La République Démocratique du Congo (RDC) a affiché un excédent commercial de 10,3 milliards de dollars avec la Chine sur les sept premiers mois de 2024. Ce chiffre, le plus élevé des cinq dernières années, résulte d’exportations de 12,1 milliards de dollars vers la Chine, contre des importations de seulement 1,8 milliard de dollars, selon les données publiées le 14 août par la douane chinoise.
Cet excédent est principalement alimenté par les exportations de cuivre et de cobalt, qui représentent respectivement 67 % et 17 % des achats chinois, d’après les statistiques du Centre international pour le commerce (Intracen). La performance s’inscrit aussi dans un contexte de hausse historique des prix du cuivre. Ils ont atteint 11 104,5 dollars la tonne le 17 mai 2024, soit leur niveau le plus élevé.
Cependant, cette apparente réussite commerciale masque certains enjeux. La dépendance de la RDC envers la Chine, son principal partenaire commercial, l’expose à des risques économiques qui méritent d’être suivis. Tout ralentissement de l’économie chinoise, notamment dans le secteur immobilier consommateur de matières premières, pourrait avoir des répercussions majeures sur les revenus de la RDC. Justement, ce secteur est actuellement en difficulté. Entre janvier et juillet, l’investissement dans l’immobilier a chuté d’un peu plus de 10 %.
L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) révèle aussi que moins de 35 % des revenus issus des ventes de produits extractifs reviennent effectivement à la RDC. De plus, le secteur minier, malgré son poids économique, n’est pas le premier créateur d’emplois directs dans le pays. Les sociétés productrices, majoritairement étrangères, semblent encore être les principales bénéficiaires de cette manne financière.
Dans le même temps, les importations congolaises en provenance de Chine se composent principalement de machines et d’engins mécaniques destinés à l’extraction minière. Cette orientation n’est pas en adéquation avec les efforts de diversification économique souhaités par les autorités, notamment vers le secteur agricole.
Face à ces défis, le gouvernement congolais semble prendre des mesures. La renégociation du contrat avec Sicomines, coentreprise sino-congolaise exploitant le cuivre et le cobalt, a été saluée par le Fonds monétaire international (FMI) comme une initiative positive. L’institution de Bretton Woods souligne également l’importance d’améliorer le système fiscal pour augmenter les recettes de l’État. Ainsi, alors que la RDC est sur une vague d’excédents commerciaux avec la Chine, le véritable défi réside dans la transformation de cette manne en développement durable. Entre dépendance économique et nécessité de diversification, la politique actuelle du gouvernement est très suivie par des dizaines de millions d’habitants.
Georges Auréole Bamba