Une note du ministère des Finances, datée du 25 juillet 2025, suspend temporairement l’exigence du quitus fiscal pour certaines opérations en République démocratique du Congo (RDC). Ce moratoire, valable pour une période de soixante jours allant du 28 juillet au 25 septembre 2025, concerne spécifiquement cinq types d’opérations : le paiement de créances entre entreprises ou professionnels ; l’octroi de crédits par les banques ou institutions financières non bancaires ; la souscription de licences ; l’ouverture de comptes bancaires par des non-résidents ; l’obtention de cartes de travail pour les expatriés.
Cette mesure répond aux préoccupations exprimées depuis plusieurs mois par la Fédération des entreprises du Congo (FEC), qui dénonçait l’impact négatif du quitus fiscal sur la fluidité des échanges commerciaux et le bon fonctionnement des entreprises. Lors du Conseil des ministres du 19 juillet, le président Félix Tshisekedi a estimé que les contraintes imposées par cette obligation étaient disproportionnées et nuisaient à l’exécution des engagements contractuels ainsi qu’à l’attractivité du pays pour les investisseurs. Il a alors recommandé, l’instauration d’un moratoire temporaire ciblé sur l’application de l’arrêté relatif au quitus fiscal.
Il convient de noter que d’autres opérations restent soumises aux règles en vigueur, notamment celles prévues à l’article 7 de l’arrêté ministériel du 9 avril 2025 et à l’article 82 bis de la loi fiscale de 2003, modifiée en 2024.
Le ministère des Finances a annoncé un suivi rigoureux de cette suspension, avec des évaluations prévues tous les vingt jours. La Direction générale des impôts est chargée de veiller à l’application stricte du moratoire. Par ailleurs, des consultations seront menées sous la coordination de la Première ministre, Judith Suminwa, afin d’adapter durablement le cadre réglementaire du quitus fiscal. L’objectif est de trouver un équilibre entre les impératifs budgétaires et l’amélioration du climat des affaires.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Le ministère des Finances, Doudou Fwamba, a lancé, le 24 juillet 2025, les travaux du comité de pilotage de la mise en œuvre du Compte unique du Trésor (CUT) en République démocratique du Congo (RDC). Selon le ministère, cette réforme, inscrite dans le cadre du programme triennal avec le Fonds monétaire international (FMI), vise à centraliser l’ensemble des ressources du pouvoir central dans un « compte unique » logé à la Banque centrale du Congo (BCC).
Composé de représentants de la BCC, de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP), du ministère des Finances et du Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF), ce comité aura pour mission d’assurer la coordination technique et le suivi de la réforme. Concrètement, elle se traduira par la migration des ressources du pouvoir central depuis le système bancaire commercial vers le CUT, a précisé René Tapsoba, représentant résident du FMI en RDC, lors d’un entretien début juillet avec Bankable.
Fin juin, les autorités ont finalisé un recensement des comptes des entités publiques dans le système bancaire, mais le rapport n’a pas encore été rendu public. Selon les données de la BCC, l’administration centrale et les entreprises publiques détenaient respectivement 1 299,9 milliards et 3 607,6 milliards de francs congolais de dépôts dans les banques commerciales en 2023, soit un total de 4 907,5 milliards de CDF (environ 1,9 milliard de dollars au taux moyen de l’époque, 2 600 CDF/USD). Ce volume représentait 15,2 % des dépôts globaux.
Calendrier
Le retrait d’un tel volume d’argent des bilans bancaires pourrait avoir un impact négatif sur le système bancaire. Conscientes de ce risque, les autorités prévoient, en collaboration avec le FMI, une étude de résistance du système bancaire à la migration programmée. Les résultats permettront d’établir un calendrier progressif de retrait des fonds du pouvoir central, afin d’éviter toute crise de liquidité.
Tout devrait se faire dans les prochains mois. Le calendrier de la réforme prévoit le déploiement du CUT d’ici la fin de l’année 2025, avec une durée de déploiement dépendant du rythme graduel de retrait des fonds.
