Après plusieurs jours de tractations, la société égyptienne Safrimex, chargée de la réhabilitation des voiries urbaines dans plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo (RDC), a obtenu des assurances quant au règlement de ses factures. Le ministre des Infrastructures et Travaux publics (ITP) a saisi son collègue du Budget pour faciliter le paiement des sommes dues, a indiqué, le 12 mars 2025, le directeur général adjoint de l’Office de voirie et drainage (OVD), Venant Burume Muhigirwa, lors d’une rencontre avec le gouverneur du Kasaï-Oriental, Jean-Paul Mbuebua Kapo. Ce dernier s’est rendu à Mbujimayi pour inspecter les travaux en cours, notamment ceux liés à la modernisation de la voirie et à la lutte contre l’érosion.
Cette avancée fait suite aux discussions engagées entre Safrimex et l’OVD à Kinshasa, visant à trouver une solution aux difficultés financières ayant entraîné des menaces d’interruption des travaux.
Le 8 mars, le directeur provincial de Safrimex, Rida Mroue, avait confié au gouverneur du Kasaï-Oriental que les tensions de trésorerie empêchaient l’entreprise de poursuivre ses chantiers à Mbujimayi. « Effectivement, l’entreprise rencontre quelques difficultés de trésorerie en cette période de guerre. Elle a sollicité certains paiements auprès du ministère des Finances afin d’alléger sa situation et de pouvoir poursuivre les travaux », a déclaré le directeur provincial de l’OVD, Trésor Kashala, à l’issue de la réunion.
Cette situation a également suscité l’intervention du député national Tobi Kayumbi, qui a adressé, le 11 mars, une question écrite au ministre des Finances sur le taux d’exécution financière des travaux de voirie et de lutte antiérosive à Mbujimayi.
Présente en RDC depuis 2022, Safrimex, filiale du groupe Socimex, mène plusieurs projets d’infrastructures routières dans le cadre du programme « Tshilejelu », doté d’un budget de 138 millions USD pour la construction de 142 km de routes.
À Mbujimayi, l’entreprise est engagée sur 25,32 km de voirie, en complément d’autres chantiers situés à Kinshasa (72 km), Kabinda (10,5 km), Lusambo (10 km), Kananga (35 km), Mwene-Ditu (5,5 km) et Tshikapa (15,39 km). En novembre 2024, l’OVD estimait que le taux d’exécution des travaux au Kasaï-Oriental atteignait 30 %.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Dans la Zone économique spéciale (ZES) de Maluku, située à environ 70 km au nord-est de Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC), Saphire Ceramics devient la première entreprise à exporter ses produits. Spécialisée dans la production de carreaux et de faïences, cette société à capitaux chinois a expédié plus de 300 000 m² de marchandises vers le Congo-Brazzaville début mars 2025, a annoncé, le 7 mars dernier, le ministère de l’Industrie et du Développement des PME.
Première usine de ce type en RDC, Saphire Ceramics a lancé sa production en 2023 et affiche une capacité de 70 000 m² par jour.
En octobre 2024, une dizaine d’entreprises avaient signé des conventions d’occupation avec l’Agence des zones économiques spéciales (AZES) pour s’installer dans la ZES de Maluku. Parmi elles figure Varun Beverages RDC, qui a inauguré son usine la même année et lancé la production de boissons destinées au marché de Kinshasa.
Parmi les entreprises ayant signé des conventions d’occupation avec l’Agence des zones économiques spéciales (AZES) figurent aussi Sopaco, une société à capitaux libanais spécialisée dans la transformation de produits agricoles ; K Timber, active dans le secteur du bois ; Eben Ezer International, impliquée dans diverses activités industrielles, dont la production de papier ; Hema Beverage, opérant dans le secteur des boissons, ainsi que Refriango, une entreprise évoluant dans les domaines des boissons et de l’agroalimentaire.
