Le trafic ferroviaire est interrompu depuis début octobre entre les villes d’Ilebo (Kasaï Central) et de Lubumbashi (Haut-Katanga), à la suite d’une importante érosion survenue dans la cité de Kamupongo. Cette coupure affecte le transport de marchandises et de passagers sur cet axe stratégique reliant le centre au sud de la République démocratique du Congo (RDC).
La société Safrimex a lancé, le 6 octobre 2025, des travaux antiérosifs destinés à stabiliser le sol et à réhabiliter le tronçon endommagé. Ces travaux sont toujours en cours d’exécution, a indiqué le directeur du département Région Nord (DRN) de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), Emmanuel Kalonji, sans fournir de précisions sur le taux d’avancement.
L’interruption du trafic entre Kamupongo et la gare de Kalumba entraîne d’importantes conséquences socioéconomiques. Le chemin de fer demeure en effet le principal moyen de transport pour les populations locales, ainsi que pour l’acheminement des produits pétroliers, agricoles et manufacturés.
En conséquence, selon son DRN, la SNCC n’a pu organiser aucun train-courrier sur les axes Ilebo–Kananga et Kananga–Lubumbashi durant tout le mois d’octobre. Cinq citernes de kérosène appartenant à la SEP-Congo sont ainsi immobilisées dans les installations de la SNCC à Kananga, perturbant la fourniture de carburant dans cette partie du pays.
La dégradation du tronçon avait pourtant été signalée dès avril dernier. Selon les constats des techniciens, l’érosion avait déjà provoqué d’importants affaissements de la voie, rendant le passage des convois dangereux.
Ronsard Luabeya
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Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a alerté sur l’introduction illégale de cargaisons de ciment, notamment de la marque Dangote, via les ports de Linda et Bouming, dans la zone de Maluku, en violation des restrictions en vigueur. L’information a été publiée le 27 octobre 2025 sur le compte officiel X (Twitter) du ministère.
Dans une correspondance datée du même 27 octobre, adressée au ministère public près le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe et relayée par la presse locale, le ministre a demandé l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire afin d’identifier les auteurs des opérations clandestines et de les poursuivre conformément à la loi.
Julien Paluku a saisi la Société d’exploitation du guichet unique intégral en République démocratique du Congo (SEGUCE RDC) afin de renforcer les contrôles sur le marché du ciment dans le pays.
Le ministère qui rappelle que de telles pratiques constituent une menace pour l’industrie locale. Julien Paluku a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’agir rapidement pour préserver une concurrence loyale, garantir le respect des règles commerciales et prévenir toute récidive dans la région.
En juillet 2024, des mesures restrictives avaient déjà été renforcées pour protéger et stimuler la production nationale, notamment la suspension temporaire de l’importation de ciment gris et de clinkers dans les régions Ouest et Sud-Est du pays.
Cette mesure ne fait toutefois pas l’unanimité. Certains consommateurs la jugent responsable de la hausse des prix du ciment, dont le sac serait passé de 8 à 15 dollars dans le Sud-Est du pays.
Ronsard Luabeya
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La République démocratique du Congo (RDC) veut se doter de normes encadrant le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP).
L’information provient d’une communication du ministère des Infrastructures et Travaux publics (ITP) datée du 22 octobre 2025, faisant suite à la signature d’un arrêté portant création d’une Commission nationale des normes. Celle-ci disposera de dix-huit mois pour élaborer un référentiel adapté aux réalités géologiques, climatiques et socio-économiques du pays, avec une mise en application attendue d’ici 2027.
Selon cet arrêté, la Commission nationale des normes réunira des représentants des ministères sectoriels, de l’Office des voiries et drainage (OVD), de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), de l’Ordre des ingénieurs, des universités, ainsi que de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Cette composition vise à intégrer l’expertise technique, les besoins du marché, et les contributions des acteurs publics et privés dans l’élaboration des futures normes.
Six catégories de normes seront élaborées, chacune prise en charge par des sous-commissions spécialisées, afin d’assurer une approche adaptée aux différents types de chantiers et matériaux.
L’arrêté précise également que ces normes devront être harmonisées avec les standards régionaux et internationaux, afin de faciliter l’intégration des entreprises étrangères sur le marché congolais et, inversement, de permettre aux entreprises nationales de participer plus aisément aux projets régionaux.
