Le projet de loi portant organisation et fonctionnement des marchés boursiers a été adopté lors du Conseil des ministres tenu le 18 avril 2025 à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga.
Le ministre des Finances, Doudou Fwamba (photo), a précisé que ce texte prévoit la mise en place d’institutions spécialisées destinées à encadrer l’activité boursière en RDC. Il s’agit notamment de deux bourses — l’une dédiée aux valeurs mobilières et l’autre aux matières premières — ainsi qu’une autorité de régulation, un dépositaire central, une banque de règlement, des entreprises de marché et des organismes de placement collectif.
La RDC fait ainsi un pas supplémentaire vers la création de ces deux bourses. Le pays poursuit simultanément deux projets majeurs : la création d’une bourse des matières premières et celle d’une bourse des valeurs mobilières.
La première, baptisée Kinshasa Mercantile Exchange (KME), a pour objectif de centraliser et structurer le commerce des ressources stratégiques du pays, telles que les minerais, les produits agricoles ou encore les crédits carbone. Un rapport préliminaire, détaillant la structure organisationnelle du KME, les ajustements réglementaires nécessaires, le modèle économique et les partenariats en négociation, avait été présenté lors du Conseil des ministres du 7 février 2025.
La seconde vise à développer un marché financier où s’échangeront actions, obligations et autres titres. Les autorités espèrent ainsi faciliter la mobilisation de capitaux pour financer à long terme l’économie nationale. Avec le soutien du Fonds africain de développement, un appel d’offres a été lancé en avril 2025 pour recruter une firme chargée de réaliser l’étude de faisabilité et d’élaborer le plan d’affaires de cette bourse.
La réussite de ces projets dépendra de plusieurs conditions. La stabilité politique reste essentielle, dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires persistantes, notamment à l’est du pays. Ce climat pourrait refroidir les investisseurs potentiels, tant locaux qu’étrangers.
Par ailleurs, la prédominance de l’économie informelle limite le vivier d’entreprises susceptibles de s’introduire en bourse, en raison de pratiques insuffisantes en matière de gouvernance, de transparence et de conformité financières.
Pierre Mukoko
Lire aussi :
Commercialisation des matières premières : la RDC avance vers la création de sa bourse
Selon le compte rendu du Conseil des ministres tenu le 18 avril 2025 à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, la République démocratique du Congo a engagé des démarches pour se réengager dans la Convention du Cap. Adoptée en 2001, cette convention internationale vise à faciliter l’accès au financement pour l’acquisition d’actifs mobiles de grande valeur, tels que les avions, locomotives ou satellites. Elle établit un cadre juridique permettant la constitution de garanties sur ces équipements, sécurise les droits des créanciers en cas de défaut et réduit le risque juridique, abaissant ainsi les coûts de financement.
La Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a indiqué avoir signé les déclarations qualifiantes exigées par l’OCDE. Ces documents seront prochainement déposés auprès de l’Institut international pour l’Unification du droit privé (UNIDROIT), l’organisme chargé de superviser la Convention du Cap. Une fois cette étape franchie, la RDC pourrait officiellement bénéficier des avantages offerts par ce cadre juridique international.
La Convention du Cap s’articule autour de protocoles sectoriels spécifiques. À ce jour, trois protocoles sont en vigueur : le protocole aéronautique (2001), ferroviaire (2007) et spatial (2012). Un quatrième, dédié au secteur minier, est en discussion.
Le gouvernement congolais reconnaît qu’il a, pour l’instant, avancé sur le seul le protocole aéronautique. Selon l’exécutif, ce texte devrait permettre aux compagnies aériennes locales de bénéficier d’un accès facilité au financement, à des conditions plus avantageuses, tout en améliorant la gestion de leur flotte et en contribuant au désenclavement du territoire.
L’impact réel de ce réengagement reste toutefois difficile à évaluer. Les déclarations qualifiantes, qui précisent la manière dont la RDC appliquera la Convention (choix des règles, garanties pour les investisseurs, engagements en matière de transparence), n’ont pas été rendues publiques.
Des exemples internationaux illustrent pourtant les bénéfices potentiels. La banque américaine Exim Bank applique une réduction d’un tiers de sa prime d’exposition pour les pays ayant ratifié et mis en œuvre la Convention du Cap, abaissant cette prime de 3 % à 2 % pour le financement d’avions commerciaux. Certaines compagnies comme Copa Airlines, Ethiopian Airlines ou Pakistan International Airlines ont ainsi économisé jusqu’à un million de dollars par appareil grâce à ces dispositifs.
La RDC ambitionne de tirer profit de l’ensemble des protocoles de la Convention, au-delà du seul secteur aérien. La Première ministre a demandé aux ministres concernés de prendre les mesures nécessaires pour assurer la conformité du pays avec les exigences de la Convention. Le pays prévoit également de mettre en place un comité chargé de la mise en œuvre et du suivi de l’application du texte devrait être prochainement mis en place.
