Selon un communiqué publié sur le site officiel de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), les gouverneurs des banques centrales des pays membres se sont réunis en mai 2025 à Mombasa pour valider la feuille de route d’un futur système de paiement transfrontalier. Objectif : mettre en place d’ici 2030 un système unifié visant à stimuler le commerce régional et à faciliter les échanges financiers.
Concrètement, ce dispositif — baptisé switch régional — permettra de simplifier les opérations financières entre les acteurs économiques des huit États membres (Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, RDC, Somalie, Tanzanie et Soudan du Sud), en les rendant plus rapides et moins coûteuses, selon les termes de la feuille de route.
À titre d’exemple, un producteur de cacao basé au Nord-Kivu, en RDC, pourra vendre sa récolte à une usine kényane et recevoir son paiement dans un délai réduit, directement sur son téléphone via son compte mobile money (M-Pesa, Airtel Money) ou son compte bancaire. L’acheteur, de son côté, pourra effectuer le paiement depuis son propre compte — mobile ou bancaire — sans se soucier des obstacles liés au change.
Actuellement, les transactions transfrontalières dans la région restent onéreuses et lentes. Envoyer de l’argent de la RDC vers l’Ouganda via mobile money coûte environ 5 % de frais. Par voie bancaire, le délai de transfert varie entre deux et trois jours.
Selon la Banque mondiale, en 2024, l’envoi de 200 dollars entre la Tanzanie et le Kenya via mobile money coûtait 16,4 %, répartis entre 1,03 % de frais d’envoi et 15,37 % de marge sur le taux de change, souvent appliquée par des intermédiaires.
Feuille de route
Pour remédier à ces contraintes, les États membres prévoient une approche harmonisée permettant d’accepter et d’échanger les monnaies locales. « Cette initiative réduira les coûts liés au change, accélérera la vitesse des transactions et améliorera la transparence des prix, favorisant ainsi un écosystème de paiements transfrontaliers plus fluide et plus économique », précise la feuille de route.
Le document prévoit une mise en œuvre progressive en quatre étapes. La première consistera à harmoniser les réglementations nationales sur les paiements afin d’éliminer les obstacles juridiques et techniques. Ensuite, chaque pays devra se doter d’un switch national — une infrastructure reliant banques, opérateurs de mobile money et fintechs. Certains pays comme le Kenya, la Tanzanie et le Rwanda disposent déjà de cette infrastructure ; d’autres sont en train de la finaliser.
Une fois ces switches opérationnels, leur interconnexion est prévue d’ici 2028. À l’horizon 2030, un switch régional unique permettra d’assurer des transactions transparentes et directes entre les pays membres.
En RDC, lors du Conseil des ministres du 2 mai 2025, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a annoncé le lancement imminent du Switch monétique national baptisé Mosolo, censé interconnecter les acteurs du système national de paiement.
Timothée Manoke, stagiaire
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