Dans un communiqué signé le 10 septembre 2025 par son président Christian Katende, l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) a lancé un ultimatum aux opérateurs du secteur des télécommunications pour la conversion de leurs titres d’exploitation. Elle leur donne jusqu’au 24 septembre pour déposer leurs dossiers. Passé ce délai, les anciens titres deviendront caducs, privant leurs détenteurs de l’exercice légal de leurs activités, prévient l’ARPTC.
Plusieurs acteurs sont concernés : opérateurs de réseaux mobiles, opérateurs d’infrastructures, fournisseurs de services Internet, sociétés de télédistribution ainsi que les chaînes de radiodiffusion et de télévision.
Selon l’ARPTC, cette démarche s’appuie sur les articles 199 et 200 de la loi n°20/017 du 25 novembre 2020 relative aux télécommunications. L’article 199 prévoit la mise en conformité des concessions, licences et autorisations existantes dans les 12 mois suivant la promulgation de la loi, tout en conservant les droits et obligations initiaux sans frais supplémentaires, jusqu’à leur terme.
Toutefois, la mise en œuvre effective de la loi avait été retardée jusqu’en 2025, en raison de l’élaboration des instruments réglementaires nécessaires. L’arrêté ministériel prévu à l’article 200, fixant les modalités de conversion des titres existants et de délivrance des nouveaux, n’a en effet été adopté que le 17 août 2024.
Ronsard Luabeya
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Le ministère de l’Économie nationale a annoncé, le 1er septembre 2025, que les contrôles économiques ont permis de recouvrer 5,053 millions de francs congolais (environ 1,77 million de dollars) au 30 juin 2025, soit près de sept fois le montant enregistré en 2024. Selon le ministère, cette performance résulte des efforts conjoints des services de contrôle économique et de la Commission de la concurrence dans la lutte contre les infractions à la législation sur les prix et la concurrence.
Ces résultats, obtenus au premier semestre 2025, s’inscrivent dans un contexte où le gouvernement renforce progressivement son dispositif de régulation économique. Le 4 juillet 2025, le Conseil des ministres a adopté le décret restructurant la Commission de la concurrence, désormais appelée Comco (et non plus Conac), dotée d’une autonomie administrative et financière. L’objectif est de rendre l’institution plus réactive et mieux outillée face aux pratiques anticoncurrentielles, notamment dans des secteurs stratégiques tels que les denrées alimentaires importées.
Parallèlement, près de 300 nouveaux inspecteurs économiques ont achevé leur formation en juin 2025 sur les nouvelles techniques de contrôle. Ces agents viennent renforcer la capacité du ministère à vérifier la conformité des prix affichés sur les marchés, dans le but de protéger le pouvoir d’achat des ménages.
La vigilance des autorités s’est également traduite par des contrôles ciblés dans les supermarchés de Kinshasa, menés à la suite de la polémique sur les prix pratiqués par le supermarché Carrefour Hyper Psaro. Selon un communiqué publié le 5 août 2025, ces missions visaient à s’assurer que les pratiques tarifaires respectaient les principes de transparence et d’équité. Toutefois, les résultats de ces inspections n’ont pas encore été rendus publics.
Dans son communiqué du 1er septembre, le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a encouragé ses services à maintenir cette dynamique afin de garantir le respect de la législation et de préserver durablement le pouvoir d’achat des consommateurs.
Timothée Manoke
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Selon le compte rendu du Conseil des ministres du 5 septembre 2025, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a demandé au gouvernement de mettre en œuvre un plan urgent pour protéger l’industrie locale et lutter contre la fraude douanière.
Sous la coordination de la Première ministre Judith Suminwa, plusieurs ministres — dont ceux de l’Intérieur, de l’Économie nationale, de l’Industrie, des Finances et du Commerce extérieur — sont chargés d’élaborer un ensemble de mesures comprenant la révision des taxes à l’importation, le renforcement du cadre légal et réglementaire, la modernisation des dispositifs de contrôle et de répression, la mise en place d’incitations à l’investissement productif ainsi que le lancement d’une stratégie nationale de communication pour promouvoir la production et la consommation locales.