Cette décision fait suite au plaidoyer présenté en janvier par le secrétaire exécutif du Club BTP et de la Chambre des métiers et artisans, Jean Kakwende, qui dénonçait l’absence de cadre normatif dans le secteur de la construction en RDC. Selon lui, cette carence fragilise la sécurité des populations et la qualité des infrastructures. « Sans normes, il ne peut y avoir de développement durable », avait-il rappelé.
Cette initiative rejoint l’ambition du président Félix-Antoine Tshisekedi, qui fait du secteur de la construction, des infrastructures et de l’habitat un levier majeur de transformation économique.
Le secteur du BTP génère au moins 500 000 emplois par an en RDC, mais reste marqué par des chantiers non conformes, entraînant des effondrements récurrents et des pertes humaines.
À Bunia, l’effondrement d’un immeuble en construction avait causé plusieurs victimes, tandis que cinq ouvriers ont récemment perdu la vie à Kinshasa, dans la commune de Matete, lors de l’effondrement d’un bloc de béton pendant des travaux de curage de caniveaux.
Ces incidents illustrent les conséquences du non-respect des règles techniques dans l’exécution des travaux publics.
La mise en place de cette Commission nationale des normes répond à un constat largement partagé : la malfaçon dans la réalisation des infrastructures publiques, notamment les routes, entraîne leur dégradation rapide, parfois quelques mois seulement après leur mise en service.
L’introduction de normes contraignantes pourrait ainsi réduire les dépenses de réhabilitation, sécuriser les chantiers et améliorer la durabilité des investissements publics.
Timothée Manoke
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Dans un communiqué publié le 17 octobre 2025, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et TradeMark Africa (TMA) ont annoncé la signature d’un accord visant à étendre la plateforme numérique d’information commerciale développée par TMA et à renforcer le dialogue logistique en République démocratique du Congo (RDC).
Ce projet a pour objectif de structurer les échanges entre les acteurs économiques congolais et leurs homologues d’Afrique centrale, tout en réduisant les coûts et délais liés au transport des marchandises, notamment sur le corridor RDC–Zambie.
Financé par le gouvernement britannique à travers UK International Development, l’accord, valable jusqu’en mars 2026, entend faciliter l’accès des commerçants congolais — en particulier les femmes et les jeunes — à des données commerciales fiables et en temps réel.
Les petits commerçants du Haut-Katanga figurent parmi les principaux bénéficiaires de cette initiative, qui mettra à leur disposition de nouveaux outils numériques destinés à accroître leur compétitivité sur les marchés régionaux.
L’accord s’appuie sur l’expérience réussie de TMA en Afrique de l’Est. Selon le rapport Making Trade Work for Women in East Africa (2024), la plateforme a déjà connecté plus de 95 000 commerçants, dont 90 % de femmes au Burundi, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda, à de nouveaux acheteurs et marchés, générant une augmentation moyenne de 70 % des ventes annuelles.
Organisation à but non lucratif, TradeMark Africa œuvre pour un commerce inclusif et une croissance économique durable sur le continent. En RDC, elle soutient plusieurs initiatives visant à moderniser les infrastructures logistiques, promouvoir la digitalisation des échanges et faciliter le commerce transfrontalier.
TMA exécute également plusieurs projets d’infrastructures à travers le pays, notamment la construction des postes frontaliers à arrêt unique de Mahagi (Ituri) et de Ruzizi, ainsi que celle du port de Kalundu au Sud-Kivu, destinés à fluidifier les échanges régionaux.
Ronsard Luabeya
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Selon des membres de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a ordonné, dans une instruction datée du 9 octobre 2025, à la Direction générale des impôts (DGI) de prolonger jusqu’au 31 décembre 2025 le moratoire sur l’application du quitus fiscal. Cette mesure, qui ne concerne que certaines opérations visées dans la précédente instruction du 25 juillet, accorde un nouveau répit aux entreprises.
