Le président de la République démocratique du Congo (RDC) a rencontré son homologue ougandais, Yoweri Museveni, le 30 octobre 2024 à Entebbe, en Ouganda. Durant cet échange de trois heures, les deux chefs d’État ont abordé les questions de sécurité et les opportunités de développement régional, d’après la présidence congolaise.
Le président Félix Antoine Tshisekedi a souligné que le processus de paix a dominé les échanges, qualifiant les discussions de « très enrichissantes et très prometteuses ». De son côté, Yoweri Museveni a précisé que les pourparlers sur la paix ont porté sur les questions sécuritaires bilatérales entre l’Ouganda et la RDC ainsi que sur la stabilité de la sous-région.
En juillet dernier, des experts de l’ONU ont affirmé que des officiers ougandais avaient permis aux troupes du M23 et de l’armée rwandaise de transiter par l’Ouganda pour attaquer la RDC. Le même rapport accuse également Entebbe d’héberger les leaders du mouvement rebelle. Le porte-parole adjoint de l’armée ougandaise a qualifié ces accusations de « risibles, sans fondement et illogiques », affirmant que les deux armées coopéraient pour « assurer le retour de la paix dans l’est de la RDC ». Suite à une réunion d’évaluation des opérations, tenue du 10 au 11 octobre 2024 à Kinshasa et rassemblant les chefs d’états-majors des forces armées congolaises et ougandaises, la RDC a d’ailleurs annoncé un renforcement de cette coopération.
Routes Kasindi-Beni-Butembo
Outre les questions sécuritaires, les deux chefs d’État ont également abordé le développement du secteur pétrolier autour du lac Albert et des infrastructures routières. Selon la présidence de la RDC, le président ougandais a réitéré son engagement à construire les routes Kasindi-Beni-Butembo et, éventuellement, Bunagana-Rutshuru-Goma. « C’est l’une des motivations de notre adhésion à l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est, NDLR), mais malheureusement tout s’est arrêté à cause de l’agression que nous subissons », a réagi le chef de l’État congolais.
Ces routes reliant les deux pays ouvrent également l’accès à l’Afrique de l’Est et à l’océan Indien depuis Kasindi-Lubiriha. En juin 2021, Félix Antoine Tshisekedi et Yoweri Museveni avaient posé la première pierre de ces projets, et les travaux ont démarré en 2022 sur la route Kasindi-Beni-Butembo, longue de près de 140 km. D’un coût initial de 300 millions de dollars, ce volet du projet est réalisé par l’entreprise indienne Dott Services Limited, basée en Ouganda, qui devrait aussi financer 60 % des travaux, les deux États contribuant chacun à hauteur de 20 %.
Cependant, il y a quelques mois, les travaux, dont le taux de réalisation n’a pas été communiqué, se sont arrêtés en raison du non-respect de certaines clauses contractuelles, selon un employé de l’entreprise. Pour surmonter ces défis, la RDC et l’Ouganda ont signé, le 16 octobre 2024, un avenant à leur accord relatif au projet de modernisation des routes Kasindi-Beni-Butembo et Bunagana-Rutshuru-Goma. Les deux parties ont convenu d’appliquer l’exemption de taxes et autres prélèvements, de renforcer la sécurité face aux menaces rebelles actives dans la région, ainsi que d’améliorer la coordination et le suivi du projet.
Oléoduc pétrolier
Concernant l’exploitation pétrolière, les deux pays examinent la possibilité pour la RDC d’accéder au projet d’oléoduc East African Crude Oil Pipeline (EACOP). Ce projet de près de 1 400 km, qui devrait relier le parc national de Murchison Falls en Ouganda au port de Tanga en Tanzanie, est porté par l’Ouganda, la Tanzanie, ainsi que les géants pétroliers Total Energies et la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC). Il faciliterait le transport du pétrole brut extrait du Graben Albertine (comprenant le lac Albert, partagé entre la RDC et l’Ouganda, ainsi que le lac Édouard), rendant ainsi plus attractifs les blocs de ce site, qui peinent actuellement à trouver preneur.
« Je repars avec l’espoir que ce que nous nous sommes dit va se concrétiser. Je compte sur vous, sur votre sagesse, pour que tout ce que nous nous sommes dit se réalise », a déclaré le chef de l’État congolais en quittant l’Ouganda.
Pierre Mukoko
Inter Oriental Builders, une entreprise de construction et de maintenance routière basée à Ariwara, dans la province de l’Ituri, a annoncé le lancement des travaux de réhabilitation du tronçon de 34 kilomètres reliant Farandje à Dungu, prévu pour débuter d’ici le 2 novembre 2024. Cette route est jugée stratégique pour la région.
« Le protocole pour la réhabilitation de cette route a déjà été signé, ainsi que le contrat. Nous avançons sérieusement avec le gouvernement provincial, et les choses sont déjà en marche. Les travaux préliminaires sont terminés, et ce jeudi, nous déploierons notre équipe sur le site pour que vendredi ou samedi, nous puissions lancer officiellement ces travaux », a déclaré Feni Matsando, directeur général de l’entreprise, selon des propos rapportés par la presse provinciale.