Le succès de la réforme dépendra de l’adhésion des banques, des administrations et des entreprises publiques. Il faudra donc une communication pédagogique. Déjà, pour dissiper certaines craintes, René Tapsoba a précisé que le dispositif envisagé ne reposera pas sur un compte unique au sens strict, mais sur une structure composée d’un compte principal et de sous-comptes. Ce modèle permet de tenir compte des spécificités de certaines entités tout en consolidant le contrôle globale des ressources publiques par le Trésor.
La mise en place du CUT vise à renforcer la transparence, améliorer l’efficacité de la trésorerie publique et réduire les coûts liés à l’endettement de l’État. En offrant une vue d’ensemble sur les ressources publiques, le CUT évitera que l’État n’emprunte ses propres ressources auprès des banques pour financer son budget. Il permettra également de mieux contrôler la régularité des dépenses et de réduire les délais de paiement, grâce à une trésorerie optimisée.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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Le gouverneur du Kasaï (RDC), Crispin Mukendi, et la gouverneure de Lunda Norte (Angola), Elizabeth Tshilula Miza, ont conclu, le 22 juillet 2025, un protocole d’accord exprimant leur intention de créer une zone commerciale entre Kandjanji et Nashiri, afin de dynamiser les échanges transfrontaliers.
Selon la cellule de communication du gouvernorat du Kasaï, cet accord prévoit la mise en place de postes frontaliers modernes, la construction d’infrastructures logistiques ainsi qu’un guichet unique pour faciliter les opérations douanières et commerciales. À terme, cette initiative devrait permettre de fluidifier la circulation des biens, de renforcer l’intégration économique bilatérale et de créer des opportunités d’emploi dans la région.
Chaque province s’est engagée à allouer 200 hectares de terrain pour accueillir les installations prévues. Deux entreprises ont été sélectionnées pour piloter le projet : la société YBE pour la partie angolaise et TOHA Investissement côté congolais. Ces entreprises soumettront leurs plans d’exécution aux autorités provinciales dans les prochains jours, précise la même source.
En juin dernier, le gouverneur du Kasaï, Crispin Mukendi, avait déploré l’entrée massive de produits en provenance d’Angola sans taxation, une situation qui pénalise les industries locales, notamment la société PPC, spécialisée dans la commercialisation du ciment. Il avait exprimé son intérêt pour le système de contrôle fiscal appliqué au poste frontalier de Lufu, dans l’optique d’en tirer des enseignements.
Avec une frontière de 2 646 km, la RDC et l’Angola entretiennent des échanges commerciaux soutenus, qui ont atteint un peu plus de 130 millions de dollars en 2023, selon les données de la plateforme OEC World, spécialisée dans l’analyse des flux commerciaux mondiaux. L’Angola a exporté pour 127 millions de dollars, tandis que les exportations congolaises se sont limitées à 3,16 millions de dollars.
Du côté congolais, plusieurs projets sont en cours pour dynamiser les échanges, dont la modernisation de la route Kananga–Kalamba-Mbuji (230 km), financée à hauteur de 300 millions USD dans le cadre du programme sino-congolais, ainsi que la construction d’un port sec sur un site de 70 hectares acquis par l’Office de Gestion du Fret Multimodal (OGEFREM) au Kasaï Central.
En 2021, les deux pays avaient signé un accord visant à supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires afin de faciliter la libre circulation des biens et des personnes. Toutefois, sa mise en œuvre reste limitée. Un autre accord, annoncé en février 2024, devait porter sur l’harmonisation des frais de douane sur le fret routier, dans le but d’éliminer le déséquilibre entre les droits de douane appliqués par chaque pays.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Dans le cadre de l'accord conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), la République démocratique du Congo (RDC) s’est engagée à intégrer des critères climatiques dans la gouvernance de ses investissements publics. Selon le rapport publié en juillet 2025, cette réforme inclura notamment une mise à jour de la loi sur les partenariats public-privé (PPP), afin d’y insérer des références explicites aux analyses climatiques, en particulier la résilience des projets et leur impact sur les émissions de gaz à effet de serre.