Le compte rendu indique que cette décision fait suite à l’afflux de produits importés subventionnés, à la contrebande et au phénomène du bilanga (agriculture traditionnelle, sans respect des normes), qui alimentent les marchés en produits illicites à bas prix, affaiblissent les entreprises locales, réduisent les recettes fiscales et aggravent le chômage.
Pour les autorités, le renforcement de l’industrie locale et la lutte contre la fraude douanière constituent des priorités visant à réduire la dépendance extérieure, préserver les devises et consolider la souveraineté économique.
Boaz Kabeya
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La République démocratique du Congo (RDC) vient de se doter d’une Commission permanente interministérielle chargée de la rationalisation de la parafiscalité (Copirap). Ses activités ont été lancées le 4 septembre 2025, lors d’une cérémonie présidée par la Première ministre Judith Suminwa.
« Aujourd’hui, l’on dénombre plus de 240 organismes bénéficiaires et plus d’un millier d’actes parafiscaux. Cette multiplicité alourdit le climat des affaires et réduit la compétitivité de notre économie. La Copirap devra apporter des réponses claires et durables à cette situation », a indiqué le ministre des Finances, Doudou Fwamba, lors de cette cérémonie.
La parafiscalité désigne un ensemble de prélèvements obligatoires autres que les impôts et taxes classiques (impôt sur les sociétés, TVA, droits de douane, etc.). Ces prélèvements sont généralement affectés à des organismes ou fonds spécifiques (souvent publics ou parapublics) pour financer leurs missions.
Généralement marginale, la parafiscalité s’est étendue en RDC « jusqu’à devenir une pratique quasi généralisée, générant la prolifération des prélèvements, institués souvent sans cohérence et en marge du budget de l’État, et échappant au contrôle budgétaire », a constaté le vice-Premier ministre en charge du Budget, Adolphe Muzito. Une situation critiquée par les opérateurs économiques, les institutions internationales et même certains responsables publics. Selon eux, elle freine l’investissement, alourdit les charges des entreprises et nourrit la méfiance vis-à-vis de l’administration.
Enjeux budgétaires
Dans le cadre de son programme triennal avec le FMI, le gouvernement s’est engagé à rationaliser ces prélèvements. Dans cette perspective, la Copirap a pour mission de recenser, évaluer et rationaliser l’ensemble des taxes parafiscales afin de rendre le système plus clair et plus transparent. Elle s’appuie sur un arrêté interministériel adopté en mai 2025, qui fixe les bases de la réforme. Une feuille de route, à mettre en œuvre progressivement, est attendue avant la fin de l’année.
« C’est très important parce que cela va permettre d’avoir un environnement des affaires beaucoup plus attractif pour exploiter le potentiel du pays », avait estimé, en juillet dernier, René Tapsoba, représentant résident du FMI en RDC, dans un entretien avec Bankable.
La réforme revêt aussi un enjeu budgétaire. « Ces prélèvements abusifs dérogent à la contrainte budgétaire et impliquent une asymétrie d’informations entre le gouvernement, le Parlement et les entités bénéficiaires. Lesquelles finissent par considérer ces recettes comme leurs propriétés. Les conséquences de cette absence de maîtrise sont multiples : absence d’efficacité dans la gestion des finances publiques, réduction des marges de manœuvre dans l’affectation des ressources et affaiblissement du rôle de l’autorité budgétaire », a illustré Adolphe Muzito.
« C’est pourquoi la rationalisation de la parafiscalité est une priorité stratégique », a-t-il conclu.
