Trois ressortissants chinois ont été condamnés, le 14 janvier 2025, à sept ans de prison ferme pour des infractions liées à l’exploitation minière illégale en République démocratique du Congo (RDC). Les prévenus ont été arrêtés dans la province minière du Sud-Kivu, en possession de dix lingots d’or et de 400 000 dollars en espèces.
Selon les médias locaux, le tribunal a retenu cinq des sept chefs d’accusation initialement portés contre eux. Parmi ces charges figurent le séjour irrégulier en RDC, l’achat illicite et la détention illégale de minerais, l’entrave à la transparence dans l’industrie minière, ainsi que le blanchiment de capitaux. Gale Mambuba, président du tribunal, a également annoncé que les condamnés devront payer solidairement une amende de 600 000 dollars et seront expulsés de la RDC à l’issue de leur peine.
Le tribunal a ordonné que les fonds saisis soient versés au Trésor public, tandis que l’or confisqué sera remis à la Banque centrale du Congo (BCC).
Charlène N’dimon, Agence Ecofin
Lire aussi :
Sud-Kivu : l’État continue sa traque contre les exploitants illicites de minerais
La Sino-Congolaise des Mines (Sicomines) a annoncé le lancement, en ce début d’année 2025, de la deuxième phase des travaux de construction et de réhabilitation de la route nationale 12 (RN12), une voie stratégique dans la province du Kongo Central, située à l’ouest de la République démocratique du Congo. Le coût des travaux, réalisés par la Société d’infrastructures Sino-Congolaise (SISC), est estimé à 47 millions de dollars, selon des informations rapportées par la presse locale.
« Seule voie d’accès au territoire de Tshela via la RN1, elle traverse le territoire de Lukula, passe par Manterne, une agglomération située entre Matadi et Boma. La même route relie Tshela à Seke-Banza et atteint également Mbanza Ngungu via Luozi », a précisé la Sicomines dans un post sur Twitter. Les détails spécifiques des travaux n’ont pas été communiqués. On sait toutefois que le tronçon concerné par les première et deuxième phases s’étend sur 120 km.
Détenue à 68 % par un consortium de sociétés chinoises (Crec, Sinohydro, Zhejiang Huayou) et à 32 % par l’État congolais via la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines), Sicomines contribue régulièrement au financement d’infrastructures routières. Cette intervention s’inscrit dans le cadre du cahier des charges révisé en 2024, associé au permis d’exploitation minière de la Sicomines. Ce document impose la réalisation de diverses infrastructures, notamment des routes, des écoles, des centres de santé, ainsi que des projets liés à l’énergie, à l’environnement, à l’accès à l’eau potable et à l’agriculture.
L’entreprise a annoncé plusieurs réalisations achevées ou en cours, telles que la construction de stades et d’infrastructures de stockage de produits agricoles. Cependant, les mécanismes de sélection des projets et leur état d’exécution restent peu documentés.
Selon le nouveau contrat signé entre l’État congolais et la Sicomines, des travaux routiers d’une valeur de 624 millions $ étaient prévus en 2024, avec un engagement annuel de (plus ou moins) 324 millions $ dès 2025 et jusqu’en 2040. Le programme prioritaire d’investissements du gouvernement prévoit également 714 millions $ pour divers projets routiers. Toutefois, il n’est pas précisé si ce montant est complémentaire ou inclus dans les redevances attendues de la Sicomines.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Projets d’infrastructures : 5,5 milliards $ attendus de la révision du contrat Sicomines
Le poste frontalier de Kasumbalesa, reliant la RDC à la Zambie, est confronté à une grave congestion, paralysant le commerce international et réduisant les recettes publiques congolaises, estimées à plusieurs millions de dollars par mois. Ces dernières semaines, des centaines de camions sont restés immobilisés sur plus de 50 km du côté zambien, mettant en lumière des dysfonctionnements dans la gestion de ce point de transit stratégique en Afrique australe.
Pour remédier à cette situation, les autorités des deux pays se sont réunies le 11 janvier 2025 à Chililabombwe, en Zambie. Jacques Kyabula Katwe, gouverneur du Haut-Katanga, et Chipoka Mulenga, ministre zambien du Commerce et de l’Industrie, ont annoncé plusieurs mesures. Les douanes des deux pays fonctionneront désormais de 6 h à 20 h, avec pour objectif de traiter au moins 500 camions par jour. Par ailleurs, il a été décidé de rediriger une partie du trafic vers les postes frontaliers de Mokambo et Sakania afin de réduire la pression sur Kasumbalesa.
