Selon l’évaluation quotidienne de Fastmarkets, le prix du cobalt a atteint la semaine dernière son plus bas niveau depuis janvier 2016. D’après l’agence britannique spécialisée dans les prix des métaux, le cobalt se négociait entre 22 046,2 et 26 014,5 dollars la tonne le 19 septembre 2024, poursuivant ainsi une tendance baissière qui dure depuis plus de deux ans. Cette baisse continue est causée par une offre excédentaire alimentée notamment par la RDC, premier producteur mondial de cobalt.
Selon le Cobalt Institute, l’offre mondiale de cobalt a atteint 210 000 tonnes en 2023 et devrait augmenter à 245 000 tonnes cette année. La production congolaise de cobalt s’est établie à environ 140 000 tonnes en 2023, soit une hausse de 21 % en glissement annuel, d’après les statistiques officielles. Cette progression est principalement due à l’entreprise chinoise CMOC, qui exploite les mines de cuivre-cobalt de Kisanfu et Tenke Fungurume. La compagnie a d’ailleurs signalé une augmentation de 178 % de sa production de cobalt au premier semestre 2024.
Or, la demande mondiale de cobalt a atteint 197 000 tonnes l’année dernière et devrait progresser à 237 000 tonnes en 2024. À court terme, aucune hausse des prix due à une demande supérieure à l’offre n’est donc attendue. Face à cette situation, la RDC a envisagé, plus tôt cette année, l’introduction de quotas d’exportation pour favoriser une remontée des prix, car la baisse des cours du cobalt affecte directement son économie.
Dans un rapport qui date de juillet 2024, le FMI estime que la chute des cours du cobalt « va vraisemblablement peser davantage sur la position extérieure » du pays en 2024. Cela signifie que la baisse des revenus d’exportation de cobalt, induite par la chute des prix, pourrait réduire les réserves de devises étrangères et compliquer le financement des importations en RDC. Il faut néanmoins dire que, pour l’instant, les prix restent au-dessus des 21 305,4 dollars la tonne projetés pour 2024 par le FMI dans son rapport.
Malgré la baisse actuelle des prix, les perspectives à long terme pour le cobalt restent positives, soutenues par la transition énergétique mondiale et l’augmentation prévue de la production de véhicules électriques. Selon un scénario « Net Zero Emission » élaboré par l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de cobalt devrait ainsi doubler d’ici 2030, atteignant 410 000 tonnes.
Emiliano Tossou, Agence Ecofin
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