Ce tronçon routier est devenu essentiel dans la province, servant de principale voie d’approvisionnement en produits agricoles vers la capitale provinciale, Isiro, depuis l’effondrement d’un pont à Bomokandi en septembre 2023. La dégradation de la route a également provoqué une hausse des prix des produits pétroliers, avait précisé le gouverneur lors de l’annonce du projet, le 17 juillet 2024.
Moins médiatisé à l’international que des zones minières comme le Katanga ou le Lualaba, le Haut-Uele abrite pourtant Kibali Gold, la plus grande mine d’or d’Afrique. Cette mine est exploitée par une coentreprise associant les géants Barrick Gold et AngloGold Ashanti (45 % chacun), aux côtés de la société publique congolaise Sokimo (10 %).
Sur son site internet, Inter Oriental Builders met en avant ses capacités, se présentant comme une entreprise compétente pour mener à bien ce projet. Elle recense plusieurs réalisations, dont des travaux routiers, notamment dans la localité de Durba, et revendique une expertise en construction de sites miniers et autres ouvrages de génie civil.
Georges Auréole Bamba
Lors de la cérémonie d’inauguration de l’aéroport rénové de Bangboka, à Kisangani, dans la province de Tshopo, présidée par le chef de l’État Félix Tshisekedi, le vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba, également ministre des Transports, Voies de communication et Désenclavement, a indiqué, ce 26 octobre 2024, que l’ambition du gouvernement est de disposer d’un aéroport fonctionnel dans un rayon de 72 kilomètres en moyenne pour chaque Congolais.
« Avec la réhabilitation des pistes d’aviation en mauvais état et la construction de nouvelles pistes en terre compactée, en gravier ou en herbe dans chaque chef-lieu des 145 territoires, chaque résident congolais sera à 72 kilomètres maximum d’un aérodrome opérationnel », a déclaré Jean-Pierre Bemba.
Selon les chiffres officiels du ministère des Transports, chaque Congolais se trouve actuellement, en moyenne, à 177 kilomètres par route du premier aérodrome. Sur les 252 aéroports et aérodromes répertoriés sur l’ensemble du territoire congolais et reconnus par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), seuls 38 sont en mesure d’accueillir des avions, et une vingtaine sont réellement opérationnels.
Le programme d’investissement public pour la période 2025-2028, actuellement examiné par le parlement, prévoit une enveloppe de 538,12 milliards de francs congolais (FC), soit environ 189,4 millions de dollars, dédiée aux infrastructures aéroportuaires civiles. Les investissements les plus importants, estimés à 414,12 milliards de FC, cibleront la réhabilitation des aéroports de Kananga, dans le Kasaï Central, et de Goma, dans le Nord-Kivu. Ce programme prévoit également l’installation d’équipements de radionavigation pour 14 aéroports, ainsi que la construction d’aérogares et de zones de fret dans des localités stratégiques telles que Béni (Nord-Kivu), Bukavu (Sud-Kivu), Muanda (Kongo-Central), Bandundu (Kwilu), Lisala (Mongala) et Gemena (Sud-Ubangi).
La seule incertitude demeure le délai de réalisation des travaux. Les travaux de réhabilitation de l’aéroport de Bangboka, inaugurés le 26 octobre 2024, ont débuté en 2017 avec la rénovation des chaussées aéronautiques et du terminal des passagers, tandis que les travaux sur l’aérogare ont été lancés en 2021.
La province de Tshopo, où se trouve l’aéroport de Bangboka, pourrait également servir de référence pour évaluer l’impact économique réel de ces investissements. Cette région, dotée de nombreuses opportunités économiques, devrait bénéficier d’une meilleure connectivité avec le reste du pays grâce à cette infrastructure modernisée. Pour le ministre des Transports, des Voies de communication et du Désenclavement, la rénovation des aéroports, en plus de son potentiel économique, renforcera la souveraineté territoriale en facilitant la mobilité des autorités publiques. La solution aéroportuaire apparaît particulièrement adaptée pour connecter efficacement la RDC, le deuxième plus vaste pays d’Afrique après l’Algérie, face aux défis que poserait l’expansion du réseau routier.
Cette offensive sur le secteur aérien ne se limite pas aux infrastructures aéroportuaires. Le gouvernement s’emploie également à relancer Congo Airways. En parallèle, l’État a lancé, en partenariat avec Ethiopian Airlines, leader africain du secteur, la compagnie Air Congo, dont le vol inaugural est prévu pour décembre de cette année. Parallèlement, des acteurs privés comme la Compagnie africaine d’aviation (CAA) poursuivent leur expansion.
Georges Auréole Bamba
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Tout en reconnaissant que le conflit persistant dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, à proximité du Rwanda et de l’Ouganda, représente un défi pour la trajectoire de croissance macroéconomique de la République Démocratique du Congo (RDC), l’agence de notation américaine Moody’s estime que la probabilité d’une généralisation des affrontements le long de la frontière orientale du pays demeure faible à moyen terme.
