Lors du forum Indonésie-Afrique, qui s’est achevé le 3 septembre 2024 à Bali, la capitale de l’Indonésie, le pays hôte a exprimé un intérêt pour les minerais liés à la transition énergétique, dont la République Démocratique du Congo (RDC) possède d’importantes réserves. « L’Indonésie travaille à devenir un important pôle de production de matériaux pour les véhicules électriques et leurs batteries », a déclaré le vice-ministre indonésien des Affaires étrangères, Pahala Mansury, lors d’une conférence de presse.
Dans cette optique, l’Indonésie envisage de renforcer sa coopération avec les pays africains disposant de vastes ressources, telles que le cobalt, le lithium et le graphite, dans le cadre de partenariats mutuellement bénéfiques.
Dans cette perspective, le président indonésien Joko Widodo a annoncé que les partenaires indonésiens devraient conclure des accords commerciaux d’une valeur de 3,5 milliards de dollars au cours des deux jours d’échanges. Il n’est cependant pas encore certain que tous ces accords aient été finalisés. Lors de la première édition, en 2018, des accords de 600 millions de dollars avaient été signés avec plusieurs pays africains. Le président s’est dit satisfait du dynamisme observé depuis, et vise à élargir encore la coopération.
Lors de ce forum, la délégation de la RDC était conduite par le vice-Premier ministre en charge du Plan et de la Coordination de l’Aide au Développement, Guylain Nyembo. Le représentant congolais a proposé plusieurs pistes de coopération future avec l’Indonésie, articulées autour de deux axes principaux. D’une part, il s’agit d’augmenter le volume des échanges de biens et de services entre le marché indonésien et le marché intégré africain. D’autre part, la RDC souhaite renforcer la coopération dans le domaine de la transition énergétique, en encourageant des investissements majeurs dans la production d’énergies renouvelables.
OS
Les présidents Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC) et Xi Jinping de la Chine se sont rencontrés à Pékin, ce lundi 2 septembre 2024, en préparation du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac). La rencontre vise à poser les fondations du renforcement des relations bilatérales entre les deux pays.
Durant cette rencontre, les deux chefs d’État ont mis l’accent sur l’importance d’un partenariat renforcé, notamment dans le secteur des énergies renouvelables considéré comme prioritaire pour le développement économique de la RDC. Le président Félix Tshisekedi a insisté sur les vastes possibilités offertes par son pays dans ce domaine, notamment grâce à des ressources abondantes comme l’hydroélectricité et l’énergie solaire. Il a aussi exprimé son souhait de collaborer étroitement avec la Chine pour développer des infrastructures énergétiques durables.
Une volonté politique affichée dans un contexte où le pays affiche l’un des niveaux d’électrification les plus bas du continent africain, soit 21 %, selon le rapport « The Energy Progress Report 2023 » de la Banque mondiale et de l’Agence internationale de l’énergie. Ceci, alors que la demande en électricité est sans cesse croissante, poussée par une forte démographie et une urbanisation à grande échelle.
Pour la RDC, la Chine est un partenaire de première importance dans ses efforts visant à développer son parc hydroélectrique et réaliser son plein potentiel dans ce segment. Le pays est le plus grand producteur d’hydroélectricité au monde, avec en 2022 une production de 1 303 térawattheures, soit plus de 31 % de l’énergie hydroélectrique produite dans le monde. De plus, les entreprises locales ont développé les technologies les plus récentes dans ce domaine. Une expérience dont espère bénéficier la RDC.
Lors de la séance de travail élargie, les discussions ont également porté sur la promotion de projets visant la transformation locale des ressources naturelles tout en réduisant l’empreinte carbone.
OS
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La contribution financière du segment de l’Internet mobile au revenu global des opérateurs de téléphonie mobile a rattrapé celle du segment voix en République démocratique du Congo. Sur la somme de 475 597 179 $ générée par Vodacom, Airtel, Orange et Africell au premier trimestre 2024, l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC) révèle que l’Internet mobile a pesé pour 218,8 millions $, soit 46,02 %. Le segment voix a enregistré un léger repli pour se stabiliser à 219 millions $, soit 46,05 % du revenu global.
*premier trimestre de chaque année.
