La République démocratique du Congo (RDC) pourrait devenir le moteur de la transformation économique de l’Afrique, grâce à ses minéraux stratégiques, selon un rapport publié le 4 septembre 2024 par le réseau mondial d’organisations de la société civile, Publish What You Pay (PWYP). Pour ce faire, les experts indiquent que le pays doit encore développer une véritable industrie de transformation de ces produits miniers.
D’après ce rapport, l’Afrique pourrait augmenter son produit intérieur brut (PIB) de 24 milliards de dollars par an et créer 2,3 millions d’emplois supplémentaires en s’intégrant dans les segments aval des chaînes de valeur des minerais de transition, tels que la conception, la fabrication et la commercialisation des technologies liées aux énergies renouvelables. Hébergeant près de 60 % des réserves mondiales de cobalt, un minerai essentiel à la production des batteries lithium-ion, et en tant que deuxième producteur mondial de cuivre, la RDC est idéalement placée pour tirer parti des opportunités dans ce secteur, alors que la demande pour ces ressources devrait croître de manière exponentielle avec la transition vers des économies à faible émission de carbone. La Banque mondiale prévoit notamment une augmentation de 500 % de la production mondiale de cobalt dans les années à venir pour répondre à cette demande croissante.
« La RDC connaîtrait le plus grand potentiel de création d’emplois sur le continent – nos estimations suggèrent que près de la moitié de ces opportunités se trouvent dans ce pays », indique le rapport intitulé « How can Africa make the most of its transition minerals ? ».
Cette publication intervient alors que plusieurs pays africains affichent de plus en plus leur volonté de transformer localement leurs matières premières pour mieux intégrer les chaînes de valeur mondiales. D’après les experts du PWYP, la RDC, l’Afrique du Sud, le Soudan, la Zambie et la République du Congo représentent 90 % des capacités actuelles de l’Afrique à accroître les exportations de produits minéraux transformés.
Pour réaliser ce potentiel, les autorités congolaises ont signé ces dernières années des accords avec des partenaires tels que l’Union européenne et les États-Unis pour soutenir la transformation locale des produits miniers destinés à l’exportation. « Cependant, ces engagements sont souvent contredits par d’autres politiques menées par ces mêmes partenaires de développement », soulignent les experts du PWYP. Ils ajoutent : « Les régions consommatrices ne devraient pas faire pression sur les pays africains pour qu’ils renoncent à leurs politiques industrielles favorisant le traitement et la transformation des minerais sur place. Elles devraient plutôt respecter leurs engagements en matière de transferts financiers et technologiques, renforcer les capacités industrielles des pays partenaires et garantir des avantages économiques aux citoyens africains ».
Moutiou Adjibi Nourou
Le secteur de l’éducation est celui qui nécessitera le plus de dépenses publiques en République Démocratique du Congo (RDC) dans le cadre de l’agenda de transformation structurelle de l’économie d’ici 2063, selon le rapport pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD), publié le 31 juillet dernier.
Sur un besoin d’investissements publics de 2,9 milliards de dollars par an d’ici 2063 pour accélérer le changement structurel, la BAD estime que l’éducation représentera 42,3 % du total, soit environ 1,2 milliard de dollars par an. Ce montant est supérieur à celui requis pour les infrastructures routières (34,9 %) et l’énergie (9,4 %).
Cette enveloppe reflète l’ampleur des défis auxquels la RDC est confrontée en matière de capital humain. Actuellement, le pays est à la traîne avec un indice de capital humain (ICH) de 0,37 en 2020, contre une moyenne de 0,40 pour l’Afrique subsaharienne, ce qui le place au 164e rang sur 174 pays dans le monde.
En outre, le marché de l’emploi devra absorber une proportion toujours croissante de jeunes en âge de travailler. Près de 60 % de la population congolaise, estimée à plus de 100 millions de personnes, est déjà composée de jeunes, et cette part pourrait encore augmenter dans les années à venir.
Dans un tel contexte, le renforcement du capital humain sera la clé de voûte de toutes les politiques ayant un impact sur l’économie en général et sur l’appareil productif en particulier. Selon la BAD, le secteur de l’éducation jouera un rôle crucial en fournissant au secteur privé une main-d’œuvre qualifiée. Bien que le pays ait déjà mis en place une politique de gratuité de l’éducation de base, le rapport souligne qu’il sera nécessaire d’aller encore plus loin dans les efforts pour répondre aux besoins futurs.