Commerce extérieur / RDC - Zambie : « Comment décongestionner la frontière de Kasumbalesa et fluidifier le trafic international », la délégation congolaise conduite par le Gouverneur du Haut-Katanga Jacques Kyabula Katwe a eu des échanges avec la partie zambienne conduite par le… pic.twitter.com/2IKnUppONR
— Gouvernement du Haut-Katanga (@GouvernementHK) January 12, 2025
La congestion actuelle s’explique en grande partie par les horaires limités des services douaniers congolais, qui fonctionnent actuellement de 9 h à 15 h seulement. Ces horaires restreints ne suffisent pas à gérer l’augmentation des importations, particulièrement en période de fêtes, entraînant des retards dans le traitement des marchandises. Cette situation incite certains transporteurs à contourner les procédures officielles en déchargeant leurs cargaisons en Zambie. Ces produits pénètrent ensuite en RDC via des circuits illégaux, privant ainsi l’État congolais de revenus douaniers cruciaux.
Bien que ces mesures constituent un bon début, elles resteront insuffisantes sans un engagement durable. Les normes de la SADC préconisent une ouverture des postes frontaliers 24 h/24. En outre, il sera indispensable de renforcer les infrastructures, d’augmenter les effectifs et de lutter efficacement contre la fraude douanière. Une coordination accrue entre la RDC et la Zambie sera essentielle pour assurer un commerce transfrontalier fluide et sécurisé à long terme.
Olivier de Souza
Lire aussi :
La RDC cherche un privé pour développer un port sec dans sa région minière
Commerce RDC-Zambie : la frontière rouverte, mais des préoccupations demeurent
La hausse du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) pour les manœuvres ordinaires, désormais fixé à 5 dollars par journée de travail en République Démocratique du Congo (RDC) à partir de la paie de février 2025, représente plus du double du seuil de pauvreté international, estimé à 2,12 dollars. Selon la Banque mondiale, ce seuil concernait 72 % de la population congolaise en 2022.
Ce salaire, qui doit en outre augmenter de 3 % chaque année si le travailleur reste dans la même entreprise pendant plus d’un an, pourrait contribuer à réduire le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Cependant, cela suppose que le texte soit effectivement appliqué, ce qui n’est pas encore garanti.
D’abord, parce que les manœuvres ordinaires concernés par cette décision restent vulnérables dans les négociations salariales. De plus, le fait que le SMIG soit fixé à la journée pourrait être exploité par les employeurs pour réduire le nombre de jours travaillés, évitant ainsi une hausse significative des salaires. Une telle stratégie, si elle se généralisait, pourrait atténuer l’impact positif attendu sur les revenus des travailleurs.
D’un autre côté, si l’augmentation des salaires est appliquée de manière optimale, deux conséquences microéconomiques potentielles doivent être envisagées. Pour les entreprises, cette hausse entraînera une augmentation des charges salariales sans garantie d’une amélioration correspondante de la productivité ni de revenus ou de marges supplémentaires. Le budget 2025 de l’État prévoit une augmentation de 22,5 % des dépenses brutes de personnel. Toutefois, il est difficile de mesurer la contribution du SMIG à cette prévision, car celle-ci intervient à la suite d’un ensemble de réformes et d’initiatives mises en œuvre en 2024, dont l’objectif était de résoudre les défis sociaux dans la fonction publique.
Du côté des consommateurs, les revenus additionnels pourraient accroître la demande de biens et services, alimentant une inflation déjà difficile à maîtriser depuis plusieurs années.
Par ailleurs, dans des économies largement dominées par le secteur informel, les hausses annoncées de revenus sont souvent interprétées par les commerçants comme une augmentation du pouvoir d’achat. Ces derniers tendent alors à relever leurs prix pour capitaliser sur ce pouvoir d’achat présumé. Cette réaction intervient même lorsque les effets réels d’une hausse du SMIG sur les coûts des facteurs et les possibilités de consommation supplémentaires ne sont pas encore totalement mesurés.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
La RDC double le SMIG journalier du manœuvre ordinaire pour le porter à 5 $
Le taux journalier du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) du manœuvre ordinaire est revalorisé à 14 500 francs congolais (5,07 $), apprend-on d’un arrêté du ministre du Travail et de l’Emploi, Ephraïm Akwakwa Nametu, signé le 31 décembre 2024. Il passe donc du simple au double puisqu’il était de 7 075 francs congolais (2,47 $) depuis 2018.
