Bralima, filiale congolaise du groupe néerlandais Heineken, a officiellement annoncé, le 20 juin 2025, avoir perdu le contrôle opérationnel de ses installations à Goma et Bukavu, deux villes stratégiques de l’est de la République démocratique du Congo. Cette annonce fait suite à l’occupation de ses sites par des éléments armés, présents dans la zone depuis le 12 juin.
Cette perte de contrôle intervient dans un contexte de dégradation rapide de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où les rebelles du M23 mènent depuis plusieurs mois une offensive d’envergure. Dès le mois de mars, Bralima avait déjà suspendu temporairement ses opérations à Goma, Bukavu et Uvira, à la suite de raids et de pillages ciblés contre ses entrepôts. La dégradation de la situation ces dernières semaines a conduit le groupe à évacuer tout le personnel encore présent sur ses sites de l’Est, soit environ un millier d’emplois directs et indirects concernés.
Selon les données internes du groupe, les installations de Goma, Bukavu et Uvira représentaient à elles seules près d’un tiers des revenus de Bralima en RDC, un pays où Heineken est implanté depuis les années 1920 et y exploite cinq brasseries nationales.
Ce retrait intervient alors même que la communauté internationale tente de stabiliser la région. Le 18 juin, la RDC et le Rwanda ont paraphé à Washington un accord de paix sous la médiation des États-Unis, en vue d’une signature officielle prévue le 27 juin. Ce texte prévoit notamment le respect de l’intégrité territoriale et la cessation des hostilités dans l’est du pays. Il reste toutefois à voir si cet engagement diplomatique se traduira par une amélioration rapide de la situation sécuritaire à Goma et Bukavu, condition indispensable à une éventuelle reprise des activités de Bralima dans la région.
Le retrait de Heineken de l’Est congolais survient dans un contexte où le secteur brassicole national peine à répondre à la demande intérieure. En 2023, la production de bière en RDC a atteint 520 millions de litres, en hausse de 6 % par rapport à 2022, sans toutefois combler la demande croissante. Avec une consommation par habitant estimée à 4,96 litres en 2021, en progression annuelle de près de 6 %, le marché congolais de la bière demeure porteur, mais fragilisé par les tensions dans l’Est.
Boaz Kabeya, stagiaire
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