekedi. Dans divers domaines, elles sont le socle pour une connectivité internet de qualité, la numérisation des services de l’Etat, le stockage et la protection des données publiques, la sécurité des réseaux. La RDC qui affiche un faible indice de préparation au TIC et occupe la 132 place sur 134, selon le Network Readiness Index (NRI) 2023 de Portulans Institute pourrait bénéficier de l’expertise technologique de la Chine qui affiche un indice très élevé et occupe la 20e place.
Selon la Banque mondiale, le World Economic Forum (WEF) ou encore l’Union internationale des télécommunications, le numérique a le pouvoir d’améliorer les conditions de vie des populations. En RDC où la majorité de la population vit avec moins de 3 dollars par jour, les infrastructures numériques peuvent contribuer à une meilleure collaboration des différentes composantes de l’administration publique à l’échelle territoriale, à la bonne gouvernance, à l’élaboration de politiques publiques plus ciblées, à améliorer l’accès des populations aux services de santé et éducatifs, au développement d’opportunités économiques.
L’économie de la RDC est encore fortement dépendante des ressources minières, selon le Fonds monétaire international (FMI). Il est nécessaire que le pays diversifie ses sources de revenus pour se prémunir de chocs extérieurs du aux aléas internationaux. Bien orienté, le numérique pourrait y contribuer.
Muriel Edjo
La République démocratique du Congo a vu son offre de formation en compétences numériques renforcée le vendredi 19 juillet. Cela s’est traduit par l’inauguration à Kinshasa de l’Institut africain de Huawei pour le développement des technologies de l’information et de la communication. Il s’agit d’un centre dédié à la formation et à l’innovation numérique. Il servira aussi de base pratique du programme Future Cheetahs, lancé en avril dernier par Huawei pour doter le marché TIC local d’une nouvelle génération de talents hautement qualifiés.
Selon Augustin Kibassa Maliba, le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, « cet institut est un centre d’excellence que nous avons toujours espéré voir le jour (…) où les personnes talentueuses et visionnaires du pays auront la possibilité d’explorer, d’innover et de contribuer à la transformation numérique de notre société et de créer ainsi des millionnaires congolais ».
Ce centre vient s’ajouter aux initiatives de formations formelles, mais fragmentées qui existent en RDC, comme le déplorait la Banque mondiale en 2020 dans son rapport intitulé Democratic Republic of Congo Digital Economy Assessment. L’institution financière soutenait que ce sont les structures de formation informelles naissantes qui jouaient un rôle toujours important, mais ne bénéficiaient d’aucun soutien pour accroître leurs actions. Conséquence, la RDC affiche toujours un faible niveau de développement des compétences numériques. Dans le Network Readiness Index 2023 de Portulans Institute, le pays occupe la 102e place sur 134 pays classés en la matière.
Aujourd’hui, alors que le gouvernement accélère l’avènement de l’économie numérique et encourage l’investissement local et étranger dans la tech, il se pose le problème de la disponibilité de la main-d’œuvre adéquate et en quantité suffisante pour répondre aux nouvelles exigences du marché du travail. La Société financière internationale estime que 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030. Près de 65% des personnes recrutées pour des emplois dans les entreprises africaines devront avoir au moins des compétences numériques de base.
Le faible niveau de compétences numériques en RDC — qui accentuent le taux de chômage et la pauvreté — ne touche pas uniquement Kinshasa où la majorité des offres de formation est concentrée. En plus des investissements de Huawei et de plusieurs autres acteurs internationaux tels qu’Orange, UIT, Smart Africa, l’État doit jouer sa partition comme le prévoit le plan national du numérique.
Muriel Edjo
Au cours des dernières années, l’adoption de l’Internet mobile a continué de croître dans les pays africains. Par exemple, la RDC ne comptait que 1,4 million d’abonnés à l’Internet mobile sur une population de 75,6 millions en 2013.
La République démocratique du Congo (RDC) comptait 28,9 millions d’abonnés à l’Internet mobile au 3e trimestre 2023 selon les données de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC). Ce chiffre représente une croissance de 39,6 % par rapport aux 20,7 millions d’abonnés que le régulateur avait recensés au 3e trimestre 2020.