Pierre Mukoko
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Préoccupés par la rupture de la circulation sur la route nationale numéro 1 (RN1), après l’effondrement du pont Bundwe le 1er septembre 2025, une délégation conduite par le gouverneur du Haut-Lomami, Marmont Banza Mulume, accompagnée de députés nationaux, a rencontré, le 6 septembre à Kinshasa, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, John Banza (photo). Ces autorités et élus locaux ont plaidé pour la reconstruction de ce pont et la réhabilitation d’autres ouvrages, notamment les ponts Lovoyi, Lomami et Lwembe.
En réponse, le ministre a annoncé une intervention rapide « dans les prochains jours » pour rétablir la circulation entre la ville de Kamina et le territoire de Bukama (Haut-Lomami). Cette opération d’urgence a également pour objectif d’améliorer la fluidité du transport vers d’autres régions tributaires de cet axe vital.
Selon Dieudonné Salumu, administrateur du territoire de Bukama, l’incident survenu le 1er septembre a immobilisé 175 camions et près de 2 000 passagers, paralysant les échanges commerciaux. L’approvisionnement de Kamina et d’autres villes du Grand Katanga en marchandises provenant de Bukama est particulièrement affecté.
L’administrateur souligne que des véhicules en provenance du Haut-Katanga vers le Haut-Lomami, ainsi que ceux reliant Lomami au Kasaï, se trouvent aussi bloqués. La situation est jugée critique.
L’effondrement du pont a été causé par un camion surchargé de marque Howo, en provenance de Lubumbashi. Pour masquer la surcharge, le conducteur du véhicule aurait placé des sacs de moustiquaires au-dessus d’un chargement de ciment. Par ailleurs, des agents postés à l’entrée du pont sont accusés d’avoir laissé passer des véhicules surchargés contre des paiements informels, en violation des règles en vigueur.
Long de 165 mètres, le pont Bundwe est érigé sur le fleuve Congo. Déjà dans un état de vétusté avancée, il avait fait l’objet d’une réhabilitation en 2023, après un effondrement survenu la même année.
Ronsard Luabeya
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L’Office congolais de contrôle (OCC) et le Bureau burundais de normalisation et de contrôle de la qualité (BBN) ont signé, le 29 août 2025 à Bujumbura, un protocole d’accord pour mettre en œuvre le règlement sur la coopération sanitaire et phytosanitaire. L’objectif est de renforcer la coopération bilatérale en matière de normalisation, de contrôle de qualité et de certification, afin de faciliter les échanges tout en protégeant les consommateurs. Mais des précisions n’ont pas été données sur le calendrier de concrétisation de ce processus.
Le partenariat prévoit l’échange d’informations sur les normes et l’assurance qualité, la métrologie, l’évaluation de la conformité et le contrôle des marchandises avant et après expédition. Il inclut aussi des actions de renforcement des capacités à travers des formations, ateliers et stages conjoints.
Autre innovation, les deux pays ont convenu d’une reconnaissance mutuelle progressive des certificats de conformité. Chaque État pourra ainsi accepter les inspections, tests et certifications réalisés par l’autre. Sur le plan normatif, la priorité sera donnée aux standards nationaux, puis régionaux (ARSO, COMESA, EAC) et enfin internationaux (ISO, CEI, ASTM, etc.). L’accord, conclu pour trois ans renouvelables, prévoit un mécanisme de règlement amiable en cas de différend, avec recours aux voies diplomatiques en ultime recours.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet de facilitation du commerce et d’intégration dans la région des Grands Lacs (PFCIGL), financé par la Banque mondiale à hauteur de 250 millions de dollars, dont 152 millions pour la RDC, 90 millions pour le Burundi et 8 millions pour le COMESA. Dans ce contexte, quatre ports à guichet unique sont prévus au Sud-Kivu (Kavimvira, Nyamoma, Rubenga et Kamanyola) pour fluidifier les échanges transfrontaliers.
Ce nouvel accord prolonge celui signé en mars 2022 entre la RDC et le Burundi, qui couvrait déjà les droits d’importation, la fiscalité, les normes, les mesures anti-dumping et de sauvegarde, la lutte contre la fraude, la facilitation du transit, ainsi que la coopération entre les administrations douanières.