Boaz Kabeya, stagiaire
Lire aussi :
Air Congo réceptionne son 2e avion, un Boeing 737-800
Congo Airways annonce la reprise de ses vols, après 4 mois d’arrêt
Le gouvernement congolais vient de se doter de nouveaux instruments pour lutter contre la contrebande des produits pétroliers dans la zone d’approvisionnement Sud, qui couvre les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, deux pôles industriels majeurs du pays. Cette zone est particulièrement exposée aux pratiques frauduleuses, l’approvisionnement s’effectuant principalement par route et par rail depuis des pays voisins comme la Zambie ou l'Afrique du Sud.
Lors du Conseil des ministres du 18 avril 2025 à Lubumbashi, l’exécutif a validé l’introduction de scellés électroniques sur les camions-citernes, une mesure proposée par le ministre des Hydrocarbures, Molendo Sakombi (photo). Ces dispositifs de verrouillage sont équipés de circuits GSM et de géolocalisation GPS permettant un suivi en temps réel des transports de produits pétroliers. Selon le ministre, ils garantiront un meilleur contrôle et une transparence accrue.
Cette initiative s’accompagne de l’intégration du système de monitoring SigOil, basé sur la technologie RFID, souvent utilisée pour stocker et récupérer des données à distance. Les détails techniques de l’application SigOil restent pour l’instant inconnus mais Molendo Sakombi affirme que ce système va permettre de détecter les fraudes, sécuriser le transport des hydrocarbures, centraliser les données sur la chaîne d’approvisionnement et faciliter l’émission de rapports et statistiques. Il devrait également à améliorer l’octroi et le renouvellement des autorisations pour les opérateurs du secteur.
Des pertes en centaines de millions de dollars
Ces mesures répondent à l’urgence de limiter les pertes financières causées par la contrebande. Selon le gouvernement, l’entrée clandestine de produits pétroliers aux postes frontaliers prive le Trésor public de plusieurs centaines de millions de dollars par an. Officiellement, les volumes déclarés dans la zone Sud atteignent 120 000 m³ par mois, alors que les estimations réelles dépasseraient 300 000 m³.
Le 17 avril 2025, les opérateurs pétroliers du Haut-Katanga, regroupés au sein de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), ont alerté le ministre de l’Économie nationale sur la nécessité d’un assainissement du secteur. Leur représentant, Joseph Twite Maloba, a estimé que l’État perd près de 57 millions de dollars de recettes rien que dans cette province, soit 71 % des revenus potentiels, en raison des pratiques frauduleuses et d’un manque d’encadrement.
Selon lui, 115 sociétés importent des produits pétroliers dans le Haut-Katanga, mais seulement 35 sont effectivement encadrées par la FEC.
En août 2024, le ministère des Hydrocarbures avait déjà lancé un programme de marquage moléculaire des carburants pour lutter contre le commerce illicite et garantir la qualité des produits distribués. Manifestement, cette mesure n’a pas suffi à enrayer la fraude.
Avec le déploiement des scellés électroniques et du système SigOil, le gouvernement espère désormais inverser la tendance et sécuriser davantage les recettes issues du secteur pétrolier.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Carburants : après avoir doublé en quelques jours, les prix baissent à Bunia
Kinshasa : la demande de carburant triple, accentuant la pression sur les finances publiques
Carburants : pénuries et hausse des prix au Haut-Katanga et au Kasaï oriental depuis plus d’un mois
La 37e session ordinaire du Conseil national du travail s’ouvre ce 25 avril 2025 à Kinshasa, après une semaine de travaux préparatoires entamés le 8 avril, dont aucun détail n’a été communiqué. Parmi les sujets inscrits à l’ordre du jour de cette réunion prévue pour s’étendre jusqu’au 29 avril, figure « l’épineuse question de l’ajustement du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) annoncée en début d’année par le gouvernement », selon la formule utilisée par la Fédération des entreprises du Congo (FEC), principale organisation patronale du pays.
Cette session tripartite — réunissant gouvernement, employeurs et représentants des travailleurs — est un passage obligé pour toute réforme du SMIG.
Avant la tenue du Conseil, le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a exprimé ses attentes lors du Conseil des ministres tenu le 18 avril à Lubumbashi. Il a estimé que « l’augmentation du SMIG devrait, avant tout, bénéficier aux travailleurs les plus vulnérables, dont les revenus actuels ne permettent pas de couvrir les besoins essentiels », rapporte le compte rendu officiel. Selon lui, « cette mesure représenterait un véritable levier de dignité et de justice sociale » pour une catégorie de travailleurs exposée « le plus durement aux effets de la précarité ».
Pour concrétiser cette orientation, il faudrait revoir en profondeur le décret du Premier ministre du 22 mai 2018, qui encadre actuellement le SMIG. Ce texte définit sept grandes catégories de travailleurs — du manœuvre au cadre de collaboration — chacune disposant de son propre salaire minimum. Le montant varie aussi selon les échelons et les classes. Ce système repose sur un mécanisme appelé « tension salariale », un coefficient qui permet de déterminer les SMIG des catégories supérieures à partir de celui du manœuvre ordinaire. Ce principe rend techniquement difficile toute revalorisation ciblée.