Le ministre a toutefois précisé qu’aucun autre moratoire ne serait accordé après cette échéance. Les entreprises assujetties devront donc régulariser leur situation. Cette position nourrit des interrogations au sein du secteur privé, alors que l’exécutif avait promis d’engager un dialogue avec les organisations professionnelles afin de clarifier et d’adapter le dispositif du quitus fiscal, pour qu’il ne soit plus perçu comme un frein à l’activité économique, mais remplisse pleinement son rôle initial de promotion du civisme fiscal.
Lors du Conseil des ministres du 12 septembre 2025, le président Félix Tshisekedi avait qualifié certaines modalités du quitus fiscal de « disproportionnées au regard de leurs effets immédiats sur l’activité économique ». Il avait alors chargé la Première ministre de conduire des consultations avec le ministre des Finances, la DGI et les représentants du secteur privé pour réviser le dispositif. La question avait d’ailleurs été discutée le 25 septembre lors d’une réunion du cadre d’échanges entre la FEC et le ministre des Finances. À cette occasion, Doudou Fwamba avait annoncé la création d’un cadre de dialogue permanent avec la FEC et la mise en place prochaine d’une Commission nationale de médiation fiscale. Ces instances auront pour mission de promouvoir le dialogue, renforcer la transparence et favoriser une réforme fiscale inclusive.
Selon l’arrêté du ministère des Finances du 9 avril 2025 fixant les modalités pratiques de délivrance du quitus fiscal, le document devait être accordé dans un délai maximal de dix jours après le dépôt de la demande. Passé ce délai, si le receveur des impôts ne répond pas, la demande est réputée acceptée. Dans la pratique, cette disposition est rarement respectée, dénoncent les entreprises, qui pointent des délais largement prolongés.
Une autre zone d’ombre persiste quant à l’identité de la partie tenue de présenter le quitus lors des opérations de dédouanement : le propriétaire de la marchandise ou le commissionnaire en douane.
La réforme du quitus fiscal avait été introduite pour renforcer la discipline fiscale dans un contexte où la culture du civisme fiscal demeure faible en RDC. La pression fiscale y reste en effet inférieure à 15 %, loin derrière la moyenne d’Afrique subsaharienne estimée à 23 %, selon l’OCDE.
Timothée Manoke
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L’administrateur du territoire de Manono (Tanganyika), Cyprien Kitanga, a suspendu, le 17 octobre 2025, la perception d’une taxe illégale imposée aux transporteurs miniers par certains agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) et de la Détection militaire des activités anti-patrie (DEMIAP).
La décision a été annoncée à l’issue d’une réunion avec les opérateurs miniers de la région. Connue sous le nom d’« assistance », cette taxe était prélevée sur les transporteurs de coltan et de cassitérite, à hauteur de 100 dollars par camion pour l’ANR et de 10 à 50 dollars pour la DEMIAP.
Cyprien Kitanga a dénoncé ces prélèvements qui, selon lui, ne repose sur aucun fondement juridique et constitue une entrave aux investissements miniers dans la région. Il a enjoint tous les services concernés à se conformer à la mesure d’interdiction, précisant que tout agent récalcitrant s’exposerait à des sanctions pour insubordination.
Situé dans la province du Tanganyika, le territoire de Manono retrouve progressivement son dynamisme grâce à la relance des activités minières. Il abrite l’un des plus grands gisements de lithium non exploités au monde, ressource stratégique pour l’industrie mondiale des batteries électriques. Outre le lithium, le sous-sol recèle également de l’étain (cassitérite), du coltan, de la wolframite et de la tourmaline.
Ronsard Luabeya
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Initialement prévue pour le 1er juillet 2025, la délivrance et l’exigence de la facture normalisée ont de nouveau été reportées. Après un premier décalage au 1er août, la Direction générale des impôts (DGI) a annoncé, dans un communiqué daté du 2 octobre, que la phase obligatoire de cette réforme n’interviendra finalement qu’à partir du 1er décembre 2025.
La facture normalisée vise à sécuriser la collecte de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en République démocratique du Congo (RDC). Elle repose sur l’utilisation de logiciels de facturation homologués et connectés au dispositif électronique fiscal (DEF), permettant à l’administration fiscale d’obtenir en temps réel les informations sur les transactions commerciales. La réforme concerne toutes les entreprises assujetties à la TVA, c’est-à-dire celles dont le chiffre d’affaires annuel est égal ou supérieur à 80 millions de francs congolais (FC).