La valeur financière que représente aujourd’hui l’Internet mobile dans le revenu des opérateurs de téléphonie mobile traduit à suffisance l’importance qu’il a gagnée au fil des années. En effet, ce segment de marché a réussi à générer une revenue similaire à celui du segment voix bien que son nombre d’utilisateurs soit encore plus faible que celui de la voix. Les dernières statistiques du régulateur des télécoms révèlent près de 29,2 millions internautes mobile sur plus de 57, 5 millions d’abonnés à la téléphonie mobile.
Entre les premiers trimestres 2023 et 2024, la consommation de la data mobile a doublé. Elle est passée de 150,2 milliards de mégabits à 229,2 milliards de mégabits, soit une croissance de 52,62 % représentant 79 milliards de mégabits en plus. Même le revenu moyen par utilisateur a augmenté. Il est passé de 2,13 $ à 2,53 $. A contrario, le volume global du trafic voix a chuté de 1,82 %. Il est passé de plus de 3,85 milliards à plus de 3,78 milliards de minutes.
L’intérêt suscité par la data mobile en RDC doit être soutenu au regard de son effet catalyseur sur la croissance économique. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), un accroissement de 10 % du taux de pénétration du haut débit mobile dans les pays à faible revenu entraîne une augmentation de 2,0 % du Produit intérieur brut (PIB).
Relever le défi de l’accessibilité requiert des actions à plusieurs niveaux. Améliorer le taux de pénétration qui est environ de 35 %, selon l’Arptc, qui souligne que le marché est encore loin de la saturation. Réduire également les tarifs qui demeurent assez élevés. L’UIT indique que le tarif du gigabit dans le pays équivaut encore à 32,7 % du revenu mensuel moyen par habitant alors que les recommandations internationales préconisent 2 %. Il est également nécessaire de favoriser l’accès aux smartphones pour la majorité.
L’ARTPC affirme « qu’Airtel, fort de son réseau 4G vaste, a pris le leadership sur le marché des données en volume, alors qu’Africell s’est distingué par une consommation de data remarquablement haute par utilisateur. Vodacom a consolidé sa suprématie sur le marché de la téléphonie vocale, et Airtel a devancé la concurrence en termes de revenus issus de la data, grâce à des offres attractives ».
Muriel Edjo
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En République démocratique du Congo (RDC), l’urbanisation galopante en cours dans plusieurs villes comme Kinshasa offre un terreau favorable pour le développement de la filière tomate. En effet, la hausse de la population citadine sur la dernière décennie a conduit à une augmentation de la demande de fruits et légumes en milieu urbain.
Parmi les produits les plus consommés figure notamment la tomate qui est la première culture maraîchère du pays. En milieu urbain ce légume-fruit entre dans plusieurs préparations culinaires (potages, sauces, jus) des ménages de toutes les catégories.
Et si la croissance de la demande a stimulé la production qui est passée de 150 000 tonnes en 2012 à 233 000 tonnes en 2022, d’après les données de la Banque centrale du Congo (BCC), l’offre reste encore insuffisante pour suivre la tendance.
Selon les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le pays a importé pour 12,6 millions $ de tomates et produits dérivés (jus et purée) en 2022. Il existe donc d’importantes opportunités économiques pour les acteurs déjà présents ou les nouveaux entrants qui souhaitent investir dans la filière à condition d’être prêts à relever plusieurs défis.
Comme d’autres cultures maraîchères, la filière tomate est en effet confrontée à l’insécurité foncière avec la raréfaction de la terre dans plusieurs sites maraîchers, notamment à Kinshasa, le faible approvisionnement en intrants et les préoccupations liées à la qualité phytosanitaire des produits.
EO
Le gouvernement prépare des mesures visant à accorder le marché de l’approvisionnement en carburant des sociétés du portefeuille de l’État aux entreprises Sonahydroc et Cobil. L’objectif est de maintenir ces deux sociétés publiques, actives dans le secteur pétrolier, en « équilibre financier ». Cette information a été communiquée par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Busa, à l’issue d’une réunion intergouvernementale tenue le 28 août 2024. Les ministres des Finances, des Hydrocarbures, ainsi que les responsables de Sonahydroc et Cobil ont également participé à cette réunion, présidée par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka.
Pour le même objectif, les autorités ont également mentionné une collaboration plus étroite avec les banques commerciales afin de consolider les lignes de crédit existantes.
Les retombées attendues de ces mesures incluent non seulement une stabilisation des prix des produits pétroliers, mais aussi une amélioration des services offerts par Sonahydroc et Cobil, qui pourront ainsi sécuriser les chaînes d’approvisionnement.