En octobre 2024, trois entreprises suisses Seprinto, Ineos et Jtix ont également manifesté leur intérêt pour s’implanter dans la ZES de Maluku. Leurs projets portent principalement sur des innovations technologiques, notamment la sécurisation des documents, la gestion des bases de données et le développement de logiciels spécialisés. À ce jour, aucune information n’a été communiquée sur l’état d’avancement de leur implantation.
Le gouvernement encourage les investissements dans la ZES de Maluku en accordant aux entreprises des exonérations fiscales et douanières sur une période de 5 à 10 ans. Ce dispositif vise à réduire les coûts d’exploitation et à améliorer le climat des affaires, dans l’optique d’accélérer la transformation économique du pays.
Projet pilote, la ZES de Maluku sert de modèle pour la création d’autres zones économiques spéciales à travers le pays. Toutefois, ces initiatives doivent faire face à un défi majeur : le déficit d’électricité, qui reste un frein au développement industriel en RDC.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le secteur privé congolais a capté plus de 2,044 milliards de dollars de contrats en sous-traitance en 2024, selon le rapport partiel que vient de publier l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) en République Démocratique du Congo. Ce document recense 1 282 contrats signés avec 797 sous-traitants.
Le secteur minier se taille la part du lion, avec plus de 2,016 milliards de dollars, soit 98 % du montant global. Parmi les principaux donneurs d’ordre figurent les entreprises minières telles que Tenke Fungurume Mining, Kipushi Corporation (KICO), CMOC Kisanfu, Kamoto Copper Compagnie (KCC), Metalkol, Sicomines ou Ruashi Mining.
En dehors du secteur minier, les autres domaines d’activité en RDC peinent à tirer leur épingle du jeu dans la sous-traitance. Les télécommunications arrivent loin derrière en deuxième position, avec environ 19 millions de dollars de contrats attribués par quatre sociétés (Huawei, Orange RDC, Helios Towers Congo et Liquid Intelligence Technologies).
Encore loin des objectifs
La cimenterie suit avec 6,8 millions de marchés attribué par Carrière du Lualaba (Carrilu), PPC Barnet et la Grande Cimenterie du Katanga (GCK). Enfin, l’agroalimentaire, pourtant essentiel à la consommation locale, reste marginal avec seulement 1,4 million de dollars de contrats signés par Brasimba, Marsavco, ELS et Biso Na Biso.
Selon les conclusions d’une mission de l’ARSP réalisée en 2023, la RDC perd près de 8 milliards de dollars chaque année en raison de pratiques irrégulières dans la sous-traitance. Face à ce constat, le gouvernement avait fixé un objectif ambitieux : atteindre entre 50 000 et 60 000 sociétés de sous-traitance à capitaux majoritairement congolais d’ici fin 2023.
Mais selon le rapport partiel des contrats de sous-traitance pour 2024, la réalité est bien différente, avec seulement 797 sociétés répertoriées à ce jour. L’écart entre l’objectif initial et les résultats actuels met en évidence les défis que le pays doit encore relever pour développer efficacement la sous-traitance locale.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Dans un communiqué publié le 6 mars 2025, la Fédération des entreprises du Congo (FEC), par la voix de son président national, Robert Malumba Kalombo, alerte sur les « pertes considérables » subies par les opérateurs économiques dans le Nord et Sud-Kivu depuis l’offensive des rebelles du M23, appuyés par des troupes rwandaises. Ces pertes, bien que non encore quantifiées, affectent l’activité économique à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).
L’organisation patronale dénonce « de nombreux actes de destruction, de pillage et de violence subis par ses membres ». Selon les rapports transmis par ses adhérents, ces exactions ont engendré des conséquences majeures sur les entreprises locales. « Elles se traduisent par la dégradation des infrastructures, la disparition de documents et d’équipements, ainsi que des atteintes aux biens et aux personnes, y compris aux employés », précise le communiqué.
L’organisation patronale cite notamment les cas de Bralima S.A. et CJX Minerals Sarl, deux entreprises victimes d’actes de vandalisme à Bukavu. Le 20 février dernier, plus de dix tonnes de minerais 3T ont été pillées dans les installations de CJX Minerals, selon les organisations du groupe thématique Mines et Hydrocarbures de la société civile du Sud-Kivu. Dans une mise au point, ces organisations ont alerté les acheteurs régionaux et internationaux afin d’empêcher la commercialisation de ces minerais issus du pillage.
