Le groupe minier chinois CMOC a annoncé en fin de semaine dernière une hausse en glissement annuel de 670% à 762 millions $ de son bénéfice net attribuable au premier semestre 2024. Selon les détails énoncés dans son bilan, cette performance a été portée entre autres par la croissance de sa production (qui a dépassé les objectifs) et « des progrès majeurs réalisés sur ses opérations en RDC ».
Si les détails fournis ne permettent pas de mesurer le poids réel des opérations congolaises (TFM et KFM) dans les performances de CMOC, ils permettent de s’en faire une idée. La production de cuivre de CMOC a augmenté de 100,74% au premier semestre, totalisant 313 788 tonnes, alors que celle de cobalt a augmenté de 178,22% à 54 024 tonnes sur la même période.
En effet, ces hausses interviennent alors que la société chinoise signale que l’usine de traitement de TFM Est a atteint ses objectifs de production au cours de la période, « avec cinq lignes de production désormais opérationnelles ». Grâce à ce progrès, le projet dispose maintenant d’une capacité de production annuelle de 450 000 tonnes de cuivre et 37 000 tonnes de cobalt, ce qui en fait la 5e plus grande mine de cuivre et la 2e plus grande mine de cobalt au monde. Quant au second projet, il a maintenu une « production élevée » avec une « capacité annuelle dépassant 150 000 tonnes de cuivre et 50 000 tonnes de cobalt, consolidant ainsi sa position de plus grande mine de cobalt au monde ».
L’analyse de ces données montre que CMOC a donc une capacité de production annuelle de 600 000 tonnes de cuivre et 87 000 tonnes de cobalt. Si la compagnie chinoise produit également du molybdène, du tungstène, du niobium, des engrais phosphatés, la hausse de ses performances au premier semestre est à mettre principalement à l’actif du cobalt et du cuivre. CMOC cite par exemple comme autres facteurs expliquant ses bonnes performances « la hausse des prix des métaux sur les marchés mondiaux, notamment du cuivre et du cobalt ».
Pour la RDC, l’amélioration des capacités de production de CMOC présente un certain nombre d’enjeux. Leader mondial de la production de cobalt et 2e producteur mondial de cuivre, le pays d’Afrique central devrait pouvoir compter sur les mines TFM et KFM pour consolider ses statuts dans ces deux secteurs. L’objectif final reste pour la RDC de tirer davantage de revenus (impôts, taxes, redevances, etc.) de l’exploitation de ses ressources minières.
Selon les données du FMI, ces revenus sont passés d’une moyenne de 4 milliards $ sur la période 2013-2017 à une moyenne de 5,5 milliards $ sur la période 2018-2022, « grâce à l’augmentation de la production des principaux produits miniers d’exportation (cuivre et cobalt) et par la part plus importante des profits des entreprises minières attribuée au gouvernement ».
Louis-Nino Kansoun
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