Selon le texte, le nouveau taux journalier du SMIG entrera en vigueur dès février 2025. Il est majoré « de 3 % au moins par année entière de service ininterrompu passé par le travailleur dans une même entreprise », précise l’arrêté ministériel.
Cette décision est le résultat d’un dialogue social engagé en octobre 2024 entre le ministère du Travail et l’Emploi, les organisations patronales et les syndicats des travailleurs. Lors des discussions, les parties prenantes ont reconnu l’urgence d’une révision du SMIG pour réduire l’écart croissant entre le salaire minimum et le coût de la vie.
Cette décision intervient dans un contexte où l’inflation enregistre une nette amélioration passant de 23,75 % au 31 décembre 2023 à 11 % au 28 décembre 2024 selon les données de la Banque centrale. De plus, le gouvernement a annoncé le 10 décembre 2024 la baisse des prix des produits de première nécessité, allant de 5 % à 11 %. Une mesure visant à alléger le fardeau économique des ménages et à renforcer le pouvoir d’achat des Congolais.
Il faut rappeler qu’en RDC, la semaine de travail compte cinq jours, soit 20 jours ouvrés par mois, ce qui pourrait correspondre à un SMIG mensuel de 290 000 francs congolais, soit 101,5 $. Le défi consiste désormais à garantir l'application effective du texte par tous.
Charlène N’dimon
Lire aussi :
Vie chère : la baisse des prix inférieure aux prévisions du gouvernement
A l’issue de sa deuxième audience depuis le début de l’année 2025 avec Meenu Pirohit, directrice générale de l’entreprise Zahira SPRL, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a annoncé avoir discuté de la possibilité d’établir une usine d’assemblage automobile ainsi que de créer un parc industriel.
Les détails de cette discussion n’ont pas été révélés, mais cette initiative marque une nouvelle étape pour Zahira SPRL. Depuis 1993, l’entreprise agit en tant que distributeur officiel des marques TATA Motors et Mahindra en République Démocratique du Congo (RDC), offrant une large gamme de véhicules, notamment des jeeps, des voitures, des pickups, des véhicules utilitaires, des camions, ainsi que des minibus et bus de 20 à 60 places.
Grâce à une offre de solutions de mobilité abordables et à un service après-vente performant, Zahira SPRL, présente dans les villes de Kinshasa, Lubumbashi et Kolwezi, s’est imposée sur le marché automobile de la RDC. Avec près de 500 employés, l’entreprise est devenue bien plus qu’un simple concessionnaire et pourrait désormais chercher à renforcer son statut en lançant des activités d’assemblage local.
Dans le cadre de sa stratégie, le gouvernement de la RDC vise à réduire la valeur des importations tout en optimisant le fonctionnement de ses zones économiques spéciales, notamment celle de Maluku, située près de Kinshasa. L’installation d’une usine d’assemblage de véhicules s’inscrirait parfaitement dans cette démarche.
Par ailleurs, en 2023, l’entreprise Suprême Auto a inauguré une usine d’assemblage de bus, devenant ainsi un fournisseur clé pour la société des transports publics. Au-delà de la stratégie d’industrialisation, le ministre Julien Paluku a souligné que ces discussions s’inscrivent pleinement dans l’ambition des autorités de créer davantage d’emplois dans le pays et de réduire la facture des importations.
GAB
Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku (photo), a affirmé le 28 décembre 2024 que le cacao et le café congolais sont exclusivement issus de terres arables disponibles, et non de zones déboisées. La République démocratique du Congo (RDC) entend défendre cette position lors d’un dialogue tripartite entre l’Union européenne (UE), la Monusco et le gouvernement congolais.
La RDC fait face à une menace de restriction de ses exportations de cacao et de café vers l’Union européenne (UE) en raison de l’application du règlement « Zéro déforestation », entré en vigueur le 30 juin 2023. Ce texte interdit l’importation de produits agricoles provenant de terres déboisées. Prévu pour être pleinement appliqué à partir d’octobre 2025, il impose notamment aux producteurs, exportateurs et importateurs de fournir les coordonnées géographiques de l’origine des produits. Cette exigence vise à garantir qu’ils ne proviennent pas de zones déboisées.
