Le marché de l’internet mobile a généré un chiffre d’affaires de 970,2 millions de dollars en République démocratique du Congo (RDC) en 2024, selon les données publiées par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC). Ce segment représente 46,4 % du chiffre d’affaires global du secteur, estimé à 2,09 milliards de dollars.
La contribution de l’internet mobile au chiffre d’affaires des opérateurs de téléphonie mobile est en progression constante : elle était de 29 % en 2022, puis 27,3 % en 2023, avant d’atteindre 46,4 % en 2024. Entre 2023 et 2024, les revenus de l’internet mobile ont bondi de 30,3 %, une croissance bien plus rapide que celle du secteur dans son ensemble (+8,7 %).
Cette dynamique s’explique davantage par l’explosion des volumes consommés que par l’évolution du nombre d’abonnés. En un an, ce dernier a augmenté de 10 % pour atteindre près de 33 millions d’utilisateurs, tandis que le volume de données consommées a atteint un record de 1 083 milliards de gigabits, en hausse de 54 %. En comparaison, les consommations de 2024 sont 2,5 fois supérieures à celles de 2022 (environ 486 milliards de gigabits).
Kinshasa, capitale politique du pays, et le Haut-Katanga, riche province minière, concentrent la majorité des abonnements. Toutefois, les deux Kivu (Nord et Sud) émergent comme des marchés à suivre : à fin 2024, ils totalisaient 5,8 millions d’abonnés, classant cette région en deuxième position, derrière Kinshasa.
Tous les opérateurs ne tirent pas profit du marché avec la même intensité. En nombre d’abonnés actifs (sur 90 jours), Vodacom RDC domine avec 37,78 % de parts de marché, suivi d’Orange (29,97 %), Airtel (29,33 %) et Africell (2,92 %). En revanche, sur le plan des revenus liés à l’internet, Airtel est leader avec 365,5 millions de dollars (37,7 %), devant Orange (31,5 %), Vodacom (27 %) et Africell (3,8 %). Selon des données consultées par Bankable, Airtel maintient cette position depuis 2021.
Le potentiel de croissance du marché congolais reste important. Il constitue un relais de croissance pour les opérateurs télécoms, alors que la GSMA (Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile) prévoit 15 millions de nouveaux abonnés à l’horizon 2030. Une tendance qui justifie les efforts récents des opérateurs pour étendre leur couverture et renforcer la compétitivité de leurs offres.
Georges Auréole Bamba
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Dans un communiqué publié le 5 mai 2025, Airtel Africa, la branche africaine du groupe de télécommunications indien Bharti Airtel, a annoncé la signature d’un accord avec la société américaine SpaceX « pour proposer les services Internet haut débit de Starlink à ses clients africains ». Cette collaboration intervient alors que Starlink, le service Internet par satellite de l’entreprise fondée par Elon Musk, vient tout juste d’obtenir sa licence d’exploitation en République démocratique du Congo (RDC), un marché où Airtel est déjà bien implanté.
Selon Airtel RDC, ce partenariat vise à « connecter les zones les plus reculées avec un Internet rapide, fiable et abordable ». Grâce à cet accord, Airtel pourra utiliser le réseau Starlink pour relier ses antennes relais (BTS) des zones enclavées au noyau central de son réseau télécom — là où transitent les communications et les données (voix, Internet, etc.). Selon un expert du secteur, cela représente une alternative moins coûteuse, en termes d’équipement, que la technologie VSAT actuellement utilisée.
« Ainsi, cet accord permettra à Airtel de proposer un service de meilleure qualité avec une capacité supérieure à la 3G ou même à la 4G tout en réduisant les coûts de déploiement, ce qui devrait accélérer sa couverture du territoire », conclut notre source.
🚀 Airtel Africa s’associe à SpaceX pour proposer Starlink en Afrique ! Objectif : connecter les zones les plus reculées avec une Internet rapide, fiable et abordable. Une avancée majeure pour l’inclusion numérique sur le continent. 🌍📡
— Airtel RDC (@airtelrdc) May 5, 2025
Pour en savoir plus :… pic.twitter.com/mbqrzsNWT1
Ce partenariat avec SpaceX offre donc un avantage stratégique à la filiale congolaise d’Airtel dans la course aux 15 millions de nouveaux abonnés à l’Internet mobile attendus en RDC entre 2025 et 2030, selon les projections de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). Il est également perçu comme une réponse à l’accord conclu en janvier 2025 entre Orange et Vodacom, principaux concurrents d’Airtel sur le marché congolais, visant à étendre leur couverture en zones rurales à travers une coentreprise dédiée à l’installation de stations de base mobiles alimentées à l’énergie solaire.
Il faudra toutefois attendre le lancement effectif des activités de Starlink en RDC, prévu courant mai 2025, pour mesurer l’impact de ce partenariat sur la progression d’Airtel RDC en matière d’abonnés et sa capacité à consolider son avance dans les revenus liés à Internet.