Ronsard Luabeya
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L’approvisionnement de Bunia en produits de consommation courante est perturbé par les difficultés rencontrées sur les principaux axes reliant la ville à l’Ouganda. La capitale provinciale de l’Ituri dépend en grande partie des importations en provenance de l’Ouganda, du Kenya et de la Tanzanie.
Selon des sources locales, la route Bunia–Kasenyi, longue de 55 km, est désormais impraticable à la suite du débordement de la rivière Kisenge provoqué par de fortes pluies. Cet axe, utilisé comme alternative à la RN27 par les opérateurs économiques, permet le transport de marchandises à faible tonnage acheminées par le lac Albert via les ports de Chomia et Kasenyi.
La RN27, corridor principal de la région reliant Bunia à Mahagi (185 km), est quant à elle confrontée à de sérieux défis. Fortement dégradée, elle est régulièrement le théâtre d’affrontements entre l’armée et des groupes armés. Entre juillet et août, plusieurs embuscades attribuées aux milices CODECO, Zaïre et à la Convention pour la Révolution Populaire (CRP), dirigée par Thomas Lubanga, ont été signalées. Le 14 août, les FARDC ont dû escorter une centaine de camions bloqués depuis deux semaines à Mahagi pour sécuriser leur passage vers Bunia.
Face à ces entraves, de nombreux commerçants s’étaient repliés sur la route de Kasenyi, malgré sa faible capacité. Mais son interruption actuelle accentue les inquiétudes d’une rupture d’approvisionnement depuis l’Ouganda.
Deux entreprises congolaises, Good News Africa et Congo Éveil Logistique, sont en discussions avancées avec le gouvernement pour moderniser la RN27 dans le cadre d’un partenariat public-privé. Le projet, de type BOT (Build–Operate–Transfer), prévoit la réhabilitation et l’exploitation de la section Komanda–Mahagi (258 km), avec l’installation de stations de péage et de postes de pesage pour préserver l’état de la route.
Timothée Manoke, stagiaire
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Lors d’une réunion tenue le 21 août 2025, un regroupement d’organisations patronales – comprenant la Fédération des entreprises du Congo (FEC), l’Association nationale des entreprises du portefeuille de la RDC (ANEP), la Confédération des PME du Congo (COPEMECO) et la Fédération nationale des PME du Congo (FANAPEC) – a demandé au nouveau ministre de l’Emploi et du Travail, Ferdinand Massamba wa Massamba, de suspendre l’application du deuxième palier du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), fixé à 21 500 francs congolais (FC) par jour à partir de janvier 2026.
Selon le décret n°25/22 du 30 mai 2025, le nouveau SMIG destiné au manœuvre ordinaire représente une hausse de 204 % par rapport au niveau de 7 075 FC établi en 2018. Sa mise en œuvre est progressive : 14 500 FC depuis fin mai 2025, puis 21 500 FC dès janvier 2026. Le texte maintient en outre la tension salariale de 1 à 10 entre le manœuvre ordinaire et le cadre de collaboration, entraînant mécaniquement une revalorisation de toutes les catégories professionnelles. Ainsi, le salaire journalier d’un cadre supérieur passera de 70 750 à 215 000 FC.
Pour le patronat, cette tension salariale est jugée « disproportionnée » et « inadaptée ». Elle provoquerait, selon lui, une hausse exponentielle des masses salariales « suicidaire » pour les opérateurs économiques. Les organisations demandent donc la suspension de l’application du deuxième palier du SMIG prévu en janvier 2026, ainsi que l’exonération de l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR).