La réforme a été amorcée dès décembre 2024, avec la tenue d'une mission d’assistance technique du FMI. Celle-ci a permis l’adoption d’une feuille de route, incluant la mise en place d’une commission interinstitutionnelle d’experts chargée de préparer un projet de loi révisé. La commission a été officiellement constituée fin mai 2025 et bénéficiera de l’appui technique de l’African Legal Support Facility (ALSF), attendu au plus tard en septembre.
Parallèlement, le gouvernement prévoit de formaliser une méthodologie d’évaluation climatique pour les projets d’investissement public, qu’ils soient budgétaires ou extrabudgétaires. Cette méthode devra permettre d’estimer en amont les impacts climatiques et d’en publier les résultats avant toute allocation budgétaire. Une mission technique s’est tenue en mai 2025, et une feuille de route détaillée devrait être achevée avant septembre.
Dans le prolongement de cet engagement, la RDC prévoit également de publier une liste de projets prioritaires alignés sur sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) de 2021, qui sera intégrée au Programme d’investissements publics (PIP). Les coûts de ces projets seront chiffrés, avec des ressources budgétaires spécifiques dédiées à leur mise en œuvre.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Dans un contexte économique marqué par des difficultés opérationnelles liées à la mise en œuvre de certaines dispositions fiscales, le président Félix Tshisekedi (photo) a recommandé, lors du Conseil des ministres du 19 juillet 2025, l’instauration d’un moratoire temporaire ciblé sur l’application de l’arrêté relatif au quitus fiscal, ainsi que sur certaines nouvelles exigences prévues par la loi de finances 2025.
Cette mesure fait suite aux préoccupations exprimées depuis plusieurs mois par les acteurs du secteur privé, notamment la Fédération des entreprises du Congo (FEC), qui a signalé de graves perturbations dans les échanges commerciaux et des contraintes importantes affectant le fonctionnement des entreprises.
Les dispositions concernées, fixées par l’article 44 de la loi de finances 2025 et l’arrêté ministériel correspondant, imposent la présentation du quitus fiscal pour diverses opérations : paiement de créances à des tiers, obtention de crédits, ouverture de comptes bancaires pour les non-résidents, délivrance de licences ou encore accès aux marchés publics.
Selon le compte rendu du Conseil, le président a estimé que ces contraintes étaient « disproportionnées au regard de leurs effets immédiats sur l’activité économique ». Il a souligné que cette exigence, dans sa forme actuelle, entravait l’exécution des engagements contractuels en cours, compliquait l’accès au crédit et nuisait à l’attractivité du pays pour les investisseurs, notamment étrangers.
Pour y remédier, la Première ministre Judith Suminwa a été chargée, avec l’appui de la Cellule Climat des Affaires, de conduire des consultations avec le ministre des Finances, la Direction générale des impôts (DGI) et les représentants du secteur privé. L’objectif est d’évaluer les modalités actuelles du dispositif, de proposer un cadre révisé conciliant objectifs budgétaires et attractivité économique, et, si nécessaire, de formuler des amendements à intégrer dans la prochaine loi de finances, avec une application progressive et concertée.
En avril dernier, la FEC avait déjà adressé un courrier au ministre des Finances pour demander des clarifications sur la nature des créances concernées, ainsi que sur l’identité de la partie tenue de présenter le quitus lors des opérations de dédouanement : le propriétaire de la marchandise ou le commissionnaire en douane. Elle avait également sollicité un moratoire sur l’application de l’arrêté, en vue d’un dialogue en profondeur pour d’éventuels ajustements.
Pour rappel, la DGI avait, en début d’année, annoncé un moratoire précisant que la présentation du quitus fiscal ne serait exigée qu’après la signature de l’arrêté d’exécution par le ministre des Finances.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Sept entreprises de transport avec chauffeur (VTC) ont été interdites d'exercer leurs activités à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), selon un communiqué publié le 14 juillet 2025 par le ministre provincial des Transports et Mobilité urbaine, Amisso Yoka Lumbila Bob.