Selon les données du régulateur, à fin 2024, sur les 32 943 464 abonnements actifs à l’Internet mobile enregistrés (90 jours), Airtel comptait 9 660 987 clients, soit 29,33 % de parts de marché, derrière Vodacom (37,78 %) et Orange (29,97 %), mais devant Africell (2,92 %). En revanche, sur le segment des revenus Internet, Airtel est leader avec 365,5 millions de dollars de chiffre d’affaires (37,7 % de parts), devant Orange (31,5 %), Vodacom (27 %) et Africell (3,8 %).
L’accord représente également une opportunité stratégique pour SpaceX. Grâce à son partenariat avec Airtel Africa, l’entreprise américaine pourra élargir sa base de clients dans des zones jusqu’ici exclues de son offre, en raison du coût de ses services. À ce jour, Starlink propose dans les pays africains où elle est déjà présente des forfaits mensuels allant de 29 à 40 dollars, avec des mini-kits de connexion vendus à 299 dollars.
Pierre Mukoko et Ronsard Luabeya, stagiaire
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Lors du Conseil des ministres du 2 mai 2025, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a annoncé le lancement, « dans les prochains jours », du Switch monétique national mis en place par la Banque centrale du Congo (BCC). Baptisée Mosolo, cette plateforme technique assurera l’interopérabilité entre les systèmes de paiement électroniques — cartes bancaires, guichets automatiques, terminaux de paiement électronique, applications mobiles, etc. — établis ou opérant en République démocratique du Congo (RDC).
Concrètement, avec Mosolo, un client pourra utiliser sa carte bancaire dans les distributeurs automatiques de billets (DAB/GAB) et les terminaux de paiement électronique (TPE) d’autres banques membres du système. Un utilisateur de M-Pesa pourra aussi transférer de l’argent à un abonné Orange Money, et inversement. Des services qui seront rendus à des coûts réduits. « En centralisant les transactions nationales, le switch réduit les coûts d’opération et les dépendances aux réseaux étrangers comme Visa ou Mastercard », expliquent plusieurs experts.
Depuis 2020, la BCC travaille à la mise en œuvre de cette interopérabilité. Le 4 septembre 2024, elle a émis une instruction réglementaire à ce sujet, précisant les conditions de participation au Switch monétique national. Elle prévoit notamment une commission sur les retraits en espèces via un DAB, GAB, TPE ou un agent distributeur de monnaie électronique, payée par l’émetteur à charge du client. Une seconde commission concerne les paiements effectués chez un commerçant, payée par l’acquéreur à charge du marchand. Une troisième commission s’applique aux transferts entre participants, payée par l’établissement du client expéditeur, par exemple lors des opérations entre un compte bancaire et un portefeuille mobile.
Cette instruction est entrée en vigueur le 4 mars 2025, soit six mois après sa signature. Tous les établissements assujettis — banques, IMF, opérateurs de mobile money — avaient ce délai pour se conformer. Deux mois plus tard, ils sont censés être connectés à Mosolo pour garantir le bon fonctionnement du système.
Selon la Première ministre, cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale d’inclusion financière 2023–2028, qui vise à élargir l’accès aux services financiers, notamment en milieu rural et auprès des populations vulnérables. Le taux d’inclusion financière était de 38 % en 2022. La stratégie, publiée en juillet 2023, s’est fixé pour objectif d’atteindre 65 % d’ici 2028.
Le développement des services financiers mobiles reste un levier clé pour atteindre cet objectif. Les partenariats entre banques et opérateurs de mobile money ont permis de toucher une clientèle plus large, dans des zones où l’accès aux agences bancaires reste limité. L’interopérabilité devrait accélérer cette dynamique.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Selon un communiqué publié le 2 mai 2025, l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) a officiellement accordé une licence d’exploitation à la société Starlink DRC S.A., filiale locale du fournisseur d’accès à Internet par satellite du groupe SpaceX. Pour rappel, Starlink est une initiative d’Elon Musk visant à fournir une connexion Internet haut débit partout dans le monde grâce à une constellation de satellites en orbite basse.
Cette autorisation intervient après la régularisation de la situation administrative de la société. Starlink est désormais habilitée à opérer sur le marché congolais en tant que fournisseur de services Internet, en conformité avec la réglementation nationale en matière de télécommunications et des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Cette avancée devrait permettre un meilleur accès à Internet, notamment dans les zones rurales et enclavées du pays, où les infrastructures classiques sont souvent déficientes. Le lancement effectif des services de Starlink est attendu dans les prochains jours.
La société du milliardaire Elon Musk rejoint un marché congolais déjà occupé par 33 fournisseurs d’accès à Internet, selon le rapport semestriel (second semestre 2023) de l’ARPTC sur l’observatoire du marché de fourniture des services d’Internet. L’avènement de Starlink coïncide également avec les préparatifs du lancement de la 5G en RDC.