Une hausse ciblée, favorable au patronat
L’arrêté du ministre de l’Emploi et du Travail du 31 décembre 2024, qui avait porté le SMIG du manœuvre ordinaire de 7 075 à 14 500 francs congolais (soit de 2,5 à environ 5 dollars par jour), avait justement été critiqué pour avoir ignoré ce mécanisme. Face à la pression du patronat, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka avait demandé au ministre Éphraïm Akwakwa Nametu de rapporter l’arrêté, qui devait entrer en vigueur en février 2025.
Dans le fond, la recommandation présidentielle pourrait satisfaire les employeurs. En limitant la revalorisation aux catégories les plus vulnérables, l’impact sur les charges salariales des entreprises resterait contenu. Un argument de poids, surtout dans un contexte économique fragilisé par l’insécurité persistante dans l’est du pays.
Dans ce contexte, le SMIG pourrait difficilement augmenter pour redonner suffisamment du pouvoir d’achat aux « travailleurs les plus vulnérables ». À Kinshasa, selon plusieurs sites spécialisés, une famille de quatre personnes aurait besoin d’environ 3 000 dollars par mois pour vivre décemment — logement, transport, soins et éducation inclus. Or, même doublé, le SMIG d’un manœuvre ordinaire ne permettrait pas d’atteindre 200 dollars mensuels, même en travaillant tous les jours.
Par ailleurs, une hausse du SMIG, même ciblée, pourrait avoir des effets pervers sur l’économie. L’augmentation des revenus risque de stimuler la demande, dans un contexte de production locale limitée. Cela pourrait faire grimper les prix sur les marchés, alimentant l’inflation. Une telle dynamique compromettrait les efforts du gouvernement pour stabiliser les prix des produits de première nécessité, un objectif central dans la lutte pour le pouvoir d’achat.
Pierre Mukoko
Lire aussi :
SMIG : le patronat plaide pour un élargissement de la hausse à tous les travailleurs
Le 18 avril 2025, lors d’un Conseil des ministres tenu à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, le gouvernement de la République démocratique du Congo a adopté un projet de loi portant création, organisation, fonctionnement et compétences du Tribunal pénal économique et financier (TPEC) ainsi que d’un parquet national rattaché.
Présenté par le ministre de la Justice, Constant Mutamba (photo), ce projet vise à renforcer la lutte contre les crimes économiques, notamment la corruption et le détournement de fonds publics. Selon le compte rendu du Conseil, le texte entend améliorer la coordination entre les structures spécialisées en matière d’enquête, d’instruction et de jugement. Il introduit également des corrections structurelles et procédurales destinées à rendre les mécanismes de répression plus efficaces.
Si les attributions précises du futur TPEC ne sont pas encore rendues publiques, cette juridiction devrait se concentrer sur les affaires impliquant l’argent public. Le tribunal devrait avoir pour vocation de juger les cas de malversations financières, de détournement de fonds publics, mais aussi de corruption sous ses diverses formes, notamment les pots-de-vin et les abus de pouvoir.
Il reste toutefois à savoir si le tribunal aura compétence sur les infractions économiques commises par des acteurs privés, en particulier dans des secteurs comme les mines, qui représentent un pilier de l’économie congolaise et une source majeure de recettes budgétaires.
Le gouvernement congolais présente cette réforme comme une suite logique des engagements pris dans le cadre du Programme de réforme de la justice (PRJ), du Programme de gouvernance et des accords conclus avec les institutions financières internationales, notamment en matière de transparence, de lutte contre la corruption et de bonne gestion des finances publiques.
Le gouvernement fonde aussi des espoirs sur l’impact de cette mesure sur la préservation des ressources publiques nécessaires au développement. Reste à savoir si cette juridiction produira des résultats tangibles. Des expériences similaires dans des pays comme le Nigeria ou le Cameroun ont souvent débouché sur des effets limités en matière de récupération de fonds.
La création du TPEC constitue néanmoins un signal politique important dans un pays où les scandales de corruption à haut niveau continuent de miner la confiance des citoyens et des partenaires économiques.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Constant Mutamba annonce une guerre contre la « mafia judiciaire » en RDC
Lutte contre le détournement des frais judiciaires : Rawbank apporte son soutien à l’État
Constant Mutamba annonce une guerre contre la « mafia judiciaire » en RDC
L’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un régime de préférences commerciales accordé par les États-Unis aux pays d’Afrique subsaharienne depuis mai 2000, sera au centre des discussions lors de la 16e réunion du Conseil des ministres du Commerce des pays membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), qui se tient ce 15 avril 2025 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).
« L'AGOA doit expirer en septembre, et les ministres du Commerce du continent se réuniront le mardi 15 avril en République démocratique du Congo pour discuter d'une solution collective », a annoncé le ministre sud-africain du Commerce, Parks Tau, le jeudi 10 avril sur les ondes de Radio 702.