« Pour réussir l’insertion des jeunes, l’État pourrait miser sur l’enseignement technique et la formation professionnelle dont il faudra renforcer l’accès équitable, améliorer la qualité, mieux les valoriser dans le système éducatif et assurer son alignement sur les besoins du secteur privé. Enfin, le développement du secteur privé aura besoin d’un système d’enseignement supérieur performant, orienté vers la qualification et l’insertion professionnelle », préconise l’institution financière panafricaine.
Espoir Olodo
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Dans son programme d'investissement public (PIP) 2024-2026, bouclé en septembre 2023, l’État a prévu de consacrer 185,8 milliards de francs congolais (65,3 millions de dollars) au développement du secteur du numérique en République démocratique du Congo (RDC). Les priorités incluent l'amélioration de la connectivité et le renforcement de l'inclusion numérique.
Pour améliorer la connectivité, l'État congolais doit étendre son infrastructure télécoms à haut débit. L'objectif est de porter le réseau de fibre optique à 50 000 km, contre seulement 8160 km actuellement, soit à peine 16 % de réalisation, selon l'Autorité de régulation des postes et télécommunications du Congo (ARPTC). Cet effort vise à rendre l'Internet haut débit plus accessible à travers tout le territoire, un atout majeur pour stimuler l'économie numérique et faciliter les échanges commerciaux.
En matière d’inclusion numérique, divers aspects devraient être ciblés comme les services, le contenu et la réglementation afin de garantir que personne ne soit exclue de la révolution numérique. Cependant, le pays est encore à la traîne sur ce point. Selon l'indice 2024 de l'e-gouvernement des Nations unies (EGDI), la RDC se classe 179e sur 193 pays dans le monde et 44e en Afrique, perdant quatre places par rapport à 2022. Avec un score de 0,2715 sur 1, elle reste loin derrière le Danemark (0,9847), leader mondial, et l'Afrique du Sud (0,8616), leader africain. En Afrique centrale, la RDC se situe au-dessus du Tchad et de la République centrafricaine, mais est nettement en retrait par rapport au Gabon, leader régional avec un score de 0,5741.
L'industrie numérique en RDC se construit progressivement, avec une prédominance du secteur privé dans les domaines des services, de la formation, de l'incubation et de l'accélération de startups. Le capital humain dans ce secteur reste encore limité, mais on observe des progrès depuis 2018, avec l'émergence de leaders numériques reconnus à l'international.
Le cadre de gouvernance et de régulation nécessite également des améliorations pour soutenir l'émergence d'une économie numérique solide. La RDC a adopté en 2022 une loi de promotion des startups, et travaille actuellement avec le Fonds monétaire international pour créer un environnement d'affaires plus attractif pour les investisseurs. Ces réformes visent à renforcer la confiance des entreprises et à faciliter les investissements étrangers dans le pays.
Le programme d’investissement public 2024-2026 dans lequel la RDC fait du numérique un axe important s’inscrit dans le cadre de la poursuite des efforts de diversification de l’économie nationale. Il traduit le redémarrage d’un processus interrompu depuis 1991 suite à la rupture de la coopération internationale, la détérioration du tissu économique et l’avènement de la 3e République avec plusieurs tentatives de relance notamment en 2002 avec les partenaires extérieurs.
Si la RDC réussit ses investissements dans le numérique, les bénéfices pourraient être considérables dans divers secteurs comme l'e-commerce, la collecte des taxes, la logistique et le transport. Selon l'Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA), les pays qui adoptent les services publics numérisés voient leurs recettes fiscales directes augmenter de 1,2 à 1,3 % en proportion du PIB. Ces améliorations renforceraient les perspectives de croissance économique à long terme pour la RDC, tout en stimulant le développement inclusif.
Muriel Edjo
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Numérique : la Chine promet d’augmenter ses investissements en RDC
La République Démocratique du Congo (RDC) est présentée comme l’un des principaux centres d’influence économique chinoise en Afrique, selon les données de l’Indice d’Influence Globale (Global Influence Index) publiées par le think tank américain China Economic & Strategy Initiative (CESI). Cet indice a pour objectif principal d’informer les décideurs publics et privés américains sur l’impact politique, économique et sécuritaire de la Chine dans divers pays, y compris en Afrique, en comparaison avec celui des États-Unis.
La RDC a obtenu un score de 18 points en matière d’influence économique chinoise, se situant légèrement en dessous de Djibouti (19 points) et à égalité avec l’Algérie (18 points). Le pays se distingue également comme l’un des États africains où l’écart d’influence économique entre la Chine et les États-Unis est le plus marqué, avec un différentiel de 11 points en faveur de Pékin. Cet écart est moins prononcé qu’à Djibouti et en Guinée Conakry (15 points d’écart) ou en Angola (14 points d’écart), mais il reste comparable à celui observé au Bénin et au Niger (11 points d’écart), deux pays actuellement en proie à des tensions diplomatiques.