Sauf que l’UE invoque l’impossibilité de déployer ses enquêteurs sur le terrain pour s’assurer de la conformité du cacao et du café exportés par la RDC, en raison de l’insécurité qui sévit dans la région orientale, principal bassin de production du pays. Pour les mêmes raisons, le pays a déjà perdu ses certifications Fairtrade et BIO. « L’exclusion de l’Union européenne sape les efforts visant à repositionner le cacao et le café congolais sur le marché international », déplore un collectif de producteurs de Beni, dans le Nord-Kivu, en soulignant les sacrifices consentis pour répondre aux exigences des normes européennes.
Diversification des débouchés
Pour remédier à la situation, le ministre Paluku propose que la Monusco, présente dans les zones de conflit, certifie que les champs de production ne sont pas situés sur des terres déboisées. Cette proposition sera examinée lors du dialogue tripartite envisagé, dont l’objectif, selon Julien Paluku, est de faire retirer la RDC de la liste des pays accusés d’avoir détruit l’environnement.
Par ailleurs, la RDC élabore un plan B centré sur deux axes : l’intensification des zones économiques spéciales pour encourager la transformation locale des produits agricoles et la diversification des marchés d’exportation. Cette stratégie vise à réduire la dépendance envers l’UE, à diversifier les débouchés et à renforcer la résilience économique du pays en valorisant ses matières premières. « On nous impose ce genre de mesures parce que nous ne transformons pas nos produits sur place », a notamment regretté Julien Paluku.
En parallèle, le pays s’est fixé l’objectif de produire 3 millions de tonnes de cacao d’ici 2030, un projet susceptible de faire croître considérablement le Produit intérieur brut (PIB) du pays. Cet objectif est ambitieux, étant donné que le monde a produit 5 millions de tonnes de cacao en 2023, dont 50 % proviennent du Ghana et de la Côte d’Ivoire.
Olivier de Souza
Lire aussi :
Cacao-café : la RDC face aux nouvelles exigences de l’Union européenne sur la déforestation
Le ministre des Postes, Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa Maliba (photo), a réaffirmé aux investisseurs l’engagement de l’État à créer un environnement favorable au développement du numérique en République Démocratique du Congo (RDC). Il s’est exprimé le 16 décembre 2024, lors d’un évènement organisé par Airtel RDC et Helios Towers pour célébrer le franchissement de la barre des 2000 tours télécoms mises sous-contrats de location à Kinshasa. Une collaboration qui permet d’étendre la couverture réseau dans la capitale.
Se réjouissant de ce type de partenariat qui cadre avec la volonté de l’État de faire de la transformation numérique un levier de croissance socio-économique, Augustin Kibassa Maliba a déclaré : « nous travaillons d’arrache-pied pour améliorer le cadre réglementaire, investir dans les infrastructures critiques de télécommunications pour permettre l’inclusion numérique ».
Le ministre a affirmé que le cadre réglementaire propice au développement du numérique ciblera aussi particulièrement l’acquisition des compétences spécialisées, les innovations locales et l’entrepreneuriat de la jeunesse.
La RDC a besoin des réformes réglementaires propres aux télécoms et au numérique au regard de l’importance que l’État accorde à ce secteur qu’il veut positionner comme atout de croissance et de diversification économique. Actuellement, le pays figure parmi les 41 nations africaines qui enregistrent un faible développement numérique à cause d’un cadre politique et réglementaire défavorable, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA).
Dans ce groupe de pays auquel appartient la RDC, un ou plusieurs freins politiques et réglementaires s’accumulent notamment l’absence de fonds de service universel efficace, transparent et performant ; l’absence d’un régulateur télécoms fort ; le manque de clarté réglementaire dans la protection des données, la cybersécurité et le transfert transfrontalier de données.
Le nombre élevé de taxes sectorielles est aussi une réalité dans plusieurs de ces marchés, tout comme l’attribution incomplète des fréquences télécoms disponibles et l’interdiction de la location ou de la vente de fréquences, le niveau élevé des redevances d’utilisation du spectre et l’absence de licences neutres en termes de technologie ou de service, des frais onéreux de droits de passage de l’infrastructure de fibre optique.
Augustin Kibassa Maliba présente l’environnement politique et réglementaire adéquat qu’il promet aux investisseurs comme l’un des piliers « des fondations d’un Congo numérique prospère, un Congo où chaque citoyen pourra accéder aux services numériques, où les entreprises pourront innover et se développer, et où notre pays pourra jouer un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale ».