Selon le même rapport, la RDC comptait plus de 29,9 millions d’abonnés à l’Internet mobile, contre seulement 23 267 pour l’Internet fixe en 2023. Le taux de pénétration reste très faible pour le fixe (0,024 %), contre 31,49 % pour le mobile. Par rapport au semestre précédent, le nombre total d’abonnés a progressé de 15,4 %. Le marché des services Internet a généré plus de 599,1 millions de dollars, mais le taux de recouvrement du chiffre d’affaires pour l’Internet fixe reste bas, atteignant seulement 48,3 % chez les fournisseurs identifiés. D’après le rapport The Mobile Economy 2025, publié en mars dernier, la RDC devrait accueillir 15 millions de nouveaux abonnés à l’Internet mobile entre 2025 et 2030.
En mission à Washington (États-Unis) en mars 2025, le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique (PTN), Augustin Kibassa Maliba, avait rencontré les représentants de Starlink. L’entretien a porté sur la possibilité de déployer la technologie satellitaire de Starlink pour améliorer l’accès à Internet, notamment dans les zones rurales où près de 70 % de la population reste non connectée. À l’issue des échanges, les deux parties avaient convenu d’entamer les démarches administratives nécessaires pour le lancement des activités de Starlink en RDC, notamment l’élaboration d’un cahier des charges et l’obtention des licences d’exploitation.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Une équipe de l’Office congolais d’identification de la population (ONIP) s’est récemment rendue en Éthiopie pour s’inspirer de l’expérience du pays est-africain en matière d’identification numérique. Cette mission visait à tirer parti des enseignements du système Fayda, reconnu comme l’un des plus avancés du continent, afin de nourrir la réflexion sur la fiabilité et l’inclusivité du futur écosystème congolais.
La délégation congolaise a échangé avec les responsables de l’Agence d’identification nationale (ID Ethiopia) sur les modalités de déploiement du système, les défis rencontrés et les innovations mises en œuvre pour garantir une couverture nationale sécurisée.
La mission a également permis aux représentants de l’ONIP de visiter l’Administration de la sécurité des réseaux d’information (INSA), où ils ont exploré l’infrastructure à clés publiques (PKI) utilisée pour sécuriser les identités numériques et les transactions électroniques.
Une visite à l’Institut éthiopien d’intelligence artificielle a aussi permis à la délégation de mieux comprendre les synergies entre l’identité numérique et les technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle.
Delegations from the Democratic Republic of Congo @ONIP_RDC conducted an official visit to Ethiopia to engage in experience-sharing on Ethiopian Digital ID Fayda. The visit aimed at learning from Ethiopia’s progress in implementing a digital and inclusive #Digitalidentity system.… pic.twitter.com/g7ejvOHROV
— Fayda - Ethiopian National ID (@IDethiopia) April 17, 2025
Cette mission intervient alors que la République démocratique du Congo, pays de plus de 100 millions d’habitants, s’apprête à franchir une étape majeure dans la modernisation de son système d’identification. Un accord a été signé avec la société singapourienne Trident Digital Tech pour lancer le projet Tridentity.
Ce projet vise à déployer un système national d’identification numérique afin de moderniser l’administration publique, renforcer la sécurité des données et stimuler l’inclusion financière.
Le 22 mars 2025, le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba, a clôturé les travaux de l’atelier de validation du projet. À cette occasion, il a annoncé que des phases pilotes seraient lancées dans les semaines à venir, en intégrant les administrations clés, les principales banques et les opérateurs télécoms.
Grâce à ce projet, le pays espère créer de 30 000 emplois directs, augmenter de 40 % l’inclusion financière et réduire de 50 % des délais administratifs, rendant les services publics plus efficaces et accessibles.
L’expérience éthiopienne représente une source d’inspiration pour la RDC. Lancé avec le soutien de la Banque mondiale, le programme Fayda prévoit d’enregistrer numériquement au moins 90 millions d’Éthiopiens d’ici 2030, dans le cadre d’une stratégie nationale de transformation numérique sur cinq ans. Il est aujourd’hui considéré comme un modèle de référence sur le continent africain.
La rédaction avec We Are Tech
Le groupe Orange a posé la première pierre de son futur siège social en République démocratique du Congo (RDC), le 16 avril 2025. Cette cérémonie marque le lancement officiel des travaux, dont l’achèvement est prévu pour octobre 2027, selon les estimations de l’entreprise.
Le futur bâtiment comptera 8 étages pour une superficie totale de 10 000 m² et un système autonome de production de l’énergie solaire. Il sera situé à Kinshasa, sur l’avenue des Huileries, en face du stade des Martyrs de la Pentecôte, dans la commune de Lingwala.
« Ce projet témoigne de notre ambition numérique et de notre ancrage local », a commenté le directeur général d’Orange RDC, Ben Cheick Haidara. Cet investissement exprime la confiance de la société dans le potentiel économique et numérique du pays, malgré un environnement des affaires régulièrement considéré comme complexe.
Présidant la cérémonie, le ministre des Postes, Télécommunications et du Numérique, Augustin Kibassa Maliba, a souligné l’importance de cette initiative pour le développement technologique du pays. « La construction de ce siège ne se limite pas à un simple bâtiment ; bien plus, elle représente une avancée significative pour le développement technologique de la RDC (...). Un environnement de travail moderne et collaboratif, propice à l’innovation et à la création de nouveaux services qui bénéficieront à l’ensemble de la population congolaise », a-t-il déclaré.