« Les risques politiques sont accentués par la résurgence du groupe rebelle M23 dans l’est, entraînant des préoccupations continues en matière de sécurité et des enjeux humanitaires. Bien que l’instabilité dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu soit susceptible de persister, le risque d’un conflit transfrontalier de grande envergure reste faible », peut-on lire dans le rapport de l’agence américaine de notation paru le 23 octobre 2024.
Une telle perspective est une bonne nouvelle pour les finances publiques de la RDC. En effet, pour le gouvernement congolais, « la persistance de la guerre dans la partie est du pays depuis plus de 20 ans constitue l’un des risques majeurs qui pèsent sur les finances publiques », peut-on dans un document annexé au projet de loi de finances 2025.
En effet, depuis que l’état de siège a été proclamé, le 6 mai 2021, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, les taux d’exécution des dépenses exceptionnelles et d’interventions liées aux opérations sécuritaires dépassent très largement les 100 %. Ils sont passés respectivement de 50 % et 254,70 % en 2020 à 336 % et 411,20 % en 2021, atteignant même 508 % et 2001,9 % en 2022. Cette situation réduit les autres dépenses, principalement celles des investissements.
Selon les chiffres officiels, environ 6,3 millions de personnes étaient déplacées à la fin de l’année 2023, et autant de personnes nécessitaient une aide humanitaire. De ce fait, une dégradation de la situation « pourrait entraîner une pression accrue sur les dépenses exceptionnelles allouées au ministère des Actions humanitaires et de la Solidarité nationale entre 2025 et 2027, ainsi que sur d’autres secteurs en raison de leurs effets indirects, notamment sur les dépenses liées à la santé », précise le gouvernement.
De plus, elle entraverait davantage la mobilisation des recettes fiscales dans des régions comme le Nord-Kivu et l’Ituri. « Les revenus collectés au centre d’impôt synthétique de Rutshuru (Nord-Kivu) montrent une chute significative de 87,2 % entre 2020 et 2023, passant de 85,8 millions de francs congolais en 2020 à seulement 11 millions de francs congolais en 2023… L’inaccessibilité des antennes fiscales d’Ituri, Djugu et Mambasa en raison des attaques répétées de groupes armés et de milices a entraîné un manque à gagner de près de 10,3 millions de FC en 2023 », précise l’annexe du projet de loi de finances 2025.
Gorges Auréoles Bamba
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La société américaine ESG Clean Energy porte un projet de production de 100 MW d’électricité dans la ville minière de Kolwezi, située dans la province du Lualaba, au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). L’information a été rendue publique après une rencontre, le 19 octobre 2024, entre les dirigeants de l’entreprise et le directeur général par intérim de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi), Bruno Tshibangu Kabaji.
Pour l’instant, on sait juste que le projet prévoit la construction d’une centrale solaire photovoltaïque d’une capacité nominale de 100 MW, visant à fournir de l’électricité verte à la population et à soutenir les opérations minières ainsi que l’activité économique locale.
D’après l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE), la puissance installée dans la province du Lualaba atteignait 614,64 MW fin 2023, principalement à partir de sources hydroélectriques, mais seulement 542,1 MW étaient effectivement disponibles. Du fait de ce déficit de production et des défis liés aux réseaux de transport et de distribution, la région subit des interruptions dans l’approvisionnement en électricité.
Face notamment aux difficultés d’approvisionnement en électricité, Ivanhoe Mines a abaissé ses objectifs de production pour 2024 à la mine de Kamoa-Kakula, située à Kolvezi, dont l’entreprise canadienne détient 39,6 % des parts. Selon un communiqué publié le 7 octobre 2024, on est passé d’une estimation initiale comprise entre 440 000 et 490 000 tonnes à une nouvelle fourchette de 425 000 à 450 000 tonnes de concentrés de cuivre. En raison des problèmes d’électricité, la production avait déjà reculé de 5 % au premier semestre, par rapport à l’année précédente, pour s’établir à 187 015 tonnes.
Un programme de développement de capacités de production d’énergie de secours est en cours sur le site. Cette capacité de secours, qui atteint aujourd’hui 135 MW, devrait être portée à 201 MW d’ici la fin de l’année. Selon Ivanhoe Mines, des négociations sont en cours pour faire passer la puissance importée d’Afrique australe, via l’interconnexion zambienne, de 65 MW actuellement à 100 MW d’ici la fin de l’année.
Le projet de construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 100 MW à Kolwezi devrait donc être suivi de près par les acteurs économiques de la région, notamment les entreprises minières. Si le projet se concrétise, il s’agira du premier parc solaire développé par ESG Clean Energy. Sur son site internet, l’entreprise américaine se décrit comme un développeur de systèmes de production d’électricité à partir de gaz naturel, avec captage de carbone, qui n’émettent pas de dioxyde de carbone. À ce jour, elle ne produit que 3,9 MW d’électricité, en partenariat avec Holyoke Gas & Electric Company, à Holyoke dans le Massachusetts aux États-Unis.