Ces mesures interviennent alors que les problèmes de pénurie, d’irrégularités, et de prix élevés des produits pétroliers prennent de l’ampleur, affectant le portefeuille des consommateurs et freinant le bon fonctionnement des activités économiques sur l’ensemble du territoire. Conscient des enjeux, lors du Conseil des ministres il y a deux semaines, le Président Félix Tshisekedi a appelé les responsables en charge du secteur à mener des réflexions pour assainir le secteur.
Cela passe par la réorganisation de la tarification des produits pétroliers, favorisant ainsi un marché plus transparent et compétitif. Par ailleurs, Kinshasa espère lutter contre la fraude douanière, qui affecte négativement l’offre de produits et la régulation du marché, particulièrement dans les régions du sud du pays. Cette fraude constitue un obstacle majeur à la stabilité des prix, entraînant une forte volatilité des coûts.
Olivier de Souza
Portées par la croissance démographique et économique, favorisée par l’exploitation minière, plusieurs branches de l’industrie comme les boissons alcoolisées et gazeuses ont connu des évolutions positives sur la dernière décennie. Selon l’édition 2023/2024 du rapport sur le marché mondial de la boisson du cabinet d’analyse BarthHaas, la production de bière de la République démocratique du Congo a atteint 5,2 millions d’hectolitres (520 millions de litres) en 2023. Cette production, en hausse de 6 % par rapport à l’année précédente (4,9 millions d’hectolitres), est la 6e plus importante du continent.
S’il s’agit d’une hausse appréciable en volume, force est de constater que, globalement, le secteur congolais des boissons n’arrive pas encore à combler les besoins grandissants qui entretiennent les importations. D’après la Banque centrale du Congo (BCC), la valeur des achats de cette catégorie de produits a augmenté de 9,8 % en moyenne par an entre 2018 et 2022, passant de 627 millions $ à plus d’un milliard $.
S’il existe donc encore un énorme potentiel de progression sur le marché intérieur pour la substitution des importations par la production locale, de nombreux défis continuent à limiter la performance des industriels. Dans son rapport Diagnostic du secteur privé du Congo, publié en mars 2022, la Banque mondiale estime que l’un des principaux écueils réside dans l’approvisionnement en bouteilles en verre, un type de conditionnement très apprécié sur le marché congolais, comme dans la plupart des pays africains. « Les producteurs de boissons non alcoolisées et de bière ont indiqué que la qualité des bouteilles en verre produites localement entraîne 10 % de déchets supplémentaires dans le cycle de production en raison des bris de verre », indique l’institution.
Plus de 100 impôts différents
En dehors de l’embouteillage, les auteurs du rapport soulignent que, globalement, les intrants locaux ne sont pas disponibles ou ne sont pas compétitifs en termes de prix et de qualité sur le marché intérieur. À cela s’ajoute une situation des affaires marquée par le coût élevé de l’électricité, l’enclavement de certaines localités et le poids de la fiscalité auxquels fait face l’industrie de la boisson et secteur manufacturier en général.
« Comme dans la plupart des autres secteurs, le harcèlement fiscal et les paiements non fiscaux constituent une contrainte majeure. Les entreprises manufacturières déclarent payer plus de 100 impôts différents. Une étude de la Commission européenne a conclu que l’application de tous les impôts sur l’industrie manufacturière (impôts nationaux et infranationaux combinés) ne permet pas à une entreprise légale d’être rentable », souligne la Banque mondiale.
Dans un tel contexte, l’institution estime que l’amélioration de l’environnement des entreprises, des infrastructures et un assouplissement de la fiscalité pourraient permettre « de développer une production dirigée vers le marché intérieur ».
En attendant, il faut noter que le gouvernement a annoncé le 26 juin dernier la suspension des importations de bières et de boissons gazeuses sur une période de 12 mois. Selon les autorités, cette mesure devrait participer à réduire la concurrence que les produits importés exercent sur les produits locaux. Mais une partie de l’opinion redoute qu’elle engendre des pénuries ou une hausse des prix des boissons.
Espoir Olodo
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Les travaux en cours pour moderniser l’aéroport de Mbuji-Mayi, dans le Kasaï Oriental en République démocratique du Congo seront achevés en février 2025, a annoncé l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhao Bin, après une visite d’inspection du chantier dimanche dernier. Le chantier inclut la construction d’une nouvelle aérogare, une tour de contrôle, deux parkings, une caserne antiincendie ainsi que la remise à niveau de la piste d’atterrissage, du système de balisage, de l’aire de trafic et des voies de circulation notamment.
