Dans un communiqué conjoint signé le 19 juin 2025, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Bihango, et la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, annoncent avoir rencontré l’ambassadrice des États-Unis en République démocratique du Congo, Lucy Tamlyn, à Kinshasa. Les discussions ont porté sur les menaces de restriction de visas d’entrée aux États-Unis.
La RDC figure en effet parmi les 36 pays visés par une notification du Département d’État américain datée du 17 juin 2025, exigeant des améliorations urgentes dans la gestion des systèmes migratoires. Selon cette note diplomatique, les pays concernés disposent d’un délai de soixante jours pour démontrer des efforts significatifs en matière de réadmission des ressortissants en situation irrégulière, de sécurité documentaire et de vérification des identités aux frontières. À défaut, ils s’exposent à des restrictions de visas ou à d’autres sanctions migratoires ciblées.
Lors de cet échange, la partie congolaise a reconnu les difficultés liées à la traçabilité des passeports délivrés avant 2022, en particulier les cas de documents frauduleux ou falsifiés. Elle s’est engagée à renforcer le système de délivrance des passeports biométriques, à accélérer le déploiement des bases de données interconnectées, et à coopérer avec les autorités américaines sur les mécanismes de rapatriement des ressortissants congolais expulsés. Kinshasa a également sollicité un appui technique des agences américaines spécialisées dans la sécurité documentaire.
Pour les États-Unis, cette démarche s’inscrit dans une politique migratoire plus restrictive, amorcée sous la précédente administration Trump et relancée en juin 2025 afin de faire pression sur les pays jugés peu coopératifs en matière de réadmission. Selon le Times of India, les pays africains les plus exposés aux sanctions incluent, aux côtés de la RDC, l’Érythrée, le Togo, la Guinée et le Cameroun.
Au-delà de l’enjeu diplomatique, la question touche directement de nombreux Congolais : voyageurs, étudiants, entrepreneurs ou familles vivant aux États-Unis, dont les démarches de visa ou de renouvellement pourraient être ralenties ou annulées. En 2023, plus de 18 000 visas non-immigrants ont été délivrés par les États-Unis à des ressortissants congolais, selon les données du Bureau américain des affaires consulaires.
Boaz Kabeya, stagiaire
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