Pierre Mukoko
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Dans un communiqué publié le 23 octobre 2024, le ministère de la Santé a annoncé la résiliation, à compter de ce jour, du contrat de partenariat public-privé entre l’État et l’entreprise indienne Padiyath Health Care Sarl pour la gestion de l’hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa. Toutefois, le document précise qu’un « préavis de résiliation de six mois a été accordé ». Durant cette période, « un comité d’accompagnement supervisera la transition afin d’assurer la gestion par le gouvernement ». Ce comité est chargé de garantir la continuité des services, mais le communiqué reste silencieux sur les dispositions qui seront prises par la suite.
Cette décision a été prise après « une évaluation approfondie, révélant des manquements graves », a précisé le ministère de la Santé. Parmi les motifs évoqués figurent le non-versement d’un apport de 40 millions de dollars, la non-rétrocession de 5 % des recettes générées, la non-réalisation des investissements prévus, la non-conformité de la comptabilité aux normes en vigueur et l’absence de rapports annuels d’activités.
Pour l’instant, Padiyath Health Care n’a pas encore réagi publiquement à ces accusations. Cependant, dans un article publié le 28 juillet 2016, le journal en ligne 7sur7 affirmait, sans fournir de preuves ni citer de source, que le partenaire privé « s’est bien acquitté de ses engagements en fournissant à l’hôpital du Cinquantenaire des équipements médicaux de qualité, d’une valeur avoisinant les 40 millions USD ». L’article reprochait également à l’État de ne pas respecter ses propres engagements, notamment le paiement de sa contribution annuelle de 5 millions de dollars.
Signé en 2013, le contrat entre l’État congolais et le groupe indien, qui gère plusieurs hôpitaux, notamment en Inde, à Abu Dhabi et aux Émirats arabes unis, n’a pas été rendu public. Il ne figure même pas dans le répertoire des projets en partenariat public-privé en phase d’exécution annexé au projet de loi de finances 2025. Il est donc difficile de connaître les engagements des parties.
D’après les informations rapportées par la presse à l’époque, le contrat aurait été signé pour une durée de 25 ans. Il prévoyait une évaluation technique tous les cinq ans, à l’issue de laquelle les dysfonctionnements éventuels devaient être corrigés. Chaque partie pouvait mettre fin au contrat si elle estimait que l’autre ne remplissait pas ses engagements. À ce jour, il n’est pas possible de confirmer si ces évaluations ont bien eu lieu.
De l’aveu même des autorités du pays, les partenariats public-privé (PPP) restent un défi en République démocratique du Congo. Afin de limiter les risques budgétaires associés à ces contrats, le gouvernement envisage plusieurs mesures, notamment la finalisation du recensement des projets de PPP, l’amélioration de la préparation et de la structuration de ces projets, ainsi que la publication des contrats afin de permettre leur analyse et d’évaluer leur impact financier sur le budget de l’État. Le gouvernement souhaite également conclure des contrats de PPP qui préservent les finances publiques, renforcer les capacités des acteurs impliqués dans l’analyse des risques budgétaires, et doter les structures concernées des outils et logiciels adéquats pour évaluer ces risques.
Pierre Mukoko
Des informations concordantes indiquent que le prix du ciment gris a baissé dans la localité de Muanda, au Kongo Central, pour atteindre environ 27 000 francs congolais (un peu moins de 10 $). Cette baisse est attribuée à la fin de la grève des chauffeurs de camions, qui a duré près d’un mois (du 16 septembre au 2 octobre 2024), perturbant la livraison des produits entre la province de Kinshasa et la circonscription voisine.
« La plupart des chantiers de construction étaient bloqués, mais après la levée de la grève des chauffeurs de poids lourds, nous avons connu la baisse du prix du ciment gris qui est passé de 32 000 à 27 000 francs congolais, à la grande joie de la population », a déclaré le président de l’association des maçons de Muanda, Mansia Nzambi Moyo, cité par l’Agence Congolaise de Presse.
Cette correction ultime devrait ramener de la sérénité dans le secteur de la construction. Au début du mois d’octobre 2024, le prix du sac de ciment gris utilisé pour les travaux de construction avait grimpé à 55 000 francs congolais (plus de 20 $) dans la ville de Kinshasa, en raison des mêmes problèmes d’approvisionnement. Le Vice-Premier Ministre en charge de l’Économie, Daniel Mukoko Samba, avait alors exprimé sa préoccupation, pointant du doigt l’influence néfaste des spéculateurs.
Au cours des dix dernières années, la production de ciment a été multipliée par 6,4, atteignant 2,3 millions de tonnes en 2023, selon les données de la Banque centrale. Bien qu’il s’agisse d’un niveau record pour le pays, la disponibilité de ce matériau essentiel pour le secteur de la construction demeure insuffisante. Des experts soulignent régulièrement que la consommation moyenne de ciment en RDC, estimée actuellement à 45 kilogrammes par personne et par an, reste bien en dessous de la moyenne africaine, qui dépasse 90 kilogrammes.
Le pays poursuit également l’accélération de ses projets d’infrastructures, notamment dans le cadre du plan de développement des 145 territoires. Ce programme comprend plusieurs volets liés à la construction de bâtiments pour les services publics, ce qui continuera d’accroître la demande en ciment. Par ailleurs, la RDC dispose d’une importante marge de progression en matière de logement. Selon une estimation récente du représentant local de la Société financière internationale, il faudrait jusqu’à 4 milliards de dollars par an, rien qu’à Kinshasa, pour répondre aux besoins en logements.
