La Banque mondiale a annoncé, dans un communiqué publié le 6 juin 2025, le décaissement de 19,47 millions de dollars en faveur de la République démocratique du Congo (RDC). Ce financement, octroyé via le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF), récompense la réduction de 3,89 millions de tonnes d’émissions de carbone obtenue grâce aux efforts de préservation des forêts dans la province du Mai-Ndombe.
Le FCPF est une initiative internationale fondée sur le principe de paiement à la performance : les réductions d’émissions doivent être vérifiées de manière indépendante avant tout transfert financier. La RDC figure parmi les pays pilotes du programme REDD+, soutenu par la Banque mondiale, qui vise à concilier développement durable et conservation des forêts tropicales.
« Ce paiement est une reconnaissance des progrès du pays dans la protection de ses forêts et la création de nouvelles opportunités pour les communautés. Le programme Mai-Ndombe est un exemple de la manière dont la finance peut soutenir le développement local, renforcer la résilience et offrir des avantages tangibles aux personnes qui dépendent le plus de la forêt », a déclaré Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC.
Ce versement s’inscrit dans le cadre d’un accord global pouvant atteindre 55 millions de dollars, en contrepartie de la réduction de 11 millions de tonnes d’émissions. Les fonds sont destinés à soutenir les communautés locales et les peuples autochtones impliqués dans la conservation du Mai-Ndombe, au cœur du bassin du Congo.
Ouverture vers le marché du carbone
Le programme vise à promouvoir un modèle de développement vert, centré sur la réduction de la pauvreté, la protection de la biodiversité et l’atténuation du changement climatique. Il prévoit également la création de 2 000 emplois locaux, des investissements en infrastructures rurales, avec 900 kilomètres de routes à réhabiliter, et la gestion durable de 400 000 hectares de terres. À terme, il devrait bénéficier à plus de 120 000 personnes.
En complément de ce financement, la Banque mondiale met à disposition du gouvernement congolais 1,7 million de crédits carbone de haute qualité, qui pourront être revendus sur le marché volontaire du carbone. Ces transactions avec des acteurs privés internationaux représentent une source potentielle de revenus supplémentaires pour l’État congolais.
Selon les projections de la Banque mondiale, d’ici 2028, 15 pays forestiers tropicaux, dont la RDC, pourraient générer jusqu’à 2,5 milliards de dollars en commercialisant plus de 24 millions de crédits carbone chacun. Une part significative de ces revenus sera reversée aux communautés et aux États, consolidant le lien entre conservation, finance et développement local.
Ronsard Luabeya, stagiaire
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