Dans son communiqué, la DGI n’explique pas les raisons de ce second report. Mais lors d’une rencontre organisée le 20 août 2025 entre le ministère des Finances, la DGI et la Fédération des entreprises du Congo (FEC), plusieurs défis techniques et opérationnels avaient été relevés. Ils concernent notamment la procédure d’homologation des systèmes de facturation, les préalables pour une mise en œuvre effective de la réforme et les cas particuliers de certains secteurs d’activité.
De nombreuses entreprises ont signalé des difficultés d’accès au site web de la DGI (developper.dgirdc.cd), censé permettre la création de comptes et le dépôt des demandes d’homologation des systèmes de facturation d’entreprise (SFE). Lancée le 16 juin 2025, cette procédure restait encore partiellement inopérante fin août.
Autre sujet de préoccupation : l’exigence du quitus fiscal pour introduire un dossier d’homologation, alors qu’un moratoire sur le quitus est en vigueur jusqu’au 31 décembre 2025. Les experts du ministère des Finances et de la DGI ont précisé que cette obligation ne concerne que les éditeurs de logiciels. Les entreprises, elles, peuvent se contenter d’une lettre attestant que la demande de quitus a été déposée mais que l’administration ne l’a pas délivré dans le délai légal de dix jours.
Hausse des recettes en perspective
La FEC a également soulevé la question de la sécurité des données des entreprises, demandant des garanties contre le piratage ou une utilisation abusive. Les représentants du patronat ont en outre rappelé que la liste des fournisseurs de solutions, censée permettre aux entreprises utilisant encore la facturation manuelle de se conformer à la réforme, n’était pas publiée. La DGI a répondu que deux distributeurs étaient déjà agréés et que leurs identités seraient bientôt disponibles en ligne. Elle a également annoncé la mise en place d’une assistance permanente pour accompagner les entreprises dans leurs démarches.
Des préoccupations sectorielles spécifiques ont aussi été exprimées, notamment par les acteurs des industries minière, pétrolière, cimentière, ainsi que par les assurances, les télécommunications et les services de mobile money, qui souhaitent que leurs particularités soient prises en compte.
Lors de la même rencontre, la FEC a demandé qu’une séance d’évaluation de la phase de conformité soit organisée avant le lancement de la phase obligatoire. Les experts du ministère et de la DGI ont donné leur accord, confirmant qu’une réunion aura lieu avant l’entrée en vigueur stricte de la réforme.
La facture normalisée s’inscrit dans la stratégie de modernisation du système fiscal congolais. Ses objectifs sont de tracer les transactions commerciales, sécuriser la collecte de la TVA, réduire la fraude, fiabiliser les déclarations fiscales et accroître les recettes internes.
Lors de la 10ᵉ édition du forum Expobéton, tenue le 9 octobre 2025 à Kinshasa, le directeur général de la DGI, Barnabé Muakadi Muamba, a rappelé l’impact attendu de la réforme : la TVA rapporte actuellement environ 320 milliards de FC par mois, mais la généralisation de la facture normalisée pourrait multiplier ce montant par trois.
Timothée Manoke
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Le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba (photo), a signé le 8 septembre 2025 un arrêté précisant les travaux considérés comme travaux de développement et de construction dans le cadre des droits miniers d’exploitation et des autorisations d’exploitation de carrières permanentes.
Jusqu’à présent, le Code et le Règlement minier imposaient aux titulaires de droits miniers et de carrières de prouver le commencement des travaux dans des délais bien définis — un an pour les permis de recherche et un à trois ans pour les autorisations d’exploitation — sans toutefois préciser la nature exacte des activités attendues.
L’arrêté vient combler cette lacune en définissant de manière concrète les travaux qui permettent de considérer un projet comme effectivement démarré. Il s’agit des activités prévues dans la planification figurant dans l’étude de faisabilité et dans l’étude d’impact environnemental et social approuvées. Le texte précise qu’afin d’attester de l’engagement des travaux, le titulaire d’un droit minier ou de carrière « a l’obligation de se conformer à la planification des travaux contenue dans l’étude de faisabilité approuvée ».