Malgré l’écart croissant entre l’offre et la demande, le gouvernement a interdit l’importation de ciment gris. Parmi les justifications avancées figure la nécessité de protéger l’industrie locale, encore émergente. Cependant, l’évolution récente du marché suggère qu’une approche plus pragmatique pourrait être nécessaire.
Georges Auréole Bamba
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Le 18 octobre 2024, le Conseil des ministres a approuvé le projet pilote de relance de la production avicole en République démocratique du Congo (RDC). « Ce projet, qui s’étendra sur huit pôles à travers le pays, vise à structurer les filières avicoles et à établir des synergies entre l’aviculture moderne et l’aviculture paysanne, dans le but d’assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire en matière de produits avicoles (viande, œufs et dérivés) », peut-on lire dans le compte rendu publié par le ministère de la Communication.
Selon le document, le ministre de la Pêche et Élevage a présenté les actions et stratégies de relance, les mécanismes de mise en œuvre, les sources de financement ainsi que le calendrier du projet. Les activités de ce projet devraient s’étendre sur 24 mois à partir de 2024, d’après la même source qui reste cependant muette sur les autres aspects. Mais à en croire des informations relayées par les médias, ce projet englobe plusieurs axes d’intervention, tels que la formation des producteurs, l’amélioration de l’accès à des intrants de qualité, ainsi que le développement d’infrastructures adaptées à l’élevage avicole.
En 2023, la taille du cheptel avicole en République Démocratique du Congo (RDC) est estimée à plus de 18,9 millions de têtes, selon les données de la Banque centrale du Congo (BCC). Toutefois, la production locale de volaille ne semble pas suffire à satisfaire la demande intérieure. La dépendance de la RDC aux importations de viande de volaille a en effet augmenté ces dernières années.
D’après la plateforme Trade Map, les importations congolaises de viande de volaille ont crû en moyenne de 3,72 % par an au cours des cinq dernières années, passant de 122 964 tonnes en 2019 à plus de 142 300 tonnes en 2023. Parallèlement, la facture liée à ces importations a également grimpé, augmentant en moyenne de 8,05 % par an sur la même période. Elle est ainsi passée de 66,4 millions de dollars en 2019 à près de 91 millions de dollars en 2023.
Stéphanas Assocle, Agence Ecofin
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À l’issue du Conseil des ministres tenu le 18 octobre 2024, le ministre des Finances a annoncé le déblocage de 223,1 millions de dollars pour relancer des projets d’infrastructures en République Démocratique du Congo (RDC).
Ces projets concernent la modernisation des voiries de Kinshasa, le programme PDL-145T, l’électrification rurale, l’amélioration des routes de dessertes agricoles, ainsi que le projet Kinshasa Arena. Les régions ciblées par ces investissements incluent notamment le Kasaï-Oriental, la Tshopo, le Kasaï-Central, l’Ituri, le Kongo-Central, la Tshuapa, ainsi que la capitale Kinshasa.
#Thread | #ConseilDesMinistre
— Ministère des Finances, RDC (@financesrdc) October 20, 2024
‼️ 𝐋𝐞 𝐆𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐠𝐨𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐚𝐥𝐥𝐨𝐮𝐞 𝟐𝟐𝟑,𝟏 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐔𝐒𝐃 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭𝐬 𝐝’𝐢𝐧𝐟𝐫𝐚𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐮𝐫𝐞#RDC | Lors de la 18ème réunion ordinaire du Conseil des… pic.twitter.com/0bpX4qmFxN
Lors du Conseil des ministres, le ministre des Finances, Doudou Fwamba Li-Botayi, a souligné que ce financement est le résultat des efforts de stabilisation macroéconomique entrepris depuis juin 2024, rapportent ses services. Ces réformes ont permis de stabiliser le taux de change, de maîtriser l’inflation et de renforcer la gestion des finances publiques, a-t-il indiqué, précisent les mêmes sources.
Pour améliorer le climat des affaires, la RDC a placé les infrastructures au centre de ses priorités nationales. En juillet dernier, le gouvernement a annoncé un plan d’investissement de 1,5 milliard de dollars pour 2024, avec l’ambition de financer plus de 50 % des dépenses d’infrastructure d’ici 2030, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, souvent soutenus par des bailleurs internationaux.
Pour atteindre cet objectif, le pays mise sur une stratégie de financement diversifiée, incluant des financements publics, des partenariats publics-privés, ainsi que des appuis bilatéraux et multilatéraux pour des projets structurants, tels que le barrage de Grand Katende.
Charlène N’dimon, Agence Ecofin
Le ministère du Tourisme de la République Démocratique du Congo (RDC) vient de dévoiler les détails d’un accord conclu avec l’AC Milan, prestigieux club de football italien. Cette collaboration, qui va bien au-delà d’un simple partenariat promotionnel, s’inscrit dans une stratégie globale visant à mieux faire connaître la RDC sur la scène internationale et à stimuler son développement dans divers domaines.
