Pour l’exercice 2025, Alphamin Resources vise désormais une production comprise entre 18 000 et 18 500 tonnes à sa mine d’étain de Bisie, en République démocratique du Congo. « La société prévoit de produire environ 5 000 tonnes d’étain contenu au cours du dernier trimestre, ce qui, combiné à sa production cumulée de 13 566 tonnes depuis le début de l’année, porte les prévisions annuelles entre 18 000 et 18 500 tonnes, contre 17 500 tonnes auparavant », indique le rapport opérationnel publié le 8 octobre dernier.
Alphamin, qui tablait initialement sur 20 000 tonnes en 2025, avait abaissé sa cible à 17 500 tonnes en avril dernier, après la suspension d’un mois de ses opérations face à l’avancée de groupes rebelles dans l’Est du pays. Cet arrêt temporaire avait provoqué une baisse de 4 % de la production au deuxième trimestre. La société s’attend toutefois à de meilleures performances, les « installations de traitement continuant d’afficher de bons résultats ».
Au troisième trimestre, Alphamin a produit 5 190 tonnes, soit une hausse de 26 % par rapport au trimestre précédent. Reste à confirmer, au dernier trimestre, la réalisation de l’objectif révisé. Pour mémoire, la mine de Bisie avait livré 17 324 tonnes en 2024.
ASH, Agence Ecofin
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Le port de Boma, situé dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, a accueilli le mardi 8 octobre 2025 le navire MV APALOS, exploité par Maersk Congo. Il s’agit du premier navire commercial à accoster dans ce port depuis plus de dix ans, selon l’Agence congolaise de presse (ACP). Le bâtiment transportait une quantité importante de conteneurs.
La maire intérimaire de Boma, Claudelle Phemba, a indiqué que cette escale faisait suite à une réunion tenue le 8 juillet 2025 entre la mairie et Maersk Congo, au cours de laquelle la société avait confirmé son intention de reprendre ses activités dans ce port. Pour Maersk Congo, cette opération s’inscrit dans une stratégie de diversification des points d’accès logistiques à travers le pays, en réponse à la demande croissante d’infrastructures portuaires modernes et efficaces.
En complément de cette escale commerciale, huit nouveaux bateaux de pêche industrielle, construits en Égypte par la société Pyrlant Shipyard, doivent également accoster à Boma avant leur mise en service.
L’accostage du navire de Maersk et l’arrivée attendue des bateaux de pêche industrielle pourraient marquer le début d’une relance des activités au port de Boma, longtemps resté à l’arrêt.
BK
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À quelques jours de l’entrée en vigueur du système de quotas à l’exportation du cobalt en République démocratique du Congo (RDC), fixée au 16 octobre 2025, le texte d’application n’a toujours pas été rendu public, relève l’avocat d’affaires Romain Battajon dans un post sur LinkedIn. Président de la commission juridique de la Chambre des mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), il exprime une préoccupation partagée par l’ensemble des acteurs de la filière.
Ce texte est particulièrement attendu : il doit préciser les conditions d’obtention et d’attribution des quotas, ainsi que les nouvelles règles en matière d’exportation, incluant les frais de régulation et de contrôle, l’instauration d’un système de prépaiement des contributions dues à l’État et le nouveau dispositif de formalités douanières. Sans ce cadre, aucune exportation de cobalt ne pourra être effectuée, ce qui risquerait de prolonger de facto l’embargo au-delà du 15 octobre.
Cette incertitude pèse notamment sur le chinois CMOC. Ses deux filiales congolaises, Tenke Fungurume et Kisanfu, ont exporté ensemble 95 779 tonnes en 2024. L’entreprise, dont le principal actionnaire est CATL, dépendant du cobalt congolais pour répondre à la demande croissante des véhicules électriques et autres applications industrielles en Chine. Sa filiale IXM, spécialisée dans le négoce de métaux, avait d’ailleurs déclaré un cas de force majeure le 30 juin dernier sur ses contrats de fourniture, après la prolongation de l’embargo en RDC.
Le 20 septembre 2025, l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) avait annoncé la fin de l’embargo et l’entrée en vigueur du système de quotas dès le 16 octobre. Pour le dernier trimestre 2025, un plafond de 18 125 tonnes est prévu (3 625 tonnes en octobre, puis 7 250 tonnes en novembre et décembre). Pour 2026 et 2027, le plafond annuel a été fixé à 96 600 tonnes.