L’ARPTC n’explique pas les raisons derrière cette croissance de l’adoption de l’Internet mobile entre 2020 et 2023. Cela peut être associé à l’adoption croissante des services de téléphonie mobile. Sur la période, le parc d’abonnés mobiles est passé de 39,9 millions à 56,1 millions.
Cette croissance intervient dans un contexte marqué par une forte demande en connectivité Internet et l’émergence de nouveaux modes de consommation numérique, notamment les réseaux sociaux. Le trafic data est passé de 43,3 milliards de mégaoctets au 3e trimestre 2020 à 182,2 milliards de mégaoctets au 3e trimestre 2023. La consommation moyenne par abonné par mois est passée de 751,95 Mo à 2 028,97 Mo.
L’adoption de l’Internet mobile en RDC a connu une tendance croissante sur les dernières années. Le taux de pénétration est passé de 1,9 % en 2013 à 30,4 % en 2023. Toutefois, ce chiffre reste inférieur à la moyenne en Afrique qui était de 40 % en 2022, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Des initiatives s’imposent donc pour généraliser l’accès à l’Internet mobile dans tout le pays dans un contexte de transformation numérique.
Par exemple, un accès généralisé à l’Internet mobile devrait permettre d’accélérer la vision du gouvernement congolais de faire du numérique un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social. C’est d’ailleurs dans cette optique que l’exécutif a créé en décembre 2022 le Fonds de développement des services universels (FDSU) pour permettre de garantir à tous les Congolais l’accès aux services télécoms de base et à Internet.
Isaac K. Kassouwi
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WIOCC veut déployer un écosystème numérique interconnecté à accès ouvert pour répondre à la demande croissante sur le continent. Pour y arriver, la société multiplie les levées de fonds et les sources de financements.
La société financière internationale (SFI) et Proparco, filiale de l’Agence française de développement (AFD), ont annoncé le mercredi 19 juin un financement d’un montant total de 41 millions $ pour la société d’infrastructures WIOCC. Cette dernière utilisera notamment les fonds pour développer ses centres de données principaux et secondaires en RDC, au Nigeria et en Afrique du Sud. La société compte également poursuivre le déploiement de ses réseaux terrestres en fibre optique.
Le financement comprend un prêt de 10 millions de dollars américains et un autre de 200 millions de rands sud-africains (11 millions $), tous deux accordés par la SFI. Proparco contribue avec un prêt de 20 millions $.
Ce nouveau financement s’inscrit dans le cadre de l’investissement continu de WIOCC dans l’expansion de son infrastructure numérique en Afrique. A cet effet, la société avait déjà obtenu 30 millions USD de la SFI en septembre 2022, entre autres financements. Elle prévoit également de signer un prêt de 10 millions de dollars auprès d’une autre banque dans les prochaines semaines.
WIOCC ambitionne de créer un écosystème numérique interconnecté à accès ouvert afin de répondre aux demandes futures de ses clients sur tout le continent. A travers sa filiale OADC, l’entreprise exploite déjà six centres de données de base à travers le continent et plus de 30 centres de données Edge (petites installations de périphérie) en Afrique du Sud. Elle revendique également 200 000 km de systèmes de fibre sous-marins et 75 000 km de fibre terrestre.
« Les centres de données véritablement neutres et en libre accès sont la pierre angulaire d’un écosystème numérique diversifié. Les capacités locales de stockage et de traitement des données sont également essentielles pour la résilience du réseau numérique africain, comme l’ont montré les récentes pannes », a déclaré Ariane Ducreux, responsable de l’énergie, du numérique et des infrastructures chez Proparco.
Isaac K. Kassouwi
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Le taux d’accès à Internet mobile en Afrique est en dessous de 50%. Pourtant, près de 82% de la population est couverte par un réseau mobile. Alors que les gouvernements se mobilisent pour des tarifs abordables, le coût des équipements d’accès demeure un défi.