Selon lui, des discussions entre les pays africains et les États-Unis sont prévues en juin ou en juillet autour de ce pacte commercial, qui garantit un accès en franchise de droits de douane au marché américain. Parks Tau estime toutefois qu’il « sera difficile de sauver le programme de préférences commerciales » après la récente annonce de nouvelles mesures tarifaires par l’administration Trump.
Le président américain Donald Trump a en effet décidé, le mercredi 2 avril, d’imposer des droits de douane allant de 10 % à 50 % à l’encontre de 51 pays africains. Il a toutefois annoncé, une semaine plus tard, la suspension pour 90 jours de ces surtaxes mondiales dites « réciproques », tout en maintenant un taux minimum uniforme de 10 %.
Même le maintien d’un tarif douanier minimal de 10 % sur les importations américaines en provenance des pays d’Afrique subsaharienne signifierait la fin de l’AGOA. Ce dispositif permettait jusque-là aux pays éligibles d’exporter près de 1800 produits vers les États-Unis sans acquitter de droits de douane.
Depuis sa mise en place en 2000, Washington actualise chaque année la liste des pays bénéficiaires en fonction de critères comme l’engagement en faveur de l’économie de marché, le respect de l’État de droit ou les politiques de lutte contre la pauvreté. L’évolution démocratique des États concernés fait également partie des paramètres pris en compte.
Durant le mandat de Joe Biden, un groupe bipartisan de sénateurs a présenté au Sénat une proposition de loi visant à proroger l’AGOA jusqu’en 2041. Mais de fortes incertitudes subsistent quant à la reconduction de ce programme, qui avait pourtant survécu à la première administration Trump malgré une rhétorique protectionniste similaire à celle qui prévaut aujourd’hui à Washington.
Walid Kéfi, Agence Ecofin
Lire aussi :
Zlecaf : un bouclier pour l’Afrique face à la guerre commerciale déclenchée par Trump
Marché américain : pourquoi la RDC conserve son accès sans droits de douane
Grâce à un accord de libre-échange actuellement en négociation avec les Émirats arabes unis (EAU), la République Démocratique du Congo (RDC) ambitionne de porter ses exportations annuelles vers ce pays du Moyen-Orient à au moins 3 milliards de dollars d’ici 2030, a indiqué le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, à l’issue du 14e Congrès annuel de l’investissement (AIM Congress) tenu à Abou Dhabi. L’objectif affiché est de corriger le déficit commercial structurel entre les deux pays, a-t-il précisé.
Entre 2021 et 2023, les exportations congolaises vers les Émirats ont atteint en moyenne 1,059 milliard de dollars par an, contre 1,89 milliard de dollars d’importations, générant un déficit commercial annuel moyen de 650 millions de dollars. Ces exportations sont essentiellement constituées de produits miniers, notamment le cuivre raffiné, l’or et les diamants.
La négociation de cet accord de libre-échange a été l’un des points d’une rencontre entre la Première ministre de la RDC, Judith Suminwa, et le ministre émirati du Commerce extérieur, Dr Thani bin Ahmed Al Zeyoudi. Selon Julien Paluku, la proposition tarifaire d’Abou Dhabi a déjà été transmise à la partie congolaise, et la cheffe du gouvernement a donné un délai d’environ un mois pour finaliser l’accord.
Un accord de libre-échange vise à faciliter le commerce en réduisant ou en éliminant les barrières tarifaires. Mais, à l’observation, la mise en place d’un tel accord entre un pays africain et un pays développé ne garantit pas automatiquement une augmentation des exportations du pays africain. Conscient de cela, le gouvernement appelle le secteur privé à se préparer à saisir les opportunités de l’accord en vue avec les Émirats arabes unis.
Il exhorte également les opérateurs économiques à tirer parti des autres instruments existants tels que l’AGOA avec les États-Unis, les Accords de partenariat économique avec l’Union européenne, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ou encore l’accord-cadre de coopération signé avec la Chine en septembre 2024.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Zlecaf : la RDC annonce la suppression des droits de douane sur 6 230 produits d’ici 2031
Exportations vers les États-Unis : la RDC avantagée par les décisions de Trump
Promotion des exportations : un programme de financement en préparation avec Equity BCDC
La Tanzanie et la République démocratique du Congo (RDC) ont conclu un accord portant sur l’attribution de terrains dédiés au développement de ports secs dans les deux pays. La documentation relative à l’échange des titres fonciers liés aux zones concernées a été finalisée lors de réunions bilatérales tenues à Lubumbashi, en RDC, du 3 au 5 avril 2025.
Ces rencontres visaient à évaluer l’état d’avancement du Programme de développement des infrastructures de transport, une initiative lancée en 2022 sous la coordination de l’Agence de facilitation du transport de transit du corridor central (CCTTFA, en anglais). Ce programme a pour objectif d’améliorer les échanges commerciaux et la connectivité entre les deux pays.