Avec 18,5 millions d’abonnés, selon les dernières données de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), Orange est le deuxième opérateur du pays, derrière Vodacom (22,5 millions), mais devant Airtel et Africell.
Évolution trimestrielle des parts du marché global entre T2-24 et T3-24 (Source : Arptc)
Avec un total de 62,2 millions d’abonnés à la téléphonie mobile pour un taux de pénétration mobile de 65,8 % et 32,1 millions d’abonnés Internet mobile pour un taux de pénétration de 33,8 %, la RDC, avec ses plus de 100 millions d’habitants, est un marché qui n’a pas révélé tous ses atouts.
La volonté du gouvernement de positionner la transformation numérique comme moteur de la croissance économique et sociale est également révélatrice des opportunités qu’Orange perçoit dans le pays.
La société a en effet de la marge pour se positionner comme acteur de référence dans un ensemble de segments, notamment l’écosystème startup innovant en croissance, la numérisation des services publics et privés, le Cloud, le stockage de données, et la cybersécurité.
Évolution trimestrielle des parts de marché de la monnaie mobile par opérateur (source : ARPTC)
Avec un taux de pénétration de 26,7 %, le Mobile Money constitue également un levier prometteur de croissance pour l’opérateur.
La réalisation de ces ambitions reste toutefois conditionnée à la poursuite des réformes engagées par les autorités congolaises en faveur du développement de l’économie numérique. Cela inclut notamment l’amélioration du cadre réglementaire, la gestion du spectre de fréquences, le développement des infrastructures, l’attribution de nouvelles licences, et l’accès aux terminaux mobiles.
La stabilité politique et sécuritaire du pays demeure également un facteur déterminant pour permettre aux investissements de se concrétiser durablement.
Muriel Edjo, We Are Tech
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Le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique de la République Démocratique du Congo (RDC), Augustin Kibassa Maliba (photo, au centre), a signé, le 7 avril 2025, un protocole d’accord avec les entreprises chinoises Genew Technologies et Zhongshi Wosen pour la construction du réseau national de fibre optique du pays, selon les services de communication du ministère.
« Avec l’accompagnement du ministre et de l’Agence de pilotage, de coordination et de suivi des conventions de collaboration (APCSC), nous allons travailler pour pouvoir améliorer considérablement le secteur des télécommunications en RDC », a déclaré Wu Minhua, président-directeur général (PDG) de Genew Technologies. À l’en croire, la RDC figure depuis plusieurs années sur la liste des pays où son entreprise souhaite investir. « Le moment est arrivé, voilà pourquoi nous sommes là », a-t-il précisé.
Les protocoles d’accord formalisent généralement des intentions de coopération sans engagement juridiquement contraignant. Il faudra donc attendre la signature d’accords définitifs pour connaître les contours précis du partenariat et le niveau d’investissement attendu de la part de Genew Technologies et Zhongshi Wosen dans le développement du réseau national de fibre optique de la RDC.
Genew Technologies se présente comme une entreprise chinoise fondée en 2005 et basée à Shenzhen, spécialisée dans la fourniture de solutions de communication de bout en bout et d’infrastructures de télécommunications. L’entreprise est cotée à la Bourse de Shanghai.
En revanche, peu d’informations sont disponibles sur Zhongshi Wosen. On sait seulement qu’il s’agit d’une entreprise chinoise opérant déjà en RDC. En novembre 2024, son président, Zhou Tiesheng, avait accompagné une délégation gouvernementale congolaise lors d’une visite à la Central South University (CSU), une université publique chinoise située à Changsha, dans la province du Hunan.
« Ces entreprises chinoises spécialisées dans l’ingénierie sont déjà déployées en Angola et en Mauritanie, où elles évoluent dans le marché des TIC et de la communication par fibre optique », précisent les services de communication du ministère des Postes, Télécommunications et Numérique.
Selon le dernier rapport de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPTC) sur l’état du marché de l’Internet, seuls 9 361 km de fibre optique avaient été déployés sur les 50 000 km prévus dans le Plan national du numérique — horizon 2025, lancé en 2019.
Pierre Mukoko
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En mission à Washington (États-Unis), le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique (PTN), Augustin Kibassa Maliba, a rencontré, le 18 mars 2025, les représentants de Starlink afin d’examiner les opportunités d’expansion de la connectivité en République démocratique du Congo (RDC), selon un communiqué de la cellule de communication du ministère.
Ce rapprochement intervient après une période de friction. En mars 2024, l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) avait interdit à Starlink d’exploiter l’espace congolais, prévenant que « tout connexion, vente ou usage de ces équipements est considéré comme une violation des lois en vigueur et expose les contrevenants à des sanctions ».