L’investissement pourvu par la BAD et l’État congolais est destiné à relancer cette plateforme construite en 1995 pour les besoins de mobilité de sociétés minières, avant de devenir inopérante depuis plusieurs années. Il vise à stimuler le potentiel économique de la région, axé sur des secteurs clés comme l’exploitation minière, le commerce et l’agriculture.
La modernisation de l’aéroport de Mbuji-Mayi devrait aussi stimuler le fret aérien, étant donné les volumes non négligeables de produits vivriers (maïs, riz, haricot, manioc, etc.) importés par la région. Elle devrait par ailleurs améliorer l’accessibilité des localités environnantes et l’interconnexion avec Kinshasa, la capitale du pays. Il y aura ainsi une alternative de mobilité aux réseaux routiers et ferroviaires, encore peu denses.
Henoc Dossa, Agence Ecofin
Le gouvernement congolais prévoit des mesures fiscales pour soutenir les entreprises opérant dans plusieurs régions de l’est du pays. L’annonce a été faite par la primature, dans un communiqué publié sur son compte X (ex-Twitter). « Le gouvernement prévoit des allégements fiscaux, non fiscaux, parafiscaux ainsi que des facilités douanières en faveur de ces provinces », indique le document.
Ces mesures ont été annoncées à l’issue d’une réunion du comité de conjoncture économique (CCE), qui s’est tenue le 21 août dernier. Les détails de ces mesures n’ont pas été dévoilés, mais les autorités indiquent qu’elles permettront de soutenir « les opérateurs économiques et les populations des provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema et de la Grande Orientale », exposées à la crise sécuritaire qui secoue cette région.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, le gouvernement tente de mettre fin à la crise sécuritaire dans l’est de la RDC, une région à fort potentiel de développement en raison de ses nombreuses ressources. Alors que les efforts sécuritaires peinent encore à porter leurs fruits, les autorités poursuivent également leurs actions dans le domaine économique, notamment en vue d’atténuer l’impact des violences sur les activités économiques dans la région.
En dehors des mesures d’incitations fiscales annoncées pour les entreprises et les populations de l’est de la RDC, les autorités ont également approuvé le début des décaissements pour soutenir la campagne agricole et financer le Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T). Annoncé en 2021, celui-ci vise à investir 1,6 milliard $ pour le développement des territoires congolais.
MAN
En octobre, un groupe d’hommes d’affaires indiens, membres de la Indian Economic Trade Organization (IETO), devrait se rendra en République démocratique du Congo (RDC) pour explorer diverses opportunités d’investissement, notamment dans les secteurs de l’énergie solaire, de l’agriculture, des mines et de la santé. Cette visite de travail vise à identifier les possibilités de développement économique et à renforcer les relations commerciales entre l’Inde et la RDC.
L’annonce de cette visite a été faite par Louis Watum Kabamba, ministre de l’Industrie et du Développement des petites et moyennes entreprises (PME) de la RDC. Lors des IETO Business Impact Awards 2024, organisés le 22 août à New Delhi, le ministre a été récompensé pour ses efforts visant à attirer les investisseurs indiens dans le pays.
Concrètement, les investisseurs indiens prévoient d’évaluer la faisabilité de projets tels que l’installation de parcs solaires pour réduire le déficit énergétique de la RDC, ainsi que la création d’usines de montage pour des véhicules comme les motos à trois roues, les tracteurs agricoles, les bus et les camions.
Watum Kabamba a souligné que la venue de ces investisseurs pourrait déboucher sur des partenariats avec des entrepreneurs locaux, contribuant ainsi à un développement économique durable et inclusif en RDC. La IETO, active dans plusieurs pays africains ces dernières années, a déjà établi des accords de coopération dans des pays tels que Djibouti, la Tunisie, le Gabon, le Ghana, le Lesotho, le Zimbabwe et la Namibie.
Olivier de Souza
L’entreprise de négoce Trafigura a annoncé, le jeudi 22 août 2024, la première expédition de cuivre congolais vers le port de Baltimore aux États-Unis via le corridor de Lobito. Il a fallu six jours au train transportant cette première cargaison de cathodes de cuivre depuis Kolwezi pour arriver au port de Lobito, une durée présentée comme « démontrant l’efficacité du trajet ouest désormais disponible pour les minéraux et métaux produits dans la Copperbelt congolaise ».