Muriel Edjo
Lire aussi :
Le gouvernement de la RDC veut moderniser son administration publique avec l’adoption de la technologie blockchain. Pour cela, il a signé le 18 décembre avec la société singapourienne Trident Digital Tech Holdings, un accord visant à mettre en place un système gouvernemental électronique (e-GOV) complet, selon un communiqué de l’entreprise. Celui-ci s’appuiera sur la blockchain pour renforcer la sécurité, l'efficacité et la transparence des services publics.
Selon Justin Inzun Kakiak (photo), directeur général de l’Agence nationale de renseignement de la RDC, « ce système de gouvernement électronique améliorera considérablement l’accès aux services gouvernementaux » ajoutant : « Nous sommes ravis d’aller de l’avant avec Trident sur cette initiative révolutionnaire ».
Trident to Explore Digital Transformation of Government Services in the Democratic Republic of the CongoTrident’s Blockchain-Powered Digital Authentication...
— Roger bosh (@Prometheus_006) December 18, 2024
Source: GlobeNewswire News Room https://t.co/8Db0MDdHS5
En intégrant la blockchain, la RDC peut réduire la corruption dans les services publics, améliorer la responsabilité et rationaliser la fourniture de services publics. La nature décentralisée de la blockchain devrait permettre aux citoyens d'accéder en toute sécurité à des services gouvernementaux essentiels, tels que l'enregistrement des entreprises, les registres fonciers et les services publics en général, garantissant l'intégrité et la transparence de ces processus.
Avec l'adoption de la blockchain les entreprises peuvent travailler dans un environnement plus sécurisé et fiable pour opérer dans le pays. De plus, en numérisant les fonctions clés du gouvernement, la RDC pourra rationaliser ses procédures administratives, réduire les problèmes liés à la lourdeur administrative et améliorer l'efficacité des opérations du secteur public, notamment dans les régions éloignées.
Olivier de Souza
L’antenne congolaise de l’Association pour la défense des intérêts des camionneurs de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) annonce le début d’une grève sèche à compter du 16 décembre 2024. Dans un courrier adressé au gouverneur de la province du Haut-Katanga, le 11 décembre dernier, l’association justifie son action par la contestation de certaines mesures. Il s’agit de la création par la mairie de Likasi d’un parking « forcé », de l’instauration d’un nouveau poste de péage provincial sur la route de contournement, alors que « le contournement est une continuité de la route nationale où le gouvernement central a déjà placé d’autres [postes] », ainsi que de l’obligation d’un permis de transit pour l’immigration en Zambie.
Dans son courrier, l’association précise que la grève ne sera levée que si ces décisions sont annulées par les autorités congolaises et zambiennes. En réponse, le gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula Katwe, a convié les représentants des camionneurs à une réunion ce 16 décembre. La suite du mouvement de grève annoncé dépendra de l’issue de cette rencontre.
Le maintien du mouvement de grève risque de perturber le commerce transfrontalier entre les pays de la SADC et la RDC, dont la province du Haut-Katanga constitue le principal point d’entrée. Cette situation pourrait affecter la chaîne d’approvisionnement de plusieurs produits à destination de la RDC, d’autant plus que les grévistes promettent de ne laisser passer aucune marchandise, y compris le carburant. Il convient de rappeler que le pays de Lumumba dépend de ses voisins pour l’approvisionnement en produits essentiels. En 2023, par exemple, la Zambie a exporté pour 1,6 milliard de dollars de marchandises vers la RDC, contre seulement 182 millions de dollars d’importations en sens inverse.
Une situation similaire survenue en septembre dernier, entre le Congo Central et Kinshasa, a révélé l’impact direct des grèves de camionneurs sur l’économie. Ce mouvement avait provoqué une flambée du prix du ciment, qui était passé de 12 à 17 dollars le sac, et entraîné des ruptures d’approvisionnement pour d’autres produits. Les entreprises locales et la population de Kinshasa avaient alors ressenti de plein fouet les effets de ces perturbations. Cette fois-ci, la grève pourrait également affecter l’activité minière. Pour faire face au déficit énergétique, les entreprises minières importent du carburant de Zambie et expédient leurs productions par camion vers les ports d’Afrique australe.
Cependant, cette grève pourrait offrir des opportunités, en particulier pour les petits transporteurs qui, historiquement, se trouvent souvent à la marge du marché dominé par les grands camions de 20 tonnes. Ces acteurs souvent plus agiles et capables de s’adapter rapidement aux changements commencent à se faire une place sur le marché, en particulier dans les zones où la demande de transport est élevée. Néanmoins, il reste difficile eux de rivaliser avec la capacité des grands camions, plus adaptés à la gestion de grandes quantités de marchandises à des coûts plus compétitifs.