Boaz Kabeya
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L’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), le Fonds de Garantie pour l’Entrepreneuriat au Congo (FOGEC), la Rawbank et Rawsur ont mis en place un programme national de financement destiné aux sous-traitants congolais opérant dans les secteurs minier, énergétique et des infrastructures.
Présenté le 6 octobre 2025 à la Première ministre Judith Suminwa, ce projet vise à faciliter l’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises (PME) congolaises, afin de leur permettre de répondre aux appels d’offres et d’exécuter des marchés. Selon les services de communication de la Primature, les prêts proposés varieront entre 10 000 et 1 million de dollars, en fonction de la taille et de la capacité de chaque entreprise.
L’intervention de Rawbank se fera par le biais de son programme « 20 000 PME ». Doté d’une enveloppe globale de 200 millions de dollars, ce programme vise à intégrer des PME aux chaînes de valeur des grandes entreprises. En juillet dernier, le directeur de la banque, Rawji Mustafa, avait indiqué, lors d’une rencontre avec l’ARSP, que 8 000 PME avaient déjà bénéficié de ce dispositif. L’ARSP facilitera désormais le financement des 12 000 entreprises restantes, en s’appuyant sur son expertise, notamment via sa direction de suivi des marchés, pour identifier les PME crédibles et assurer leur accompagnement.
Le directeur général de l’ARSP, Miguel Kashal, a souligné que cette initiative permettrait non seulement de financer les PME mais aussi d’assurer des paiements rapides par les sociétés principales, renforçant ainsi leur croissance : « Nous transmettrons à Rawbank la liste des sous-traitants ayant remporté des marchés. L’objectif est de soutenir ces entrepreneurs afin qu’ils se développent et deviennent des acteurs majeurs, car il est impossible de réaliser de grandes affaires sans l’accompagnement des banques. »
De son côté, le FOGEC garantira les crédits octroyés, réduisant ainsi le risque pour la banque et renforçant la confiance du secteur financier envers les entreprises locales. Un mécanisme de suivi et d’encadrement sera également mis en place pour assurer la bonne gestion des fonds et la viabilité des projets financés.
Ronsard Luabeya
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Face aux difficultés d’approvisionnement qui paralysent une partie des activités économiques dans le Sud-Ubangi, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, John Banza, a annoncé le lancement, avant la fin du mois d’octobre, des travaux de réhabilitation de la route Gemena–Akula. Il a précisé que le gouvernement avait déjà débloqué les fonds nécessaires pour la remise en état de cet axe, ainsi que pour la route de Ndongo.
Le 7 octobre 2025, le ministre a reçu la sénatrice Nadine Boboy, venue plaider pour la réhabilitation de ces deux routes. Elle a alerté sur la dégradation avancée de ces axes stratégiques, qui entrave l’approvisionnement de la ville de Gemena. Selon elle, l’état actuel de la route empêche les camions d’y circuler, obligeant les passagers à passer la nuit à la belle étoile. Le retour des pluies a, en outre, aggravé la situation, rendant la circulation presque impossible.
Longue de 117 km, la route Gemena–Akula relie la ville de Gemena au port fluvial d’Akula, principal point d’évacuation des produits agricoles vers Kinshasa et d’autres centres urbains. Sa remise en état est jugée essentielle pour rétablir la fluidité du trafic et soutenir le commerce local.
Il convient de rappeler qu’en juillet dernier, le Fonds national d’entretien routier (FONER) avait déjà engagé des travaux d’entretien sur ce tronçon, financés à hauteur de 681 829,96 dollars américains et exécutés par l’Office des routes pour une durée prévisionnelle de 90 jours, hors intempéries. À cette période, seulement 50 % des fonds avaient été décaissés, le solde devant suivre dans les semaines suivantes.
Ronsard Luabeya
A la sortie d’une audience avec le directeur général du Fonds de promotion de l’industrie (FPI), Hervé Claude Ntumba Batukonke, début octobre à Kinshasa, le directeur général de la société tunisienne Système informatique de gestion automatisée (SIGA), Zouheir Ben Ali, a annoncé que la mise en production du système numérique du FPI interviendrait d’ici la fin de l’année 2025, ouvrant la voie à la digitalisation de l’institution publique.