Dans son article 1er, l’arrêté englobe dans les travaux de développement et de construction les opérations d’accès au gisement, les travaux préparatoires, d’extraction, de roulage, de stockage, ainsi que la mise en place des installations de traitement. Ces activités incluent également la construction d’immeubles et d’infrastructures directement liées à l’exploitation minière. Les articles 5 et 6 précisent les types de travaux reconnus, qu’il s’agisse des infrastructures et aménagements de surface comme la découverture du gisement, la construction de bâtiments, puits, rampes, routes, campements, réseaux électriques et hydrauliques, ou encore des usines de traitement et de transformation. Sont également reconnus les travaux souterrains, incluant le fonçage des puits, l’installation des équipements miniers, l’électrification du fond, les systèmes d’aérage et d’exhaure, ainsi que les stations de concassage et de chargement. Par ailleurs, l’article 4 classe parmi les travaux préliminaires le bornage du périmètre, la sécurisation du site et l’aménagement de la voirie d’accès.
Surveillance accrue
Ce texte intervient dans un contexte de contrôle renforcé des titres inactifs. Le 20 août 2025, le Cadastre minier (CAMI) avait rendu publique une liste de 93 titres menacés d’annulation pour non-démarrage des travaux. Parmi les sociétés concernées figuraient Tenke Fungurume Mining, avec deux titres couvrant six carrés miniers à Lubudi (Lualaba), et la Cimenterie de Lukala (Cilu), pour un titre portant sur cinq carrés miniers à Songolo (Kongo Central).
Le 5 septembre 2025, le CAMI avait précisé que les titulaires concernés disposaient de 45 jours pour présenter leurs moyens de défense et prouver le démarrage effectif des travaux. Ce délai expire le 20 octobre 2025. Passé cette échéance, les sociétés qui n’auront pas démontré avoir entamé les travaux définis dans l’arrêté ministériel s’exposeront à la déchéance de leurs droits miniers. Conformément aux articles 561 à 563 du Règlement minier, la décision de déchéance est prise par le ministre des Mines — central ou provincial, selon le type de matériau exploité. Le titulaire dispose ensuite de 30 jours pour introduire un recours administratif. En l’absence de recours, la décision devient définitive et les périmètres concernés retournent dans le domaine public de l’État, sous forme de zones de recherches géologiques (ZRG).
La signature de cet arrêté s’inscrit dans un mouvement plus large de réorganisation du secteur minier. Bien avant la nomination, en août dernier, de Louis Watum Kabamba, un vaste chantier d’assainissement du fichier cadastral avait été engagé. Il a conduit à la libération de 594 titres miniers et de carrières, représentant 37 253 carrés miniers — soit 31 648 km² — remis à disposition pour de nouveaux investisseurs.
Fort de plus de trente ans d’expérience dans l’industrie minière et ancien dirigeant de plusieurs grands projets, Louis Watum entend poursuivre cette rationalisation. En prônant une gouvernance modernisée et une meilleure attractivité du secteur, il souhaite instaurer un climat d’investissement plus stable et transparent.
Timothée Manoke
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Dans un avis public publié le 14 octobre 2025, la Banque centrale du Congo (BCC) a annoncé le déploiement de contrôles sur place et la mise en œuvre de sanctions disciplinaires, pouvant aller jusqu’au retrait d’agrément, contre les bureaux de change et cambistes manuels qui ne respectent pas la réglementation. Cette décision vise à corriger les mauvaises pratiques constatées sur le marché, notamment l’affichage de taux spéculatifs, l’élargissement des écarts entre cours acheteurs et vendeurs, ainsi que les manipulations contraires à l’instruction administrative n°007 (modification n°3) de 2023, qui encadre l’activité de change manuel en RDC.
La BCC rappelle que cette instruction interdit notamment l’affichage des taux à l’extérieur des bureaux et impose le respect strict des taux indicatifs officiels. Elle précise que ses services compétents seront déployés sur le terrain afin de vérifier la conformité des opérations et, le cas échéant, proposer des sanctions allant jusqu’au retrait de l’agrément. L’institution invite par ailleurs le public à s’adresser exclusivement aux banques commerciales et aux bureaux agréés pour toute transaction en devises.
