Les pourparlers entamés en mars dernier sous l’égide de l’administration Trump et du Qatar devraient aboutir à la signature, le 27 juin 2025 à Washington, d’un accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.
« Des équipes techniques de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda ont paraphé le texte de l’accord de paix, en présence de la sous-secrétaire américaine aux affaires politiques, Allison Hooker, en prélude à la signature de l’accord de paix lors d’une réunion ministérielle qui se tiendra le 27 juin 2025, en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio », précise un communiqué de presse conjoint publié dans la soirée du 18 juin par les deux pays et le département d’État américain.
Élaboré à l’issue de trois jours de dialogue constructif sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques, le texte, qui s’inspire d’une Déclaration de principes signée fin avril dernier par Kinshasa et Kigali, prévoit le respect de l’intégrité territoriale et l’arrêt des hostilités dans l’est de la RDC. Il comprend également des dispositions relatives au désarmement et à l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques, à l’établissement d’un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité, à la facilitation du retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays, ainsi qu’à l’accès à l’aide humanitaire et à la mise en place d’un cadre d’intégration économique régionale.
Aucun détail n’a été communiqué sur le volet économique de l’accord, qui pourrait toutefois permettre aux États-Unis d’obtenir un accès privilégié aux minerais stratégiques et de drainer des milliards de dollars d’investissements dans une région riche en tantale, cobalt, cuivre, or et lithium. Washington a réaffirmé son soutien au corridor de Lobito, notamment par des investissements dans les infrastructures congolaises, et discute actuellement avec Kinshasa d’un accord bilatéral pour sécuriser son approvisionnement en minerais critiques.
« Une paix durable dans l’est de la RDC ouvrira la porte à des investissements citoyens américains et occidentaux plus importants, qui créeront un écosystème favorable à des chaînes d’approvisionnement responsables et fiables pour des choses comme les minerais critiques. C’est du gagnant-gagnant », a déclaré le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, en avril dernier.
Des experts missionnés par les Nations unies avaient indiqué, dans un rapport publié en août 2022, que l’armée rwandaise serait intervenue dans l’est de la RDC contre des groupes armés à dominante Hutu, comme les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), mais aussi en soutien à d’autres groupes rebelles actifs dans la région, notamment le Mouvement du 23 mars (M23), une milice formée par des Tutsis de la RDC. Les autorités rwandaises ont toutefois nié à plusieurs reprises tout soutien au M23.
Kigali et Kinshasa entretiennent des relations tendues depuis l’arrivée massive en RDC des réfugiés hutus rwandais accusés d’avoir participé au massacre de Tutsis en 1994. Au-delà des questions politiques et ethniques, ces tensions sont également alimentées par des intérêts économiques. Les autorités congolaises accusent le Rwanda de recevoir d’importantes quantités de minerais de contrebande en contrepartie de son soutien présumé au M23, qui s’est emparé des villes stratégiques de Goma et de Bukavu depuis le début de l’année.
Walid Kéfi, Agence Ecofin
Lire aussi :
Conflit à l’est de la RDC : une semaine pour concilier de multiples intérêts
Minerais contre sécurité : l’accord RDC-Etats-Unis envisagé d’ici fin juin
Conflit à l’est de la RDC : le médiateur de l’UA en quête de cohérence
Coopération RDC–États-Unis : Yvette Ngandu pour porter la nouvelle dynamique