Selon la CCTTFA, chaque pays mettra à disposition 60 hectares de terres. La Tanzanie bénéficiera de terrains situés à Kasumbalesa et Kasenga, en RDC, tandis que la RDC obtiendra des sites à Kwala et Katosho, en Tanzanie. La finalisation des titres de propriété « ouvre la voie au développement de ces infrastructures logistiques stratégiques », précise l’agence.
Selon des médias tanzaniens, l’aménagement des ports secs devrait être achevé dans les 18 prochains mois. Les mêmes sources indiquent que le développement de ces infrastructures se fera dans le cadre de partenariats public-privé (PPP), bien qu’aucune information ne soit encore disponible sur le processus de sélection des partenaires privés.
Au cours des quatre dernières années, le fret en provenance du port de Dar es-Salaam à destination de la RDC a connu une hausse de 180 %, selon le secrétaire permanent du ministère tanzanien des Transports, Godius Kahyarara. D’après ce dernier, le volume traité par le port est passé de 14 à 28 millions de tonnes sur la même période.
Vols directs entre Dar es-Salaam et Kinshasa
Cette pression logistique rend urgente la création de ports secs afin de désengorger Dar es-Salaam, améliorer la fluidité du transit régional et accélérer le transport des marchandises vers les pays enclavés, comme la RDC ou le Burundi.
Les réunions bilatérales tenues du 3 au 5 avril 2025 ont également permis de constater des progrès sur d’autres projets inscrits dans le cadre du Programme de développement des infrastructures de transport entre la RDC et la Tanzanie.
La CCTTFA cite notamment la construction en cours du port de Kalemie, dont le contrat de partenariat public-privé a été signé il y a quelques jours, la réhabilitation en cours de la route Kalemie–Nyunzu–Manono (468 km), ainsi que des investissements dans les lignes ferroviaires en Tanzanie et en RDC.
Des avancées ont également été enregistrées dans le secteur aérien, avec la désignation de Kalemie et Goma (en RDC), ainsi que Mwanza et Dodoma (en Tanzanie), comme nouveaux points d’entrée officiels pour les voyageurs et les marchandises. Par ailleurs, la compagnie Air Tanzania (ATCL) prévoit de lancer ce mois d’avril 2025 des vols directs entre Dar es-Salaam et Kinshasa.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
Lire aussi :
Modernisation du port de Kalemie : un nouveau partenariat public-privé signé
Frontière RDC-Angola : 70 hectares sécurisés pour un futur port sec
Frontière RDC-Zambie : de nouvelles mesures pour fluidifier le trafic à Kasumbalesa
La RDC cherche un privé pour développer un port sec dans sa région minière
Le 2 avril 2025, le président américain Donald Trump a annoncé l’imposition de nouveaux tarifs douaniers, qualifiés de « réciproques », sur les importations en provenance de plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo (RDC). Selon l’administration américaine, le taux de 11 % désormais appliqué aux produits congolais refléterait, comme pour d’autres pays, le niveau des barrières tarifaires que la RDC imposerait aux exportations américaines.
Cependant, cette justification repose sur une méthode de calcul particulière. Elle consiste à établir le déficit commercial des États-Unis avec un pays donné, à le diviser par la valeur totale des importations en provenance de ce pays, puis à diviser le résultat par deux pour obtenir le taux de douane appliqué. Si ce calcul donne un chiffre inférieur à 10 %, ou en cas d’excédent commercial, un taux plancher de 10 % est appliqué.
La RDC applique des droits de douane standards, conformes aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sans mesures discriminatoires spécifiques à l’encontre des produits américains. Selon les données officielles, ces droits varient de 5 % à 20 % de la valeur du produit hors frais de transport et d’assurance, en fonction de la nature des marchandises. À ces droits s’ajoutent diverses taxes, dont la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui peut porter le coût total du dédouanement à plus de 44,7 % de la valeur du produit.
Opportunités
Ainsi, le taux de 11 % finalement appliqué reste globalement avantageux pour la RDC. Le pays d’Afrique centrale échappe en réalité à une tarification plus lourde, en raison de la faible valeur des échanges commerciaux avec les États-Unis et d’un excédent commercial modeste (70 millions de dollars en 2024).
Les États-Unis ne figurent pas parmi les principaux clients de la RDC, bien que les échanges soient en progression. Selon le Bureau du représentant américain au Commerce, en 2024, les exportations congolaises vers les États-Unis ont atteint 323,1 millions de dollars, enregistrant une hausse de 17,5 % par rapport à 2023. Ces exportations incluent principalement des minerais et des métaux, tels que le cobalt et le coltan, essentiels à l’industrie technologique américaine. Les exportations agricoles, notamment le café et le cacao, ont quant à elles généré 31,5 millions de dollars en 2022.
Dans ce contexte, l’imposition de droits de douane à 11 % pourrait même ouvrir de nouvelles opportunités pour la RDC, qui dispose d’importants atouts en matière de ressources naturelles.