Par ailleurs, la FEC souligne que plusieurs entreprises font face à des entraves à la libre circulation de leur personnel, de leurs biens et de leurs services. Elle met en garde contre des restrictions qui, selon elle, « perturbent gravement les activités économiques à différentes échelles : locale, provinciale, interprovinciale, nationale et même régionale ».
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Les prestataires et fournisseurs sont également concernés par les missions de contrôle que l’Inspection générale des finances (IGF), organe rattaché à la présidence de la République Démocratique du Congo (RDC), prévoit d’effectuer en 2025 au sein des établissements et entreprises publics. Le directeur de cabinet du président de la République, Anthony Nkinzo Kamole, a annoncé la reprise de ces missions aux gestionnaires des sociétés majoritairement détenues par l’État, réunis le 4 mars 2025 dans la salle de congrès du Palais de la Nation.
Selon le chef de service de l’IGF, Jules Alingete Key (photo), ces contrôles visent à renforcer la transparence et à améliorer la gestion des ressources financières. À en croire le même responsable, ils se concentreront essentiellement sur les « zones de risque de gestion ». Parmi les domaines concernés, Jules Alingete Key liste les acquisitions immobilières des établissements et entreprises publics, le paiement des avantages dus aux mandataires publics, le respect des règles de passation des marchés publics, la conformité fiscale des prestataires et fournisseurs en relation avec les entités publiques, ainsi que les paiements liés aux soins médicaux et aux missions de service à l’étranger.
Les prestataires et fournisseurs doivent donc se préparer à des contrôles sur leur conformité fiscale. Ils devront également être en mesure de justifier la qualité et le coût des prestations fournies aux entités publiques. Comme l’ont montré des précédents, ces contrôles peuvent aboutir à des ruptures de contrat, des redressements fiscaux, voire des injonctions de restitution des paiements jugés indus.
En février, l’IGF a révélé avoir identifié 11 038 entreprises actives en RDC mais non fiscalisées. Cette découverte devrait entraîner leur réintégration dans le circuit fiscal, contribuant ainsi à la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale. Selon l’IGF, la régularisation de ces entreprises pourrait permettre d’accroître les recettes fiscales de près de 30 % en 2025.
En 2023, les contrôles menés par l’IGF ont permis de récupérer 1,5 milliard de dollars de dépenses irrégulières au profit des entreprises et établissements publics, a indiqué Jules Alingete Key sur Top Congo FM le 14 février 2024.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Dans un mémo daté du 3 mars 2025, l’Autorité fiscale de l’Ouganda (URA – Uganda Revenue Authority) a interdit le passage des marchandises à destination de Goma et Bukavu, en République Démocratique du Congo (RDC), par plusieurs postes frontaliers, notamment Katuna et Cyanika, qui sont des points de sortie habituels pour les exportations ougandaises vers ces deux villes congolaises.
L’URA justifie cette décision par la perte de contrôle de l’État congolais sur Bukavu et Goma, désormais sous occupation des rebelles du M23 et de leurs alliés rwandais depuis février et janvier respectivement. Cette situation a entraîné une absence de supervision douanière côté congolais.
Selon son mémo, les services douaniers congolais ont informé l’URA que l’absence de contrôle sur les marchandises à destination de Goma et Bukavu a occasionné des pertes fiscales significatives. Pour limiter ces pertes, les autorités ougandaises imposent désormais que toutes les marchandises destinées à ces villes transitent par d’autres postes frontaliers que Katuna, Bunagana, Cyanika, Ishasha River, Busanza et Kyeshero.
Selon plusieurs commerçants, cette décision risque de perturber l’approvisionnement en produits manufacturés à Goma et Bukavu, deux grandes villes dépendantes des importations en provenance d’Ouganda. En entraînant de facto la fermeture des routes habituelles, elle oblige les transporteurs à emprunter des trajets plus longs et plus coûteux.