Cette annonce s’inscrit dans la continuité des instructions données par le président Félix Tshisekedi lors du Conseil des ministres du 3 octobre 2025, au cours duquel il avait demandé des mesures immédiates contre la spéculation qui fragilise la stabilité monétaire. Le chef de l’État avait alors relevé des disparités préoccupantes dans les taux appliqués par certains opérateurs.
La mesure intervient également dans le contexte de l’assouplissement monétaire décidé par la BCC le 7 octobre 2025, avec la baisse du taux directeur de 25 % à 17,5 %, afin de rendre le financement en franc congolais plus attractif et de soutenir la dédollarisation progressive de l’économie. Au 14 octobre 2025, le cours indicatif de la BCC s’établissait à 2 246,57 FC pour un dollar, confirmant la poursuite de l’appréciation du franc congolais.
Boaz Kabeya
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À quelques jours de l’entrée en vigueur du système de quotas à l’exportation du cobalt en République démocratique du Congo (RDC), fixée au 16 octobre 2025, le texte d’application n’a toujours pas été rendu public, relève l’avocat d’affaires Romain Battajon dans un post sur LinkedIn. Président de la commission juridique de la Chambre des mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), il exprime une préoccupation partagée par l’ensemble des acteurs de la filière.
Ce texte est particulièrement attendu : il doit préciser les conditions d’obtention et d’attribution des quotas, ainsi que les nouvelles règles en matière d’exportation, incluant les frais de régulation et de contrôle, l’instauration d’un système de prépaiement des contributions dues à l’État et le nouveau dispositif de formalités douanières. Sans ce cadre, aucune exportation de cobalt ne pourra être effectuée, ce qui risquerait de prolonger de facto l’embargo au-delà du 15 octobre.
Cette incertitude pèse notamment sur le chinois CMOC. Ses deux filiales congolaises, Tenke Fungurume et Kisanfu, ont exporté ensemble 95 779 tonnes en 2024. L’entreprise, dont le principal actionnaire est CATL, dépendant du cobalt congolais pour répondre à la demande croissante des véhicules électriques et autres applications industrielles en Chine. Sa filiale IXM, spécialisée dans le négoce de métaux, avait d’ailleurs déclaré un cas de force majeure le 30 juin dernier sur ses contrats de fourniture, après la prolongation de l’embargo en RDC.
Le 20 septembre 2025, l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) avait annoncé la fin de l’embargo et l’entrée en vigueur du système de quotas dès le 16 octobre. Pour le dernier trimestre 2025, un plafond de 18 125 tonnes est prévu (3 625 tonnes en octobre, puis 7 250 tonnes en novembre et décembre). Pour 2026 et 2027, le plafond annuel a été fixé à 96 600 tonnes.
Boaz Kabeya
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Face aux difficultés d’approvisionnement qui paralysent une partie des activités économiques dans le Sud-Ubangi, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, John Banza, a annoncé le lancement, avant la fin du mois d’octobre, des travaux de réhabilitation de la route Gemena–Akula. Il a précisé que le gouvernement avait déjà débloqué les fonds nécessaires pour la remise en état de cet axe, ainsi que pour la route de Ndongo.
Le 7 octobre 2025, le ministre a reçu la sénatrice Nadine Boboy, venue plaider pour la réhabilitation de ces deux routes. Elle a alerté sur la dégradation avancée de ces axes stratégiques, qui entrave l’approvisionnement de la ville de Gemena. Selon elle, l’état actuel de la route empêche les camions d’y circuler, obligeant les passagers à passer la nuit à la belle étoile. Le retour des pluies a, en outre, aggravé la situation, rendant la circulation presque impossible.
Longue de 117 km, la route Gemena–Akula relie la ville de Gemena au port fluvial d’Akula, principal point d’évacuation des produits agricoles vers Kinshasa et d’autres centres urbains. Sa remise en état est jugée essentielle pour rétablir la fluidité du trafic et soutenir le commerce local.