Le patronat déplore également l’absence de mesures d’allègement pour les secteurs agro-industriel et pastoral, afin de faciliter l’application du nouveau SMIG, ainsi que la non-mise en œuvre de la recommandation de la 37ᵉ session du Conseil national du travail concernant la suspension de l’impôt sur les revenus locatifs (IRL) appliqué à l’indemnité de logement. Sont également pointées du doigt certaines astreintes imposées par la Direction générale des recettes de Kinshasa (DGRK), issues d’un arrêté provincial de 2023.
La FEC avait déjà proposé treize mesures d’allègement fiscal et parafiscal en faveur des secteurs agro-industriels et pastoraux. Ces mesures, examinées lors de la réunion de la Commission économie, finances et reconstruction (ECOFIRE) du 24 février 2025, doivent encore être consacrées par un décret présidentiel pour entrer en vigueur.
Le ministre a pris acte des doléances et invité le patronat à soumettre un mémorandum assorti de propositions concrètes. Il a par ailleurs instruit l’Inspection générale du travail de vulgariser le décret sur le SMIG avant tout contrôle dans les entreprises.
Ronsard Luabeya
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Le 14 août 2025, le pont Kibi, reliant Ingbokolo (territoire d’Aru, Ituri) à Kengezi-Base, principale porte d’entrée vers le Soudan du Sud, s’est effondré sous le poids d’un camion de marchandises. Depuis, la circulation est totalement interrompue, bloquant à la fois les échanges commerciaux et les déplacements transfrontaliers.
Cet incident a un impact direct sur l’économie locale, en particulier sur la mobilisation des recettes douanières au poste de Kengezi-Base. Face à cette situation, les députés provinciaux réclament la réhabilitation urgente de cette infrastructure.
Dans une correspondance adressée au gouverneur militaire de l’Ituri, les élus provinciaux ont rappelé l’importance vitale de cet axe et demandé des précisions sur les dispositions prévues pour la remise en état du pont. Ils souhaitent également savoir si l’entreprise Petro-City, déjà engagée dans des travaux de réhabilitation sur l’axe routier, prendra en charge ce chantier.
Depuis avril 2024, Petro-City exécute, sur financement du gouvernement provincial de l’Ituri, les travaux de réhabilitation de l’axe Aru–Djalasiga (90 km) dans le territoire de Mahagi. Ces travaux portent principalement sur le reprofilage, l’assainissement des bourbiers et le rechargement de la chaussée afin d’améliorer la fluidité du trafic.
Construit en 1956 avec une capacité de 20 tonnes, le pont Kibi, long de 26 mètres et large de six, avait déjà été réhabilité en 2020, après son premier effondrement en 2006. Ces travaux avaient alors été réalisés grâce à l’initiative des autorités locales et au soutien de la Fédération des entreprises du Congo (FEC).
Ronsard Luabeya
Le 4 août 2025, à Kampala, la Communauté d’Afrique de l’est (EAC) a lancé une caution douanière unique et électronique destinée à remplacer les multiples cautions nationales imposées jusqu’ici sur les marchandises en transit. Cette initiative vise à réduire à la fois le coût et le temps de passage des cargaisons aux différentes frontières de la région.
Jusqu’à présent, les commerçants devaient soit déposer des sommes d’argent comme garantie auprès des administrations douanières de chaque pays traversé, soit souscrire à la caution du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA). Selon l’EAC, près de 2 milliards de dollars américains étaient ainsi immobilisés sous forme de dépôts multiples. Avec le nouveau système, une partie de ce capital pourra être réinjectée dans l’économie régionale.
La caution du COMESA, en place depuis plusieurs années, présentait une limite importante : elle n’était pas reconnue en Tanzanie, État membre de l’EAC mais non du COMESA. Or, une part significative des flux commerciaux à destination de la République démocratique du Congo (RDC) transite par ce pays.