D’après ce communiqué, la décision fait suite à une mission de contrôle de conformité administrative menée par l’administration provinciale auprès des sociétés de VTC opérant dans la ville. À l’issue de cette opération, une seule plateforme, Yango, a été reconnue en règle et autorisée à poursuivre ses activités.
En revanche, Majaabu Caab, Car Nayo, Cars Express, Heetch RDC, Kin Tai, une société VTC non identifiée, ainsi qu’Africab, ont été déclarées non conformes à la réglementation en vigueur et se voient formellement interdites d’exercer à Kinshasa.
La mesure s’appuie sur l’arrêté du 26 mars 2013, qui fixe les taux des droits, taxes et redevances dans le secteur du transport, tout en imposant aux opérateurs de se conformer aux exigences administratives définies par le ministère provincial.
En mai 2025, ce même ministère avait déjà lancé une opération d’identification de tous les chauffeurs VTC, conformément à l’arrêté n°374 du 20 décembre 2020. L’objectif était double : renforcer la sécurité des passagers et assurer une meilleure fiscalisation du secteur. Cette initiative visait également à distinguer les chauffeurs certifiés des conducteurs non autorisés, réduisant ainsi les risques d’agressions, d’enlèvements ou d’absence de couverture d’assurance.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le gouvernement congolais a réintroduit, dans la loi de finances rectificative pour l’exercice 2025 adoptée en juin dernier, le régime douanier préférentiel applicable aux importations de pièces détachées, parties, accessoires et sous-ensembles destinés à l’assemblage industriel.
Conformément à l’ordonnance-loi du 21 septembre 2012, ces importations bénéficient de droits de douane réduits, fixés à 5 % pour les composants importés en CKD (Completely Knocked Down, ou pièces totalement démontées), 10 % pour ceux en MKD (Medium Knocked Down, ou pièces partiellement démontées).
Toutefois, l’accès à ce régime reste soumis à conditions. L’importateur doit obtenir une autorisation préalable du directeur général des douanes, délivrée sur avis conforme du ministre en charge de l’Industrie.
Ce régime avait été supprimé dans la loi de finances initiale de 2025. L’objectif affiché était alors d’accroître les recettes douanières, avec une hausse visée de 26,8 %. Selon le rapport sur les dépenses fiscales de l’exercice 2023, les régimes dérogatoires ont représenté 49 % des pertes de recettes fiscales, soit 2 791,6 milliards de francs congolais (FC).
Le rétablissement du régime préférentiel s’inscrit dans une logique de soutien à l’industrialisation locale, en allégeant la charge fiscale pour les entreprises qui procèdent à l’assemblage sur le territoire national. Les objectifs affichés sont multiples : création d’emplois, transfert de technologie, et renforcement du tissu industriel local.
Plusieurs projets industriels en cours sont éligibles à ce régime. Depuis janvier 2025, Zahira SPRL, représentant officiel de Tata Motors, a annoncé la création d’une usine d’assemblage automobile – notamment de bus – ainsi qu’un parc industriel dans la zone économique spéciale de Maluku, près de Kinshasa.
Par ailleurs, Suprême Auto, en partenariat avec le constructeur indien Ashok Leyland, exploite depuis 2023 une unité de montage de bus destinés au transport en commun dans la capitale.
Ronsard Luabeya, stagiaire
Lors du Conseil des ministres du 11 juillet 2025, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a déploré le recours croissant à une main-d’œuvre étrangère, y compris pour des métiers de base tels que la maçonnerie, la peinture, le carrelage ou la conduite d’engins, dans les grands projets d’investissement en République démocratique du Congo. Il a souligné que cette situation favorise la fuite de capitaux et compromet les efforts de création d’emplois au profit des Congolais.
Pour y remédier, il a instruit la mise en place d’une commission gouvernementale élargie, chargée de proposer des mesures législatives et réglementaires. Ces mesures devront obliger les investisseurs à intégrer la formation professionnelle dans la conception et la mise en œuvre de leurs projets.