Il convient de rappeler qu’en juillet dernier, le Fonds national d’entretien routier (FONER) avait déjà engagé des travaux d’entretien sur ce tronçon, financés à hauteur de 681 829,96 dollars américains et exécutés par l’Office des routes pour une durée prévisionnelle de 90 jours, hors intempéries. À cette période, seulement 50 % des fonds avaient été décaissés, le solde devant suivre dans les semaines suivantes.
Ronsard Luabeya
On en sait un peu plus sur le contenu de la première réunion du cadre d’échanges entre la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et le ministre des Finances, Doudou Fwamba, tenue le 25 septembre 2025 au Centre financier de Kinshasa. Selon le compte rendu de la FEC, l’organisation patronale, dirigée par Robert Malumba, a exprimé plusieurs préoccupations au ministre dans la perspective d’améliorer le climat des affaires en République démocratique du Congo (RDC).
La FEC a insisté sur la nécessité de renouveler le moratoire sur le quitus fiscal, expiré le 25 septembre 2025. Cette mesure avait été introduite pour faciliter certaines transactions économiques, notamment l’ouverture de comptes bancaires, l’octroi de crédits et la conclusion de contrats, tout en permettant d’évaluer la mise en œuvre de la réforme de la facture normalisée. Selon l’organisation, un renouvellement temporaire du moratoire est indispensable pour éviter de nouveaux blocages dans les activités économiques.
Le secteur privé a également mis en avant les préoccupations liées à la fiscalité, en particulier les droits d’accises sur certains produits comme l’acide sulfurique, la bière et le tabac. La FEC recommande une révision à la baisse de ces taxes. Elle a aussi dénoncé l’imposition des terres agricoles à la taxe de déboisement et relevé les difficultés rencontrées par l’industrie locale dans les Zones économiques spéciales (ZES), demandant des clarifications pour que ces dispositifs soutiennent réellement la production nationale.
La question de l’affectation des dividendes des sociétés minières a également été soulevée. La FEC souhaite que leur utilisation au profit de l’État soit alignée avec les règles de gouvernance, notamment la tenue des assemblées générales.
Le cadre d’échanges a aussi abordé le remboursement des crédits TVA, ainsi que la nécessité d’aligner les politiques fiscales nationales et provinciales. La FEC plaide pour une harmonisation claire afin de rendre la fiscalité prévisible et cohérente sur l’ensemble du territoire.
En réponse, le ministre des Finances a annoncé la création d’un cadre d’échanges permanent avec la FEC, ainsi que la mise en place prochaine d’une Commission nationale de médiation fiscale. Cette nouvelle structure devra intervenir en cas de litiges entre l’État et les assujettis, afin de promouvoir le dialogue, renforcer la transparence et favoriser une réforme fiscale inclusive.
Boaz Kabeya
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Le directeur général de l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), Miguel Kashal, a annoncé, le 3 octobre 2025, le lancement imminent d’un contrôle mixte de conformité sur l’ensemble du territoire national. Cette opération, menée en collaboration avec plusieurs services de l’État et organisations privées, vise à vérifier la transparence et le respect de la législation en matière de sous-traitance.
Selon le patron de l’ARSP, ce contrôle associera notamment la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC). Les inspections se dérouleront « en toute transparence et équité » afin de préserver un bon climat des affaires et de garantir la conformité des pratiques.
Cette initiative fait suite à une première communication intervenue début septembre, après une rencontre entre le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le DG de l’ARSP, Miguel Kashal, et le président de la FEC, Robert Malumba.
La législation congolaise réserve les marchés de sous-traitance aux entreprises détenues à au moins 51 % par des Congolais. Mais, dans la pratique, son application reste difficile. Avant 2023, les sociétés éligibles — à capitaux majoritairement congolais — peinaient à obtenir des contrats de plus de 300 000 dollars.
Le DG de l’ARSP rappelle que certains appels d’offres étaient publiés dans des langues non officielles, ce qui limitait la participation des entreprises locales, tandis que d’autres sociétés utilisaient des prête-noms congolais pour contourner la loi. Le processus d’attribution des marchés manquait souvent de transparence, d’où la nécessité d’un assainissement en profondeur du secteur.