𝐄𝐍 𝐐𝐔𝐎𝐈 𝐂𝐎𝐍𝐒𝐈𝐒𝐓𝐄 𝐋’𝐀𝐂𝐂𝐎𝐑𝐃 𝐄𝐍𝐓𝐑𝐄 𝐋’𝐀.𝐂 𝐌𝐈𝐋𝐀𝐍 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐆𝐎𝐔𝐕𝐄𝐑𝐍𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐂𝐎𝐍𝐆𝐎𝐋𝐀𝐈𝐒 ?🇨🇩⚽️
— Ministère du Tourisme de la RDC (@TourismeRDCongo) October 19, 2024
𝐕𝐢𝐬𝐢𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐢𝐥𝐥𝐨𝐭𝐬 : Le logo 𝐄𝐗𝐏𝐋𝐎𝐑𝐄𝐙 𝐋𝐀 𝐑𝐃𝐂, 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐥’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 sera affiché… pic.twitter.com/kI9fhEsdcV
L’accord prévoit une visibilité internationale, avec le logo « EXPLOREZ LA RDC, Cœur de l’Afrique » qui sera affiché sur les maillots des joueurs de l’AC Milan lors des matchs officiels et d’entraînement. Cette exposition médiatique offre une plateforme unique pour promouvoir le pays à l’échelle mondiale, compte tenu du nombre de fans que compte ce club.
Au-delà de l’aspect touristique, le ministère du Tourisme indique que cette collaboration concerne également la création d’une académie de football en RDC, qui serait financée et soutenue par la fondation AC Milan. Si cette initiative aboutit, elle contribuera au développement du football congolais et offrira de nouvelles perspectives aux jeunes talents d’un des pays les plus respectés dans le monde du football en Afrique. Dans la même logique, l’accord prévoit la possibilité d’inviter des légendes du football comme George Weah et Ricardo Kaka à participer à des événements en RDC.
Sur le plan économique et diplomatique, l’accord présente des opportunités significatives. Les officiels congolais auront accès aux loges VIP lors des matchs de l’AC Milan, créant ainsi des possibilités de networking avec des investisseurs potentiels. Une délégation d’hommes d’affaires italiens est également attendue en RDC, avec pour objectif d’apporter des investissements dans des secteurs clés tels que les infrastructures, l’énergie et la formation professionnelle.
Renforcement de la coopération bilatérale
Cet accord s’inscrit dans le cadre plus large du renforcement des relations entre la RDC et l’Italie, notamment à travers le Plan Mattei, un programme d’investissement italien en Afrique d’un montant de 5,5 milliards de dollars.
Début septembre, la RDC a validé sa politique nationale du tourisme. Ce document contient quatre objectifs clés à atteindre d’ici 2030 : le développement de la coopération et des partenariats, la promotion du tourisme durable, la diversification de l’offre touristique, et le renforcement des capacités institutionnelles. Il est question de générer des recettes annuelles en devises de 7 milliards de dollars et de créer entre 200 000 et 500 000 emplois dans le secteur d’ici 2030.
Dans le plan d’investissements publics pour la période 2025 à 2028, l’État a prévu des engagements budgétaires de l’ordre de 87 milliards de francs congolais (30,7 millions de dollars) pour le tourisme, la culture et le sport.
L’accord entre la RDC et l’AC Milan, tel que présenté par le ministère du Tourisme, représente donc bien plus qu’une simple opération de marketing. Il s’agit d’un levier stratégique pour le développement économique, sportif, culturel et diplomatique du pays. Il reste désormais à voir comment il sera concrètement mis en œuvre.
Georges Auréole Bamba
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La société Traiding & Exploitation (Tradex), filiale de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), qui gère les intérêts de l’État du Cameroun dans l’exploitation et l’exploration pétro-gazière, devrait lancer ses activités en République démocratique du Congo (RD Congo ou RDC) dès l’année 2025. De sources proches du dossier, le top management de cette entreprise pétrolière, spécialisée dans l’avitaillement des aéronefs et des navires, puis dans la distribution des produits pétroliers, a obtenu depuis juin 2024 le quitus du Conseil administration, pour lancer une filiale en RDC.
« Tout est fin prêt ! Nous avons déjà obtenu tous les agréments. Il ne reste que la désignation du directeur général de Tradex RD Congo, qui interviendra certainement avant la fin de l’année 2024. Nous prévoyons de lancer les activités dès l’année 2025, grâce à notre actionnaire Geogas. C’est lui qui nous ouvre les portes de ce nouveau marché », confie une source interne à cette entreprise, contrôlée à 54 % par la SNH, à 36 % par le Français Geogas, et à 10 % par des privés locaux.
L’ouverture d’une filiale en RDC portera à quatre, le nombre de pays de l’Afrique centrale dans lesquels ce marketeur camerounais opère. En effet, en plus du Cameroun, pays dans lequel l’entreprise est présente à travers des stations-service disséminées dans 32 villes et villages, Tradex opère déjà en République centrafricaine (RCA), au Tchad et en Guinée équatoriale. Dans ce dernier pays, la toute première station-service de ce pétrolier camerounais a été inaugurée le 18 février 2021 à Malabo. Mais, Tradex y opérait déjà depuis 2015, en approvisionnant de manière exclusive les bâtiments se ravitaillant en produits pétroliers à Luba Free Port.
