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Comment la RDC peut consolider son statut de puits de carbone net

Comment la RDC peut consolider son statut de puits de carbone net

En RDC comme dans la plupart des pays forestiers d’Afrique, la gestion durable des surfaces boisées est le principal défi pour la sauvegarde des ressources. Cette question revêt une importance majeure dans le contexte du changement climatique. 

En République démocratique du Congo (RDC), la valorisation durable des superficies forestières par le secteur privé en partenariat avec le gouvernement est un moyen efficace pour assurer leur protection, selon le rapport Diagnostic du secteur privé de la RDC publié par la Banque mondiale en mars 2022. Alors que les forêts de la RDC représentent le second poumon écologique de la planète derrière l’Amazonie avec plus de 100 millions d’hectares, ce sont chaque année 1,3 million d’hectares qui sont menacés de disparition. 

« La biomasse représente 98,8 % de la consommation totale d’énergie des ménages du pays, dont 81,8 % pour le bois de chauffage et 17 % pour le charbon de bois. En 2010, le marché du charbon de bois de Kinshasa était estimé à 143 millions de dollars (environ 150 millions de dollars en 2023), soit 3,1 fois la valeur des exportations de bois d’œuvre résineux », soutient de l’institution de Breton Woods dans son rapport. 

A l’origine de cette situation, les besoins en terres agricoles et la production de charbon de bois et de bois de chauffe. Dans le pays, la Banque mondiale estime ainsi que 6 millions d’hectares ont été déboisés entre 1992 et 2020, dont 67 % pour l’expansion des terres cultivées et prévoit que 8,4 millions d’hectares soient déboisées d’ici 2030. Par ailleurs, avec la faible utilisation de sources d’énergie domestique plus propres, le pays dépend à hauteur de 94 % de la biomasse forestière pour ses sources d’énergie primaire.

« La biomasse représente 98,8 % de la consommation totale d’énergie des ménages du pays, dont 81,8 % pour le bois de chauffage et 17 % pour le charbon de bois. En 2010, le marché du charbon de bois de Kinshasa était estimé à 143 millions de dollars (environ 150 millions de dollars en 2023), soit 3,1 fois la valeur des exportations de bois d’œuvre résineux », soutient de l’institution de Breton Woods dans son rapport. 

S’inspirer du cas gabonais tout en luttant contre l’exploitation illégale

D’après la Banque mondiale, la RDC a beaucoup à apprendre de ses pays voisins dont le Gabon qui adopte de bonnes pratiques en matière de régulation de ses ressources ligneuses. Dans ce dernier pays où la surface forestière s’étend sur 87 % du territoire (22 millions d’hectares) avec un taux de déforestation de 0,05 % entre 2010 et 2020, le gouvernement s’est notamment doté d’un plan stratégique pour l’exploitation durable de sa ressource forestière. Cela comprend notamment l’amélioration de la surveillance, du contrôle et de la traçabilité, la mise en place de plantations forestières dans les zones dégradées et les savanes ainsi que le passage à la transformation secondaire et tertiaire des produits forestiers pour accroître les retombées économiques.

Au Gabon par exemple, les pratiques forestières sont sélectives avec seulement entre un et trois arbres par hectares qui sont exploités une fois tous les 20, 30 ans, ce qui au final ne touche qu’entre 5 et 15 % de la biomasse et du couvert forestier.

Au Gabon, l’institution indique que plus de 80 % de la forêt est soumise à des concessions forestières formelles et durable contre 10 % en RDC (10 millions d’hectares), ce qui laisse encore des opportunités immenses pour non seulement améliorer le contrôle du secteur forestier mais aussi booster les exportations de bois durable de grande valeur économique.

Le pays a aussi encouragé des partenariats public-privé afin d’améliorer l’utilisation de ses ressources d’une manière durable. D’après la Banque mondiale, le secteur privé exploite ainsi seulement 4 % de la concession chaque année (avec seulement quelques arbres coupés par hectare) tout en s’engageant à sécuriser et protéger les 96 % restants.

Au Gabon, l’institution indique que plus de 80 % de la forêt est soumise à des concessions forestières formelles et durable contre 10 % en RDC (10 millions d’hectares), ce qui laisse encore des opportunités immenses pour non seulement améliorer le contrôle du secteur forestier mais aussi booster les exportations de bois durable de grande valeur économique.

Dans un tel contexte, un renforcement de la gouvernance économique du secteur et la mise en œuvre de plans de gestion durable pour les concessions forestières existantes pourraient permettre à la RDC de tirer un meilleur parti de ses ressources. 