À titre d’exemple, une cargaison à destination de Goma doit désormais passer par le poste frontalier de Mpondwe (Ouganda-RDC), rejoindre Butembo, avant de redescendre sur Goma. Ce détour allonge le trajet d’environ 220 kilomètres par rapport à l’itinéraire direct via Cyanika, sur des routes souvent en mauvais états.

Cette mesure pourrait également impacter l’acheminement des produits en provenance du Kenya et de la Tanzanie, tels que le riz, l’huile végétale et les détergents, qui transitent habituellement par l’Ouganda avant d’atteindre la RDC.
À Goma, l’inquiétude monte et certains commerçants envisagent de se tourner vers d’autres fournisseurs, notamment ceux basés au Rwanda, malgré le contexte de tensions entre Kigali et Kinshasa. Par ailleurs, certains transporteurs explorent des alternatives pour contourner les nouvelles restrictions, tout en minimisant les coûts.
Un employé d’une entreprise de transport, contacté à ce sujet, révèle que certaines sociétés envisagent une stratégie de contournement. L’idée serait de déclarer à Katuna les marchandises destinées à Bukavu comme ayant pour destination Cyangugu, ville rwandaise voisine. De même, les cargaisons à destination de Goma pourraient être déclarées à Cyanika comme étant destinées à Gisenyi, la ville rwandaise jouxtant Goma. Une fois ces villes atteintes, les marchandises seraient ensuite acheminées vers la RDC.
Quelle que soit l’option choisie, cette décision entraînera inévitablement une hausse des coûts des marchandises importées d’Ouganda. En plus des détours imposés, elle génère des frais supplémentaires liés aux multiples prélèvements. Les solutions envisagées impliquent de s’acquitter des droits de douane tant au Rwanda qu’en RDC, sans compter les taxes imposées par les forces d’occupation.
Timothée Manoke, stagiaire
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L’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE) de la République Démocratique du Congo (RDC) durcit le ton contre les opérateurs et usagers mettant sous tension des installations électriques sans certificat de conformité.
« Toute mise sous tension d’installations électriques non préalablement couvertes par un certificat de conformité constitue à la fois une faute administrative et une faute pénale. L’ARE ou les autres services habilités y réserveront les suites idoines conformément aux dispositions 119 et suivantes de la loi », indique une circulaire signée le 4 mars 2025 par le directeur adjoint de l’ARE, Marc Kuyu.
La loi citée est celle du 17 juin 2014 régissant le secteur de l’électricité. Ses articles 119 à 138 prévoient des sanctions administratives et pénales. Et l’article 135 donne d’ailleurs l’ARE le pouvoir de « procéder à la recherche et à la constatation des infractions commises en matière d’électricité ».
CIRCULAIRE N°03/ARE/DG/DGA/03/2025 pic.twitter.com/WfjCrOLLqW
— A.R.E/RDC (@AREDRC1) March 4, 2025
Ainsi, selon l’article 127 de la loi régissant le secteur de l’électricité, la mise sous tension d’installations électriques sans certificat de conformité peut entraîner une peine d’emprisonnement de six à douze mois, assortie d’une amende allant d’un à 5 millions de francs congolais (FC), ou l’une des peines seulement. Par ailleurs, l’article 126 de la même loi stipule que la non-homologation des installations électriques intérieures, lorsqu’elle provoque des perturbations majeures aux réseaux, est passible d’une peine de trois à six mois de prison et d’une amende comprise entre 10 et 100 millions de FC ou de l’une des peines.
En matière de sanctions administratives, l’article 134 de la loi prévoit plusieurs mesures, allant de l’injonction de se conformer aux dispositions légales et réglementaires, à la suspension du droit d’opérer, en passant par la résiliation du contrat, le retrait du titre ou encore l’interdiction d’exercer dans le secteur.