Comme au Cameroun, Tradex devra faire face à des géants comme TotalEnergies sur le marché de la RDC. Présente depuis plus de 30 ans dans le pays, la multinationale française y commercialise chaque année plus de 200 000 tonnes de produits pétroliers et gère près de 45 stations-service à travers le territoire. Toutefois, le distributeur camerounais ne manque pas d’atouts. En 2023, Tradex a enregistré un résultat net de 14,7 milliards de FCFA (plus de 24 millions de dollars à la valeur actuelle du dollars), marquant sa meilleure performance depuis sa création en 1999, selon des sources officielles. D’après les états financiers de l’entreprise, active sur le marché des produits pétroliers depuis 2006, son chiffre d’affaires a connu une croissance de 32 % au cours des cinq dernières années, passant de 291,3 milliards de FCFA (485,5 millions de dollars) en 2019 à 387,3 milliards de FCFA (645,5 millions de dollars) en 2023. Dans son classement 2022 des 500 premières entreprises africaines, le magazine Jeune Afrique a positionné Tradex comme la 4e entreprise la plus performante au Cameroun et la 226e à l’échelle du continent.
Brice R. Mbodiam, Investir au Cameroun
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Une implication active des pouvoirs publics dans les systèmes d’apprentissage est essentielle pour réduire la pauvreté éducative en République Démocratique du Congo (RDC). C’est ce qui ressort de la dernière édition du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, intitulé « Transformer l’éducation pour une croissance inclusive », publié le 14 octobre 2024. Dans ce document, l’institution financière définit la pauvreté éducative comme « l’incapacité des enfants à lire et à comprendre un texte simple à la fin de l’enseignement primaire (vers l’âge de 10 ans) ».
Ce phénomène constitue une problématique majeure dans le pays francophone le plus peuplé du monde. En effet, selon les dernières données disponibles de 2022, la RDC affichait un taux de pauvreté éducative dépassant les 90 %. Ce chiffre représente le troisième taux le plus élevé d’Afrique subsaharienne, derrière la Zambie et le Lesotho, et demeure supérieur à la moyenne régionale (89 %) ainsi qu’au taux moyen des pays à revenu faible et intermédiaire (70 %).
D’après la Banque mondiale, une grande majorité des enfants ne parvient pas à acquérir des compétences de base en lecture et en mathématiques à la fin de l’enseignement primaire, ce qui engendre un déficit d’apprentissage précoce. Ce manque de compétences a des répercussions significatives sur le parcours éducatif des élèves, les empêchant de réussir dans l’enseignement secondaire et supérieur.
Cette situation constitue un point de vulnérabilité majeur des systèmes d’apprentissage, car il est nécessaire d’enseigner non seulement des compétences de base, qui ne sont pas encore maîtrisées, mais aussi des contenus avancés, notamment en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). Dans ce contexte, l’institution souligne l’importance pour les pays d’Afrique subsaharienne de définir des objectifs d’apprentissage ambitieux et de mettre en place divers types d’évaluations pour mesurer ces apprentissages.
« Les évaluations nationales doivent être consolidées, car elles sont essentielles pour identifier les réalisations et les défis à l’échelle du système, informer les réformes politiques et concevoir des interventions. Elles alerteront rapidement le système en cas de baisse de la qualité, ce qui permettra aux décideurs politiques d’agir rapidement et d’inverser la tendance. Les évaluations formatives en classe génèrent un retour d’information en temps réel, ce qui aide les enseignants à s’adapter aux besoins des élèves », expliquent les auteurs du rapport.
Plus globalement, les recommandations de la Banque mondiale fait écho à un récent rapport de la Banque africaine de développement (BAD), qui souligne la nécessité d’aller au-delà des politiques de scolarisation. Ce rapport appelle à investir davantage dans le renforcement du capital humain à travers un enseignement de meilleure qualité, afin de fournir au secteur privé une main-d’œuvre qualifiée. Selon les estimations de cette institution financière panafricaine, un investissement de 1,2 milliard de dollars par an jusqu’en 2063 est nécessaire pour parvenir à une transformation structurelle de l’économie de la RDC.
Espoir Olodo
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La vice-ministre des Hydrocarbures, Wivine Moleka (photo), a annoncé le 15 octobre 2024, lors d’une visite des stations-service à Kinshasa, que le paiement des manques à gagner des partenaires dans la commercialisation des produits pétroliers finis serait effectué d’ici la fin du mois.
« Ils peuvent compter sur le soutien du gouvernement. Nous reconnaissons que le paiement des manques à gagner a pris du retard, mais je peux les assurer que tout sera réglé avant la fin du mois », a déclaré la vice ministre, sans préciser le montant des manques à gagner à rembourser. Elle a également invité les entreprises concernées à contacter les experts de son administration pour soumettre les documents relatifs au paiement de cette compensation. A en croire, Wivine Moleka « les manques à gagner ont commencé à s’accumuler suite à la révision des prix du 2 octobre, lorsque les tarifs de l’essence ont été abaissés ».
