La République démocratique du Congo (RDC) ambitionne d’installer une capacité de production de 1,54 milliard de normo mètres cubes (Nm³) de biogaz par an, selon le rapport annuel 2024 de l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER). Le biogaz est un gaz combustible obtenu par la décomposition de matières organiques (déchets alimentaires, déjections animales, boues d’épuration) en absence d’oxygène, un processus appelé méthanisation.
Pour atteindre cet objectif, le Programme intégré biogaz (PIB) a été affiné au cours de l’année 2024. Il vise à structurer le marché du biogaz en RDC. L’ANSER, chargée de la mise en œuvre de la composante industrielle du programme, prévoit « d’attirer les investissements publics et privés dans le secteur du biogaz ». Elle travaille également à faciliter l’accès au financement, à la terre, à la matière première, à mettre en place un système de distribution, et à sensibiliser la population à l’utilisation de cette énergie de cuisson propre.
D’après le rapport de l’ANSER, des discussions ont été engagées depuis l’année dernière avec le Fonds d’équipement des Nations unies (UNCDF) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour mettre en place des mécanismes de financement (crédit, subvention, garanties, etc.) au profit de l’ANSER et des acteurs privés impliqués dans le projet.
Pour minimiser les risques liés aux conflits fonciers et réduire les coûts d’investissement et d’exploitation, l’implantation des unités de méthanisation est envisagée dans la Zone économique spéciale (ZES) de Maluku, située à 60 km de Kinshasa. L’ANSER indique avoir entamé des discussions à ce sujet avec l’agence des ZES.
Afin de garantir l’approvisionnement en matières premières, des partenariats sont en négociation avec plusieurs entreprises basées à Kinshasa. Bralima, Bracongo et Midema ont déjà donné leur « accord de principe » pour fournir les déchets organiques issus de leurs processus industriels (drêches, levures, effluents).
De son côté, la société Altech a exprimé sa volonté d’investir dans la construction d’un centre d’emplissage et dans la commercialisation au détail du biogaz, afin d’en faciliter la distribution.
Pour démontrer la viabilité économique et technique du projet, l’ANSER prévoit de mettre en place, d’ici août 2025, une unité pilote de méthanisation d’une capacité initiale de 10 000 m³ par mois dans la ZES de Maluku.
Le PIB intègre également un volet consacré au biogaz domestique, sous la responsabilité du PNUD, qui vise à équiper 500 000 foyers ruraux et urbains en biodigesteurs permettant la production de biogaz pour la cuisson et l’éclairage.
Dans son Compact énergétique, la RDC s’est fixé comme objectif d’accélérer l’adoption de technologies de cuisson propre, afin de réduire la dépendance aux combustibles solides, encore utilisés par plus de 95 % des ménages. Le pays vise un taux d’adoption de 30 % d’ici 2030, soit environ 40 millions de personnes bénéficiant de solutions alternatives.
Pierre Mukoko et Boaz Kabeya, stagiaire
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