Dans le secteur minier, qui représente la majeure partie des exportations congolaises, la RDC est soit moins taxée, soit soumise à un niveau similaire de taxation par rapport à ses concurrents. À titre de comparaison : le Chili et le Pérou sont soumis à un tarif de 10 %, la Chine à 54 %, l’Indonésie à 32 % et la Zambie à 17 %. Cette configuration pourrait permettre à la RDC de conserver sa position actuelle sur le marché américain, voire de gagner en compétitivité face à certains concurrents.
AGOA
Par ailleurs, certains minerais et métaux produits par la RDC ne sont pas concernés par ces nouveaux droits de douane. Selon la Maison-Blanche, les lingots d’or, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, le cuivre, le bois de construction, les produits énergétiques, ainsi que les minerais non disponibles sur le sol américain, sont exonérés de ces nouvelles mesures tarifaires.
Dans le secteur agroalimentaire, la décision de Donald Trump pourrait également ouvrir des perspectives pour le cacao congolais sur le marché américain. Ce produit pourrait concurrencer celui des deux leaders mondiaux, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent à eux seuls 60 % de l’offre mondiale. Ces deux pays sont désormais taxés respectivement à 21 % et 17 %, contre seulement 11 % pour la RDC.
Ces nouveaux droits de douane interviennent alors que la RDC, comme de nombreux pays africains, bénéficie encore des avantages de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), une loi américaine promulguée en 2000 visant à faciliter l’accès des produits africains au marché américain, en supprimant les droits d’importation sur plus de 6 800 produits.
Cependant, l’entrée en vigueur immédiate des nouveaux tarifs douaniers, prévue pour le 9 avril 2025, soulève des interrogations sur la survie de l’AGOA, dont l’échéance actuelle est fixée au 30 septembre 2025.
Georges Auréole Bamba et Boaz Kabeya, stagiaire
Lire aussi :
États-Unis : une proposition de loi pour bloquer le cobalt congolais raffiné par la Chine
Accord minerais contre sécurité : Tshisekedi annonce des avancées avec les États-Unis
Marché américain : pourquoi la RDC conserve son accès sans droits de douane
Dans le cadre de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le gouvernement congolais prévoit de supprimer progressivement, d’ici à 2031, les droits de douane sur 6 230 produits importés en provenance des pays africains membres de cette zone. Seuls 209 produits, soit environ 3 % de la liste globale, resteront exclus de cette libéralisation tarifaire.
L’annonce a été faite le 3 avril 2025 par le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, à l’issue d’une réunion technique du comité national chargé de la mise en œuvre de la Zlecaf, présidée par la Première ministre Judith Suminwa. Le ministre a précisé que les listes des produits concernés par la libéralisation tarifaire et ceux exclus, ont été élaborées en collaboration avec le secteur privé et transmises au secrétariat général de la Zlecaf.
Toutefois, ces listes n’ont pas encore été rendues publiques par le ministère du Commerce extérieur, ce qui empêche, à ce stade, d’identifier précisément les produits concernés par la suppression des droits de douane et ceux maintenus sous protection.
Cette réunion a également statué sur les conditions permettant à la RDC de tirer pleinement profit de son intégration à la Zlecaf. Pour le ministre Julien Paluku, le respect des règles d’origine constitue une condition essentielle pour bénéficier de la libre circulation des biens au sein de la zone. Il précise qu’un produit ne pourra être exempté de droits de douane que si au moins 70 % de ses composants proviennent d’un pays membre de la Zlecaf.
Le gouvernement congolais mise également sur les zones économiques spéciales (ZES) pour tirer parti de cette intégration continentale. Ces zones sont conçues pour stimuler l’industrialisation, attirer les investissements étrangers et favoriser la diversification économique, dans l’objectif de renforcer le commerce intra-africain.
Toutefois, la mise en œuvre de la Zlecaf en RDC soulève plusieurs défis structurels qui vont au-delà des seules questions tarifaires. Julien Paluku a insisté sur la nécessité de développer les infrastructures — routes, chemins de fer, centrales hydroélectriques — indispensables pour améliorer la compétitivité du pays sur le marché continental.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Un contrat de partenariat public-privé a été signé le 1er avril 2025 entre la République démocratique du Congo et le consortium formé par Jintai Mining PTE Ltd et Tembo Majengo Company SARL. L’accord porte sur le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance du port industriel de Kalemie, situé dans la province du Tanganyika. La cérémonie de signature s’est tenue en présence du vice-Premier ministre et ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, et du directeur général de Jintai Mining PTE Ltd, Ye Zhiyong.
Peu d’informations ont été communiquées sur le processus ayant conduit à la sélection de ce groupement, ainsi que sur les détails du partenariat public-privé. À ce stade, Ye Zhiyong a simplement indiqué que le projet se déroulera en deux phases, avec un investissement estimé à 70 millions de dollars pour la première phase, dont la mise en service est prévue d’ici fin 2026. Il a ajouté que le port pourra, à terme, traiter jusqu’à 2 millions de tonnes de marchandises par an une fois les deux phases achevées.