Dans une circulaire publiée le 4 mars 2025, l’ARE rappelle que toutes les installations électriques, qu’elles soient nouvelles ou existantes, doivent être certifiées avant d’être mises en service ou connectées au réseau. Cette certification, délivrée par l’ARE, est conditionnée par une inspection réalisée par un expert indépendant agréé, désigné exclusivement par le régulateur.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Il est désormais interdit de vendre moins de 300 mètres carrés de terrain dans les agglomérations urbaines de la République Démocratique du Congo (RDC). Un arrêté signé le 20 février 2025 par la ministre des Affaires foncières fixe cette superficie comme seuil minimal pour toute parcelle issue d’un morcellement ou d’un lotissement. Cette mesure implique que l’acquisition d’un terrain coûtera désormais plus cher.
À Kinshasa, par exemple, dans les quartiers comme l’UPN ou Pigeon, le prix du mètre carré varie entre 250 et 500 dollars, selon l’emplacement, indiquent plusieurs habitants. Dans ces conditions, il faudra prévoir au minimum 75 000 dollars pour acheter un terrain dans ces quartiers qui ne sont pourtant pas parmi les plus huppés de la capitale. Un montant largement hors de portée pour la majorité des Congolais. En 2024, environ 73,5 % de la population vivait avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
Par ailleurs, les morcellements opérés par des particuliers dans les agglomérations urbaines sont désormais interdits. Toute division de terrain devra être soumise à l’approbation de l’autorité compétente. Il s’agisse des commissaires d’État, des commissaires de région ou des conservateurs des titres immobiliers territorialement compétents. Cette mesure est perçue comme une contrainte supplémentaire à l’accès à la propriété foncière, un enjeu que la Société financière internationale (IFC) identifie comme l’un des principaux freins à la construction de logements en RDC, où le déficit en la matière est estimé à 4 millions d’unités.
Le ministère des Affaires foncières justifie cette décision par la prolifération des morcellements anarchiques, une pratique courante dans des villes comme Kinshasa. Cette situation a conduit à une densification excessive, aggravant des problèmes tels que le surpeuplement, les difficultés d’accès aux services de base (eau, électricité), la mauvaise gestion des déchets et des eaux de ruissellement, ainsi que des conflits récurrents entre voisins liés aux limites parcellaires. Selon l’arrêté, cette urbanisation désordonnée nuit également à l’esthétique des villes et à la qualité de vie des habitants.
Le ministère espère que l’interdiction des morcellements anarchiques et la fixation d’une superficie minimale contribueront à une meilleure gestion de l’espace urbain, à l’amélioration des conditions de vie et à une planification plus efficace des services publics. Toutefois, l’impact de ces mesures dépendra de leur mise en œuvre rigoureuse et de la capacité des autorités à en assurer le respect.
Timothée Manoke, stagiaire
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Cinquième producteur d’huile de palme en Afrique, avec une production annuelle estimée à 300 000 tonnes métriques selon le rapport Amount of Palm Oil Produced in Africa 2022/2023, la République démocratique du Congo (RDC) a officiellement rejoint le Conseil des pays producteurs d’huile de palme (CPOPC), basé à Jakarta, en Indonésie. L’annonce a été faite le 21 février 2025 par la ministre déléguée en charge de la Francophonie et de la Coopération internationale, Bestine Kazadi, lors d’une réunion du Conseil des ministres.
Créé en 2015 par l’Indonésie et la Malaisie, les deux plus grands producteurs mondiaux d’huile de palme, le CPOPC est une organisation intergouvernementale visant à renforcer la coopération entre les pays producteurs. Son principal objectif est de promouvoir un développement durable du secteur, défendre les intérêts des producteurs face aux régulations internationales et améliorer l’image de l’huile de palme sur le marché mondial.
La demande d’adhésion de la République démocratique du Congo (RDC) au Conseil des pays producteurs d’huile de palme (CPOPC) a été au centre d’une réunion tenue le 28 novembre 2024 à Jakarta, en Indonésie, avec les membres de cette organisation. À l’issue de cette rencontre, le gouvernement a affirmé que « la RDC s’engage à devenir un acteur majeur dans la production durable d’huile de palme ». Reste à savoir comment cet engagement se concrétisera, alors que les producteurs industriels d’huile de palme réclament une intervention de l’État pour protéger la filière face à la concurrence des huiles de palme importées.