Par ailleurs, les auteurs du rapport mettent en avant la nécessité d’accroître la lutte contre l’exploitation illégale durable qui peut prendre la forme de l’exploitation d’espèces protégées au sein de concessions légales, la surexploitation des arbres, le non-respect des plans de gestion forestière. D’après la Banque mondiale, le renforcement des capacités de l’administration sur le terrain, la mise en place d’une surveillance par satellite ou encore des contrôles plus stricts aux postes frontaliers pourrait permettre de lutter contre cette pratique.

Tirer du potentiel carbone immense

A l’heure où la lutte contre le changement climatique, les marchés du carbone dans le secteur forestier offrent l’opportunité de promouvoir des pratiques durables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES), la Banque mondiale estime que la RDC gagnerait à profiter de l’effet de levier de la finance carbone. Le pays est en effet bien placé pour jouer un important rôle dans la réduction des émissions provenant du déboisement et de la dégradation des forêts, associées à la gestion durable des forêts, la conservation et l’amélioration des stocks de carbone forestier (REDD+).   

Selon les données de la Banque mondiale, les forêts congolaises sont parmi les rares du globe à séquestrer plus de CO2 qu’elles n’en émettent par an, agissant ainsi comme un puits de carbone net et contribuant à l’élimination de 822 millions de tonnes d’équivalent CO2/an.

En outre, indique-t-elle, les superficies forestières de la RDC peuvent générer une valeur estimée entre 223 et 398 milliards de dollars par an grâce au carbone stocké et aux services écosystémiques associés. Par ailleurs, les tourbières du bassin du Congo contiennent 29 gigatonnes (Gt) de carbone souterrain.

Plus globalement, les observateurs indiquent que la RDC gagnerait aussi à s’appuyer sur l’exemple du Gabon qui sur les dernières années à mener plusieurs démarches pour tirer une meilleure rémunération financière de ses ressources forestières. Le pays qui est un absorbeur net de carbone à travers ses forêts tropicales a été en 2021, le premier pays africain à obtenir des paiements basés sur les résultats pour la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts.

Il s’agit d’autant d’opportunités pour la RDC qui peut monétiser les émissions évitées pour promouvoir la gestion durable des forêts et rendre les terres économiquement viables.  

Depuis 2022, les autorités ont entrepris de mettre en place un cadre favorable pour permettre l’essor des marchés du carbone dans le pays. On peut citer notamment le décret No. 23/22 du 14 juin 2023 portant création, organisation et fonctionnement de l’Autorité de régulation du marché de carbone en RDC. 

Cet établissement public a notamment pour rôle d’organiser le marché de carbone sur le territoire ainsi que de promouvoir la participation des acteurs publics ; et privés ainsi que des communautés locales dans les activités de production, d’achat, de vente, et de revente des crédits carbone. A cela s’ajoute l’arrêté interministériel de septembre 2023 des ministères chargés de l’environnement et des finances sur le partage de la quotité du bénéfice des crédits de carbone devant revenir à l’Etat congolais.

En outre, les 23 et 24 octobre 2023, une conférence visant à réfléchir sur le marché du carbone durable en RDC s’est tenue à Kinshasa avec plus de 200 acteurs clés des agences gouvernementales, du secteur privé et de la société civile impliqués dans la tarification du carbone. Plus globalement, dans le pays, la province du Maï-Ndombe a été l’une des premières régions à expérimenter le Programme de réduction des émissions provenant du déboisement et de la dégradation des forêts, associées à la gestion durable des forêts, la conservation et l’amélioration des stocks de carbone forestier (REDD+). Le programme intégré au Fonds carbone du Fonds de partenariat pour le carbone forestier en décembre 2016 a déjà permis selon les estimations d’engager 90 millions $ dans le financement climatique au sein de la province et 20 projets couvrant 12,3 millions d’hectares en cours ou planifiés.

Plus globalement, les observateurs indiquent que la RDC gagnerait aussi à s’appuyer sur l’exemple du Gabon qui sur les dernières années à mener plusieurs démarches pour tirer une meilleure rémunération financière de ses ressources forestières. Le pays qui est un absorbeur net de carbone à travers ses forêts tropicales a été en 2021, le premier pays africain à obtenir des paiements basés sur les résultats pour la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts. Ce versement de 17 millions $ visait à primer les réductions réalisées par le Gabon en 2016 et 2017, par rapport aux niveaux d’émissions annuels de 2006 à 2015. Il s’inscrivait dans le cadre de l’accord conclu entre le Gabon et l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (CAFI), une initiative multi-donateurs hébergée par l’ONU, en 2019, pour un total de 150 millions $ sur 10 ans. En janvier 2023, le pays a annoncé en qu’il comptait mettre sur le marché, 90 millions de tonnes de crédits carbone. Avec une prévision du prix du crédit carbone autour de 14 dollars, le pays s’attendait à près de 1,26 milliard $ comme retombées financières.

Espoir Olodo

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