Ayant effectué ce jour une tournée au sein de plusieurs stations dans la ville de #Kinshasa.
— Wivine Moleka (@WivineMoleka) October 15, 2024
J'ai constaté que parmi les raisons des longues files qui apparaissent dans les stations services, il y'a également le retard de livraison du transporteur SEP Congo, empêché par les… pic.twitter.com/GDowHDUQOy
Cette annonce intervient alors que des signes de pénurie commencent à se faire sentir à Kinshasa, la ville la plus peuplée de la République démocratique du Congo, avec près de 20 millions d’habitants. La tournée de la vice-ministre a révélé que certaines stations-service étaient à court de produits, entraînant de longues files d’attente dans celles qui étaient encore approvisionnées.
Le problème principal ne semble pas être seulement le mécontentement des partenaires commerciaux, mais également les difficultés rencontrées par SEP Congo, l’entreprise responsable de la gestion des stocks et de la distribution aux stations-service. L’efficacité de cette dernière aurait été impactée par les embouteillages chroniques de Kinshasa, entravant ainsi le ravitaillement.
Le gouvernement a affirmé avoir mobilisé toutes les options disponibles pour réduire les prix des carburants à la pompe en octobre. Les données sur la structure des prix des carburants pour cette période ne sont pas encore publiques. Cependant, selon la structure de mars 2014 pour la zone Ouest, couvrant Kinshasa, pratiquement aucun impôt n’était prélevé sur chaque litre d’essence ou de gasoil vendu. Les montants à rembourser aux sociétés commerciales par l’État s’élevaient à 25,34 francs congolais par litre d’essence et à 31,38 francs congolais par litre de gasoil. Dans ce contexte, l’une des hypothèses avancées serait que le gouvernement a réduit les marges allouées à SEP Congo ou a agi sur les coûts des stocks de sécurité pour opérer la baisse des prix à la pompe en octobre.
En mars 2024, plusieurs banques ont soutenu l’État dans le règlement de sa dette envers les partenaires du secteur pétrolier, pour un montant total de 120 millions de dollars. Lors d’une conférence de presse le 14 août 2024, le ministre de l’Économie, Daniel Samba Mukoko, a précisé que la subvention de l’essence coûtait à l’État 15 millions de dollars par mois.
Georges Auréole Bamba
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Le ministre des Hydrocarbures, Aimé Molendo Sakombi, a signé le 11 octobre 2024 un avis d’annulation du processus d’appel d’offres pour l’attribution de 27 blocs pétroliers en République démocratique du Congo (RDC), lancé le 28 juillet 2022. Selon le texte, cette décision repose sur plusieurs raisons : des offres jugées non recevables, des dépôts tardifs de candidatures, des propositions inappropriées ou irrégulières, ainsi qu’un défaut de concurrence.
Avis de clôture du processus d'appel d'offres des 27 blocs pétroliers pic.twitter.com/do7e0wm0dn
— Ministère des Hydrocarbures RDC (@Min_hydro_Rdc) October 14, 2024
Cette décision a été rendue publique à la suite des discussions tenues lors du conseil des ministres du 11 octobre, où Aimé Molendo Sakombi a plaidé pour « l’arrêt de cette procédure et l’impératif de relancer un nouveau processus », selon un compte rendu relayé par des médias proches de l’administration. Le ministre a souligné la nécessité pour le gouvernement de « rebondir en évitant les difficultés majeures soulevées » lors de la phase initiale, notamment celles liées aux préalables de la procédure et à l’évaluation des candidatures lors de la présélection.
Le nouveau processus devrait connaître certaines modifications. Il est envisagé de redimensionner certains blocs pétroliers situés à l’intérieur du pays, afin de minimiser les impacts environnementaux, notamment sur les zones protégées. De plus, l’idée de refaire des relevés géologiques a été évoquée, afin d’obtenir des informations plus récentes et actualisées sur les réserves pétrolières mises en appel d’offres.
Lors de l’annonce officielle des appels d’offres par le président Félix Tshisekedi, les estimations sur le site de la présidence faisaient état de 22 milliards de barils de pétrole sur les 27 blocs, avec l’espoir que les revenus du secteur pétrolier et gazier puissent représenter 40 % du budget de l’État. Cependant, d’autres estimations sont beaucoup plus prudentes. Certaines sources parlent d’environ 5 milliards de barils, tandis que le CIA Factbook, une plateforme du principal service de renseignement américain, avance un chiffre bien plus modeste, estimant les réserves prouvées à seulement 180 millions de barils.
La RDC est déterminée à exploiter ses ressources pétrolières, mais devra faire face à un long processus d’exploration et de développement. Seulement, le pays, qui abrite des aires protégées telles que le Parc national des Virunga, sera sous la surveillance des organisations de défense de l’environnement alors que ses plus de 100 millions d’habitants attendent davantage d’un gouvernement aux ressources limitées. Par ailleurs, la RDC est considérée comme un risque par les créanciers mondiaux, ce qui ajoute une couche de complexité au défi.
Georges Auréole Bamba