Plus concrètement, la RDC est le troisième fournisseur de la Chine en Afrique, après l’Angola. En 2023, les exportations congolaises vers la Chine (incluant Hong Kong, selon les données congolaises) ont atteint 18,9 milliards de dollars, juste en dessous des 21,9 milliards de dollars de l’Angola (données directes) et des 32 milliards de dollars de l’Afrique du Sud (données miroirs, selon diverses sources). Lorsque l’on examine la part des exportations vers la Chine par rapport au commerce extérieur total de chaque pays, la RDC se distingue avec un ratio de 67,5 %, devançant l’Angola (42,7 %) et l’Afrique du Sud (21 %).
Vers une renforcement de l’influence chinoise
Cette prédominance s’explique notamment par la concentration de la Chine sur des secteurs stratégiques en RDC, tels que le cuivre et le cobalt, des minerais essentiels à la transition énergétique, ainsi que l’or, dont la valeur continue de progresser. Dans le secteur du cuivre, où la RDC est désormais le deuxième producteur mondial et ambitionne de devenir le premier, les entreprises CMOC et Ivanhoe Mining, contrôlées par des investisseurs chinois, sont les principaux acteurs.
Cependant, l’économie congolaise reste fortement dollarisée, avec le dollar américain représentant 91,9 % des dépôts bancaires, contre seulement 8,1 % pour la monnaie locale, le franc congolais, en août 2024.
L’influence économique de la Chine en RDC pourrait encore s’accroître. Alors que les États-Unis misent sur des initiatives commerciales comme l’AGOA (Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique), la Chine a récemment dévoilé une stratégie plus globale, alignée sur les ambitions de diversification économique de son partenaire africain. Les autorités congolaises ont d’ailleurs mis en place une équipe dédiée pour optimiser les retombées des 50 milliards de dollars d’engagements promis par la Chine à ses « amis africains ».
De plus, un accord-cadre a été signé entre les deux pays pour faciliter l’exportation de plus d’un million de produits agricoles congolais vers la Chine. La construction d’une zone économique chinoise en RDC est en projet.
Georges Auréole Bamba
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Une zone économique chinoise en projet pour stimuler la production en RDC
Le gouverneur de la province du Kasaï Central a annoncé le début des travaux de la route Kananga-Kalamba-Mbuji-Mayi dans un entretien avec l’Agence congolaise de presse (ACP). « Ce ne sont plus des rêves, ce ne sont plus des discours, mais une réalité vivante que tout le monde peut palper du doigt », a déclaré Joseph Moïse Kambulu. Cette route, qui s’étend sur près de 230 kilomètres, devrait être réalisée en 36 mois.
« Les travaux avaient été conçus pour être exécutés en deux phases, dont la première, avec une route en terre, afin d’assurer rapidement l’établissement du trafic, et la deuxième avec une route revêtue. Cependant, suite à des défis de financement conséquents dans les échéances requises, la première phase n’a pas produit les résultats escomptés », explique un communiqué du ministère des Infrastructures et des Travaux publics. Le lancement du bitumage est le fruit d’un remodelage qui a permis d’inscrire le projet dans les urgences des financements déjà disponibles dans le cadre du Programme sino-congolais.
Le projet s’inscrit dans un plan plus large de modernisation des infrastructures congolaises, prévoyant la construction de 5 000 kilomètres de routes à travers le pays. Ce partenariat, qui mobilise un fonds de 7 milliards de dollars, inclut la participation de plusieurs entreprises chinoises, notamment Sinohydro et Crec, regroupées au sein du consortium SISC. L’objectif principal est de développer une route stratégique qui relie la RDC à l’Angola, en tirant parti du port de Lobito, un hub logistique essentiel pour les importations et exportations congolaises.
Surnommée la « route de l’espoir », l’infrastructure est d’ailleurs une section de la route nationale N° 1 qui rallie l’Angola. Elle comprendra deux voies et sera dotée de ponts en béton et aura une largeur de bande de roulement de 7 mètres. Une fois achevée, elle permettra de réduire considérablement le temps de trajet, passant de 72 à seulement 4 heures. Un bénéfice considérable pour le transport des biens et des personnes dans la région, connue pour sa production de maïs, de manioc, de riz et d’arachides. La région, également riche en ressources naturelles, pourra ainsi maximiser son potentiel agricole et industriel, créant des opportunités pour les producteurs locaux et stimulant l’économie rurale.