Olivier de Souza
Lire aussi :
Grève des transporteurs : hausse des prix à Kinshasa et opportunités pour les petits exploitants
Commerce intrarégional : les échanges perturbés entre la RDC et la Zambie
La crise agricole en Zambie pourrait affecter les provinces frontalières de RDC
Communauté d'Afrique de l'Est : la RDC, premier marché d'exportation de la Tanzanie en 2022/2023
L’Office de gestion du fret multimodal (OGEFREM), établissement public chargé de la création et de la gestion des ports secs, a lancé, le 10 décembre 2024, un avis de préqualification pour le financement, la construction et l’exploitation du port sec de Kasumbalesa. Cette localité est située à la croisée de plusieurs corridors menant à sept ports maritimes africains (Dar es-Salaam, Beira, Nacala, Durban, Walvis Bay, Lobito et Luanda). Connectée à la route nationale N° 1, elle constitue également un point d’interface stratégique entre la province de Copperbelt, en Zambie, et l’ancienne province du Katanga, en République démocratique du Congo (RDC), deux zones minières les plus riches de la région.
Cette étape vise à présélectionner les opérateurs qui participeront à l’appel d’offres en vue de choisir le partenaire privé à qui l’OGEFREM concédera le projet. Les entreprises ciblées sont celles disposant d’au moins deux références dans la gestion ou le financement d’infrastructures portuaires au cours des 15 dernières années. Elles doivent également justifier d’un chiffre d’affaires d’au moins 50 millions de dollars sur les trois dernières années dans des travaux et services de même nature ou de nature similaire. Les opérateurs intéressés ont jusqu’au 15 janvier 2025 pour déposer leur dossier.
Le projet de construction du port sec de Kasumbalesa remonte à plus de trente ans. À ce jour, l’OGEFREM affirme avoir clôturé l’ensemble du site de 62 hectares et compacté 20 hectares. En avril dernier, il a également été décidé de confier au génie militaire les travaux de bétonnage de l’aire d’entreposage de 20 hectares.
Pour expliquer la lenteur du projet, les autorités avaient pointé, lors du Conseil des ministres du 4 février 2022, le coût élevé des travaux, alors estimé à près de 129 millions de dollars, ainsi que les moyens limités de l’OGEFREM. Au cours de cette même réunion, il avait été décidé que le reste des travaux serait pris en charge dans le cadre d’un partenariat public-privé.
Selon l’avis de préqualification, l’État attend du partenaire privé le financement, la construction et l’équipement de 13 500 m² d’entrepôts extensibles à 34 000 m² ; deux zones à conteneurs dont la superficie n’a pas été précisée ; une zone de dépôt des hydrocarbures ; des parkings pour camions d’une capacité d’environ 1 800 places ainsi que des parkings pour véhicules légers et deux-roues ; deux bâtiments administratifs ; des voies de circulation ; un poste de livraison d’électricité et une station de pompage d’eau dotée d’un château d’eau ; une caserne de sapeurs-pompiers ; des logements et d’autres aires de repos.
Le partenaire devra également aménager une réserve foncière à l’entrée du site, pouvant accueillir une station-service, des commerces ainsi que des ateliers de réparation et de lavage de voitures.
En contrepartie, l’État concédera à l’opérateur privé l’exploitation et la maintenance de l’infrastructure pour une durée déterminée. La durée de la concession variera en fonction du coût de l’investissement, des besoins de maintenance et des recettes d’exploitation projetées. La commission chargée d’étudier les offres devra donc être particulièrement attentive à ces indicateurs.
À en croire l’OGEFREM, avec ce projet, la RDC cherche à améliorer son accès aux marchés internationaux. Selon la même source, il s’agit également pour le pays de se positionner comme une plateforme de transit dans la Copperbelt, une région qui connaît une intense activité minière, et de valoriser les corridors nationaux et internationaux qui desservent la zone.
Pierre Mukoko
Le gouvernement provincial du Nord-Kivu, appuyé par l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et ses partenaires, a lancé une initiative visant à mobiliser les acteurs privés pour combler le déficit de financement et développer un accès durable à l’eau potable. Cette initiative, prévue sur une période de sept ans, s’inscrit dans un contexte de crise persistante de l’approvisionnement en eau, exacerbée par une population en constante croissance et des déplacements massifs dus aux conflits.