Opacité persistante
L’ARSP justifie également ce contrôle national par le refus délibéré de certaines grandes entreprises de communiquer les données relatives aux marchés de sous-traitance accordés en 2024. Cette opacité empêche le régulateur de produire des statistiques fiables sur un secteur dont le potentiel avait été évalué à près de 8,5 milliards dollars en 2023. « L’État veut y voir clair : à qui profitent réellement ces contrats ? », insiste Miguel Kashal.
Pourtant, malgré ces difficultés, les chiffres disponibles montrent que le secteur privé congolais a capté 2,045 milliards de dollars de contrats de sous-traitance en 2024, répartis en 1 282 contrats conclus avec 797 sous-traitants. Près de 98 % de ces contrats proviennent du secteur minier, loin devant les télécommunications, les cimenteries, les brasseries et l’agroalimentaire.
Pour le gouvernement et l’ARSP, la sous-traitance constitue un levier essentiel pour favoriser l’émergence d’une classe moyenne nationale et renforcer la participation des Congolais aux retombées économiques de l’exploitation minière et industrielle.
À ce titre, la base de données des entreprises agréées à l’ARSP s’est fortement étoffée : elle est passée d’environ 3 000 entreprises en 2023 à près de 15 000 actuellement. La liste actualisée est disponible auprès du régulateur afin de faciliter le processus de sélection lors de la passation des marchés.
Ce contrôle intervient alors qu’une réforme de la législation est en cours. Lors de la 46ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le 6 juin 2025, le gouvernement a adopté un projet de loi révisant la loi de 2017 relative à la sous-traitance. Ce texte, qui introduit un mécanisme de règlement des différends ainsi qu’un régime de sanctions graduées — administratives, financières et pénales — doit encore être soumis à l’examen du Parlement, puis promulgué par le président de la République.
Timothée Manoke.
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Lors du Conseil des ministres du 3 octobre 2025, le président de la République, Félix Tshisekedi, a demandé au gouvernement et à la Banque centrale du Congo (BCC) de mettre en œuvre des mesures immédiates et coordonnées pour corriger les distorsions persistantes et contrer la spéculation qui fragilise la stabilité monétaire.
Selon le compte rendu officiel, la monnaie nationale s’est renforcée de 9,1 % depuis le 19 septembre 2025 sur le marché interbancaire. Toutefois, malgré cette évolution positive, Félix Tshisekedi a relevé l’existence de disparités préoccupantes dans les taux de change pratiqués selon les zones géographiques, particulièrement dans la capitale. Ces écarts, a-t-il averti, créent des opportunités d’arbitrage qui alimentent la spéculation et compromettent l’équilibre du marché.
Cette préoccupation est également partagée par plusieurs acteurs de la société civile. L’Union pour la défense des droits des consommateurs au Congo (UDECOM) avait, dans une correspondance datée du 30 septembre 2025, dénoncé des pratiques commerciales jugées préjudiciables au pouvoir d’achat des ménages. Alors que le taux officiel s’est stabilisé autour de 2 670 FC pour un dollar, certaines entreprises, notamment dans les télécommunications, continuent d’appliquer des taux allant jusqu’à 2 900 FC, entraînant ce que l’organisation qualifie de « surtaxation déguisée » des services.
Des disparités similaires ont été observées dans d’autres secteurs. Certains opérateurs maintiennent des prix calculés sur des taux supérieurs à 2 800 FC. Ces pratiques spéculatives ont également touché les services essentiels. Un citoyen de Kinshasa a ainsi rapporté qu’un hôpital lui avait imposé un taux de 2 800 FC pour régler une facture médicale de 25 dollars, alors que le taux effectif sur le marché cette semaine-là ne dépassait pas 2 600 FC.
Face à cette situation, le président Tshisekedi a ordonné une action concertée pour harmoniser le fonctionnement du marché de change, réduire les pratiques spéculatives et protéger le pouvoir d’achat des Congolais. Il a insisté sur la nécessité de maintenir une politique budgétaire rigoureuse, compatible avec les objectifs de stabilisation, tout en appelant à une approche économique plus innovante pour stimuler la demande de francs congolais et consolider sa crédibilité.
« L’objectif ultime est de garantir une stabilisation durable du taux de change, protéger le pouvoir d’achat de nos concitoyens et créer les conditions d’une croissance inclusive et soutenable », a conclu le chef de l’État.
Boaz Kabeya
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