La République démocratique du Congo (RDC) fait partie des pays ciblés par la nouvelle Coalition mondiale pour l'accessibilité des téléphones portables. Lancée mercredi 10 juillet à Londres au Royaume-Uni par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), cette initiative vise à faciliter l’acquisition de mobiles par les populations des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), généralement situés en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, afin de favoriser la consommation d’Internet.
La coalition regroupe plusieurs acteurs, dont la Banque mondiale, l’Union internationale des télécommunications (UIT), WEF Edison Alliance, les fabricants de mobiles, le groupe Orange, MTN Group et Vodacom Group. Elle représente de nombreux enjeux de développement pour la RDC.
Selon Guangzhe Chen, vice-président de la Banque mondiale pour les infrastructures, « il est essentiel de rendre les appareils connectés à Internet plus abordables pour accélérer la numérisation dans les pays en développement et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. Nous avons vu le pouvoir des technologies numériques pour stimuler la croissance et la création d’emplois et pour faciliter l’accès à l’éducation et aux services de santé, mais les gens doivent d’abord être connectés pour que cela devienne une réalité. Cette coalition rassemble des acteurs clés du secteur et de la communauté du développement pour contribuer à concrétiser cette aspiration ».
Atout de développement
En Afrique, le mobile est actuellement le principal, et souvent le seul, moyen d’accéder à Internet, selon GSMA. En RDC, 29,98 millions de personnes accèdent à Internet mobile contre 16 000 pour l’Internet fixe, soit un taux de pénétration respectif de 31,5% et 0,017%, selon l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC). Dans un pays où le gouvernement considère l’économie numérique comme un atout pour le développement, favoriser l’accès au mobile peut augmenter la consommation d’Internet et générer une croissance des revenus pour les fournisseurs d’accès.
Plus important encore, Internet a une incidence sur l’indice de développement humain, car le service est aujourd’hui essentiel pour s’informer, chercher un emploi, accéder aux services publics et privés, acheter et vendre, s’instruire, etc. La Banque mondiale estime qu’augmenter le taux de pénétration du haut débit mobile entraîne une augmentation de 1,8% du Produit intérieur brut (PIB) dans les pays à revenu moyen et de 2,0% du PIB dans les pays à faible revenu.
Pouvoir d’achat
Cependant, favoriser l’accès au mobile en RDC exige de relever plusieurs défis. Dans son rapport « Device Pricing 2022 », Alliance for Affordable Internet (A4AI) révèle que le coût moyen d’un smartphone est encore très élevé en Afrique subsaharienne, en général. Il équivalait à 39% du revenu mensuel moyen par habitant contre 20% au niveau mondial.
En 2023, environ 74,6 % des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour. Environ une personne sur six vivant dans une extrême pauvreté en Afrique subsaharienne habite en RDC, indique la Banque mondiale. Dans ces conditions, acheter un téléphone mobile est moins important que satisfaire les besoins quotidiens.
Mais les solutions qu’étudient GSMA et ses partenaires pour rendre le mobile plus accessible peuvent changer la donne dans le pays et dans toute l’Afrique.
Approches
À défaut de supprimer les taxes que les États à faible revenu jugent nécessaires pour leur économie, la Coalition pour l’accessibilité du mobile propose aux acteurs du secteur télécoms mondial d’explorer ensemble d’autres approches.
Par exemple, privilégier les appareils moins personnalisés, avec des fonctionnalités de base et une série d'applications pertinentes, dont le prix de détail est inférieur à 50$. En Afrique, des marques comme celles développées par le groupe Transsion (Itel, Tecno et Infinix), Xiaomi ou encore Oppo ont opté pour cette approche spécifique pour le continent, conscients du faible pouvoir d’achat.
Encourager l’assemblage de mobiles en local est également une solution envisagée, nécessitant la collaboration des fabricants de mobiles. Les appareils reconditionnés sont aussi une option déjà largement adoptée en Europe, aux États-Unis et en Asie.
L’achat échelonné sur plusieurs mois est également une option déjà appliquée par quelques opérateurs télécoms. Au Kenya, Safaricom a réussi à accroître sa base de consommateurs 4G ainsi.