Cette initiative s’inscrit dans l’ambition du FPI de digitaliser l’ensemble de ses services, un objectif placé parmi les priorités du programme de réforme de la nouvelle direction. Lors de la cérémonie de remise et reprise en août dernier, Hervé Claude Ntumba avait souligné que la modernisation technologique serait au cœur de sa stratégie de gestion. Dans le plan triennal 2026-2028 du FPI, la digitalisation complète des processus organisationnels figure également parmi les priorités, afin d’accroître l’efficacité et la transparence des opérations.
Selon le DG de SIGA, deux phases du projet ont déjà été achevées : celles des études et de l’installation du système. « Nous avons démarré la phase de paramétrage du système avec les départements, donc aujourd’hui pratiquement nous sommes dans la phase 3 », a-t-il expliqué à l’issue de sa rencontre avec le DG du FPI.
D’après les informations internes au FPI, la firme SIGA a été sélectionnée à l’issue d’un appel d’offres international lancé en juillet 2024, portant sur la « fourniture, l’installation et la mise en œuvre d’un système de gestion intégrée (ERP) ». Un an plus tard, en juillet 2025, l’établissement annonçait être sur le point de conclure officiellement le partenariat avec SIGA. À ce jour, les détails de ce partenariat n’ont pas encore été rendus publics.
SIGA se présente comme une société spécialisée dans le développement de logiciels et de solutions informatiques, notamment dans la conception de systèmes de gestion intégrés personnalisés et de systèmes d’information adaptés aux besoins d’institutions publiques et privées. Selon les informations disponibles sur son site officiel, elle conçoit également des systèmes interactifs à large portée en temps réel, reposant sur des bases de données optimisées et des technologies de quatrième génération (4G). Le FPI précise que SIGA gère déjà les systèmes informatiques de la Société des chemins de fer de Tunisie, de Tunisie Telecom, de la compagnie aérienne Tunisair, ainsi que de plusieurs banques.
Établissement public à caractère financier, le FPI a pour mission de promouvoir l’industrie locale afin de renforcer l’autonomie de l’appareil de production et d’assurer l’équilibre industriel national. Ses ressources sont destinées à financer des projets industriels, à soutenir la recherche et l’innovation, ainsi qu’à développer les infrastructures économiques.
Entre avril 2024 et mai 2025, le FPI a ainsi alloué près de 6,5 millions de dollars de crédits à six projets dans des secteurs tels que la fabrication de produits pharmaceutiques, de meubles, de boissons, de savons et l’imprimerie, selon les données publiées sur son site officiel.
Timothée Manoke
Compte unique du Trésor : l’intersyndicale redoute la perte d’autonomie financière du FPI
Ten illegal gold mining sites have reportedly been identified inside the concessions of Kibali Gold Mines, a subsidiary of Canada’s Barrick Gold, in Haut-Uélé province.
The finding was announced on October 5, 2025, after an inspection led by Mines Minister Louis Watum Kabamba, joined by the provincial governor and security officials.
The Kibali concessions, covering about 1,836 square kilometers in the Moto goldfields of Watsa territory, are among ten permits held by the company. Officials say these areas are regularly invaded by illegal artisanal and semi-industrial miners.
At Barrick Gold’s 50th annual conference in 2023, CEO Mark Bristow had already warned about the rise of illegal mining in parts of Haut-Uélé, citing the involvement of foreign operators, mainly of Asian origin.
During the minister’s visit, several Chinese nationals were caught mining inside one of the concessions. They were carrying out open-pit artisanal and semi-industrial operations using heavy machinery and employing Congolese workers in unsafe conditions, in violation of the Mining Code.
Provincial authorities and security forces dismantled the network. The minister ordered the arrest of those involved, the seizure of equipment, and the closure of the site. He denounced the illegal exploitation of national resources by foreign operators.
The scale of Kibali Gold’s losses is still unclear. However, during a meeting with the Mines Minister on September 18, 2025, industry representatives called encroachment on mining concessions the “most critical problem.” The Federation of Enterprises of Congo (FEC) estimates that the phenomenon has already cost at least one mining company more than $3 billion through illegal extraction.