L’entretien a porté sur la possibilité de déployer la technologie satellitaire de Starlink pour améliorer l’accès à Internet, notamment dans les zones rurales où près de 70 % de la population reste non connectée. Le ministre congolais a exprimé la volonté du gouvernement de renforcer l’infrastructure numérique nationale et de faciliter l’accès au haut débit pour les écoles, les centres de santé et les localités isolées, précise le communiqué. Il a également souligné l’importance de cette collaboration, à la fois pour le développement numérique et pour la sécurité nationale.
Filiale de SpaceX du milliardaire américain Elon Musk, Starlink a présenté ses capacités et son expertise en matière de connectivité satellitaire, mettant en avant ses réalisations dans plusieurs pays africains. L’entreprise est spécialisée dans l’accès à Internet par satellite, avec pour objectif de fournir une connectivité haut débit dans les zones où les infrastructures traditionnelles (fibre optique, réseau mobile) sont limitées ou inexistantes.
À l’issue des échanges, les deux parties ont convenu d’entamer les démarches administratives nécessaires, notamment l’élaboration d’un cahier des charges et l’obtention des licences d’exploitation. Un projet pilote devrait être lancé prochainement afin d’évaluer la faisabilité technique et l’impact social de cette initiative.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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La République Démocratique du Congo (RDC) figure parmi les 15 premiers marchés mondiaux qui devraient enregistrer la plus forte croissance du nombre d’abonnés à l’internet mobile entre 2025 et 2030, selon les projections de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). D’après son rapport The Mobile Economy 2025, publié il y a quelques semaines, la RDC devrait accueillir 15 millions de nouveaux abonnés à l’internet mobile sur cette période, se classant ainsi à la 12ᵉ place au niveau mondial et à la 5ᵉ en Afrique.
Le rapport ne précise pas les facteurs sur lesquels reposent ces prévisions. Toutefois, si elles se confirment, le pays devrait compter plus de 45 millions d’abonnés à l’internet mobile d’ici à 2030. Selon les dernières données de l’Agence de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), au 30 juin 2024, la RDC comptait 59,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et 30,7 millions d’abonnés à l’internet mobile, pour une population estimée à 95,2 millions d’habitants.
En nombre d’abonnés, le marché de l’internet mobile en RDC reste dominé par Vodacom, qui détient 36,78 % de parts, suivi d’Airtel (28,79 %), Orange (28,33 %) et Africell (6,10 %). Mais en termes de revenus, c’est Airtel qui arrive en tête avec 36,19 %, devant Orange (32,72 %), Vodacom (27,12 %) et Africell (3,92 %). Cette configuration pourrait toutefois évoluer à court terme.
Entre le premier et le deuxième trimestre 2024, Africell et Orange ont enregistré des hausses respective de 14,26% et 11,2 % de ses revenus issus des services data alors que Vodacom et Airtel voyait leurs revenus reculer respectivement de 2,25% et de 0,39.
Dynamique Africaine
Par ailleurs, le partenariat stratégique conclu en janvier 2025 entre Vodacom et l’opérateur français Orange pourrait également redessiner le paysage du secteur. Présenté comme une réponse aux défis de la connectivité dans les zones rurales, cet accord prévoit la construction et l’exploitation conjointe de 2 000 stations de base solaires au cours des six prochaines années, offrant ainsi à des millions de personnes un accès aux services de télécommunications et de finance mobile.
Dans le même temps, Africell est positionné par les États-Unis comme un acteur clé pour le développement des télécommunications le long du corridor de Lobito. Des financements sont déjà annoncés pour accompagner l’expansion de l’opérateur américain en Angola et en République Démocratique du Congo.
Selon le rapport de la GSMA, près de 800 millions de nouveaux abonnés à l’internet mobile devraient être enregistrés dans le monde d’ici 2030, portant le nombre total d’utilisateurs à 5,5 milliards, soit 64 % de la population mondiale. L’Afrique représentera près de 35 % de cette croissance, avec six pays présents dans le top 15 mondial.
Le Nigeria devrait connaître la plus forte progression sur le continent, avec 38 millions de nouveaux abonnés attendus, ce qui le classe au 4ᵉ rang mondial. Suivent l’Éthiopie (19 millions), l’Angola (18 millions), l’Égypte (15 millions) et la RDC (15 millions également). La Tanzanie ferme le classement avec 11 millions de nouveaux abonnés projetés.
La région Asie-Pacifique concentrera près de 40 % des nouvelles connexions, principalement grâce à l’Inde (141 millions de nouveaux abonnés), au Pakistan (39 millions) et à l’Indonésie (38 millions). La Chine, de son côté, occupera la 2ᵉ place mondiale avec 45 millions de nouveaux abonnés prévus.
Pierre Mukoko et Timothée Manoke, stagiaire
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L’Union européenne (UE) revendique un investissement de 805 000 euros (près de 900 000 dollars au taux actuel) dans le financement de cinq mini-projets numériques en République Démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris lors de l’atelier de capitalisation du projet Promotion de la recherche, de l’innovation et de la culture numérique en Afrique centrale (Pricnac), tenu du 10 au 14 mars 2025 à Douala, au Cameroun. Ce financement s’inscrit dans le cadre du Pricnac, coordonné par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) entre janvier 2021 et janvier 2025.
