Selon les données compilées par la Bank of Uganda, la République démocratique du Congo (RDC) a officiellement importé, au cours de l’exercice financier 2024/2025, des biens d’une valeur de 542,74 millions de dollars américains. Cela représente une hausse de 29 % par rapport à l’année précédente, et ce malgré la fermeture des postes-frontières proches des zones occupées par les rebelles du M23. La banque estime en outre les importations informelles à 419,46 millions de dollars, portant le total à 962,2 millions de dollars.
Ces chiffres placent la RDC au premier rang des importateurs de biens ougandais au sein de la Communauté d’Afrique de l’est (EAC), et au deuxième rang derrière le Kenya si l’on considère uniquement les échanges formels.
Parmi les produits les plus importés figurent l’huile végétale raffinée, le sucre, le savon, les articles en plastique et les matériaux de quincaillerie. Cette structure d’importations reflète la faible industrialisation du pays, en particulier dans les zones frontalières avec les pays de l’Afrique de l’Est, faisant de la RDC un marché privilégié pour les produits manufacturés de ses voisins.
Balance commercial déséquilibré
Durant la même période, les exportations formelles de la RDC vers l’Ouganda ont été évaluées à seulement 42,6 millions de dollars. La Bank of Uganda ne fournit pas d’estimations sur les flux informels, mais plusieurs sources, dont l’Office national des produits agricoles (ONAPAC), signalent que des volumes importants de cacao, de café et d’or artisanal, notamment issus du Nord-Kivu et de l’Ituri, franchissent la frontière de manière non déclarée. De l’huile de palme brute est également exportée de manière informelle vers l’Ouganda pour alimenter les raffineries locales.
Des mesures sont cependant prises pour freiner ces flux. Au Nord-Kivu, par exemple, la sous-section de l’ONAPAC à Beni intercepte régulièrement des cargaisons de cacao destinées à l’exportation illégale. « L’objectif est de décourager le trafic illicite de cacao et de café », explique Kaswera Syvialeghana Alphonsine, directrice de l’ONAPAC à Beni.
Mais pour plusieurs acteurs les obstacles au commerce formel restent nombreux : insécurité persistante, routes en mauvais état, coût élevé du transport, manque de traçabilité des produits… Ces contraintes poussent encore de nombreux opérateurs à privilégier les circuits informels, malgré les contrôles.
Timothée Manoke, stagiaire
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