Ronsard Luabeya
Dans la province du Haut-Uélé, dix sites d’exploitation illégale d’or auraient été identifiés au sein des concessions minières de Kibali Gold Mines, filiale du groupe canadien Barrick Gold. L’information a été révélée le 5 octobre 2025 à l’issue d’une mission d’inspection menée par le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, accompagné du gouverneur de province et des services de sécurité.
Ces concessions, qui couvrent environ 1 836 km² dans les champs aurifères de Moto, situés dans le territoire de Watsa, figurent parmi les dix permis d’exploitation détenus par Kibali Gold. Selon les responsables de l’entreprise, elles sont régulièrement envahies par des exploitants artisanaux et semi-industriels illégaux. Déjà, lors de la 50ᵉ conférence annuelle de Barrick Gold en 2023, le PDG Mark Bristow avait alerté sur la montée de l’exploitation minière illégale dans certaines zones aurifères du Haut-Uélé, évoquant notamment la présence d’opérateurs étrangers d’origine asiatique.
Au cours de la visite ministérielle, plusieurs ressortissants chinois ont été surpris en pleine activité dans l’une des concessions de Kibali. Ils menaient des opérations d’extraction artisanale et semi-industrielle à ciel ouvert, utilisant des engins lourds et employant des ouvriers congolais dans des conditions précaires, en violation du Code minier.
Le réseau a été démantelé grâce à l’appui des autorités provinciales et des forces de sécurité. Le ministre a ordonné l’arrestation immédiate des responsables, la saisie des équipements utilisés et la fermeture du site concerné. Il a également dénoncé la spoliation des ressources nationales par des opérateurs étrangers agissant en marge de la loi.
On ignore encore l’ampleur exacte des pertes subies par Kibali Gold. Toutefois, lors d’une concertation avec le ministre des Mines tenue le 18 septembre 2025, les opérateurs du secteur ont qualifié l’envahissement des concessions de « problème le plus critique ». Selon, la Fédération des entreprises du Congo (FEC), ce phénomène aurait déjà coûté à une seule société minière plus de 3 milliards de dollars de pertes liées à la spoliation de gisements.
Ronsard Luabeya
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À l’issue de la réunion de son Comité de politique monétaire (CPM), tenue le 7 octobre 2025, la Banque centrale du Congo (BCC) a décidé d’assouplir sensiblement sa politique monétaire. Le taux directeur, qui détermine le coût auquel les banques commerciales se refinancent auprès d’elle, passe de 25 % à 17,5 %, tandis que celui des facilités de prêt marginal — appliqué en cas de besoins urgents de liquidités — recule de 30 % à 21,5 %.
Cet ajustement technique, le plus important depuis 2021, vise à rendre le financement en franc congolais (FC) moins coûteux pour les banques commerciales et, par extension, pour l’État, les entreprises et les ménages. Il pourrait ainsi encourager l’octroi de crédits aux acteurs économiques et, de facto, accroître la quantité de franc congolais en circulation.
Dans son communiqué, la BCC ne le dit pas explicitement. Mais ces mesures s’inscrivent dans une stratégie de réhabilitation du rôle du franc congolais dans les échanges économiques, afin de réduire la dépendance structurelle au dollar américain, qui représente aujourd’hui plus de 90 % des transactions. C’est l’objectif central fixé par André Wameso depuis son arrivée à la tête de la banque centrale, en juillet dernier.
Derrière cet objectif monétaire se cache un véritable enjeu de souveraineté. La domination du dollar limite la marge de manœuvre des autorités congolaises, notamment en matière de gestion de la liquidité et de contrôle des flux financiers. Une dépendance excessive expose également l’économie aux décisions unilatérales de Washington, comme d’éventuelles restrictions sur l’importation de billets verts. En renforçant l’usage du franc congolais, la BCC espère réduire cette vulnérabilité externe et consolider la stabilité interne, alors que les fondamentaux économiques s’améliorent.
Selon le communiqué du CPM, l’inflation, qui atteignait 15,1 % en septembre 2024, est retombée à 7,8 % un an plus tard, tandis que la monnaie nationale s’est appréciée d’environ 11,6 % sur le marché officiel et de 7,8 % sur le marché parallèle, pour se situer respectivement autour de 2 549 et 2 659 FC pour un dollar. Pour 2026, la BCC projette une inflation de 6,8 %, une stabilisation du taux de change à des niveaux « plus bas » et une croissance économique « robuste ».