Le port de Kalemie, situé sur le lac Tanganyika, connecte la RDC aux ports de Bujumbura (Burundi), Mpulungu (Zambie) et Kigoma (Tanzanie), permettant ainsi d’alimenter l’est du pays en marchandises. Selon les chiffres du service maritime de Kalemie, obtenus par RFI en 2021, le trafic de marchandises à l’importation était estimé à près de 60 000 tonnes par an, tandis que seulement 2 400 tonnes de coltan étaient exportées annuellement.
Ce port est également considéré comme le poumon économique de la province du Tanganyika, une région qui compte peu d’entreprises. Cependant, sa capacité d’accueil reste limitée, alors même que le trafic ne cesse d’augmenter. Pour y remédier, la RDC avait signé un contrat de 126,9 millions de dollars avec la société chinoise China Gezhouba International Engineering en vue de sa modernisation. Depuis la signature, aucune communication officielle n’a été faite sur l’évolution de ce projet, jusqu’à la signature d’un nouvel accord intervenu ce 1er avril.
Jintai Mining PTE Ltd se présente comme une société privée à responsabilité limitée par actions, basée à Singapour. Elle est active dans l’exploration, l’exploitation minière et le traitement du zinc et du plomb. En revanche, peu d’informations sont disponibles à ce jour sur Tembo Majengo Company SARL, également membre du consortium signataire.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lire aussi :
Port de Matadi : avec ses nouvelles grues, ICTSI promet de raccourcir les escales
Port de Banana : DP World confie un contrat de près 250 millions $ à Mota-Engil
Le ministre congolais de l’Industrie et du Développement des PME, Louis Watum Kabamba, a lancé, le 26 mars 2025, les travaux d’aménagement de la Zone économique spéciale (ZES) de Musompo. Située dans la province du Lualaba, riche en cobalt, cette zone, prévue pour s’étendre sur plus de 900 hectares, est dédiée à la production de précurseurs de batteries, de batteries, et potentiellement à l’assemblage de véhicules électriques à partir des matières premières locales.
Kinshasa, Lusaka et plusieurs institutions partenaires ont signé, le 27 mars 2023, un accord-cadre pour la création de ZES destinée à la production de batteries et de véhicules électriques en RDC et en Zambie. Conformément à cet accord, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et Afreximbank devaient diriger la création d’une société chargée du développement et de l’exploitation des ZES, en consortium avec des investisseurs publics et privés des deux pays, ainsi que des partenaires internationaux tels que la plateforme d’investissement FEDA d’Afreximbank.
À ce jour, il n’est toutefois pas confirmé que cette société ait été officiellement créée. Dans le compte rendu publié par les services de communication du gouvernement du Lualaba, la société Arise IIP a été mentionnée comme l’un des partenaires du projet, sans plus de détails. Lors de la signature de l’accord-cadre, ce développeur d’infrastructures panafricain avait été désigné comme consultant technique chargé de mener l’étude de préfaisabilité pour l’établissement des ZES en RDC et en Zambie. Cette étude devait s’achever en août 2023, mais à ce jour, aucune information sur la publication de ses résultats n’est disponible.
Selon les autorités provinciales, les travaux d’aménagement de la ZES de Musompo sont évalués à plus de 200 millions de dollars. La durée du chantier, en revanche, n’a pas encore été communiquée.
Avec les ZES, le gouvernement accorde aux entreprises des facilités destinées à soutenir le développement de leurs activités, telles que des exonérations fiscales et douanières, afin d’attirer des investissements privés. À travers la ZES de Musompo, le ministère de l’Industrie et du Développement des PME espère mobiliser près de 2 milliards de dollars d’investissements dans la production de précurseurs de batteries, de batteries et, potentiellement, dans l’assemblage de véhicules électriques. Selon les projections du ministère, un tel niveau d’investissement pourrait générer environ 25 000 emplois directs et 60 000 emplois indirects.
Cependant, la concrétisation de cette ambition industrielle devra surmonter plusieurs défis, notamment en matière d’infrastructures et d’approvisionnement énergétique. Selon le rapport de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE), en 2024, la province du Lualaba disposait d’une puissance installée de 847,2 MW, pour une puissance effectivement disponible non communiquée. En 2023, le taux de disponibilité était de 88,2 %. Le rapport 2023 de l’ARE recense toutefois 17 projets initiés cette année-là, témoignant ainsi des efforts entrepris pour renforcer l’approvisionnement en électricité dans la région.
Boaz Kabeya, stagiaire
Lire aussi :
Véhicules électriques : le Maroc invité à rejoindre l’initiative RDC-Zambie
Tesla pris en référence pour le projet congolais de batteries électriques
Projet de raffinerie de cobalt de Lualaba : des investisseurs américains « fortement intéressés »
Le chef de division provinciale des Transports, Voies de communication et Désenclavement de la Tshopo, Jean-Marie Olinda Lituambela, a annoncé avoir informé, lors d’une réunion tenue le 24 mars 2025, le commissaire fluvial, les responsables des régies des voies fluviales, la police fluviale, les forces navales ainsi que le président de l’Association des armateurs de la décision de retirer de la circulation, dans les prochains jours à Kisangani, les embarcations en bois de plus de cinq ans, notamment les baleinières.