Il est notamment prévu : la construction et l’équipement d’établissements de formation modernes sur les sites d’investissement, l’association systématique du ministère de la Formation professionnelle et Métiers à chaque phase des projets, et la réservation d’une part du budget à des formations adaptées aux besoins du secteur concerné.
Cette initiative s’inscrit dans le prolongement de plusieurs réformes sectorielles visant à recentrer la chaîne de valeur sur les opérateurs locaux. Lors de la 46ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le 6 juin 2025, le gouvernement a adopté un projet de loi révisant la loi de 2017 sur la sous-traitance dans le secteur privé et un autre projet établissant, pour la première fois, un cadre juridique global sur le contenu local, dans le but de mieux intégrer les Congolais dans les chaînes de valeur nationales, notamment dans les secteurs stratégiques comme les mines, l’énergie et l’agro-industrie.
Dans le secteur des hydrocarbures, un nouvel arrêté ministériel signé le 1ᵉʳ juillet 2025 impose désormais aux prestataires étrangers de recruter et de former au moins deux Congolais pour chaque projet de sous-traitance autorisé, dans le domaine d’expertise concerné. Le recours à la sous-traitance étrangère n’est d’ailleurs autorisé qu’en cas de non-disponibilité locale de l’expertise.
Pour le président Tshisekedi, la préparation rigoureuse d’une main-d’œuvre nationale constitue une condition sine qua non pour concrétiser son engagement en faveur de la création d’emplois durables et décents pour les Congolais. L’accord minier en discussion avec les États-Unis, l’exploitation du manganèse dans le Kongo-Central, ou encore le développement du Corridor de Lobito sont autant de projets présentés comme des opportunités majeures d’emploi local.
Boaz Kabeya, stagiaire
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Le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, a signé, le 1er juillet 2025, un arrêté fixant les modalités d’exercice de la prestation de services et de la sous-traitance dans le secteur des hydrocarbures en République démocratique du Congo (RDC). Selon ce texte, cette activité est désormais conditionnée par l’obtention d’un agrément délivré par le ministère des Hydrocarbures.
Pour l’obtenir, le requérant adresse une demande au ministre des Hydrocarbures. Il doit l’accompagner d’un ensemble de documents prouvant son existence légale, sa qualité de contribuable, son expérience et ses compétences. Ce dernier doit par ailleurs détenir une assurance couvrant les risques liés à l’activité et s’acquitter de la taxe rémunératoire.
Le processus d’examen de la demande intègre une descente de l’administration dans les bureaux ou les installations du requérant. Cette descente, à la charge du demandeur, vise à procéder à un contrôle administratif, technique, juridique et financier, en vue de s’assurer de ses capacités à offrir les prestations envisagées. En cas d’avis favorable, le requérant s’acquitte de nouveau de la taxe rémunératoire et peut alors recevoir l’agrément.
Les entreprises disposent d’un délai de 60 jours pour se mettre en conformité, faute de quoi leurs opérations seront déclarées non valides. Seuls les prestataires agréés pourront désormais bénéficier des avantages prévus par le Code des hydrocarbures, excluant de facto les acteurs non conformes.
Constitution d’un registre
Cet agrément est valable pour une durée de 12 mois et doit donc être renouvelé chaque année. La demande de renouvellement est introduite 45 jours avant l’expiration du titre en cours et aux mêmes conditions que la demande initiale.
Pour s’assurer que seuls les détenteurs de l’agrément ont accès aux activités de prestation de services et de sous-traitance, le ministère des Hydrocarbures prévoit de tenir un registre des prestataires agréés et d’effectuer des contrôles. Pour ce faire, l’arrêté demande que tous les contrats de sous-traitance soient transmis dans les 15 jours suivant leur signature au ministère. Les compagnies pétrolières doivent aussi transmettre, au plus tard le 31 mars, les profils des prestataires de services et des sous-traitants à recruter, ainsi que leur plan annuel de sélection.