Selon le coordonnateur du Pricnac, Jean Calvin Tjombe, les mini-projets ont été sélectionnés après un appel à candidatures, sur la base d’un plan de recherche et d’innovation propre à chaque initiative. L’atelier de capitalisation du projet a permis de dresser un bilan des cinq mini-projets. À cette occasion, Bankable a rencontré trois des cinq responsables de projet, qui présentent les résultats obtenus.
Enseignement à distance
Olivier Mugisho Mugaruka est enseignant à l’Université catholique de Bukavu et coordonnateur adjoint du projet Renforcement de l’apprentissage individuel et amélioration de la qualité de la formation via l’accès aux ressources numériques (RAQF). Financé à hauteur de 155 000 euros, ce projet a permis l’installation d’un intranet visant à améliorer la qualité de l’enseignement à l’Université catholique de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, ainsi qu’à l’Institut supérieur d’informatique et de gestion de Ngoma, dans le Nord-Kivu.
En plus de la mise en place de l’intranet, « nous avons configuré la bibliothèque numérique à partir des serveurs que nous avons acquis, de telle sorte que les étudiants et les enseignants aient accès aux ressources numériques », explique Olivier Mugisho Mugaruka. Il précise également que les fonds du projet ont permis la scénarisation et la numérisation des cours dans les deux institutions universitaires. Ces infrastructures et cette expérience devraient être précieuses pour la mise en place de l’enseignement à distance, récemment décidé par le gouvernement pour assurer la continuité des cours dans les localités sous occupation, notamment à Goma et Bukavu.
Valorisation des déchets
Bénéficiaire d’une subvention de 150 000 euros, le projet Hub numérique d’accompagnement des femmes dans la valorisation des déchets (Hubnafe-Vad) est mené conjointement par le FabLab Ecodechet UEA de l’Université évangélique en Afrique (UEA) de Bukavu et le Centre de recherches intégrées en éducation relative à l’environnement (CRI-ERE) de l’Université protestante d’Afrique centrale (UPAC) au Cameroun. Il est porté par Fabrice Nfuamba Lukeba, enseignant à l’UEA de Bukavu.
Selon lui, le projet a permis la création de deux hubs, l’un à Bukavu et l’autre à Yaoundé, où 20 femmes, réparties équitablement entre les deux villes, ont conçu des prototypes brevetés basés sur la valorisation des déchets. Ces femmes ont été équipées d’outils de pointe, notamment des imprimantes 3D, des scanners et des logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO), leur permettant de développer des solutions durables pour la gestion et la traçabilité des déchets urbains, face aux défis logistiques rencontrés dans ce domaine.
De son côté, le projet Entrepreneuriat vert au service du développement durable dans la ville de Kisangani et ses environs (Unikis), financé à hauteur de 160 000 euros, a permis la formation et la structuration de dix jeunes entrepreneurs en coopérative. Selon son coordonnateur, Jean Bakondongama Babapene, ces entrepreneurs transforment les déchets plastiques et ménagers en produits écologiques, tels que des pavés et du charbon écologique, contribuant ainsi à la dépollution de Kisangani et à la préservation de l’environnement.
Renforcer la recherche-innovation
D’un coût global de 4 884 128 millions d’euros pour 17 mini-projets dans huit pays d’Afrique centrale, le Pricnac a été financé à 15 % par l’Organisation des États de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Oeacp), et à 85 % par l’UE dans le cadre du fonds ACP pour l’innovation et son programme recherche et innovation.
Le projet a pour objectif de renforcer les capacités recherche-innovation dans les pays d’Afrique centrale par la consolidation des écosystèmes d’innovation et la création des synergies productrices entre l’entrepreneuriat, le numérique et les politiques d’innovation au service du développement durable et de la réduction de la pauvreté.
Frédéric Nonos à Douala
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L’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) a lancé un appel à consultation publique pour préparer l’introduction de la 5G en République Démocratique du Congo (RDC). Cette initiative, qui se déroulera du 3 mars au 2 avril 2025, vise à impliquer les acteurs du numérique dans l’élaboration d’une feuille de route inclusive pour le déploiement de cette technologie.
La 5G ne se limite pas à une amélioration des réseaux mobiles existants. Elle incarne une véritable révolution technologique, promettant des débits plus rapides, une latence réduite et une connectivité accrue. Pour la RDC, un pays en pleine transformation numérique et diversification économique, cette technologie pourrait servir de catalyseur de développement. Elle permettrait d’accélérer la numérisation des entreprises, d’optimiser les services publics et de stimuler l’innovation dans des secteurs économiques clés tels que l’agriculture, la mine.