En effet, l’utilisation de ce corridor permet des gains de temps par rapport aux délais de 20 à 25 jours qu’il fallait pour transporter le minerai de la RDC vers les ports de Dar es Salam (Tanzanie) et Durban (Afrique du Sud). Ce délai d’expédition plus rapide vers les marchés internationaux attire certaines compagnies opérant en RDC, qui ont déjà signé des accords pour faire transiter leur production par le biais du corridor de Lobito.
C’est le cas d’Ivanhoe Mines, qui exploite la plus grande mine de cuivre de RDC. La compagnie canadienne a annoncé en février 2024 un accord visant à expédier jusqu’à 240 000 tonnes de cuivre par an, grâce au chemin de fer et au port de Lobito. Le négociant en matières premières Trafigura, qui fait partie du consortium ayant obtenu la concession du corridor, a aussi prévu faire transiter jusqu’à 450 000 tonnes de cuivre via Lobito, chaque année.
Depuis le début de l’année, ce sont plusieurs cargaisons de cuivre qui ont ainsi été expédiées depuis les mines congolaises vers l’Europe et l’Extrême-Orient.
Pour rappel, le corridor de Lobito s’étend sur environ 1 344 km. Son développement bénéficie du soutien des États-Unis, qui ont annoncé en 2023 un financement de 250 millions de dollars. Dans le cadre du partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux (PGII) du G7, les États-Unis et l’UE prévoient également d’intensifier leur soutien au corridor, en contribuant notamment à financer son prolongement jusqu’en Zambie.
Emiliano Tossou
Le nouveau ministre des Hydrocarbures de la République démocratique du Congo (RDC), Aimé Sakombi Molendo, a annoncé sa participation à la conférence Angola Oil and Gas (AOG), qui se tiendra les 2 et 3 octobre prochain à Luanda. C’est l’un des évènements majeurs dans le domaine du pétrole et du gaz en Afrique subsaharienne. Une tribune dont veut profiter le dirigeant pour exposer sa politique qui consiste à attirer des investissements dans l’amont pétro-gazier en RDC, via la collaboration régionale.
« Le ministre Molendo prononcera un discours et participera à un panel sur l’exploitation du secteur pétrolier et gazier afin de stimuler le commerce régional. Cette démarche reflète l’engagement de la RDC à s’appuyer sur une coopération régionale accrue pour maximiser le potentiel de ses ressources en hydrocarbures, soutenant ainsi la croissance économique à travers toute l’Afrique subsaharienne », lit-on sur le site de l’AOG.
Pour lui, le renforcement de la coopération pétro-gazière avec l’Angola, deuxième plus grand producteur africain de pétrole, jouera un rôle central dans cette collaboration régionale. Pour rappel, en juillet 2023, les deux pays ont signé un accord de développement conjoint du bloc 14, qui chevauche la frontière maritime des deux pays. Un modèle de coopération qui sera bénéfique pour la RDC, qui aura un grand intérêt à le reproduire davantage.
Kinshasa estime que ce projet devrait non seulement encourager des investissements supplémentaires de la part de Chevron dans ses eaux, mais aussi d’autres acteurs intéressés par les opportunités en mer congolaise. Les entreprises publiques du pétrole des deux ont également signé un accord en 2023 pour faciliter le commerce transfrontalier des sous-produits pétroliers.
Afin de faciliter le processus, le dirigeant veut mettre en place des réformes audacieuses pour améliorer la transparence, l’efficacité et l’attractivité du secteur en RDC, tout en favorisant de nouveaux investissements et découvertes commerciales pour renforcer ses réserves estimées à 5 milliards de barils de pétrole. D’ailleurs, le pays a lancé un cycle d’octroi de licences en 2022 concernant 24 blocs d’exploration, dont six ont déjà été attribués. L’appel d’offres prendra fin au cours des prochains jours, ce qui donnera lieu à une mise à jour sur l’état d’attribution des périmètres restants.
Olivier de Souza
En RDC, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a récemment émis des allégations de détournement de 940 millions $ à l’encontre de la Snel, la compagnie publique d’électricité. Si la Snel n’a pas encore réagi, cette nouvelle sortie visant une entreprise appartenant à l’État montre l’importance que revêt pour la RDC la poursuite de la lutte contre la corruption.