En renforçant les liens commerciaux avec l’Angola, cette route s’intègre également dans une perspective régionale, visant à améliorer la connectivité entre les pays de l’Afrique centrale et de l’Est. L’accès que le projet donnera au port de Lobito ouvre la voie à des flux commerciaux accrus, notamment pour l’exportation des produits agricoles et miniers, dans le cadre de l’AGOA, facilitant ainsi l’exportation vers les marchés internationaux, dont les États-Unis.
Olivier de Souza
La société minière canadienne Ivanhoe Mines, après avoir connu des succès majeurs en République démocratique du Congo (RDC) grâce notamment au complexe cuprifère de Kamoa-Kakula, cherche à reproduire cette expérience en Zambie. Cette stratégie a été approuvée par le ministre zambien des Mines, Paul Kabuswe, et annoncée lors de la signature d’un protocole d’accord de coopération avec le gouvernement zambien. Cet accord prévoit l’exploration et le développement de ressources minérales dans plusieurs bassins miniers du pays, avec un accent particulier sur le cuivre.
« Ivanhoe a l'intention d'investir dans des activités d'exploration et de développement de projets en suivant le même modèle de réussite qui a conduit à la découverte et au développement du complexe cuprifère de classe mondiale de Kamoa-Kakula en RDC. En tirant parti de nos décennies d'expérience et en sortant des sentiers battus, nous avons transformé ce que l'on croyait être une région non minéralisée en l'un des districts de production de cuivre les plus récents et les plus prolifiques au monde. Nous entrons maintenant en Zambie (…) où nous sommes convaincus que de nouvelles découvertes attendent d'être faites », a déclaré Robert Friedland, coprésident du conseil d'administration d'Ivanhoé.
Pour rappel, le 14 août 2024, le président de la République de Zambie, Hakainde Hichilema, a annoncé le lancement d'une étude géophysique aérienne à haute résolution couvrant l'ensemble du pays. Cette initiative a pour objectif de cartographier de manière précise les ressources minérales et hydriques de la Zambie. Ce programme s'inscrit dans le cadre d'un plan national ambitieux visant à multiplier par quatre la production annuelle de cuivre, avec un objectif de 3 millions de tonnes d'ici 2031. Si cet objectif est atteint, la Zambie se classera au deuxième rang mondial des producteurs de cuivre, contre la dixième place actuellement.
Le modèle d'Ivanhoe, développé en RDC avec le gisement de cuivre de Kamoa-Kakula, est un exemple remarquable de découverte et de développement de ressources cuprifères de classe mondiale. Ce complexe est devenu l'une des plus grandes découvertes de cuivre des dernières décennies, avec plus de 50 millions de tonnes découvertes. En 2024, la production maximale devrait atteindre 490 000 tonnes de concentré de cuivre, et passer à 600 000 tonnes en 2025, grâce à la mise en service, en mai dernier, d'une nouvelle unité de traitement du cuivre.
À terme, les dirigeants d'Ivanhoe ambitionnent d'augmenter la production du complexe à 800 000 tonnes par an, faisant ainsi de Kamoa-Kakula la deuxième plus grande mine de cuivre au monde. Il convient de souligner que, grâce aux succès enregistrés ces dernières années avec ce complexe, la RDC est passée du 4e rang des producteurs mondiaux de cuivre en 2021, lors du début de la production, au 2e rang en 2023.
Olivier de Souza
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la Communication (CSAC) a annoncé jeudi 12 septembre la suspension pour 45 jours de la chaîne Canal+ Pop, filiale de l’opérateur Canal+. La raison avancée est le non-respect d’une interdiction préalable émise le 5 septembre de diffuser l’émission de téléréalité « The Bachelor Afrique », jugée contraire aux mœurs locales.
Dans le détail, les autorités reprochent à la version africaine de l’émission américaine, faisant s’affronter des prétendants ou prétendantes pour devenir l’époux ou l’épouse du personnage central du programme, de diffuser des scènes immorales contraires aux mœurs de la RDC.
« Le Procureur général près le Conseil d'État ainsi que le Directeur général du Renatelsat (opérateur public de satellite en RDC ; NDLR) sont priés de concourir à la bonne exécution du présent acte », informe un communiqué du CSAC, qui invite la DG de Canal+ RDC, Mireille Kabamba, à « présenter ses moyens de défense en rapport avec les manquements relevés » dans un délai de 7 jours.