« La loi sur la navigation fluviale nous dit que lorsqu’une embarcation a duré plus de cinq ans, il faut la déclasser. Les équipes descendront incessamment sur le terrain pour identifier les embarcations, vérifier leur état technique, déterminer leur nombre réel », a précisé Jean-Marie Olinda Lituambela à l’Agence congolaise de presse. Il a ajouté que les propriétaires des embarcations concernées seront ensuite sensibilisés afin qu’ils puissent en construire de nouvelles.
En l’absence d’un tel remplacement, l’offre de transport fluvial, essentielle aux échanges vers ou depuis Kisangani, pourrait être fortement perturbée. Selon une étude de l’anthropologue Peter Lambertz, publiée en 2023, entre 2018 et 2019, le nombre de ces embarcations dans les ports privés de la ville est passé de 66 à 81, appartenant à 56 puis 69 armateurs différents. Ces bateaux, pouvant atteindre 50 mètres de long, relient Kisangani à des localités telles qu’Isangi, Lokutu, Basoko, Opala, et même Mbandaka. Ils transportent du riz, de l’huile de palme, du poisson, du charbon de bois et d’autres produits de première nécessité, assurant ainsi la sécurité alimentaire de la région. Sans eux, de nombreux marchés périodiques — Yafira, Yanonge, Yangambi, etc. — se retrouveraient isolés, privant les populations rurales de débouchés commerciaux.
Comme le souligne l’étude, les barges métalliques modernes, héritées de l’époque coloniale, sont trop coûteuses et mal adaptées aux besoins locaux. Elles servent principalement au transport de marchandises lourdes vers Kinshasa, avec des trajets limités à deux à quatre voyages par an. En outre, elles interdisent officiellement les passagers, contrairement aux baleinières qui leur réservent un étage supérieur.
Boaz Kabeya, stagiaire
Lire aussi :
Transport fluvial : la RDC investit un million de dollars pour quatre nouveaux ferries
Le naufrage sur le lac Kivu souligne l’urgence d’investir dans la modernisation du transport fluvial
Matadi Gateway Terminal (MGT), filiale d’International Container Terminal Services (ICTSI), qui exploite l’un des deux terminaux à conteneurs du port de Matadi, en République Démocratique du Congo (RDC), a annoncé, le 18 mars dernier, avoir réceptionné un deuxième lot de quatre grues portiques hybrides et automatisées (RTG), portant ainsi à huit le nombre total de ces équipements.
« Avec ces grues supplémentaires, MGT améliorera les délais d’escale des navires et des camions, ce qui se traduira par des services plus rapides et des standards de sécurité renforcés », promet le directeur général de MGT, Timothée Jeannin. Selon lui, ces équipements modernes permettront aussi de réduire les risques de pannes techniques grâce à une répartition plus efficace de la charge de travail, assurant ainsi une exploitation plus fiable et continue.
L’entreprise n’a pas précisé l’ampleur attendue de la réduction des délais. Mais avec trois grues mobiles, elle affirmait déjà pouvoir traiter un porte-conteneurs de 2 500 EVP en moins de 12 heures d’opérations à quai. Selon l’indice international Container Port Performance Index (CPPI) de la Banque mondiale, le port de Matadi a été classé port le plus efficient d’Afrique subsaharienne en 2021 (171e rang mondial sur 370 ports évalués).
En 2023, MGT avait déjà introduit des grues RTG hybrides. Ces équipements, alimentés par une combinaison de batteries et de moteurs diesel, permettent de réduire les émissions de carbone tout en améliorant l’efficacité opérationnelle. L’entreprise prévoit par ailleurs d’élargir sa flotte avec de nouveaux équipements afin de renforcer sa compétitivité à l’échelle régionale.
Dans cette même dynamique, MGT a engagé des travaux d’aménagement visant à améliorer l’accès au port et à fluidifier le transport des marchandises. Il s’agit notamment de la construction d’une route de 2,65 kilomètres reliant le port de Matadi aux principaux axes de transport — un chantier aujourd’hui achevé à moitié —, de l’agrandissement de l’aire de stockage pour accueillir des volumes de fret plus importants, ainsi que de l’extension des parkings.
Le port de Matadi est engagé dans une transformation de ses deux terminaux à conteneurs. Depuis 2019, ICTSI met en œuvre un plan d’investissement de 100 millions de dollars. En janvier 2025, le groupe français Eiffage a décroché un contrat de plus de 100 millions d’euros pour la rénovation et l’extension du second terminal à conteneurs.
Prévu pour démarrer dès 2020, le projet de dragage du chenal du fleuve Congo reste en attente. Ces travaux sont pourtant jugés essentiels pour permettre au port d’accueillir des navires de plus grande capacité et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des ports concurrents de la région.
Boaz Kabeya stagiaire