Le ministère des Hydrocarbures entend par ailleurs s’appuyer sur son registre des prestataires agréés pour s’assurer que le recours aux sociétés étrangers n’intervient qu’en cas de non-disponibilité locale de l’expertise. Dans ce cas, le prestataire étranger est d’ailleurs tenu de recruter et de former au moins deux Congolais pour chaque projet de sous-traitance autorisé dans le domaine d’expertise faisant l’objet du contrat.
Ce nouveau système, en plus de renforcer la priorisation des entreprises congolaises, entend assainir la base de données des prestataires enregistrés auprès de l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), en éliminant les structures fictives ou non qualifiées. Mais plusieurs acteurs du secteur redoutent que cette réforme alourdisse un peu plus l’accès à la sous-traitance, en plus d’en augmenter le coût. Le processus d’examen de l’agrément prévoit en effet de s’acquitter à deux reprises de la taxe rémunératoire et de supporter le coût de la descente des agents chargés de s’assurer des capacités du demandeur.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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Lors d’une rencontre tenue le 23 juin 2025 à Kinshasa avec une délégation du Forum mondial sur la transparence fiscale, conduite par sa secrétaire exécutive Zayda Manatta, le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde, a annoncé la création prochaine d’une unité d’échange international de renseignements fiscaux. L’information émane des services de communication du ministère, sans plus de précisions sur l’état d’avancement du projet ni sur son calendrier de mise en œuvre.
La RDC doit être évaluée en 2026 par ses pairs du Forum mondial. La visite de cette délégation s’inscrit dans le cadre du programme d’accompagnement mis en place pour préparer cette évaluation. Selon Zayda Manatta, il s’agit d’aider le pays à tirer pleinement parti des outils de transparence fiscale afin d’accroître ses recettes et de mieux lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.
Présentée comme un « outil clé » dans cette lutte, la mise en place de l’unité dédiée à l’échange international de renseignements fiscaux apparaît comme une priorité. Elle découle d’un engagement pris par le gouvernement congolais, qui a signé en septembre 2024 l’instrument multilatéral du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales. Cette initiative, portée par l’OCDE, s’inscrit dans le cadre du projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting).
Ce dispositif vise à lutter contre l’érosion des bases fiscales et le transfert de bénéfices des multinationales. Il prévoit des mécanismes tels que l’échange automatique de rapports financiers pays par pays, l’accès aux données fiscales globales, l’échange de renseignements sur demande dans le cadre de conventions existantes, ou encore le partage d’informations sur la planification fiscale.
L’Île Maurice à surveiller
Dans les faits, si les efforts de la RDC pour se conformer aux directives de l’OCDE sont nécessaires, ils restent insuffisants dans un contexte où la coopération fiscale internationale demeure peu favorable aux pays du Sud. À ce jour, la RDC ne fait pas encore partie du réseau d’échange automatique d’informations fiscales, ce qui limite sa capacité à accéder à des données élargies. D’après l’organisation non gouvernementale Tax Justice Network, cette absence constitue une contrainte majeure dans la traque des pratiques d’évitement fiscal par les multinationales.
Dans un rapport publié le 15 juillet 2024, le Fonds monétaire international (FMI) estime que « des éléments probants indiquent que l’évasion fiscale est importante en RDC ». Pour l’illustrer, le FMI indique que 63 % des flux d’investissements directs étrangers (IDE) de la RDC proviennent de l’Île Maurice, un important « hub » d’investissement caractérisé par une fiscalité légère, favorable aux transferts de bénéfices. Or, en 2023, les dix principales multinationales qui concentrent 67 % des exportations de cuivre et 80 % des ventes de cobalt ont leurs sièges sociaux en Chine, au Canada, en Suisse, au Kazakhstan ou au Royaume-Uni.
On peut donc faire l’hypothèse que ces entreprises s’appuient sur des entités immatriculées à l’Île Maurice pour investir en RDC et payer moins d’impôts sur les activités menées dans pays, profitant d’un cadre de coopération fiscale bilatérale encore peu contraignant. Ces compagnies profitent aussi du fait que le pays ne disposent pas d’assez de ressources techniques ni de cadres juridiques suffisants pour garantir une transparence optimale.