La suspension de Canal+ Pop intervient dans un contexte où Canal+ joue un rôle de plus en plus important en RDC. En juillet 2024 à l’occasion du lancement de Canal+ Impact dans le pays, les dirigeants de l’entreprise ont indiqué qu’elle a créé plus de 2000 emplois directs et indirects dans le pays et contribué à hauteur de 33 millions dollars aux recettes publiques congolaises. Toute perturbation de ses activités en RDC présente dont des enjeux économiques pour le groupe, mais aussi pour le pays.
Sur un plan plus large, il faut rappeler que le marché africain est crucial pour Canal+, qui a vu la part de ses abonnés africains passer de 24,1 % en 2019 à 30 % en 2023. L’Afrique représente désormais plus de 8 millions d’abonnés sur les 26 millions que compte le groupe à l’échelle mondiale.
Servan Ahougnon
Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a annoncé ce 11 septembre 2024, après une rencontre avec des équipes de la Banque mondiale, que le projet de construction de postes frontières uniques et de marchés frontaliers pour faciliter les échanges commerciaux entre la République Démocratique du Congo (RDC) et les pays voisins de la région des Grands Lacs devrait être achevé au deuxième trimestre 2025. Il s’agit des postes de Nyamoma, Rubenga, Kanvimvira, Kamanyola, ainsi que les marchés de Kasindi, Bukavu et Idjwi, a listé le ministre sur son compte X (anciennement Twitter).
Aucun autre détail supplémentaire n’a été fourni concernant l’avancement des travaux ou les aspects techniques de l’initiative. Mais l’on sait que ces travaux sont prévus dans le Projet de facilitation du commerce et d’intégration dans la région des Grands Lacs (PFCIGL), lancé avec le soutien technique et financier de la Banque mondiale. Ce projet vise à simplifier le commerce transfrontalier en augmentant les capacités commerciales et en réduisant les coûts pour les commerçants, en particulier les petits commerçants et les femmes, dans des zones frontalières spécifiques. L’initiative devrait ainsi encourager l’intégration économique régionale et soutenir les acteurs les plus vulnérables du commerce transfrontalier.
Dans le cadre du PFCIGL, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro, a inauguré, En octobre 2023, les travaux de construction des bâtiments et installations des postes frontaliers de Kavimvira, dans la province du Sud-Kivu, à la frontière avec Gatumba au Burundi, ainsi que la construction d’une petite barrière à Goma. Ici, il est question de dynamiser les échanges commerciaux entre la RDC et le Burundi, tout en améliorant les conditions de travail des agents des services frontaliers. En effet, la construction de ces infrastructures devrait faciliter le passage des marchandises et des personnes, renforçant ainsi la coopération économique entre les deux pays.
Défis financiers
À terme, le PFCIGL aspire à transformer la vie d’une population principalement jeune, engagée dans des activités agricoles, pastorales et piscicoles réparties en huit filières distinctes. Bien que ces activités soient rentables, elles n’ont pas encore généré l’effet de levier nécessaire pour assurer une croissance durable. Les nouvelles infrastructures et marchés contribueront notamment à améliorer la sécurité des biens et des personnes.
Le projet inclut également plusieurs autres composantes importantes, telles que l’amélioration de la gestion financière pour un meilleur accès aux services financiers et aux crédits, le renforcement des capacités en conservation, conditionnement et commercialisation des produits, ainsi qu’une organisation des acteurs afin de mutualiser les efforts face aux divers défis. Cela permettra de maximiser l’impact du projet et de favoriser un développement économique plus inclusif et durable dans la région.
Cependant, au-delà des infrastructures, le véritable défi pourrait être l’accompagnement financier des producteurs. Par exemple, dans la filière du manioc, transformer 500 kilogrammes de tubercules par jour nécessite un investissement initial de 2 030 $ sur une période de 5 ans, avec un amortissement de 13 $ par jour, selon une étude du projet. Malgré une exploitation optimale, où toute la production serait vendue, la marge bénéficiaire par demi-tonne n’est que de 3,7 $. Ainsi, pour accroître la production de manioc et réduire les coûts d’achat, des financements à long terme pourraient être indispensables afin de permettre aux producteurs de mieux investir dans leur activité et augmenter ces marges.
Georges Auréole Bamba
La reprise des travaux de construction du port de Banana est prévue pour octobre 2024, apprend-on à l’issue d’une réunion présidée le 10 septembre 2024 par le vice-Premier ministre et ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba.