Selon les détails relayés par plusieurs médias, le détournement présumé dénoncé par Asadho porte sur des fonds liés à des droits de douane et des amendes payées par des compagnies minières pour l’importation d’électricité dans les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga. L’association indique que ces sommes, qui devaient être reversées à la Direction générale des douanes et accises (DGDA), n’ont pas été transférées par la Snel, malgré le fait que les entreprises minières avaient déjà effectué les paiements requis. Elle affirme qu’un réseau de corruption au sein de la Snel serait responsable et appelle la justice à mener des enquêtes.
Il faudra attendre davantage d’éléments et d’éventuels développements pour évaluer le niveau de crédibilité de ces allégations. Néanmoins, il est important de rappeler que la lutte contre la corruption est l’une des priorités du programme politique de Felix Tshisekedi depuis son arrivée au pouvoir en 2019.
Ces dernières semaines des hommes politiques invitent les populations et les agents économiques à ne plus se taire et à dénoncer les actes de corruption. Le ministère de la Justice a indiqué pour sa part que son administration travaille à assainir au mieux la gestion publique. Au niveau du ministère des Finances enfin, une mission est annoncée dans l’ensemble des régions du pays, pour effectuer divers contrôles sur le travail des représentants de cette administration.
Dans un entretien accordé en décembre 2023 à BBC, Jules Alingete, chef de l’Inspection générale des finances (IGF), a évoqué les efforts consentis par cet organisme depuis 2020 pour assainir la gestion des finances publiques. Selon lui, si en 2020, la situation était « catastrophique » marquée par des cas de corruption dans tous les secteurs ; les différents efforts auraient conduit à « des améliorations sensibles en termes de mobilisation des recettes, en termes de budgets, en termes de croissance économique, en termes de réserves de changes et d’autres paramètres économiques ».
Si la RDC a occupé en 2023 la 162e place sur 180 pays classés selon le niveau perçu de corruption dans le secteur public, il faut noter que le score du pays a progressé par rapport à 2019. De 18 sur 100 en 2019, l’indice de perception de la corruption (Corruption perceptions Index-CPI) de la RDC est passé à 20/100 en 2023, 100/100 étant la note attribuée aux pays perçus comme non corrompus.
Louis-Nino Kansoun
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En RDC, il faut en moyenne entre 10 et 15 ans pour développer une nouvelle mine de cuivre, de cobalt ou autre métal essentiel à la transition énergétique. C’est le deuxième temps le plus rapide au monde, après le Laos, selon un rapport publié le 18 juillet 2024 par S&P Global. Intitulé « Mine Development times : The US in perspective », ce rapport sur les États-Unis se concentre sur le temps nécessaire pour développer un projet minier, de la découverte à l’entrée en production. Pour réaliser son classement, S&P a pris en compte 268 mines réparties dans 23 pays. L’étude comprenait des mines de cobalt, de cuivre, d’or, de lithium, de nickel, de palladium, de platine, de vanadium et de zinc, en production ou non.
Si le document ne donne pas assez de détails ou d’explications sur le classement de la RDC, les critères avancés pour justifier le rang des États-Unis (2e temps de développement minier le plus long) apportent des éléments de réponse. Selon les auteurs, le temps long (29 ans en moyenne) pris chez l’Oncle Sam pour développer une mine s’explique principalement par la complexité des autorisations nécessaires (retard, imprévisibilité et coût de l’octroi de permis sur les terres fédérales). Ils évoquent également une volonté politique insuffisante malgré une forte dotation en ressources minérales, ou encore la faiblesse des investissements dans l’exploration.
Le rapport indique également que « le développement d’une mine aux États-Unis n’est pas seulement long et coûteux, mais il est également exceptionnellement incertain ». Aux États-Unis, apprend-on, même si les projets miniers obtiennent tous les permis nécessaires, ils sont soumis à un risque de litige (avec les parties prenantes) plus élevé comparativement à des pays comme le Canada ou l’Australie qui ont des temps de développement également élevé (27 et 20 ans respectivement).
Temps mis pour développer une mine par pays
Source : S&P
On pourrait en déduire que les autorisations réglementaires sont moins complexes et plus faciles à obtenir dans les pays mieux classés comme la RDC. Aussi, étant donné le poids du secteur minier dans l’économie congolaise, il est normal que les efforts du gouvernement pour le développement minier y soient plus marqués. En revanche, il est difficile de déterminer si les risques de litige moins élevés dans un pays comme la RDC sont liés aux lois en vigueur ou à une moins forte sensibilité des parties prenantes aux questions d’ordre environnemental ou social.