Le dispositif de l’EAC a été lancé dans une première phase couvrant l’Ouganda, le Kenya et le Rwanda. Le secrétariat de l’organisation prévoit une application effective dans l’ensemble des États membres d’ici 2026. Concrètement, un commerçant congolais important des marchandises de Chine et débarquant au port de Mombasa, au Kenya, pourra désormais souscrire à une seule caution EAC auprès des sociétés d’assurances pour faire transiter son fret via le Kenya et l’Ouganda jusqu’en RDC. À terme, le même principe s’appliquera aux cargaisons débarquées au port de Dar es-Salaam, en Tanzanie, une fois la couverture étendue à tous les États membres.
La caution de transit est une garantie financière qui assure aux autorités douanières que les droits et taxes dus seront réglés si les marchandises en transit sont perdues, détournées ou mal gérées. Dans le nouveau mécanisme, chaque caution correspond à un voyage ou à une cargaison, avec une couverture maximale fixée à 150 000 dollars américains.
Le coût est établi à 0,3 % de la valeur de la marchandise conteneurisée. Les biens concernés devront voyager dans des conteneurs scellés par les douanes et seront suivis en temps réel grâce au système régional de suivi électronique des cargaisons (RECTS).
Contrairement au système du COMESA, la nouvelle caution de l’EAC propose des produits optionnels auxquels les opérateurs peuvent souscrire en complément. Ces garanties couvrent notamment les pertes ou dommages physiques à la cargaison (accidents, incendies, détournements, vols), ainsi que les conteneurs eux-mêmes. Elles incluent également une assurance accident pour les conducteurs.
Timothée Manoke, stagiaire
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Depuis la signature à Pékin, en septembre 2024, d’un protocole d’accord sur les exonérations de droits de douane pour les exportations de la République démocratique du Congo (RDC) vers la Chine, Kinshasa et Pékin travaillent à la conclusion d’un accord définitif. Le 15 août 2025, le ministre du Commerce, Julien Paluku, a reçu à Kinshasa l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhao Bin, pour faire le point sur l’avancement des négociations.
Selon le ministre Julien Paluku, le texte final devrait être prêt d’ici 60 jours. Ce délai a été accordé aux négociateurs des deux pays pour finaliser le projet. Le ministère de l’Agriculture sera également associé au processus, en tant que pouvoir organisateur de la production intérieure avant exportation.
D’après la cellule de communication du ministère, l’accord-cadre signé à Pékin repose sur plusieurs modules : facilitation des échanges commerciaux, développement inclusif, renforcement de la résilience des chaînes d’approvisionnement, montée en gamme industrielle et modernisation des échanges via le commerce et les paiements électroniques.
À terme, le gouvernement congolais prévoit d’accroître ses exportations vers la Chine dans le cadre de cet accord, qui permettra l’expédition d’un million de tonnes de soja, 20 000 tonnes de sésame, 10 000 tonnes de piments, 5 000 tonnes de café et 3 000 tonnes de cacao. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la décision de Pékin de supprimer unilatéralement, sans contrepartie, les droits de douane sur les importations en provenance de pays à faibles revenus, dont 33 nations africaines, parmi lesquelles la RDC.
Ronsard Luabeya
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Les transporteurs opérant sur l’axe routier Beni–Bunia ont interrompu leurs activités à la suite d’une attaque meurtrière survenue à Lesse, localité située le long de ce corridor commercial stratégique pour l’acheminement de marchandises entre le Nord-Kivu et l’Ituri.
Selon le porte-parole des conducteurs, Fiston Nkumu, cité par Radio Okapi, la reprise du trafic est conditionnée à la mise en place de garanties sécuritaires par les autorités provinciales. Il a appelé le gouverneur militaire à assurer la protection des usagers. En attendant, les véhicules resteront immobilisés dans les agences, a-t-il précisé.
Parallèlement, sur l’axe Mahagi–Bunia (RN27), plus de 200 camions transportant du carburant et diverses marchandises sont bloqués à Mahagi-centre, à environ 185 km au nord de Bunia, selon la même source. Les transporteurs refusent d’emprunter cette route jugée trop risquée en raison des attaques répétées de groupes armés, qui multiplient embuscades, pillages et enlèvements.