« Nous sommes suffisamment avancés. Je crois que tout est presque finalisé, il ne reste que les formalités d'usage. Il est acté que DP World va démarrer les travaux d'ici un mois. C'est acté et le go est donné », a déclaré Martin Lukusa, directeur général de l'Office national des transports (Onatra). Pour Martin Lukusa, la réalisation du projet de port en eaux profondes de Banana « est devenue une réalité ».
Port en eau profonde de #Banana : @DP_World relance les travaux dès octobre prochain pic.twitter.com/L1V0k8NAbo
— Ministère des Transports RDC (@TransportsRDC) September 11, 2024
Ce projet, porté par le président Félix Tshisekedi en personne, a rencontré plusieurs obstacles qui ont ralenti sa progression. Pour surmonter ces défis, le gouvernement de la RDC a débloqué, en décembre 2023, une enveloppe de 30 milliards de francs congolais, soit environ 12 millions de dollars. De plus, en juillet 2024, une réunion entre l'Onatra et DP World, société chargée du développement du port, a permis de résoudre les différends juridiques et techniques liés au projet. Par ailleurs, l'injection récente de 35 millions de dollars par British International Investment (BII), un fonds d'investissement britannique, a redynamisé le projet. Cette contribution financière s'inscrit dans le cadre d'un partenariat entre BII et DP World.
Le projet du port en eau profonde de Banana est présenté comme stratégique pour la RDC. Il vise à doter le pays d'une infrastructure capable d'accueillir des navires porte-conteneurs de dernière génération, avec une profondeur prévue de 17,5 mètres. Ce port moderne viendra compléter les capacités des ports existants de Matadi et Boma, qui sont limités par un faible tirant d'eau d'environ 5 mètres. Selon les estimations de BII, le développement du port de Banana pourrait créer environ 85 000 emplois et générer 1,12 milliard de dollars de commerce supplémentaire. En outre, il devrait contribuer à une augmentation de 0,65 % du PIB du pays et réduire de 12 % les coûts du commerce en RDC.
La réalisation du port de Banana est prévue en quatre phases, nécessitant un investissement total de 1,2 milliard de dollars. La première phase, estimée à 350 millions de dollars, comprend la construction d'un quai de 600 mètres et d'une zone de stockage des conteneurs de 25 hectares. Cette phase permettra au port d'offrir une capacité de 320 000 conteneurs de 6 mètres et d'accueillir des navires transportant plus de 10 000 conteneurs de mêmes dimensions.
Georges Auréole Bamaba
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Le ministère des Infrastructures et Travaux publics de la République démocratique du Congo a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec la China Harbour Engineering Company (CHEC) pour le développement du transport fluvial. Cette convention prévoit, dès octobre 2024, le lancement d’études approfondies visant à évaluer les travaux nécessaires à l’amélioration de la navigabilité du fleuve Congo.
Ce partenariat s’inscrit dans la dynamique du gouvernement congolais visant à moderniser le transport fluvial, l’un des moyens de transport les plus utilisés dans le pays. Dans le cadre des politiques de l’État pour ce sous-secteur, des investissements ont été annoncés afin de renforcer l’Office national des transports (Onatra, ex-SCTP, anciennement Otraco), qui met actuellement à jour ses dessertes ferroviaires et fluviales.
Les liaisons fluviale (Kinshasa-Kisangani) et ferroviaire (Matadi-Kinshasa) ont ainsi repris il y a quelques jours. Par ailleurs, la société a récemment reçu du gouvernement un financement de 21 millions USD, destiné notamment à moderniser ses infrastructures et équipements fluviaux et ferroviaires, ainsi qu’à régler les arriérés de salaires de ses employés.
Le recul de performance observé ces dernières années chez l’Onatra, en raison de contraintes opérationnelles et managériales, a favorisé l’émergence d’un écosystème croissant d’opérateurs informels dans le transport fluvial. Ces derniers exploitent des embarcations de fortune, mettant en danger la vie des passagers. Ces dernières années, une recrudescence des chavirements de bateaux a été observée, entraînant de nombreux décès.
HD, Agence Ecofin
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En RDC, les compagnies minières opérant dans la province du Sud-Kivu sont désormais interdites d’importer leur carburant de l’étranger et devront s’approvisionner auprès des fournisseurs locaux. C’est ce qu’a annoncé le gouverneur provincial, Jean-Jacques Purusi, lors d’un meeting à Bukavu, le dimanche 8 septembre 2024. Il a précisé que cette mesure vise à éviter que plusieurs millions de dollars échappent chaque mois à la province.