La 5G pourrait être réservée dans une première étape à des usages industriels, au regard des données de consommation grand public du marché de la téléphonie mobile qui traduisent en quelque sorte la maturité du marché. Dans son dernier rapport sur l’état du marché de l’Internet, le régulateur télécoms indique que la RDC enregistrait 30 769 441 utilisateurs d’Internet mobile contre 23 267 pour l’Internet fixe. Soit des taux de pénétration respectifs de 31,49 % et 0,024 %. La 3G et la 4G ne couvraient encore que 55 % et 45 % de la population et seuls 9361 de kilomètres de fibre optique étaient déjà déployés sur les 50 000 km prévus à travers le territoire national.
Si la 5G représente une opportunité majeure pour la RDC, son déploiement ne sera pas sans difficulté. Le pays doit d’abord faire face à des lacunes en matière d’infrastructures numériques. Un autre enjeu majeur concerne la régulation. L’ARPTC, consciente de la complexité du projet 5G qui nécessite une planification minutieuse, une régulation adaptée et une collaboration entre les secteurs public et privé, veut profiter de cette consultation pour recueillir l’avis de l’écosystème sur diverses questions clés comme la gestion du spectre des fréquences ; le partage des infrastructures et l’accès au domaine public ; les obligations de licences.
Muriel Edjo
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Ecobank et XTransfer sont désormais liés par un protocole d’accord. Dans un communiqué publié le 6 février 2025, le groupe bancaire panafricain annonce que cette collaboration avec la plateforme chinoise de paiement transfrontalier vise à faciliter les transactions commerciales entre la Chine et l’Afrique en proposant des solutions complètes de paiements transfrontaliers aux entreprises.
Les deux partenaires ciblent un marché en pleine expansion, avec des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ayant atteint 282 milliards de dollars en 2023. Parmi ces échanges, 18,75 milliards de dollars concernent spécifiquement les flux entre la Chine et la République Démocratique du Congo (RDC). Ce volume place la RDC, où Ecobank détient une filiale, au 4e rang des partenaires commerciaux de la Chine en Afrique.
Comme le reconnaît Ecobank, malgré l’importance des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique, les acteurs économiques font face à de nombreuses contraintes liées aux paiements internationaux et aux transactions financières. Parmi les défis majeurs, figurent les difficultés d’ouverture de comptes auprès des banques traditionnelles, le risque de gel des fonds, les problèmes de change et les pertes associées, les délais de transfert allongés ainsi que des coûts élevés des transactions.
En RDC, les banques appliquent actuellement des frais de transfert variant entre 0,75 % et 1 % du montant transféré, avec un minimum de 45 à 50 USD. Les délais de traitement peuvent aller de trois jours à une semaine, voire plus, et certaines transactions sont soumises à des restrictions qui ralentissent encore davantage le processus. Un autre enjeu majeur concerne la dépréciation constante du franc congolais. En 2024, selon la Banque centrale du Congo (BCC), la monnaie locale s’est dépréciée de 0,12 % sur le marché officiel et de 0,39 % sur le marché parallèle par rapport au dollar américain.
Tarification
« Grâce à l’important réseau d’Ecobank en Afrique, XTransfer pourra offrir à ses clients chinois des services de réception de paiements en devises locales africaines. De plus, les PME africaines pourront effectuer des paiements en monnaies locales, atténuant ainsi les risques liés au change », indique le groupe bancaire panafricain. « En intégrant les solutions innovantes de XTransfer à notre plateforme panafricaine de paiements, nous simplifions les transactions, réduisons les coûts et permettons aux entreprises africaines de prospérer sur les marchés mondiaux. », ajoute le PDG du groupe, Jeremy Awori.
Les tarifs de transfert affichés sur le site de XTransfer se distinguent par leur compétitivité. Pour un paiement vers le compte bancaire d’un fournisseur en Chine, les frais sont plafonnés à 0,4 %. En revanche, les transactions entre deux comptes XTransfer sont entièrement gratuites et instantanées, quel que soit le montant transféré, indique la fintech sur son site. Il reste à voir comment évoluera cette tarification dans le cadre du partenariat avec Ecobank. Une chose est certaine : cette collaboration vise à permettre à chaque partie d’atteindre ses objectifs stratégiques.
« En tirant parti du vaste réseau de paiements d’Ecobank en Afrique, nous accélérons notre expansion dans la région », avoue Bill Deng, fondateur et PDG de XTransfer. Le groupe bancaire panafricain est peu dissert sur ses attentes. Mais toutes les banques cherchent à améliorer leurs résultats nets bancaires. Sur cette indicateur, Ecobank a occupé le 6e rang en 2023 avec 61 millions de dollars, loin derrière Rawbank, leader du marché avec 461 millions de dollars.
Il reste aussi à voir comment Ecobank et XTransfer surmonteront les défis liés à la réglementation bancaire notamment en RDC. Selon le dernier rapport de Deloitte sur le secteur bancaire congolais, parue en décembre 2024, la BCC impose de plus en plus des règles strictes pour renforcer la transparence et lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Timothée Manoke, Stagiaire
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En décembre 2024, Vodacom RDC, filiale locale du groupe sud-africain Vodacom, comptait environ 6,4 millions de clients actifs sur sa solution de paiement mobile M-Pesa, selon un document officiel consulté par Bankable. Les clients actifs sont ceux qui ont utilisé ce service financier au moins une fois durant le mois de novembre précédent. Ce chiffre représente une hausse de 28,4 % par rapport à la même période en 2023, où le nombre d’utilisateurs s’élevait à 5,88 millions.