Plusieurs voyageurs en provenance de Butembo vers Bunia sont portés disparus depuis le 9 août 2025, après une embuscade attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF) sur l’axe Eringeti–Kainama, dans le territoire de Beni.
La paralysie du trafic menace l’approvisionnement en biens de consommation entre le Nord-Kivu et l’Ituri.
Ronsard Luabeya
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Selon le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI), publié en juillet 2025, le gouvernement de la République démocratique du Congo, en collaboration avec la Banque centrale du Congo (BCC), prévoit d’adopter d’ici décembre 2025 une feuille de route « pour améliorer le fonctionnement du marché des titres publics ».
Cette feuille de route, fondée sur les recommandations récemment formulées par le FMI, mettra l’accent sur plusieurs axes. Il s’agira notamment d’améliorer la planification, la prévisibilité et la transparence du processus d’émission, en renforçant l’alignement entre les calendriers d’adjudication et le plan annuel d’emprunt, en cohérence avec la stratégie globale de gestion de la dette.
La réforme vise également à diversifier la base d’investisseurs au-delà du secteur bancaire, qui détient actuellement 99 % des titres. Pour ce faire, il est prévu d’organiser régulièrement des ateliers de formation à la comptabilité des titres publics à destination des investisseurs non bancaires, ainsi que d’instaurer une souscription minimale obligatoire pour les compagnies d’assurances. Dans cette optique, un projet de loi modifiant le Code des assurances a été adopté en avril dernier et doit encore être soumis au Parlement.
En outre, des mesures sont annoncées pour favoriser le développement d’un marché secondaire, notamment par la mise en place de coupons différenciés selon la maturité, afin d’améliorer la formation des prix et la liquidité des titres, ou encore par le dépôt au Parlement, d’ici fin décembre 2025, d’un projet de loi sur les fonds communs de placement.
Avec la mise en œuvre de cette feuille de route, les autorités espèrent approfondir le marché et allonger les maturités, afin de réduire le risque de refinancement. Ce marché, dont l’encours des titres publics est passé de 0,14 % du PIB en 2019 à 1,65 % en décembre 2024, reste dominé par les bons du Trésor à remboursement fractionné, d’une maturité moyenne d’environ 18 mois, représentant 90 % de l’encours total.
Boaz Kabeya
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Le gouverneur de la province de Lomami, Iron-Van Kalombo Musoko, a officiellement inauguré, le 8 août 2025, le pont Luilu. Situé sur la Route nationale n°1, cet ouvrage joue un rôle essentiel dans les échanges commerciaux entre la province et celles du Grand Katanga (Tanganyika, Haut-Lomami, Lualaba et Haut-Katanga).
Fermé en juin dernier pour des travaux de réhabilitation de 45 jours, le pont a été remis en état par la société chinoise GREC-7, sous la supervision de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT). Large de 4,02 mètres et long de 60 mètres, il peut désormais supporter jusqu’à 40 tonnes, améliorant ainsi la fluidité du transit de biens et de personnes dans la zone.
Le directeur provincial de l’ACGT a insisté sur le strict respect de la limite de tonnage par les usagers. Le gouverneur Iron-Van Kalombo Musoko a annoncé la mobilisation des services techniques, notamment l’Office des routes et les ministères sectoriels, pour assurer la surveillance et la préservation de l’ouvrage.
La dégradation du pont Luilu résultait principalement de son vieillissement, des intempéries récurrentes et d’un trafic intense, notamment de poids lourds excédant la charge autorisée. L’absence d’entretien régulier et de contrôles techniques avait accentué cette usure, conduisant à sa fermeture avant la récente réhabilitation.
Durant les travaux, les transporteurs devaient emprunter un détour par la route Luputa–Ngandajika pour rejoindre Mbujimayi ou d’autres cités environnantes, allongeant sensiblement leurs trajets.
Ronsard Luabeya