Le 4 août 2025, à Kampala, la Communauté d’Afrique de l’est (EAC) a lancé une caution douanière unique et électronique destinée à remplacer les multiples cautions nationales imposées jusqu’ici sur les marchandises en transit. Cette initiative vise à réduire à la fois le coût et le temps de passage des cargaisons aux différentes frontières de la région.
Jusqu’à présent, les commerçants devaient soit déposer des sommes d’argent comme garantie auprès des administrations douanières de chaque pays traversé, soit souscrire à la caution du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA). Selon l’EAC, près de 2 milliards de dollars américains étaient ainsi immobilisés sous forme de dépôts multiples. Avec le nouveau système, une partie de ce capital pourra être réinjectée dans l’économie régionale.
La caution du COMESA, en place depuis plusieurs années, présentait une limite importante : elle n’était pas reconnue en Tanzanie, État membre de l’EAC mais non du COMESA. Or, une part significative des flux commerciaux à destination de la République démocratique du Congo (RDC) transite par ce pays.
Le dispositif de l’EAC a été lancé dans une première phase couvrant l’Ouganda, le Kenya et le Rwanda. Le secrétariat de l’organisation prévoit une application effective dans l’ensemble des États membres d’ici 2026. Concrètement, un commerçant congolais important des marchandises de Chine et débarquant au port de Mombasa, au Kenya, pourra désormais souscrire à une seule caution EAC auprès des sociétés d’assurances pour faire transiter son fret via le Kenya et l’Ouganda jusqu’en RDC. À terme, le même principe s’appliquera aux cargaisons débarquées au port de Dar es-Salaam, en Tanzanie, une fois la couverture étendue à tous les États membres.
La caution de transit est une garantie financière qui assure aux autorités douanières que les droits et taxes dus seront réglés si les marchandises en transit sont perdues, détournées ou mal gérées. Dans le nouveau mécanisme, chaque caution correspond à un voyage ou à une cargaison, avec une couverture maximale fixée à 150 000 dollars américains.
Le coût est établi à 0,3 % de la valeur de la marchandise conteneurisée. Les biens concernés devront voyager dans des conteneurs scellés par les douanes et seront suivis en temps réel grâce au système régional de suivi électronique des cargaisons (RECTS).
Contrairement au système du COMESA, la nouvelle caution de l’EAC propose des produits optionnels auxquels les opérateurs peuvent souscrire en complément. Ces garanties couvrent notamment les pertes ou dommages physiques à la cargaison (accidents, incendies, détournements, vols), ainsi que les conteneurs eux-mêmes. Elles incluent également une assurance accident pour les conducteurs.
Timothée Manoke, stagiaire
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