Dans de son Compact Énergétique, la République Démocratique du Congo (RDC) ambitionne d’accélérer l’adoption aux technologies de cuisson propre afin de réduire la dépendance du pays aux combustibles solides, encore utilisés par plus de 95 % des ménages. Le pays vise une progression annuelle de 5 % pour atteindre un taux d’adoption de 30 % d’ici 2030, soit 40 millions de personnes bénéficiant de solutions alternatives.
Pour ce faire, le gouvernement prévoit de lancer une stratégie nationale de cuisson propre d’ici fin 2025. Celle-ci vise à encourager l’utilisation du gaz de pétrole liquéfié (GPL), des foyers améliorés et de la cuisson électrique. Actuellement, l’usage du GPL reste limité, avec seulement 14 % de pénétration à l’échelle de la capitale Kinshasa, soit environ 250 000 ménages. Les autorités veulent faire passer ce chiffre à 1,2 million de ménages en 2030.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs obstacles devront être levés. Il s’agit notamment le manque d’infrastructures de stockage et de distribution, la faible disponibilité des bouteilles de gaz et le coût élevé du GPL, qui se négocie autour de 5 $ le kilo. Un niveau de prix qui peut difficilement rivaliser avec le charbon de bois, dont le sac de 40 kg coûte autour de 26 dollars.
Le gouvernement mise sur une implication du secteur privé pour surmonter ces obstacles. Des mesures incitatives, telles que l’exonération des droits de douane sur les équipements de cuisson propre et la mise en place d’un cadre réglementaire favorable aux investissements, sont à l’étude pour structurer un marché viable.
Avec un taux d’adoption de 1 % pour sa population de plus de 100 millions d’habitants, la République Démocratique du Congo (RDC) présente l’un des plus faibles niveaux de pénétration des technologies de cuisson propre au monde. Et pourtant, l’utilisation massive de la biomasse pour la cuisson pose des défis environnementaux et sanitaires. En contribuant à la déforestation, elle accentue la vulnérabilité écologique du pays, tandis que la pollution de l’air domestique entraîne des maladies respiratoires et cardiovasculaires affectant particulièrement les femmes et les enfants. Selon les données officielles, les coûts économiques liés à cette pollution s’élèvent à 13,6 milliards de dollars par an, tandis que la perte de productivité due à la collecte du bois de chauffe est estimée à 16,1 milliards de dollars annuels.
Olivier de Souza, Agence Ecofin
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