En RDC, la mise en œuvre de toutes ces approches identifiées par la Banque mondiale pourrait susciter des changements sur le marché télécoms, aussi bien pour les opérateurs télécoms que pour les populations, ainsi que pour les start-up fournissant des services numériques dans des secteurs comme le transport, l’e-commerce, la fintech, la santé, et l’agriculture.
Muriel EDJO
Le gouvernement multiplie les initiatives pour renforcer l’infrastructure télécoms nationale et connecter toute la population. Environ 70 % de la population n’a pas accès à l'Internet mobile selon les dernières statistiques officielles.
La société congolaise de fibre optique (SOCOF SA) a signé un accord de partenariat avec l’Agence de pilotage de coordination et de suivi des conventions de collaboration (APCSC) le mercredi 26 juin. La durée de cette collaboration est d'une année renouvelable. Elle porte sur le déploiement de la fibre optique le long des routes à travers la République démocratique du Congo (RDC).
Heureux d'avoir présidé ce jour, la cérémonie de signature du protocole d'accord entre la Société Congolaise de Fibre optique (#SOCOF) et l'Agence de Pilotage de Coordination et de Suivi des conventions de collaboration (#APCSC) pour la mise en place des fourreaux et de fibre… pic.twitter.com/Hf9FKWrSGH
— Augustin Kibassa Maliba (@Kibassa_Maliba) June 26, 2024
« Avec l'accompagnement et l'autorisation du chef de l'Etat, nous avons pu convaincre les différentes entités appelées à déployer les infrastructures de transport à pouvoir associer à ces infrastructures l'autoroute de l'information. La charge a été donnée à la SOCOF d'être l'unité de gestion de projet dans les infrastructures des données qui seront déployées par l'APCSC. Et donc, toutes les infrastructures qui seront déployées dans le pays seront dotées en même temps de la fibre », a déclaré Freddy-David Lukaso, conseiller spécial du chef de l'Etat aux postes, télécommunications et NTIC.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des ambitions du gouvernement congolais de faire du numérique un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social. Une route de fibre optique longue de 620 km entre Kinshasa et Muanda a été inaugurée en mars 2023 pour renforcer l’infrastructure TIC nationale. De plus, l’exécutif travaille sur l’opérationnalisation du fonds de service universel afin de connecter chaque Congolais « où qu’il se trouve » sur le territoire national.
Le projet devrait contribuer à améliorer l’accès des populations aux services de télécommunications et, par ricochet, aux services numériques publics ou privés. Selon les statistiques de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), la RDC comptait 28,9 millions d'abonnés Internet mobile au 3e trimestre 2023 pour un taux de pénétration de 30,4 %. Le parc d’abonnés à la téléphonie mobile était de 56,1 millions.
Isaac K. Kassouwi
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TV5Monde avait lancé en 2020 sa plateforme de streaming qui rencontre un véritable succès en RDC, le pays d’Afrique subsaharienne avec le plus d’utilisateurs de la plateforme.
L’opérateur télécom Orange et TV5Monde ont lancé des forfaits internet en République démocratique du Congo, dans le cadre d’un partenariat signé le 24 juin à Kinshasa en présence de Ben Cheick Haidara, DG de Orange RDC, Patrick Bofunda, directeur de TV5Monde Afrique, et David Gueye, directeur adjoint du numérique chez TV5Monde.
Ces forfaits portent le nom de TV5Monde Plus, la plateforme de vidéo à la demande créée en 2020 par la chaîne de télévision française. Le choix de la RDC n’est pas anodin. Dans un communiqué, TV5Monde Plus précise que le pays affiche la plus grande audience de la plateforme en Afrique subsaharienne.
Les forfaits ont pour but d’y faciliter l’accès à son contenu. Ben Cheick Haidara s’est déclaré « extrêmement fier de pouvoir, grâce à ce forfait, faciliter l’accès à un contenu de qualité aux plus de 14 millions de clients » de son entreprise.
TV5Monde n’a pas communiqué sur la possibilité de voir ce type de partenariat répliqué dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne.
Servan Ahougnon