Comparée aux autres marchés de Vodacom en dehors du Kenya, cette croissance soutenue positionne la République Démocratique du Congo comme un relai stratégique pour le développement du M-Pesa. Cette dynamique s’est également traduite par une hausse significative des revenus. Une modélisation des résultats de Vodacom, dont l’exercice financier démarre en avril, montre que les transactions M-Pesa en RDC ont généré 2,67 milliards de rands. Avec un taux de change moyen de 17,8 rands pour un dollar américain, cela correspond à environ 145,8 millions de dollars pour la période de 12 mois se terminant en décembre 2024, un chiffre qui devra être confirmé par des données auditées.
Vodacom domine le marché des services financiers mobiles en RDC. Selon les chiffres les plus récents publiés par l’autorité de régulation des télécommunications, sa branche dédiée aux services financiers comptait 13,1 millions d’abonnés (y compris les comptes inactifs depuis plus de 90 jours) à la fin du premier semestre 2024, soit plus de 53 % de part de marché.
Cette position dominante se reflète également dans les revenus générés. M-Pesa a enregistré un chiffre d’affaires de 85 millions de dollars sur la période, faisant de lui le service le plus rentable du secteur. Il devance ainsi Orange Money, Airtel Money et Afrimoney, qui se partagent les 89,2 millions de dollars restants sur ce segment.
Malgré sa position dominante sur le marché des services financiers mobiles en RDC, Vodacom doit composer avec une concurrence réelle. Au deuxième trimestre 2024, le chiffre d’affaires de M-Pesa a enregistré une baisse de 4,19 % par rapport au premier trimestre, alors que ses principaux concurrents ont progressé. Airtel Money, avec un chiffre d’affaires de 31,9 millions de dollars, a connu une hausse de 6,5 %, tandis que Orange Money a affiché une croissance de 12,3 % sur la même période.
Certains indicateurs laissent entrevoir des résultats mitigés pour le second semestre 2024. Toutefois, avec un taux de pénétration des services financiers mobiles de seulement 25,7 %, le marché offre encore de fortes opportunités de croissance pour tous les acteurs du secteur.
Georges Auréoles Bamba
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Au cours de l’année académique 2024-2025, la République démocratique du Congo (RDC) a lancé la mise en place d’une « base de données nationale unique et unifiée de l’enseignement supérieur et universitaire ». Ce projet vise à assurer le suivi des étudiants, de l’inscription à l’obtention du diplôme, ainsi que celui du personnel académique, du recrutement à la retraite.
Selon la circulaire instituant cette base de données, signée le 12 février 2025 par la ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), Marie-Thérèse Sombo Ayanne, la gestion du système se fera via la plateforme numérique PathAcademia, développée par la société Hope Systems and Finance. La même circulaire précise que les frais « Solution numérique ESU », mentionnés au point 294 de l’Instruction académique n° 026 du 28 octobre 2024, seront versés à Hope Systems. Ces frais sont fixés à 20 dollars par étudiant.
D’après le dernier rapport sur le système éducatif national, la RDC comptait 564 000 étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur en 2019-2020. Sur cette base, ce partenariat devrait rapporter à Hope Systems un chiffre d’affaires de plus de 11 millions de dollars en 2025. Avec l’augmentation annuelle du nombre d’étudiants, cette manne devrait être encore plus conséquente. Cependant, l’Instruction académique du 28 octobre 2024 ne précise pas si ce paiement sera reconduit chaque année ou s’il s’agit d’un règlement unique.
La Société Hope Systems and finance apporte une solution numérique au ministère de l’ESU/RDC pic.twitter.com/NA0WRY7M0d
— A-Katsh (@MUKADIALEX) January 10, 2025
Le contrat liant le ministère de l’ESU à Hope Systems n’a pas été rendu public. Il est donc difficile de déterminer avec précision l’ensemble des prestations attendues du partenaire privé. Cependant, à la lecture de la circulaire du 12 février 2025, il ressort que la plateforme PathAcademia devrait permettre de stocker des données antérieures à cette année académique, d’intégrer des moyens de paiement via les banques et de mettre en place des passerelles avec les modèles de gestion numérique déjà existants au sein des établissements d’enseignement supérieur et universitaire.
Par ailleurs, il est d’usage que ce type de prestation inclue également le stockage et la protection des données, la maintenance de la plateforme, ainsi que son adoption par les utilisateurs, ce qui pourrait nécessiter des formations.
À ce jour, peu d’informations sont disponibles sur Hope Systems and Finance. Son site internet est en maintenance et l’entreprise ne semble pas active sur les réseaux sociaux. Lors d’une séance de travail en janvier dernier avec la ministre de l’ESU, le directeur des opérations de l’entreprise, Alex Mukadi, l’a présentée comme une société spécialisée en informatique.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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