« Par mois, ce sont des millions de dollars qui sont envoyés à l’extérieur. Voilà pourquoi nous avons pris la décision d’interdire l’importation du carburant, il y a des sociétés qui importent 90 camions-citernes par mois de 35 mille mètres cubes […] », a déclaré M. Purusi, selon des propos rapportés par les médias locaux, dont actualite.cd. Ce dernier ajoute qu’un partenariat a été conclu avec les pétroliers pour « prélever 60 francs congolais par litre de carburant afin de financer la construction et la réhabilitation des routes ».
Si les sources congolaises ne donnent pas davantage de détails, il faut souligner que cette mesure intervient quelques semaines après l’annonce le 19 juillet de la suspension par le même gouverneur de toutes les activités minières sur le territoire de sa province. Il a organisé une réunion avec les acteurs du secteur pour faire l’état des lieux de l’exploitation minière et évaluer les modalités de régularisation des activités minières. Après les échanges, la suspension a été levée à partir du 15 août.
Nommé à la tête du Sud-Kivu au mois de juin, Jean-Jacques Purusi cherche à remettre de l’ordre dans le secteur et assurer la traçabilité de la production minière. L’objectif annoncé est de « transformer le secteur minier en un véritable levier de stabilité, de création de richesses pour tous et de développement socioéconomique de la province ».
Il faut rappeler que la province congolaise du Sud-Kivu est réputée pour sa richesse en or et en minerais comme l’étain, le tungstène ou encore le tantale. Si des compagnies chinoises y sont présentes, l’exploitation minière dans la région est principalement artisanale et serait, selon plusieurs sources concordantes, confrontée à plusieurs problèmes, y compris la contrebande.
Louis-Nino Kansoun
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Parmi les résultats majeurs du premier forum économique Chine-RDC, qui s’est tenu du 2 au 4 septembre 2024 à Pékin en marge de la 9e édition du forum Chine-Afrique, avec la participation de plus de 300 entreprises chinoises et congolaises, figure le projet de création d’une zone économique chinoise en RDC, selon un communiqué publié sur le compte X du ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku. Ce projet, dont les contours restent inconnus, vise, selon les autorités, à réduire les importations en favorisant la production locale pour répondre aux besoins du marché national et régional. L’initiative s’inscrit dans une stratégie de stimulation de l’industrialisation du pays, de renforcement des chaînes d’approvisionnement locales, tout en créant de nouvelles opportunités d’investissement et d’emplois.
Lors de ces échanges, axés sur le développement de projets d’investissements communs en RDC, la modernisation du secteur agricole congolais a été mise en avant pour réduire les importations dans le domaine agroalimentaire. L’objectif est de renforcer la souveraineté alimentaire du pays tout en développant un secteur agricole plus productif et compétitif. Pour y parvenir, les parties ont convenu d’introduire la recherche appliquée et de nouvelles technologies pour la production de semences.
Le forum a également permis de définir des modèles de financement innovants, mobilisant à la fois des ressources du Trésor public, des partenaires techniques et financiers (PTF), ainsi que des partenariats public-privé (PPP) et des conventions de collaboration. Cette approche mixte vise à financer les grands projets de développement économique tout en répartissant les risques entre les secteurs public et privé.
Lors de la même rencontre, un accord-cadre de partenariat économique a été signé entre les ministres du Commerce chinois, Wang Wentao, et congolais, Julien Paluku. Le contenu de cet accord n’est pas encore connu, mais le ministre Julien Paluku l’a décrit comme « une étape clé dans l’approfondissement des relations économiques bilatérales, ouvrant la voie à de nouvelles collaborations dans divers secteurs ». Il a également précisé que « d’autres protocoles d’entente ont été ou seront signés dans les domaines du transport, de l’électricité, de l’agriculture, du numérique, des infrastructures et des hydrocarbures », sans donner plus de détails.
Il est déjà connu qu’un protocole d’accord a été signé le 4 septembre entre le producteur chinois de cuivre et de cobalt, CMOC, et le ministère congolais des Ressources hydrauliques et de l’Électricité. Cet accord prévoit l’installation, en l’espace de deux ans, de centrales photovoltaïques et de parcs solaires dans plusieurs localités de la RDC, pour une capacité totale de 600 MW.
Débuté le 4 septembre, le forum Chine-Afrique 2024 s’achève demain. Au cours de cette rencontre, Pékin a annoncé un investissement de 50 milliards de dollars en Afrique sur trois ans. Il visera à stimuler le développement économique et à créer des emplois.