Pour l’instant, la production nationale peine à couvrir la demande. En 2023, celle-ci était estimée à plus de 500 000 tonnes, selon Kalaa Mpinga, président de la commission nationale agriculture et forêt de la Fédération des entreprises du Congo. Un projet visant la création de 145 000 hectares de palmeraies – soit 1 000 hectares par territoire – est actuellement en gestation dans le cadre de la deuxième phase du Programme de développement local des 145 territoires (PDL 145T). Toutefois, ce projet est davantage orienté vers le renforcement de la production de biodiesel à partir de l’huile de palme.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Alors que les prix du cobalt ont chuté de près de 50 % en deux ans, la République démocratique du Congo (RDC) a décidé de suspendre pour quatre mois ses exportations du métal, a annoncé l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (Arecoms) dans un communiqué signé le 22 février 2025. Cette décision, prise le même jour par le conseil d’administration de l’Arecoms, vise à contrer la surabondance de l’offre sur le marché international afin de stabiliser les prix, précise le communiqué signé par Patrick Luabeya, président du conseil d’administration de l’organisme.
Cette suspension intervient dans un contexte de surproduction mondiale de cobalt. En 2023, le marché a enregistré un excédent record de 14 200 tonnes, selon le Cobalt Institute. Ce déséquilibre, qui devrait persister jusqu’à la fin de la décennie, a provoqué un effondrement des prix. Loin du pic de 90 000 dollars la tonne atteint en 2018, le cobalt métal se négocie actuellement autour de 20 000 dollars sur la Bourse des métaux de Londres. Pour M. Luabeya, une « action immédiate » était donc nécessaire.
La décision de suspension concerne tout le cobalt issu de l’exploitation minière industrielle, semi-industrielle, à petite échelle ou de petite mine, ou artisanale. Autrement dit, tous les acteurs du secteur sont touchés, y compris CMOC et Glencore, les deux premiers producteurs mondiaux de cobalt, présents sur plusieurs mines en RDC. Pour le moment, aucune compagnie n’a réagi à cette mesure.
La RDC est aujourd’hui le premier producteur mondial de cobalt avec pratiquement 70 % de parts de marché. Sur une pente ascendante depuis cinq ans, ses exportations devraient dépasser 150 000 tonnes en 2024, contre 87 000 tonnes en 2020. Toutefois, il est difficile de prédire avec certitude l’impact de la suspension des exportations pendant quatre mois sur le marché mondial et sur les revenus d’exportation du pays, alors que le cobalt y contribue pour 15 à 20 %. Mais, le sénateur Michel Kanyimbu soutenait, lors d’une séance plénière au Parlement en décembre dernier, que si la RDC limitait ses exportations de cobalt à environ 80 000 tonnes par an, les prix tripleraient sur le marché international.
L’Arecoms prévoit d’ailleurs de réaliser une évaluation dans trois mois. En fonction des résultats, la mesure pourrait être adaptée ou levée. L’année dernière, les autorités envisageaient déjà l’introduction de quotas d’exportations.
Pierre Mukoko avec l’Agence Ecofin
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L’Office de gestion du fret multimodal (Ogefrem) a officiellement reçu, le 10 février 2025, les titres de propriété du site de 70 hectares destiné à accueillir le port sec de Kalamba-Mbuji, un village situé à la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Angola, dans la province du Kasaï-Central, selon une note d’information du gouvernorat.
« Nous sommes venus récupérer un document charnière. Il s’agit du certificat d’enregistrement de notre concession, qui met fin à toute spéculation », a déclaré Jean Mukuluboy Kelemwanga, directeur des services généraux de l’Ogefrem. Conduisant la délégation, il a souligné que cette acquisition représente une avancée majeure dans la concrétisation du projet.