Avec seulement 35 % de la population nationale ayant accès à l’eau potable et des infrastructures insuffisantes pour répondre à la demande croissante, les défis sont particulièrement aigus dans la région. Ces dernières années, l’afflux massif de réfugiés et de personnes déplacées a aggravé la pression sur des infrastructures déjà fragiles, tandis que la société publique de distribution d’eau (REGIDESO) peine à répondre à cette demande.
C’est dans ce contexte que le gouvernement provincial a décidé d’impliquer les acteurs privés dans la gestion des services d’eau, conformément au cadre législatif révisé en juillet 2017, qui permet la délégation de ces services à des entreprises privées.
« Le gouvernement provincial du Nord-Kivu est préoccupé par la question de l’eau et, s’appuyant sur le nouveau cadre légal, il s’engage à mettre à contribution des acteurs privés pour faire face aux défis de financement dans le secteur de l’eau en vue de combler le gap dans la fourniture de l’eau », a déclaré le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu, le commissaire divisionnaire Jean-Romuald Ekuka Lipopo.
L’initiative, qui s’appuiera sur un modèle de partenariat public-privé, devrait permettre de surmonter les contraintes de financement public et de renforcer l’efficacité dans la gestion des infrastructures hydrauliques. Elle vise à fournir de l’eau potable à 1,1 million de personnes dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu pendant la période ciblée.
Pour les habitants du Nord-Kivu, cette initiative pourrait représenter une réponse concrète aux défis quotidiens liés à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Olivier de Souza
Les banques commerciales opérant en République Démocratique du Congo (RDC) ont pris l’engagement d’aider le gouvernement à régler le solde restant des pertes accumulées par les sociétés de distribution de produits pétroliers finis (essence, gasoil, pétrole lampant, etc.) sur le marché local, à l’exception du gasoil vendu aux acteurs du secteur minier industriel depuis octobre 2023. Cet engagement a été finalisé lors d’une réunion tenue le 3 décembre 2024 avec le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Samba Mukoko.
Au total, 14 contrats de refinancement de cette dette ont été signés avec des institutions financières locales. Lors du conseil des ministres du 29 novembre dernier, la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a demandé d’accélérer la finalisation de ces accords, dont les détails demeurent confidentiels. En résumé, l’État cherche à changer de créancier en transférant aux banques commerciales, contre un taux d’intérêt, les arriérés dus aux entreprises de distribution de carburants dans le pays.
« Il n’y a aucun problème, le gouvernement peut compter sur les banques », a affirmé Gisèle Mazengo, représentante de Rawbank, la plus grande banque du pays en termes d’actifs et de parts de marché. Le représentant d’Equity BCDC, Djo Nkoy Lolonga, a précisé que les opérations nécessaires, telles que les tirages auprès de la banque centrale, ont déjà été réalisées et qu’ils attendent désormais les documents du ministère des Finances pour procéder aux paiements. Selon les services de communication du ministère de l’Économie, les banquiers ont exprimé leur disponibilité à régler les manques à gagner avant la fin du mois de décembre 2024.
Les informations disponibles sur les montants à rembourser aux distributeurs de produits pétroliers restent limitées. En 2023, les prix des produits pétroliers ont augmenté de 70 % à 130 % selon les régions, ce qui a permis de réduire le rythme d’accumulation des manques à gagner, qui étaient de 545 millions dollars en 2022, à 125 millions dollars en 2023. Au cours des quatre premiers mois de 2024, 135 millions dollars d’arriérés ont été réglés, avec une contribution des banques commerciales congolaises à hauteur de 123,5 millions dollars, selon le ministère des Finances. Ainsi, fin mars 2024, le solde dû était de 405 millions dollars, auxquels se sont ajoutés de nouveaux manques à gagner enregistrés tout au long de l’année, notamment en raison d’une baisse administrative des prix de l’essence mise en place pour lutter contre la vie chère.