Moutiou Adjibi Nourou
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Le producteur chinois de cuivre et de cobalt, CMOC, s’est fixé un délai de 18 à 24 mois pour installer des centrales photovoltaïques et des parcs solaires en RDC, d’une capacité totale de 600 MW, soit environ un cinquième des capacités actuelles du pays. Cet engagement figure dans un protocole d’accord signé, le 4 septembre 2024, entre la compagnie et le ministère congolais des Ressources hydrauliques et de l’Électricité, en marge du Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) à Pékin.
La première phase du projet devrait se concentrer dans la province de Lualaba, connue pour sa production de cuivre et de cobalt. Les installations fourniront ainsi de l’électricité aux compagnies minières, ainsi qu’aux populations locales. Premier producteur mondial de cobalt, CMOC exploite déjà deux grandes mines de cuivre et de cobalt dans le pays : Tenke Fungurume et Kisanfu.
Partenariat #Chine🇨🇳 #RDC🇨🇩 | Retour en images sur la signature du Protocole d’accord, ce mercredi à #Beijing, entre le ministre des Ressources hydrauliques et Électricité Teddy Lwamba Muba et le groupe chinois CMOC (China Molybdenum Company Limited). Vidéo Cellcom/PR. pic.twitter.com/MNnepp6M6z
— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) September 4, 2024
En RDC, seulement 21,5 % de la population avait accès à l’électricité en 2022, selon les données de la Banque mondiale. L’instabilité de l’approvisionnement électrique freine également les projets d’expansion des opérations minières et affecte la performance des mines. Au premier trimestre 2024, la société canadienne Ivanhoe Mines a signalé une baisse de 8 % de sa production de cuivre à Kamoa-Kakula, en partie en raison des problèmes liés à l’électricité.
Néanmoins, la RDC figure parmi les pays africains les mieux dotés en matière de capacité installée pour les énergies renouvelables. Selon l’Irena, à la fin de 2023, le pays disposait d’une capacité installée de 3 198 MW en énergies renouvelables, représentant plus de 5 % de la capacité totale installée en Afrique. En 2022, la RDC a produit 15 424 GWh d’électricité renouvelable, soit 7,5 % de la production africaine, selon la même source.
Emiliano Tossou
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Pour combler son déficit en matière de logement, la République Démocratique du Congo (RDC) a besoin d’un investissement total estimé à 132 milliards de dollars, selon la Société Financière internationale (SFI). Ce chiffre a été communiqué par le représentant de cette institution, membre du groupe de la Banque mondiale, dédiée au financement du secteur privé. Malick Fall a fait cette déclaration à l’issue du lancement de l’atelier de réflexion sur l’amélioration du climat des affaires dans le secteur du logement en RDC. Cette somme colossale représente huit fois le budget annuel du pays.
Les besoins en logement en RDC sont estimés à 4 millions d’unités. Selon Malick Fall, 250 000 logements supplémentaires sont nécessaires chaque année, dont 140 000 à Kinshasa, qui représente à elle seule 50 % du déficit en logement du pays. Cet effort nécessiterait un investissement d’environ 8,2 milliards de dollars par an. En conséquence, dans les quartiers huppés, les loyers atteignent 2 000 dollars par mois, un montant largement disproportionné par rapport aux revenus moyens des Congolais.
« Afin de répondre à ce défi, nous avons développé un projet pour améliorer l’environnement du climat des affaires dans le secteur tant du côté de l’offre que de la demande. Cet atelier avait pour but de faire une proposition des réformes et avoir l’engagement des parties prenantes afin d’en faciliter la mise en œuvre », a précisé le représentant pays de la SFI en RDC.
Pour l’instant, les réformes envisagées ne sont pas encore connues. Cependant, en RDC, le secteur du logement fait face à des défis à la fois structurels et conjoncturels. Parmi eux, on peut citer l’absence de titres de propriété clairs, la faiblesse du cadre juridique, ainsi que l’instabilité politique dans certaines régions.
De plus, les prêts immobiliers sont rares et soumis à des conditions strictes, ce qui rend l’accès difficile pour une grande partie de la population. Par exemple, le marché hypothécaire congolais en est encore à ses débuts, avec un ratio crédits/PIB de seulement 7,5 %, bien en deçà de la moyenne mondiale de 147,6 %. Par ailleurs, la Banque centrale du Congo (BCC) a récemment relevé son taux directeur à 25 %, ce qui pourrait encore augmenter les taux d’intérêt, déjà élevés.
Moutiou Adjibi Nourou
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