Cependant, plusieurs étapes restent à franchir. À l’instar du port sec de Kasumbalesa, dans le Haut-Katanga, celui de Kalamba-Mbuji devra suivre une procédure réglementaire incluant la réalisation des études de faisabilité, l’obtention d’un permis de construire, la mobilisation des financements et la sélection d’un prestataire.
Selon l’Ogefrem, ce port sec vise à faciliter les échanges commerciaux entre la RDC et l’Angola en reliant le Kasaï-Central aux ports maritimes angolais, notamment celui de Lobito. Parallèlement, un projet de modernisation de la route Kalamba-Mbuji-Kananga (230 km), destiné à ouvrir le centre du pays à l'Afrique australe, est en cours. Financés dans le cadre du programme sino-congolais, avec un budget de 300 millions de dollars, les travaux, relancés en juillet 2024, doivent s’étendre sur 24 mois.
De son côté, la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé en novembre 2022 un financement de 165 millions de dollars pour le bitumage de la route Mbuji-Mayi–Kananga–Kalamba-Mbuji en RDC et de la route Dundo–Shikolondo en Angola.
En 2023, les échanges commerciaux entre la RDC et l’Angola ont atteint un peu plus de 130 millions de dollars, selon les données de OEC World, plateforme spécialisée dans l’analyse des flux commerciaux mondiaux. L’Angola a exporté pour 127 millions de dollars, tandis que les exportations congolaises se sont limitées à 3,16 millions de dollars.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a organisé, le 7 février 2025, une formation complémentaire destinée à 72 ingénieurs employés par l’État congolais. Cette session s’est concentrée sur un domaine clé : le contrôle des systèmes énergétiques. Selon le PNUD, l’objectif est de renforcer l’expertise nationale en vue des grands chantiers du Compact énergétique national, la feuille de route visant à accélérer l’accès à l’électricité en République Démocratique du Congo (RDC).
« Grâce à cette initiative, les opérateurs, experts indépendants, bureaux d’études, établissements publics, services et usagers du secteur pourront désormais bénéficier de l’accompagnement des fonctionnaires du ministère des Ressources hydrauliques et Électricité pour garantir la conformité aux normes et règlements en vigueur », a déclaré Mongompasi Pelé, secrétaire général aux ressources hydrauliques et électricités, cité dans une note d’information du PNUD.
Dans le Compact énergétique national, l’État congolais reconnaît l’importance de disposer de ressources humaines qualifiées pour la mise en œuvre de cette feuille de route. Toutefois, le document ne dresse pas d’état des lieux précis des besoins en compétences. Le gouvernement s’est néanmoins engagé à élaborer un plan permettant d’anticiper et de combler les éventuelles lacunes en matière de formation et de personnel, aussi bien à court qu’à moyen terme.
Selon un rapport de 2021 sur le secteur des énergies renouvelables et décentralisées en RDC, la demande de professionnels qualifiés (techniciens, ingénieurs, spécialistes en marketing et finance) ne cesse d’augmenter. Cependant, le développement des compétences et les offres de formation adaptées restent insuffisants pour répondre à cette demande.
D’après le Compact énergétique national, le gouvernement ambitionne d’accroître le taux d’accès à l’électricité de 21,5 % actuellement à 62 % d’ici 2030, pour une population estimée à 130 millions d’habitants. Cela nécessite une hausse du rythme de connexion, qui devrait passer de 1 % à 6 % par an. Pour atteindre ces objectifs, un investissement total de 37 milliards de dollars est requis, dont 17 milliards de dollars pour le secteur public et 20 milliards de dollars pour le secteur privé.
Abigael Kayiba, stagiaire
Des sociétés engagées dans la production locale d’huile de palme en République Démocratique du Congo (RDC) (Miluna, PHC, Brabanta et groupe Blattner) souhaitent que leurs produits soient exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Cette doléance fait partie des mesures sollicitées pour assurer la protection de la filière agro-industrielle d’huile de palme. Ces propositions ont été faites lors d’une réunion tenue le 5 février 2025 avec le ministre de l’Agriculture, selon un compte-rendu publié par Fédération des entreprises du Congo (FEC), l’une des plus grandes organisations patronales du pays.