Néanmoins, même en cas de conformité aux normes de l’OCDE, la question de la répartition des droits d’imposition (Pilier 1) et du taux minimum de 15 % applicable aux bénéfices des multinationales (Pilier 2) reste sujette à débat.
Georges Auréole Bamba et Ronsard Luabeya, stagiaire
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Le Conseil des ministres a adopté, lors de sa 50ᵉ réunion ordinaire tenue le 4 juillet 2025, un décret structurant la Commission de la concurrence, désormais abrégée Comco (et non plus Conac). Ce texte, proposé par le Vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, redéfinit en profondeur le statut, l’organisation et les missions de l’autorité nationale chargée de veiller à la régulation concurrentielle des marchés en République démocratique du Congo (RDC).
Désormais dotée d’une personnalité juridique et d’une autonomie administrative et financière, la Comco s’affirme comme un acteur central du dispositif de régulation économique. Placée sous la tutelle du ministère de l’Économie nationale, elle agit en qualité d’autorité publique indépendante, avec pour mandat principal de veiller au respect des règles de concurrence, à la transparence des prix et à la protection des consommateurs.
La structuration de la Comco repose sur cinq organes majeurs : une Coordination nationale, un Conseil technique, un Collège des analystes, un Corps des enquêteurs et un personnel d’appoint. Cette nouvelle organisation vise à améliorer la réactivité et l’expertise de l’institution, notamment dans le traitement des dossiers sensibles liés à des secteurs stratégiques comme l’énergie, les télécommunications ou encore les produits alimentaires importés.
Le décret précise également les sources de financement de la Comco : outre les dotations de l’État, l’institution pourra bénéficier d’appuis techniques et financiers extérieurs, ainsi que de revenus issus de ses propres activités, tels que les frais de consultance ou les amendes infligées aux contrevenants.
Boaz Kabeya, stagiaire
Le gouvernement congolais projette de créer deux nouvelles institutions financières : une caisse des dépôts et consignations (CDC) et une banque de développement. Lors de la 50ᵉ réunion du Conseil des ministres tenue le 4 juillet 2025, le ministre des Finances, Doudou Fwamba (photo), a présenté l’état d’avancement de ces deux projets. Ces structures viseront à centraliser les ressources publiques et à les orienter vers des investissements jugés prioritaires, dans le but de renforcer l’offre de financement à moyen et long terme.
Concernant la CDC, un projet de loi encadrant sa création est en phase de finalisation et sera soumis prochainement à l’examen du Conseil des ministres. D’après Doudou Fwamba (photo), ce projet s’appuie sur une étude technique et financière réalisée avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L’étude a permis d’identifier des sources de financement peu exploitées, disséminées dans plusieurs banques, et de recommander leur centralisation afin de mieux cibler les investissements publics.
En parallèle, la création d’une banque de développement est également envisagée. Selon le ministre, cette dernière sera structurée comme une filiale de la future CDC, avec un capital social estimé à 150 millions de dollars. Le dossier de demande d’agrément sera soumis à la Banque centrale du Congo. Le ministre précise que la banque de développement constituera un levier de financement. Ses ressources longues devenant stables, sa dépendance vis-à-vis des emprunts extérieurs sera limitée et sa résilience renforcée.
Pour piloter ce processus, le ministère des Finances a mandaté, depuis 2022, le cabinet FINACTU, chargé d’accompagner l’opérationnalisation de cette banque. L’objectif à terme est d’améliorer l’accès au financement pour les entreprises congolaises et de soutenir le développement de projets publics et privés.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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Depuis le 29 juin 2025, le processus d'importation en République démocratique du Congo a été modifié. Les nouvelles dispositions imposent désormais une inspection des marchandises directement dans les entrepôts des fournisseurs, avant toute expédition vers le territoire congolais.