L’attractivité du secteur minier congolais
Pour mesurer l’attractivité d’une juridiction minière pour les investisseurs, plusieurs critères sont à prendre en compte, en l’occurrence le potentiel minéral, mais aussi les politiques en vigueur. Concernant le premier point, la RDC est reconnue comme étant un des pays les mieux dotés au monde en ressources minérales indispensables à la transition énergétique, comme le cuivre, le cobalt ou encore le lithium.
Pour le deuxième point, si le temps nécessaire pour développer une mine (selon les critères susmentionnés) en RDC peut être vu comme un indicateur de politiques attractives pour les investisseurs, d’autres facteurs sont à prendre en compte. En 2023, l’Institut Fraser a mis la RDC au 67e rang sur 83 dans son classement des juridictions minières africaines, selon leur attractivité pour les investisseurs étrangers. Ces deniers ont évoqué des défis comme « la récente augmentation unilatérale du taux de redevance en RDC », ou « le manque de clarté des limites des concessions minières d’exploration et la corruption ».
Malgré les critiques à l’encontre du pays pour certains aspects de sa politique minière, il faut remarquer que depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, plusieurs efforts ont été consentis pour faire évoluer la perception qu’ont les investisseurs étrangers de l’environnement minier congolais. Actuellement deuxième producteur mondial de cuivre et leader de la production de cobalt, le pays cherche à attirer toujours plus d’investissements pour concrétiser son vaste potentiel minier tout en tirant davantage de profits de ce secteur.
Louis-Nino Kansoun
En RDC, le développement de l’élevage commercial peut positionner le pays comme un acteur majeur de la chaîne de valeur de la viande bovine sur le continent africain. Alors que le top 3 des principaux producteurs de cette catégorie est formé par l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Égypte, la Banque mondiale indique dans son rapport diagnostique du secteur privé, publié en mars 2022, que le pays a les atouts pour bousculer cette hiérarchie.
En effet, les pâturages disponibles dans le pays couvrent près de 87 millions d’hectares et peuvent nourrir, selon l’institution, environ 40 millions de têtes de bétail. Si ce potentiel en matières premières peut permettre de débloquer l’aval de la chaîne et stimuler les maillons de la commercialisation, de la transformation et de la distribution, il faut rappeler que pour l’heure, la filière bovine reste encore à ses débuts.
Selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC), le cheptel bovin occupait en 2022, le 3e rang en termes d’importance avec 1,39 million de têtes derrière la volaille (19,3 millions) et les caprins (4,1 millions). Par comparaison, la Tanzanie possède plus de 30 millions de têtes de bovins en dépit d’une zone de pâturage plus limitée et des conditions climatiques plus sèches.
Défis
Plus largement, les auteurs du rapport soulignent que l’industrie de la viande bovine doit faire face, à l’image des autres segments du secteur de la viande, à plusieurs défis qui nourrissent des importations de l’ordre de 124 millions $ de produits carnés et de produits laitiers depuis l’Union européenne (UE). Il s’agit notamment du coût prohibitif des aliments qui limite l’essor de la production, des maladies animales. Sur ce dernier volet, le manque d’accompagnement des ménages ruraux qui pratiquent essentiellement le petit élevage, notamment par les services vétérinaires publics, et la faiblesse de la recherche sont également des freins à l’amélioration de la productivité du secteur.
Avec une politique beaucoup plus volontariste, un plan de développement plus spécifique et un cadre incitatif plus favorable, le pays pourrait non seulement améliorer la disponibilité au niveau local de cette source de protéines, mais aussi en tirer profit à l’export. En attendant le secteur public, il faut noter que certains acteurs privés ont déjà compris l’opportunité que présentait la chaîne de valeur bovine en RDC et investissent depuis quelques années pour se renforcer.
Parmi les poids lourds, figure le groupe agroalimentaire GoCongo Holding Belgium qui a racheté, en 2022, la Pastorale du Haut-Lomami (PHL) qui était le second acteur du secteur de l’élevage dans la région du Grand-Katanga. L’opération a permis au groupe de porter son troupeau de bovins à près de 56 000 têtes sur une superficie de 73 000 hectares.
Espoir Olodo