Pari risqué
Toutefois, les effets de ces mesures ne seront pas automatiques. Ils dépendront de la confiance des acteurs économiques dans la monnaie locale. Une offre accrue de FC qui ne rencontrerait pas une demande suffisante risquerait de fragiliser l’équilibre et d’entraîner une nouvelle dépréciation.
La forte dépendance de la RDC aux importations demeure également un risque majeur. À fin juillet 2025, celles-ci ont progressé de près de 6 %, accentuant le besoin de devises, alors que les exportations ont reculé de près de 18 %, notamment à cause de la suspension des ventes de cobalt. Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’accélération des sorties de devises constitue désormais l’un des principaux risques pour la soutenabilité des réserves de change.
Consciente de ces menaces, la BCC assure qu’elle reste prête « à réagir en cas de retournement de situation ». Pour renforcer l’équilibre, elle prévoit déjà de ponctionner la liquidité excédentaire en mettant en œuvre, à partir du 15 octobre, le deuxième palier d’actualisation du taux de change appliqué aux réserves obligatoires, resté figé à 1 999 FC pour un dollar depuis 2021. Selon le gouverneur, la première actualisation a contribué au raffermissement du FC en retirant l’équivalant de 371 milliards de FC du marché.
En parallèle, la BCC encourage les opérateurs économiques à effectuer leurs transactions en francs congolais. Le gouvernement compte, de son côté, renforcer le recouvrement d’une partie des impôts en monnaie locale. Enfin, la baisse du taux directeur devrait permettre au Trésor public de refinancer ses emprunts à des conditions plus avantageuses, réduisant ainsi la charge d’intérêts sur la dette intérieure.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
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On en sait un peu plus sur le contenu de la première réunion du cadre d’échanges entre la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et le ministre des Finances, Doudou Fwamba, tenue le 25 septembre 2025 au Centre financier de Kinshasa. Selon le compte rendu de la FEC, l’organisation patronale, dirigée par Robert Malumba, a exprimé plusieurs préoccupations au ministre dans la perspective d’améliorer le climat des affaires en République démocratique du Congo (RDC).
La FEC a insisté sur la nécessité de renouveler le moratoire sur le quitus fiscal, expiré le 25 septembre 2025. Cette mesure avait été introduite pour faciliter certaines transactions économiques, notamment l’ouverture de comptes bancaires, l’octroi de crédits et la conclusion de contrats, tout en permettant d’évaluer la mise en œuvre de la réforme de la facture normalisée. Selon l’organisation, un renouvellement temporaire du moratoire est indispensable pour éviter de nouveaux blocages dans les activités économiques.
Le secteur privé a également mis en avant les préoccupations liées à la fiscalité, en particulier les droits d’accises sur certains produits comme l’acide sulfurique, la bière et le tabac. La FEC recommande une révision à la baisse de ces taxes. Elle a aussi dénoncé l’imposition des terres agricoles à la taxe de déboisement et relevé les difficultés rencontrées par l’industrie locale dans les Zones économiques spéciales (ZES), demandant des clarifications pour que ces dispositifs soutiennent réellement la production nationale.
La question de l’affectation des dividendes des sociétés minières a également été soulevée. La FEC souhaite que leur utilisation au profit de l’État soit alignée avec les règles de gouvernance, notamment la tenue des assemblées générales.
Le cadre d’échanges a aussi abordé le remboursement des crédits TVA, ainsi que la nécessité d’aligner les politiques fiscales nationales et provinciales. La FEC plaide pour une harmonisation claire afin de rendre la fiscalité prévisible et cohérente sur l’ensemble du territoire.
En réponse, le ministre des Finances a annoncé la création d’un cadre d’échanges permanent avec la FEC, ainsi que la mise en place prochaine d’une Commission nationale de médiation fiscale. Cette nouvelle structure devra intervenir en cas de litiges entre l’État et les assujettis, afin de promouvoir le dialogue, renforcer la transparence et favoriser une réforme fiscale inclusive.
Boaz Kabeya
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