Une séance de travail s’est tenue le 24 juin entre les importateurs, les experts de Bureau Veritas, de l’Office congolais de contrôle (OCC) et du Guichet unique du commerce extérieur (GUICE). Selon le compte rendu de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), cette réunion faisait suite à la note circulaire du 27 mai 2025, qui instaure de nouvelles procédures d’inspection avant expédition des biens vers la RDC.
Bureau Veritas, organisme de contrôle agréé par l’OCC, joue un rôle central dans ce nouveau dispositif. À l’issue de son examen, il délivre soit une Notification préliminaire (PN) pour les marchandises jugées conformes aux normes congolaises, soit un Avis de refus d’attestation (ARA) pour celles qui ne le sont pas. Cette vérification à l’entrepôt permet aux exportateurs d’apporter les corrections nécessaires avant l’expédition.
Il revient désormais aux importateurs d’informer leurs fournisseurs que toute marchandise destinée à la RDC doit faire l’objet d’un contrôle préalable obligatoire. Ce contrôle, mené par Bureau Veritas, porte sur la qualité, la quantité, le prix et la conformité des marchandises, conformément au contrat qui lie l’organisme de contrôle à l’OCC. Les fournisseurs devront également transmettre l’ensemble des documents requis dans le cadre de cette procédure.
Selon le nouveau manuel des procédures, toutes les demandes d’inspection doivent être introduites via la plateforme en ligne Verigates.
Le changement majeur introduit par cette réforme concerne l’Attestation de vérification (AV), devenue désormais indispensable pour le dédouanement. Ce document est délivré par le GUICE une fois le dossier validé dans son intégralité en ligne. Il constitue désormais la pièce maîtresse du processus douanier.
Cette réforme s’inscrit dans la continuité du mandat confié à Bureau Veritas BIVAC depuis 2017 par l’OCC, pour assurer le contrôle des importations selon les standards nationaux et internationaux. Elle poursuit deux objectifs : optimiser la fluidité des contrôles aux frontières, en les anticipant dans les pays exportateurs, et réduire les délais de traitement au niveau des postes frontaliers.
Certaines catégories de marchandises bénéficient toutefois d’exemptions. Sont notamment dispensés de ce contrôle préalable : les biens de faible valeur (inférieurs à 2 500 dollars), les bagages accompagnés, les dons à caractère humanitaire et les produits frais comme les fruits, légumes ou poissons.
Timothée Manoke, stagiaire
Selon l’Association des tenanciers et fabricants du territoire d’Aru, environ 15 des 25 unités industrielles d’Ariwara, dans la province de l’Ituri, ont fermé leurs portes depuis 2022, rapporte Radio Okapi. Cette situation est attribuée à la concurrence déloyale exercée par les produits importés frauduleusement, notamment depuis l’Ouganda.
Les industries concernées opéraient dans la production de savon, d’eau, de pain, de vin et d’autres boissons alcoolisées. La fermeture de ces entreprises a fragilisé l’économie locale, provoqué une hausse du chômage et accru les risques de délinquance juvénile.
« Nous demandons au gouvernement provincial et national d’accompagner ces entreprises qui ont fermé et celles qui continuent à fonctionner avec plusieurs difficultés, afin de comprendre leur situation », plaide Samuel Nyabho Mugabhayo, président de la branche locale de la Fédération des entreprises du Congo (FEC).
La province de l’Ituri entretient depuis longtemps des liens commerciaux et culturels avec l’Ouganda. Ariwara, située à environ 12 kilomètres de la frontière, constitue un centre commercial stratégique. Des réseaux de contrebande de produits comme le café, le tabac et divers biens de consommation y sont actifs depuis plusieurs années.
Outre ces produits, Ariwara est également un point de transit pour l’or provenant de l’Ituri et du Haut-Uélé. De nombreux rapports ont documenté l’implication de groupes armés dans ce commerce illicite de minerais. Ces ressources, dont l’origine est souvent dissimulée, sont exportées par des réseaux de contrebande qui transitent par l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda.
Boaz Kabeya, stagiaire
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