Selon ces agro-industries, sans un accompagnement de l’État, la production industrielle nationale risque de stagner, voire de reculer face à la concurrence des huiles de palme importées. Une concurrence jugée déloyale du fait que ces importations, soutiennent-ils, se font souvent de manière frauduleuse ou avec exonération et par « système de dumping ».
Du coup, ces membres de la FEC appellent le gouvernement à prendre des mesures de protection du marché local. Ils demandent par exemple l’augmentation du taux des droits d’entrée et de TVA sur les huiles brute et raffinée importées. Ils vont même jusqu’à solliciter l’interdiction des huiles de palme importées ou, à défaut, une centralisation des importations à Matadi pour mieux les réguler et contrôler.
Les producteurs agro-industriels de la filière d’huile de palme sollicitent des exonérations de TVA alors que le gouvernement congolais s’est plutôt engagé à étendre le système automatisé de collecte à toutes les entreprises dès février 2025. Cette réforme s’inscrit dans un effort plus large de rationalisation des exonérations de TVA, qui constituent une part significative des dépenses fiscales. En 2023, ces exonérations représentaient 52 % des dépenses fiscales, soit 3,4 % du PIB et près de 30 % des recettes du gouvernement central.
Dans son rapport annuel 2023, la Banque centrale du Congo (BCC) estime la production agro-industrielle d’huile de palme du pays à 50 659 tonnes cette année-là, soit une stagnation par rapport à 2022. Cette production ne peut pas satisfaire la consommation locale estimée la même année à plus de 500 000 tonnes, par Kalaa Mpinga, président de la commission nationale agriculture et forêt de la FEC. Le déficit est alors comblé par la production non industrielle et les importations.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Les travaux de création de la bourse des matières premières en République Démocratique du Congo progressent, selon le compte rendu du Conseil des ministres du 7 février 2025. Ce projet, annoncé lors de la réunion du Conseil des ministres du 29 novembre dernier, portera le nom de Kinshasa Mercantile Exchange (KME). Il vise à faciliter la commercialisation et la régulation des ressources stratégiques, notamment les minerais, les produits agricoles et les actifs environnementaux, tels que les crédits carbone.
Selon le compte rendu du Conseil des ministres, une feuille de route préliminaire et des orientations initiales sont déjà disponibles pour structurer les travaux de création du KME. Toutefois, le document ne détaille pas leur contenu. Il précise simplement que la structure organisationnelle de la bourse est définie, qu’un état des lieux réglementaire a été réalisé et que les ajustements nécessaires sont identifiés.
Par ailleurs, le gouvernement a adopté la méthodologie de transformation rapide de Pemandu pour accélérer la mise en œuvre du projet. Développée en Malaisie, cette approche vise à accélérer l’exécution des projets stratégiques, en garantissant des résultats concrets sur une courte période.
Le gouvernement congolais indique que des « partenariats stratégiques » sont en cours de négociation pour la mise en place de KME. Pourtant, à l’issue du Conseil des ministres du 29 novembre dernier, il avait été précisé que le développement de cette bourse s’inscrit dans un partenariat public-privé, associant l’État – représenté par Congo Ressources, un acheteur de minerais auprès des coopératives minières (conformément à un arrêté ministériel des Mines) – et l’entreprise américano-saoudienne Sage Intel Inc (SAGINT). Cette dernière société dispose d’une plateforme permettant d’accéder aux capitaux mondiaux grâce à une bourse d’actifs numériques et un système de conformité et d’enregistrement dédié aux matières premières et aux éco-actifs du monde réel, selon les informations disponibles sur son site web.
À l’image d’autres bourses des matières premières comme la London Metal Exchange au Royaume-Uni ou la Chicago Mercantile Exchange aux États-Unis, le Kinshasa Mercantile Exchange ambitionne de structurer et centraliser les échanges des ressources naturelles de la RDC. Pour y arriver, le gouvernement estime l’investissement nécessaire à 650 millions de dollars sur 10 ans.
Ronsard Luabeya, stagiaire