Si l’intervention des banques permet de réduire le risque d’une crise socio-économique due à des pénuries de carburant, elle ne résout cependant pas la question des arriérés. En effet, comme mentionné plus haut, l’État ne fait que changer de créancier. À la fin de 2023, l’encours total des arriérés s’élevait à 3,5 milliards de dollars. Pour 2024, une provision de 438,6 millions de dollars a été mise en place afin d’apurer ces arriérés, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) datant de juillet 2024.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Baisse du prix du carburant à la pompe : première promesse tenue contre la vie chère
Carburants : le paiement des manques à gagner annoncé avant la fin du mois
Lors de la table ronde organisée le 4 décembre 2024 en Angola, dans le cadre de la visite du président américain sortant Joe Biden, le président congolais Félix Tshisekedi a mis en avant l’importance stratégique d’Inga 3 pour maximiser le potentiel du corridor de Lobito. Il a affirmé que ce projet, « ainsi que d’autres initiatives en énergies renouvelables, sont essentiels pour fournir une alimentation énergétique fiable, durable et adaptée aux exigences » de l’industrie de la République démocratique du Congo (RDC), actuellement « en pleine expansion ».
Pour le président congolais, le corridor de Lobito dépasse son rôle de simple voie logistique : il incarne un moteur de transformation économique et sociale. Cette vision rejoint celle des officiels américains. L’un d’eux, cité par le département d’État, a souligné que le corridor de Lobito « n’est pas simplement une infrastructure d’extraction ». Il a ajouté que la rénovation de ce chemin de fer attirera davantage d’investisseurs « aux standards élevés » vers les mines de la Zambie et de la RDC.
À titre d’exemple, il a cité l’entreprise KoBold, une startup californienne soutenue par des personnalités comme Jeff Bezos (Amazon) et Bill Gates (Microsoft), qui prévoit d’investir en RDC après avoir établi une première base en Zambie. Selon les officiels américains, ce n’est qu’un début : d’autres investisseurs de classe mondiale pourraient suivre, dans un secteur aujourd’hui dominé à 90 % par des sociétés principalement contrôlées par des capitaux chinois.
Le responsable américain a également souligné que le corridor de Lobito représente une opportunité de développement rapide pour d’autres secteurs, notamment l’agriculture, en facilitant l’acquisition d’équipements et l’évacuation rapide des produits. En outre, selon le discours officiel des États-Unis, le corridor pourrait rendre le coût des batteries électriques plus compétitif. Cela s’explique non seulement par la réduction des frais de transport, mais aussi par la possibilité d’installer des unités de production à proximité des sites d’extraction des minerais critiques, avec une exportation facilitée par le chemin de fer (moins de 50 heures depuis Luau à la frontière entre l’Angola et la RDC).
Inga 3 : discussions en cours
Cependant, la mise en place de ces différentes chaînes de valeur ne pourra se réaliser que si une énergie abondante et de qualité est disponible, un domaine dans lequel la RDC présente encore une marge de progression significative. Lors d’un panel organisé à l’occasion de la 10 ᵉ édition du forum Makutano, le directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), Fabrice Lusinde, a révélé que le secteur minier du pays a dû importer l’équivalent de 5 milliards de dollars en électricité et en carburant pour groupes électrogènes au cours des quatre dernières années.
Avec un réseau électrique nécessitant des rénovations et des barrages fournissant moins que leur capacité installée, Inga 3 devient un projet clé pour transformer Lobito en un corridor non seulement dédié au cuivre et au cobalt, mais aussi en une ligne d’affaires reliant trois pays africains (Angola, Zambie et RDC) au marché international.
Cependant, le projet Inga 3 est encore loin de se matérialiser. Les discussions sont toujours en cours concernant le modèle de développement du barrage hydroélectrique, avec une préférence pour une installation progressive des capacités. De plus, une telle infrastructure nécessite une coordination efficace sur l’ensemble de la chaîne de valeur du marché de l’électricité (maintenance, distribution efficace, gestion logistique). Des responsables de la Banque mondiale ont annoncé un investissement d’un milliard de dollars pour les dix prochaines années, mais ce montant doit encore être validé par leur conseil d’administration.
Pour sa part, le président Félix Tshisekedi a affirmé que la République Démocratique du Congo s’engage pleinement à renforcer le corridor de Lobito. « Nous continuons à renforcer le cadre institutionnel et juridique pour encourager les investissements privés et garantir une gestion transparente et responsable de nos ressources. La transparence et la bonne gouvernance restent des priorités absolues pour instaurer un climat de confiance et favoriser des partenariats gagnant-gagnant », a-t-il déclaré.
Georges Auréole Bamba
Lire aussi :
Crise énergétique en Zambie : un risque pour les miniers du sud-est de la RDC
Secteur minier : 4 milliards $ échappent à la SNEL en 5 ans, faute de capacité électrique
Inga 3 : un financement d’un milliard de dollars de la Banque mondiale annoncé